p ^i ^ ^' ^;n# 'ùè:< o c- ENCYCLOPÉDIE TVHTSTOÏRE NAIIRELLE TKAITR COMPLET DE CETTE SCIENCE LES TIIAVAUX lir.S NATURALISTKS LES PLUS ÉMINEMS Di: TOUS LES l'AVN Kl IIIC lOUlKS I.KS lôl'OQURS BUFFON, DAUBENTON, LAGEPÈOE, G. GUVIER, F. GUVIER, GEOFFROY SAINT-HILAIRE. LATREILLE, DE JUSSIEU, BRONGNIART, etc. etc Ouvrage résumant les Observaliorif des Auteurs ancier,s et comprenant toutes les Découvertes modernes jusqu'à nos jours PAR LE D" CHEIM CHIKIIKGltN-MAJdK l L'hiiHTAI. MII.I1AIKK DU VAI.-llE-r.ll«Ct. PIIOftSSF.IlK U'HISTIMKK NAllillKl.l.K. KTC. .CARNASSIERS Avec la culliïboratiun de M- E. DESMARRST^ |,fêiinrateur rt*Ai)atomie Comi.nrée aw Muséum. A CHEZ MARESCQ ET COMPAGNIE, KtMIErUS l»F. I.'kNCVCLOI'ÉIUK. 6, HUt Hll rOM -1>L- I.OIH ( l'HÊS le 1'(I>T-ISKI11' PARIS «1 CHEZ GUSTAVE IIAVARI), l.lItIUllU,. ■•^■' Nous aurions voulu pouvoir comprendre dans ce volume l'histoire de tous les Mammifères de l'ordre des CARNASSIERS; mais les nombreux détails dans lesquels nous avons dû entrer ne nous l'ont pas permis. Nous traitons spécialement des tribus des Roussettes et des Vespertil ioniens dans la l'amille des Chéiroptères ; des tribus des Tal/ndés, Soricidés, Macros- célidés, Tupaidés, Gymnuridés , Ériiiacéidés et Eupléridés, dans la famille des Insectivores; dans la famille des Carnivores, nous éludions entièrement la sous-famille des Plantigrades, comprenant les tribus des Potidés et des Ur- siens, et nous commençons seulement l'histoire des Digitigrades par la des- cription des genres compris dans les tribus des Mustéliens et des Viverriens. Cette dernière tribu n'est même pas complète dans ce volume, c'esl-à-dire (|ue nous avons réservé pour le volume suivant des genres (|ui, comme cenx Fig. 1 . — Loup l'iï.S. — Hyène. IM I !itiïîii/ CARNASSIERS. La dénominalion de Carnassiers esl employée, en zoologie, pour in- diquer divers groupes d'animaux qui se iiourrissenl plus ou moins exclu- sivement de chair ; mais l'on désigne plus spécialement sous ce nom, et en latin sous celui de Ferœ d'après Linné, un ordre parliculier d'animaux de la classe des Mammifères, auquel on peut attribuer pour caractères généraux : un système dentaire composé d'incisives, de canines et de molaires, le plus souvent modifié pour une nourriture animale; quatre extrémités, dont les antérieures ne sont jamais terminées par des mains, c'est- à-dire par une patte ayant un pouce séparé des autres doigts, et opposable à ceux-ci ; des mamelles varia- bles en nombre et en posi- tion ; l'articulation de la mâchoire iiiféricnre dirigée en travers, et serrée comme dans un gond, ne permettant aucun mouvement horizontal; des or- bites n'étant pas séparées des fosses temporales; des arcades zygomatiques écartées et relevées; un estomac simple, membraneux; des intestins en général courts; un cerveau assez sillonné, n'ayant pas de troisième lobe, et ne recouvrant 1 Fis. 1. — Ocelot du Brésil. 2 HISTOIRE NATURELLE. pas le cervelet; et, eniin, un régime presque constamment Carnivore, quoiquefois insectivore, et plus rarement fructivore. Les principaux types des Carnassiers, si nous prenons cet ordre dans sa plus grande extension actuelle, sont : la Chauve-Souris, la Musaraigne, l'Ours, la Marte, le Phoque, le Chien, le Lion, etc., que l'on trouve répandus dans toutes les parties de la terre habitable pour les Mammifères, et que l'on peut observer dans les airs, comme les Chauves-Souris; dans les eaux, comme les Phoques; et plus généralement sur la surface du sol, comme l'Ours, le Chien, le Chat, etc. De ces divers genres de vie très-variables, on peut en conclure que l'organisation doit l'être aussi beaucoup. Les naturalistes s'accordent sur le rang qui doit cire assigné à cet ordre dans la classification zoologique; en effet, dans toutes les mêlhoiles, les Carnassiers suivent, médialemeni ou immédiate- ment, les Quadrumanes, et précèdent les Rongeurs. Mais on est loin d'être d'accord sur les limites de cet ordre, et par conséquent sur sa caractéristique. Sans entrer à cet égard dans l'examen des nombreuses classifications proposées jusqu'à ce jour, nous indiquerons seulement les trois qui ont été le plus généralement suivies. Dans le Siisienia naturiv de Linné, les Fera', placés au troisième rang, et conséquemment après les Pr'wKilcs et les liriitu, sont caraclérisés par l'existence, à chaque mâchoire, de six incisives et de grandes canines plus ou moins écartées des autres dents. Cependant, le célèbre naturaliste sué- dois réunit dans ccl ordre les neuf genres Plinca, Caiiis, Felis, Vivcira, Miislela, Ursus, Didclpltis. Talpa, Soiex, dont une partie seulemeni offre les caractères dentaires assignés par lui à l'ensemble de ces animaux. l'ig. '2. — I'lioi)iip l'oniiiuin. Dans la méthode de G. Cuvier, exposée dans ses premiers ouvrages, et jjrincipalemenl dans la première édition du Règne animal, l'ordre des Fera- est conservé, mais avec des modilicaîions im- portantes. Le nom de Ferw est remplacé par celui de Carnassiers; les Mammifères ailés, placés par Linné à la lin des Primates, sont transportés à la lèie de l'ordre des Carnassiers, et les Carnassiers sont partagés en quatre grandes familles : celles des Cuiaiioeii r,i:s, ou .Mammifères jiourvus d'une membrane alaire (genre Vesperliito); des Ixsectivores, caractérisés par leurs molaires hérissées de pointes coniques (gein-es Tnlpa, Sorex, Krinaccus); des Cvn.MVOREs, ou Carnassiers proprement dits (genres l'Iiota, Canis, Felis, Vivcrra, Musiela, UrsHsj. et des Mabsupi.u'x (genre lUdcIpliis), qui diffèrent cependant Irès-notablenient des autres Mammifères ])ar leur mode (oui pailiculier des organes reproducteurs, caractère des plus importants cl qui doit les f:iire placer dans une sous-classe particulière. Du reste, G. Cuvier lui-même, dans la deuxième édition de son Itifiue animal, les a déjà CARNASSIKIIS. I''i^. 5. — VcspcrUlioii oruilhiil Ki^. -i. — Cliiuii il(j Ternî-NiMivu \t^umi. Kij;. 5. — durs hruii du l'ologno 4 IIISTÛIRE NATURELLE. retranchés de ses Carnassiers pour en faire un ordre distinct, et, dès lors, l'ordre que nous étu- dions ne s'est plus trouvé composé que de trois familles, comprenant un grand nombre d'animaux qui, par leurs formes et les détails de leur organisme, varient beaucoup, et entraînent des varia- tions analogues dans leurs habitudes, au point qu'il est impossible de ranger leurs genres sur une même ligne, et que l'on est obligé d'en former plusieurs subdivisions qui se lient diversement entre elles par des rapports multiples. G. Cuvier caractérise ainsi les trois familles de cet ordre : 1" CHÉIROPTÈRES. Les CuEinorTÈRES, ayant encore quelques aflinilés avec les Quadrumanes par la disposition de leurs organes génitaux mules, et principalement distingués par un rc;pli de la peau qui commence aux côtés du col, s'étend entre leurs quatre pieds et leurs doigts, les soutient en l'air, et permet même de voler à ceux qui ont les mains assez développées pour cela. Us comprennent deux tribus : les Ch.\uves-Souiiis (genres lioussctic, Molosse, Noctilion, Vhijlloslomc, Ilhinoloplte, Tiipliicn, Vesper- lition, Oreillard, etc.), et les Gai.éopitukques, que nous avons cru, à l'exemple de De Blainville, devoir réunir aux Quadrumanes; 2" INSECTIVORES. Les Insectivores, qui ont, comme les Chéiroptères, des molaires hérissées de pointes coni- ques, et une vie, le plus souvent nocturne ou souterraine, mais qui n'ont pas de membranes latérales, tout en ne manquant pas de clavicule, et dont les pieds sont courts, produisant de faibles mouvements. Dans les uns, on remarque, en avant, de longues incisives, suivies d'au- tres incisives et de canines toutes moins hautes même que les molaires, genre de dentition dont les Tarsiers, parmi les Quadrumanes, offrent un exemple, et ce qui rapproche également un peu ces animaux des Rongeurs; dans d'autres, les canines sont grandes, écartées, et entre elles on voit de petites incisives, ce qui est la disposition la plus ordinaire aux Quadrumanes et aux Carnivores; mais ces deux arrangements dentaires se trouvent dans des genres d'ailleurs très-semblables pour les téguments, la forme des membres et le genre de vie. Les groupes génériques principaux sont ceux des Hérisson, Tenrcc, Cladobale, Musaraigne, Desinan, Taupe, Condylure et Scalope; 3° CARNIVORES. Les Carnivores, qui sont essentiellement sanguinaires, ce que démontre leurs quatre gros.seset longues canines écartées, entre lesquelles sont six incisives à chaque mâchoire, et leufs molaires ou entièrement tranchantes ou mêlées seulement de parties à tubercules mousses, et, dans ce cas, non hérissées de pointes coniques. Ces animaux sont d'autant plus exclusivement carnivores, que leurs dents sont plus complètement tranchantes, et l'on peut presque calculer la proportion de leur régime d'après l'étendue de la surface tuberculeuse de leurs dents comparée à la partie tranchante. C'est ainsi que les Ours, qui peuvent entièrement se nourrir de végétaux, ont presque toutes leurs dents seulement tuberculeuses. Les molaires antérieures sont les plus tranchantes, ensuite vient une molaire plus grosse que les autres, qui a d'ordinaire un talon tuberculeux plus ou moins large, et derrière elle on trouve une ou deux petites dénis entièrement plates : F. Cuvier a appelé cette grosse molaire d'en haut, et celle qui lui répond en bas, carnassiires; les antérieures pointues, /aiiMcs mo/uirw, et les postérieures mousses, tuberculeuses. C'est d'après ces différences que les genres peuvent s'éta- blir le plus silrcment, mais il faut y joindre aussi la considération du pied de derrière, qui a servi à l'élablissement de trois tribus particulières. Dans la première, celle des PLAiSTn;i\.\DEs, comprenant les genres Ours, Hulon, Coali, Blaireau, etc., la plante entière du pied appuie sur la terre lors CARNASSIERS. 5 que l'animal marche ou qu'il se lient debout. Dans la deuxième, celle des Digitigrades, la plus nom- breuse, puisqu'elle renferme les genres Marte, Mouffette, Chien, Civette, Hijène, Chat, Loutre, etc., l'animal marche exclusivement sur le bout de ses doigts en relevant le tarse, et sa course est rapide : le système dentaire offre aussi des différences qui permettent de former d'autres divisions. Enfin, dans la troisième et dernière tribu, celle des Amphibies, qui ne renferme que les deux anciens genres Phoque et Morse, les pieds sont si courts et tellement enveloppes dans la peau, qu'ils ne peuvent, sur terre, servir à l'animal que pour ramper; mais, comme les intervalles des doigts y sont remplis par des membranes, ces pieds constituent d'excellentes rames qui permettent aux Phoques et aux Morses de passer la plus grande partie de leur vie dans les eaux, et de ne venir à terre que pour se reposer au soleil et allaiter leurs petits. Du reste, on doit remarquer que le corps allongé de ces Mammifères, que leur épine très-mobile et pourvue de muscles qui la fléchissent avec force, que leur bassin étroit, leur poil ras et sefré contre la peau, se réunissent pour en faire de bons nageurs Enfin, M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, en essayant de mettre la classification des Mammifères en harmonie avec l'état actuel de la science, a été conduit à s'écarter en plusieurs points de la méthode de G. Cuvier. Pour lui, l'ordre des Carnassiers doit être circonscrit dans des limites plus étroites, et il en a exclu non-seulement les Marsupiaux, que tous les naturalistes éloignent aujourd'hui, mais aussi les Chéiroptères : ces derniers lui semblant devoir constituer un groupe ordinal distinct; comme l'avaient admis anciennement Blumenbach, Feunaut, Daubenton, et comme l'admettent, de nos jours, MM. Van der Hœven, Duvenioy, Charles Bonaparte, Lesson, Waterhouse, etc. Il résulte de ce que nous venons de dire, que, dans la classification de M. Isidore Geoffroy Saint-IIilaire, les Chéi- roptères formeraient un ordre distinct, et que les Insectivores et Carnivores réunis en constitue- raient un autre auquel il laisse la dénomination de Carnassiers. Nous suivrons la classification adoptée par G. Cuvier dans ses derniers ouvrages et que nous ve- nons d'exposer sommairement, quoique nous pensions que l'arrangement proposé par M. Isidore Geoffroy Sainl-llilaire soit plus naturel que celui de ses devanciers. En effet, si l'on prend les termes extrêmes de l'ordre ainsi constitué, une Chauve-Souris, un Chat et un Phoque, on trouvera de nombreuses et importantes différences : la première se distinguera, au premier abord, par ses membranes alaires si curieuses; le second, par tous les caractères qui dénotent sa carnivorité arri- vée à son summum de développement, et le dernier, par ses formes, rappelant celles des Poissons et indiquant son genre de vie; en outre, on trouvera plusieurs modifications dans le système den- taire. Mais il faut dire aussi, si l'on vient à étudier un nombre plus considérable de genres et d'es- pèces, qu'on parviendra à trouver des passages entre ces points extrêmes; c'est ainsi que des Chéi- roptères on parviendra aux Carnivores par l'intermédiaire des Insectivores et même des Plantigrades, principalement des Ours, qui ont encore quelque chose des dents des Chauves-Souris, et que, d'un autre côt«r, les Loutres nous serviront à établir le passage des Digitigrades aux Amphibies ou Phoques. Les Carnassiers seront donc partagés, par nous, en trois familles, celles des Chéiroptères, des In- sectivores et des Carnivores, et nous aurons soin, en faisant l'histoire de chacune de ces divisions, de dire les caractères qui tendent à les rapprocher les unes des autres, ainsi que ceux qui les en éloignent. HISTOIRE NATURELLi:. IMiEMlÈUE FAMILLE. CHKIROI'TKHES. CHEIROPTERA . Les Cîiraclèit's géiu'raux que l'on peut assigner aux animaux de cette famille sont les suivants : formes générales disposées pour le vol; incisives en nombre très-variable; canines plus ou moins fortes; molaires tantôt liérissées de pointes sur leur couronne, tantôt sillonnées en long; un repli de la peau étendu entre les quatre membres, formant des ailes qui pcrmettiMit à l'animal de voler; doigts (les mains excessivement allongés; membranes des mains se prolongeant, par les lianes, jusqu'aux l'xtrémités postérieures, et nues en dessus comme en dessous; pouces postérieurs opposables aux ;iulies doigts: deux mamelles toujours pectorales Fig. (î — \ fi; il en est un {Dbtops) qui habite spécia- lement le midi de l'Europe; qnalve {Taplwzoïts, Nijcterus, Rliinopoma eX Meçjaderma) sont répar- tis dans les contrées chaudes de l'Asie et de l'Afrique; eiilin, trois, les genres Vanipirus, Noclilio, Molossus, semblent exclusivement propres â l'Amérique méridionale. Mais si parmi ces genres il en est quelques-uns qui appartienm nt â la fois aux deux continents, il n'en est pas de même des es- pèces; sous ce rapport, les faunes des deux mondes sont cuiièrement différentes, et M. Isidore Geof- froy Saint-Uilaire, en démontrant l'identité spécifique des Nyctinomes du Rrésil et du Bengale, a fait connaître la seule exception bien constatée jusqu'ici à cette règle générale. On connaît les Chauves-Souris depuis une époque très-reculée, et leur aspect repoussant, leurs mœurs nocturnes, leurs sombres retraites, en ont fait, pour des peuples entiers, un objet de dégoût et d liorreur. Moïse les met au nombre des animaux impurs dont le peuple de Dieu ne doit pas manger la chair. Les Grecs semblent les avoir prises pour types de leurs Harpies. Les Égyptiens en faisaient un objet de leur culte; car on en a trouvé un grand nombre de momies dans leurs an- ciens lemiiles. Au moyen âge, elles étaient les compagnes des sorciers, des loups-garous, et, quand on a voulu représenter Satan, on a chargé ses épaules de vastes ailes de Chauves-Souris. Rien des années se sont écoulées avant que les naturalistes eux-mêmes eussent des notions pré- cises sur ces êtres. Aristole les définit des Oiseaux à ailes de peau, et s'étonne de ne leur trouver ni queue ni croupion. l'Iine les regarde également comme des Oiseaux qui, par une exception unique, engendrent leurs petits vivants et les allaitent par des mamelles. Aldrovande les réunit à l'Autruche, 1- 2 10 HISTOIRE NATURELLE. parce que, dit-il, ces deux espèces d'Oiseaux participent de la nature des Quadrupèdes. Scaliger signale la Chauve-Souris comme le plus singulier des Oiseaux, couvert de poils au lieu de plumes, manquant de liée et portant des dents. Ce n'est que beaucoup ])Uis lard que les Cliauves-Souris furent placées parmi les Ouadiupèdes; et entin Linné, sexagérant peut-être la valeur de quelques-uns de leurs caractères, qui les rapproclient des Quadrumanes, les réunit à l'IIomme et aux Singes dans son ordre des Primates. lUiger, par une combinaison moins ingénieuse, éloigne les Chéiroptères des Quadrumanes, et les classe après les Êdentés. G. Cuvier. et la ])luparl des zoologistes jusqu'à notre é]ioque, en forme la première famille de l'ordre des Carnassiers. Enliu, dans ces derniers temps, M Isidore Geoffioy Saint-Hilaire eu fait un ordre tout à fait distinct; et cette disposition paraît devoir être généralement adoptée par les zoologistes. Linné ne plaçait dans cette famille qu'un seul genre, celui des Vespcrlilio. dans lequel il forma cependant le groupe générique des NoctUio; lîrisson en distingua, plus tard, celui des Itoiisscltcs ou Picropus; mais ou peut dire que c'est réellement Etienne Geoffroy Saint-Ililaire qui a fondé les bases de la classiticatiou de ces animaux, en y créant plusieurs genres et en donnant les caractères exacts de nombreuses espèces. Puis vinrent ensuite les importants travaux de Ruffon, G. Cuvier, De Rlain- ville, A. G. Desmarest, Kulil. Leacli, Ralinesque, ¥v. Cuvier, Spix, Lessou et enfin ceux de MM.Tem- minck, Is. Geoffroy Saint-Ililaire, Gray, Quoy et Gaimard, Ch. Ronaparte, Neuwied. P. Gervais, etc. il résulte de tous ces travaux que la famille des Chéiroptères est aujourd'hui l'une des mieux connues de la classe des Mammifères, et peut-être qu'on y a créé un trop grand nombre de coupes génériques. En effet, cette famille comprend plus de trois cents espèces réparties dans environ quatre-vingts genres. Elle renferme deux tribus bien distinctes : celle des Roussettes, ou Chéiroptères frugi- vores, et celle des VespertilioiMens, ou Cliéiroplcres insectivores. G. Cuvier, avons-nous déjà dit, y joignait les Galéopitlièqiics, que nous avons cru devoir réunir, à l'exemple de De Blainville, aux Quadrumanes: enfin, disons, en terminant ces généralités, que les Ptcrodaciijlcs, ces gigantesijues fossiles, dont Sœmmering et Oken faisaient de grandes espèces de Chauves-Souris, doivent être rapprochés des Reptiles, de l'ordre des Sauriens, comme l'a démontré l'immortel auteur des Ossements fossiles. PREMIERE TRIBU. LES ROUSSETTES. PTEROPH. Vicq dAzyr. 1792. Système ,inaloiiiique. Molaires non munies de pointes aigius à la couronne, qui est lisse, offrant seulement sur ses bords une crête plus ou moins ajiparentc. Les Roussettes sont des Chéiroptères frugivores, et, dès lors, par le genre de nourriture qu'elles doi- vent prendre, on comprend que l'un de leurs meilleurs caractères doit être tiré de leur .système dentaire. En effet, les molaires, au lieu d'être hérissées de tubercules et de pointes aiguës, comme cela a lieu dans les Chauves-Souris ordinaires qui se nourrissent exclusivement d Insectes, présentent, à leur cou- ronne, une surface allongée, lisse, et bordée seulement, sur chacun de ses côtés latéraux, principale- ment sur l'externe, par une crête plus ou moins apparente. Ce type, comme le fait observer M. Isidore Geofl'roy Saint-Ililaire, qui peut plus ou moins varier, semble intermédiaire entre celui des Carnassiers et des Herbivores, et ne se retrouve dans aucun autre Mammifère. Les incisives et les canines rap- pellent, par leur disposition, leur direction, leur forme, et souvent même par leur nombre, celles (les Singes; mais ce caractère n'est pas général, il offre quelques exceptions, surtout dans le genre Ccphalotes : on doit toutefois le noter, car, ainsi que le rapporte M. Isidore Geoffroy Saint-Ililaire, la disposition de ces mêmes dents, chez les Chauves-Souris insectivores, rappelle, au contraire, la structure des mêmes dents chez les Makis. Cela pouvait, jusqu'à un certain point, être dit a prion, CARNASSIERS. 11 et esi en relation directe avec le genre de vie de ces divers animaux. Le nombre total des dents est, le plus liabiluellement, de trente-quatre, ainsi réparties : incisives, J; canines, ',-:?[; mo- laires, 1^1; mais il présente quelques variations, portant sur les incisives et les molaires, qui peu- vent être en plus ou moins grand nombre, suivant les genres, et ces différences ne sont pas toujours en rapport avec certaines particularités extérieures de l'animal. Toutes les molaires supérieures et inférieures ont, sauf la première, aux deux mâcboires, deux racines simples, un peu divergentes: l'antérieure à peine plus grande que la postérieure. Les alvéoles sont assez profondes, et ainsi dis- posées : en haut comme en bas, il y a deux petits trous ronds pour les incisives, un plus grand pour la canine, un autre excessivement petit, derrière l'alvéole de celle-ci, à la mâchoire supérieure, et ensuite huit autres trous rapprochés deux à deux : le postérieur un peu plus grand que l'anté- rieur. Fig. 7 ^— Roussette grise Daubenton, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, G. Cuvier, Vicq d'Azyr, etc., ont donné quelques dé- tails sur le squelette des Roussettes, mais c'est surtout De RIainville {Ostéogmplnc : fascicule des Chéiroptères) qui en a publié une description complète que nous allons analyser. Ce squelette, dans son ensemble, et même dans les proportions des parties, ne diffère pas essentiellement de celui des autres Chauves-Souris. Le tronc parait comdie tronqué par l'absenre plus ou moins complète de la queue. Le nombre des vertèbres e^t de trente-huit, savoir : quatre céphaliques, sept cervicales, qua- torze dorsales, trois lombaires, trois sacrées, et trois ou quatre coccygiennes dans les espèces qui ont le minimum de queue. La tète est plus ou moins arrondie, mais légèrement allongée dans le plus gi'and nombre des cas, ce qui a valu à ces animaux le nom de CIticns volants, qu'ils portent dans les anciens ouvrages. La crête sagittale est peu prononcée; le frontal offre une crête orbitaire assez étendue. Les mâchoires, plus ou moins longues, sont constamment moins étroites et moins resserrées que dans les autres Chéiroptères. Les vertèbres décroissent assez régulièrement de la première cervi- cale à la dernière coccygienne : celles du cou, particulièrement l'atlas et l'axis, sont très-robustes; les autres n'ont rien de particulier, si ce n'est que les coccygiennes sont soudées entre elles et ne for- ment qu'une seule pièce, et que, dans les espèces qui ont une queue, on voit, au delà des quatre vertèbres ordinaires, quatre ou cinq autres de ces os qui sont entièrement libres. Les côtes, au nombre de treize à quatorze paires, ne sont aplaties et élargies que dans leur partie supérieure. La forme de l'os hyoide semble assez variable; toutefois, dans les Ptcropus fitscus et Diivaiicelii, il est composé d'un corps en barre transverse, à peine courbé, et de deux cornes, dont l'antérieure, un 12 IllSTOIUl!; iNATUlUiLLi:. peu plus lûiiguo que la postérieure, est formée de (leu\ pièces assez épaisses, courtes, presque égales, et dont la posiérieure, non divisée, est forte, en forme de petite clavicule : cette dispdsitiuu semble être la plus habituelle. Le sternum est saillant, et ne parait composé que de six ])iéces, à moins que l'on ne considère la base de l'aiipendice xiplioide comme on constituant une. l/onio- plale n'est pas carrée, mais en forme de triangle; proportionnellement moins étendue et plus courte que dans les tlliauves-Souris insectivores. La clavicule est très-courte. L'humérus, au conlraire, est plus long- et surtout plus arqué dans sa double courbure. Le radius n'est (pie d'nn quart plus long que l'humérus, au lieu de l'être d'un tiers, comme dans le Vampire. La main est elle-mêm(! proporlionnellement un peu plus courte, surtout dans la partie digitale, dont le plus long doigt, celui du milieu, est double du radius en longueur; le pouce est court; le second doigl, le plus court après le pouce, est composé de trois phalanges à peu près dans la |)roportioM ordinaire; des trois autres doigts, le plus long est le médian. Les membres postérieurs ont presque complètement les mêmes proportions, dans chacune de leurs parties, que ceux des autres Chéiroptères. Le bassin est soudé snpérieuremenl par l'iléon au sacrum, et par l'ischion au coccyx intermédiaire, il est libre ;i son extrémité pubienne. Le calcanéum, plus ou moins recourbé en dessous, n'est pas pourvu d'un long éperon. Le pouce est un peu plus court qiu' les autres doigts, et les doigts externes sont légè- rement pins forts que les intermédiaires. Le doigt indicateur, et souvent le pouce, sont constamment terminés par un petit ongle, ce qui n'a pas lieu dans les Chauves-Souris insectivores. Quelques par- ticularités ostéologiques se font observer dans la série des genres et des espèces de Roussettes; c'est ainsi que dans les espèces qui ont une queue les vertèbres dorsales olfreni des différences, et les lombaires ont leur apophyse épineuse plus ])ron(incée : la foi'me de la tête varie également; dans le il/«c)0(//oM)(.s miiiiiiiiis, plus connu sous le nom de Koussetti;-Iûodote, la tète est très-remarqua- ble par sa gracilité, par son allongement, et le peu d'épaisseur de ses os. l'ig. 8. — Si|iK'lcUe lie lioiissulle. Les ailes sont un peu moins larges et moins longues que dans la plupart des espèces de Chéiro- ptères insectivores; à la différence de ces derniers, elles ne s'insèrent pas sur les flancs, mais sur le dos, tantôt vers les parties latérales, tantôt sur la ligne médiane : ce caractère est général, mais il estporléà non xiinnii uni dans le genre llypoderme. Ces ailes sont quelquefois très-grandes, car l'en- vergure de cerlaines espèces peut atteindre jusqu'à d'",7o. La mendjrane intcrfémorale est toujours très-peu étendue; elle est échancrée, et, le plus souvent même, tout à fait rudimentaire et sans usage. Quelques cs|)éces n'ont aucunvestige de queue; d'autres ont un rudiment de cet organe, mais il est en partie engagé dans la membrane interlémorale; eniin, il en est qui ont un léger support caudal de la longueur de la membrane. M. Temminck s'est servi de ces caractères pour former trois groupes distincts dans le genre iîoussette. CAUNASSlEliS. 15 Les organes des sens ii'oltVeiit pus de parliculaiilés dillVrenlielles bien ni.Tr((uées; cependant l'on doit noter que les feuilles nasales et les oreillons, paifois si développés dans certains Chéiroptères insectivores, manquent complètement. Les conques auditives sont très-simples et très peu étendues. Les narines sont écartées l'une de l'autre. Les yeux sont grand.s, obliquement placés. Les poils sont assez rares, et généralement courts et roides; dans quelques espèces. ceu.\ du dos sont implan- lés si obliquement, que la partie latérale de leur base est enfoncée dans la peau; une Roussette, néanmoins, a son ]ielai;e comme laineux. L'ouverture de la bouche est peu étendue. La langue est rude et papillense. Le tube digestif est plus long que dans les autres Chauves-Souris; et cela devait se prévoir a priori. On sait, en effet, que pins un animal est carnassier, plus ses intestins sont courts; dès lors, les Roussettes étant es- sentiellement frugivores, devaient avoir un canal intestinal plus long que les antres Chauves-Souris, (|ui sont insectivores. L'estomac est en forme de sac très-allongé, cylindrique et inégalement renflé; l'orifice cardiaque est très-rapproché du pylore. Le foie est composé de trois lobes : deux grands et un petit, tenant à la racine. Les poumons sont formés de quatre lobes bien distincts. (jC cœur est gros, dirigé obliquement à gauche. Ce sont les plus grands Chéiroptères connus, et nous avons dit que l'envergure de certaines es- pèces atteignait jusqu'à 1"',75. Les plus petites espèces, dont l'envergure est encore de 0™, 55 à 0'",40, dépassent ou au moins égalent pour la dimension les plus grandes Chauves Souris insectivores. Les mamelles de ces animaux sont pectorales et seulement au nombre de deux. Les mâles sem- blent être plus grands que les femelles. Quelques-unes de celles-ci sont sujettes à des écoulements périodiques de même que quelques femelles de Quadrumanes; elles ne produisent qu'un seul petit par portée, et en prennent grand soin jusqu'à ce qu'il puisse se suflire à lui-même. i\IM. Quoy el tiainiard ont pu observer que le petit de la Roussette de Kéraudren se cramponnait fortement à sa mère même pendant le vol: fait plusieurs fois observé chez nos Vesperlilions européens. Les Roussettes se nourrissent essentiellement de fruits, cependant on pense qu'un petit nombre d'entre elles mêlent parfois à leur nourriture ordinaire quelques débris d'Insectes qu'elles semblent rechercher. On assure même qu'en domesticité on peut quelquefois les habituer à vivre de matière animale; mais cela n'est pas complètement démontré. Ces animaux sont doux; ils vivent en troupes nombreuses et ont l'habitude de se suspendre, comme les Chauves-Souris insectivores, aux branches (les arbres; on les trouve dans les creux des rochers, dans les cavernes, au plafond des grands édi- fices, etc.; ceux que l'on conserve dans des cages restent suspendus par les pattes, et, lorsqu'on leur offre des fruits, ils s'attachent par une seule patte aux barreau\ de leur prison, tiennent le fruit avec l'autre patte, et mangent ainsi la tête en bas, ils recherchent princi|)ah'nient les fruits pul- peux, surtout les bananes; d'autres fois les dattes et parfois même des fleurs. D'après cela on voit que ces animaux sont loin de justifier la réputation sanguinaire qui leur avait été faite par les an- ciens naturalistes. Leur vol est lourd et peu rapide. On a répété pendant longtemps que les Rous- settes étaient des animaux entièrement nocturnes, comme les Chauves-Souris de nos climats; toute- fois, les naturalistes voyageurs de notre époque, en particulier Lesson et Garuot, MM. (juoy et Gai- mard, etc., assurent qu'ils en ont vu voler en plein jour dans plusieurs régions de l'Océanie et de l'archipel indien; et, ainsi que l'un de nous l'a consigné dans le Dictionnaire universel d'Iiisloirc ncUurdlr, M. Charles Coquerel, chirurgien de la marine, a été à même, assez récemment, de remar- quer qu'à Madagascar certaines espèces de cette famille volaient parfois pendant le jour, mais que, néanmoins, c'était surtout vers le soir qu'on les voyait en plus grand nombi'e. Leur chair, au moins pour plusieurs espèces, est de bon goût et semble recherchée. Les Roussettes se Irouven.t répandues presque partout, à l'exclusion toutefois de l'Europe et de r.Vmériqne, car l'on a reconnu que c'est à tort que l'on a donné le Brésil pour patrie au Plcropns Lesclicnaiil'ii, et que le Ceplialoles tn'itioiis de Ralinesqne ne doit pas se rapporter à un genre de Chéiroptères frugivores; toutefois nous devons faire observer que M. Temniinck ne serait pas éloi- gné decroire qu'il existe des Roussettes aux environs de Fernambouc, ainsi qu'au Chili et au Pérou , ISuffon ne connaissait que deux espèces de Roussettes : la Roussclte commune et la Uougclte. Brisson est le créateur du premier genre fondé dans celte famille, de celui des Roussi;ttes {IHero- piis), mais il serait difficile de dire au juste les espèces sur lesquelles il a basé ce groupe générique; aussi la connaissance précise f|ue l'on en a ne daie-t-elle que des travaux d'Etienne Geoffroy Saint- 14 IIISTOIRK NATUIIELLE. Hilaire (Annales du Muséum, t. XV, J810); depuis, le nombre des espèces a été de plus en plus aug- menté par les travaux de MM. Isidore Geoffroy Saint-llilaire (Dictionnaire classique, 1828, etc.); Frédéric Cuvicr (Dcii/s (/m .1/nn(i)(i/('iT.'î, 1825); A -G. Desmarest (Mammalocjic, 18211; Teniminck (Monographie de Mannnalogie. t. 1 et H, 1827-1852); Quoy et Gaimard (Zoologie de l'Astrolabe); J. E Gray (Zoologtj of tlie Foî/aj/cof Sulphur, 1844, etc.), etc. Le nombre des espèces étant devenu assez considérable, puisqu'on en connaît aujourd'bui une soixantaine, on s'est vu obligé, pour parvenir plus facilement à les distinguer, de créer plusieurs genres dans ce groupe naturel, qui a été ainsi porté au rang de tribu, ù laquelle on laisse en géné- ral les noms de Roussettes ou Chauves-Soup.is frugivores, Pteropodii, Vicq d'Azyr, que Latreille (Familles du règne animal, 1825) nomme Méganyctères, M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, Ptéro- PODES et Ptéropiens, et que M. Gray désigne sous la dénomination de Pleropina, tandis que M. Charles Bonaparte, dans son Synopsis (1837), lui assigne celle de Plerodina. On a cherché à comparer certains genres de Chauves-Souris frugivores avec d'autres genres de Chauves-Souris insectivores; nous nous bornerons, avec M. Temminck, à faire remarquer qu'on peut établir un rapprochement naturel entre les Phyllostomes du nouveau continent et les Pioussettes de l'ancien; et que quelques rapports semblent aussi exister enlie les Glossdphages et les Macro- glosses. Les genres principaux de cette tribu sont les suivants : Roussette (Pteropus), Brisson; Pachïsome (Pachysoma), Isidore Geoffroy Saint-llilaire; Mégaère (Megaera), Temminck; Macroglosse (Macro- glossus), V\\ Cuvier; Cépiialote (Ceplialotes), Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, et IIypoderme (II'ipo- derma], Isidore Geoffroy Saint-llilaire; nouy y joindrons les genres moins importants des Acérodon (.4cciO(/on), Jourdan; Épomophore (Epomoplioriis), Bennett; Éleuthérure (Eleutlieruru) et Xak- tharpyie (Xanlltarptjia), Gray, et eniin le genre Cynoptère (Cijnopterus), Fr. Cuvier, qui n'est pas admis par tous les zoologistes. b'aprés cela, on voit que nous partagerons les Roussettes en onze genres particuliers; nous au- rions pu y ajouter quelques autres groupes génériques, proposés dans ces derniers temps; nous les avons omis parce qu'ils reposent sur des caractères de trop peu de valeur. Pour les espèces, nous ne décrirons que celles qui sont le mieux connues, et, autant que possible, nous choisirons celles dont on a observé les mœurs. Enlin nous ferons remarquer, avec M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, que l'on pourrait admettre deux divisions dans cette tribu : 1" celle des Piéropiens, renfermant tous les genres de la tribu, sauf celui des Ilypoderraes, et caractérisée par ses ailes paraissant in- sérées sur les côtés du dos; et 2» celle des Hïpodermiens, ne renfermant que le genre Hijpoderma, dans lequel les ailes sont manifestement insérées sur la ligne médiane du dos. r' GE.XRE. — ROUSSETTE. PTEROPUS. Brisson, 175G. Le Règne animal divisé en neuf classes riTEfOv, ailp; lïo'j;, pied. CAR.'VCTÈRES GÉNÉRIQUES. Siisième dentaire : incisives, J; canines, '—; molaires, |e|; incisive* verticales; canines assez fortes; molaires h couronne large et terminée par deux crêtes : la première à la màclioire supé- rieure très-petite cl pouvant même manquer. Tête longue, étroite, conique. Museau fin, terminé par un mu(lc sur les eûtes duquel s'ouvrent les narines, qui sont un peu tu- bercidcuse-'i . Membrane interfémoralc très-peu étendue et ne formant le plus souvent qu'une bordure le long du côté interne de la cuisse et de la jambe. Ailes conformées comme celles de la plupart des Cliauves-Souri^ c'est-à-dire agant le deuxième doigt onguiculé. CARNASSIERS. 15 Queue tantôt trh-peu développée, tantôt au contraire n'existant pas. Pas de feuilles ni de membriines autour des narines. Oreilles assez, petites ou moijennes, distantes l'une de l'antre. Langue, principalement à la partie antérieure, hérissée de papilles dures, diriçiées en arrière et de différentes formes. Fig. 9. — Roussette amplicauilc. Brisson a créé le genre Roussette aux dépens des Vesperùlio de Linné, mais c'est Etienne Geof- froy Saint-llilaire {Annales du Muséum d'histoire naturelle, t. XV, 1810) qui l'a le preniier carac- térisé d'une manière complète. Les Roussettes sont des animaux essentiellement frugivores. Les contes absurdes, chargés de merveilleux, qui ont rapport au genre de vie carnassier et même sanguinaire de ces animaux, et qui ont été rapportés par Ruffon dans son immortelle Histoire naturelle, ont été produits par le défaut d'observations exactes, et par l'effroi qti'ont dit inspirer aux premiers voyageurs qui les ont vus leur énorme envergure et leur appareil de défense, en apparence si redoutable. Ils n'attaquent aucun animal, pas même, ainsi qu'on l'a cru, les Oiseaux et les petits Mammifères; et on leur a assez sou- vent attribué à tort les dégâts commis probablement par les Vampires, qui, eux, sont véritable- ment carnassiers, quoiqu'ils soient beaucoup moins dangereux qu'on ne l'a dit en général. Leur organisation montre qu'ils ne peuvent pas sucer le sang des animaux, ainsi qu'on l'a prétendu. C'est donc avec la plus grande réserve, et, nous dirons plus, en n'y croyant pas, que nous allons transcrire ce que dit Ruffon des mœurs de la Roussette et de la Rougette. « Les anciens con- naissaient imparfaitement ces Quadrupèdes ailés, qui sont des espèces de monstres, et il est vrai- semblable que c'est d'après ces modèles bizarres de la nature que leur imagination a dessiné les Harpies. Les ailes, les dents, les griffes, la cruauté, la voracité, la saleté, tous les attributs diffor- mes, toutes les facultés nuisibles des Harpies, conviennent assez aux Roussettes. Hérodote parait les avoir indiquées lorsqu'il a dit qu'il y avait de grandes Cbauves-Souris qui incommodaient beaucoup les hommes qui allaient recueillir la eas.K autour des marais de l'Asie; qu'ils étaient obligés de se couvrir de cuir le corps et le visage pour se garantir de leurs morsures dangereuses. Ces animaux sont plus grands, plus forts et peut-être plus méchants que le Vampire; mais c'est à force ouverte, en plein jour aussi bien que la nuit, qu'ils font leurs dégâts: ils tuent les volailles et les petits ani- maux; ils se jettent même sur les hommes, les insultent et les blessent au visage par des morsures cruelles; mais aucun voyageur ne dit qu'ils sucent le sang des hommes et des animaux endormis. » D'après les récils des naturalistes voyageurs modernes, on peut, au contraire, assurer que ces Mam- mifères sont doux et paisibles, et qu'ils vivent en grandes bandes, suspendus pendant le jour par leurs pieds de derrière, la tête en bas et enveloppés par leurs ailes membraneuses. Quelques espèces s'accrochent de cette manière,*Dar centaines, aux branches des arbres; d'autres se cachent dans les 16 IllSiOllil': NAilJIŒLLt;. caN'ernes, dans les crevasses des rochers el les Irons des vieux arbres; (|iu'l(|iiesiiiii's mil riiabitiHlc de se suspendre aux plafonds des grands édifiées. I,cs liabitanls des pays où vivent les lîoiissettes leur font une cliasse aeliarnée dans le double but de se débarrasserd'êlicsfjui leur sont Irés-nuisibles eu déiruisant leurs fruils, el de s emparer d'animaux dont ils fiinl leur nourriture. Kn eflel, la eliair des i,'randes espères de ee genre esl, dit-on, blanche, succulente, de hou goût et est estimée comme une nourriture saine et délicate, quoique l'odeur due à l'urine de ces animaux ait pu naturellement rebuter ceux qui en ont fait le jnemier essai. On les inauge à Madagascar, à l'ile de France, à Timor, à Luçon. etc. Dnffon rapporte qu'on se les procure facilement en les enivrant, et que, pour obtenir ce résultat, on place à portée de leur retraile des vases remplis de vin de palmier. Il serait bon, pour confirmer cette observation, de faire des expé- riences directes afin de s'assurer de sa véracité. Les Roussettes paraissent être circonscrites dans toutes les contrées de l'ancien contineni, à l'ex- clusion de l'Europe; l'Asie méridionale el les archipels en nourrissent beaucoup pins que l'Afi iqne el ses îles; l'Océanie en renferme un assez grand iiondjre; [ilusieurs se liuuvent dans le conlineiit de la Nouvelle-Hollande, ce qui est remarquable, car ce pays, qui nourrit un grand nombre de Marsupiaux, ne possède que très-peu d'espèces de Mammifères ordinaires. De même que lluirope, l'Amérique en serait aussi dépourvue; il ne j)arait pas ceilain ce|iendanl à M. Temmiiick que celle ])ailie du globe n'ait pas de lioussettc; ces grandes Chauves-Souris, (|ui, selon Swainson, dévorenl les fruils el dé- vastent les vergers des environs de l'ernambouc, el celles qu'on dit avoir été vues au Chili et au Pé- rou, lui paraissent devoir se rapporter à ce genre. C'est là un sujet de recherches que l'on peut re- commander aux naturalisles voyageurs, et qu'il serait trés-intéressanl de vérifier sous le point de vue de la géographie zoologiqne. Tel qu'il esl aujourd'hui restreint, le genre Uonsselto peut élre Irès-facilement isolé de ses congé- nères; mais, el en raison même de ce que ce groupe est des plus naluiels, on trouve de grandes dif- ficultés ])our distinguer les espèces d'une manière convenable On en connaît près de trente espèces; car, en effet, I>essiin, dans son Noiivcnu Talilcfiu tirx Miwnuifhrs ilu nh/nc niiinifil. en indique vingt-cinq, et, depuis la publication de cet ouvrage (li^i'-i), divers zoologistes enonl décrit plusieurs nouvelles. Celles des espèces de ce genre qui ont une queue sont de petite taille, tandis que celles (|ui n'en ont pas sont toutes très-grandes; la Iîousskttf. ui: .Iava. Pleropiis Jnvanicus. A, (i. Desmaresl, a l'^.OS à i"",!') d'envergure. Dans loules les espèces sans queue ap|iarenle à l'exlérieur, la boîte cérébrale est sé])aréc de la face par un rétrécissemeul considérable, correspondant à la partie pos- térieure de l'orbite; chez celles à queue apparente, le rétrécissement n'existe pas, et la boîte céré- brale est un peu rentlée. On s'est servi de ces caractères et de quelques autres pour former deux groupes dans le genre Roussette; ces deux divisions, loulefois, n'ont ]ias une grande valeur scienti- fique, car, dans l'une comme dans l'autre, on retiouve les caractères communs cl propres à tout le genre, et l'on n'a pu signaler aucune particularité différentielle dans le système dentaire. Slttiiiui- Ciunipc. ROUSSETTES ÉCAUDÉES Temminck. l'iis de ijiicitc (ij)it(trcHlc à l'cjclériciir. Mii.sctiii tissez ulbmçjé. Mauliraue hilerfimorfilr plus on moins yudiwcntairc. P.'^tl'ime cnlirrcmciil fntyii'orc. C« groupe cDuiprend le plus grand iiondjre des espèces du genre; lès plus imporlanles sont: CAIINASSIERS 17 i. UOUSsETl'E EUULlv PTEROPUS F.IWLIS. Péron et Lesiicur • CAiiACTÈnES SPÉCIFIQUES. — Polagc noir ou noirâlre, roux sur le cou et les épaules; poils ras, hii- sanls et eoueliés sur le dos; oreilles longues, pointues; membrane iiiterfémorale réunissant les pieds à la région coccygienne, large à l'articulation du genou et formant un angle très-ouvert : celle de l'aile large, étendue, noire dans l'adulte, brune dans le jeune âge. Envergure, l™. Celte espèce se trouve dans tout l'archipel indien, à Java, Sumatra, Banda, Timor et Sarapouan. Pendant le jour, on voit ces animaux suspendus par les crochets du pouce aux branches des arbres élevés, principalement dune espèce du genre figuier, dans le voisinage des plantations dont ils dévastent les vergers. On peut cependant, au rapport de M. Temminck, garantir les arbres frui- tiers de leurs dévastations au moyen de fdets faits avec des filaments tressés de bambous. Leurs troupes nombreuses, composées souvent de plus de cent individus, se mettent en mouvement vers le déclin du jour; c'est alors que les naturels des lieux où on les trouve en font la chasse au moyen d'un sac attaché à une longue perche; ils les mangent et trouvent leur chair assez bonne, mais l'odeur infecte qu'elle répand en dégoûte les Européens. Blessés ou irrités, ces animaux font en- tendre un cri aigu semblable, dit-on, à celui de l'Oie. La nourriture de la Roussette édule semble consister uniquement en fruits de toutes sortes : on a observe qu'à Java elle habite exclusivement les régions basses, et qu'on ne la rencontre pas dans les contrées élevées de cette île. 2. ROUSSETTE VULGAIRE. PTEROPUS VULGAIIIS. Et. Geoffroy Saint-Hilaire. CAi\.\CTÈnES SPÉCIFIQUES. — Pelage épais, grossier, roux, avec une grande tache d'un brun noirâtre en forme de croix sur le haut du dos; parties inférieures noires; région pubienne roussàtrc; mem- branes noires; oreilles petites, pointues, peu échancrécs à la partie supérieure et latérale. Enver- gure, l". Celte espèce est la Pioussette de Buffon et de Brisson, le Vcspci-iilio vampinis de Linné, et le Chien volakt de Daubenton. Elle habite les îles de France et de Bourbon; on croit qu'elle se trouve également à Madagascar et même en .\friquc, mais cette dernière assertion est loin d'être démontrée. On mange cette espèce; sa chair a, dit-on, une saveur particulière qui plaît en général, principale- menl celle des jeunes sujets. La Roussette et la Rougelte (Picropus riibrlcolUs, Etienne Geoffroy Saint-Ililaire), autre espèce qui en est très-voisine et a la mémo patrie, se rassemblent pèle-méle sur les arbres, où elles sont at- tirées par la présence des fruits et des fleurs; elles ont toutefois des habitudes différentes, car, hors le moment où elles s'occupent à recueillir leur nourriture, les premières vont se fixer sur les grands arbres au fond des forêts, tandis que les autres s'établissent dans les creux des vieux arbres ou dans les anfractuosités des rochers. 3. ROUSSETTE A FACE NOIRE. PTEROPUS PlIMOPS. Temminck. Caractères spécifiques. — Pelage long, grossier, très-fourni, un peu frisé partout; museau, gorge, joues, tour des yeux, d'un noir profond; le reste de la tête, les côtés du cou, la nuque, les épaules, jaune-paillc; poitrine roux doré; pattes postérieures couvertes de poils bruns à leurbasc et d'un jaune clair à la pointe. Envergure : i"',!^. Habite Macassar et les Célèbes. 2 3 18 IlISTOinE NATCCELLE. 'i. r.OrSSKTTE A TÈrr. CICNDRKE. PTI-nnpiS POIIOEVUALVS. Tumminck. CARACTtiirs sPF.r.iiiQUEs. — Dessus de la tète, joues, prorgo, d'un cendré foncé mêlé de quelques poils noirs; nuque, épaules, devant du cou, brun-marron roussàlre: le reste du corps gris varié. Envergure : I'",10. Sa patrie est la Nouvelle-Hollande et la terre de Van-Dicmen. 5. ROUSSETTE DE KERAUDREN. VTEnOPVS KEIt.WDnEN. Quoy et Gaimai-a. Caractères sfécifiques. — Occiput, cou, épaules, haut de la poitrine, d'un jaune pâle : le reste du pelage brunâtre. Envergure : 0"',80. Cette espèce se trouve dans les îles Marianes et Carolines, principalement à Guam. Elle vole en plein jour. Pendant le repos, elle se suspend plutôt aux arbres qu'elle ne se niche dans les excava- tions des rochers. La chair de cette Roussette, malgré l'odeur forte et désagréable qu'elle exhale, est assez recherchée. G. ROUSSETTE GRISE. PTEROPVS GRISEVS. Et. Geoffroy Saint-IIilaire. CAnAciiinEs srÉcinnuEs. — Pelage gris, légèrement roussàlre, passant à la teinte lie de vin sur le dos; tèle et cou roux clair; poils du cou longs et frisés : ceux du dos, courts et couchés; oreilles courtes, et terminées en pointe. Envergure . 0"',58. Habite l'île de Timor. 7. ROUSSETTE DE DUSSUMIER. PTEnOPVS DVSSVMIERI. fsiilore Geoffroy Saint-IIilaire C.vRACTÈRES SPÉCIFIQUES. — Facc et gorge biuiies; ventre et dos couverts de poils bruns, mélangés de poils blancs; partie supérieure de la poitrine d'un brun roiissâtre; côtés du cou, et tout l'espace compris à la face postérieure du corps, depuis les oreilles jusqu'à l'insertion des ailes, d'un fauve tirant légèrement sur le roussûtre. Habite l'Inde. 8. ROUSSETTE A MASQUE. PTEltOPUS PERSOXNATUS. Tcmmlnck. Caractères spécifiques. — Pelage mélangé de brun, de jaune et de blanc, avec la tête peinte d'une manière très-tranchée de blanc pur et de brun. Provient de l'île de Tcrnate. Un dit que cette Roussette ainie beaucoup le \ n de palmier, dont les habitanls des Moluques font une liqueur fcrmentée très-spiritueuse et très-enivrante : si l'on s'en rapi^orle aux voyageurs, quand les Indiens ont percé un palmier pour en tirer la sévc, et placé dans la plaie le chalumeau qui doit Uerpeslefi ochraceus. Gray. PI .1. CAr.NASSIERS. ' 19 dirigferlaliqueurdansle vase destiné à la recevoir, ces Chéiroptères auraient l'intelligence d'aUd'iiietti-c leur bouche au bout du chalumeau, et de boire cette sève sucrée à mesure qu'elle coule. Elles s'en- ivrent ainsi, tombent au pied de l'arbre, et sont prises par les habitants, qui les mangent et leur trouvent un excellent goût de Perdrix. Un voyageur suédois dit en avoir pris une qui s'était enivrée et laissée tomber au pied d'un arbre; l'ayant attachée avec des clous à une muraille, elle rongea, dit-il, les clous et les arrondit avec ses dents comme si on les eût limés. Ces faits nous paraissent trop merveilleux pour pouvoir être admis sans contrôle. 9. ROUSSETTE LAINEUSE. PTEllOPUH DASYMALLVS. Temminck. Caractères spécifiques. — Pelage laineux, long partout; membranes des flancs velues en dessus et en dessous; face, sommet de la tèle, joues, gorge, bruns; nuque et cou blanc jaunâtre; corps brun foncé. Envergure, O^.TS. Cette espèce, surtout remarquable par ses poils, qui sont très-laineux, habite le Japon. Comme les autres espèces du genre, elle se nourrit de fruits. Parmi les autres espèces, nous citerons la PiOussette d'Edwards (Pleropits EdwarsU, Et. Geof- froy), de Madagascar, Ceylan, Pondicliéry; la 11. funèbre (P. fiinercus, Temminck), de Timor, Su- matra; la R. DE Macklot (P. Mttcklolïi, Temminck), de Timor; la Pi. a pieds velus (P. pselaplioii, T. Lay), de la côte orientale du Japon; la R. a lèvi.e (P. labiatus, Temminck), découverte en Abys. sinie par M. Botta; la R. kalokg (P. argenlalus, Gray), d'Amboine; la R. de l'Assam (P. Assanien- sis, Mac-Leay), etc. O^eitxutuC' Cttoapc/. ROUSSETTES CAUDAIRES. Temminck. Queue plus on mobis longue, à moilià engagée duna la membrane inter fémorale, (jui est assft développée. Museau peu allongé, légèrement arrondi. lU'gime frugivore, et ires-probabkmenl en partie insectivore. Peu d'espèces entrent dans ce groupe; nous ne citerons que 10. ROUSSETTE TAILLEE. PTEItOPUS STn.iMI.y£US. Et. Geoffroy Saint-Ililaiic. Caractères spécifiques. — Pelage très-court, lisse, bien fourni, blanc jaunâtre en dessus, légère- ment onde de roussâtre; toutes les parties inférieures blanchâtres, avec une bande brune à la par- tie moyenne du ventre; membranes d'un brun jaunâtre; queue très-courte. Envergure : 0"',lb. Cette espèce provient du Sennaar et du Sénégal, et vit de fruits. On la trouve suspendue dans les cavernes, ou bien aux branches des arbres; elle se cache également dans le creux des arbres. 20 IllSTOlRi: NATURELLE. 11. noiSSETTK DE GEOFFROY. PTEROPUS GEOFFROYl. Tcmmiiick. Cabactèhes spécifiques. — Pelage court, laineux, serré, excepté sur le devant du cou, où les poils sont longs et plus rares; coloration générale d'un gris terne, plus foncé en dessus qu'en dessous; membrane interfénioralclar_y:e, d'un gris brunâtre; pouce proportionnellement jilus long que dans les autres espèces; queue enveloppée par la membrane interfémorale, très-courte. Envergure : O^jOo. Celle espèce, qu'Etienne Geoffroy Saint-liilaire nommait Pieropns j^fiyplianus, habite le Sénégal et rÉgypte, et, dans ce dernier pays, i)lusieurs individus ont été trouvés par lui attaches au pla- fond d'une des chambres de la grande pyramide. 12. ROUSSETTE DE M'SCIIENAUl.T. PTEROPUS LESCUESMLTIl. A. G. Desraarcst. CAnACTÈRES SPÉCIFIQUES. — Pelage brun grisâtre sur le dos, cendré foncé sur le ventre; nuque entourée d'un demi-collier fauve; partie delà membrane alaiie près du corps, de l'avant-bras et des doigts, présentant un grand nombre de petits points blancs rangés en lignes parallèles; oreilles courtes; queue assez grande, à peine engagée dans la membrane interfémorale. Longueur : O'^jOa. Cette Roussette, l'une des plus petites du|fenre, se trouve à Pondichéry et à Sumatra. Une autre espèce est la Roussette de Leacu (P. Leacliii, A. G, Desmarest), du cap de Donne-Es- pérance, cil elle est très-abondante pendant la saison des fruits, et où elle opère, pendant la nuit, de grandes dévastations dans les vergers. 2-"= GENRE. - ÉLEUTIIÉRURE. ELEUTUERVRA. Cray, 1844. Voy.igc of Suliihur. Maiiiiiisli.T. EXsuOspc;, libre; ousa, queue. Qitciœ courte, libre, placée au milieu d'une écliancrure de la membrane inter fémorale, qui est très élroilc, et garnie de poils nondircux en dessous près de la base. Pas de (jtandcs sur les côtés du cou. M. Gray a indiq^ié ce genre, dans lequel il ne place qu'une seule espèce, qui était rangée précé- demment dans le genre Roussette, groupe des espèces ayant une queue; c'est : ÉLEUTIIÉRURE IIOTTENTOTE. ELEUTUERVRA UOTTEXTOTA (PTEROPUS), Sniilli. CAnACTÈnEs SPÉCIFIQUES. — l'flage très-court, fui, lisse et serre : de deux couleurs en dessus, et gris de souris uniforme en dessous. Envergure : O^.SS. Cette espèce habite l'Afrique australe, et principalemenl les environs du cap de Bonne-Espérance. CARNASSIERS. 21 S"' GKNRE. - XANTHARI'YIE. XANTIIMtPYIA. Gray Voyage of Sulplmr. Mamnialia. X«v6o;, fauve; afjrui», Ilarpjie CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Queue h base renfermée dans le dessous de la membrane inlerfémorale, qui csl trcs-rapprociiée de iépiiie dorsale. Pouce à dernière phalange assez allongée. Pas de glandes au-dessus ni au-dessous dans la région du cou. C'est encore avec une Roussette du deuxième groupe que ce genre a été fondé par M. Gray. XjVNTIIARPYIE AMPLEXICAUDE. XANTHAIiPYIA AMPLEXICAVD.iTA {PTEnOPVS). Et. Geoffroy. Caiwctères spécifiques. — Pelage très-court, ras sur le dos; tète et partie supérieure d'un brun roussùtre, un peu moins foncé et mélangé de lie de vin, aux parties inférieures; membranes inter- fémorales d'un brun roux; doigts et queue brun jaunâtre. Envergure : 0"',4r). Elle a été prise à Timor, Amboine et Sumatra. 4™ GENRE. — ÉPOJIOPllORE. EPOMOPIIORUS. Bennett, 1858. [Gray Magazin of Zoology and Colany, t. U. E7ru|j.i:, épaule; jpc des molaires des Roussettes: molaires inférieures à trois collines. Par les formes mêmes de la tcle, par la disposition des membranes interfémorales, les Acérodons rappellent entièrement les Pleropus. Fr. Guvier fait remarquer que les tubercules caractéristiques 22 HISTOIRE NATURELLE. des molaires des espèces de ce genre pourraient faire penser qu'il existe entre ces molaires et celles des Chauves-Souris insectivores des rapports de structure propres à fonder entre ces deux familles un rappiochenicnt beaucoup plus intime que celui qui avait été noté avant que le genre Acérodon ne filt créé; mais, toutefois, il ne peiise pas que ces modifications aient en riiMi changé la na- ture des dents de l'/lfccof/ciH, et qu'elles puissent même exercer une influence très-sensible sur les mœurs de cet animal : le système dentaire de la famille des Roussettes, et celui de la famille des Chauves-Souris ordinaires, sont différents de forme dans leur essence : chacun d'eux peut se pré- senter avec des modifications plus ou moins profondes; mais, tant que ce qui est essentiel de forme dominera, les Roussettes ne seront pas des Chauves-Souris, ni les Chauves-Souris des Roussettes. Or, l'Accrodon appartient encore exclusivement, sous ce rapport, à cette dernière tribu. Du reste, les rapports de r.4cccO(/tiH et des Plciopus se retrouvent jusque dans la distribution des couleurs, qui sont brunes, avec une tache plus pâle ou plus brillante sur le cou. Le type est : ACI'RODON DE MEYER. ACERODON MEYEltlI. Jourdan. Caractères spécifiques. — Pelage brun, avec une tache plus claire sur le cou. Envergure : 2™, 50. Cette espèce a la taille des grandes espèces de Roussettes; elle est originaire des Philippines. M. Meyer lui avait appliqué la dénomination de Ptcropits ptiroccplialiis. D'après Eschsclioltz, qui nomme cette espèce Roussette a crixière (Pleropus jubutiis), cet animal est commun dans l'île de Luçon, et couvre les arbres de ses troupes nombreuses. Il vole le jour, mais reste caché dans le feuillage pendant les fortes chaleurs. Sa chair est tendre, et son goût est, dit-on, à peu près sem- blable à celui de cuisses de Grenouilles : les insulaires, et même les Espagnols établis à Manille, en font grand cas- Une seconde espèce doit être rangée dans le genre Acciodon; c'est le Pteropus Vamlioreiisis, Quoy et Gaimard, propre aux îles Philippines, que plusieurs zoologistes regardent comme une vraie Roussette. G-"" GENRE. — PACIIYSOME. PACHVSOiVA. h. Geoffroy-Sainl-Hilairc, 1828. ItiftioniKiirc v'hissiquo, t. XV. Ilay^j-:, ûiviis; atou-o. corps. CAn.\CTÈnES GÉNÉRIQUES. Système dentaire : incisives, J; canines, |^]; molaires, l^-^; la molaire qui manque de chaque côté, a chaque mâchoire, est la dernicre mâcheUlrc, et non pas la petite fausse molaire antérieure, dent en quelque .sorte rudimcntaire, et si peu iniporlunlc, que sa présence ou son absence ne pour- rait fournir un caractère générique. Formes généralement lourdes et trapues. Tète grosse et courte, principalement dans ta partie antérieure, à botte cérébrale arrondie. Museau gros. Mamelles placées beaucoup en avant de l'insertion du bras, lundis que, dans les Roussettes, elles sont presque axillaires, c'est-à-dire attachées au-dessous de l'insertion de l'humérus sur les parties latérales du corps. Le genre des Pachysomes a été établi aux dépens des Roussettes pour des espèces de Chéiroptères qui, outre les caractères que nous venons d'indiquer, ont les arcades zygomatiques très-distinctes, et l'espace libre qu'elles laissent entre elles et les os temporal et maxillaire annonçant un grand dé- veloppement des muscles élévateurs de la mâchoire inférieure. Celte mûchoire est elle-même assez CARNASSIERS. 23 courte et n'a d'élendue que dans la partie qui donne insertion aux muscles, c'est-à-dire sa por- tion postérieure et son apophyse coronoide. C'est M. Isidore GeollVoy Saint-Iiilaire qui, le premier, a donné la caractéristique de ce genre; mais son père lavait précédemment créé dans ses Leçons atcnor/rapliiécs. Les naturalistes anglais appliquent à ce genre le nom de Cynoplerns, Fr. Cuvier, dénomination que nous réserverons pour un autre groupe générique. Les Pachjsomes répandent autour d'eux, dans un rayon assez grand, une odeur pénétrante toute particulière. Leur cri est Tort, très-perçant; leur morsure douloureuse. Leur vie est nocturne; ils ne sortent qu'au crépuscule de leur retraite, qui est ordinairement le creux d'un arbre. Leur vol est irrégulier, mais rapide. On n'en connaît que cinq ou six espèces, qui toutes sont propres au continent indien. 1. PACIIYSOJIE A QUEUE COURTï:. PACHYS03IA BltEyiCMD.iTUM. Isid. Geoffroy Saliit-Ililaire. C.\n.4CTf:RES SPÉCIFIQUES. — Pelage des côtés du cou long, rude, cachant un appareil sécréteur, à poils divergents d'un centre commun et recouvrant des glandes : parties inférieures du corps cou- vertes de poils soyeux, assez courts, d'un brun olivâtre dans presque toute leur étendue, et roux à la pointe; tète gris cendré; côtés du cou d'un roux vif; poitrine et ventre gris; tiancs roussâtres; oreilles bordées de blanc ou de jaunAtre. Envergure : 0"',oo. Cette espèce habite le continent indien, principalement l'île de Sumatra. 2. PACIIVSÛME MAJIMlLIl-LRi:. PACinSOMA TITT.ECIIILUM (PTEliOPUS). Tcmminclt CAnACTÈnEs SPÉCIFIQUES. — Pelage fin, lisse, très-court, à l'exception de celui des côtés du cou, plus long dans les mâles que dans les femelles : les premiers ayant, de cliaque côté du cou, une touffe de poils divergents d'un centre commun qui conduisent à des glandes odoriférantes; ventre garni de poils courts; gorge avec des poils clair-semès; oreilles petites, ridées à la base, et plus ou moins bordées par un liséré blanchâtre; queue courte, presque entièrement enveloppée par la mem- brane interfèmorale. Envergure : 0'",50. Habite Java et Sumatra. 3 PACHYSOME A TETE NOIRE. PACBYSOMA Mnf.ANOeEPBALUM {PTEIIOPVS). Temmincl;. CAriACTÈREs SPÉCIFIQUES. — Pelage assez long, bien fourni, excepté sur le devant du cou; poils du dos d'un blanc jaunâtre à la base et d'un cendré noirâtre à la pointe; nuque, sommet de la tète et museau, noirs; une houppe de poils, couvrant un appareil sécréteur, placée sur les côtés du cou; parties inférieures blanc jaunâtre terne. Envergure : 0"',7)0. Il a été trouvé à Java. Les autres espèces de ce genre sont les Pacuvsome de Diap.d {Pacliysoma Diardii, Isid. Geoffroy); DE DovAccFL [P. DuvaiiceUi , Isid. Geoffroy), qui toutes sont propres à Sumatra et aux îles voisines, etc 24 HISTOIRE NATURELLE. 7-"' GENRE. - MÉGAÈRE. MEGAERA. Temniinck. Msfa;, gi-aiiil; œ'-f»., marleaii. HARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Siisthne dentaire : incisives, ^; canines, f^; molaires, |E--; mais ce caractère, observé seulement dans une vieille fcinellc, n'est pcnt-êtrc pas général pour toutes les espèces. Queue non apparente à l'extérieur. Museau trcs-obtus. Naseaux un peu saillants. Oreilles petites, >ion bordées, niùclioires très-courtes. Ailes très-courtes. Le. genre Mecjacra est attribué à M. Temniinck par tous les naturalistes, quoique dans ses Mono- graphies de Mammalotjic, parliculiéremeiil dans le lome II (1807), où il résume ce qu'il a dit sur la irilju des Roussettes, il place la seule espèce qu'on y range avec les Pacliiisoma. Le (^râiie est un peu moins fort que celui du Pacliysonie à queue courte, cl remarquable par la saillie des os du nez et par l'extrême brièveté des mandibules, ce qui est cause de la forme très-obtuse du museau et de la légère proéminence des narines, qui sont un peu plus allongées que dans le Pach\\sonui ecaudutum, quoique moins proéminenies clans ce type que dans le Ceplialotcs Pallasii. L'espèce type de ce genre est la MÉGAÈRE ÉCAUDÉE. MEGAERA ECAUDATA. Tcmminck CABACTÈnES SPÉCIFIQUES. — PcIage assez court; gris pâle ù la nuque et au\ côtés du cou, brun bislre à la tète et sur tout le reste des parties supérieures, rare et gris cendré sur les parties infé- rieures; oreilles noires, non bordées; ailes courtes. Envergure : O^jS^ Cette espèce babite l'île de Sumatra, district de Padang. 8"" GENRE. - CYNOPTÈRE. CYNOPTEHUS. F. Cuvicr, 1825. nrnts (les M.iiiiiiiifi'iTS. K'jwv, chien; irrescv, aile CARACTÈRES (GÉNÉRIQUES. Siisicnie dentaire : incisives, {; ccmiiies, }^; molaires, ^zl; les dernières molaires manquent entièrement, d'oii il résulte que les mâchoires sont i-accoureics; inc'isives très-fmes, rangées symé- tri(pieminl, et très-resserrées entre les canines. Oreilles moiicnncs, bordées par un liséré blanc très-distinct. Queue excessivement courte, réunie, h sa sortie du coccijx, au.v mendiranes interfémorales. Partie supérieure de l'humérus, et membrane alaire, très-poilues le long des flancs. Le goure Ci.nopterus, fondé par Fr. Cuvier pour une espèce de Rousseltc-, semblant offrir des caractères particuliers dans le nombre de ses molaires, n'est pas admis par tous les zoologistes; M. Isi(l( ic Geoffi'oy Saint-Ililaire fait remarquer que ce groupe repose probahlement sur une erreur CARNASSIERS. 53 (l'observation, et que les caractères qu'on lui assigne ne sont pas suffisants pour nioliver la créa- tion d'un genre, La seule espèce de Cynoptére est le CYNOPTÈRE A OREILLES BORDÉES. CÏNOPTEnVS ilAItGiyATUS {fTEROPUS). Et. Geoffroy. Car.vctjîres spécifiques. — Pelage ras, court, brun olivâtre; oreilles présentant un liséré blam: autour du bord extérieur. Envergure de la Noctule d'Europe. Habite le Bengale. 9"" GENRE. - MACROGLOSSE. MACROGLOSSUS F. Cuvitr. 1822. Mammifcros delà Ménagerie du Muséum, liv. XXXVlU Maxpoç, grand ; -^laisan., langue. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Système dcnlaire : incisives, |; canines, ]-^; molaires, |£|; les dents sont petites; il ij n quatre fausses moUnres et six vraies a la mâchoire supérieure, et quatre fausses et huit vraies h l'iii férieure. Museau irl'sallonçjé, çjrêle, cylindrique, acuminé. en ffuelque sorte comparable à celui (/(■•>. Fourmiliers . Les mâchoires, au lieu d'être plus larges, à cause de ialloMiemeni du museau, sont plus petites, et des vides existent entre les incisives droites et yauches et entre les molaires; la mâchoire infé- rieure dépasse la supérieure. Lanyuc cylindrique, tiès-lonyue. un peu cilensililc Ce genre ne comprend qu'une seule espèce, le MACnOGLOSSE KIODOTE. MAf.llOdl.OSStrU MINIHtVS II'TEIKIPIIS] El (Icoffroy Car.^ctères si'écifiqijes. — Pelage court, serré, un peu laiiii'ux : toutes les parties supérieures d'un roux clair un peu teinté de jaunâtre vers la racine des poils, qui, dans cet endroit, sont doux et cotonneux; paitics inférieures d'un' ronssàii'c un peu clair; membrane interféinorale velue en des- sus; les poils dépassant le boid de. la membrane. Envergure : 0"',28. Cette espèce, que M. Ilorstield indique sous la dénomination de Pteropus rostralus. et Lesson .sons celle de Macroylossus Kiudotcs. cause de grands dégâts dans les vergers; elle .-emble préférer le fruit de YEuyenia. On la voit, pendant le jour, suspendue aux rameaux élevés des arbres, et ca- chée dans le feuillage; elle se retire aussi dans les creux des arbres et dans les grands édilices. Elle habite les ib's de Java, Sumatra et Timor, et a été aussi trouvée au Bengale, d'après Ei . Cuvier. 2C HISTOIRE NATURELLE. 10"" GENRE. - CÉPIIALOTE. CEPIIALOTES. Et. Geoffroy Saint-llilairr, 1S10 Ainuilcs lia Mus'uni. I. MX. KsçaXwTc;, qui n une grosse tOli: nAllACTÈniiS CÉ>'KRI(JUES. Siisihnc (Iculnirc : huishHx, J;; auiincs. j-^, ; iiiolaires, ?^^; (i In niiiclioiir sii/x'ricior, Uji a tleiur iiinmvcs ixtitcs et pldcrcs nilrc Ifs ticiix (-(inhici; nifils, li r'nifn'iciuc, il »'(/ oi ti plus, et, l'H avant ilcs vwlaircs. on ne Iroior plus (jii'iiur siiilr ditit de iliiaptc cùlr, cl (pti est bien rcellenivnt une canine. Tête ircs-firosse, (implv, sphrrohlalc, scparcc iln mnscuu par ini rcln'cisscmcnl rpii correspond à des arcades zipioinali{pics Ircs-ci-arlccs. Museau court, comme troniptc. Narines ttibuleuscs, Irès-écartccs, séparées l'une de l'autre pur un profond sillon. Queue placée sous la membrane interfrmoralc, cl di'])assanl nniidilement celte mend'rnuc. Fi- 10. — Ccplinl,.!, ,1,- l'Ml.i Le genre Ceplialotcs a été créé par Et. Gtoffroj Saint-llilaire, qui y plaçait orii;inaircnient deux ospéce.s, le Vespertilio ceplialotcs, Pallas, et une autre espèce alors nouvellement découverte pai l'éron et Lesueur. Depuis, on a reconnu que ces deux espèces devaient èire les. types de deux groupes génériques distincts : la première est restée, pour El. Geoffroy, dans son genre C.eplialotes, et a reçu d'Illiger {l'rodromus siislemalis Mammulium et Aviuni, 1811) la deiiouiiualiou nouvelle de llarpijia ^ap-rcuia, nom mythologique); la seconde est le type du genre Hijpoderma, El. Geoffroy, tandis qu'elle constitue le genre Ceplialoics selon llliger. Ce genre est l'un des plus remarquables de l'ordre, par l'anomalie de son système dentaire, par la forme (\i^ sa léte et par la di.sposiiiun de ses narines. Il ne renferme ((u'iine seule espèce authen- tique, le f;i:riiAi,nTR riK f.xi.i.AS. rF.i>u\i.nTi:s pm.i.asii. i:t Oeofirov. Cahactères srÉciFiQi'Es. — Pelage un peu frisé, gris cendré en dessus, blanchâtre en dessous, peu épais, et doux au toucher: membrane interfémorale d'un rouge tirant sur le jaune, tachetée ir- l'iilucficus Lou'ii. tira.v l'I 4 N CAUNASSIERS. 27 régulièremeiil de blanc; lèvre supérieure tendue, et munie d'une double rangea de petites soies; une légère toulTe de poils au-dessus des yeux; oreilles très-écartées, nues, rondes et courtes. Envergure : 0"',36. Cette espèce, qui est le Vespertilio cephaloles de Pallas, et le Harpifta Pallasii d'iliiger, se trouve à Ambolne. C'est à tort que Ratinesque place dans le même genre, sous la dénomination de Cephaloles Kvnio- tis, une espèce de Chéiroptères provenant de Sicile, et qui doit probablement faire partie de quel- que groupe générique de Chauves-Souris insectivores, et non de Roussettes W"" GENRE. — HYPODERME, HYPODERMA. E. Geoffroy Saint-Hilaire 1829 hiclionnaire classique, i. W. Tro, dessous ; cfep|x.a, peau. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Siisthne dentaire : incisives, |; canines, |^' ; molaires, ,'!Z,;; incisives inférieures irès-pelites, parce que les deux canines sont trcsrnpprochces l'une de l'autre; fausses molaires supérieures manquant. Pas d'ongle au doigt indicateur, quoique la phalange onguéale existe. Membranes alaires prenant naissance sur la ligne médiane dorsale, en sorte que le corps ne se trouve pas, comme dans les autres Chéiroptères, placé entre les ailes, qui, habituellement, sont situées sur les flancs, et de telle sorte, que le corps est recouvert par les ailes comme par ttn manteau. Queue assez longue, donnant insertion à la membrane interfémorale par sa face supérieure, et enveloppée par elle dans son premier tiers. Le genre Hypoderme a été créé par Et. Geoffroy Saint-IIilaire dans ses Leçons sténographiées, et caractérisé d'une manière complète par son fils dans le Dictionnaire classique; ce groupe a été formé aux dépens des Cephaloles, et, ainsi que nous l'avons dit, llliger lui conserve cette dernière dénomination. La forme générale du crâne de l'Hypoderme se rapproche de celle du crâne des Roussettes, mais il existe une différence dans l'appareil remarquable qui remplace l'inlermaxillaire, cl dont les Rhi nolophes fournissent un autre exemple d'organisation anomale toute particulière L'Hypoderme a l'inlermaxillaire représenté par deux petits osselets détachés des maxillaires, et portant chacun une petite dent; ces osselets styliformes, à peu près courbés en S, sont longs de moins de O^.Ol, dé- primés, réunis ;\ l'extrémité des narines par un cartilage vers l'origine des dents. Leur charnière mo- bile donne ;\ ces osselets, et par conséquent ;i la dent dont ils sont armés, la faculté de se mouvoir en avant et en arrière, à peu près de la même manière que les incisives mobiles des liliinolophus agissant de haut en bas. Ce fait doit être noté, car il établit un second exemple des plus curieux d'incisives mobiles dans la classe des Mammifères. On n'a encore bien distingué qu'une seule espèce de ce genre, c'est HYPOUERMli DE PÉRON UYPODERMA l'ERONII El. Geoffroy Saint Hitairc. Caractkrf.s spécifiques. — Pelage généralement d'un fauve roussâtre; tête, nuque et cou, de la même couleur, mais passant un peu au brun; porlion du dos recouverte par la membrane alairc, ayant la même coloration (pie les autres régions du corps Envergure : 0"'.65. 58 HISTOIRE NATURELLE. Cette espèce exl^ale une odeur très-forte et très-dosagiéable, produite par la sécrétion de deux glandes placées sur les joues, et dont la moitié supérieure, recouverte par la peau, est d'un beau rouj^e. Elle habile les îles de Raiida, Samao, Timor et Amboine, et se relire, pendant le jour, dans les rocbers el les cavernes, ne sortant de ces lieux, à peu près inaccessibles, que vers le crépuscule. Sa morsure est cruelle. On reconnaît arénéralement aujourd'hui que I'Hypodf.rme des Moluqdes (Hijpodcrma Molucccnsc, Qtioy et Gaimard) ne doit être rei^ardé que comme une simple variété de Vlliipoilcima PiTonii. et l'on sait, depuis assez longtemps, que le Ptcropus paltialiix d'Etienne Geoiïroy Saint-Ililairc n'en est que le jeune âge. M. Kruger annonce qu'on a trouvé, dans le calcaire de Solenhaufen, deux vertèbres dorsales et deux os fossiles des extrémités qu'il rapporte à une espèce de Roussette. Ce fait, s'il était bien dé- montré, serait de la plus liante importance scientiliqne, ))uisque_anjourd'hui on ne rencontre au- cune espèce de Roussette en Europe; mais il est Irès-prubable que ces débris fossiles appartiennent à un Ptérodactyle, animal perdu que l'on regarde généralement, sinon comme un Reptile, au moins comme intermédiaire entre les Oiseaux et les Reptiles. L'opinion que nous venons d'indiquer, et qui est de De lîlainville, a d'autant plus de fondement, que Sœmmeiing, qui, comme M. Kruger, habitait Munich, a soutenu toute sa vie que le Ptérodactyle était une grande Chauve-Souris fossile. DEUXIEME TRIBU. VESPERTILIONIENS. YESPERTIUONW^. Gray, 1825. \nnals of Philosopliical Mapziii, I. XXVI. Molaires hérissêo: de lubemdes cl de pointes nignis. Les Vespehtilioniens, aussi nommés Cliuuves-Sotiris proprement dites ou CJiciroptrres insecli- rores, sont des animaux qui semblent presque uniquement se nourrir de matière animale, ce qui les différencie immédiatement des Roussettes, qui, au ('ontraire, sont exclusivement frugivores, et dont les molaires, lisses à la couronne, offrent, seulement sur les bords, une crête plus ou moins appa- rente. L'étude du système dentaire des Vespertilioniens, comme celui des Roussettes, devant donner les meilleurs caractères distinctifs de cette tribu, ainsi que ceux des genres qui y ont été formés, on comprend qu'elle a dû être faite avec le plus grand soin. MM. Et. et Isid. Geoffroy Saint-Ililaire, Ite Blainville. Fr. Cuvier. Temminck, Gray, Em. Rousseau, etc., s'en sont occupés. D'après De DIainville, on peut dire, d'une manière générale, que le système odonlologique est presque toujours normal, c'est-à-dire formé des quatre sortes de dents ; d'incisives, de canines, d'avant-molaires et de mo- laires comprenant la principale, aussi distinctes par leur forme que par leur position relative, en sorte que leur signilicalion n'offre jamais de diflirulté sérieuse. Leur nombre, à l'âge adulte, est même assez constant pour chaque sorte, et ce nombre Unit par se rapprocher quelquefois même beaucoup de ce qu'il est chez les Carnassiers proprement dits. Les incisives, assez petites, et pressées entre les canines, varient en nombre de zéro à line et deux paires, et jamais au-dessus, à chaque mâchoire; en bas, elles peuvent varier de zéro à une. deux et même trois paires : on a donc les formules g, [, |, |, etc. Les canines, assez grandes et fortes, constamment représentées par la formule \~\, ne manquent jamais; elles sont minces, allongées, quelquefois assez fortes. Les molaires ne sontja. mais au-dessous de quatre à chaque mâchoire et de chaque côté, et au-dessus de six; mais toutes les combinaisons intermédiaires peuvent se trouver. Toutefois, les différences en nombre ne portent guère que sur celui des avant-molaires, car il y a toujours une dernière avant-molaire, une princi- pale et deux arrière-molaires : l'on peut donc avoir les formules JlJ, Jl?, fl5, lE^, |;~|; mais c'est 5I5 que l'on trouve le |)lus habituellement. Seldii Er. Cnvier, les ([uatre premières molaires de CARNASSIERS. '29 la mâchoire supérieure des Vesperlilioniens, à peu près de même grandeur, présentent la forme la plus pure des vraies molaires d'insectivores : la dernière, de moitié plus petite que les autres, est tronquée à sa partie externe à la mâchoire inférieure : les quatre premières molaires sont dans le même cas que celles de la mâchoire opposée; elles offrent la forme normale de ces dents chez les Insectivores; la dernière vraie moJaire a son prisme postérieur imparfait et tronqué en arrière. Lg genre Dcsmodus présente, toutefois, une anomalie des plus curieuses, sur laquelle nous reviendrons plus lard, nous bornant à dire seulement maintenant que sa formule dentaire pour les molaires est |5|. Les Vespertilioniens ont réellement deux systèmes dentaires, comme la plupart des Mammifères, un de jeune âge et l'autre d'âge adulte; mais ce que le premier offre de remarquable, c'est qu'il n'existe le plus souvent que sur l'animal encore contenu dans le sein de sa mère ou à l'état de fœtus, et qu'il est très-incomplet. Ce système dentaire de jeune âge semble à De Blainville n'être jamais formé de plus de deux incisives en haut comme en bas, un peu diversiformes, suivant les groupes génériques, d'une canine en crochet et d'une seule et unique molaire, également en cro- chet, beaucoup plus petite, et distante de la canine, à chaque mâchoire et de chaque côté; mais certains naturalistes, en particulier M. Em. Rousseau, indiquent d'autres nombres pour ces dents. les incisives, les canines et les fausses molaires qui constituent le premier système dentaire des Chauves-Souris, étant toujours simples, n'ont qu'une seule et petite racine, dont on verrait à peine les alvéoles, également simples au bord des mâchoires, si ces os étaient alors véritablement solides,' en supposant même que les dents de lait fussent autrement que gyngivales dans la seconde denti- tion; les incisives n'ont jamais non plus qu'une seule racine conique, assez peu longue, ces dents n'ayant que très-peu d'efforts à supporter; les canine,' ont également leur racine constamment simple, mais beaucoup plus longue et plus robuste qu'aux incisives; du reste, plus ou moins conique ou com- primée, suivant la forme de la couronne, les molaires ont, comme les précédentes dents, des racines proportionnelles en grosseur et en complication à celles de la couronne. Les alvéoles présentent, supérieurement, deux fentes : l'une antérieure pour l'incisive et l'autre pour la canine, puis deux petits trous ronds très-rapprochés; inférieurement, on remarque une série de six trous : les trois premiers à peu près ronds, et les trois autres ovales : l'antérieur plus grand, à cause de l'obliquité singulière de la dent qui s'y implante. Kij. H — Squelette de Molosse. En général, le squelette des Chéiroplères insectivores, de même que celui des Chéiroptères frugi- vores, se rapproche un peu de celui des Oiseaux; les os longs sont complètement fisluleux, mais la plus grande partie de leur intérieur est remplie par un réseau cellulo-fibreux tellement libre ou peu serré, qu'il disparait entièrement par la dessiccation, et par une moelle abondante. L'ossification se fait rapidement, et les èpiphyses se soudent de très-bonne heure au corps de l'os. En totalité, le 30 IIISTOIHE NATLIUELI-E. nombre des os tlii squelette ne dépasse guère deux cenl sept. La disposition particulière des os du squelette est telle, que la locomotion, et même la station, ne sont nullemeiit troucales. Dans le Vampire, pris pour type des animaux de lette tribu par De Blainville, la colonne verté- brale, considérée dans son ensemble, est courte, souvent tronquée par l'absence de queue, et ne présente guère que trois courbures bien proioiicées, d'où il résulte que le tronc de ces animaux, au repos, pieiid une forme ylubuleuse ou ramassée. Le nombre total des vertèbres est de trente-six. savoir : céplialiques, quatre; cervicales, sept; dorsales, onze; lombaires, sept; sacrées, trois, et coi- cygiennes, quatre. La télé, dont la longueur, comparée A celle du tronc, semble réellement dispro- portionnée par sa grandeur, présente une structure évidemment plus rapprochée de ce qui existe chez les Carnassiers ordinaires (|ue de ce qu'offre le même organe chez les Lémuriens, i/orbite est médiocre, latérale, séparée de celle du côté'opposé par un espace considérable, et largement confon- due avec la fosse temporale par suite de l'absence totale d'apophyse orbitaire au frontal et au jugal. La cavité nasale est petite dans sa partie olfactive; la cavité buccale, au contraire, est grande. Les vertèbres cervicales, en général, sont remarquables par leur grande largeur, It^ peu d'épaisseur de leur corps, la minceur et l'aplatissement de leur arc et surtout par le diamètre du canal vertébral en forme de gueule de four. L'atlas est la plus large de toutes, et n'a pas d'apophyse épineuse mon- tante; l'axis offre une apophyse odontoide très-marquée : les trois vertèbres cervicales intermédiaires sont presque égales, à peu près semblables, et sans traces d'apophyses épineuses; la pénultième est plus petite, et la dernière a son arc supérieur large et aplati, sans apophyse épineuse. Les vertèbres dorsales conservent cet aplatissement de l'arc supérieur, ainsi que l'absence d'apophyse épineuse; leur largeur, quoique augmentée par les apo])liyses transverses, décroit de la première A la dernière. Les vertèbres lombaires sont plus longues, plus étroites, plus épaisses dans leur corps, leur canal est notablement rétréci, et elles sont hérissées d'apophyses. Les vertèbres sacrées sont très-étroites, très-serrées, sans apophyses ni trous, excepté la première. Le sacrum est très-petit, presque com- plètement indivis, à bords à peu près parallèles, et se continuant sans interruption avec le coccyx. Celui-ci, composé de vertèbres en nombre variable suivant les genres, forme une sorte de petite crête, saisie à son extrémité entre les deux ischions. Les eûtes, qui s'articulent avec les vertèbres dor- sales, sont toutes assez fortes, aplaties, c'est-à-dire plus larges qu'épaisses, assez fortement arquées en dehors, sans angle bien marqué. L'hyoïde, dans le Glossophage et les Sténodermes, a son corps élargi, dans son milieu, en plaque, et ses deux cornes assez dissemblables. Le sternum est composé de six pièces, dont la première, ou manubrium, en forme de T, est beaucoup plus robuste que les autres, et pourvue, en dessous, d'une apophyse médiane très-saillante, sans ])rolongement antérieur; la dernière pièce, ou xiphoïde, est assez longue, terminée par un appendice cartilagineux discoïde. Le thorax est remarquable par sa largeur, presque égale à sa longueur, par sa forme conique et par le peu d'étendue des hypocondres. La longueur des membres antérieurs, depuis leur racine jus(|u';ï l'extrémité du plus long doigt, est à celle du tronc en totalité, au moins coma e 4 est à 1, ce (|ui donne à l'envergure huit fois au moins la longueur du corps. L'épaule est remarquable par l'étendue des aeux os qui la constituent. L'omoplate a une forme ovale un peu allongée, le bord dorsal éga- lant au moins le bord axillaire, et comprenant la plus grande partie du bord antérieur par l'arron- dissement de l'angle cervical; les faces externe et interne sont chacuni! partagées en deux grandes fosses. La clavicule est presque aussi longue que l'omoplate, en soite qu'elle porte le moignon de l'épaule fortement en avant et en haut; elle est, en outre, robuste, comprimée, arquée, dans toute sa longueur, de manière à ressembler à une petite côte qui n'aurait qu'une seule courbure. L'humérus est très-long, courbé en forme d'S presque droit; sa tête est ovale, un peu comprimée; la crête dcltoïdienne est saillante, tranchante; sou corps est arrondi, .sans crête, si ce n'est vers son extré- mité inférieure, qui s'élargit subitement. L'avant-bras n'est réellement composé que du radius, le cubitus étant rudimentaire, comme cela a également lieu aussi dans les Ruminants. Le radius est des deux tiers plus long que l'humérus, et plus même que la colonne vertébrale tout entière, sans y com- prendre toutefois la tête . arrondi et légèrement arqué dans tonte son étendue, sans crête ni rugo- sités d'insertion musculaire; il ne présente à l'extrémité supérieure qu'une cavité articulaire un peu oblique, assez large, tandis que son extrémité inférieure est moins large, sillonnée en dessous par des gouttières étroites pour le passage des tendons des muscles extenseurs, et terminée, en avant, par une large gouttière articulaire. Le cubitus se présente comme un os styloïdc placé tout à fait CARNASSIERS. 51 ;'i la partie postérieure du radius. Le carpe n'est qu'un nœud fort court, mais très-compliqué par les profondes enchevêtrures des os Irè.s-anguleux qui le constituent. La main est très-développée, quoique présentant, dans sa composition, tous les caractères des Mammifères élevés de la série zoologique. 11 y a constamment cinq doigts; le pouce jouit d'une liberté et d'une étendue de mou- vements qui ne se voit que dans les Quadrumanes; quant aux autres doigts, ils varient dans leur longueur relative, et, dans le Vampire, le médian est le plus long, puis le cinquième, le quatrième, et enfin le deuxième, qui est le plus court après le pouce. La forme et le nombre des métacarpiens, ainsi que des phalanges, varient suivant les génies. La dernière phalange du premier doigt étant toujours plus ou moins rudimentaire et cartilagineuse, il devient très-diflicile, et souvent impos- sible, de la reconnaître quand elle existe; ce qui n'a pas toujours lieu. Les membres postérieurs sont ])lus faibles et plus grêles que les antérieurs. Le bassin est généralement assez étroit; l'iléon de forme presque cylindrique; le pubis court, assez large, et fischion en forme de demi-anneau. La cavité cotyloide est parfaitement circulaire, assez profonde. Le fémur égale les trois quarts de l'hu- mérus; son corps est droit, cylindrique, très-grêle; sa tête est sphéroïdale, et l'extrémité inférieure peu dilatée. La jambe est, comme l'avant-bras, incomplète, mais, à sa partie supérieure, au con- traire de ce qui a lieu dans celui-ci, où c'est à la partie inférieure. Le tibia égale l'humérus en Ion gueur; il est droit, cylindrique, très-grêle, assez renflé, tiiquèlre, un peu comprimé à l'extrémité supérieure, ainsi qu'à riulérieure. Le péroné est réduit à l'état styloide; mais sa partie aciculée est supérieure, et sa partie renflée est, au contraire, inférieure. Le pied, en totalité, n'égale pas la septième partie de la main; il est essentiellement plantigrade, et les cinq doigts dont il est tou- jours pourvu sont à peu près égaux en force et en longueur, et tous dirigés en arrière par suite de la diiection du fémur dans son articulation coxale. Le tarse est ù peine plus long que le carpe; l'astragale forme une saillie convexe au coté externe, dans laquelle le corps du calcanéum se place, de manière que ces deux os sont articulés à la fois avec ceux de la jambe, le tibia avec l'astragale, et le péroné avec le calcanéum. Les autres os du tarse ont des formes variables. Les métatarsiens sont courts, presque égaux, décroissant cependant graduellement un peu en longueur du premiei au dernier. Le pouce n'a que deux phalanges, et la première est deux fois plus grande que sa correspondante aux autres doigts, où elle décroît du deuxième au cinquième. Les phalanges on guéales, Irè.s-comprimées, presque égales, sont proportionnellement assez longues, arquées, épais- ses, et un peu élargies à la base de jeiir bord inférieur, où elles foi'meiit une sorte de talon. Les os sésamoides sont très-peu nombreux dans les Vcspertilioniens. Quoique très-petit, et de forme très-variable, l'os pénien existe dans un certain nombre d'espèces de cette tribu, et il manque dans un certain nombre d'autres. Quelques différences ostéologiques se voient dans la série des genres : celles que présente ia tête sont surtout intéressantes à étudier. Chez les Sténodermes, la tête est en général plus courte, plus ramassée. Dans les Desmodes, elle est remarquable par la petitesse de la face et du palais, et par la manière brusquement pointue dont la mâchoire supérieure se termine. Dans lesGlossophages, la tête est plus grêle et plus allongée. Les Mégadermes ont la tète encore plus raccourcie et en même temps devenant comme huileuse à cause de la grande minceur de ses parois. Les lihinolophes et les Rhino- pomcs ont toutes les parties du squelette encore plus grêles et plus ténues; la tête, spécialement; est plus huileuse au crâne, plus raccourcie et plus tronquée à la face, avec un large aplatissement de la région fronto-nasale et un dèveluppement singulier des sinus maxillaires. Les Vespertilions ont une forme de tète un jieu variable suivant' les espèces, mais généralement plus allongée que dans les genres nommés précédemment, et la crête sagittale est assez prononcée. Les Taphiens et les iNocti- lions, sous ce point de vue anatomique, sont intermédiaires aux Rhinopomes et aux Vespertilions : les .Molosses s'en rapprochent aussi et ont une tète courte, rèuècie en arrière vers l'orbite, et des mfichoires allongées. L'analomie de ces animaux n'est pas complètement conrnie, sauf l'ostéologie. malgré les travaux importants qui ont été publiés sur ce sujet. Nous ne nous en occuperons pas ici, et nous dirons seu- lement ce que l'on pouvait prévoir o priori, que les muscles qui servent à la locomotion aérienne sont notablement développés, tandis que ceux de la locomotion sur le sol le sont peu. Les membres antérieurs, à l'exception du pouce, sont revêtus et réunis par une membrane, ce qui en fait de véritables et puissantes ailes. Les membres postérieurs sont aussi enveloppés dans la :d iiisroiut; NATur.iiLLi;. niembiane alairc, laquelle naît à répaulo, se prolonge le long de l'avant-bras, de l'index et du deuxième doiyl, qui esl le plus loni^, en laissant le pouee libre, passe de la au liirse eu envcloppani (Oiisk'S autres doii;ts, eu remplissant l'iulervalle qui les .sépare et en s'allaciianl le luni; des lianes, elle vient enliu se teruiiuec à la queue, qu'elle embrasse plus ou moins. On sent que de l'étendue de leur membrane et des |)arlies des membres qui en font la limite dépend l'étendue du vol de ces animaux. Lorsque le Cbeiroptère est en repos, les dernières phalanges des ailes se replient de di- verses manières, suivant les espèces, et, par la seule disposition des ligaments, tous les doigts se rapprochent, de manière que les ailes enveloiii>ent quelquefois le corps entier de l'animal La queue existe toujours; mais elle est plus ou moins distincte, plus ou moins enveloppée dans la membrane interfémurale et plus ou moins développée, suivant les genres, quelquefois très-courte et d'autres fois au contraire très-alloncrée. Les organes des sens sont très-variables et offrent des modilications parfois singulières; ils don- nent, avec les différences que présentent les dents, les caractères les plus propres ù diviser ces animaux et à les réunir en groupes naturels. La petitesse de leurs yeux, cachés quelquefois par les oreilles et entourés de longs poils, devait borner singulièrement leur vue; aussi a-t-ou supposé que la i)réscnce des corps leur était révélée par un autre sens, ainsi que nous l'avons déjà dit en rappor- tant les expériences de Spallanzani. Les oreilles sont plus ou moins développées; les conques audi- tives sont, en général, plus grandes que chez les Roussettes, et les oreillons sont parfois très-grands, ainsi que cela a lieu surtout dans le genre Oreillard. Le nez est quelquefois simple, quelquefois complexe ou creusé par une cavité; chez les Rliinolophes, et dans d'autres groupes, il offre à la partie supérieure des feuilles plus ou moins compliquées et sur lesquelles nous reviendrons, car elles donnent aussi de bons caractères génériques. Le poil est doux, généralement de couleur brune, tirant tantôt sur le gris ou le noir, tantôt sur le roux. Les membranes des ailes et de la queue, ainsi que les oreilles, sont à peu près nues, et il y a peu d'exceptions à cette règle. La bouche est assez peu fendue. Les lèvres présentent des modilications plus ou moins essen- tielles, et elles ont une double fissure chez les Noctilions. La langue est rude et papilleuse. Les in- testins sont plus courts que ceux des r.oussettes, ce qui tient au genre de nourriture qu'ils prennent. Tous les Vespertilioniens sont insectivores, et quelques-uns d'entre eux s'attachent au.ssi aux animaux pour en sucer le sang; le Vampire en est l'exemple le plus marquant. Ils sont crépuscu- laires ou nocturnes, très-rarement diurnes et comme par exception, et passent le jour cachés dans les lieux obscurs, dans les vieux édilices, les fentes des rochers, les troncs des arbres, etc. ils mar- chent avec peine et ne vont sur le sol qu'en se traînant. Leur vie est essentiellement aérienne, et c'est en volant qu'ils attrapent les Insectes dont ils se nourrissent. Lorsqu'on saisit ces animaux, ils se défendent avec un grand courage et cherchent a mordre. Relativement aux Roussettes, ils sont de petite taille, car leur envergure ne dépasse guère 0"',ô5 et est même souvent moindre. Les organes génitau.v consistent, chez les mâles, en une verge pendante et en testicules très- gros; les femelles ont un vagin très-simple. Les mamelles sont au nombre de deux ou de quatre: dans ce dernier cas, (jui est a.ssez rare, il y en a deux inguinales et les deux autres sont toujours pectorales. La femelle ne produit généralement à la fois qu'un seul petit; ou a pu cependant obser- ver qu'elle en ava.t quelquefois deux par portée. Les petits naissent totalement nus et aveugles; ils sont soignés tendrement par leur mère, qui les transporte suspendus par la mamelle qii'ils su- cent, et fortement attachés à son corps au moyen des cro\;hets qui garnissent leurs pouces. Quel- quefois plusieurs femelles se réunissent dans le même trou pour déposer leur progéniture et pour l'y élever, et, si ou enlève leurs petits pour les placer dans un lieu où elles puissent se rendre sans danger, on les voit bientôt y voler pour les allaiter. Les Yesperlilioniens semblent, ainsi que nous l'avons dit, se nourrir exclusivement d'Insectes; il est évident qu'ils ne [leuvenl se trouver que dans les lieux où ces articulés ^e rencontrent pendant tout le cours de l'année, ou sinon ils doivent entrer dans une torpeur hibernale plus ou moins pro- longée. C'est ce qui a lieu dans les espèces de nos climats, qui passent la froide saison dans un état de léthargie à peu près complet. Eu outre, il n'est donc pas etonuaiil de voir <|ue les Chauves-Souris, assez petites et peu communes dans nos régions septentiionales, se reiicoiiticnt au contraire en grand nombre d'espèces irès-varices, et souvent d'assez grande taille, dans les pays intertropicau.x. sur les CARNASSSIERS. r.3 bords des grands fleuves. Toutefois les espèces paraissent limitées à des contrées plus ou moins cir- conscrites, et il en est do même des groupes génériques véritablement naturels. Les Pli\l!ostomes et les Sléiiodermes semblent n'exister que dans l'Amérique méridionale, sur les deux versants des Cordijiéres et jusque dans la Caroline. Les Mégadermes sont au contraire, tous sans exception, des parties les plus cliaudes de Tancien continent, aussi bien en Afrique qu'en Asie. Il en est de même des Pdiinoloplics, dont TEurope possède même deux espèces répandues jusque dans ses parties les plus septentrionales. Les Rhinopomes et les Nyctôres se trouvent exclusivement dans les parties chaudes de l'ancien monde. Il n'en est plus ainsi des Tapliions, qui sont des deux continents, bien qu'on n'en connaisse pas en Europe. LesNoctilions redeviennent américains; mais les Molosses sont de presque toutes les parties du monde; il en existe même une espèce dans les ])arties chaudes de l'Europe, sur les bords de la Méditerranée, et les espèces américaines en ont été distraites pour former le genre Nyctinome. Les Emballonures semblent uniqueinent propres à l'Amérique. Les nombreuses espèces du genre Yespertilion proprement dit sont disséminées dans toutes les parties du monde, depuis la Nouvelle-Hollande jusqu'en Norwége, et l'Europe en possède une vingtaine. Au reste, nous ferons observer que les Vespertilioniens sont au nombre de ces espèces animales que l'homme transporte avec lui et qu'il peut répandre dans tous les climats avec les navires dont il fait usage : c'est peut-être à une circonstance semblable, ainsi que le fait remarquer De Blainville, qu'est dû le fait d'un Oreillard {Vespcrtilio auriiiis, Linné), rapporté, dit-on. de la Nouvelle-Hollande par Pérou et Lesueur, et qui ne différait en rien de celui de nos contrées. On connaît un certain nombre de débris fossiles de Vespertilioniens, mais l'on comprend que, comme ces animaux, et principalement les espèces européennes, à peu près les seules étudiées sous ce point de vue, sont d'une petite taille, et que leurs os sont très-fragiles, les traces qu'ils ont lais- sées dans le sein de la terre n'ont pu être aperçues que depuis que l'attention des naturalistes s'est portée d'une manière plus spéciale sur les fossiles en général. Ces traces ne consistent que dans une partie plus ou moins considérable des os du squelette, ou dans leurs empreintes, lorsque les os, par une cause quelconque, ont disparu. Les premiers ossements fossiles signalés l'ont été en 1805 par Kurg; ils doivent probablement se rapporter au Vcspertitio murlnus et proviennent de la Souabe. G. Cuvier, en IS'J'i, a indiqué une portion assez complète de squelette, découverte dans les couches (le gypse du terrain tertiaire de Montmartre, et qu'il a nommé VcspcriHio Purisicnsis, et D(! Blain- ville, qui le décrit dans son Ostéographie, le regarde comme très-voisin, sinon identique, avec lu Vcsperlilio serolinus. M. Richard Ovven a observé des molaires d'une grande espèce fossile de Chéi- roptères insectivores, provenant de l'argile de Londres. D'autres débris de Vespertilioniens ont été indiqués dans le dilnvium, soit clans les cavernes, soit dans les brèches osseuses, en Saxe, par M. de Munster, aux environs de Kostritz; en Sardaigne et en France, auprès d'Antibes, par Wagner; à Liège, par M. Schmerling, comprenant des fossiles de Rliiuoloplius fcirum-cquinus et de Vespcr- tilio mystaciniis et scroliiins; en Angleterre, par Mac Leay; en Russie, par M. Eischer de Waldheim, et enlin récennnent en France, dans le département de l'Aude, par M. Marcel de Serres, et en .Auver- gne, par M. Bravard. De sorte que, dans fétat actuel de nos connaissances sur les ossements fossiles de Cliauves-Sou- ris, l'on peut, avec De Blainville, tirer les conclusions suivantes : 1° des animaux de l'ordre des Chéiroptères, et exclusivement de la tribu des Vespertilioniens, existaient dans nos pays avant la formation des terrains tertiaires moyens de nos contrées européennes, puisqu'on en a trouvé des restes indubitables dans la formation gypseuse des environs de Paris; 2° ces animaux étaient irès- probablement contemporains des Anoplotlierium et lits Palœollicriuni; Ti" ils ont contiiuié d'exister sans interruption depuis ce temps jusqu'à nous, et cela dans toutes les parties de l'Europe, puis- qu'on en a rencontré des restes dans le diluvium des cavernes et des brèches osseuses; -4° ces Chauves-Souris si anciennes ne différaient que fort peu, si même elles différaient, des espèces ac- tuellement vivantes dans les mêmes contrées, d'où l'on peut induire que les conditions d'existence qui leur sont nécessaires aujourd'hui étaient les mêmes à cette époque plus ou moins reculée de celle à laquelle nous vivons, et que par conséquent il n'y a rien de changé dans l'ensemble de ces circonstances, ou du moins que ces changements ont été très-peu importants et dans des limites de variations dont les tiiaxhiui et les min'wui oscillaient comme aujourd'hui, sansinlluence appréciable sur les corps organisés. 4 n 7A ' IHSTOmE NATlIRErXP:. Toutes les espèces de celte iiilm étaient réunies par Linné dans son genre Vespertilio, dans lequel toutefois il forme le groupe généri(|ue des NoctUio, et il y comprenait même les Roussettes, qui n'ont été distinguées que par Urisson. Etienne CieofiVoy Sainl-IIilaire a commencé à créer plusieurs genres particuliers et en a déllnitivenieiit éloigné les Plcropus pour en faire une tribu distincte. Les genres ((u'il y a admis sont ceux des Pliyllostomc, Rliinoloplie, Mégaderme, Sténodcrme, Molosse, Nycti- uome, Tapliien, Myoptcre, Noctilion, Nyctère, Rliinopome, Vespertilion, Oreillard, Vampire et Glos- sophage. Mais le nombre des espèces devenant tous les jours de plus en plus considérable, puis- qu'on en décrit aujourd'hui prés de trois cents, le nombre des genres a di1 aussi augmenter, et cela même dans uue proportion plus grande. C'est ainsi qu'on peut en compter prés de quatre-vingts qui ont été foiidés par Uiiger, Leach, Fr. Cuvier, Savi, Kuld, Kcyserling, Spix, Kaup, etc.; et, plus récemment, par MM. Isidore Geoffroy Saint-Uilaire, Gray, Temminck, Ch. Bonaparte, Alcide d'Orbi- gny, Gundlach, Neuwied, etc. Sans chercher à indiquer les diverses classifications proposées pour les animaux qui nous occu- |)ent, nous nous bornerons à dire quelques mots des principales. Fr. Cuvier adopte la tribu des Vespertilioniens, qu'd indique sous le nom de Chauves-Souris, et, dans le Diciiomiaire des Scicuccs nalurclles, 1829, il la partage en trente genres. G. Cuvier {Rifine animal, 1829) divise les Chéiroptères en deux grands genres ; les Roussettes et les Vespertilions; et. dans ce dernier, il place un nombre assez considérable de sous-genres qui correspondent en partie aux genres d'Etienne Geoffroy Saint-IIilaire. De Blainville (.4HHrt/ts françaises et étrangères d'Anatomic cl de Pliysioloific, 1857) n'adopie pas cette tribu, et il fait de ces Carnassiers trois sous-faniilles distinctes : celles des Pluillonijciircs AU VaDipircs, Lophonijclhcs ou llltinolophuns, et Lcionijclires ou CItauves-Souris norinonijclcrcs. l.,e nombre des j;enres est pour lui très-peu considérable. M. Gray (Ma(jazinc of Zoologij and Bolantj, volume second, 1838) forme, dans sa famille des Vespcrlilionida', qui comprend tous les Chéiroptères, cinq tribus qu'il nomme : Pliylloslomina, liliinolopliina, VespirliUontna, ISoctilionina et Plcropina, les deux premières constituant la divi- sion primaire des Istiopuori de Spix, et les trois dernières celle des AMsTiornoRi; il y couiprend un très-grand nombre de genres. 11 en est à peu près de même de M. Ch. Bonaparte; seulement, les coupes génériques sont encore beaucoup plus nombreuses. Dans la plupart de ses ouvrages, publiés déjà assez anciennement, M. Isidore Geoffroy Saint-Flilaire, dont nous ferons connaître la classification d'après l'article Mammifircs que M. Baudement a inséré dans le tome VII du Dictionnaire universel d'Histoire naturelle, 1846, partage les Chéiroptères que nous étudions, et qui, joints aux Roussettes et aux Galéopilhèques, forment pour lui un ordre parti- culier, en quatre familles: Première famille. Les VESPERTILIONIDÉS, dont les expansions membra- neuses latérales constituent de véritables ailes, dont les lèvres offrent la disposition ordinaire, et qui n'ont de phalange onguéale à aucun des doigts de l'aile. Première tribu. Tapuozoiens. Nei simple; membrane interfémorale ])eu développée; queue courte. Genres : Tapliien, Emballa- nure, etc. Deuxième tribu. Molossieîis. Nez simple; membrane interfémorale peu déve'loppée; queue longue, à demi enveloppée. Genres : Pédimane, Mijopilic, Molosse. Nijciinomc, Dinops. Troi- >ième tribu. VEsrERTiLiEi>s. iNez simple; membrane inierfemnrale jieu développée; queue trèsdéve- loppée. Genres : Vespcrlilion. Niiclicée. Lasijurc, Oreillard, etc. (Juatrième tribu. Nvctéiiiens. Nez creusé d'une cavité. Genre . Niietère. Cinquième tribu. Rhii\oi,oi'hieîis. Nez surmonté d'une feuille. Genres : Ptlùnopomc, Pdnnolophe, Mcrjadermc, etc. Deuxième famille. NOCTILIONIDES, chez les- (|uels les expansions latérales constituent de véritables ailes, qui ont une double lissure labiale, et à ])halange onguéale manquant à tous les doigts. Genre : Nuclilion. Troisième famille. VAMPIItlDÉS. présentant des expansions membrar-euses latérales constituant de véritables ailes, ayant une pha- lange onguéale au doigt nu'dius de l'aile, et dont les dents offrent la disposition ordinaire. Pre- mière tiibu. -STii.xouEiiMUMNs. Ncz simplc. Genre : Slniodcrmv; et seconde tribu. Puvi.i.OsrosiiiNS. Nez surmonté d'une feuille. Genres : Gloswpluujc, Vampire, Plvjlloslome, etc. Quatrième famille. DESMODIDÉS, chez lesquels les expansions latérales constituent de véritables ailes, dont les dents de la mâchoire supérieure sont très-grandes, fortement comprimées, et dont le médius de l'aile pré- sente une phalange inigueale MyrriiCLiiliius ii liaiiil l'I. 5 CARNASSlliP.S. 35 Nous suivrons presque complétemeiil la classification de M. Isidore Geoffroy Saiut-Ililaire, qui nous semble la plus naturelle de celles qui ont été proposées : seulement, pour nous, les familles seront des sous-tribus et les tribus de simples divisions. D'après cela, la tribu des Vespertilioniens sera partagée en quatre sous tribus, celles des Vespcr- lUionidés, ISoclUïonïdés, l'ampi ridés et Desmodidés. IMtEMIERE SOl'S-TKIUl!. VESPKIiTlLIONlOÉS. VESPKRTIfJONlDM. Isidme Oeotïroy Sainl-llilaire. Expmisio)is nienïbraiieuses latérales conslitiiaiit de véritables ailes. Lèvres offrant la disposition ordinaire. Pimlanejc onç/iiéale manqitant h tous les doigts de laite. Cette sous-lribu, la plus nombreuse de toutes celles de la tribu des Vespertilioniens, comprend des espèces chez lesquelles le nez. est tantôt simple, tantôt creusé d'une cavité et tantôt surmonté d'une feuille. On la partage en cinq divisions : celles des Molossiens, Tapliozoïcns, Vespcrtiliens, Nijclériens et Rlnnolophiens MOLOSSIENS. MOLOSSII. Isidore Geollioy Saint-Hilaire. Nez simple. Membrane interfémorale peu développée. Queue longue, à demi enveloppée. Cette division correspond à la deuxième tribu de la famille des Vespertilionidés de M Isidore Geoffroy Saint-llilaire. Les genres qu'on y range sont propres à toutes les parties du monde, et l'un d'eux, celui des Dinops, est exclusivement particulier à l'Europe. Les principaux groupes sont ceux des Molosse, Pédimanc, Dinops, Niiclinonie. et Mijopicrc. Nous y joindrons, mais avec doute, les genres Centu- rion ei Pteronote de M. Gny. i" GENRE. — MOLOSSE. MOLOSSUS. Et. Geoffroy Saint-Hilaire, 1805. Annales du Muséum, t. VI. Nom d'une espèce appliquée au genre. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Têle grosse, à museau très-large et renflé, et à face en partie dépourvue de poils, ne présentant pas d'appendices membraneux. Système dentaire : incisives, |; canines, JEri molaires, çE^, selon Fr. Cuvier, et j^; selon Et. Geof- froy; incisives de grandeur mogenne, bifides, convergentes -par leurs pointes, et légèrement écartées M, IllSTOllIE NATUltELLK à Intr base : les inférhmres ircs-pclilcs, nkuées en avant des canines, comme rcpoussira pur celles-ci, et aijant leur tranchant garni de deux petites pointes; cnnines supérieures grandes : iufi- rieures touelinni à la hase mlernc. Il pointe dé'jctéc du côté crlcrieur; les vraies molaires à cou- ronne larqc et lirrissce de pointes : les fausses molaires, situées en avant de celles-ci. n'aijant qu'une ou deux pointes seidcment. Oreilles çirandes, réunies du côté interne par la base; orcillon petit, roiul. épais, extérieur. Yeu.v. petits. .\nriiie.%iin peu .saillaiiles, auvcrtes en araiii. h orifice entouré d'un petit Imnrrclel Membranes moijcnnes : iinter fémorale assez- étroite, terminée carrément. Oueue a extrémité libre; le reste de son étendue étant plus on moins enfiatjé dans la membrane. l'i;;. ]•!. — Molosse de licollV C'est en ISOo qu'Eiieiine Geolïioy a disiiiigue ce i^eiire de celui des Vespertilio de Linné, aussi le nom de Dji-wpes (Suuùiraw, j'inspire l'horrenr par mon aspeci), qui ne lui a été appli(|ué qu'en 1811 par lllii;er {Prodromus siislematicus ^lamnialium et Avium). doit-il être rejeté, quoique quel- ques zoologistes aient cru devoir l'adopter. Un a depuis formé plusieurs i^roupes aux dépens des Molosses, mais ils ne diffèrent pas assez notablement de ce genre pour que nous les indiquions; nous citerons seulement les Tbgroptera (ôjpx. ouverture; Trnpov, aile), fondés par Spix {Simiœ et Vespertiliones lira.silien.'ies, ISSS) avec le Mo/o.mîi.'; acuticaudatus, A. G. Desmarest (7'. «nco/oc, Spixj. Les Molosses sont des Chéiroptères de moyenne taille, qui tous appartiennent à l'Amérique méri- dionale, et qui, par leurs habitudes naturelles, ne paraissent pas différer de nos Vespertilions eu- ropéens Il est facile de reconnaître ces animaux; leur physionomie farouche, leur tête grosse et leur mu- seau très-large, les a fait comparer à un Doguin. La tête est, en outre, épaissie par les oreilles qui, penchées et presque couchées sur les yeux, paraissent devoir plus servir à proléger l'organe de la vue qu'à favoriser la perception des sons; elles naissent très-près de la commissure des lèvres, et, après s'être portées derrière le trou auditif, elles reviennent se réunir en avant sur le front. Les .Molosses vivent dans les souterrains et les cavernes profondes, ou ils se traiiieut; ils se cram- ponnent à l'aide de moyens de préhension très-vigotireux. Va Geoffroy n'en indiquait que neuf espèces; M. Temuiiuck et d autres naturalistes en ont fait connaître plusieurs nouvelles, aussi, aujourd'hui, en décrit-on plus de vingt. Mais on est loin de les connaître toutes assez complètement pour pouvoir ai'lirnier qu'elles constituent réellement toutes des espèces distinctes, et il est probable qu'on devra, plus tard, en rayer un certain nombre du catalogue mammalogique. Les plus distinctes sont : C AUiNASSIEltS 37 1. MOLOSSE, I" MULOT VOLANT. DauljuiUc.ii. MOLOSSUS FUSCIVEXTER lil Geollioy Siiiil-llilnire. Cabactèiies spi'xifjques. — Pelage d'un cendré brun en dessus, cendré plus clair en dessous, excepté le ventre, qui est brun à son milieu; corps et tête ayant O^.CO de longueur; queue dépas- sant légèrenienl hi membrane interfémorale. Ce Molosse, qui, selon A. G. Desmaresl, est le vérilable Vcspert'dio vwlossus de Linné, se trouve à la Martinique, et ne diffère que très-peu du deuxième Mui.ot vûI.A^T de Daubenton {Molossus longi- caudaiiis. Et. G^'offrov), qui habite le même pays. 2. MOLOSSE Vl^:i,OCl';. MOLOSSiS VEI."" GENRE. — NYCTINOME. NYCTINOMUS Et. Geoffroy Saint-Ililaire, 1810. Description de l'Egypte, Histoire naturelle, i. 11. NuÇ, nuil; vofioç, demeure. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Sijsthne demain: : incisives, |; canines, ;^; molaires, Iz]; les incisives su])rrieures sont coni- ques, contifiuës : les inférieures très-petites, serrées dans l'alvéole; les deux preiiticrcs molaires sont simples, et les autres plus fortes, à couronne hérissée de pointes aiguës. Nez confondu avec la livre, qui est profondément fendue et ridée. Ailes grandes; pouce court; l'indicateur sans phalanges; le médian en agunl trois; l'annulaire et le petit doigt n'en présentant que deux. Pieds couverts de longs poils. Queue longue, enveloppée par une membrane interfémorale moyenne. Ce genre, créé par Et. Geoffroy, se rapproche beaucoup de celui des Molosses, auquel M. Teni- minck le réunit, et dont il ne diffère que parce qu'il a deux incisives de plus à la mâchoire inférieure, que sçs pieds sont velus, sa lèvre ridée, et ses membranes bordées de poils. Les Nyclinomes ont les mêmes mœurs que les Molosses. On n'en connaît qu'un petit nombre d'es- pèces, six ou sept, qui sont propres à l'Asie et à l'Afrique. Les deux que l'on peut prendre pour types sont : 1. NYCTINOME DU BENGALE. NYCTINOSIVS DENG.iLENSIS. Et. Geoffroy Sainl-llilaire. Caractères spécifiques. — Pelage roux en dessus, brun en dessous; la membrane des ailes bordée d'un liséré de poils très-près des flancs; queue longue, forte. Envergure : 0'",25. Celte espèce, que Bucbanan nommait Vespertilio plicatus, habite le Bengale. 2. NYCTINOME D'EGYPTE. NTCTINOMVS MGVPTIXCVS. Et. GcolTroy Saint-Hilaire. Caractères spécifiques. — Pelage d'une coloration rousse en dessus, et brune en dessous; la queue est grêle; la membrane interfénwrale n'enveloppe que la moitié de la queue, et n'a point de brides membraneuses; elle est garnie d'un liséré de poils très-épais près des flancs. De la taille de nos espèces européennes. Envergure : 0'",26. Cette espèce a été trouvée en Egypte, dans les tombeaux et les souterrains des grands édifices abandonnés. Nous nommerons encore les Nyctinome de Port-Louis {Nyclinomus acctalmlosus. Et. Geoffroy) des "lies Bourbon et Maurice, et NïcTI.^OME de Ruitell {Ugsopes Ruppellii, Temminck), d'Egypte. Ji<2 IIISTOIUE NATUUELI.K. T"' GENRE. - MYOPTÈRE. MYOPTERIS. El. Geoffroy Saint-Ililaire, 18U. Ucscripliuii (le l'ËgypU', Histoire naturelle, t. II. Mu;, rat; TtTipcv, ,iile CARACTÈnES GÉNÉltlQUES, Sijsiimc ilaitairc : incisives. |; cauincs, Jij; molaires. Izl; les incisives .mpéricures sont sim- ples, pointues : les inférieures sont liilobées; les molaires ont des tubercules aiqus. Nez .limplc. sans feuille ni membrane. Museau gros. Chanfrein méplat. Oreilles larçics, latérales, distantes, avec un vrcillun interne. Membrane interfcmorale moyenne, n'enveloppant que la moitié ue la queut. Les Molosses, qui sont Irès-voisiiis des Myoptères, en diffèrent principalement en ce que leurs larges oreilles sont réunies, que leur oreillon est externe, et que leur elianfreiii est convexe. Les Taphiens, quoique aussi assez rapproclR's de ces Cliéiroplères, s'en éloignent néanmoins parce qu'ils ont quatre incisives inférieures au lieu de deux, que leur mâchoire supérieure est dépourvue entièrement de cette sorte de dents, et aussi parce que leur membrane interfcmorale est plus vaste que la leur. On n'a donné encore la description que d'une espèce de ce genre. MYOPTÈRE DE DAUBENTON. MYOPTERUS DAVBENTOMt. El. Geoffroy Saint-Hilaire. Gmiactères spécifiques. — Pelage en dessus de couleur brune et en dessous d'un blanc sale avec une légère teinte de fauve; membrane brune et grise. Envergure : 0'",28. Cette espèce, indiquée par Daubenton sous le nom de Bat volant, habite le Sénégal. TAPHOZIENS. TAPUOZII. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Nez simple. Membrane interfémorale peu développée. Queue courte. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire fait des Taphoziens la première tribu des Vespertilionidés : nous avons cm devoir changer cet ordre sériai pour pouvoir joindre plus facilement les Taphiens aux Vespertilions proprement dits. Les Chéiroptères de celte division habitent aussi bien l'ancien que le nouveau conlineni; mais au- cun n'est propre à l'Europe. Les principaux genres sont ceux des Taphicn, Emballontnc, Uro- crijpte, Diclinure, Celœno, Aello, etc., ainsi que quelques genres (Cenlronijclèrc, Mqstasine elMosie) créés assez récemment par M. Gray. Cervtts anlisenais. IM (i, CARNASSIERS. 43 i" GENRE, — TAPIIIEN. TAPHOZOUS. Et. Geoffroy Saint-llibiiie. 1810 Descjipttop de l'Egypte, llist. nal., l. II. Tacpo;^ tombeau; K''-<'i ju vis. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Système dentaire : incisives, ~: canines, |^]; molaires, |e|, sur lesquelles il ;; «, h rliaiiiie luà- choires. quatre fausses molaires et six molaires vraies. Tête courte. Chanfrein marqué d'un sillon loufiitutimal. Narines non operculées. Mâchoire supérieure courte, larf/e. Orbites trh-rupprochées dumuscau. Livre supérieure trrs-larqe. ntince. Oreilles de motjcnnc élévation, très-larçjcs, placées aux côtés de la tôle et non jointes cuire elles à la base; oreillon interne. Membrane interjémoratc très-grande. Queue libre vers la pointe, au dessus de In membrane. \ \, ^j^jllUjJi'^ iliLhlJllllJll^' '** Fig 10 — Tapliiun saicoluimc F,e j^nre Taphien, Taphozous, fondé par Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, correspond aux ifroupe.s {génériques des Saccopterijx (aamo;, sac; itrep'yv, aile) d'Iiiitter [Prodromus sijstematicus Mamma- lium cl Avium, ISH) et Saceolaimus (oy.x/.o;, sac; Xaifj.oç, i;ori;e) do Kiild. El. Geoffroy considère ce i;rûiipe générique coninje inlermédiaire entre ceux des Myopiéres el des Noclilions, et rapporte (|u'il se distiii,;;ue des premiers en ce qu'il n'a que {|uatre incisives au lieu de deux à la mâchoire in- férieure, et qu'il n'en présente pas à la supérieure. Ki'. Guvier le range à côté des Nyctinomes et des Nyctères. Enlin M. Isidore Geoffroy le rapproche des Molosses. Dans le jeune âge de quelques individus, les incisives, toujours au nombre de quatre à la mûchoire inférieure, sont au nombre de deux à la supérieure, et il n'y a pas d'os intcrniaxillaire, qui se trouve remplacé par une arcade de nature cartilagineuse; les incisives inférieures, à l'aise dans le jeune âge, sont plus ou moins entassées dans l'adulte, bilobécs ou trilobées. Les canines sont longues, puis- santes, pointues et à fort talon interne; les inférieures sont plus avancées en devant des supérieures que dans les autres Chéiroptères La première molaire supérieure a une longue pointe en forme de M IIISTOIHK N.VrURKMK canine et la dernière en lame Iransverse; les deux premières des cinq molaires iiiférienres de cliaqiie côli' de la niAclioire inférieure soiil à pointe eonique, les autres pourvues de quatre tubercules. l.es Tapliiens ont à peu près la nuMue manière de vivre que les Vespertiiions; ils si' caelienl pen- dant le jour dans les vieux bâtiments, dans les crevasses des rochers et des nuirailles, et ils ne vo- lent que le soir. Ils sont essentiellement insectivores. On en connaît une dizaine d'espèces qui sont asiatiques et provenant de Calcutta, Java et Su- matra, et africaines, où elles habitent la Nubie, l'Iij,'} pie, le Sénéyal, le cap de Bonne-Kspèranee, etc. Quant à l'espèce américaine, conmiune en Pennsylvanie et désii^-née par M. Wilson sons la dénomi- nation de Tapliozous rufus, on ne la place tçéuéralement plus dans ce groupe, et l'on en fait à juste titre le type d'un groupe particulier, celui des Desmodus, qui présente d'importants ca- ractères. M. Temminck a donné une monographie de ce genre. Les espèces principales sont: I. TAPHIEN SACCOLAISIE. TAPnoZOVS SACCOLAIMUS. Tcmmintli. C\nACTÈi\Es SPECIFIQUES. — Pelage court, lisse, lustré en dessus, terne en dessous : aux parties supérieures et inférieures des membranes se trouve un ruban de poils courts disposé le long de.^ flancs; face et cuisses nues; tête d'un brun noirâtre marqué de nombreuses taches irrégulières d'un blanc pur. Envergure : 0'°,45. On rencontre cette espèce, type du genre Snccolaimus de Kulil.dans les crevasses des rociiers au bord de la mer, dans les grottes profondes qui servent de retraite aux Hirondelles, et dans les ruines des anciens temples indous. Le mâle a, au milieu du cou, une petite ouverture d'où sort une sécrétion caustique d'une odeur très désagréable. La morsure de ce Taphien, qui fait souvent en- tendre un cri irès-perçant, occasionne beaucoup de douleur. Habite Java. 2. TAPHIEN PERFORÉ. TAPHOZOUS PEnFOISATUS. Et. Geolfroy Saint-Uilaiio CAnAOTÈRES SPÉCIFIQUES. — Pelage d'un gris roux en dessus et cendré en dessous, ou la pointe des poils seule est de ces deux couleurs, la base en étant blanche; queue plus longue que l'os de la cuisse. Envergure, O^.âO. Et. Geoffroy Sainl-llilaire a découvert celte espèce dans les tombeaux égyptiens d'Ombos et de Thèbes, et c'est pour lui le type de son genre Taphien 3. TAPHIEN l-EROT-VOLANT. Daubonlnn. TAPIIOZOVS SEXEGALEKSIS. El. Geoffroy S:iint-Hilairi-. CAnACTÈBES SPÉCIFIQUES. — Pelage brun noirâtre en dessus et d'un brun cendré en dessous. En- vergure, O^jlb. Celte espèce de Taphien, qui a été rapportée du Sénégal par Adanson, ne diffère de la ])récé- denle qu'en ce qu'elle est plus petite, que son museau est plus large et plus long, et que ses oreilles ont leur oreillon très court, très-large et de forme arrondie, tandis que cet organe, dans le Tavltu- zous perforatiis. est en forme de fer de lance, terminé par un bord arrondi. CARNASSIERS. 45 4. TAPHIEN LEPTURE. TAPHOZOVS LEPTURUS. El. Geoffroy Saint-Ililaire. OARACTÈnES SPÉCIFIQUES. — Pelage gris en dessus, plus pâle en dessous; oreilles et membranes alaires et interféniorale d'un brun obscur. Envergure : 0'",23. Cette espèce, qui est le type du genre Saccopterijx d llliger, provient probablement des Indes. Nous indiquerons encore parmi les autres espèces les Tajihozoux bïcolor, Temminck, de Calcutta; nudiveniris, Ruppell, de Nubie; Maurïiïavus, Et. Geoffroy, de l'ile Maurice, et Icucupteriis, Tem- minck, du cap de Donne-Espérance. S"'' GENRE. — EMBALLONURE. EMBALLONUBA. Kuhl et Temminck, 1838. In Vander Hœvcn Tijdsclirift voon naturlijke Geschiedennif. Eu.ê»).).(i), je lance; cjpa, queue. CARACTERES GENERIQUES. Sijslème dmlaire des adultes : incisives, |; canines, -\^; molaires, |^. Dans le jeune âge. les in- cisives sont |. Les incisives supérieures sont placées dans les branches converqentes des deux inlermaxillaires; les inférieures rangées en arc de cercle; les canines larges à la base, longues, h trois collines très-pointues : leur talon portant deux pointes aiguës; parmi les cinq molaires de chaque côté des deux mâchoires, il ij en a une fausse très-pelile et fine, et toutes les vraies sont hé- rissées de trois pointes trcs-aiguis. Crâne et mâchoire supérieure comme chez- les Taphiens; mais le crâne Ircs-élranglé entre les ar- cades zijgomaliques. ^ Chanfrein large, creusé. Mâchoire inférieure à peu près comme celle des Vespertilio. Fis. M — Emballunure monlagiiard. Le genre Emballonure, créé par Kuhl, mais réellement caractérisé par M. Temminck dans ses Monographies de Mammalogie, comprend cinq espèces; ce groupe a été, dans ces derniers temps, restreint à une seule espèce, tandis que les autres ont été placées dans d'autres genres, et particu- lièrement dans celui des Proboscidea de Spix, que quelques auteurs regardent comme différent, et que certains autres réunissent au genre qui nous occupe. Le crâne de ces Chéiroptères ressemble, sous certains rapports, à celui des Taphiens; mais il dif- fère de celui-ci par l'existence des os intermaxillaires en branches convergentes. Par quelques autres caractères, ces animaux se rapprochent des Vespertilions. On trouve aussi des rapports entre les iC IIISTOIKE NATURELLE Emlialloniirps c\ les Tapliiens dans la manit^io dont la queue, qui est courte, est enveloppée par la membrane inlerfémnrale. Celle large membrane, manquaut du soutien qu'elle possède dans la longue queue des Vespertilions, peut néanmoins être retirée vers le ventre à l'aide d'un tendon al- longé partant du calcanénm. La seule espèce laissée dans ce genre est la suivante. EMBALLONURE MONTAGNARD. ainM.LOMRA MoyriCOLA. Tcninmicli. CARACTÈnFs SPÉCIFIQUES. — Pelagc de moyenne longueur, bien l'oiirni, bicolore partout : la base des poils des parties supérieures d'un blanc jaunûlre, et les deux tiers, jusqu'à la iminte, d'un beau briin foncé couleur chocolat; en dessous, les poils .sont bruns à la base et chocolat clair jusqu'à la pointe. Les poils du museau et les cils sont longs et rudes; les membranes totalement nues. Enver- gure, 0"',29, de la taille de la ripistrelle. Cette espèce a été prise dans les parties solitaires et sauvages des montagnes du Munara dans l'île de Java. On la voit suspendue par bandes le long des pans verticaux des rochers ombragés et humides, où sa présence se décèle par l'odeur extrêmement forte et désagréable qu'elle répand dans l'air. On l'a également signalée à Sumatra. Quant aux espèces, toutes de l'Amérique tropicale, et au nombre de cinq, placées dans le genre pROBOscinÉE (Prolmciilca) (-p-.Cod/.r, qui a une trompe) de Spix {Simiiv el Vespcrlilioncs limsilkii- .ÇC.Ç, 182")), on doit probablement, à l'exemple de M. Temminck, les réunir aux lùiihalloniircs. Ces Chéiroptères ont reçu les noms de ProboscUka saxaiUis, Spix [VcsperlUio naso, Neuwied); Nijc- tiiwiuiis Brasilknsis, Isidore Geoffroy; cmiimi, Neuvviid; calcaralii, Neumed {Cetitroniictcris Maxi- miliauiis, Fischer), tous trois propres au Drésil; riualis, Spix," des bords du fleuve des Amazones, et lineala (Emballonura), Temminck, de Surinam. 3- GENRE. - UROCRYl'TE. UROCRYPTUS. Kuhl et Temminck, 1838. In Tijdsolirifl vonn iialurlijke Gcscliiedoniiis. Oupa, quuuc; xpjiTTO;, cjcliô. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES Sijsièmrilnilanr : hici.ùves, ?; lanhics. fi;; molaires, 1^»; les incisives irilohces; les canines cl nwhiircH comme dans les ijcnres précédcnis; mais ces dernières dents uifant cependant loiijimis ijualre collines Crâne avec un rinliiurvl d'iulernidailhiire aboiitissunl m poinic sur le Irilim dis ciinines el trcs- (jrèle. Queue très pcliie. comme cachée. D'après ce que nous venons de dire, le genre Crocnipius diffère essentiellement de celui des hmlmllonnra, dont il est très voisin, en ce qu'il n'a pas d'incisives supérieures, qui sont rempla- cées par un simple cartilage sans que ce rudiment d'intermaxillaire porte de dents, qui sont an nombre de quatre par paires dans les Emballonures. L'espèce unique de ce groupe générique est la suivante. TAIiNASSIERS. 47 UROCRYPTE A DEUX RAIES. VROCRYPTUS BlLIPiEÀTUS Temminrh. Caractères spécifiques. — Pelage de moyenne longueur, bien fourni, lisse et lustré en dessus; poils des parties inférieures à base brune et d'un cendré clair à la pointe; toutes les parties supé- rieures et les côtés du cou d'un brun couleur de suiej deux raies blanches longitudinales se dirigeant Fis- 18. - Urocrvpte à deux raies de chaque côté de l'épine dorsale depuis le bord inférieur des omoplates jusqu'au coccyx; mem- branes noirâtres, nues; base du pouce engagée dans la membrane pollicaire. Taille de la Barbastelle; envergure, 0'",26. Habite TAmérique méridionale, et spécialement les environs de Surinam. 4"" GENRE. - CENTRONYCTÈRE. CENTRONYCTERIS. Gray, 1844. Voyage of Siilphur. Miiiiinialia. KevTfov, éperon: rjuTepi;, Cli.iuve-Souris. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Nez assez saillant. Narines lubiilaires. Mciulirnnr iiilerfcnwrale prnlonqéc en cône. Calcancum trcs-ffrand. Ce genre, dont on ne connaît pas bien le système dentaire, est placé par M. Gray entre les Embal- lonures et les Urorryptes, et rcspéce ty|>e est ï Emballonnra (Vesperlilio) catcarnta, Ncu\«'ied. que M. Fischer de Waldheim nomme Centronijcleris Maximilianus, qui est particulière au Brésil et que Spix range dans son genre Proboscidea. b-" GENRE. — AELLO. AELLO Leach, 1822. Transactions of Linncan Society of Londuii. Nom propre. CARACTERES «ENERIQUES canines Système dentaire : incisives. | Médius ayant seulement une cjuati tente (jUalanij ',-]■, molaires, 48 HISTOIRE NATURELLE. Membrane inlerfémorale droite. Oreilles rapprocliccs, courtes, très-larges, sans oreillons. Queue ne dépassant pas la membrane cl formée de cinq vertèbres dans la partie visible. L'établissement de ce genre ne repose que sur une seule espèce, VAello (Àivieri, Leach, impar- faitement connue et dont on ignore la patrie. Elle est de couleur Isabelle ferrugineuse; ses ailes sont d'un brun obscur; ses oreilles sont comme tronquées au bout. 6«" GENRE. - MYSTACINE. MYSTACINA. Gray, 1844. Voyage of Suljilmr. Mammatia. M'juTaÇ, mouslaclie. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES S'istème dentaire : incisives, f: canines, fi}; molaires, |E|; les incisii'cs supérieures grandes. Nez assez saillant, entouré h la base par une rangée de moustaches courtes, rigides Membrane interfémorale tronquée Espèce type : Mystacina tuberculata, Gray, particulière à la Nouvelle-Zélande. T^" GENRE. — MOSIE. MOSIA. Gray, 1843. Mngazin of nalural llislory, t. XI. Étymologie incertaine CAR.\CTÈRES GÉNÉRIQUES Système dentaire : incisives, |; canines, \~\; molaires, |^; les incisives supérieures très-écar- tées : les internes grandes, obliques, et les externes très-petites. Tête petite, poilue : la partie antérieure aplatie, assez concave en avant. Lèvres épaisses : l'inférieure avec deux verrues triangulaires en avant. Fig. 19. — Mosie nigrescent. Ne» arrondi. Narines apicnles, arrondies, non .willantes. sans fossette an bord postérieur. Oreilles médiocres, latérales. Tragus allongé, bien développé CARNASSIERS. 49 Ailes minces. , Pouce petit, mince, li première phalmifie ircs-courie. aplatie. Membrane inlerfcmorale large, tronquée. Calcancum Ion;/. Queue mince, à extrémité saillante sur le milieu de la surface supérieure de la membrane. Pieds postérieurs petit.'!, attachés aux ailes, à la base des pouces externes : ceux ri presque éijaux, minces. Ce genre, voisin de celui des Mysiavine, se rapproche égalemcnl des Emlmllonura. On n'y place encore qu'une espèce. MO?IE NIGRESCENT MOSI.i yianESCFSS. Cray. CAiiAtTÈREs srÉcrFiQUES. — Pelage d'un brun foncé, plus pâle aux parties inférieures; membrane interfénioralc garnie, en dessous, de poils épars; oreilles assez grandes, pointues à l'extrémité, nues, avec quelques poils à la partie inférieure, à lobule non distinct; tragus oblong, linéaire, re- courbé, arrondi à l'extrémité. Envergure : 0'",25. Habite l'Amérique méridionale. S-»^ GENRE. — DICLIDURE. DICLWUIWS. Neuwied, 1826. Beilra'gc zur Nalurgcschiclitc Erasiliens, t. 11. Ai;, deux; xXei;, clef; "Jja, queue. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Sjistimc dentaire : incisives, l; canines, [ij; molaires, 'y^: incisives inférieures petites, trilobées; canules supérieures diriqécs en avant, coniques, comprimées, légèrement recourbées, munies d'une dent interne : les inférieures droites, avec une rainure proéminente; molaires supérieures aijant une fausse molaire très-petite accolée à la canine, puis un vide, suivi de quatre fausses molaires très- pointues : les inférieures présentant deux fausses molaires, et trois vraies, à collines saillantes Mâchoire inférieure plus longue que la supérieure. Chanfrein de forme elliptique portant une forte excavation. Vfi. 20. Dulidure I Aux caractères que nous venons de .signaler, vient s'en joindre un des plus importants, cl sur lequel M. Temminck insiste particulièrement. Les os coccygiens, au lieu de former un prolongement 5 7 50 lIISTOinK NATIREIXR. caudal, pn-senlonl iihisiciiis ailiculaiiDiis qui se ii'iniiiieiU |iar deux pièces cornées adliérentes à la peau, el ronn-iiil un appareil à deux valves ou capsules. La valve supérieure semi-lunaire, creusée en capsule; l'iiiIVrieure [dus petite, pointue, triangulaire, et adaptée, dans le sens horizontal, sur la précédente. Ces deux pièces se recouvrent, sont mobiles, s'écartent ou se rapprochent, cl sont re- tenues, à leur insertion, par un repli membraneux mince qui les isole du corps. Le coccyx se trouve logé dans la capsule supérieure, tandis que le bord postérieur de la membrane interfémorale est tendu sous la valve caudale proprement dite. Outre ce singidier appareil, les IMelidures se font en- core remarquer par l'oiganisation peu ordinaire de leur cr.'ine : celui-ei présente, eu effet, entre les orbites, une dépression elliptique profonde qui fait saillir les os de la face, tandis que le vertex et les i'rontaux sont boursoullés par d'amples cavités cclluleuscs L'espèce unique de ce genre est le DICLIDURE BLANC. DICLIDURVS FREÏRESSII. Keuwied. CAnACTÈiiES srÉciFiQui;s. — Pelage très- long, touffu, un peu frisé, d'une teinte blanchâtre partout, court sur la tête, long sur le dos, et les poils y étant étendus en deux touffes sur les côtes de l'excroissance bivalve de la queue; membrane interfémorale brun clair. Envergure : Q'",ZS. Celte espèce a été découverte au Brésil, dans les feuilles d'un cocotier. O""- GENRE. - CÉLÈNO. CELjENO. Leach, 1822. Transaclions ni' Liniican Sociciy of l.nndon. Nom mylliologiquc. CAR.\CTÈltES GÉNKIIKIUES. S^isliiiic (lenlniir: incisive.t, |; rnn'nics, ;£■; molaires, f;;: les vicisivcs supiUicttres poiuliics : les iiifnieiiirs rnjiprorln'es, eifl'iudnmtes; cavhics stipcriciircs plus fiiainles que /es inférieures. Ailes à troisième cl (juatricme Uoiyls nijant trois phalanges : le cimjuième n'en présentant que deux. Mcmliranc interfémorale se prolonfjeant un peu an delà des pieds de derrière. Oreilles écartées : oreillou petit. Queue molle. Dans les Célènos, les doigts des pieds sont allongés, presque égaux, armés d'ongles comprimés, recourbés et larges A leur base. Les membranes alaires débordent légèrement les doigfs. Les oreilles .sont aiguës et distantes, et n'offrent que des oreillons très-petits; elles sont arrondies en avant, et coupées en ligne droite à leur bord postérieur. La queiieesl rudimentaire, ou même remplacée par un iilet cartilagineux occupant le milieu de la mcnd)rane iiiierfcmorale. Ce genre, que l'on est loin de connaître complétemeni, ne renferme qu'une seule espèce, dont on ignore la patrie. CiaÈNO [}E BtlOOK. CELJ'.yo BnOOKSIAyA. Lcacli. C.vRACTi^r.ES srÉciFiQUEs. — Pelage brun ferrugineux sur le dos, d'une teinte plus claire sur entre et les bras; les membranes noires; taille petite. Aiiiilii|ii' ciritliuiisi! l'I. 7. CAUNASSIER^. g] v3i4'i4iciite DiciJior). VESt'EPiTILIEiNS. VESl'ERTIUI. Itiidore Geofiioj Saiiil-llilaiic. Nez simple. Membrane inlerfcmorale peu développcc. Queue très-dcvetoppée : le plus liabhuellcment comprise dans la membrane. Celle division correspond à la Iroisiènie Iribu des Vesperlilionidés de M. Isidore fioolfroy Sainl- Ililairc, el porle la dénominalion que nous lui avons conservée. Ces CliéiroplÈres, Irès-nombreux en espèces, se trouvent répandus sur toute la surface du globe, mais ils sont surtout abondants en Europe et en Amérique Les genres que nous adoptons sont ceux des Vesperlilion, Nijcùcêe, Furie, Scoiopliile et Oreillard. Mais nous comprendrons dans cette division un beaucoup plus grand nombre de groupes génériques, que nous ne ferons qu'indiquer, après avoir donné la description des Vesperlilio, que nous diviserons en quatre sous-genres, ceux des Vespertilion, Miniopicre, Pipistrelle et Ocijpèle. 1" GENRE. — VESI'EHTILION. VESPERTILIO. Einné, 1755. Systema naturiv. VespertiUo, fossoyeur. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Formule cntairc : incisives, 7; canines, J^; molaires, 5^, ou ^, ou jp|, ou 1^, d'uii le nombre total des do s varie de r>2-o-4-5G-58. Les inci,sives supérieures sont .séparées par paires ou distantes: elb's sont onslammcnt, dans ions les âges, an nombre de quatre, et. suivant M. Teni minck, lorsqu'elles toibenl, el qu'il n'y en a que deux, c'est par accident on dans l'extrême vieillesse: les inférieures sont ■'•is-rapprocliées, h tranchant bilobé, couchées el diricjées en avant. Les canines sont fortes, souvent triancjulaires, ne se toacha)it pas par leur base. Il ciistc toujours trois vraies molaires à chaque miichoirc et de chaque coté; la différence en nombre ne porle donc que sur les fausses molaires, qui sont simples, coniques, tandis que les premières ont la couronne larije, hérissée de pointes aiguës; les molaires supérieures sont deux fois plus larges que les inférieures, et pré- sentent une couronne à tranchant oblique : les inférieures sont sillonnées sur les cotés. Gueule irès-fendue. Mufle nu, petit. Lèvres irès-mobUes : l'inférieure simple. J\'cz sans feuilles membraneuses , ni sillon, ni rides, ni opercules. Joues renflées, velues. Yeu.v petits, noirs, brillants, placés latéralement. Oreilles plus ou moins grandes, pourvues d'un orcillon distinct Créine comprimé, allongé. Lanijue lisse, moyenne, non proiractile. Abajoues existant 'oujuurs, et étant p'us ou moins développées. Membranes des ailes très-étendues, soutenues par des métacarpiens fort allongés; l'envergure ayant quatre a cinq fois la longueur totale du corjis. 52 IIISTOII',11 NATURELLE. Do'kjI iiulkaUnr itvcc tiur pliahuujc; iiu'diiis en offnnil Irois; (lunuldiic cl pelh (/oif// u'cn pri- snilaut (juc deux, l'imcc séparé des (iiUies doujln. courl, assez robuste, el hriuiné par un aufilr crochu. Membrane hnerféiuorale irès-grande, eiiveloppunl la queue : celte nicmbraiie cl les^iiles génera- Icuicut nues. Queue assez longue. l'claqe doux, épais, aijaut habiluclleiiieul une cnlorat'ion grise. Glumlcs sébacées en dessous de la peau de lu face, affectant diverses formes cl de variable di- men.'iiou. Taille petite. 1 ig 21. — Vcsperlilion Kirivuub. Le genre Ve.ipcriiliu. connu viil^niremenl sous la tiénominalion de (Uiauvc.i-Souris proprement dites, a été créé par Linné, qni y coniprcnail la presque totalité des Chéiroptères; Brisson et quel- ques autres naturalistes, tels que Pallas, Daubcnton, Leacli, lîalinesque, etc., en avaient déjà sé- paré certains groupes, mais c'est Etienne Geoffroy Saint Ililaire qui, le premier, en fixa les limites d'une manière précise. Plus lard, cependant, le nomhrc des espèces de Vespertilions venant ù aug- menter cuusidérablemcnt, il devint encore nécessaire d'y faire des subdivisions nouvelles, et de nombreux travaux furent publiés sur ces animaux, principalement par MM. Kuld, Brebm, Lcisier, iieclistein, Horslitld, de Neuwied, Temminck, Charles Bonaparte, Isidore Geoffroy Saint-llilaire, De Blainville, Fr. Cuvier, A G. Desmarest. Gray, P. Gervais, etc.; et ce genre, quoique renfermant encore beaucoup d'espèces propres à toutes les parties du monde, fut cependant considérablement restreint. Nous n'adopterons pas tous les groupes génériques qui ont ete formés à ses dépens, et nous n'indiquerons quelques-uns d'entre eux que comme des sous-genres. Les Vespertilions sont des Chéiroptères essentiellement nocturnes; ce n'est qu'au crépuscule qu'ils commencent à prendre leur vol, qui est irrcgulier, incertain. Pendant le jour, ils se-réfugient dans les troncs des arbres, dans les crevasses des rochers, dans les vieux édilices, où on les trouve parfois réunis en trè.s-grand nombre. Dans nos climats, ils eiirouvent tous un engourdissement hivernal. Les différentes espèces de ce genre, à quelques exceptions près, sont pourvues, comme les lihi- nolophes et quelques autres Chéiroptères frugivores et insectivores, de glandes odoriférantes, d'où suinte, par des orifices presque imperceptibles de la peau, une matière onctueuse d'une odeur pénétrante el désagréable. Ces glandes, qu'on observe dans les deux sexes, se trou- vent placées près des yeux ou entre ces organes et le mufle; elles sont quelquefois trôs-dévelop- pées, et recouvrent une grande partie de la tète. Ce sont elles qui produisent, chez certaines espèces de nos Vespertilions européens, cette forte odeur si rebutante qui indi(ine, même à une grande distance, les lieux où se cachent ces Chauves-Souris. Ces glandes, qui se trouvent sur différentes par- ties du corps, suivant les genres el les espèces, sont parfois munies d'un double appareil de sé- crétion : l'un d'une matière onclueuse, l'autre d'une poussière colorée produite par la bourse du front. La Noctulc d'I-urope, dont l'odeur est si forte et si nauséabonde, a un énorme appareil sécrc- CARNASSIERS. 55 liuii'; iiidépiMulamnient des glandes du museau, elle en a, dans l'angle des niàdioiies, une secnndi' paire, et de plus une glande verruqueuse à la nuque. Ces glandes sont plus grandes suivant les lieux qui servent de retraite, ou de séjour habituel et constant, aux diverses espèces : celles qui vi- vent dans les souterrains humides et celles qui liahitent le bord des eaux ont des glandes plus dé- veloppées : aussi répandeut-elles une odeur plus t'orle que les autres. L'osselet, qui se trouve, chez les Roussettes et dans certains Chéiroptères insectivores, dans le tendon du triceps brachial, et qui y forme une rotule olécranienne, ne se rencontre pas dans toutes les espèces de ce genre. Quelques femelles de Vespertilions produisent deux petits, d'autres, en plus grand nombre, n'en ont qu'un; et il parait que la portée varie, soit ])ériodiquement, soit accidentellement, car il est certain que chez la même espèce, la Noctule par exemple, on a observé celte variation d'une année à l'autre : aussi n'est-il pas étonnant de voir des auteurs assurer, comme résultat de leurs observa- lions, que la Noctule porte deux petits, tandis que d'autres prétendent avoir reconnu qu'elle n'en produit qu'un seul. Une autre particularité dans le genre de vie des Vespertilions, et qui s'étend probablement à tout l'ordre des Chéiroptères, c'est la réunion d'un grand nombre de femelles fécondées qui s'isolent des mâles et vont se choisir un gîte commun, spacieux, pour y déposer leur progéniture et vaquer en- semble aux premiers soins que les nouveau-nes exigent. Pendant ce temps, les mâles restent éga- lement isolés et loin des lieux choisis par les femelles, et, dans quelques cas, ils se réunissent entre eux. Nos Vespertilions d'Lurope reprennent leurs habitudes sociales vers l'approche de leur torpeur hivernale; pendant ce temps, souvent assez long, mais quelquefois interrompu par quelques beaux jours d'hiver pendant lesquels ils reprennent leur vie ordinaire, un grand nombre d'individus se cramponnent les uns aux autres el forment des tas dans les lieux où ils se sont mis à l'abri du froid. Un peut juger de l'iimombrable quantité de ces animaux, en voyant sur le plancher des com- bles de nos vieux édifices, principalement dans ceux de l'église Saint-Gervais à Paris, des tas de crottes dont l'épaisseur peut être évaluée à près de vingt centimètres. Lorsque les femelles sont réunies, et sont au moment de mettre bas. elles se suspendent et ramènent la queue vers le ventre, de manière à former un sac avec la membrane interfémorale. C'est dans celle espèce de berceau que le jeune est tout d'abord déposé et reçoit les premiers soins de sa mère, qui, plus tard, le trans- porte avec elle. Lorsqu'elle n'a qu'un petit, ce qui a lieu le plus habituellement, celui-ci se cram- ponne en sautoir à la poitrine de sa mère, et, quand il y en a deux, ils se suspendent le long des flancs et sont soutenus par la membrane inlerfémorale. La nourriture des Vespertilions consiste uniquement en Insectes crépusculaires ou nocturnes, et principalement, dans nos jiays, en Phalénides; quelques petites espèces semblent, toutefois, ne se nourrir que d'Hyménoptères. Leur gloutonnerie est exlrême; Kuhl a vu une Noctule avaler de suite treize Hannetons, et soixante-dix Mouches sulïisent à peine au repas d'une Pipistrelle. Les Vespertilions, ou, d'une manière plus générale, les Yespcrlilioniens munis d'une queue longue, se servent de ce membre pour faire entrer dans leur gueule, et pousser dans l'œsophage, les Insectes trop gros qu'ils ne peuvent engloutir facilement. Leur queue leur tient alor.s lieu de doigt; ils la ra- mènent vers la tête, qu'ils baissent h'gèrement en volant, et parviennent ainsi à se rendre maîtres de leur proie. D'après cela, on voit que la forme de la queue peut inilucr beaucoup sur les habitudes de ces animaux; aussi a-t-on pu se servir de la conformation plus ou moins différente de cet organe pour distinguer ])lusieurs groupes génériques de Vespertilioniens, et quelquefois même, disons-le, un troj) grand nondjre. On ne peut que très-difficilement conserver en domesticité des Vespertilions, et ils ne lardent pas ;i mourir. Aussi croyons-nous devoir rapporter des observations assez récentes qui ont clé faites sur plusieurs de ces Carnassiers étudiés vivants. En juillet 1855, M. Daniell reçut cinq femelles fécon- dées de Pipistrelles, et les mil dans une cage, où elles furent fort turbulentes. Elles mangeaient avec avidité les Mouches el la viande crue, mais refusaient obstinément la viande cuite. Lorsqu'une Mouche entrait dans la cage, elles l'élourdissaieul d'un coup d'aile, et se jetaient sur elle les ailes étendues comme pour lui fermer la retraite. La mastication et la déglutition étaient lentes el péni- bles Plusieurs minutes étaient nécessaires pour dévorer une grosse Mouche. Au bout de dix-neuf jours, les cinq Pipistrelles étaient mortes. A l'autopsie, on trouva qu'elles ne portaient qu'un seul 54 lUSTOlHK NATUr.ELLK. pclit. Le te mai I85i, le même M. Haiiiell se jiroiiira quatre femelles el un mule de Nodule. Le niAle était très-sauvage, cliercliail sans cesse à s'échapper, et mourut au bout de dix-huit jours, après avoir refuse toute espèce de nourriture. Trois femelles succombèrent peu après, (lelle qui survécut fut nourrie avec du foie et du cœur de volaille, qu'elle mangeait à peu près comme eût fait un Chien. Pour cela, elle se servait des extrémités postérieures comme d'une pince. Klle mangeait beaucoup relativement à son poids, et se tenait presque constamment pendue au sommet de sa cage, ne (initiant cette position que le soir, jiour prendre sa nourriture. Le "2." juin, M. Daniell, ayant re- marqué que cette Nodule paraissait fort inquiète, l'observa avec soin, et fut témoin de son accou- chement. Après une heure d'agitation environ, la Noctule s'accrocha par les membres antérieurs, étendit ses pieds de derrière, et roula sa queue de manière ;\ fdrmer avec la membrane inlcrfémo- rale une espèce de poche dans la(|uelle fut reçu un petit, de taille relativement assez forte, entière- ment nu et aveugle. La femelle se mit presque immédiatement à le lécher et à le nettoyer. Cela fait, elle reprit sa position accoutumée, et enveloppa si bien le petit avec ses ailes, qu'il fut impossible d'étudier le mode d'allaitement. Le lendemain, elle mourut, el l'on trouva la jeune Noctule adhé- rente encore ;\ sa mamelle. On essaya de nourrir le jielit à l'aide d'une éponge imbibée de lait; mais il succomba à son lour au bout de huit jours, sans que ses yeux fussent ouverts : quelques poils seu- lement commençaient à se montrer sur le corps. A ces faits, nous ajouterons que nous avons eu sou- vent des Vespertilions vivants, presque exclusivement des Pipistrelles et des Murins, et que, malgré le grand nombre que nous en possédions, nous n'avons pu en conserver aucune plus de quelques jours; souvent les femelles pleines que nous avions ont mis bas, et nous n'avons jamais pu élever les petits, qui mouraient le lendemain ou le surlendemain de leur naissance, sans avoir voulu prendre la nour- riture qu'on leur offrait sur un chiffon mouillé dans du lait. Nous adopterons le genre VespcrlUio à peu près comme l'a formé M. Temminck dans sa monogra- phie de ce groupe naturel; cependant, nous y formerons un plus grand nombre de coupes géné- riques, et, ainsi que nous l'avons déjà dit, nous y indiquerons comme divisions secondaires des genres créés par divers zoologistes. Malgré tous ces retranchements, les Vespertilions proprement dits renfermeront encore plus de cent espèces, qui se trouvent répandues dans toutes les parties du monde; quelques-unes sont cosmo- polites : l'Europe, l'Asie et l'Amérique en renfermcnlun grand nombre, puis viennent la Malaisie cl l'Afrique, qui en comprend moins. On peut dire d'une manière générale (pie les espèces et les in- dividus sont plus abondants dans les contrées tempérées et septentrionales que dans les régions inlertropicales, et que c'est parmi eux que l'on trouve les Chéiroptères qui se rapprochent le plus du pille nord. Ce sont des animaux utiles en ce qu'ils détruisent une infinité de Lépidoptères crépuscu- laires et nocturnes, dont les chenilles se nourrissent aux dépens des végétaux cultivés par l'iiomme, ce qui ne les empêche pas d'être l'objet d'un préjugé populaire qui les désigne comme étant de inauvais augure; aussi les gens de la campagne, qui tirent de leur existence le plus grand profit, sont-ils ceux qui sont le plus portés à les détruire. Nous partagerons ce genre en quatre sous-genres : les Vespertilio, Minioptcnis, Pipislrcllus et Ocijpctcs. 1" SOU-S-GIiSUli — VESPElVniJON rilUPHUMENT iJlT. \LSl>ERTIUO. Cli. lionapartc, 1837. U'iiiionrali:i dclla Fauna Ualica. Cette subdivision, à laquelle on peut rapporter en synonymie la dénomination de Vesperngo de Blasius (il'ie Wirbellhierc Eitropu's. 1840), lelle que la comprennent MM. Ch. lionapartc el Lesson, renferme plus de soixante-quinze espèces, qui sont répandues dans toutes les contrées. Nous décri- rons les principales, et particulièrement toutes celles de la faune de France. CARiNASSIERS. 65 A. ESPÈCES D'ECROrE. 1. LE MUHIN. YESPEItTIIIO MIRIMS I.innû. Caractères spécifiques. — Oreilles ovales, delà longueur de la lète; oreillons falsifornies; pelage des adultes long, lisse, bicolore, plus foncé à l'insertion des membranes, gris-brun en dessus; le sommet de la lète d'une teinte plus claire, dessous du corps blanc ou jaune blanchâtre. Enver- gure : 0'",42. Le Murin, dont M. Gray a fait le type de son genre Myotls, est la plus grande des Chauves-Souris d'Europe, cl il est répandu beaucoup plus abondamment en Allemagne qu'en France; on l'a signalé aussi dans le nord de l'Afrique. En été, on le trouve dans les clochers ou les anciens édifices rui- nés, cl, pendant l'hiver, il se retire dans des cavernes et des souterrains, où on le rencontre alors par eenlaines. Jamais il n'habite les creux des vieux arbres. Il est d'un naturel très-colère et très- menaçant, et, quand on en réunit beaucoup ensemble, ils s'entre-mordent les uns les autres en se brisant les membres, et se tiennent cramponnés si fortement, que, si l'on essaye d'en soulever un, on entraîne toute la niasse : alors ils font entendre un grognement particulier. Cette espèce ne vil en communauté avec aucune autre, et chasse toutes celles qui tendent de s'établir dans les lieux qu'elle habite. L'accouplement a sans doute lieu dès le commencement du printemps, car, le 18 mai, Kuhl a trouvé, dans le corps d'une femelle, des petits qui étaient déjà de la grosseur d'une noisette nous supposons qu'il pourrait bien y avoir deux portées par an. Ce Cheiroptère doit être pris comme type, non-seulement du genre VespcrtUio, mais de tous les Ves- PERTiLiOKiE.Ns; aussi avous-nous cru être utile à nos lecteurs en donnant un extrait de la partie ana- tomique de la monographie de cette espèce, qu'a publiée, en iSTiO, M. le docteur Emmanuel Rous- seau dans le Magasin de Zooloyie de M. Guérin-Méneville, pi. vi à ix. travail portant le litre de Mémoire zoulogique et anatoiniqne sur la Cliauvc-Sottris commune dite Muriu, et (|ui avait été lu à l'Académie des sciences dans la séance du 19 mars 1858, et déjà en partie annoncé dès 185Ô. D'après M. Enim. Rousseau, les caisses des oreilles sont très-grosses, comme soufflées, et se dé- tachent du squelette avec une très-grande facilité. Tous les os de la tête se soudent de très-bonne heure. Les os des incisives existent, mais ils sont très-séparés l'un de l'autre, de manière à former une sorte de bec de lièvre dans le vide duquel on constate une plaque cartilagineuse mobile susceptible de s'os.sifier. Les fronlau.K ont des sutures très-prononcées. Le trou occipital est très-grand. A l'excep- tion de la région sacrée, les apophyses épineuses des vertèbres sont à peu près nulles. On remarque, sur la face antérieure des deuxième et troisième vertèbres coccygiennes, deux noyaux os.seux qui semblent représenter un reste d'os en V. Le sternum présente une crête médiane longitudinale très- prouoncée ayant une large surface d'insertion aux muscles pectoraux, qui sont Irès-développés. Les cartilages sterno-costaux sont tous ossifiés, même dès la naissance. La clavicule est très-longue. L'omoplate très-grande, triangulaire, avec une épine très-marquée. L'humérus est allongé, grêle, non percé à la fosse olécranienne. Le carpe n'a que sept os; le métacarpe en a cinq. Il existe à la symphyse pubienne un appareil ligamenteux qui en permet l'écartement dans la parturilion. La tête du fémur est sphèrique et comme enfoncée entre les deux Irochanters, de sorte qu'il n'existe pas, à vrai dire, de col fémoral. Cet animal a deux dentitions : l'une apparaît pendant que le fœtus est dans le sein de sa mère, et pour cela porte le nom d'intra-utérine; elle se compose de vingt-deux dents, réparties ainsi qu'il suit : quatre molaires, deux canines à chaque niAchoire, quatre incisives en haut cl six en bas. Dans les trois premiers mois qui suivent la naissance, on voit surgir successi- vement les dents de la seconde dentition, qui existent conjointement avec celles de la première pen- dant un certain laps de temps. Celle seconde dentition se compose de trente-huit dents, dont vingt pour la mâchoire inférieure, savoir : six incisives, deux canines et douze molaires; la mâchoire su- périeure porte le même nombre de canines et de molaires, mais n'a plus que quatre incisives. L'ap- pareil glanduleux, que Kuhl a vu le premier, se compose de glandes ovales et mamelonnées très- développées à toutes les époques de la vie, et qui recouvrent les branches de la cinquième paire de 50 IIISTOIUK NATUUKIJ.E. nerfs; leurs coiidiiils excréleurs s'oumciiI ilc ili:iqiR' rôli' îles jciiips; ros ylandes séfrcti'iil iiiio liu- nu'iir liiilviciise ilmu'o d'une odeur caiiieléi-isiique. 2. VKSPEKTILIOIS DE BECIISTEIN. VESPERTIIin nF.rnSTI-IMI. I.oisicr. Cahactèkes srÉciFiQDES. — Oreilles :irrondies à l'cxlreniilé, |i!us longues ([ue la tête; oreillou f:d- siforme, un peu courbé en dehors vers la iiointe; pelage d'un gris roux en dessus du corps, blanc en dessous. Envergure : 0'",'i(3. Celle espèce, commune dans le 'l'iiuringc, plus rare en Wéicranie, el que l'on a aussi signalée en Angleterre, habile également nos déparlements de la rive gauche du Rhin 5. VESl>laiTll.l(l^ IIE NATTEUER VI-SPEItTILIO NATËItERII. Kulil. (lAiiACiKiiES SPÉCIFIQUES. — Oreilles ovales, assez larges, un peu plus longues que la léte; oreil- lou atladié par une protubérance de la conque, lancéolé en dehors de la pointe; pelage générale- ment d'un gris fauve eu dessus et blanc en dessous. Envergure : ^".^O. Ce Vespertilion est caractérisé surtout jiar les festons de la membrane inlerfémoralc; M. Ch. bo- naparle y réunit le Vexpcrid'io ciiiarginatus d'Et. Geoffroy. On le trouve dans l'Allemagne occiden- tale, le nord de la France et en Angleterre. i. VESPEltTlLION lîCIlANCIÎÉ. VESPERTllIO EMAR(!I\.iniS VA. Geollroy Sainl-IIilaire. CAnACTÈREs SPÉCIFIQUES. — OrcilIcs oblongues, de la longueur de la tète, fortemcnl échancrées ù leur bord extérieur; oreillon long, droit, en forme d'alêne; pelage d'un gris noirfltre eu dessus el cendré en dessous, composé de poils doux el touffus, dont la première moitié est cendrée et la se- conde plus roussâtre. Envergure : 0'",35. Se trouve dans plusieurs contrées de la France, en Allemagne et en Italie. On a pu le confondre avec la Pipistrelle, parce que, quoique plus grand, sa physionomie l'en rapproche assez, il tient aussi du Murin par les deux couleurs de son pelage; mais dans ce dernier la teinte extérieure des poils n'appartient qu'à leur extrémité, tandis que dans le Vcspcrliliti cnKirriiiiadts elle s'étend jus- qu'à leur moitié; enfin il a de l'analogie avec l'espèce précédente. 5. VESPERTII.IO.N liR DAlHiE.NTON VESPEIITIUO DAVBE.\TOMl. I.cislcr. Cahactères spécifiques. — Oreilles peliles, presque ovales, légèrement échancrées sur leur bord extérieur, nues; oreillon lancéolé, petit, étroit, mince; glandes sébacées blanches, formant nue pro lubcrancc d'un blanc jaunâtre au-dessus de chaque œil; poils du dos serrés, courts, doux, d'un brun noir à la base et d'un brun rougeâtre légèrement mêlé de gris à la pointe -. ceux des parties in- férieures noirs à la base et d'un blanc sale à l'exlrémité; dedans des oreilles et des oreillons jau- nâtre. Envergure ; 0'",r>r) Cette espèce habite la France septentrionale, l'Allemagne occidentale, l'Irlande, el a aussi été, dit-on, rencontrée m Sicile. CARNASSIERS. 57 6. VESPERTIMON A MOUSTACHES. VESPEimUO MYSTACINUS. Leislcr. Caractères spécifiques. — Oreilles assez grandes, oblongues, arrondies par en haut, repliées et écliancrées extéricurenieni; oreillons lancéolés; poils fins et serrés, formant de chaque coté de la lèvre supérieure une sorte de moustache; le dessus du corps d'un brun lavé de marron, avec l'ex- trémité des poils de celte dernière couleur; le dessous mélangé de noir et de jaune. Enver- gure : O^.IG. Cette espèce, rare en Allemagne, se trouve quelquefois dans nos départements du nord-est : on l'a signalée en Angleterre dans le Devonshire et dans- le Danemark. Elle se loge dans le creux des vieux arbres et dans les habitations de Ihomnie; son sommeil d'hiver est de courte durée; elle vole rapidement et en rasant la terre ou la surface des eaux, pour y saisir les Insectes dont elle se nour- rit; son odeur est peu sensible. Nous avons déjà parlé d'une espèce fossile de cette division, qui est désignée par G. Cuvier sous la dénomination de Vespertilio Parisknsis, et qui a été découverte dans les couches du gypse de nos environs. Les autres espèces européennes ont reçu les noms de Vespertilio dasijcnemits, Boié; rufescens, stenotiis, Okenii, Wiedii, Sclnnizii, Brehin, toutes propres à l'Allemagne; collnris, Sckiniz, du Mont-Blanc; Nilsonii, Natiuisius, de la Suède; Cappacini, Ch. Bonaparte, de Sicile, et megupodus, Temminck, de la Sardaigne. B. ESPÈCES d'asie Quatre ou cinq espèces, toutes propres au Japon. Comme type, nous citerons seulement le : 7. VESPEFITILION MACRODACTYI.E. VESPERTILIO ilACItODACTUVS. Temminck. Caractères spécifiques. — Pelage court, cotonneux, bien fourni, uniformément d'un noir enfumé aussi bien en dessus qu'en dessous; e.xtrémité des poils grisâtre. Envergure : 0"», 55. C. ESPÈCES DE LA MALAISIE. Une dizaine d'espèces, propres aux îles de Java et de Sumatra, et décrites par M)I. llorsfield et Temminck. Type : 8. VESPERTILION MAMELONNÉ. VESPERTILIO PAPILLOSUS. Tcniniintk. Caractères spécifiques. — Oreilles très-distantes, plus larges que liaulcs, à peu près arrondies, avec un pli longitudinal qui permet à Forgane de se fermer; oreillun très-long, lililbrme, en poinçon; pelage abondant, très-touffu, doux, cotonneux, frisé, en dessus brun foncé, nuancé de roussâlre à la pointe, plus clair en dessous. Envergure : 0"',20. r,8 IllSTOir.H NATURELLlî. 1). KsrÈCEs d'afriqi;c. Peu nnnilii'Oiiscs, provenant de l'Arabie, ûc la Nubie, de ri'lyyplc et de la Cafrerie, et signalées par MM. Huppell et Temniinck. Type: 9. VlîSPEnTILlON lIF.SrÉUIUE. VESPEltTILIO IlESPnniUA. Temniinck. Caractères spécifiques. — Oreilles courtes, aussi larges que hautes; oreiilon en feuille courbée et à pointe arrondie; pelage court, lisse, bien fourni, de deux couleurs partout, en dessus noirâtre à la base et brun roussàtre à la pointe, et en dessous noir ;'i la base et cendré roussûtre à la pointe. Envergure : 0"',1C. Habite les bords de la mer Rouge, vers les côtes d'Abyssinie. E. ESPÈCES d'amériqde. Près de trente espèces propres aux régions méridionales et septentrionales, et décrites par d'Azara, Rafincsque, Fr. Cuvier, A. G. Dcsniarcst, MM. Gray, Say, Leconle, Temniinck, Isidore Geoffroy Saint-Ililaire, d'Alc. DOrbigny, P. Gervais, etc. Nous n'indiquerons parmi elles que 10. VESPERTILION DE LA CAROLINE. VESPEnTIUO CAnOlIKENSIS. Et. GcoflVoy Sainl-Hilaire. Car.\ctères spécifiques. — Oreilles de la longueur de la tête, oblongues; oreiilon en feuille de saule, moitié de la longueur de la conque; pelage bicolore partout; parties supérieures d'un brun marron, avec la base des poils d'un cendré noirâtre, et en dessous d'un jaune cendré ù base brune. Envergure : 0'",22 Habite Charleston, dans la Caroline du Sud. 11. VESrEl\TlLIO:S DE SAINT-IIILAIUE. VESPEUriLIO UILAlill. Isidore Geoffroy Samt-Hilairc. Caractères spécifiques. — Oreilles petites, triangulaires, presque aussi larges que hautes, peu échancrécs à leur bord extérieur; oreiilon allongé; pelage assez variable, jiassant aux parties supé- rieures du brun noir au brun-marron, et en dessous du grisâtre au brun-roux. Envergure : 0",^^. De la Capitainerie des Missions au Brésil. 12. VESPERTILION TRÈS-PETIT. VESPERTIUO PARVVLUS. Tenimiiick. Caractères spÉcirini-Es. — Oreilles petites, droites, pointues, découpées et à lobe inférieur Irès-distinct; oreiilon en feuille de saule; pelage touffu, court, noir, légèrement enfumé en dessus; côtés du cou et parties latérales de la poitrine d'un noir plus enfumé que le dos; le devant du cou, CARNASSIERS. 59 la liyiie mojoiiiie du venlre, les flancs et rabdonien, à pointe des poils brune; une teinte Isabelle sur les jambes, à l'abdomen et à la base poilue de la membrane interfémorale. Envergure : O^/lo. Habile le Brésil. '2"« SOUS-GEJiRE. — MhNIOPTERK. MIKIOPTEIIUS. Cli. Bonaparte. 1S37. Iconogralia della Fauiia Ilalira. Mivjc;, ti-cs-pclil; itteîov, aile. Ce sous-genre, fondé par M. Cii. Conaparte, ne renferme que deux espèces, qui sont propres à l'Europe. Le type est : 15. VESPERTILIOPs D'ORSINI. VESPERTILIO ORSINII. Cli. Bonaparte. Caractères spécifiques. — Oreilles petites, à peu près aussi larges que longues, arrondies, sans échancrurc, d'un tiers plus courtes que la tête, réunies par une membrane; orcillon grêle, fdiforme, moitié de la longueur de la conque; système dentaire comme dans les Oreillards; pelage doux, co- tonneux, très-touffu, à peu près de même couleur partout : en dessus d'un brun marron avec l'ex- trémité des poils un peu plus claire, et en dessous d'un gris clair, plus foncé à la base des poils. Envergure •• O^.IS. Ce Chéiroptère habite l'Italie, où on l'a trouvé sur les crêtes peu accessibles et dans les cavernes du mont Corno, à 1,800 mètres d'élévation au-dessus du niveau de la mer. La seconde espèce est le Minioplenis Sclirebersii, Natterer, de l'Allemagne, de la Hongrie et de. la Crimée. S^s SOUS-GENRE. — PIPISTRELLE. PIPISTRELLUS. Kaup, 1829. Eur. Tliiciw, I. Nom propre. Ce sous-genre correspond aux genres Nociulu et Seroiinus de M. Ch. Bonaparte {Iconorp-afia della Fanna Italica), et en partie, au moins, à celui des Vcsperus de Blasius (in Wiegmann Ar- cliiv., t. I, 1859). On en connaît un grand nombre d'espèces, sur lesquelles une quinzaine babiteiil l'Europe et trois la France; les autres sont répandues dans l'Afrique, l'Asie et l'Amérique. A. ESPÈCES D'EUROPE. 14. NOCTULE. Daubenton. VESPERTILIO NOCTVLA. Linné. Caractères spécifiqoes. — Oreilles plus ou moins arrondies, larges, très-étendues en devant jus- que près de la commissure des lèvres, à bord extérieur courbé en arrière; oreillon court, large, courbé en fer de hacbe; membrane interfémorale fortement échancrée à l'articulation des pieds; pe- lage de moyenne longueur, soyeux, lustré, couvrant en dessous une partie de la membrane des flancs et toute l'aile le long de l'avant-bras, très-fourni chez les vieux, plus rare chez les jeunes de fiO IIISTOir.E NATURELLE. l'année : parties supéricuirs d'un bciiti roux vif et liistn', et inférieures d'un roux plus clair; les poils de l'aile brunâtres; membranes d'un roux noirâtre. Envergure : 0'^,40. I;3 Noctulc est plus répandue dans le centre de l'Europe que dans le nord ou dans le midi : on la trouve en France, en Angleterre, en Allemagne, dans l'Italie septentrionale, etc.; et un fait que l'on doit noter, c'est qu'on en a constaté l'existence en Egypte et au Japon. Celte espèce diffère tellement, par sa manière de vivre, de la Sérotine, qu'on ne peut nullement confondre ces deux animaux, quoiqu'ils aient les plus grands rapports par leur conformation exté- rieure. Elle sort la première de sa retraite chaque soir, vers le coucher du soleil, et s'élève d'abord très haut dans l'air. A mesure que l'obscurité augmente, elle se rapproche de terre et surtout de la surface des eaux, où voltigent les êtres dont elle doit faire sa pâture. Les vieilles tours et les clo- chers, les combles des maisons habitées, etc., senties lieux où elle se tient ordinairement; mais on la rencontre aussi très-souvent dans le creux des arlircs des forêts ou des campagnes. En été, on voit voler les Noctules par troupes do dix à vingt individus; et, en hiver, on les trouve blotties par cen- taines dans le même repaire, où sans doute elles se réchauffent nuituellement par leur agglomération. Elles peuvent résister à une abstinence très-longue, et la vie chez elle est très-dure. De toutes les Chauves-Souris européennes, ce sont celles qui répandent l'odeur la plus désagréable. 15. SEROTINE. UaubciUon. VESPERTILIO SIÎROTINUS. Linné. CAnACTÈnES SPÉCIFIQUES. — Museau long, dénudé jusqu'au chanfrein, garni seulement de poils rares; oreilles écartées, médiocres, velues à la base extérieure, un peu étendues en avant; oreillon en feuille arquée, à pointe ronde; membrane interfémorale non échancrée; queue dépassant de O^.OOi à 0°',00u cette membrane; pelage de •^loyenne longueur, fin, soyeux, lisse et très-luslré. Le mâle, en dessus, brun châtain et en dessor.s brun cendré terne; la femelle brun roussâtre en des- sus, gris jaunâtre en dessous; museau, oreilles et membranes des deux sexes, noirs: les jeunes avec un pelage plus sombre et moins lustré. Envergure : 0"", oG. Par sa taille et sa physionomie, elle se rapproche de la précédente espèce; mais elle s'en dis- tingue facilement, non-seulement parce qu'elle a deux fausses molaires de moins, mais encore parce que son pelage est plus long et plus brunâtre. La Sérotine habite le creux des arbres des forêts et de la campagne, et elle en sort au printemps beaucoup plus tard que les autres espèces. Elle vit isolée ou par paire; elle ne vole que lorsque la nuit est close, et fréquente le voisinage des eaux. Son odeur est fade et désagréable, et noiî musquée comme celle de la Nortule; sa voix est un siflle- ment aigu. Elle ne fait qu'un petit par portée, et ordinairement le met au jour vers la lin du mois de mai. Cette espèce n'est pas rare en France; on la rencontre aussi en Allemagne, Cii Italie, en Cri- mée, etc. 10. riPISTRELLE. Dnu'ueiiton. VESPERTILIO PIPISTRELLUS Linné. CARACTï:r,ES sriïr.iFiQUEs. — Oreilles ovales, triangulaires, plus courtes que la tête, légèrement échancréessur le bord extérieur; oreillons presque droits, terminés par une pointe arrondie; crâne très-saillant, convexe en dessus; occiput arrondi, sans crête; pelage bien fourni, de moyenne lon- gueur; membranes nues; toutes les parties supérieures du corps couleur café, et d'une teinte légère- ment plus claire en dessous. Envergure : 0'",25. Les l'ipislrellcs, qui sont après l'Oreillard les plus petits Chéiroptères d'Europe, sont remarqua- bles au premier coup d œil par la couleur de leur pelage et de leurs membranes, ainsi que par la grandeur de leur queue. Elles se trouvent en commun, avec d'autres Chauves-Souris, sous les combles liaiiiiUi'ou. l'I. S^ CAnNASSIERS. 61 des habitations, et dans les tours et clociicrs. Leur manière de vivre ne diffère en rien de celle des autres espèces. Elles habitent le centre de l'Europe; on les rencontre abondamment en France, en Allemagne et en Angleterre. On en a signalé une variété en Egypte, et on en a trouvé aussi une au Japon. Les autres espèces particulières à l'Europe sont les Pipistrellus vispislrellus, Savîi, Leiicippe, Alciitlioe, Aristippe, toutes de Sicile et décrites par M. Ch. Bonaparte; VesperlUio Leislcri, Kuhl, d'Allemagne; discoior, Natterer, d'Allemagne; Nilson'ii, Dlasius, de Suède; Kiililii, Natterer, de Trieste; Nalhusn, Kuster, de Prusse; albolinibalus, Kuster, de Sardaigne, etc. 17. VESPERTILION LIMKOPHILE. VESPERTIUO LIMmPBlLVS. Temminclt CARACTÈRES SPÉCIFIQUES. — Oreilles médiocres, parfaitement ovoïdes, sans lobe par devant; oreil- lons courts, droits, larges, en feuille arrondie par le bout; pelage doux, soyeux, de longueur moyenne; les parties supérieures du corps sont, chez le mâle, d'un gris foncé, couleur de souris, et chez la femelle un peu plus roussâtres. Envergure : O^jSo. Cette espèce habite la Hollande; elle ije commence à voler que lorsque la nuit est entièrement venue, et ses mouvements sont trcs-véloces; elle paraît rarement ailleurs que sur les eaux, à la li- sière des grands roseaux et des bois taillis, rasant la surface de l'eau d'un vol très-rapide. B. ESPÈCES d'aFRIQUE. Quelques espèces propres au cap de Bonne-Espérance, au Sénégal et au Kordofan. Lesson y réu- nit des espèces qui, d'après M. Temminck, doivent entrer d;uis le genre Nycticejiis. Comme type nous citerons seulement : t8, VESPERTIUON DU CAP DE BONNE-ESPERANCE. VESPERTIUO CAPEXSIS. Smitli. Caractères SPÉCIFIQUES. — Oreilles médiocres, distantes, pointues vers le bout; oreillons très- longs, en forme de feuille de saule; pelage long, lisse, soyeux, noirâtre en dessus avec la base des poils d'un brun olivâtre et plus brunâtre en dessous. Envergure : 0™,25. M, Temminck applique à cette espèce la dénomination de VesperlUio meyahirus. C- ESPÈCES d'asie. Une dizaine d'espèces, particulièrement propres à .lava et à Sumatra. Nous décrirons : 19. VESPERTILION KIRIVODLA. VESPERTIUO PICTVS. Linné. Caractères spécifiques. — Oreilles grandes, ovales, légèrement ('cliancrées à leur bord extérieur, oreillons grands, subulés; membranes peintes de couleurs irancliées; pelage cotonneux, très-frisé; en dessus d'un roux doié Irès-éclatant, et en dessous légèrement roussàtre; les flancs et les côtés du cou d'un roux plus prononcé. Envergure : 0"',22. g2 HISTOIRE NATURELLE. Celle espèce, qui forme le type d'un genre particulier pour M. Gray, est répandue sur le conti- nent de rinde, à Java, Roriiéo, Sumatra; mais son existence à Ceylan est douteuse. Nous citerons une seconde espèce, le VespcrtUio uociulinu, Isidore Geoffroy Saiut-llilaire, du Bengale. D. ESPÈCES d'aMÉKIQUE. Une seule : 20. GRANDE SÉROTINE. DuUon. YESPEliTlLIO MAXIMVS. Et. Geoffroy Sainl-Hilairc. C\R\CTÈ[tES SPÉCIFIQUES. — Oreilles ovales, plus courtes que la tète; oreillon subulè; pelage d'un brun marron en dessus, d'un jaune clair sur les flancs et d'un blanc sale sur le ventre. Enver- gure : 0"',45. Cette espèce se trouve à la Guyane, où elle vole par troupes trè.s-nombrcuses, au crépuscule, dans les endroits découverts, souvent au-dessus des prairies, et quelquefois en compagnie d'Engoule- vents. /i"»" SOUS-GENRE — OCYPÈTE. OCYPETES. Lesson, lS4t. Nouveaux talilcaux du Règne Animal. Mammitùrcs. Ce sous-genre, qui correspond au genre Murina de M. Gray, ne renferme encore que deux es- pèces découvertes à Java, et dont M. Temminck a le premier donné la description. Le type est le 21. VESPERTILION POURCE.IU. VESPERTILIO SVILLVS. Temmincli Ca[i.\ctères spécifiques — Oreilles ayant à leur bord extérieur un oreillon muni d'un pli longitu- dinal; iragus long, filiforme, pointu; pelage trés-touffu, long, laineux, bicolore : toutes les parties supérieures d'un roux vif, un peu rougeâtre, avec la base des poils d'un blanc roussâtre; les parties inférieures d'une teinte Isabelle; les flancs cendrés. Envergure : O^.IS. Cette espèce provient de Java et de Sumatra; elle est difficile à trouver, car elle est de petite taille, et son vol est extrêmement rapide; pendant le jour, elle se blottit à la racine et en dessous des grandes feuilles du Musa sapkniiim. La seconde espèce, placée dans le même groupe, est le Vespertilio cavemarum, Temminck, éga- lement particulier à l'ile de Java. A la suite de la description du genre Vesperlilio, nous indiquerons, mais avec la plus grande ré- serve, quelques groupes qui peuvent naturellement y rentrer, et qui ne sont pas assez importants ou assez complètement connus pour que nous nous occupions spécialement de chacun d'eux. Tels sont les genres : iîoniicia (nom propre), Gray (Marj. ofZool. and. Bot., t. II, 1858), qui ne comprend qu'une es- pèce, le R. calcaraia, Gray, "dont on ignore la patrie, et dont la dépouille fait partie du Cabinet du Rritish Muséum. CAP.NASSIEI'.S. 05 Kdialns (du port Naial), Gray {Annals of Philosopli., t. XXVI, 1825). Type : le N. stramlneus ou lonçficaudaïus, Gray, dont on ne connaît pas la patrie. Pacholus (ttj./.j;, épais; . Cette espèce, qui est voisine, mais distincte du Niicticciis BeUmçierti, est très-commune ù Java, à Sumatra, à Bornéo, à Banda, à Timor et dans tout l'arcbipcl indien. Elle vit en grandes bandes de plusieurs centaines d'individus dans les toitures des maisons et dans les trous des arbres; on la voit voler vers le déclin du jour, avant le crcpuscule; elle se nourrit principalement de Termites, et rend ainsi de grands services en diminuant le nombre d'Insectes des plus nuisibles à l'homme par la destruction qu'ils font des arbres des forêts, ainsi que de ceux employés dans les constructions. Une autre espèce de ce genre est le Nycliccus noctuihuts, Isidore Geoffroy Saint-Ililaire, qui ha- bile le continent de l'Inde. CVRNASSIF.r.S. G5 2""= SOUS-GENRE. — NYCTICÈJF. NYCTICEJCS. Temminck. Chez les Njjclicejiis, le pelage est long, el la membrane intcrfémoiale est plus ou moins velue. Tels sont les caractères assignés par M. Tumminck à celte division, qui comprend une dou- zaine d'espèces, toutes américaines, et qui correspond, en partie au moins, au genre Atalaplia (nom propre) de Rafinesijue, et à celui des Lashirus ()aais;, poilu; cjfa, queue), de M. Isidore Geoffroy Saint-ÏIilaire, et qui y est réuni par Lesson. Comme types, nous citerons : I. NYCTICÉJE HUMERAI. ArcrfrpjpS nUMFn\US. R^ifiiicsquc. CAr..\CTÈBES SPÉCIFIQUES. — OreiUcs ovales, plus longues que la lèle, et noirâtres, ainsi que le mu- seau; pelage d'un lirun foncé en dessus, avec les épaules noires, et les membranes à |)eu près de la même couleur. Envergure : 0'",22. Elabile la province de Kentucky, où elle est commune 2. NYCTICÉJE LASIURE. AYCTICEJIS LASIVnVS [VESPERTILIO]. Linné. Car.uctèhes spécifiques. — Tête petite; oreilles ovales, courtes; pelage variant suivant les Ages et les saisons : le plus habituellement, le sommet de la tête et la nuque sont jaunâtres, avec l'extrémité des poils roux, et tout le reste des parties supérieures jaune, présentant un reflet cannelle vif; le dessous est également jaunâtre, et offre une tache d'un blanc pur de chaque côté de la poitrine; membrane nue, colorée en roux et en noir. Envergure : O^.oo. Cette espèce, type du genre Lashirus, est surtout remarquable par la disposition de sot) système dentaire, qui, à son état normal, est composé de deux incisives de chaque côté de la mâchoire su- périeure, et six à l'inférieure : ces dents étant en haut isolées, et semblables à de petites canines. Les molaires sont, de chaque côté de la mâchoire supérieure, au nombre de quatre, avec une cin- quième pointe derrière le talon des canines, et sans fonction; à l'inférieure, on en compte cinq. Ce Nycticèje se rencontre dans les États-Unis et les provinces septentrionales de l'Amérique du Sud; elle est très-commune à New-York et en même temps à Cayeune. Nous indiquerons encore comme espèce de ce genre le Vcsperlilio novœboraccnsis, Pennant, qui habite l'Amérique du Nord; c'est le type du genre Alalai)Ua de Rafinesque, qui était basé sur un indi- vidu parvenu à l'extrême vieillesse, et qui, comme le fait observer M. Temminck, et avant lui A. G. Desmarest, offrait des différences odontologiques importantes, en ce qu'il avait perdu toutes SCS incissives, sans que l'on pût y voir de trace alvéolaire. La caractéristique de ce genre Alnlaplta de Rafinesque (Prodrome de Somioloyie) était : pas d'incisives aux deux mâchoires; nez simple, non muni de crêtes ou de membranes; oreilles médiocrement écartées l'une de l'autre, et pourvues d'oreillons; queue longue, dépassant un peu la membrane interféniorale, ou y étant comprise en entier. — Outre le Vesperlilio novœboraccnsis, que Rafinesque nomme i4(fi/fl/)/irt .'IjjR'cicniirt, il y comprenait une autre espèce qui est au moins douteuse, VA. Sicula, qu'il définit par ses oreilles uussi longues que la tête, et sa queue saillante par une pointe obtuse. GG lilSTOir.K NATUr.ELLK. ',•"' GF.Nr.E. — vmWK.FUniA. Fr. Ciivicr, 1828. Nciuvcaiix Jléiuoires du Musi'iun, I. XVI. Nom iiiylliolo;rifiiii'. C.VUAClinES GÊNÉIWQUES. Siistcmc dcnlah-c : incisives, t; canines, ^f^]; molaires, ;;i;:,; les incisives supérieures loules (/.• mhne grandeur, pointues : externes disposées sans aucun rapport avec les canines inférieures; inci- sives inférieures placées réfiulirrenicnl sur un arc de cercle, à l'aise, cl trilobées; canines supérieu- res beaucoup plus épaisses (juc les inférieures, loules à Irais pointes : des deux latérales, l'une tournée vers les incisives, l'autre vers les molaires : les canines ayant aux deux mâchoires des formes anoma- les, et présentant plus de rapport avec des fausses molaires qu'avec des canines ordinaires; les mo- laires conformées comme celles des Vesperlilio; il if en a, supérieuremcnl, deux fausses, et trois inféricurement. Museau camus, hérissé de poils roides. Yeux saillants, (jros. Narines lerminales, n'étant pas séparées l'une de l'autre pnrnn bourrelet. L'evres entières : la supérieure avec quatre ou cinq verrues sur les eùlés, et l'inférieure avec huit tubercules assez semblables à des verrues. Oreilles à peu près aussi larges que longues, simples, pourvues d'un oreilluu h trois pointes. Omjle du pouce se montrant au dehors de la membrane des ailes. Queue enveloppée presque complètement dans la membrane interfémoralc. Outriî CCS caracti'i'cs, on doit faire iTiiiarqucr quo, chez les Furies, les os frontaux et pariétaux se relèvent presque à angle droit au-dessus des os du nez, et que toutes les parties supérieures sui- vent ce mouvement. Les os de l'oreille sont fort au-dessus de la partie antérieure de l'arcade zygo- matique, qui. au lieu d'être horizontale, forme un arc dont Textrémilé postérieure est trés-relevée ;ui-dessus de l'antérieure. La hauteur du maxillaire supérieur est presque nulle, tandis que la bran- che monlanle de la mâchoire inférieure est très-grande. Les os du nez laissent entre eux une dépres- sion .sensible sur la tète osseuse, quoiqu'elle ne s'aperçoive pas sur la léle non (lei)ùuillée. Hans les Vespertilions, on trouve des formes très-opposées; ainsi, les os du nez, les frontaux, les pariétaux et l'occiput, sont sur une ligne droite oblique : l'arcade zygomatiquc est horizontale; le maxillaire su]iérieura une grande hauteur, et la branche montaulc de l'inférieur est médiocrement élevée. Ce genre a été créé, par Fr. Cuvier, sous le nom de P'uria, cl, de])uis, M. Ch. Bonaparte en a iransfiirmé la dénomination en celle de Furiplerus (furia, furie; r.ny.-i, aile). Ou n'en connaît qu'une espèce, qui habite la Mana, dans la Guyane. Ffnii: ifounii Liî. fihi.k noRitExs. i>. cuvicr. t (;.\nAr.Tr,nr:s spécifiques. — Pelage d'un beau noir uniforme, doux et épai.s, excepté sur le museau, (liiil est plus long, plus roide et |ilns hérissé que sur les autres parties du corps. Fnvcrgnrc ; ()".l!). Celle espèce, encore rare dans les collections, a été découverte par Lesclienauit. ^a\f^. CARNASSIERS. 67 /r" GENRE, - SCOTOPIllLE. SCOTOPHILUS. Leacli, 1822. TransacliousofLinncaii Society otLoniloii, l. Xlll. 2zoTo;, obscurilé ; .o;, ami. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Sijslcme dmlnire :'mcis]vcs, jr\ canines, {^;; molaires, |=|; incisives supérieures inégales, poin- tues, les inlenncdiuircs étant les plus (jrandcs, simples, et les latérales bifides a lobes égaux: infé- rieures peu distinctement tri fuies; canines supérieures avec tine petite pointe en arrière de la base: inférieures offrant cette pointe en avant de la base; molaires comme chez les Vcspertilio. Oreilles distantes. Troisième, quatricnic et cinquième doigts des ailes ayant trois piialangcs; l'index n'en présen- tant que deux. Doigts des pieds médiocres, égaux, armés d'ongles comprimés cl recourbés. Ce genre, dont nous diinnons la caractéristique d'après Leacli, n'est pas suffisamment décrit, et c'est probablement avec raison que Lesson le réunit au.x Vespertilio; tandis que M. Gray y place des espèces assez nombreuses et rapportées à divers genres On n'y range oïdinairement que le SCOTOPIllLE LE KUIIL. SCOTOPBILUS KUIILII. Leacli CAnACTÈREs SPÉCIFIQUES. — Pelage brun ferrugineux; oreilles, nez et ailes bruns. La patrie de- cette espèce est inconnue. 5"'^ GENRE. - OREILLARD. PLECOTUS. Et. Geoffroy Saint-Uilaire, 1820. In A. G. Dcsiuaresl. Mammalogic et Faune française. W.r/.w, jt plie; a;, oreille. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Sijslèiiii^ dentaire: incisives, ^-jCan'nips.j^l; molaires, jç^. ou |£^, — total, trente-quatre ou trente- six dents; incisives supérieures séparées par paires; inférieures contigucs, trilobées à leur tran- eliatit; canines méd'iocremcnt fortes; molaires ayant leur couronne garnie de pointes très-aigucs. Tète moijenne. Nez simpl sans membranes ni crêtes, ni fosse sur le chanfrein. Narines terminales et un peu latérales , séparées l'une île l'autre par un sillon légèrement marqué. Oreilles très-grandes, nues, placées un peu en avant de la lélc et réunies à la base par leur bord interne ou un prolongement de ce bord. Oreillun ' .vent très-développé. Yeuj , 'ifj. Langue dinu. . Corps médiin -rmenl allongé. .[iles membraneuses, étendues, soutenues par quatre doigts très-grcles et très-longs, sans ongles, cl accompagnés d'un pouce court, robuste, onguiculé. (_s; . lllSTOlI'.i: NATCl'.EI.U:. Pkils iwslnhi„:i II liwi ilohjls conrif : lotis diins la mâne irinriiou ni inriln: ponfcua (/•oii/y/cs croclivs. vqaiix cuire eux. Q.iciic 'ins-h)i'jue. culibcvcvl conijinae dum lu membrane iuUrlauorulc, (jui csl ircs-urawlc. li'j- • Oreillai-,1. I/,!S OiTillaids resseiiiblciil Lcaucûup aux Vosporlilions, niais ils en diiïùrcnt par un ilcvuloppe- nient oxlraoï'dinaicc des oreilles, qui sont unies l'une à laulrc par un prolongement du bord interne Iravcrsanl le front vers son milieu. Ce genre, que M. Temminck ne legarde pas comme dilTérent de celui des Vcw/jccd/io, et que A. G. iiesmaresl {Mumm.) indiquait comme un simple sous-yenre de Vespcrlilio, correspond à celui des Macroliis (iw./.:o:, grand; u;, oreille) de Leach iloco citalo), dénomination qui a été adoptée par M. Ch. nonaparle, tandis que M. Gray (Ko;/. ofSiilpImr, iWt) l'applique à une espèce d'Haïti, )irineipalemeiit caraclériséc en ce que sa queue est saillante au delà de la membrane inlcrfémoralc. La Darbaslelle, qui entre dans ce groupe générique et ne doit probablement pas en êlre séparée, a servi de type aux groupes des Barbastellus, Gray {Awuils of Mcnjaziii of Uislory nalurul, 1825), cl Siimliis (w, atlachécavec; to:, oreille), Kcyserling Von DIasius (//ic ]yirl>cllliicrc, Eiiropn'sJMO), le premier adopte par M. Cli. Donaparlc et le second par M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire. On connaît plus de douze espèces d'Oreillards qui ont les mêmes habitudes que les Vespei'tilioiis, et sont répandues dans toutes les parties du monde. Quatre sont européennes. 1. UHlilLL.MtU. nLCOïVH AVRITI'S [VI^SlŒRTlI.lo) Linné. C.\BACTÈRES SPÉCIFIQUES. —Oreilles presque aussi longues que le corps, inclinées de côté, minces, un peu transparentes, ayant un repli longitudinal et saillant en avant jusqu'A la commissure des livres; un petit repli à la base de leur bord interne, qui est cilié dans lonle sa longueur, réunies par la partie inférieure sur la tèle; Iragus droit, long et pointu, muni d'un lobe externe à la base; tête déprimée; museau long, pointu; face peu velue; glandes odoriférantes placées aux cotés du museau et au devant des yeux, jaunâtres; pelage long, d'un brun cendré nuancé de roussâtre en dessus, gris blancliàlre nuancé de fauve en dessous, membranes nues, d'un gris blafard, ainsi que les oreilles. Envergure : 0'",'28. Celle espèce, qui se rencontre dans presque loulc l'Europe et n'est pas très-rare en France, ha- bile rinléricur des villes et des villages, oii elle établit son domicile sous les combles des maisons ainsi que dans les cloclicrs. Elle est peu nombreuse en individus, M ceux-ci vivent isolés; elle ne re- flierclie pas le voisinage des eaux. CARNASSIERS. 09 2 DARUASTELLU;. PLECOTL'S BARDASTELLVS iVESPERTlLlO). Liiinû. CAnACTÈHES srÉciFiyuiiS. — Museau ti'ùs-coui't et obtus; tète couverte par les oreilles, qui soin réunies à leur base sui'le iVonl; eonques auditives Irès-développécs, très-larges, masquant la ])artic postérieure du crâne; une large bande de poils au milieu de la conque, qui est nue des deux côtés; glandes odoriférantes triangulaires; pelage très-court, fin et soyeux; membranes velues des deux côtés; toutes les parties supérieures noires; ventre blancliàtre; membranes brun clair. Enver- gure : 0™,25. Celte espèce, qui appartient à la l'aune française, habile les contrées tempérées et chaudes de l'fùirope; elle est rare et préfère, comme lieux d'habitation, les vieilles tours élevées. On la trouve quelquefois avec la Pipistrelle, mais jamais avec d'autres Vespertilions. Les deux .'lutres espèces particulières à l'Europe sont les Plccolus brcvimanus, Jenyns, d'Angle- terre et de Sicile, et comuliis, l'abricius, propre au Danemark. Quatre sont de la Malaisie, surtout de Timor et de Sumatra. Le Plccolus Timoiiemis, Lesson et Garnot, en est le type. Deux d'Afrique : les Vespcrlilio Icucomcluf:, Ruppell, de l'Arabie-reirée, clisabcUinus, Temniinek, des côtes de Barbarie. Quatre de l'Amérique, tant méridionale que septentrionale; la plus-connue est le \'cspcriUio iiic- galoiis, Rafinesquc, des États-Unis. .^lliXlllCIllC C^H'lMOtJ. NYCTERIEKS. NÏCTERll. Isidore GeollVoy Sainl-Hilaire. A'es creuic d'une cavité. M. Isidore Geoffroy Sainl-Ililairc a désigné cette division sous le nom de famille, et il n'y place que le genre Nijclàx, qui habite l'Afrique et l'ile de Java. GENRE UNIQUE. — NYCTÉ,RE. NÏCTEPJS. Et. Geoffroy Sainl-Hilaire, 1814. Dcscriiilioii lie 1 Ègyple. llisluiic nalurcllc, t. II. N'j/.t:ji:, ClHUVC-Souris. CARACTÈllES GÉNÉRIQUES. Sijslcme dcnlnirc: incisives, f; canines, \^\; nwlaires, Ji; et plus rarement |=|, ce qui donne en lotalilc Ircnie-deux on seulement trente dents; les incisives supérieures bilobées, petites, séparées par paires; les inférieures trilobées; les canines assez fortes; les molaires fjaniies à la couronne de pointes aiçiucs. Clianfii^n creusé d'une fosse profonde lonifitudinalc. Narines couvertes par une sorte d'opercule earlila(fineu.r et mobile. Oreilles ircs-rjrandes, Iri.s-ouvertes, conliguës à leur base antérieurement. Urc'dlon presque extérieur. 70 IllSTOinR NATUr.ELLE. Membrane inlerfémorale plus çirimik que le corps cl coinprnKutl la queue, qui csl lerminée par un carliliKje bifurqué et en forme de T renversé (i). Ce nenrc, fondé par EticniU' Geoffroy Saiiit-Ililairc, ne renferme que qnalre espèces, qni ont les mêmes mœurs que les autres Chéiroptères insectivores. 1. NYCTÈRli CAMPAGNOL VOI.AM'. IJaubeiiloii. .wni-ItlS UISI'IDCS. I.imu'. Caractkres shkcifiques. — Pelage généralement d'un brun roussàtre en dessus et d'un hlaiu; lé- gèrement teint de fauve en dessous. Envergure, 0'",21. Cette espèce, qui est le Nifcteris Daubcnionii d'Et. Geoffroy, habite le Sénégal; on l'a iudi([uéo comme de la Sicile, mais ce fait est loin d'être démontré. 2. KÏCTÈRE DE LA TIIÉBAIDI::. XÏXTERIS TIIEBAICVS. lit. Geoffroy Saiiil-lliLiiie. CAnACTÈREs SPÉCIFIQUES. — Pelage doux c( fin, brun en dessus et gris brun en dessous. Enver- gure : n™,20. Ce Chéiroptèrc a reçu d'A. G. Desmaresl le nom de Nijcteris Geoffroiji. et de 51. Sniiili celui d'af- fmis; on l'a signalé dans plusieurs contrées de l'Afrique trés-éloignées les unes des autres, telles que l'Egypte, la Nubie, le cap de Bonne-Espérance et le Sénégal. 5. NYCTIiRE Uli CAP. Nl'CTEniX CAI'EysiS. Suiitli. Caractères spécifiques. — Pelage fauve noir sur le dos et l'occiput; blanc sale sur les côtés du cou; parties inférieures cendrées; une touffe de poils bl .ncs sur le tragus. Envergure : O^j'iS. Cette espèce habite l'Afrique méridionale, particulièrement l'île de Pâques. i. NYCTÈRE DE .JAVA. XYCTEItlS J.irAMi iX. VA. Geoffroy S.iiiU-Ililairc. CAnACTÈREs SPÉCIFIQUES. — Pelage d'un roux vif sur les parties supérieures du coi^is et d'un cen- dré roussàtre sur les inférieures. Envergure : 0"\ôO. Et. Geoffroy a donné la description de celle espèce, qui est la |)lus grande du genre. niIINOLOPIIIENS. RIIINOLOPUII. Isidore Geoffroy Suinl-Hilaire. Nez surmonte li une feuille. Division correspondant à la famille qui porte la même dénomination dans la mélhode de M. Isidore Geoffroy S;iint-liilaire, et au groupe des Loplwnijctcrcs de De Llainville. CAnNASSlEHS. 71 On connaîi iinn cinqnanluine d'espèces do Rliinolopliiens, et elles se li'oiivent répandues dans tontes les contrées du globe : les environs de Paris en rcnfernieiit deux se rapportant au genre Rlii- nolophe. Les genres que nous admettrons dans cette division sont au nonilrc de liuif, et, parmi eux, plu- sieurs ne nous sont pas entièrement eonnns; ce sont ceux des IVijclopliik, niiinopome, Ar'ile, Blii- voloplic, Mcfjudcnnc, Mormoops, Cliilonijctcre et PlniHodic. 1" GENRE. — NYCTOPIIILE, NiCTOPIIlLUS. Leacli, 1822. Transari'uas of Linneaii Society of Londûii, t. XIII. K'jë, nuit; çAsa, j'aimo. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Sii-ftcme (leulairc : incisives, f; canines, )£]; molaires, pr|; les incisives supérieures longues, conujucs, pointues; par leur position près des alvéoles des canines et par leur forme conupic, lé(jc- rcment courbée, elles ont l'apparence d'une seconde paire de canines : les inférieures sont fort h l'aise dans l'alvéole, mal rangées, larçjcs. trilobées; les canines sont portées sur un talon à bord saillant : les inférieures armées, postérieurement, par une petite pointe, et toutes assez espacées pour ne pas nuire au développement des incisives comme dans les màclielicrcs; les molaires supé- rieures sont tuberculeuses, à fortes collines, et les inférieures plus coni(jucs. Nez avec deux feuilles nasales, dont la postérieure est la plus grande. Oreilles très développées, 7'éunics sur le front, h tragus lancéolé. Membranes assez peu développées. Queue dont la dernière partie dépasse légèrement la membrane înterfémorale. Fig. 24 — Kj'dopliilc de Gooffioy Le genre Nyclopliilus a été créé par Leacli, et revu depuis par M. Temmincli, qui fait observer que c'est à tort que le zoologiste anglais lui a attribué six incisives inférieures, tandis qu'il n'en pré- sente réellement que f|ualre. Ce groupe, par la forme et le nombre des molaires, se rapprocbe des Nyctères, mais, au contraire, par la disposition du système dentaire des incisives et des canines, a plus de rapport avec les Rhi- noloplies; en outre, il est encore voisin des Nijcteris par ses oreilles très-grandes, par ses follicules nasales, toutefois sa queue ne présente pas, comme cbez ces derniers, un cartilage terminal bifur- qué. Tout le système cutané est peu développé, assez semblable ii relui des Vespertilions. On ne connaît qu'une seule espèce de Nyctophilc, et elle est propre à une des parties encore indé- terminées de rOccanie. IlSTOIllK NMI llKLLlv .NVi:i'iii'iiii,i': lit; Gi;iiri r.oY .\irioniiii.rs ai-oFFiturt CAnACTi'.nrs spécifiques. — Pelage de deux roulpurs : en dessus, à l).isc noire el à pointe Ijrnn foncé; en dessous, à base noirâtre et à pointe cendré blancliâtre; des poils sur la membrane le long des flancs el sur la partie supérieure des deux côtés de la membrane inlerfémorale. Enver- gure : 0"',25. S'"' GENRE. — RlIINOPOMIv niH\OPOMA El. f.c(,lïi,.\ Saint-Ililaire, lK|i. l'oscription dp l'iînyiili'. Ilisloiiv miliuilli', I. 11. Ptv. nez; TTt'>u.7., opcrciiliv CARACTÈRES GKN'ÉRIQUKS. Système (tcutaire : incisives, {; canines, J-^; molaires, ^I*; les incisives svpéricnrcs écarlécs l'une lie l'aulre; les canines méiliocrcnicnl développées; les molaires ayant leurs couronnes héris- sées (le pointes aujucs. iVt'î lomj, conique, coupé carrément h l'extrémité, surmonté d'une petite feuille. Ouvertures nasales étroites, transversales, munies d'un petit lobe en forme d'opercule. Chanfrein larye, concave. Oreilles grandes, réunies, couchées sur le front; orcillon extérieur. Membrane inlerfémorale étroite, coupée carrément, enveloppant seulement la base de la (jneue. On a publié quelques détails sur l'osléologie des Rbinopomcs; nous nous en occuperons en parlant des os des Rliinolophes. Ce genre, dans lequel on voit apparaître les feuilles nasales, qui ne sont encore que très peu développées, créé par Et. Geoffroy Saint-Ililaire, ne renferme que trois espèces, particulières à l'Egypte, à l'Amérique méridionale et aux Indes, encore l'une d'elles n'y est-elle rangée qu'avec doute. I. RIUNOPOME A PETITE FEIUIXE. niII.\OPOMA MICnOPnvi.I.A [VESPEUTII.IO] Itiiinnicli. C\RACTÈnES SPÉCIFIQUES. — Pclagc long, touffu, d'un gris cendré assez uniforme. Envergure : Û'",2 1 . Cette espèce, que Belon nommait la Chauve-Souris d'Kyypte, a été principalement étudiée par Et. Geofl'roy, qui a décrit avec soin son organe olfactif. Ce! appareil est remarquable ])ar la grande largeur des fosses nasales, qui cause un renflement considérable des os maxillaires, et surtout, aussi, par l'existence de petits opercules, qui peuvent, à la volonté de l'animal, bouclier les ouver- tures des narines. Ce Rliinopome, qui a été observé en Égypie, a généralement les mêmes habitudes que les Cliauves-Souris de notre pays, si ce n'est qu'il l'ait conlinuellenienl mouvoir ses narines, les dilatant, et ensuite les contractant, de manière à ne lais.ser voir aucune trace de l'onverlurc. Il ha- bite principalement les souterrains des pyramides du Caire. KlU I. (jCIieltu piltlllltTIIH aeVALÉT Kin 2. - Mon ili* Tritii' n 10 CARNASSIEUS. 73 2. RHINOPOliir IIK LA CAROLINE. nilINOPOMA CMtni.iyEKSIS. Et. Geoffroy Snint-Hibirp. ('.\RACTÈRES spÊciFiQUF.s. - l'clagB l)!'im; membrane ol)S( ure. Envergure : 0'",2S Ce Rhinopome n'est pas regardé, sans quelque doute, comme particulier aux Étals-Unis de l'A- mérique du Sud, et c'est probablement pour cela que Lesson lui a appliqué la nouvelle dénomina- tion de Rliinopoma dubia. Pour nous, tout en convenant que l'babitat de cette espèce n'est pas dé- finitivement connu, nous ne pouvons cependant admettre le changement de nom de Lesson; car il nous semble qu'il vaut encore mieux conserver une dénomination impropre plutôt que de surchar- ger la synonymie, qui, malheureusement, en zoologie comme en botanique, ne l'est déjà que beau- coup trop. Le Rlihiopoma (Mroiiiicmis diffère du Blmwpoma iincrupliiilla par ses oreilles, qui sont moins grandes et moins séparées; par sa queue, assez longue et épaisse, n'étant engagée par la membrane interfémorale que dans la moitié do sa longueur seulement; et, enfin, par sa taille un peu plus considérable. La troisième espèce de ce genre est le Rhinopome d'Hardwick, Bhinoponia llurilwkkû, Gray, que l'on rencontre dans les Indes. 3""^ GENRE. — ARITE. ARITEVS Gray, 1838. Mijgazin of Zoology ami Bolany. Étymolofiii' incf'rt.iiiic. CAUACTÉRES GÉNÉRIQIUES. Nez présmlanl inic fotillf droite, lancéolée, simple en arrière, arrondie sur le front. Oreilles latérales. Tracjns séparé, distinct. Membrane interfénwrale pcn développée, à bord aminci rers la jambe. Ce genre, qui conespond à celui indiqué précédemment par M. Gray sous la dénomination iVIstio- phorus (iiTi'.v, voile; ocfc-, porteur), ne renferme qu'une seule espèce {Arilens flareuccns, Gray), dont on ignore la patrie, et dont un exemplaire est conservé dans les collections du liritisli Muséum. Ce groupe est trés-rapproché de celui des Rliinoloplirs, et n'en diffère guère que par la dispcisiiion de sa membrane interfémorale. 4°" GENRE. - RIIINOLOPIIE RilINOWPIWS G. Cuvier et Geoffroy Sainl-Hilaire, 1707. ralileaux éleiiieiUaircs ilii lli'giic animal. CARACTÈRKS GF.NÉRItjUES. Snslème dentaire . incisives. |, un pins rarement '.;; canines, 'f^' : molaires, .^;,f^|, on (jncbine- fois '^. ce ijni donne eu lolnlité vimjl hait on trente dents, cl rarement trente deu.r. Les lames inter- maxillaires siipérienrci peuvent maïupier. et alors il n'ij a pas d'incisives snjwrienres: mais, quand ces lames existent, elles portent cbacune une dent obtuse pins on moins visible; mais ces dents lom- bcnl dans an ('((je avancé; les canines sont portées sur nn talon assez (jrand, iftli se développe avec l'iigc, sans pousser les incisives de leurs alvéoles; les molaires .wnt toujours à cour nue cj amie de T 10.. 74 iiisidiiir; NATiini'M.r. jiiiiiilrs liis-d'i'iucs : (jitiinil elles saiil an tianilnc de schr. elles )\niiiij\teiil ne tonte siirle tli' iiiiild'ire (lUoiiKilr on fdiimic iiiolaiie: (judnil elles sont an tianilne de v'iiujt, elles ont nne dent (iinnnnle hors de liquc. sitns fonclion présniniihle. placée antér'ieaieini m sur le talon de la e(inine; enfin, ijuand elles soûl ail iiondircde vhi'jt (len.e. elles jin'senteiit une finisse mutaiie de jdns a lu niaeho'tre injérieurv. Cuenle très- fendue. (>iT(//c.v médiocrenirnl (jrandes. inemlmnienses, presque nnes, sans oreillon, à jien d'e.rceptions près, et placées .iitr /es céilés île la tête. Yeux petits. Nci siirinonlé de ercles niemliraiiciises : ta supérieure en fer de lance, placée a plat sur le has du front, et l'inférieure présentant la ilispo<:ition d'un croissant ou d'an fer ii clieeal, et hordant la lèvre supérieure. i\iirines h orifice, placées de cliatpie côté entre les crêtes nieinliranenses, ])liis rulfiaireinent con- nues sous le nom de feuillet. IJ'vres épaisses, composées d'un aijréijat de fibres inusciiliiires serrées les unes sur les autres, et opji 'sées par leur direction. Mcmtirancs interféinorale.'i peu développées, assez semblables h celles des Vesiiertilio. Doiqts des ailes avec un petit pouce séparé, oufiuiculé, placé près du poiiimt, et tes ijiuitre do'ujts suivants formés d'os.wtcts très-fjrêles : l'indicateur n'aiiiint iiii'ini métacarpien sans ptiatançic, tan- dis que tes autres doicjts ont un ou deu.v os, sans trace d'onijle. Queue ijrauile. firêle, entièrement < ii en partie embrassée jusqu'il su dernière articulation par la monlirane inler fémorale. Pelage composé de poils très-ilou.v. Ijinqiie douce. Kig;. '^5 — Hlimolo|ilir ilciiil. Les Piliinoloplics manqurni dOs iiiiorin;i\ilhiire léiiiii ;iii\ maxillaires; cet os est l'pmplacé, chez les ospccrs pouivius d'incisives snpérieuri's, par deux pcliles lames osseuses, plates, très-minces, diverfît-nlos aux deux exirémilés, et se touchant vers le centre; ces petites lames, suspendues dans le cartilage nasal, portent chacune une incisive peu solidement affermie dans ces lamelles mohiies, et pouvant tomber facilement par le plus leycr effort; il parait cependant qu'elles ne lomhcnt pas réjïulièremenl, et que, lorstiu'un effort accidenlel les f;iil ecder, elles re])ûussent, car le plus yrand nombre des lUiinoloplies pourvus de ces dents eu ont, le plus souvent, dans l'âge adulte, et toujours dans le jeune .Igc; leurs incisives mobiles n'étant pas exposées à recevoir de lésion par le dévelop- pemeni de dénis contiguis, comme cela a lieu à la mâchoire inférieure des Molosses, par suite du développement des canines. Les espèces qui manquent tolalement de ces dents en sont privées dans toutes les périodes de la vie par l'absence de lamelles iiilermaxillaires, remplacées par un simple cartilage. Ce singulier appareil d'inlermaxillaires mobiles, mis en action par des muscles relevcurs CARNASSIERS. 7:. l't fiérliibseiirs dépendants presque exclusivement des lévies, donne au\ Rliinoluplies la Cacullé de lever ou di' baisser les incisives su|iérieures, exemple très remarquable de dents mobiles dans la i-hisse des Mammifères, et présentant certain deiifé d'analoj;ie avec l'appareil de diverses espèces dOpliidiens. L'extrémité |jostèrienre du cartilage nasal el les deux lamelles osseuses sont suspen- dues à l'extrémité antérieure du vonier; leur mouvement semble dépendre de l ortrane de l'odorat, tiès-sublil chez ces animaux. (In a rru pendant luiii;lemps (|ue nos Rlnuolopbes d'Europe, et principalement le petit Fer-;i-(.Iie- val, présentaient quatre manelles; mais Kubl a démontré qu'il n'y avait chez ces r.bèiroptères, de même que dans les autres espèces de la même famille, que deux mamelles peciorales. el que les deux autres corps glanduliformcs, que l'on avait pris pour des mamelles inguinales, n'étaient que lies verrues de la peau, au-dessous desquelles il n'y avait pas de glandes mammaires. M. Temminck a coidirmé pleinement les observations de Kuhl; il rapporieque ces i)rètendus mamelons ne servent en aucune manière à la nutrition, et il ajoute que ce sont des appendices particuliers d où suinte une matière onctueuse, fétide, et qui est destinée à augmenter l'odeur désagréable qu'exhalent ces C.hauve.s-Souris. Ces papilles n'existent pas avant l'âge de deux ans, et ce n'est que quand les femelles ont trois ans qu'on les voit bien dèvélop|iécs. Mais, outre cet appareil, les Rhiuoloplies ont, comme les animaux de la même famille, des glandes odoriférantes irès-développées. L'oreille est, dans le plus grand nombre des cas, privée d'oreillon ou de tragus, ou bien cet or- gane est excessivement petit, et l'oreille est droite, sans lobe bien marqué; mais, chez quelques espèces, on voit un lobe inférieur, transversal, plus ou moins distinct, quelquefois très-developpé. détaché de l'oreille par une écbancrure plus on moins grande, et servant à fermer cet organe d'une manière plus complète que ne pourrait le faire toute autre espèce d'appareil. L'organe de l'odorat présente une gfande complicalion; les chambres nasales ne s'étendent pas au deh'i des premières molaires; elles sont renflées et globnieu.ses; l'entrée des narines existe par devant el au-dessous, el re|irésente comme nue large oiAerture tpie termine rinlermaxillaire. Le nez est, en dessus, armé de deux feuilles disposées d'une manière toute particulière, et qui a valu à ce genre la dénomination qu'il porte. De lilainville et M. Temminidi ont donné des détails sur l'osléologie de ces Chéiroptères; le pre- mier zoologiste a étudié avec soin les s(|uelettes des Rhinolophes et des Rbinopomes, qu'il compare avec celui des Mégadermes. Selon lui, la tête des Rhinolophes et des Rhiuopomcs est plus huileuse au crâne, plus ramassée et plus tronquée à la face, que celle des Mégadermes, et présente un large aphilissement de !a région frouto-nasale et un développement singulièrement huileux des sintis maxillaires. Les mâchoires sont assez bien semblables dans ces trois genres; cependant, le prèmaxil- laiie, (|ui manque encore dans les Rhinolo|ihes, existe, quoique assez peu comi)let, dans les Uhino- pomcs. Le reste du S(|ucletie n'(d'l're de dilference que dans la longueur des vertèbres de la queue, ([ui ne sont peut-être jias en plus grand nondjre dans les Rhinolophes que chez les Mégadermes, mais (pii, étant très-allongées et excessivement grêles, portent la queue au delà des membres postérieurs; et cela même est encore plus manifeste dans les Rhinoponies. Le sternum est saillant, en angle ou- veit, et muni, laléralenicnl, d'une sorte d'apophyse épineuse, suivant M. Temminck Les os qui ( iinstilnent la poitrine ne présentent pas non plus de différence bien appréciable, ni dans le nom- bre, ni dans la fornir. au nioius chez les Rhinopomes; mais il n'en est pas tout à fait de la même manière dans les lUiinoloplies, dont les ciMcs, el surtout les postérieures, sont singulièrement élar- gies, au point de se iimcber presque coinpletement. Chez ces derniers animaux, l'Iiyniile est élargi, excavé, courbé fortement en dessus, et ses cornes postérieures, prolongées en forme de bras, dila- tées, spatulées, sont beaucoup plus fortes que les antérieures. extrê;i:ement délices dans les deux articles qui les constituent. Les os des membres sont Irès-grêles : aux antérieurs, l'humérus est plus long et moins robuste dans les Mégadermes; le radius est un peu plus arqué, surtout dans les Uhi- nolopbes; le cubitus est liliforaie et non coudé, et la main est très-courle : en effet, le pins long doigi, le troisième ou médian, est à peine plus long que le radius; aux membres postérieurs, il n'y a pas de difl'érences appréciables dans ces trois groupes de Chéiroptères. L'os pénien a été trouvé dans deux espèces de Rhinolophes; dans le grand Fcr-à-Cheval, où il a au moins 0'",008 de long, il est épaissi et triangulaire à la base, qui est exca\èe en capsule, prenant ensuite, en se réirécissant «l'ahoi'd, puis en se dilatant et s'amincissant de nouNeau, la forme d'une s[)atule à l'exlrènute; dans 7(i HISTOIRE NATURELLE. le petit Feix'i-Clicval, où il est iiéeessairemeiil beaucoup plus petit, il a l;i l'oiine de la pointe (rime épée Iriquùtre. Les Rliinoloplies vivent, une e;ran(le partie de l'année, réunis en bandes de plusieurs centaines d'individus des deux sexes, soit dans les cavernes, les vieux édilires abandonnés ou peu fréquentés, ou dans les trous queiquefuis énormes et vermoulus des arbics des forêls vieri^es : passé le temps de l'aicouplement, et quand les femelles sont pleines, celles-ci s'eloi,\'nenl des mâles, s'établissent plusieurs ensemble dans des retraites particulières, et vaquent en société de leurs compagnes aux soins de la nulrilion et de l'éducaiion, si nous pouvons employer ce mot, dn petit ou des deux petits que chacune d'elles a mis au monde. Les malcs, de leur côté, vivent alors rcnnis, et la famille ne reprend ses habitudes sociales que lorsque les jeunes sont en état de pourvoir à leur subsistance. Ce fait, des plus intéressants, et dont nous avons déjà parlé, semble, du reste, à peu prés général pour presque tous les Chéiroptères. Nos espèces européennes sont essentiellement insectivores, noc- tuines, et toutes hivernent. Elles se retirent, en troupes plus ou moins nombreuses, dans les lieux souterrains, où elles passent l'hiver, et la journée entière pendant les autres saisons, enveloppées dans les membranes de leurs ailes, et .suspendues aux voûtes, la tète en bas, par leurs pieds de derrière, dont tons les doigts ont une même direction en arrière. Celte habitude ne leur est pas, du reste, particulière, et les Vespertilions la présentent également. Ces Chauves-Souris .se trouvent répandues dans les îles de la Sonde, dans l'Inde, l'Asie, l'Afrique et l'Europe; on as.sure même en avoir assez récemment découvert une espèce en Australie; jusqu'ici, on n'en a observé aucune en Amérique. L Europe n'en renferme que trois, et, sur ce nombre, deux se rencontrent dans presque toute la France, et ne sont pas rares aux environs de Paris. Linné, Erxleben et Bechstein, associèrent les Rhinolophes avec les Vespertilions sous la dénomina- tion commune de Vespertillo. Haubenton, le premier, distingua le grand et le petit Fer-à-Cheval, que Linné avait confondus. Et. Geoffroy Sainl-llilaire créa le genre Rliiiioloplins, et, aux deux espèces anciennement connues qu'il y plaça, il en adjoignit de nouvelles qu'il lit connailrc; G. et Fr. Cuvier, A. G. Desmarest, llliger, etc., adoptèrent les idées d'Et. Geoffroy Saint-llilaire, et. ainsi que M. Hor.sfield, décrivirent de nouvelles espèces. M. Te iiminck (Minmjniplm (h; Mummalo(fic, tome 11, première livraison, 18")o) résuma, avec le talent qu'on lui connaît, tout ce qui avait été dit sur ce genre, décrivit de nouvelles espèces, et donna une i onographie de ce genre : ce travail, des plus importants, nous a servi de guide dans cet ouvrage. Depuis la publication de M. Temniinck, peu de changements ont été opères dans le genre des Rliinolophes; le nombre des espèces, qui est au- jourd'hui de plus de vingt, a été seulement augmenté par MM. Gray, Sykes et Martin. Nous devons ajouter, en terminant ces généralités, que deux genres ont été formés aux dépens des llliinolophus, ceux des llinosini r.r, {U'ipiiosiilnoa) (ir.-r.-,. Cheval; oiS/,::.-, feri, jiroposé par M. Gray (IsriS, Aiiiiats of Mafia i'm of Zoolofiii and liolantj). et Pliijlldiliina (ouX/.ov, feuille; fv,, :ivc:. nez), créé par Leadi (1822. Transadions of Linneait Suckiii of Lomlnn], et adopte par M. Gh. Ronaparte. A lexemple de M. Temminck, nous ne considérerons ces deux genres, qui sont synonymes, que comme une .simple -ection ou sous-genre du genre lUiinolophe, et nous formerons un second sous-genre avec les niihwloplius de MM. Gray et Ch. Bonaparte. 1" SOUS-GliNUli. — HlIlNOl.OI'lli; RHISOl.OPULS. VA (icollVoy Sainl-llibirc iYc; « faMc nasale peu conipliqucc, h hoid lisse, et placée Imnsversalcmciil iii idi riilniii sur le (lianfrciti. Oreilles sans lolic disliuci h la hase de ta loii'iar. ou hiai à lahc peu apparent. Neuf espèces entrent dans ce sous-genre, et aucune n'est propre à l'Europe. CAKNASSIEUS. 77 A. ESPÈCE d'aFRIQCE. 1. RHINOLOPHE TRIDENT. RHtNOLOPBUS TRIDEMS. Et. Geuffroy Saiiit-llllairo. C.*n.\CTÈnEs SPÉCIFIQUES. — Pelage rare, court et lisse, d'un cendré blanchâtre, à base blanche en dessus et blanchâtre sale en dessous. Toute la siiiface du museau couverte par un fer à cheval, mais la feuille nasale étant peu comprimée, large à la base et s'élevant en lame transverse, dont la partie supérieure est terminée par trois dents; queue assez courte, non engagée dans la membrane interféniorale dans son dernier tiers. Taille de la Pipistrelle; envergure : 0'",28. Celte espèce se trouve en Egypte, dans les profondes excavations des montagnes, et surtout dans les parties les plus reculées des tombeaux des anciens rois et du temple de Denderach. La seconde espèce de cette section est le lîli'inoloplius Commcrsonii, Et. Geoffroy, qui est très- voisine de la précédente, si même elle s'en distingue; elle habite Madagascar. B. ESPÈCE d'aSIE. Une seule espèce, le Rhinoloplius Dnfdiimensis, Sykes. propre au pa\.s des Mahraltes, dans l'Inde, et qui se rapproche du /»'. iiisiynis. G. ESPÈCES DE LA MALAISIE. 2 RHINOLOPHE NOBLE. RHINOLOVHVS NOBIUS. Horsfielil. Cai\actères spécifiques. — Pelage très-doux, fin, long, d un brun marron en dessus ei blanchûtre en dessous; feuille nasale simple, à bord terminal en couronne; fer à cheval entoure d'une large membrane pointue par devant et de plis latéraux. Envergure : O^.SS. Fig. 20 — Rliinolophe noble. Elle se trouve aux Moluques, principalement à Java, où on la voit voler communément le soir dans les jardins, et, pendant le jour, elle se tient caohée sous les feuilles du Mitsa supicnliiin. 78 lllSTOIliK NATUUF-LLE. nilINOLOPlIE DIADKME. HHiyoLol-lll S OIADEMA. Kt. tieolïroy Sdiiil-lliUiir.-. CinACTÈBES SPÉCIFIQUES. — Pelage d'un roux vif uniforme, préseiilaiit des rctleis dorés; feiiilli- di la base du front Irois fois plus large que liante, à bord arrondi, el formant avec le bonririct en foi :i cheval de la livre supérieure une espèce de diadème qui entoure les ouvertures des narines, lùi- vergure : O^.oô. Uapporlé de Timor par Péron et Lesiieur 4 1\I1IN0I,0PHE \ Hlîl'X COtILEUlîS. ttIKOLOPRVS BICOLOR. l'eiiiiiiinck Cahactèhes spécifiques. — Pelage long, trés-lin, lis.se, bicolore parlout; en dessus d un blanc tréspur depuis la télé jusqu'aux deux tiers du corps, et d'un roux marron à la pointe; plus blan- cbâtie en dessous, mais seulement parce que l'exlremité des poils est colorée en brun; membrane d'un brun clair; feuille petite, transversale, de petite taille, envergure : fl"'.^'). Habile Java, Amboine el Timor. Les autres espèces de cette division sont les Hhiiioloplitts iiisignis, Horsiield, de Java; .f/icoiis, Schneider, de Timor et d'Amboine; irkuspidulus, Teraminck, des Moiuques, et larvalus. Horsiield, de Java. 2' SOUS GlîlSRK — 1M1YL1,0R1II.NE. l'ini.l.iiHIII.\A l.encli. At's avec inic feuille plus on inoius compriquir, clcvée eu (orme de fer de lame, el iioiluiil uur sorte de soelc uuisscDil du ce)ilre du fer à cbcviil. Oreilles offruui un lobe disliuel h lu base de In eonque; ce lobe plus ou moins développé, scr. uni a fermer le pussuije audïlif et tenant lien de Inujus. Ce sous-genre, qui, lout en répondant au genre l^ltijllorlnna de Leacli, correspond également au genre Ilipposidcros de M. Giay, renferme quatorze espèces propres à toutes les parties du monde, ù l'exception de I Amérique. .A . Ksi'tcES d'euoope. Trois seulement. 5. HHINOLOl'Iit: l'Klir Ki:ii-.\-l.:ilt;VAL, ÉRIQUES. Siislèmc tlnitairn : iiui.sive.i, f, c/iuhies, \~\; niolairrs. tzi; lea 'niiisiir.s (»/i'rir(nr.v sr liviirinil uniformément placccs a côlr l'une de l' nuire sur lu uirnic ligne, et (leulelée:^ ii leur Irauilinul; les canines fnries, crochues; les molaires fiarnies de pointes rtir/Hc.v. Oreilles irèsyriiniles. réunies sur le ilerani de la tête; orcillou interne très-déreloppé. CARNASSIERS. 81 Nnr'mes cnviroinires et surmontées d'un uppcndice Injumcntatre dunl In forme vane. dans ilia- que espèce, mais qui se compose toujours de trois parties, l'une verticale, rnutre lioriionlale ei la troisième en forme de fer ù cheval Os intcrmaxillaires rudimeniaires ou nuls. Troisième doifjt des pieds antérieurs manquant de plmlange ongnéale . A iles irès-développces. Membrane interféiiioralc coupée carrément. Queue non apparente à l'extérieur. Les Mégadermes, dislingués par Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, ont beaucoup de rapport avec les Phyllostonies et les Rhinolophes, mais ils ne sauraient être confondus avec eux; car, s'ils se rappro- chent considérablement des premiers par la présence d'oreillon et l'absence de queue, et des seconds parleur appareil nasal, ils s'éloignent des uns et des autres parleurs lèvres velues, sans tubercules^ et par leur langue courte, lisse, sans verrues ni papilles. En parlant des Rhinolophes, nous avons dit quelques mots du squelette de ces Chéiroptères. Daubenton le premier a fait connaître une espèce de Mégaderme; Etienne Geoffroy Saint-Ililaire en a donné une monographie, et M. Gray (Mac), of Zool. and Bot., 1858) a cherché à y indiquer une subdivision nouvelle, celle des Lavia, à laquelle il assigne pour caractères chaque narine couverte par une lame membraneuse, valvulaire, longitudinale, et dans laquelle il ne place qu'une espèce, la Megaderma frons. Et. Geoffroy. On ne connaît que quatre espèces de ce genre; elles habitent l'Afrique et l'Inde, et l'on ne sait rien sur leurs habitudes naturelles. 1. MÉGADERME FEUILLE. Daubenton. MEGADERMA FltONS. Et Geoffroy Saint-Hilaire. Cahactères srÉciriQUES. — Pelage d'une belle couleur cendrée avec quelques reflets jaunâtres peu apparents; feuille nasale ovale, très-grande et d'une demi-longueur des oreilles. Enver- gure : 0'",19. Cette espèce habite le Sénégal. 2. MÉGADERME LYRE. MEGADERMA LYRA. El. Gcoriioy Saint-Hilaire. Cabactèbes SPÉCIFIQUES. — Pelage roux en dessus, fauve en dessous; feuille nasale reclangulaire, à follicule de moitié plus petite qu'elle; oreilles amples. Envergure : O^.Sb. De la cftie de Coromandel. 3. MÉGADERME SCASME MEGADERMA SPASMA (VESPERTILIO . Linn. . Cabactèbes spécifiques. — Front d'un roux clair : le reste du pelage roussâlre; feuille nasale en cœur, à follicule aussi grande qu'elle. Envergure : 0"',27. De l'île de Ternate. 11 82 IIISTOIRK NATliRELLE. 4 MÉGADERME TKÈFLi:. MECADEUMA THIFOI.IUM. El. Gcnffroy Sainl-Ililuir,'. CAiiACTÈiif S srÉciFiQUE?. — Pelage long, moelleux, de couleur gris de souris; feuille nasale ovale, ft follicule aussi grande qu'elle; oreillon en trèfle. Envergure : O^jSC. Cette espèce a été trouvée k Java par Lesclienault. 6°" GENRE. — MORMOOPS MORMOOPS. Leadi, 1822. Transactions nf Linneun Sucifty i f London. MoifAw, larvf; wy, uspect. C.i\nACTÈllES GÉNÊRIOUES. Système dentaire : incisives, j; canines, }^| ; molaires, f^J, en totalité, ircnir-si.r dents; les inci- sives supérieures sont inégales, et les intermédiaires .sont larçjement échancrées; les inférieures sont égales, irifules; les canines sont comprimées, canaliculées en devant: les supérieures atjunl le double de ta lont/ueur des inférieures; les molaires sont hérissées de pointes aicjuis. Nez à membranes très-compliquées. Narines larges. Oreilles réunies uu.x membranes nasales. Nez couvert de tubercules irréguUers. Face ayant l'aspect des plus bizarres. Queue entièrement enveloppée dans la membrane inter fémorale. Ce genre, créé par Leacli et adopté par tous les zoologistes, ne renferme qu'une seule espèce propre à Java, et principalement remarquable par la disposition de ses oreilles, qui, réunies aux membranes du nez, présentent un vaste appareil propre à recevoir les sons et les odeurs. La bouche elle-même participe à cette richesse d'organisation; mais, ce qui passe toute mesure, c'est que les os du crâne s'élèvent per])eiidiculairement au-dessus de ceux de la face, de sorte que ces deux par- ties principales delà tèie forment un angle droit. MORMOOPS flR DE BI.AINVILI.K. MORiaoOPS niM.WIII.II. I.cacli Cai;actkres spécifiques. — Pelage long, brun noirâtre, unilcjrine. Envergure : ()"'.ôO. Cette espèce, découverte à la Jamaïque par M. Lavis, a sur le nez une feuille droite et adhérente aux conques auriculaires. La queue, comme bifiirquée à son sommet, est entièrement engagée dans la membrane interfèmoralr, qui la déborde (!e beaucoup; cependant la dernière vertèbre caudale est libre, mais elle est peu visible. Le front c.^t brusquement élevé, en laissant enire lui et les maxillaires une, |)rofonde dépression. La lèvre supérieure est lobée, légèrement crénelée, tandis que l'infcrieure s'étend en une membrane à trois lestons, ayant au milieu un appendice charnu, dis- posé en une sorte de diadème; de chaque côté du menton part un feston membraneux qui va se sou- der avec le pavillon de l'oreille. La langue est hérissée de papilles recourbées, bilides en avant. l-'iï 1 — Znnllc .11. i:. Fi^.'i. — l,i..n .1.. Scii.'ral l'I I I CARNASSIERS. 83 7"" GENRE. - CHILONYCTÈRE. CllILONYCTERIS. Giay, 1840. Aimais of natural Hlslory, I. III. XetX&î, lèvre; vjKTEpt;, Xoclilion CARACTÈBES GÉNÉRIQUES. Nez tronqué, h bord stipérienr françjé . avec les narines s' ouvrant en dessous. Menton offrant deux plis iransversaii.e . membraneux, au bord antérieur. Oreilles latérales, étroites, aiguës, avec tine échancrure ati bord externe. Membrane inter fémorale large, tronquée. Queue longue. Ce ivest qu'aviT. doute que nous plaçons ici ce genre, qui est encore loin d'être suffisamment coiinn pour prendre définitivement place dans la série zoologique; nous pouvons en dire autant du i:enre .suivant. 8°"^ GENRE. — PHYLLODIE. PHYLWDIA Gray, 1844. Voyage of Sulpbur Haninialla. uX>.ui^vi;, foliacé CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Nez tronqué, à bord pointu, avec un prolongement charnu en forme de feuille en dessus. Narines placées en dessous. Menton aifant un pli membraneux, transversal, au bord antérieur. Oreilles latérales. Membrane interfémorale tronquée- Pieds libres. Queue courte. Ce genre ne renferme qu'une seule espèce, la Phyllodia Pamelii, Gray, de la Jamaïque. DEUXIEME SOnS-TRIBU. NOCTILIONIDÉS. NOCTILIONID^. Isidore Geoffroy Sainl-Hilaire. Expansions membraneuses latérales constituant de véritables ailes. Lèvres présentant une double fissure. Phalange onguéale manquant a tous le» doigts de iaite. Cette sous-tribu, particulièrement caractérisée par sa double fissure labiale et par le manque de phalange onguéale aux doigts de l'aile, et qui correspond ù la famille des Noctilionidés de M. Isi- dore Geoffroy Saint-llilaire, ne renferme qu'une seule division, celle des Nocliliens. H HISTOIRE iNATURELLE. Oju'iAioii niuaii». NOCTILIENS. NOCTILII Nobis. Mêmes cararirrcs que la sous-lribu des NocfUionidés. Cotte division, que nous avons cru devoir créer pour nous conformer ;i l'arrangement méthodique que nous avons adopté, ne renferme que le genre JSociUion de Linné, qui, lui-même, ne comprend que deux espèces, particulières à l'Amérique méridionale. GENRE UNIQUE. — NOCTILION. NOCTILIO. Linné, 17G6. Syslemy iialurj.-, i. \11. Nom propre à l'espèce Ivpiqui?. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES Syslimc dcnldiie :'mrisives, A; canines, \^\; molaires, ^^, en lulalité vinfii-lniit dents; les inci- nives supérieures forment ensemhlc un groupe séparé des canines, et dont les deux intermédiaires sont fortes, allongées, pointues et en forme de canines; les latérales sont petites, obtuses, tuberculifurmes; les deux incisives injérieures sont placées en avant des canines; les canines sont trcs-robustcs; les nwluives .supérieures se divisent en une fausse et trois vraies de chaque côté; leurs couronnes sont hérissées de pointes aiguës; les inférieures se subdivisent en une fausse molaire normale, une fausse molaire anormale et trois molaires vraies; elles sont du reste assez semblables à celles de la mâchoire supérieure. Museau court, Irhs-rcnflé, fendu, gaini de verrues ou de tubercules charnus. Nez confondu avec les livres. Narines un peu lubuleuses, rapprochées cl formant une légère saillie. Lèvre .tupéricure divi.w dans son milieu en bec de lièvre, présentant un profond sillon. Chanfrein dépourvu de crête ou de feuille membraneuse, n'ayant ni sillon ni cavité. Oreilles petites, latérales, isolées. Oreillon intérieur. Membrane intcrfémorule très-grande, saillante. Queue de nioijeinie longueur, enveloppée eu grande partie dans Li membrane inter fémorale, libre en dessus dans le reste de son étendue. Ongles des pieds de derrière très-robustes. Le genre iVocS (jLtll-; \.\(JillÀ Itf.il DMA [lilM.SSul'IIAUA) iil. GeolTroy Siiinl-lliljirc CiRACTÈiiES spÉcinyuEs. — Veh'fv il un liniii tilisciir. hc polilc taille. Fi" 29. — .\noure sans qucuo. Cette espèce, que M. Gray nomme Anoura Geoffroiji, habile le Brésil, principalement les envi- rons de Rio-Janeiro. 5'"' GENRE. - PllVLLUl'liORE. PHÏLLOl>IIOIiA Gray, 1838. M.{i;azin (if Ziiiihigy .nul Uolailï, 1. II. ^ 'PuX/.cv, l'euilli!; V'P-™' jeiioite. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Nez prcscntam une feuille en dessus Membrane hilerfémorale larç]e. Queue courte, souvent lernûnce par une nodosité et renfermée dans la membrane interfémorale. Le genre Pliyllophore, créé par M. Gray, ne .se distingue pas très-nniablement de celui des Glo.s- .sophaijes, dont il a été démembré; sa membrane iiiterfemorale est .seulement plus large, et sa queue présente un renflement vers sa terminaison. On n'y range que trois espèces particulières à l'Amérique méridionale. i'if. I - Km peichiil \- l'j, 'J — llvt'rio tiisi- l'I. 12. CAhNASSlEUS. 91 1. niYLLOPlIORE A QUEUE ENVELOPI'ÉK. l'ini.l.UI'IlUIU MlfLEMCAUDATA (GLOSSOPIIAGA). Et. Geofiroy Saiiil-llilaire. Caractères spécifiqdes. — Pelage brun noirâtre, légèremenl plus foncé en dessus qu'en dessous. Habite le Brésil, principalement auprès de Rio-Janeiro. Fig. 30. — Phyllophore à queue enveloppée. 2. PHYLLOPHORE NOIRE. PHYf.iOPIIORA MGR A Gray. Caractères si-écifiqees, — Pelage noirâtre, plus pâle en des.sous; fossette de la lèvre inférieure frangée de quelques petites barbes; feuille nasale médiocre, ovale, lancéolée, plus longue que large; oreilles médiocres, arrondies, de moitié aussi longues que la léte. De l'Amérique du Sud. Fig. SI. — Phjllijphni-e noire 92 HISTOIRE NATURFXI-K. 3. PHYU.OPHORK MÉGALOTIS PHILLOPHORA MEr.AI.OTIS. Gray Caractères spécifiqoes. — Pela!,'e noirâtre, plus clair en dessous qu'en dessus; fossette de la lèvre inférieure non frangée sur le bord; feuille nasale, ovale, lancéolée, plus longue que large; oreilles très-grandes, arrondies, aussi longues que la tête. Se rencontre dans I Amérique tropicale. A"" GENRE. - MONOPHYLLE. MONOPHYLLUS. Leach, 1822. Transactions of Unnean Sociely of Lonilon, i. Mil. Mwo;, une seule; tçuXXcv, fouillo. CAfiACTÈRES GÉNÉRIQUES. Syslhyie dentaire : incisive.i , i; canines, \=\; molaires, l-}. Selon l,cach, qui n donne la for- mule dentaire que nous avons indiquée, les incisives supérieures soin inégales; les deux du milieu étant plus longues que les latérales et bifides; les canines et les molaires ne présentent pas de ca- raclircs particuliers. Nez aijant tiue seule feuille droite. Queue nulle. Ce genre, qui n'est pas suffisamment connu, ne renferme que deux espères particulières à l'Amé- rique du Sud : l'une, créée récemment par M. Gray sous la dénomination de Monopliijllus Leacini, et l'antre, type du genre, et plus anciennement connue. MONOrHYLI.E DE REDMANN MOmPBÏlI.tlS REDIUANMI. Leach. Caractères spécifiques. — Pelage brun en dessus, gris en dessous; oreilles arrondies; feuille na- sale aiguë, couverte de petits poils blanchâtres; membranes brunâiics. Se trouve à la .lamaïque. 5"' GENRE. — PHM.LOSTOME. PHÏLLOSTOMA. Cuvier, El. Geoffroy Saint-Hilaire, 1797. T.iWeaux élémentaires du Règne animal. .).CV, (euille, (TTCU.7.. boiK-lu'. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Sgslème dentaire : incisives, ~\ canines, 'f^j ; molaires, prf ou |Ef , ce qtii donne en totalité vingt- huit OU Irenledcuv dents; mais, ce nomhre n'est pas constant, car quelquefois on trouve deux incisives de moins ou pas du tout à l'une ou à l'autre mâchoire; les incisives .sont sou rent serrées entre les canines, les latérales étant très-petites, et les inteiinédiaircs plus larges cl taillées en biseau; les can'tnes snnl Irès-qrosses à leur base, et se touchent presque l une l'antre par leurs collets; les molaires ont leurs couronnes hérissées de tubercules aigus, ce qui montre la carnivorité de ces Chéiroptères. CARNASSIERS. Tête longue, imifornicment comque. Gueule Ircs-jcnduc . Lèvres laissant voir les canines en dehors. Nez surmonté de deux crêtes membraneuses de formes différentes. Oreilles grandes, nues, non réunies à la base, h oreillon interne et dentelé. Yeux très-petits, laléraux^ Langue simple, héris.w de papilles cornées, dont la pointe est dirigée en arrière. Ailes trcs-développces. Doigt du milieu aijanl une phalange de plus que les autres. Membrane interfémorale plus ou moins développée. Quette variable dans sa longueur. Pelage court, lustré. Taille moyenne. 93 Fig. 32. — Phyllostome allongé. Le nom de Phyllostome a été donné fi ces animaux à cause de la disposition particulière des par- ties qui entourent la bouche et qui surmontent le nez. La membrane nasale, arrondie à son attache, se dresse en se rétrécissant pour linir en pointe obtuse. Elle est côtoyée par deux sillons profonds qui se terminent aux narines et qui les partagent en deux portions; l'inférieure assez semblable à un fer à cheval, et la supérieure imitant un fer de lance; enfin, la partie moyenne de la feuille est plus épaisse et plus charnue que les latérales, qui sont fort rétrécies inférieurenient par les sillons des narines, ce qui fait que la portion lancéolée s'atténue à ses deux extrémités. Cette membrane n'adhère aux téguments de la face que sur le rebord des narines. Toutes les espèces de ce genre proviennent de l'Amérique méridionale : leurs mœurs sont peu con- nues; toutefois, on sait qu'elles sont nocturnes, et beaucoup plus sanguinaires que les autres Chéi- roptères. En effet, les Phyllostomes ne se conlenlcnt pas de vivre d'Insectes, mais ils attaquent les gros animaux endormis pour en sucer le sang, qu'ils font sortir de la peau en l'incisant avec les pa- pilles cornées dont leur langue est munie. Nous verrons qu'une espèce d'un groupe voisin, qui a long temps été réunie aux Phyllostoma. s'allaquc même à l'espère humaine Ces (Ihanves-Souris sont 9/* IIISTOIHE NATIJRIÎLI.E. également frugivores, et peuvent, dii-on. en une scnic nuit, clétiuire tons les fruits d'un pays, quand elles viennent s'y jeter en grandes troupes. Le genre Plivllostome dcG.Cuvieret d'El. Geoffroy Saint Hilaire a été, peu d'années après sa eréa- tion, partagé en deux groupes naturels, ceux des PlujUosloma et Glossopliayu; depuis, il a été sub- divisé en un grand nombre de groupes génériques, tels (|ue ceux des Vunipiius, Carollia, Ariibcus. liraclitipliijUa, MdcropUyUn, Diphiilln, et en outre plusieurs genres, tels que ceux des Lophostoma, Stiiriiira et Mailalciis, qui en sont très-voisins, auraient pu y rentrer nalurellenient. Nous avons cru utile d'indiquer les caractères de tous ces genres, fondés pour la plupart par Leauh et par M. Gray; mais nous ne les croyons pas tous assez bien connus pour pouvoir encore être adoptés définitivement; il est très-probable que le nombre en sera considérablement restreint lorsqu'on aura pu les étudier avec soin. Malgré tous |ueiise. Ce genre a été créé aux dépens du groupe des Pliylldstomes, dont il ne diffère pas d'une manière bien notable. Il ne comprend que deux espèces particulières ,i lAmcrique méridionale ; le Pbiilh- 10 '"' î)8 IllSTOinK NATUHELI-K. siomii brachiiolum, Neuwied {CarolUa Brasiliensis. Grajl, propre au Brésil, pl une espèce récem- meni décrite. CAROI.LIK Vi:mUOlIEUSK. CAItOIilA yi;iini'rATA Giay, Cahactèiies spécifiques. — Pelage d'un brun ferrugineux; oreilles assez larges, ovales postérieure- inenl; tr3i;us médiocre, ovale, tiignne, poinUi, avec une faible échancrure en dehors près de i'exlré- milé, et léircci à hi base; feuille nasale ovale, lancéolée. Habite IWniériquc tropicale. 8"" GENRE. - LOPHOSTOME. LOPHOSTOMA. Mcidc d'Orbigny, 1836. Voyage dans l'Amérique mtridionalo, Allas, 17* livraison. Aoyo;, crèle ; oroaa, lioiitlie. fAnACTÉnEs (;i;NÉiiiyuRS. Sustèmc dentaire : incisives, -J; canines, f^J; molaire, ~l; les deux molaires antérieures les plus petites de toutes. Tête un peu allongée. Mùclwircs lonfjHcs. Nez surmonté dune feuille simple, liasti forme Oreilles grandes, en cornet élevé, et garnies, intérieurement, d'un oreillon écliuneré à lu hase inlernc. Queue beaucoup plus courte (pie la membrane intcrfémorale : celle-ci très-ample, et descendant au niveau des ongles. Dernière vertèbre libre à la face supérieure de la membrane. Eperons .loutenanl la mendirane très-forts, mais de peu d'étendue. Pelage doux, composé de poils longs. l'ig. 5j. — l.opll(>^lolllt.' tics l'oièls. CAnNASSIERS. 99 fe genre, par la disposition de son système dentaire, se rapproche beaucoup des Phylloaioma, et principalement des groupes des Stuinira et Vampints. tandis qu'il s'éloigne des Sténodermes, dont les molaires sont plus frugivores; il ne comprend qu'une seule espèce particulière à l'Amérique méridionale LOPHOSTOMt; DES FORÊTS. LOPUOSIOMA SYLVICOLVM. Aie. d'Orbigny. CAnACTÈREs SPÉCIFIQUES. — Pelage d'un gris de souris brun en dessus et sur la tète, cendré en dessous, avec la région du cou un peu plus claire; poils doux, allongés, excepté ceux de la face, qui sontijourts, brunâtres. Envergure : 0"',35. Cette espèce habite les grandes forêts qui bordent le pied oriental de la Cordjiière bolivienne, au pays des sauvages Yuracarès; elle attaque souvent les personnes endormies en plein air. 9"'« GEiNRE. — STUKNIRE. SWRNIRA. Gray, 1842. Magaziii of naluiMl llislory, 1. \. ' liljmologio iiieei'laine. CARACTERES GENERIQUES. Nez à feuille lancéolée, simple. Oreilles à tragus dislinct à l'extérieur. Lèvres ciliées sur les côtés : la supérieure ayant une grande verrue entourée d'une série de petites verrues. Membrane interfémorale très-étroite, marginale. Ailes naissant à lu partie postérieure du corps. Pattes de derrière libres. Pouce composé de deux plialanç/es : la première allongée, et la terminale courte. Calcanéum n'existant pas, ou plulôl peu développé. Queue nulle. Une touffe de poils en forme d'épaulette à lu base des ailes chez les mâles. Fig. 36. — Sluniiia spedrum Ce genre, qui offre quelque rapport avec ceux des Anuura, des Artiheus, et avec les Pliijllostoma par la conformation de son système dentaire, qui est semblable, ne renferme qu'une seule espèce. 100 histoi[\l; natuiœi.le. STUnSlBE SPKCTIIE. STVnNlll.\ SI'IXTRIM. Gray. Cauvctères spécifiques. — Museau brun, avec la racine des poils plus foncée; dessus des bras et f roIés du corps, près des ailes, noirâtres: l'épaulctte grande, d un jaune brique; feuille nasale droite, ovale, lancéolée, presque aussi large que hante. _ Celte espèi.e a été découverte dans lAmérique méridionale. ■ 10°" GENRE. — ARTIBÉE. ABTJBEUS. Leach, 1822. Transactions of l.iniieaii Society ofLondon, I. XIII. ApTi, i!ii lii;nu droite; ëiiviu ju iii'.ivance. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Système dculfiire : incisives, j, cuiiiucs, {^'; molaires, ^. D'après Leach, les incisives siipé- vieurcs sont bifides, et les inférieures sont tronquées; les canines d'en haut ont un rebord interne il leur base; les molaires sont semblables à celles des Pliyllosiomes /*o»(t' formé d'u)ie plialanqc loncjue el d'une seconde courte. Membrane 'interfémorale profondément écliancrée. Ailes allacliées très-près de la base des orteils. Mez portant deux feuilles : l'une lior'izontale el l'autre verticale. Queue nulle. L'espèce typique de ce genre, que l'on range cependant quelquefois avec les Phylloslonies, est le ABTIBÉE BRUN ET RAYÉ. D'Azarj. AflTIBEVS LiyE.iTUS {PBYLLOSTOMA}. El. Geotrioy Saiiit-Hilaire Cakactèrks spécifiques. — Pelage brun, et seulement plus clair eu dessous qu'en dessus, avec une raie blanche sur le milieu du dos une autre allant de chaque narine à l'oreille du nii^me ciMé, et une troisième partant de l'angle de la bouche jusqu'à la base de l'oreille, parallèle à la précé- dente. Envergure : fl"",52 Habite le F'araguay. M. Gray a signalé deux autres espèces : \es Art'ibeus fimbriatus et fulufiuosns, des mêmes pays que l'espèce précédente. Quant à \' Art'ibeus Jama'icens'is, Leach, nous l'avons placé, d'après De lîlaiuville, dans le genre Slénodcrnie. CARNASSIERS lOi H"" GENRE. - MADATÉE. MADAT^US. Leach, 1822. Transactions of Linnoan Sucioly of LonJoii, i. XIII Klymologie incertaine. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Sii-slciiie dentaire : incisives, |; canines. \z\\ molaires, l^l; les deux incisives intermédiaires supérieures ont plus de longueur que les latérales : elles sont bifides; les inférieures sont égales, simples, aiguës; les canines sont assez fortes; les molaires comme dans les Pliiilloslonies. Nez portant deux feuilles. Lèvres garnies de papilles molles, comprimées, frangées. Langue bifide à sa pointe. Queue nulle. Ce genre ne renferme qu'une seule espèce MADATÉE DE LEWIS. MADAT^US LEWISII. Leach. Caractèkes spécifiques. — Pelage uniformément noirâtre; l'une des feuilles nasales brusquement pointue vers le liaul; oreilles médiocres, arrondies; membrane interfénioraie cchancrée. Ce Chéiroplère habile la Jamaïque. 15"-' GENRE. - BRACHYPHYLLE. BBACHYPHYLLA. Gray, 1833. Procecdings of Zoological Society of Loiitlon. Bpxx^î. courl ; çuXXcv. feuille. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Nez présentant une feuille ovale, entourée en arrih'c par un .'iillon profond Membrane inicrfémorale courte, profondément échancrée, offrant deux raies distinctes. M. Gray a indiqué plutôt que caractérisé ce genre, dans lequel il ne place qu'une seule espèce, son liracliijpliiiUa cuvcrnarum, particulier à l'ile Saint-Vincent, l'une des Antilles, et que De Blaiii- ville fait rentrer dans le groupe générique des Siénodermes. 13°" GENRE. MACROPIIYLLE MACRUPHYLLA Gray, 1858. Maga/.y of Zoology and Bolauy, i. H. Maxpo;, long; tpuXXov, leuille. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Nez- présentant une feuille nasale allongée. Membrane inicrfémorale large, tronquée. Queue longue, libre. 102 IIISTOIRK iNATURELLK. Une seule espèce entre dans ce genre, c'est le Phijllostuma nuurojiliiilltiin, Neuwied, du Brésil, que M. Gray noninie Macroplnjlliwt Nettwicdii. ei qui pourrait plutôt faire juirtie du groupe géné- rique des Vampires. 14"" GENRE. - DlPilVLLE. niPlIYLLA. Spix, 1823. Simiae cl Vpspfrlilioncs Brasillcnscs. ii:, iIl'ux; M'jXXcv, feuille. C.\RACTÈRES GÉNÉRIQUES. ' Nez présentuni deux feitillcs membianeitsts : l' une placée iiu devant de l'autre. Oreilles à traijus lancéolé. Membrane ïnlerfémorale rndimenlaire. Queue nulle. Ce genre a été fondé pour un Cliéiroptére brésilien, que M, Eisclier de Waldheim avait indiqué sous le nom de Glossophaga dipliylla, et que M. Spix nomme Dïphiflla ccaudula. QUATRIEME SOUS-TRIBU DESMODIDÉS. UESMODIDjE. Isidore Geoffroy Saint Hilaire. Expansions membraneuses latérales consiitua)il de véritables ailes. Iknls de la mâchoire supérieure Irès-ffrandes et fortetneni comprimées. Phalange onijuéale existant au doigl médian de l'aile. Cette sous tribu, des plus remarquables par son système dentaire anomal, ne comprend qu'une seule division et qu'un seul genre, et correspond ù la famille de M. Isid. Geoffroy, qui porte le même nom. 6), loiâiou uutquc. DESMODIENS. DESMODII. .Nobis. Mêmes caractères que ta sous-tribu des Desmodidés. Le genre Desmodus, particulier au Brésil et au Chili, et que quelques auteurs réunissent, les uns aux Phylloslomes et les autres aux Siénodermes, constitue seul celte division. leîi?>;tbe Ki-. I. — ':ImI .1.- Il l'.iInMii- \-\il. 2. — r.liul à lolliur. l'I U CAP.iNASSlERS. 103 GENRE UNIQUE. — DESMODE. DESMODVS. Neiuvicd, 1826. Bcilia-gc zur Nalurgcschiflite Brasilions, l. 11. Asau.oc, lient; o5ou;, dent. CAn.VCTÈRES GÉNÉRIQUES. Siislhnc dentaire : hicis'ivex, |; canines, i^l; molaires, |^|; en lolalité seulement vinçjt dents; les incisives supérieures sont très-fortes, arquées, pointues, tranchantes, eonverqentes , implantées, non- seulement dans le prémaxillaire, mais encore dans tout le maxillaire lui-même; les inférieures sont disposées en deux paires, séparées en deux pacpiets pour laisser passer dans l'intervalle même la pointe des supérieures; elles sont, en outre, triloliées. médiocres, l interne un peu plus r/rande que l'externe; les canines sont assez fortes, peu courbées, aiguës, comprimées, surtout les supérieures, qui sont en ovtre élargies et tranchantes au bord postér'ieur; les deux molaires supérieures sont égales, aplaties, en cône tranchant; des inférieures, les deux antérieures qui peuvent être considé- rées comme avant-molaires, sont à une seule pointe triangulaire, et la première renversée sur la seconde; quant à la troisième, espèce de principale, elle est assez large, comprimée et bilobée à son tranchant. Feuille nasale surbaissée, sans prolongement hasliforme. Membrane interfémorale courte. co))imc chez les Sténodermes. Queue rudimentaire. Le genre Desniodus, créé par M. Neinvied, correspond :i celui des Edostoma (zHo;, base: oTou.a, hoiiche), indiqué sur les planches du Voijage dans l'Amérique méridionale, de M. Alcide D'Orbigny (1836, pi. viii), et son espèce typique est le Desmodus rufus qui faisait anciennement partie du genre Slénodcrmc. Le meilleur caractère de ce groupe générique se trouve particulièrement dans la disposition ano- male de son système dentaire. De lîlainville l'ait remarquer que cette anomalie, tlont il ne connaît pas l'utilité pour l'animal, est certainement en rapport avec quelque particularité dans la matière alimentaire; il semble que ce sont les vraies molaires qui manquent, sauf la principale d'en bas, les fausses étant restées; particularité qu'on ne connaît encore dans aucun Mammifère, si ce n'est peut- être dans le Cliien hyénoïde. M. Paul Gervais a clierché également (Dicl. universel, t. V, 1815) à donner une explication de cette organisation si singulière, et il dit : « On ne connaît pas encore avec quelles particularités de nutrition cette remarquable disposition est en rapport. On sait cepen- dant que le Desmodus a, comme les Vampires, l'habitude de sucer le sang des animaux; et ses puis- santes incisives supérieures, ainsi que ses canines, lui permettent sans doute de percer profondé- ment le derme des animaux, en même temps que la disposition de ses lèvres lui rend la succion 1res facile. » Le squelette de ces Chéiroptères offre quelques ilifférences. La tête est remarquable par la peti- tesse de la face et du palais, et la manière brusquement pointue dont la mâchoire supérieure se ter- mine; par la largeur de la branche montante de la mâchoire inférieure; la nullité de l'apophyse co- ronoîile, etc. Le grand doigt de la main a ses trois phalanges bien complètes, et le fémur est très- comprimé, comme canaliculé en dessus; le tibia l'est également en arrière, et le péroné, qui est complet, est aussi assez large pour être en contact avec le tibia dans toute sa longueur, de ma- nière qu'il n'v a aucun espace interosseux. Le calcanéum a aussi son apophyse très-recourbée en dessous. Ce genre est essentiellement propre à l'Amérique méridionale, et l'on n'en connaît que deux es- pèces. i04 HISTOIRE NATURELLE. DESMODE ROl'X. DESMODUS ItVFVS. Neuwieil CAnACTÈnKs srÉciriQUES. — Pelage d'un roux rli;Uaiii unifornic. Envergure ; C^.SO; tuille iln Mnrin. ('elle espèce était désignc^c par Etienne Geofl'roy SainiHilaire sous la dénomination de Slcno- devma rufa, et par M. Alcide l) Orjjiyiiy sous celle A'Edosloiiia ciiiora. D'après ce dernier natura- liste, elle vit à la manière des Vampires, se rencontre autour des habitations, et mord parfois les enfants endormis. Perdant longtemps on a ignoré la patrie de ce Chéiroptère; mais aujourd'hui l'on sait qu'il est as- sez répandu dans la province de Chiqnilos, en liolivie, et qu'on le trouve aussi près de la Mana, dans la Guyane. M. W;ilorliouse a fait connaître, dans la partie zoologique du l^oyneje du Bcaglc, une seconde espèce de Dcsmodus, qu'il nomme D D'Orbigniji, et qui provient de Coquimbo, au Chili. Fig 37. — Dcsmnde lonx CARNASSIERS. 105 DEUXIÈME FAMILLE, I NSECTIVORES . INSECTIVORÀ . I Les principaux raractères des Mammifères de celte famille sont les suivants: point de membranes pour voler, comme dans les Chéiroptères; incisives en nombre variable; canines tantôt très-longues, tantôt très-courtes; molaires à couronne liérissée de tubercules ai|;us; pieds courts, armés d'ongles robiistes, ceux de derrière toujours à cinq doigts, ayant leur piaule entièrement appuyée sur le sol; pieds de devant le plus souvent également à cinq doigts; corps couvert de poils ou de piquants; lobes cérébraux lisses; pas de cœcum. Cette famille, composée de Mammifères qui n'atteignent jamais une taille même médiocre, et parmi lesquels se trouve le plus petit de tous les animaux de la classe, n'en est pas moins peut-être une de celles qui offrent le plus d'intérêt. En effet, quoiqu'elle soit évidemment naturelle, et que la dégra- dation s'y fasse très-bien sentir, on y trouve des espèces modifiées pour la plupart des modes de locomotion connus, dans la terre elle-même ou dans les eaux, à la surface du sol ou dans les ar- bres, et pour chercher dans des lieux si différents les Insectes qui constituent toujours la partie principale, sinon exclusive, de leur nourriture; aussi, quoique le système dentaire soit essentielle- ment insectivore, il est constamment anomal dans ses premières parties, c'est-à-dire dans les inci- sives et les canines, tandis que les molaires sont formées sur un plan à peu près uniforme. En outre, la famille des Insectivores est digne d'une véritable attention, parce qu'elle a, d'une part, quelque chose de l'organisation des Rongeurs, chez lesquels on voit également des espèces disposées pour fouir la terre, pour nager, courir et sauter à la surface du sol, ou grimper sur les arbres; et que, d'une autre, elle offre plusieurs rapports avec la sous-classe des Marsupiaux, où l'on observe, avec des modifications jusqu'à un certain point analogues dans l'appareil locomoteur, des rapports manifestes dans le système dentaire, quoique les Didelphes l'aient en général plus normal, et même dans l'organisation du cerveau. Aussi on comprend pourquoi les zoologistes ont beaucoup varié pour la position qu'ils assignent aux Insectivores dans la série zoologique, de même que sur les animaux qu'ils doivent comprendre sous cette dénomination. En effet, le nom iV Insectivores n'est pas exclusivement applicable aux animaux de la famille qui nous occupe, c'est-à-dire aux Taupes, aux Musaraignes et aux Hérissons et genres qui en sont voi- sins; mais il pourrait èlre aussi donné à quelques Mammifères de groupes très-différents, et qui, de même qu'eux, se nourrissent d'Insectes. Ainsi la très-grande majorité des Chéiroptères est essentiel- lement insectivore; il en est de même de certaines divisions de Quadrumanes, comme les Makis et lesGaléopilhèques; on pourrait encore dire la même chose d'un grand nombre d'Édentés, de certains Rongeurs, et enfin, dans la sous-classe des Marsupiaux, il y a un groupe composé d'une douzaine de genres auxquels on a appliqué à juste titre le nom d'Insectivores. 11 résulte de là que certains zoologistes, et nous devons placer Er. Cuvicr à leur tète, ont fondé un ordre particulier avec les Insectivores,' dans lequel ils comprennent non-seulement les Chéiro- ptères et nos Insectivores, mais encore quelques genres de Marsu[iiaii\, et qu ils caractérisent par leurs vraies molaires, formées sur le modèle de celles des Chauves-Souris, mais dont les membres antérieurs n'offrent pas la disposition d'ailes. D'antres naturalistes, au contraire, et parmi eux M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, réunissent les Insectivores aux Carnivores, et en font un ordre particulier, celui des Carnassiers, distinct de celui des Chéiroptères. Nous croyons, à ce sujet, devoir transcrire le passage suivant, extrait du Diction' 10- 14 lOr, HISTOIRE NATUllEIJ.E. nairc universel, dans lequel M. Isid. (ieofl'roy expose les motifs qui l'ont engagé à adopter cotte classification, qui est la plus récente et semble être la plus naturelle. « Les Carnivores et les Insectivores de G. Cuvier constituant seuls notre ordre des Carnassiers, il devient dés lors possible de caractériser ce groupe avec exactitude, soit par un ensemble de modifi- cations organiques d'une grande valeur, soit par des caractères indicateurs très-l'aciles à saisir. Ainsi, pour les définir en deux mots, les Carnassiers ont seuls, parmi les Mammifères à génération nor- male, les quatre extrémités terminées par des pattes, quelquefois disposées en nageoires et les dents dis- semblables, disposées en série tonlinue. De ces deuxcaraitéres, le premier différencie immédiatement les Carnassiers à l'égard, soit des ordres supérieurs, où les extrémités antérieures sont conformées en bras ou en ailes, .soit des derniers ordres, où les quatre membres sont en colonnes. Le second complète la distinction en .séparant les Carnassiers des Rongeurs, chez lesquels les dents antérieures sont sé- parées des postérieures par un large intervalle connu sous le nom de barre. Les Carnassiers ont d'ailleurs les molaires ou une partie d'entre elles plus ou moins comprimées; l'estomac est simple et peu volumineux, l'intestin court, caractères organiques qu'on ne retrouve pas chez les Rongeurs, dans lesquels le régime diététique végétal est généralement prédominant, et par suite l'appareil di- gestif plus ou moins complexe. Les divisions primaires établies sous les noms de Carnivores et àlnsectivores sont très-naturelles, et doivent conserver les caractéristiques qu'on leur donne géné- ralement. Les Carnivores ont les molaires non hérissées de pointes, et de grandes canines saillantes entre lesquelles sont comprises des incisives beaucoup plus petites, presque toujours au nombre de six à chaque mâchoire. Les Inseclivores ont, au contraire, des molaires héris.sées de pointes, au de- vant desquelles sont des fausses molaires disposées comme chez les Chéiroptères; puis des dents an- térieures dont la disposition est extrêmement variable. En conservant ces caractéristiques, ajoute M. Is. Geoffroy, nous n'avons pu toutefois conserver pour les groupes génériques, ni l'ordre relatif dans lequel les place G. Cuvier, ni la valeur qu'on leur attribue. Les Inseclivores sont liés par les rapports les plus intimes avec les Rongeurs, et doivent en être rapprochés dans la classification; ils doivent donc être immédiatement placés avant ceux-ci, à la suite des Carnivores, auxquels l'en- semble de leur organisme, et spécialement l'existence de circonvolutions cérébrales plus ou moins développées, assignent d'ailleurs un rang plus élevé dans l'échelle zoologique. Les Inseclivores, que G. Cuvier place avant les Carnivores, doivent donc les suivre. Les uns et les autres sont, du reste, loin de se distinguer par de simples caractères de familles; ils constituent deux sous-ordres dont le premier .se subdivise en deux sections très-dislincles : les Carnivores ordinaires, dont les extrémités sont en forme de pattes (ce sont les cinq genres Canis, Fclis, Viverra, Mustela et Ursus de Linné), et les Carnivores amphibies ou empêtrés, chez lesquels les membres, excessivement courts et en forme de nageoires, ne peuvent plus soutenir l'animal, condamne dès lors, quand il est à terre, à se mouvoir par une reptation lente et difficile. Tels sont les Phoca de Linné, auxquels il faut ajouter le Morse que Linné avait placé à la fin de son ordre des Brûla. » Pour M. Isidore Gtoffroy Sainl-IIilaire, son second sous-ordre, ou celui des Inseclivores, est par- tagé en sept familles, doui les types génériques sont ceux des Eupleres, Ttipaia^ Cymnura, Ma- croscelidcs, Sore.v, Talpa, Chrtjsochloru et Erinaceus. M. De RIainville regarde les Chéiroptères, les Carnivores et les Insectivores comme formant, par l'en.semble des caractères de chacun d'eux, trois ordres particuliers, et il place ces derniers inter- médiairement entre les deux autres; les genres types qu'il y range sont, dans son ordre sériai, ceux des Taupe, Musaraigne cl Hérisson. Enfin G. Cuvier, faisant remarquer que les luseclivores ont à la fois des caractères qui les rap- prochent d'une part des Chauves-Souris, et de l'autre des Plantigrades, les considère comme ne devant constituer qu'une famille de son ordre des Carnassiers, famille comprenant les genres Hérisson, Tanrec, Clailobalc, Musaraiejne, Dcsman, Chrijsodilorc, Taupe, Condijlnrc et Sea- lope, qui suit les Chéiroptères et précède les Carnivores. C'est celle classification, la plus générale- ment admise, que nous suivrons, et nous dirons bientôt l'ordre que nous avons adopté dans l'étude des genres. Le système dentaire des Insectivores, rarement normal dans les incisives et même dans les canines toutes ies fois qu'il y en a, le devienl davantage pour les molaires, el surtout pour la principale et les ar- rière-molaires. Le nombre des dents, tant en lolalilé que dans chacune des sortes, varie beaucoup; on CARNASSIERS. 107 peut avoir des formules dentaires ainsi eonstituées: incisives, .|, f,|,|,4,|, 6'l>|; 'canines assez gené- lalemenl \e\, parfois en plus grand nombre ou bien nulles; molaires, î^, |^, |^, ' "l' " , etc.; et, selon De Olainvillc, on peut dire que le nombre total des dents, étudiées d'un seul c6té, à chaque mâ- choire, est, dans l'état normal, de dix en haut comme en bas, mais qu'il peut descendre à huit en haut et six en bas. La forme des dents, pour toutes les sortes, indique assez bien leur usage, étant toutes plus ou moins pointues, ou hérissées de pointes plus ou moins élevées qui s'entrecroisent; aussi les incisives méritent rarement ce nom; les canines encore moins fréquemment; mais toujours les avant- molaires sont aiguës ou armées de pointes comme les molaires proprement dites; dans le plus grand nombre des cas les incisives sont longues en avant, et suivies d'autres incisives et de canines toutes moins hautes que les molaires; dans d'autres cas les canines sont grandes, écartées, etdes incisives peu dé\eloppées se remarquent entre elles; enfin les incisives peuvent être petites et les canines manquer. Les molaires se rapprochent pour la forme de celles des Carnivores, et elles montrent que ces animaux sont plus carnassiers que les Chéiroptères; elles sont généralement assez fortes. Quant à la proportion de ces diverses dents, il n'arrive pas toujours que ce soit la première des dents maxillaiies supérieures, ou celle qui la croise inférieurement, qui ait réellement la forme de canine, . quoique les zoologistes leur en aient souvent donné le nom. Nous n'entrerons pas, pour le moment, dans de plus grands développements sur le système den- taire, car il ne présente pas des caractères uniformes; et, ainsi que le fait observer De Blaiuville, il offre trois Ivpcs différents et qui se trouvent dans les trois grands genres linnéens des Taupe, Mu- saraigne et Hérisson: c'est donc en étudiant ces groupes génériques que nous donnerons plus de détails. Nous croyons cependant devoir faire connaître immédiatement un extrait d'un important travail de M. Duvcrnoy, publié en 18i4 dans \es Mémoires de la Sociclc d' Histoiic nalurcllc de Slrasbouff), quoique le savant professeur ne s'occupe presque exclusivement que de la structure des dents des Musaraignes. Dans la substance tubuleuse des dents chez plusieurs Insectivores et Rongeurs, M. Duveinoy a distingué très nettement les embouchures des tubes, qu'il appelle caUigères avec M. R. Owen. La plupart de ces tubes ne lui ont montré de coloration que dans leurs parois; leur canal parait blanc et même transparent comme la gangue qu'ils traversent. Ces tubes et ces canaux sont très-serrés les uns près des autres, à leur origine et dans une partie de leur trajet, au point qu'on les distingue à peine, et qu'ils forment, vus par transparence, comme des taches de couleur grise dans les lames qui ne sont pas suffisamment amincies. Ils se séparent et deviennent moins nombreux à mesure que l'on s'éloigne du bulbe dentaire. Dans une dent ancienne, la plupart ne se prolongciil pas jusqu'à l'émail, de sorte que la partie de la substance tubuleuse qui s'approche de l'émail montre de moins en moins ces tubes. Un certain nombre, après s'être ramifiés en diminuant de calibre et s'être anastomosés entre eux, vont se terminer dans une ligne noire, courte, réticulée, qui sépare assez nettement de l'email la substance tubulée. Observé avec soin dans les dents de Musaraigne, le noyau pulpeux est d'autant plus petit que la dent est plus ancienne. Sa forme est exactement, en petit, celle de chaque dent; elle répète intérieurement la forme extérieure de la couronne et des ra- cines. Le noyau pulpeux, avec sa couleur rouge, s'aperçoit généralement assez, sans préparation, à travers la substance osseuse de l'émail de ces dents, qui sont très-mincos. Aux époques de la pre- mière et de la seconde dentition des Musaraignes, la membrane èmaillante, qui se voit à l'extérieur des molaires, à travers la capsule dentaire qui recouvre la série des dents, est colorée lorsque ces dents doivent être colorées; bien plus, l'étendue et la place de ces parties teintes correspondent exactement aux parties de ces dents qui présenteront la même coloration; elles restent au con- traire blanches chez les jeunes Musettes, dont les dents sont sans couleur. Dans les Musaraignes, le cément se développe avec les dents, dont il forme pour ainsi dire la gangue, et il se durcit avec elles. Le cément, chez ces animaux, forme un organe distinct de la mâchoire et des dents, dont il est sé- paré par une membrane particulière, sorte de périoste du cément. Chaque mâchoire a de l'un et de l'autre côté une rainure ou dépression, superficielle ou profonde, dans laquelle le cément est reçu avec les dents. C'est cette même membrane alvéolaire du cément qui produit les couches adventives du cément dentaire autour des racines des dents de l'homme; c'est cette même membrane dont l'ac- tivité nutritive comble de son produit les alvéoles et en fait sortir les dents. L'aspect du cément, qui répond à chacune des grandes cavités alvéolaires des Musaraignes et les remplit, est, en quelque 108 illSTOlRE NATURELLE. sorte, uno poclie à parois conlournées, remplie elle-même dune siibstaiioe osseuse. Des branches vasriilaires considérables, à ramifications assez nombreuses, se délacliant presque à angle droit des vaisseaux sanguins du canal dentaire, pénètrent cette substance dans une direction uniforme, en se divisant assez régidiérement, et semblent la partager en cellules nu en comparlinienls. M. Duvernoy résume ainsi son mémoire. La structure interne du cément alvéolaire est analogue à celle des os des m;lcboires. Sa substance se compose de petites cellules qui se présentent comme des taclies de forme irréyulière, rarement rondes, plulûl ovales ou oblongnes, se prolongeant aux deux bouts par un ou plusieurs lilets. Dans quelques individus, ces taches paraissent noires avec nu contour formé d'une ligne blanche transparente; dans d'autres, leur couleur est une ligne noire et l'intérieur est blanc. Ces différences dépendent sans doute des degrés d'ossilicalion qui font dispa- raître ou laissent subsister les parois membraneuses. Dans quelques cas, on voit rayonner de leur contour beaucoup de traits fins, traits qui leur donnent une apiiarence éluilee, et elles paraissent au milieu d un réseau extrêmement lin dont on n'apereoil les cordons noirs, trùs-délics, qu'avec beaucoup d'attention, au moyen d'un grossissement considérable. Dans une dentition ancienne, ou du moins bien terminée, le cément alvéolaire est soudé et confondu avec la substance osseuse des milchoires, et sa propre substance s'en distingue dinicilemenl. Les petites taches qui répondent aux cellules de Retzius paraissent peut-être moins nombreuses cl plus allongées. La membrane du cé- ment, sorte de périoste, est mince, noire dans cette dentition terminée, et semble se continuer, dans plusieurs cas, avec les ramifications vasculaires qui partent de cette membrane ou viennent y aboutir. Le cément alvéolaire est évidemment pénétré par des branches vasculaires qui parlent des vaisseaux du canal dentaire; mais la membrane qui revêt de toutes parts ce cément parait être le principal centre de l'activité nutritive des productions du cément, et le point de départ ou l'aboutis- sant de ses principaux vaisseaux. Quant au développement des premières dents chez les Musaraignes, chez la jeune Musette, le bord des mâchoires est creusé d'une dépression ou rainure, dans laquelle les dents sont enfoncées par leurs racines; celles-ci y sont enveloppées de leur cément, lequel a l'apparence d'une pulpe granu- leuse qui remplit l'intervalle d'une racine à l'autre. La couronne fait saillie en dehors de celte rai- nure; elle n'a encore que ses pointes un peu durcies dans les vraies molaires, ou sa pointe unique dans l'incisive moyenne ou celle qui la suit. Les molaires vraies et fausses sont renfermées dans une seule capsule. Un léger débris de cloison membraneuse semble marquer leur jilaee particulière dans la rainure qui les reçoit. Dans do plus jeunes Musettes, dont la peau n'a encore aucun poil, la cap- sule des molaires de la mâchoire inférieure surmonte le bord libre de cette mâchoire, comme une vessie allongée qui lui serait ajoutée. Chez les individus plus jeunes encore, tout est moins distinct. La capsule des molaires de la mâchoire inférieure ne se distingue du périoste de cette dernière que par un ruban du bord libre de cette capsule, que l'on dirait gonllée par une pulpe homogène. Chez ces animaux, le durcissement des dents précède celui des mâchoires; ils ont deux dentitions identiques pour le nombre et la forme. La seconde dentition s'effectue de bonne heure; et, ce qu'il y a de singulier et de particulier à ces animaux, c'est que tontes les dents se renouvellent â la fois. Le cément ancien, qui maintenait les dents auxquelles il appartient, disparaît avec elles, détaché sans doute par le développement, au fond de la rainure alvéolaire de la série des dénis nouvelles cl de leur cément. M. Duvernoy pen.se que les dents des Musaraignes se renouvellent plusieurs fois. Il se demande avec raison comment ces animaux peuvent se nourrir et saisir leur proie quand leurs dents sont couvertes de leurs capsides membraneuses et mal affermies par leur cément alvéolaire encore mou. A l'époque de leur mue dentaire, cet anatomiste a constaté que les os de leur lète étaient moins so- lides et moins affermis qu'à touie autre époque, et que leur estomac et leur canal inteslinal étaient toujours vides. Le squelette des Insectivores présente des particularités remarquables; mais, de même que le .système dentaire, il offre des différences telles, qu'il doit être étudié dans les trois types princi- paux de la famille; on peut seulement dire maintenant que la clavicule existe constamment. Les diverses parties internes de l'organisme des Insectivores varient aussi trop pour que nous nous en occupions maintenant. Les orifices des narines sont percés différemment à rextréiiiilé d'un museau jdus ou moins pro- CARNASSlI-nS, 109 lonçré en boutoir solitle, résistant, propre à fouir, ou eu une trompe molle, mobile, et servant à explorer les corps qui l'environnent. Il n'y a quelquefois pas d'yeux, ou bien ces organes sont rudi- meniaires, petits, médiocres, et, plus rarement, un peu grands, et ces diverses particularités orga- niques sont en rapport avec le genre de vie de ces animaux, c'est-à-dire que, plus l'espèce aura des liaijiludes subterranéennes, moins l'organe de la vision sera développé. Les oreilles, dans leur con- que et dans le canal auditif externe, sont dans le même cas : ce canal est très-petit, très-large, et la conque tout à fait nulle, petite, ou moyenne, mais jamais grande, quelquefois très-simple, et d'autres fois pourvue, à son bord externe, d'un ou deux replis ou lobes qui ont quelques rapports avec ce qui se voit dans les Chéiroptères. Les mamelles ne sont pas pectorales comme dans ces Mam- mifères; elles sont, au contraire, ventrales, et en plus grand nombre. Les membres sont complets, et diversement disposés, suivant les moeurs différentes de ces ani- maux. La plante des mains et des pieds s'appuie constamment sur h terre; les mains de devant ont cinq doigts, toutefois, dans le genre Chrysoclilore, on n'a pu constater la présence que de trois ongles; le pouce est presque égal aux autres doigts, quoique placé sur le même rang; les pieds ont toujours cinq doigts, armés d'ongles robustes. La vie des Insectivores est, le plus souvent, nocturne et souterraine; les espèces qui, comme la Taupe, doivent vivre dans des souterrains qu'elles se creusent dans le sol, ont des membres antérieurs très-fortement constitués, assez courts, et leurs extrémités sont transformées en des espèces de pelles, tandis que dans d'autres espèces, comme les Hérissons et les Musaraignes, les membres ont des formes plus grêles, et quelquefois sont transformés en des sortes de rames dans les espèces aqua- tiques. Leurs mouvements sont assez faciles. Enfin, dans un genre des plus curieux, celui des Ma- croscèlides, les pattes de derrière acquièrent un grand développement, tandis que celles de devant sont courtes; l'animal ne peut guère plus marcher qu'en faisant des sauts plus ou moins forts, et, sous ce point de vue, a beaucoup de rapports avec les Gerboises, et même avec les Péramèles. La queue, quelquefois assez longue, est souvent peu développée. Le pelage varie beaucoup; assez court et très-doux dans les Taupes et dans quelques Musarai- gnes, il devient plus rude dans d'autres groupes, et peut même se présenter, en partie, sous forme de piquants, comme on commence à le voir dans nos Hérissons d'Europe, et comme cela devient tout à fait manifeste dans les Tanrecs. Le système de coloration des poils est généralement sombre, brunâtre ou noir; une exception se remarque seulement dans le genre Chrysochlore, qui renferme des espèces vulgairement désignées sous le nom dé Taupes dorées, et qui ont, sur un fond noirâtre, des reflets métalliques. Les caractères spécifiques, tirés de la coloration des poils dans son inten- sité, dans sa teinte, et même parfois dans sa distribution, ne sont pas très-rigoureux; en effet, M. Dnvernoy s'est assuré que che;^ les Musaraignes, genre où le nombre des espèces est plus grand que dans aucun autre groupe de ceite famille, les variations sont nombreuses, suivant les sexes, l'ûge, et même la saison. Beaucoup d'Insectivores passent l'hiver en léthargie; cela a principalement lieu pour les espèces qui habitent les pays froids; mais, toutefois, quelques-unes de celles qui vivent dans les régions chaudes, comme les Tanrecs, éprouvent également le même phénomène. Leur nourriture la plus habituelle, et presque exclusive, consiste en Insectes, dont ils dévorent un nombre immense; c'est ainsi qu'ils rendent de grands services à l'agriculture; cependant, et cela s'applique surtout à la Taupe, on cherche continuellement à les détruire, parce qu'ils mangent parfois les racines, et parce que les espèces dont la vie est tout à fait souterraine font des galeries nombreuses qui nuisent à la culture. Quelques-uns fouissent la terre pour rechercher les Vers dont ils se nourrissent. Quant aux lieux qu'ils habitent, les uns, comme les Taupes, restent constamment dans les étroits conduits qu'ils se creusent sous le sol; d'autres, comme les Hérissons et les Musaraignes, se cachent sous les débris qu'ils rencontrent; il en est, comme les Tupaia, (|ui grimpent sur les arbres à la manière des Écureuils, et un petit nombre ne cherche pas de re- fuge. Cela se conçoit facilement, car, parleur taille très-petite et très-rarement moyenne, ils sont exposés plus que d'autres Mammifères à la voracité des Carnivores; ils ne peuvent guère se servir de leurs dents contre leurs ennemis; quelques-uns d'entre eux, les Hérissons, les Tanrecs, les Éri- cules, etc., se défendent en hérissant les poils de leur corps, qui sont transformés en piquants. Un très-petit nombre de Musaraignes se trouvent dans les eaux et nagent avec facilité; les Macros- no IIISTOIUE NATUr.KLLE. célides sautent, mais la plupart des autres InscdivoiTs niarciicnt et même courent avec une grande célérité. r.olativcment à la distribution géntfrapliique des insectivores, nous dirons que les trois genres priiuipaux de cette famille sont essentiellement propres à l'ancien continent, et que tous trois sont européens. Un seul, celui des Musaraignes, se trouve dans toutes les parties du monde, l'Amérique méridionale et la Nouvelle-Hollande e^ceplées. Les Taupes sont exclusivement de l'ancien continent, ou tout au plus des parties septentrionales du nouveau, car il semble peu probable qu'on en ait rencontré en Amérique, et c'est à peine si elles dépassent, en Asie et en Afrique, le littoral do la Méditerranée. L'Amérique méridionale seule offre les Clirysoclilores, et l'Amérique du Nord les Tu- paiiis. Les Gymnures ne se rencontrent qu'en Asie, el l'Afrique offre les Macroscélidcs. Kniin, les Hérissons sont particulièrement de l'ancien continent, tandis que les Tanrecs elles Kiicules n'habi- tent que les îles de Bourbon et de Madagascar. Comme résultat de l'ancienneté à la surface du globe, on peut dire que les types européens dos Mammifères de cette famille sont connus depuis la plus haute antiquité historique. Des individus qui se rapportent à l'un d'eux, au genre Musaraigne, étaient conservés à l'état de momie par les Égyptiens; et les deux ou trois espèces qui ont été admises à cet état ne paraissent pas, à De Dlain- vilie. surtout d'après les remarques de M. Ehrenberg, différer d'une espèce actuellement vivante en Afrique el même eu Egypte. En outre, on peut voir, au musée du Louvre, des figurines égyptiennes qui représentent dus Musaraignes. Les trois genres typiques des Insectivores se trouvent à l'état fossile : 1" dans les brèches os- seuses du littoral de la Méditerranée; 2° dans le sol des cavernes de l'Allemagne, de l'Angleterre, de la Belgique et de la France; 5° dans un terrain tertiaire moyen des montagnes sous-pyrénéennes; 4° dans un terrain d'eau douce d'Auvergne. Des dix espèces qui ont été reconnues jusqu'ici, six, .savoir; une Taupe, trois Musaraignes, un Dosman el un Hérisson, ne semblent pas, à l'illustre au- teur de VOstéographie, différer spécifiquement de celles qui existent aujourd'hui à l'étal vivant; elles se rencontrent pêle-mêle avec des restes d'animaux qui ne vivent plus dans nos contrées; les quatre autres, dont on ne connaît pas encore les analogues à l'état vivant, savoir : une Taupe, une Musaraigne, un Hérisson et un Taurec, forment des espèces nouvelles, et intermédiaires à celles qui existent aujourd'hui. Les anciens naturalistes connaissaient à peine les trois types européens de la famille des Insecti- vores, et ils ne se sont nullement occupés de leurs rapports naturels ni de la place qu'ils doivent occuper dans la classification des Mammifères. Aristoie, trois cent cinquante ans avant l'ère chré- tienne, dit néanmoins quelques mots de la Taupe, qu'il désigne sous le nom à' Ko-y-icl, des Musa- raignes, qui sont pour lui ses M\i(jaks. el des Hérissons, ses Eclnnos. Pline, cinquante ans avant Jésiis-dlirist, n'ajoute que peu de chose aux écrits d'Aristote, et, le premier, il crée les mots Talpa, Mus araucus et Erinaccits. Du reste, il augmente encore le nombre des fables déjà répandues sur la Musaraigne, en rapportant que sa morsure est venimeuse en Italie, que cet animal ne se trouve pas au delà des Apennins, et qu'elle meurt lorsqu'elle a traversé, ou mieux, qu'elle est tombée dans une ornière; quant au Hérisson, il se borne à en dire avec plus de raison que, comme l'Ours, il se cache pendant les mois d'hiver. Elien ne fit que rapporter les fables de ses devanciers; toutefois, il indique la manière dont le Hérisson trompe la voracité du Renard. Au moyen âge, les auteurs qui se sont occupés d'histoire naturelle, Isidore de Scville, Aiberl le Grand, Agricola, Scaliger, ne firent que rectifier ce qu'avaient dit Aristote et Pline, et n'augmentè- rent que peu les connaissances acquises sur les Insectivores. Gcsner, en 1520, est le premier qui ait passablement défini, au moins dans les deux genres Taupe et Mi:saraigne, les Insectivores, qui ail donné des figures passables des trois genres types de cette famille, et ait démontré qu'on ne devait pas les confondre avec les Rats, ainsi qu'on le faisait avant lui. Puis vinrent Wallon (1.552), Aldro- vande (IGiS), Marc-Aurèle Séverin, Johnston ilfioT), riiarlelon (IGtjS), qui ajoutèrent quelques ma- tériaux à leur histoire. Ray, en 1693, est le premier qui, sentant leurs rapports naturels, les ait rapprochés tous convenablement dans un système mammalogiquc. Linné, de 1735 à 1766, dans les diverses éditions de son Sjisicma nattirœ, rassembla ce qu'avaient dit ses devanciers, fonda définiiivcment les grands groupes des Hérissons, Taupes et Musaraignes; il détourna le nom de Sonw, qu'il apjiliqua aux Musaraignes, et cette dénomination latine leur esi Kig. 1 . — Ctiicii iussct écossais y\i;. 2. — ricnutle il'tiiro|ii'. Il 15 CARNASSIERS. 111 restée, et est venue remplacer celles de Mitsaraneus et Mus araiicux, employées très-longtemps auparavant, et qui avaient l'inconvénient de faire regarder cet animal comme se rap])ortant au genre Mus ou Rat. Ilill (1752) copia presque Linné, et décrivit la Talpa acauila, qui, depuis, est devenue le type du genre Clirysoclilore. Brisson (175G) n'indiqua rien de nouveau, si ce n'est qu'il définit mieux les espèces, déjà pins considérables en nombre. Daubcnton, la même année, caractérisa de nouveau certaines espèces du genre Musaraigne, et il donna un travail important sur ce sujet dans le grand ouvrage de Buffon, publié en 1760. Pennant, en 1771, plaça ces animaux à la fin des Ron- geurs. Erxleben (1777) rapprocha aussi les Taupes des Musaraignes, mais il en sépare les Iléri-s- sons, non-seulement par les Chauves-Souris, mais encore par les Ours. Schrebcr (1778) s'occupa, pour la première fois, de leur système dentaire comme d'un caractère propre à les distinguer. Her- mann (1780) donna de grands détads sur les Musaraignes européennes. En 1780, Pallas et Storr sentirent les rapports naturels des Insectivores entre eux et avec les autres Mammifères. Bechstein, de 1789 à 1707», augmenta le nombre des espèces de Sorex. Linck, en 1795, en forma un ordre particulier sous la dénomination de Rosores. G. Cuvier (1798), Lacepède (1798) et lUigcr (1811), prenant en considération rigoureuse le système dentaire, les ont partagés en plusieurs genres géné- ralement adoptés aujourd'hui, et, dès celte époque, on peut presque dire qu'ù l'exception du genre iSoJT.r il y eut autant de genres que d'espèces bien connus d'Insectivores. Etienne Geoffroy Saint- Ililaire (1811), Savi (1822), Say (1835), Gloger, Brehm, augmentèrent le nombre des espèces déjà connues, principalement parmi les Musaraignes: il en fut de même d'A. G. Hesniarcst en 1820, et de Fr. Cuvier en 1827. Raffles, Smith, Vigors et Horsfield, Martin, Brandi, etc., ont ajouté au cata- logue manimalogitpie de nouvelles formes beaucoup plus distinctes, fournies par l'Afrique, l'Inde et l'Amérique. En 182C et 1827, M. Isidore Geoffroy Saint-llilairc décrivit de nouvelles espèces, et lit connaître plus lard le genre Éricule; M.Gray créa, en 1837, le gcnrcCor«ir«;M. Tcmminck décrivit le groupe des Ilylogales, qui correspond aux Tupaia, et M. Loyère donna, en 1835, la caractérisiiquc du nouveau genre des Euplères, que De Blainville rapproche des Mangoustes ou des Genettes. Wa- glcr, en 183G, a appliqué de nouveau, aux Musaraignes connues jusqu'à lui, les principes de divisions génériques qui avaient été employés par De Lacepède, et il introduisit aussi les bases de la distinc- tion et de la distribution géographique des espèces, ce qui a été adopté par MM. Jennys (1835). Na- thusius (1837), Gray et Duvernoy (1835) : ce dernier zoologiste surtout, et sans avoir eu connais- sance du travail de Wagler, publia sur les Sorex un travail important dont nous donnerons l'ana- lyse. De Blainville [Ann. d'Anatomic el de Phijstoloçjie, t. II, 1858, et d'Ostéofjraphie : Fascicule des Insectivores, 1841) a donné un mémoire, auquel nous avons emprunté plusieurs passages, sur l'an- cienneté des Insectivores à la surface de la terre, dans lequel il résuma tout ce qui avait été dit avant lui sur ces animaux, posa les bases de leur classification, et indiqua les espèces que l'on a trouvées à l'état fossile. Depuis la publication de cet ouvrage, plusieurs travaux ont encore été faits sur les Insectivores; on doit particulièrement citer une notice de M. Isidore Geoffroy Saint-IIihiire, publiée en 18M, sur les Tanrecs et les Ériculcs, la description de quelques espèces du nord de la France appartenant au genre Musaraigne, par M. de Selys Longchamps; une monographie des espèces du même groupe naturel particulières à l'Amérique septentrionale, par MM. Say et Bochman; la description d'une es- pèce nouvelle de Sorex de Madagascar, par M. Charles Coquerel, etc. Enfin, outre les ouvrages de G. Cuvier et de De Blainville sur les Insectivores fossiles, nous devons encore indiquer les travaux de M. Kaup, et ceux de Schmerling, Schlotheim, et de MM. de Laizer, R. Wagner, l'abbé Croizct, Richard Owen, Lartet, etc. Le nombre des espèces d'Insectivores aujourd'hui connu est de près d'une centaine, et leur distinction doit reposer essentiellement sur le système dentaire, qui, pour la plupart d'entre elles, principalement dans les Musaraigni\s, présente une particularité Iranihcc dans le nondjre, la forme ou les proportions des dents. On a donné la caractéristique d'environ trente genres de cette famille, formés aux dépens des Musaraignes {Sorex}, Taupe [Talpii], et Hérisson [Erina- ccus), seuls genres admis par Linné, ou bien qui ont été créés sur des espèces nouvellement dé- couvertes : plus de la moitié de ces genres sont basés sur de bons caractères, tous Irès-dislincis, et les autres peuvent être regardés comme de simples subdivisions sous-génériques. En outre, un H2 ' iiiSTOim': NAiLuiau;. asse2 grand nombre de noms génériques ne devront être considérés que comme synonymes de groupes précédemment créés. Dans l'élude que nous en ferons, nous placerons à la fin de la famille les Hérissons, qui, surtout dans le genre Tanrcc, qui en a, à juste titre, été démembré, présentent un système de.itaire nor- mal, el ()ui se rap|ir(iclie assez de celui des Carnivores. Nous subdiviserons les Insectivores en sept tribus particulières, (pii correspondent aux sept familles indiquées par M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire; seulement, nous intervertirons la disposi- tion qu'il a adûpice dans le but de placer à la léte de notre famille les Taupes, qui, comme le fait remarquer Ik' r>laiii\ille, peuvent élrc considérées comme le type le plus parfait des Insectivores. Cela posé, les tribus que nous adoptons, et dans lesquelles nous n'indiquerons maintenant que les principaux genres, sont les suivantes : 1" Tribu. — Talimdés : Plantes des jjicds nues; corps couvert de poils; yeux Irès-peiits ou nuls; pattes antérieures converties en pelle ou en piocbe. 1" Division. — Talpiens : Membres antérieurs pentadactyles, en forme de pille. Genres : Taupe. Svalope, Coiulijhtre et Urolrique. 2' Division. — Cnnvsocni.oiuEKS : Membres antérieurs tridactyles, en forme de pioche. Genre ; Lhr>isoclilorc. 1' Tribu. — SoRiciDÉs : Plantes des pi<>ds nues; corps couvert do poils; yeux très-petits; pattes antérieures établies sur le même type que les postérieures. Genres : Desman, Hl usaraicjnc, compre- nant un grand nombre de subdivisions particulières, etc. 3" Tribu. — Macroscélidés : Plantes des pieds nues; yeux bien développés; membres postérieurs cxtiemcnient allongés. Genre : Macroscélide. •i" Tribu. — Gï5I^LriIDÉs •. Plantes des pieds nues; corps couvert de poils; yeux et membres pos- térieurs bien développés; queue écailleuse. Genre : GijmnHrc. .V Tribu. — TupAiDÉs : Plantes des pieds nues; corps couvert de poils; yeux bien développes; membres postérieuis également bien développés; queue touffue. Genre : Tupain. i'" Tribu. — Erinacéidés : Corps couvert de piquants. Genres : Tanrcc, Ericule, Hérisson. 1' Tribu. — Eu'LÉRiDÉs : Plantes des pieds velues. Genre : Euplcrc. PREMIERE TRIBU. TALPIDKS. TALPW.E. Isidore Geoffroy Sainl-IIilairo. Plantes (les pieds et des mains nues. Pâlies antérieures converties en pelles ou pioches. } eux tris-petits. Celte tribu correspond à la famille d'Insectivores de M. Isidore Geoffroy Saint Ililaire, qui porte la même dénomination. On n'y comprend qu'une douzaine d'espèces, propres à toutes les parties du monde, l'Océanic exceptée, et (|ui sont réparties dans cinq genres distincts, que Linné réunissait sous le nom géné- rique (le Tulpa. iNûus y formons deux divisions, celles des Talpiess et des Chp.ysoculoi:iens. CARNASSIERS. H5 «Cmmuck U}i MWUCK (JJiviiior). TALPIENS. TÀLPII. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. . Membres antérieurs penladactijles, en forme de pelle. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a créé cette division, qu il nomme famille, el dans laquelle on ne comprend que les quatre genres Taupe, Scalope, Condijlure et Urotrique. 1" GENRE. — TAUPE. TALPA. Linné, 1735. Systems naluras 1. 1. Talpa, nom appliqui' au groupe par Pline. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Stistèmedentaire : incisives,^; canines, \p^;moliùres/!i^,enlotalitéquarante-six dents; lesincisives supérieures sont petites, bien rangées et semblables, sauf la taille, à celles des Carnivores; les infé- rieures sont larges , léqèrement déclives et disposées en arc; en haut les canines sont minces, crochues, tci'minécs en pointe tranchante au bord postérieur, et offrant, de même que les inférieures, cette particularité d'être attachées au maxillaire par deux racines au /icM d'une seule, ainsi que cela se présente ordinairement; en bas ces mêmes dents sont tr'iamjida'ires, fortes, ce qui, 'joint à leurs deux racines, les fait regarder par Fr. Cuvicr comme les premières et les plus grandes des fausses nio- In'ires; h la mâchoire supérieure, il ij a trois petites fausses molaires en rudiment de chaque côté, pu'is une quatrième assez forte, tr'iquètre 'a la base et à couronne formée d'une seule pointe, et enfin tro'is vraies molaires, les deux prem'ièrcs à couronne pourvue d'un bord tranchant avec deux pointes, et la trois'ième triangula'irc, à sommet en dehors et dir'igée transversalement; à la mâchoire inférieure, ihj a deux petites fausses molaires, puis une tro'tsième plus grande, tranchante, pointue, triangulaire, avec un petit talon en arrière, et tro'is vra'ics molaires, égales entre elles, h bord ex- terne tranchant, d'iv'isé en tro'is tubercules aigus et double talon intérieur. De Blainville n'admet pas entièrement cette disposit'ion de système denta'irc, et pour lui la formule dentaire est ! + : 4" Corps petit, trapu, comme ciilindr'ique. Tête large en dessus, allongée, terminée enpo'inte par une espèce de boutoir dans lequel sont per- cées les narines. l'i;;. 38. — ïaui;c comumwc. 13 ^^4 [IISTOIRE NATURELLE. Conques audilives manquant niiiricinciil. Yctt.v Irès-jHlils, h paupures Ins-clroitcs, xiliives an-dessnuH d'un poil tris touffu. IjuiicIic tns-fcndiir, nrmùc de ilotls vinihlcs à l'extérieur et de.stivu'es à broijcr les enveloppes jdus ou moins solides qui entourent le corps des animaux, presque exclusivement des Insectes, dont les Taupes font leur proie habituelle. Livre supérieure divisée. Lanque coiiveNe de papilles molles. (ou court, extrêmemeni musculeux, stirloiil h la face su]>érieure. .Membres très-courts : les antérieurs aussi épais et robustes que les postérieurs sont débiles. .Mains .semblant sortir du corps, h cau.^e de In brièveté du bras et de f avant-bras . très larçjcs, à paume tuu'jour.i tournée en arrière et h bord interne tranchant; les cinq doigts qui les terminent réunis jusqu'à la racine des ongles, qui sont peu arqués, longs, linéaires, arrondis et tranchants au bout. Pieds de derrière h systèmes osseux et musculaire peu développés, et ayant cinq doigts grêles, faibles et munis d'onyles de force médiocre. Point de glandes odoriférantes situées à la base de la queue ou sur les côlés du corps. Estomac membraneux, allongé. Pas de coccum. Queue courte, presque mte, à épidémie plissée en petites lignes circulaires, analogues h celles que présentent les P,ats. Pelaije très-fin, doux au toucher, fort dense, court, sogeux, composé de poils perpendiculaires au plan de la peau . Le genre Taupe [Talpa) a été créé en 1755 par Linné, et comprenait alors plusieurs espèces, qui toutes, à l'exception d'une seule, ont servi de types à des groupes génériques qui en sont très-dis- tincts; c'est ainsi que les Talpa Asiatica et rubra doivent être rapportées au genre CÂrtjsochlora, et que la Talpa longieaudata est devenue le type dn genre Condijlurus. Il n'y restait plus qu'une seule espèce linnéenne, la Taupe oiidinaibe, Talpa Europœa, qui habile l'Europe tempérée et sep- tentrionale, ainsi que l'Italie supérieure, et à laquelle on a réuni deux autres espèces découvertes assez récemment, les Talpa ca;ca, Savi, de l'Ilalic inférieure et de quelques autres contrées de l'Europe, et la Talpa moogura, Siebold, du Japon. Un grand nombre de naturalistes se sont occupés de ce genre; nous citerons surtout les excel- lents travaux d'Et. Gcoffrov Saintllilaire. Fig. 39. — Squolelte de Taupe (.oiniminc. Le système osseux des Taupes, étudié par plusieurs analomisics, particulièrement par Daulicnlon, De niainvilie, Etienne Gcf.ffioy Saint llilaire et G. Ciivicr, présente des paiiiculaiiiès des pins re- marquables, aussi croyons-nous devoir nous y airélcr Les os de ces animaux sont en général durs I CAUNASSIEUS. 115 et résistants, peu eclliileux et fortement éburnés, très-blancs, peu ou ])oint salis de graisse, assez pesants, fortement ailiculés et serrés entre eux. Le squelette offre quelques rapports avec celui des Cliauves-Souris par la forme générale du ironc, court, plus large eu avant et se rétrécissant assez fortement en arriére; mais il est composé d'un plus grand nombre d'os, ce qui tient en partie à ce que les membres sont moins incomplets et que les mains ont besoin de pièces accessoires. La colonne vertébrale est composée de quarante-sept pièces: quatre vertèbres cépbaliques, sept cervicales, qua- torze dorsales, six lombaires, cinq sacrées et onze coccygiennes. La série que forment ces vertèbres est d'un diamètre presque égal, si ce n'est aux lombes, où il se renfle un peu et n'offre guère que les courbures ordinaires : une en dessus, très-prononcée au cou, une autre en dessous, étendue presque jusqu'à la queue, qui se recourbe un peu en dessus. Les vertèbres cépbaliques ont leur corps assez allongé, aplati en dessus comme en dessous, leur arc large, surbaissé, comme bulleux, élargi sur les côtés et tout à fait lisse. La tête en totalité est déprimée, triangulaire, élargie en ar- rière, atténuée en avant et un peu en forme de soufflet, sans traces de crêtes ni d'apopliyses d'in- sertion musculaire; ses condjles articulaires étant larges, presque terminaux, très-distants, et l'angle facial de dix degrés au plus. La cavité cérébrale est proportionnellement assez grande, déprimée, élargie sur les cùtés, mais sans que les différentes fosses soient bien nettement séparées. Les loges sensoriales sont fort peu développées. La mûchoire inférieure est longue, étroite dans sa brandie horizontale, qui est en même temps assez courbée en sens opposé sur ses deux bords, et présentant, dans sa branche verticale, une sorte de palmature trilobée, large. Les vertèbres cervi- cales sont élargies, courtes, les premières cependant bien plus que les dernières; l'atlas est remar- quable par la manière dont il est évasé, élargi en soucoupe à la face antérieure et sans apo- physes un peu marquées; l'axis est plus étroit et son apophyse odontoide est considérable; la troi- sième vertèbre a encore une apophyse épineuse, styliforme, et les quatre dernières n'en offrent plus. Les vertèbres dorsales ont surtout des apophyses transverses très-prononcées, dirigées en avant. Dans les vertèbres lombaires, les trois sortes d'apophyses sont dévelojipées. Le sacrum est comprimé. On remarque des os en Y dans la plupart des vertèbres coccygiennes. Il y a seulement quatorze côtes, qui sont presque arrondies, plus ou moins courbées, de forme médiocre. L'hyoïde, presque con- ligu au sternum, est assez étendu; toutefois son corps est court, peu épais, large, légèrement excavé en arrière. Le sternum, composé de sept pièces, est très-étendu, et cela lient particulièrement à la forme singulière et au grand développement du manubrium; le xiphoide est assez long et terminé par une plaque arrondie; les cornes sternales sont au nombre de sept. Le thorax, formé ] ar les côtes et par le sternum, est étendu, presque conique, sensiblement déprimé et élargi sur les côtés. Les membres sont courts, presque égaux en longueur, mais disproportionnés, du moins pour la force et l'épaisseur, et très-distants par la manière dont sont avancés ceux de devant. Aux membres antérieurs, l'omoplate est principalement remarquable par sa grande longueur, qui égale celle des douze premières vertèbres dorsales, ou celle de l'humérus et du radius réunis, ainsi que par sa grande étroitesse, n'étant dilatée un peu qu'à son extrémité dorsale, où sa forme est triquètre. La clavicule ne se présente pas comme un os long, ainsi que cela a lieu dans tous les autres Mammi- fères, mais c'est un petit os assez semblable à une courte phalange excavée ù ses deux extrémités, traversée obliquement par un gros trou vasculaire, et pourvue, au milieu environ de son bord inférieur, d'une apophyse rentrante et tronquée. L'humérus offre également une forme tout à fait particulière, en ce que ce n'est plus un os long et cylindrique, mais un os plat, presque carré, très- élargi à ses deux extrémités, ce qui produit une forte échancrure de chaque côté, plus large à l'ex- terne qu'à l'interne. Les deux os de l'avanl-bras sont aussi fort courts, mais complets et de forme plus normale : le radius, bien moins long que le cubitus, est droit, un peu comprimé, presque éga- lement large en haut et en bas; il présente supérieurement sa cavité articulaire sigmoïde avec un bec avancé, formant une sorte de petit olécrane en drrière et en dehors, et ayant inférieurement sa sur- face d'articulation transverse, en contre-poulie, à branches très-inégales. Le cubitus est largo, di- laté en fer de hache, transverse, oblique et recourbé vers les deux tiers de l'os. La main continue la forme raccourcie et élargie du bras et de l'avant-bras; le raccourcissement portant essentiellcnieni sur les os du métacarpe et sur les deux premières phalanges, et l'élargissement sur l'addition au bord interne du carpe d'un grand os en forme de C ou de corne comprimée, recourbée et un peu tranchante. Aux membres postérieurs, les formes sont plus normales. Le bassin est allongé, étroit, UG HISTOIRE NATURELLE. tout à fait parallèle au sacrum, avec lequel l'iléon, qui est presque cylindrique, se soude solidement dans presque toute sa longueur; le pubis ne se soude pas avec celui-ci du côté opposé, de manière que, se portant tout entier en arrière, il forme avec l'iskion un grand trou sous-pubien très-long, co qui le fait ressembler un peu à un bassin d'oiseau. Le fémur est très-court, quoiqu'un peu plus long que riuimérus, mais bien plus étroit; il est légèrement comprimé, élargi assez fortement en haut par un grand irochanlcr; les deux tubérosiics de l'extrémité inférieure sont presque égales, séparées par une poulie large, peu profonde. I.a jambe, de longueur médiocre, est faible et remarquable en ce que le tibia, assez fortement arqué en deux sens opposés, est comme doublé dans toute sa lon- gueur par un jjéroné soudé intimement avec lui dans sa moitié inférieure, et libre seulement dans son tiers supérieur et à sa terminaison. Le pied, fort petit et tonl à fait plantigrade, est assez court, peu étroit; l'astragale est peu élevé, assez large; le calcanéum, très-large dans sa partie articulaire avec l'astragale, est comme étalé et prolongé en arrière par une tubérosité assez forte et un peu re- courbée en haut; les os du tarse et du métatarse ont a peu près la forme ordinaire : les phalanges sont presque égales, notablement moins longues que les métatarsiens. 11 n'y a guère de différences appréciables dans le squelette des Taupes de sexe et d'âges diffé- rents; cependant le bassin de la femelle se dislingue facilement de celui du mâle en ce que les pubis sont plus fortement soudés entre eux dans celui-ci, et au contraire assez écartés dans celui-là. Les os de la face, en général, et surtout ceux du nez, se soudent de très-bonne heure. Les trois espèces de ce genre semblent constituées tout à fait sur le même type. Pour terminer ce que nous avions à dire sur les os des Taupes, nous devons ajouter qu'il y a d'asse?- nombreux os sésamoides, et qu'il existe un os pènien dans la Taupe ordinaire. Ce dernier os est extrêmement petit et présente la forme d'un dard obtus, un peu courbé dans le sens vertical, et pourvu dans ce même sens d'une petite crête à sa base. Le système musculaire est très-développé dans certaines de ses parties; c'est ainsi que les muscles du cou, et ceux qui font jouer les membres antérieurs, sont très gros pour permettre à l'animal de fouir avec facilité. Les autres muscles ont à peu près leur forme normale, et cela se remarque sur- tout dans les membres postérieurs. La tête est terminée par un boutoir armé à l'extrémité d'un osselet particulier, qui sert à l'animal comme d'une tarière pour percer et soulever la terre, et qui constitue aussi un organe délicat de toucher. D'assez longues moustaches sont placées autour de la base du boutoir; c'est sans doute dans cette partie de la tète que réside principalement le siège du toucher; car la paume des mains et la plante des pieds, tout en étant entièrement nues, sont recouvertes d'une peau roide et calleuse. L'œil est si petit et si bien caché par les poils, qu'on en a nié l'existence, et qu'on a pu même considérer comme tout à fait aveugle l'espèce (Talpa cœca) décrite par M. Savi. Cependant aujour- d'hui, grâce surtout aux observations de M. Krohn, on peut penser, malgré les remarques d'habiles anatomisles, qui semblent démontrer le contraire, qu'il n'en est pas ainsi, et que le nerf optique se trouve dans les Taupes, aussi bien que l'œil; mais le premier est très-faible, très-difficile à voir, et le second présente un ensemble qui rappelle un arrêt de développement dans la formation de l'œil des Mammifères mieux doués sous ce rapport. Malgré cela on n'en doit pas moins noter l'état tout à fait rudimeiitaire de l'organe de la vision chez ces animaux, car cet état est en corrélation avec son genre de vie. Cela nous démontre encore une fois de plus l'harmonie si admirable que Dieu a mise en toute chose; en effet, la Taupe, se trouvant constamment dans des habitations souterraines, n'avait pas besoin d'avoir des yeux parfaitement conformés et qui ne lui eussent été d'aucune utilité; Dieu ne lui en a donc pas donné de complets; mais, en même temps, il lui en a laissé des vestiges dis- posés comme dans les autres animaux. A. G. Dcsmarest s'est assuré par des expériences directes que les Taupes voient, et il a remarqué que leurs paupières pouvaient jouer à droite et à gauche, de façon à ne plus se trouver en face de l'œil, dans certains moments; alors l'œil est tout à fait placé sous la peau, et il y a tout lieu de croire qu'il ne peut plus servir à la vision, si ce n'est pour reconnaître un degré de lumière très- intense, tel par exemple que celui d'un rayon de soleil ou de la déflagration subite de la poudre :'t canon. Ce sujet important est loin d'être encore épuisé, et il serait à désirer que l'on fit de nou- velles recherches. Si l'appareil de la vision est peu développé, celui de l'olfaction l'est en revanche beaucoup. Le CARNASSIEHS. 117 tympan est très-large, l'oiiie est très-fine, bien que la conque auriculaire manque, et que l'oreille externe ne consiste qu'en un long conduit sous-cutané, décrit par Etienne GeoltVoy Saint-llilair^ Les organes reproducteurs présentent chez la Taupe des particularités des plus curieuses. Dans le mâle les organes externes sont très-développés. Chez la femelle, les appareils génital et urinaire dé- bouciient à l'extérieur ])ar deux orifices distincts. La vulve des jeunes femelles n'est pas perforée. Le clitoris est perforé pnr le canal de l'urètre, et à l'extérieur ressemble beaucoup au pénis du mâle. Le seul caractère extérieur qui permet de distinguer les jeunes femelles des mâles, c'est que le pénis de ces derniers est plus distant de l'anus que le clitoris des femelles. Le bassin, comme nous l'avons dit, est très-étroit, mais les pubis ne se joignent pas, de sorte que les organes génito-urinaires et le rectum ne sont pas complètement renfermés dans sa cavité, et que le fœtus, en naissant, ne traverse pas le bassin. Cette circonstance permet à la Taupe de produire des petits, qui, proportion gardée avec la mère, ont un volume plus considérable que dans aucune autre espèce. Le nombre des ma- melles est de huit : deux pectorales, quatre dans la région ombilicale et deux dans la région in- guinale. Les Taupes entrent en amour au commencement du printemps, et ensuite au mois de juillet. Les femelles mettent bas deux fois par an; leur portée est peu considérable et composée de trois à cinq petits et quelquefois d'un nombre moindre; depuis le mois de mars jusqu'à celui d'août, on les trouve accompagnées de leurs petits, qui naissent tout nus et tout rouges. Lanière soigne ses enfants avec beaucoup de tendresse et les dépose sur un lit de feuilles et d'herbes qui tapisse le sol d'une sorte de chambre assez sj)acieuse de ses galeries, dont la voûte est supportée par des piliers de terre, et qui est située dans la partie la plus élevée et la plus sèche du terrier, de façon à être tout à fait à l'abri des inondations. L'intestin n'est pas dix fois aussi long que l'animal; son diamètre est peu considérable et varie peu dans ses diverses régions; il n'existe aucune trace de cœcum. L'estomac est cependant très- ample; il reçoit le cardia à son centre. Pour déchirer la terre et la pousser derrière elle, la Taupe a reçu un instrument merveilleusement approprié à sa destination. Par la disposition ostéologique de ses membres antérieurs, de son ster- num et surtout de ses mains, elle se trouve armée de deux sortes de pelles très-robustes à l'aide desquelles, le museau placé en avant, elle s'avance quelquefois si rapidement dans la terre qu'elle y semble nager. Mais, d'un autre côté, en raison de la gracilité de ses membres de derrière, et parce que le ventre traîne sur la terre, la Taupe se meut aussi péniblement sur la terre qu'elle le fait rapi- dement en dessous. Toutel'ois, et malgré l'opinion universellement admise, nous devons dire que M. Pouchet rapporte, au contraire, que, sur le sol, la Taupe est un animal dont les mouvements sont extrêmement vifs, et qui court avec une si grande rapidité, que l'œil ne peut suivre l'action de ses membres. On considère généralement la Taupe comme nuisible, et on lui fait une guerre active à cause des dommages auxquels elle donne lieu; cependant ce n'est que par exception qu'elle mange les racines des plantes, car sa nourriture consiste presque entièrement en Insectes et en Vers de terre, qu'elle découvre en perçant ses galeries, et auxquelles elle joint, assure-t-on, quelques bulbes du colchique d'automne. Elle se nourrit principalenrent de maus ou larve de Hanneton; mais elle détruit aussi en grand nombre les Courlillères; ce n'est qu'accidentellement qu'on la voit manger des graines ou des fruits tombés des arbres. Eniin, d'après des observations d'Etienne Geoffroy Saint-Ililaire, il arrive parfois à la Taupe de s'emparer, pour construire son nid, de tiges de diverses graminées qu'elle saisit par la racine, et fait descendre verticalement et peu à peu sous terre; c'est ainsi que l'on a trouvé, dit-on, dans un seul nid quatre cent deux tiges de blé parfaitement conservées et avec leurs feuilles entières. Le véritable tort qu'elle cause résulte de la destruction des plantes de prairie ou des céréales qu'elle trouve sur son chemin, et surtout des irrégularités que ses nombreuses taupinières établissent sur le sol, ce qui empêche de faucher aussi près de terre qu'on peut le faire lorsque la surface en est unie. Mais, toutefois, elle rend de grands services en détruisant un trè.s-grand nombre d'Insectes qui nuiraient beaucoup plus qu'elle à l'agriculture; en effet son appétit est extraordinaire, et, pour nous servir de l'heureuse expression d Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, nous dirons « qu'elle n'a pas faim comme tous les autres animaux, mais que, chez elle, ce besoin est exalté, que c'est un épuisement as IIISTOinE NATURELLE. ressenti JHsqn'ù la frénésie. Elle se montre violemment agitée; elle est animée de rage quand elle s'élance snr sa proie; sa gloutonnerie désordonné toutes ses facultés; rien ne lui coûte pour assouvir sa faim; elle s'abandonne à sa voracité, quoi qu'il arrive; ni la présence d'un homme, ni obstacles, ni menaces, ne lui en imposent, ne l'arrêtent. La Taupe attaque ses ennemis par le ventre; elle entre la télé entière dans le corps de sa victime; elle s'y plonge; elle y délecte tous ses organes des sens.» Une Taupe meurt de faim au bout de très-peu de temps, et il est à remarquer que, dans le cas même où sa faim est portée au pins haut degré, elle ne touche presque jamais aux matières végétales qui se trouvent auprès d'elle; qu'au coniraire, si un animal se rencontre à sa portée, elle s'élance sur lui à l'improviste, lui ouvre le ventre el le dévore presque tout entier en peu de temps. Les Crapauds sont à peu près les seuls animaux qui lui répugnent; elle dévore avec avidité les Oiseaux. Si même l'on place dans un lieu fermé deux Taupes de même sexe, la plus faible est bientôt dévorée, et on ne retrouve plus d'elle que sa peau et ses os. Après avoir assouvi sa faim, la Taupe est tourmentée par une soif ardente, tellement que, si on la saisit parla peau du cou, et qu'on l'approche d'un vase plein d'eau, on la voit, dit-on, boire avec avidité, malgré la gène dune telle position. I.a plupart des faits que nous venons de rapporter, et qui sont indiqués par M. Isidore Geoffroy Saint-IIilaire dans le Die- liomiairc classique d'ihslonenaliirdk, sont dus à M. Elourens. Mais nous ajouterons qu'ordinaire- ment les Taupes trouvent assez de larves, d'Insectes parfaits et de Vers sans avoir recours à une autre nourriture. A.G.Desmarest (Dict.f/M-S'c.Jiat., t. LU) a donné de nombreux détails sur les galeries creusées par les Taupes, ainsi que sur les moyens employés pour détruire ces animaux, et nous croyons utile de les transcrire. « Les Taupes vivent isolément chacune dans son système de galeries particulières et elles ne viennent guère au jour que lorsqu'elles veulent changer de canton pour trouver un terrain plus riche en nourriture, ou à l'époque de l'amour, pour le rapprochement des sexes. Les mâles, plus robustes et plus gros que les femelles, creusent des souterrains moins tortueux, et leurs taupinières sont plus nombreuses et plus rapprochées les unes des antres que celles qui appartiennent aux Ira- vaux des femelles. Les jeunes individus ne pratiquent que des boyaux tortueux el offrant à de grandes dislances des taupinières dun petit volume. Selon les saisons, les galeries sont plus ou moins profondes, parce que la température qui résulte de ces saisons a une influence sur les Insectes et les Vers, en les faisant s^enfonrcr plus ou moins dans le sol; les Taupes doivent naturellement les suivre. Selon la nature du sol elles sont aussi plus ou moins snpcrlicielles; ainsi, quand le terrain est sablonneux, les racines sont peu profondes et les Insectes s'enfoncent peu; alor.s«lcs galeries des Taupes rasent pour ainsi dire la surface du terrain et font elles-mêmes une saillie en dessus; au contraire, quand le.terrain est à la fois gras et léger, ces travaux sont profonds et poussés avec une activité telle, qu'ils occupent un développement quadruple au moins des premiers. Une Taupe creuse horizontalement à partir d'un point central, et elle ouvre plusieurs galeries dans des directions différentes, lesquelles se rejoignent entre elles par des boyaux de communication. Les taupinières qu'elle forme de distance en distance ont pour objet de rejeter en dehors la terre fouillée et qui obstruerait le passage; c'est à l'aide de sa tète qu'elle soulève cette terre pour former le soupirail par lequel elle rejette ensuite tous les autres débris dont elle veut se débarrasser. Pour établir son domicile, elle choisit ordinairement un terrain meuble el fertile, et s'éloigne également des endroits pierreux et rocailleux et des lieux marécageux ou seulement très-humides. Dans sa demeure, le point où elle se tient le plus souvent est toujours le plus élevé el le plus sec. Jamais ses galeries ne sont en comniuniralion directe avec l'air extérieur. Elle se livre à ses travaux de mineur principalement vers le lever et le coucher du soleil, el aussi vers midi. En hiver elle est beaucoup moins active qu'en été, mais elle ne tombe point dans un état de torpeur comme divers Insectivores el Ron- geurs. « On fait une chasse active aux Taupes, soit en les poursuivant avec la bêche ou la boue, el en les enlevant avec ces instruments une fois qu'on a reconnu le lieu où elles travaillent, soit en cherchant à inonder leur demeure, soit enfin en plaçant des pièges dans les galeries qu'on a interrompues. Le piège le plus usité et le plus anciennement imaginé est la taupière de Delafa'ille. Il con.siste en un cylindre de bois creux, long de O^.ÎS, dont le diamètre intérieur est égal A celui des galeries ordinaires des Taupes. A chaque bout de ce cylindre est placée en dedans une petite fourche en bois, suspendue supérieurement et d'une manière mobile par l'angle de réunion de ses branches, de ri^ I — ciiifii lionne l-'ij. '2 — Giup^iri l'I lli CARNASSIERS. 419 façon que celles-ci tombent obliquement à la paroi inférieure du conduil; ces fourches sont situées en sens opposé, et leurs pointes se rei;;irdent. Ce piège étant placé dans une coupure que l'on fait à la galerie la plus nouvellement creusée par la Taupe que l'on veut atteindre, sa cavité intérieure est comme la continuation de sa galerie. Or, si la Taupe veut la traverser, elle rencontre d'abord une des fourches, dont elle soulève facilement les branches; mais, lorsqu'elle a passé, celles-ci retombent et empêchenl son retour; de même elle ne peut passer au delà de la seconde fourche, qui s'oppose de la même manière que la première à sa sortie, une fois qu'elle est entre les deux. Une petite tige mobile et terminée par un peu de papier fait connaître par son mouvement que l'animal est pris, et alors on va relever le piège. Un autre piège, inventé par M. Lecourt, consiste en deux branches car- rées et croisées, réunies par une tète à ressort, à la manière des pincettes ordinaires; la tète est en acier aplati; les branches sont en fer, leur exlrcmité est armée dé deux crochets plies en contre- bas et à angle droit, de cinq lignes; sa longueur totale est de O^.SS. Ce piège est tendu, les bran- ches ouvertes, dans le fens des galeries, et une détente empêche le rapprochement des branches; mais, si la Taupe touche à celte détente, elle se trouve immédiatement saisie par les deux branches, qui se rapprochent par l'effet du ressort. » La meilleure manière de prendre un grand nombre de Taupes, celle employée le plus générale- ment par les taupiers, consiste plutôt à les guetter dans leurs travaux du matin, et, quand on en voit une pousser la terre, on coupe vivement avec une bêche le boyau dans lequel elle se trouve, ainsi que derrière elle; alors on est sûr de la saisir dans la taupinière qu'elle forme. Lorsque l'on a reconnu la position d'un nid de Taupe, à l'époque des amours, plusieurs hommes armés de houes QU de bêches se placent autour de ce gîte, et, ù un signal donné, coupent toutes les galeries qui sont en communication avec la chambre où se tient cet animal; ensuite on attaque cette chambre et l'on détruit la Taupe et ses petits. Ajoutons que, loin de détruire les Taupes, des agriculteurs de quelques pays en achètent souvent pour les mettre dans leurs vignobles quand les racines des vignes sont attaquées par les Insectes, et qu'ils s'en sont toujours bien trouvés. Ainsi, les agricul- teurs tireraient peut-être avantage de la propagation des Taupes, car elles leur seraient très-uiiles en détruisant des animaux qui nuisent beaucoup plus qu'elles à leurs cultures, et, comme l'a écrit M. Pouchet, comme l'a dit de nouveau rèccniineiit à la Société eulomologique de France M. Mocque- rys, les Tanpeâ, après avoir détruit les Insectes nuisibles à l'agriculture, ne tarderaient pas à dispa- raître d'elles mêmes, au moins en grande partie, parce qu'elles ne trouveraient plus à assouvir leur faim voracc. Le pelage de ces Insectivores, doux et fin, a été employé comme fourrure, mais rarement, parce qu'il est diflicile de trouver un nombre considérable de peaux qui présentent exactement les mêmes teintes. L'on en fit même, dit-on, des couvertures de lit; mais l'immense quantité de peaux qu'il fallait pour cela, et surtout les frais de fabrication, qui l'emportait.sur leur produit, ont fait renon- cer depuis longtemps à cette industrie. Sous Louis XV, quelques femmes de la cour s'imaginèrent de faire servir cet animal à leur toilette en alliant sa peau aux mouches et au fard dont elles se cou- vraient le visage, elles .s'en firent des sourcils; mais celle mode absurde fut decourte durée. Quanta la chair des Taupes, elle a une mauvaise saveur, se corrompt promptement et n'est pas employée. Ainsi que nous l'avons dit, on ne connaît que trois espèces de Taupes aujourd'hui vivantes; mais à l'état fossile on en a trouvé plusieurs espèces dans des couches géologiques assez récentes, et qui se rapportenl exclusivement au terrain tertiaire. Le plus grand nombre des débris fossiles que l'on a recueillis jusqu'ici doivent se rapporter ù notre espèce vulgaire encore existante, et l'on en a constaté la présence dans un assez grand nombre de localités; c'est ainsi que M. Schmerling en a trouvé dans plusieurs cavernes des environs de Liège; M. Schlotheim dans une caverne près de Kos- trig; M. Richard (Jwen en Angleterre; De Dlainville aux environs de Sansans (.Vude) d'après Jf. l'abbé Lartet, et en Auvergne d'après M. Rravard. De Dlainville indique, mais avec doute comme en étant distincts, sous le nom de Tmipe h dénis aujuis, des débris de mâchoires découverts en Auvergne; mais il décrit comme tout à fait particulières les Talpa minuta et anliquana; la première, recueillie à Sansans par M. Larlcl, et la seconde en Auvergne, et provenant de la collectiun de M. De Laizer. Les caractères ostéologiques ou odonlologiques qu'ofl'rent ces fossiles permettent de les distinguer facilement les uns des autres et d'avec les espèces récentes. Parmi les espèces vivantes, nous ne décrirons que le type. 120 IllSTOIRp; NATURELLE. I,.\ TAl PH. liiifl.iri. TM.fA VULUMIIS. linsson. CABACTÈnEs spÉciFiQLES. — Pelage doux, luisant et d'un noir cendré, qui prend différentes teintes lorsqu'on le voit sous divers aspects; c'est ainsi qu'il est cendré clair, quand on regarde l'animal de- puis la lèle jusqu'ù la queue et que les poils sont couchés en arrière; noir, mais non luisant, lors- qu'on le voit, au contraire, par derrière depuis la queue jusqu'à la tête; noirûlre seulement sur la poi- trine et le ventre. Quand la Taupe sort de l'eau cl qu'elle n'est plus que légèrement mouillée, son pelage présente quelques rcllets métalliques un peu analogues à ce qu'on observe, à un beaucoup plus fort degré, chez les Chrysochlorcs. Le menton et la poitrine sont d'un gris Irès-légèrcmcnl glacé de fauve. La longueur totale, mesurée depuis le bout du noz jusqu'à l'anus, est de O^jl^; la tète, depuis le boutoir jusqu'au centre des oreilles, 0'",004; la main, O^jOlS; le pied, O^jOlS; le pouce, O'^.OOi. Les nuances du pelage que nous venons d'indiquer appartiennent à la majorité des individus; toute- fois elles offrent assez souvent des variations qui ont été mentionnées par les autours. Ainsi Brisson, Klein et Seba ont décrit une Taupe de l'Ustfrise sous les noms de Talpa varicgata et maculala, dont le pelage est marqué de taches blanches et de taches d'un noir foncé; une seconde est la Taupe blanche {Talpa alba), Seba, que l'on trouve, quoique rarement, dans tous les pays, mais qui est plus commune en Pologne et dans le canton de Konschwa, non loin des monts Durais; une troisième est la Taupe jaune [Talpa jlava), Pennant, dont le pelage est d'un gris jaunâtre ou couleur de paille plus ou moins nuancé de noirâtre, symélriquomcnt, dans diverses parties de son corps, et qui se rencontre en Au- nis, au bois de Yincennes, etc.; enfin une quatrième, désignée par Lesson sous la dénomination de Talpa (jrisca, est d un cendré clair uniforme, et provient, dit-on, de Pioliènie. Du reste, ces variétés sont loin de devoir consliiucr des espèces; on remarque également des variations dans la taille de ces animaux, ce qui fait distinguer par les taupicrs des grosses et des pelilcs Tatipcs. La Taupe est connue depuis la plus grande antiquité, et, ainsi que l'a démontré Olivier, elle por- tait chez les Grecs le nom d'As-aix?. Linné lui appliquait la dénominalion de Tulpa Europcva, qui est assez généralement adoptée, quoique le nom de Talpa vulgaris de Brisson soit plutôt admis par quelques zoologistes. La Taupe est répandue dans toutes les contrées fertiles de l'Europe, mais on n'en trouve pas, dit-on, en Irlande, et l'on en voit peu en Grèce. M. Harlan assure que l'espèce existe aussi dans l'Amérique septentrionale; mais ce fait est très-loin d'être démontré; et Lesueur, l'un de nos plus zélés zoologistes, qui a pendant près de vingt ans séjourné dans le pays indiqué par M. Harlan, a plusieurs fois assuré à l'un de nous que, malgré ses recherches, il n'en avait jamais vu. C'est à cette espèce que l'on doit rapporter tous les détails de mœurs que nous avons précédem- ment donnés. Les deux autres espèces sont la Taupe aveugle, Talpa ccvca, Savi, qui est plus petite que la pré- cédente, puisque la longueur totale n'est que de 0°',12, à laquelle elle ressemble beaucoup par sa forme et son pelage; son boutoir est plus aplati. M. Savi la disait tout à fait aveugle; mais il est bien démontré que cela n'est pas exact, car les paupières de cet animal ont encore une ouverture distincte, quoique beaucoup plus petite que dans la Taupe conininne. F.lle a été découverte dans les Apen- nins, mais, depuis, elle a été signalée en Grèce, à Hambourg, en Suisse, dans le midi de la France, et Et. Geoffroy Suint-Ililaire croit même que la variété de l'espèce précédente, indiquée sous le nom de Pcl'ile Taupe, pourrait bien lui être rapitortée. Enfin, la dernière espèce, qui est très-distincte, comme le démontrent les diverses parties de son organisation et de son pelage, est particulière au Japon, et a reçu de Siebold et de M. Temminck le nom de Talpa moogura. CARNASSIERS. 12| 2"« GENRE. - SCALOPE. SCALOPS. G. Guvier, 1800. Leçons d'anatoniie, t. I. ^'.alcT::, Taupe. CARACTÈRES GÉiNÉRKjUES. Sijstciiie dciiiaiyc : incisives, ^; caniues. |j; molaires, |^, ce (lui donne, d'après Fr. Cnvicr, un total de trente-six dents; tes deux incisives supérieures sont très-fortes, très-larges, arrondies en devant, planes en arricYe, perpendiculaires à la mâchoire, et lrûni{uées en biseau : inférieure- ment, les deux incisives du milieu sont petites, tranchantes, et les latérales très-longues, pointues, crochues, presque comme des canines; il n'y a pas de canines; les six premières molaires supérieures sont des fausses molaires : deux ciilindriques, irès-petiles, minces comme des fils; une troisième beaucoup plus grande, eiilindrique. pointue; ime quatrième plus petite, mais de même forme; une cinquième pyramidale, tronquée obliquement au sommet, et une sixième du double plus grande que la précédente, de même forme: les trois vraies molaires ont plus de largeur que les autres, et leurs couronnes sont garnies de tubercules pointus, forts, et munies d'un talun 'ultérieur, petit; les molaires inférieures eomprcnnenl trois fausses molaires à une seule po'tnte, qui sont couchées en avant, et trois vraies molaires composées comme celles des Ciiauves-Sour'is. Museau très prolongé, cartilag'meux, term'iné par 7m boutoir. Yeux très-petits, cachés par des poils. Pas d'oreille externe. Pieds très-courts, à cinq doigts : les antérieurs très-larges, ayant les doigts i-éunis jusqu'à la (tern'icre phalange; les ongles longs, aplat'is, linéaires, propres à creuser la terre, croissant depuis le pouce jusqu'au troisième doigt y compr'is, les deux autres diminuant, et l'externe étant le plus petit de tous : pieds postér'icurs très-petits, ir'cs-grêlcs, à doigts pourvus de petits ongles crochus, arqués. Queue courte. Le geni-e Scalop»^,. formé par G. Guvier avec une espèce placée par Pennant dans le genre Taupe, et par Linné dans celui des Musaraignes, a beaucoup de rapport avec les animaux de ces deux groupes, et surtout avec ceux du premier; mais il en diffère principalement par son système den- taire et par la disposition de quelciues-uns de ses organes des sens. Le corps est de forme allongée, cylindrique, niuscnleux dans toutes ses parties antérieures, qui concourent aux mouvements des pattes de devant, et à ceux qui ont pour but de relever la tête. Gelle-ci est dans la proporlion de la tèle de la Taupe, relativement au volume du corps, et est supportée par un cou très-court, Irès-musciileux. Le museau est encore plus allongé que celui des Musaraignes, garni de plusieurs rangées de pores, terminé par un boutoir, et non flexible et mobile comme celui du Desman. La gueule est assez fendue. Les membres, sont très-courts, pentadactyles, et ceux de derrière parais- sent faibles et débiles, comparativement à ceux de devant, qui sont exactement semblables à ceux de la Taupe, c'est-à-dire terminés par une large main nue et calleuse, dont tous les doigts, soudés intimement les uns aux autres, sont arm s d'ongles forts, crocbus, et formant, par leur réunion, une lance coupante, une sorte de bêche, pour entamer et creuser la terre. Les membres postérieurs sont plantigrades, allongés, ;i talon bien marqué, à doigts grêles, bien séparés, et garnis d'ongles minces, arqués. Le pelage est très-lin, perpendiculaire à la peau, comme celui de la Taupe; mais il est moins doux au toucher, et son aspect est moins velouté. Le squelette de ces animaux, étudié par M. De Blainville, présente quelques particularités à no- ter. La madioirc inférieure a plus de force et plus de courbure dans sa branche horizontale que celle de la Taupe. La colonne vertébrale n'offre rien de particulier, si ce n'est que les vertèbres sacrée et coccygienne sont très-comprimées. L'omoplate a ses fosses canaliculées. La clavicule n'a pas l'apophyse du bord inférieur disposée comme dans la Taupe, et son trou vasculaire est plus 12 10 122 HISTOIRE NATURELLE. ronsidérable. L'iiunénis est un peu plus carré. Les membres postérieurs sont plus grêles, et pro- portionnellemenl plus faibles. . . De Blainville a donné également des détails sur le système dentaire, et, pour Un, la signilication des dents n'est pas la même que pour Fr. Cuvier. Ce système dentaire est anomal de forme, de pro- portions, et même de nombre, du moins à la mâchoire inférieure, et cette anomalie porte surtout sur les parties antérieures. Les mœurs des Scalopes sont analogues à celles des Taupes, seulement, de même que quelques Musaraignes, ces animaux reclierchent les terrains humides, tels que les bords des rivières et des ruisseaux. Ils se creusent des galeries dans le sol. Leur nourriture consiste en Insectes et en Vers. Us sont propres à l'Amérique septentrionale. On non connaît qu'une seule espèce. SCALOPE DU CANADA. SCALOPS CAyADESSIS. G. Cuvier. Car.\ctèbes spécifiques. — Pelage d'un gris fauve, tant en dessus qu'en dessous du corps : chaque poil étant d'un gris de souris à la'base, et' presque fauve à la pointe. La longueur, pour la tête et le corps, est de près de 0"',20, et celle de la queue n'a pas 0'",05. Cette espèce était nommée, par Linné, Sorex aqualicus; parPennant, Talpa fitsca; par Brisson, Talpa Vini'mimHi; c'est aussi une variété de la même espèce, le Scalops Pemsiilvanica, Ilarlan, que Lesson {Manuel de Mammalorfic. 1827) avait prise pour type de son genre Talpasorcx {Tcdpa, Taupe; Sorcx, Musaraigne}, genre qui, dès lors, doit être rayé de la nomenclature, et qui était ca- ractérisé par des particularités odontologiques qui ne sont pas exactes. Le Scalope habite les États-Unis d'Amérique, depuis le Canada jusqu'en Virginie. Le Scalopus cristatus d'Et. Geoffroy Saint-Hilaire est devenu le type du genre qui suit. 3"" GENRE. - CONDYLURE. CONDYLURLS. llliger, 18H. Pi'odroma systCDJatica Mammallum cl .Vvium. KovJuXoç, nreud ; sjp«, queue. CARACTÈnES GÉNÉRIQUES. Stjstème dentaire d'après Fr. Qivier : incisives, f; canines, i^; molaires, f^?, ce qui, en tota- lité, donne quarante dents : les deux incisives supérieures sont arrondies à leur bord externe, tandis que Unième est droit; elles sont convexes en avant, et concaves en arrHix : les inférieures sont fortement dirt(]ées en avant; les canines supéricitres sont lonrjues, pointues, cl un peu en cro- chet, et les inférieures trcs-pctitcs; des motnires d'en haut, quatre sont trls-peliles, distantes : la cinquième est trianfjulairc: les trois vraies molaires sont hérissées de pointes, et vont en diminuant de (jrandeur de la prcmicre à ta dernière: celles d'en bus sont normales, plus grosses que les supé- rieures; les vraies molaires sont d'éçjalc (jrosseur entre elles. Museau irès-prolongé , quelquefois garni de crêtes membraneuses disposées en étoile autour des ouvertures des narines. Pas d'oreilles externes. Yeux extrêmement petits; mais les parties qui l'environnent dépourvues de poils. Lèvres séparées des parties environnâmes par un sillon qui semble former les contours d'autres lettres, et paraissent être doubles. Pieds antérieurs courts, larejes, a cinq doigts munis d'ongles robustes et propres à fouilleT la terre; pieds de derrière grêles, à cinq doigts. CARNASSIERS. 123 Queue de longueur médiocre. Corps trapu, couvert de poils très-fins, doux, courts, d'une couleur uniforme, et perpendiculaires à la peau. \ Fig. 40. — Condviuie ù museau cloilé. Ce genre, créé par llliger, et qui a été réuni à celui des Talpa par G. Cuvier, doit en être distin- gué. Il renferme quatre espèces : l'une d'elle appartenait au genre Sorcx de Linné; une seconde à son genre Taupe; une troisième a ser\i de type pour la création du genre Astromtjclcr (aornp, étoile; |iuxTep, museau) de M. Ilarris (1826, Boston Journal, t. Il), qui n'a pas été adopté par la plupart des zoologistes; enfin, une dernière a été plus récemment découverte. Les Cond\lures ont tout à l'ait le port et l'aspect des Taupes; leurs membres ont la même con- formation que ceux de ces animaux. Leur tête a les mêmes proportions, mais le museau est terminé par des appendices charnus qui forment comme une espèce de couronne autour des narines. Les yeux sont cachés par des poils, et il n'y a pas plus que dans les Talpa de conques auditives. La queue est plus longue que celle des Taupes, mais elle est également revêtue par une peau ridée transversalement, sur laquelle les poils sont rares; le nom générique qu'Illiger leur a assigné semble indiquer que cette queue a des nodosités remarquables, ce qui n'est cependant vrai que dans les individus desséchés, et non dans ceux qui sont vivants ou conservés dans l'alcool. Le système dentaire des Condylures, ou plutôt celui d'une espèce de ce genre, le Condylura crislata, a été étudié par plusieurs naturalistes, et parliculièrement par A. G. Desmarest {Journal de Physi- que, 1819); par Kr. Cuvier [Denis des Mammifères, 1825), et par De Blainville (Ostéographie des In- sectivores, 1 841), et ces trois auteurs sont loin d'être d'accord. Nous avons donné notre caractéristique des dents d'après Fr. Cuvier, et nous nous bornerons à ajouter qu'A. G. Desmarest admet la formule dentaire : incisives, J; dents coniques ou fausses molaires, ^l; et vraies molaires, |^, et que De Blainville dit qu'il y a, à chaque mâchoire, et de chaque côté, quatre incisives, une canine, trois avant-molaires et trois molaires, et que, ces dents ressemblent à celles des Taupes, avec quelques différences de forme et de proportion. Le squelette ressemble à celui des Talpa, mais il montre une dégradation bien plus marquée vers les Musaraignes que cela n'avait lieu dans les Scalopes. La tête est allongée, étroite, peu dilatée dans sa partie crânienne, et les mâchoires, surtout celle d'en bas, sont longues, très-grêles; le crâne est entièrement lisse, il n'y a pas d'orbite distinct, et l'arcade zygomatique est très-mince. Les vertèbres coccygiennes sont plus nombreuses que dans la Taupe, plus longues, plus régulière- ment décroissantes, avec les os en V inférieurs plus nombreux et plus prononcés. Les côtes sont plus grêles. La diminution dans la disposition à la locomotion souterraine se montre surtout dans les membres antérieurs, qui sont pins longs et moins larges : les membres postérieurs sont plus allon- gés, plus élevés et proportionnellement plus forts que chez les Taupes, et le bassin est plus court, mais sa forme générale est la même, si ce n'est dans celle de l'extrémité postérieure du pubis, plus en crochet, et ces diverses particularités tendent à présenter déjà, en partie au moins, ce qui doit avoir lieu dans les Musaraignes. 124 IlISTOir.E NATimi':LLi:. Fr. ruvier dit que les organRs génitaux ne sont pas contenus dans une poche, ci que l'ui'ètfe esl indépendant du vagin; son canal a son orilice à l'extrémité du clitoris. Les animaux de ce genre n'ont encore été observes que dans l'Amérique du Nord, où ils vivent absolument à la manière des Taupes. Toutefois, ils ont une vie un peu moins souterraine, et l'on en trouve quelquefois sur le sol. Les espèces qu'on place dans ce genre sont les suivantes. 1 CÛ.NUYLUIU'; .\ ML;SI:AU l'irOlLlî. CO.yi>\LillA CIUSTATA (SO/lt.V ^ Lumé. CARACTÈnES SPÉCIFIQUES. — Narines entourccs d'un «crclcde lanières membraneuses, disposées en étoile; queue moins longue que la moitié du coips; pelage court, très-doux, un peu moins fin et moins fourni que celui de la Taupe d'Europe; mais absolument du même gris noirâtre velouté. Lon- gueur de la tète et du corps : 0'",12; celle de la queue ; 0'",03. Celte espèce iiabitc le Canada, et a pour cela reçu de Lafaille la dénomination de Tiilpa Ca- luiilcnsis, et de Duffon. celle de Taupe du Canada. De Lafaille assure que cet animal peut à vo- lonté écarter ou lapprocber les franges cartilagineuses roses qui terminent son nez, à la manière du calice des fleurs, en enveloppant et renfermant les conduits nasaux auxquels elles servent d'abri. On ne connaît pas bien les mœurs de cet Insectivore; cependant, on sait qu'il vit sous terre comme noire Taupe, qu'il se creuse des terriers dans les terrains légers, et qu'il pousse la terre en dehors en tau- pinières moins grosses et moins élevées. De ce dernier fait, et des appendices assez fragiles de son nez, on a conclu qu'il ne devait pas fouiller la terre avec son museau; mais, ainsi que le remarque M. Doitard, cela doit être une erreur, car, sans cela, comment repousserait-il la terre de son boyau à la surface du sol? Comment creuserait-il chaque jour de nouvelles galeries pour trouver sa nourri- ture, qui doit consister en Vers, en larves, en Insectes, et peut-être aussi en bulbes et petites racines charnues? 2. CONDYLURE A POIL VERT. CONDYLVU PRASISA. Hanis. Caractèkes spécifiques. — Pelage très-fin, de couleur verte, avec une teinte grisâtre vers l'extré- mité de la queue : celle-ci est très-mince, et étranglée à son origine, ensuite élargie, et amincie gra- duellement vers son extrémité; sa surface n'a ni rides, ni sillons transversaux, et les poils qu'elle porte ne sont pas rangés en verticilles; forme générale du Condylure à museau étoile. Longueur de la tête et du corps ; 0'",12; de la queue : 0"",04. Celte espèce, dont M. Harris a fait le type de son genre Aslromijcler , a été prise aux Étal-Unis, dans le district du Maine. Les deux autres espèces sont : le Condvluiie a grosse queue (Condijltira macrotira), Harlan, remar- quable par une queue grosse et aussi longue que le corps, et qui habile la Colombie, et le Con- DYLCHE a lo.ngue QUEUE (Condtjlnm longkaitdaia), Illiger, espèce douteuse, particulière à la baie d'Iludson, et qui serait caractérisée par son pelage d'un brun ferrugineux, et sa queue plus allongée proportionnellement que dans les autres espèces. I CARNASSIERS. d25 4"" GENRE. - UROTRIQUI:;. UROTIUCHUS. Teniminck, 1842. In Mas.isin de Zoologie de Guérin-Mcnevillo. O'jfa, qucjue, Ifi'î, -fiyo;, poil. CABACTÈRES GÉ.NÉRIQUES. Siistcme (tcittairc : incisives, |; cnniiics, J;^J; molaires, "Z^; en totalité trente-six dents; les inci sives supérieures sont çiramles, droites, iriamjulaircs , très-fortes, formées exactement comme celles du Dcsman des Pip-énées; les inférieures sont droites, coniques, un peu courbées et à talon plus large; tes canines sunl longues, coni.ufo;, couleur vci le. (;.\I!.\CTÈRES GÉNÉRIQUES. Susthne dentaire: incisives, -^s canines, if; molaires, .■;:'■; en totalité quarante dnits; les inci- sives supérieures fortes, aitjucs : les inférieures latérales semblables, avec deux irls-pctilcs dents intermédiaires: molaires supérieures comprenant six fausses molaires, petites, et cinq vraies mo- laires écartées les unes des autres, trianfjuUùrcs, avec un tubercule aiqu à chaque ancjle, et un quatriime h la base de l-anqle interne, qui est le plus prononcé, et la dernière ne présentant qu'une lame mmce, léqerement cckancréc; molaires injcricurcs plus minces que celles d'en haut, mais éga- lement espacées, et pénétrant entre ces dernières lorsque la bouche est fermée. CARNASSIERS. 127 Museau peu prolongé, carhincj'meiix, comme tronqué an bout, nu. et de couleur de chair. Narines environnées de lames valvulaires. Yeux très-pciils. Point de conque externe de l'oreille. Lèvres entières. Lanfiuc douce. Pieils de devant à trois doigts, armés d'ongles robustes et en gouttière, comme ceux de la Taupe : pieds de derrière assez faibles, à quatre ou cinq doigts armés d'ongles peu robustes, et dont l'exté- rieur est le plus court. Corps épais, trapu. Queue nulle. Pelage très-court, doux, perpendiculaire à la peau. Deux mamelles inguinales. Fig. -42 — Cliiysnclilori: du Cap. Ce genre a élé fondé par G. Cuvier, quoiqu'on l'attribue généralement à De LacépèJe, pour une espèce d'Insectivores, vulgairement connue sous la dénomination de Taupe dorée, et que Linné rangeait dans le genre Talpn sous le nom de T. Âsiatica. De P.Iainville, dans son Ostéograpliie des Insectivores, a étudié le squelette du Clirysoclilore. La colonne verlébrale, composée de quarante-deux vertèbres, est, en totalité, plus allongée et plus cy- lindroide que celle des Taupes. La tête est, dans sa forme générale, beaucoup plus courte; la mâ- choire inférieure est très-courte et très-forte dans sa branche horizontale; le rocher est très-grand. Les vertèbres cervicales sont assez courtes; cependant, l'atlas est un peu évasé, et l'axis a un corps très-long. Le sacrum est encore plus étroit et plus en crête que celui de la Taupe. Les vertèbres coc- cygiennes décroissent très-rapidement. Il y a dix-neuf côtes, qui sont fortes et larges. L'hyoïde n'of- fre rien de particulier. Le sternum est allongé, étroit, à cornes nombreuses. Le thorax, en totalité, est beaucoup plus long, plus conique et un peu moins déprimé, que dans la Taupe. Les membres antérieurs en différent beaucoup. L'omoplate est large, arquée en cercle; sa crête, qui ne commence qu'à la moitié de l'os, est remarquable par Indisposition qu'elle présente. La clavicule est longue, étroite, et a une seule courbure. L'humérus est en forme de croissant; la concavité en dedans; l'extré- mité supérieure offre une tête articulaire, comprimée comme dans les Oiseaux. La main est tout à fait anomale, et rappelle un peu ce qui. existe dans certains Kdentés, en ce qu'un seul doigt s'est développé outre mesure; les autres ne servant qu'à le renforcer, ce qui fait qu'on ne peut que diffi- cilement constater la présence des autres doigis. Les membres postérieurs rentrent bien davantage dans le type des Taupes; seulement, chaque moitié de la ceinture pelvienne est encore plus indé- pendante de celle du côté opposé, ces deux parties s' écartant fortement en arrière. Les pieds sont un peu plus robustes que dans la Taupe; les doigts extrêmes sont proportionnellement plus courts, et surtout il n'y a pas de faux doigt interne. D'après les détails dans lesquels nous venons d'entrer, on voit combien les Chrysoclilores sont 128 HISTOIRE NATrRELI.I' dislincls des Taupes sous le point de vue de leur charpente osseuse; il en est de même dans la dis- position des extrémilés des membres. Il n'y a que Irois doigts aux pieds de devant : l'ongle externe est triple en longueur du doigt suivant, et l'intecne est lo plus petit; en outre, il y a un petit ergot corné sessile sur le carpe : les membres postérieurs, d'après la plupart des auteurs, présenteraient cinq doigts comme la Taupe; toutefois. De Hlaiiiville n'en indique que quaire. Mais si ces deux ani- maux différent ainsi, ils ont aussi de nombreux rap|iorls; c'est ainsi que leur forme générale est à peu prés la même, et qu'ils ont des mœurs semblables. Aussi, de même que la Taupe, le Chrysochlore se creuse des galeries sous la surface du sol, cl il paraît même qu'elles sont plus profondément si- tuées pour l'Insectivore étranger que pour celui de notre pavs. Les trois espèces que l'on range dans ce genre soni louics propres au cap de Bonne-Espérance. CIIBYSOCHLORK I»C C.\\>. riinYSOCIlLoniS (.il'i;.\SIS A. (; Desmaicst Caractères spkcifiques. — Corps couvert en entier de poils, dont la base est brune, et l'extré- mité d'un vert brillant qui produit les plus beaux reflets métalliques et cuivreux très-brillants, sur- tout lorsque l'animal est en entier plongé dans un liquide transparent. Un peu plus petite que la Taupe d'Europe; .sa longueur toialo est d'environ 0'",1Ô. ^ Cette espèce porte dans liuffou le nom de Ttitipc don'c, (juclle a vulgairement reçu; Brisson en lait sa Tiilpa Sibirica aurnta, et Linné sa Tulpa Asuilhn. C'est par erreur que, d'après une fausse indication donnée par Seba, on a indiqué la Sibérie comme étant la patrie de cette espèce; elle est, au contraire, africaine, et on n'en trouve que dans les environs du cap de Bonne-Espérance, où elle est, dit-on, trè.s-communo. Deux autres espèces du genre Chrysochlore, toutes deux propres au même pays que la précédente, ont été indiquées récemment : re sont les Clinisochlorh Hollenlota, H. Smith, et Damarensis Ogilby. Quant à la Talpa riibm d'ErxIeben, que l'on croit de la Guyane, et que l'on a quelquefois rangée dans le genre qui nous occupe, on sait positivement qu'elle ne doit pas y entrer, et on la regarde comme une simple variété du Sculops Canadcnsis. DEUXIEME TRIBU. SORICIDIÎS. SOmClD.^.. Is. Geoffroy Sainl-Hiiaire. Plantes des pieds et des mains niics. Corps couvert de poils. Yeux tris-petits , mais bien distincts à l'extérieur. ' Pattes antérieures établies sur te même type que les postérieures. Celte tribu, qui correspond à la famille d'Insectivores de M. Isidore Geoffroy Saint-IIilaire qui porte le même nom, comprend un assez grand nombre d'espèces reparties sur toutes les parties du globe, et qui sont généralement de petite taille. Deux genres principaux, ceux des Desmans et des Musaraignes, forment cette tribu; l'on a créé à leurs dépens un assez grand nombre de coupes génériques que nous n'adopterons pas, alin de ne pas compliquer encore un sujet déjà difficile par lui-même, mais que nous aurons soin cependant d'indiquer. Quant au genre Vrotrique de M. Tcmmin( k, que M. Isidore Geoffroy Saint-IIilaire place avec les Soricidés, nous avons cru, par l'ensemble de ses caractères, devoir le comprendre avec les I CARNASSIERS 129 Talpidés; cela, au reste, est peu important, car, ce genre établissant le passage entre ces deux tri- bus, il était indifférent de le ranger vers la lin de Tune ou au commencement de l'autre i" GENRE - DESMAN. MYGALE. G. Cuvier, 1808. Leçons (l'analoniio, 1. 1. Mu;, Rat ; i%>.n, Belette. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Stistème tlentaire : incisives, |; canines, -f^^; nioUm-es, l^, d'après Et. Geoffroij, pour le Des man des Piirénces, tandis que Pallas, pour le Desman de Moscovie, indique : incisive,':, 'f; dents co niques, f^"; molaires, !;Er|, en totalité quarante-quatre dents. Les incisives supérieures inicruté- '^ diaires so7U triangulaires, très fortes, aplaties; les inférieures petites, égales entre elles; canines ^ moijenncs, coniques, non distinctes par la forme des incisives latérales et des premières molaires; les quatre dernières molaires en haut et les trois dernières en bas de chaque côté, à couronne large, garnie de tubercules ai'jus. Tête moyenne. ♦ Gueule assez ouverte. Narines placées à l'extrémité d'un long prolongement, en forme de trompe très mobile dans tous les .sens et douée d'une grande sensibilité. Pas d'oreilles externes. Yeux très-petits. Membres courts : les cinq doigts de chacun, surtout ceux îles postérieurs, réunis par une mem- brane. Mains et pieds nus. Ongles luiifjs, arqués. Queue comprimée latéralement, écuiUeuse, ce qui la transforme en une sorte de rame. Corps allongé, couvert de poils a.'isez doux Fi". 43. — Dcsraan de Sloscovie. Ce genre a été fondé par G. Cuvier pour une espèce, le Mijgale moschata, placée par Linné et l'allas dans le genre Musaraigne, et avait reçu précédemment, en 1805, de Lacépède ( Tabl. du Règne ani- mal), le nom générique de Desman, tiré de la dénomination de l'espèce avec laquelle on le formait, tan- dis ((ue Fischer (6'(/,s.r., be- lette), et Wagler [Nalurliches Siistcm der Ampliilna. 1 850) celle de Caprios (y.x-M:, Sanglier). Depuis, une seconde espèce, le Sorex Pgrenaicus, Et. Geoffroy, ayant élé découverte, a servi également do 13 n ir,n iiisTomE N.\Tiir.F,i,T.F,. ly|H' :i un f^enrp nouveau qno M. Isidore Geoffroy Saint-llilairc nomme Mijcjalina (illniinnlif de y»/;/- (jttlc), et M. Kanp (/•.'»( G. lùiropa'.i, t. 1, IS^O) Galeiuijt {-^«Xr, Belette; jj.u:, Rat), et qui no diffère (lu ^'enre des Desmans iii'n|)i'enient dits que ])ar sa (|iu'ue moins eonipriniée, ainsi (|Me par (pielqucs parlicularilés de son système di'iitaire. Les caractères des Mygales et des Myyalines ne nous ayant pas paru très-importants, nous avons laisH'^ réunis dans un seul £;roupe les deux animaux qui leur servent de lypes. Les Desmans, dont la taille é£;ale environ deux fois celle du Rat d'eau, se tiennent sur le bord des ruisseaux et des rivières, où ils se creusent des i;aleries souterraines dont l'ouverlure est sous l'eau, el dont une portion est assez élevée pour n'être jamais submergée; ces galeries sont très-longues, car elles ont de douze à quinze mètres, ils nagent très-facilement; les pieds de derrière sont palmés, et leur queue, plus ou moins comprimée, leur sert comme de rames. Ils restent souvent plongés dans l'eau, en faisant seulement sortii' an dehors l'extrèniilé de leur trompe pour respirer. Ils se nourrissent d'Insectes, de Vers et surtout de Sangsues, et aussi, dit-on, des racines de Niimphœn. Ils ne se montrent jamais sur la terre ferme, et vivent isoles ou seulement par couples. Leur corps est assez allongé, couvert de poils très-doux, les uns soyeux, plus ou moins irisés, les autres, au contraire, duveteux et formant une sorte de bourre. Les conques auditives n'existent pas. Les pattes jientadaetyles sont armées d'ongles robustes, les antérieures propres à fouiller, les posté- rieures disposées pour la natation. Ils répandent en tout temps une très-forte odeur de musc, qui se comninni(|ue aux poissons qui mangent leur cliair. La liqueur qui produit cette odeur est sécrétée par une double rangée décryptes glanduleux de la grosseur d'un petit pois, au nombre de quatorze ou quinze de chaque lolè, placés sous la base de la queue. Ils n'éprouvent i)as d'engourdissement hibernal, mais ils se trouvent parfois prisonniers sous lu glace. Le squelette de ces animaux présente quelques particularités, qui toutes pourraient les faire rap- procher de la division des Talpidés jilutôt (|ue de celle des Soricidés, avec lesquels toutefois ils ont un assez grand nombre d'autres points de rapport. Lensemble du squelette ressemble à celui des Musaraignes, mais la tète rappelle tout à fait celle des Condybires, le crâne étant large, déprimé, tout à fait lisse, el l'arcade zygomalique étant complète et liliforme comme dans les Taupes. Les ver- tèbres cervicales sont courtes, en forme d'anneaux, .sans apophyses épineuses; il n'y a que treize ver- tèbres dorsales; les six vertèbres lombaires sont hérissées îles trois sortes d'apophyses; les vertè- bres sacrées sont au nombre de cinq; enliu, et cela doit être noté, on compte vingt vertèbres coc- cygiennes cannelées par des sillons longitudinaux, sans trace d'apophyse, décroissant peu à peu de longueur et de diamètre, de manière à constituer une queue conique, très-pointue. Le sternum est court. Le thorax, également court, est brièvement conique, dilaté fortement en arrière, élargi sur les côtés et déprimé comme dans les Tauixs. Les membres antérieurs ])arlicipent de ceux des animaux de ce ilernier genre el de ceux des Sorex; l'omoplate est longue, étroite; la clavicule droite, courte; l'iuimérus peu développé, robuste; les deux os de l'avant-bras et même ceux de la main rappellent les parties analogues chez les Musaraignes. Aux membres postérieurs, le bassin est ])lus court dans sa partie antérieure que dans la postérieure; le fémur est peu allongé, dilaté, aplati à ses extrémités; la jambe est plus allongée et jtins grêle (jue celle des Sorcr; mais le pied est beaucoup plus long que dans ce genre, principalement par le grand allongement des métatarsiens. D'après ce. parti- cularités, que nous avons empruntées à De Rlainville, on voit qm; les Desmans servent d'une ma- nière parfaite à établir le passage des Taupes aux Musaraignes. Les deux espèces de ce genre sont : i. DliSJIAPi UK MOSCOVlt;. MÏGAI.Ii MOSCOVITICA. V.l. Geoin-ov Saint-Ililaire. C,M!ACTÈr,ES si'ÉciFiouES. — l'clage tiès-bcau et très-luisant, formé de deux sortes de poils, comme celui des Castors, d'un brun plus pâle en dessus et plus foncé sur les lianes; ventre d'un blanc ar- genté; quelques parties blanches sur la face; queue plus courte que le corps, écailleuse, presque nue, étranglée à la base, cylindrique et renflée vers le milieu, très-comprimée verticalement à son extrémité. Longueur de la tête et du corps, (r",2>>; de la queue, 0"',1'J. |.-,„ 1 _ Grabicr. Fj„ 2. — GensItP fossane. l'I. i: CARNASSIERS. 151 Buffon avait parlé fort peu du Dcsnian de Russie; cependant cette cspi^ec avait déjà été sigiialéo par AIdrovande, Clusius, Cliarlelon, Klein et Linné, et ce dernier la nommait Sorex niosclmla; mais elle ne fut bien connue qu'après la description qu'en fit Pallas, qui la désii;nait sous le nom de il/(/f/rt/e mosclilfcrus, et depuis lors elle a été étudiée de nouveau par Etienne Geoffroy Saint-llilaire et par M. lîrandt Celte espèce habite la Russie méridionale; elle est surtout très-commune aux environs de Woro- necli, où les pécheurs la prennent parfois dans leurs filets. Les détails de mœurs que nous avons déjà donnés se rapportent spécialement à elle, car on sait peu de chose sur les liahiludes de la se- conde espèce. 2 DKSJIAN llt;S 1'YIU':NÉES. MVGALI- I^Yn^:^MC^. Kt. Ucollroy Suiul-llilauc, CMt*r.TF,r,ES si'ÉciFrquKs. - Pelage composé de longues soies et de feutre; tout le dessus du corps étant d'un brun marron, les lianes gris-bruns et le ventre gris argenté; point de parties blanches sur la fane; queue pins longue que le corps, cylindrique dans la plus grande partie de sa longueur, di- minuant insensiblement depuis son origine, et verticalement cùni|)rimée à son exirémité Longueur de la têle et du corps, U"',I5, de la (|ucue, 0"',14. V\)i. 44. — Dustnnn ries I^yrt/iiûcs. Ce Desman a été découvert, il y a une trentaine d'années, par M. Desrouais, auprès de Tarbes, dans les petites rivières, (pii y sont fort nombreuses. C'est un animal qui se nourrit exclusivement d'Insectes, et qui répand une odeur liés-forte et très-tenace. Il est moins aquatique que le Uesmau de Moscovie, ainsi que le démontre ,soii organisme. Il a été pendant quelque temps très-rare dans les collections; mais il l'est beaucoup moins aujourd'hui, bien qu'on ne l'ait pas trouve ailleurs ((ue sur le versant septentrional des Pyrénées. 2°"= GENIIIi. — MUSARAIGNE. SOIŒX. Lmne, 1735. SyslciiKi nalurx. Mus iiraJieus , nom ■.\\>\>\'h[U& par les Lalins à ces animaux. CAIIACTÈRES GÉNRIilQUI'S. Siistime deulaire : inchivts, .]; fausses canines on incisives latérales iniermcdiaircs, \_\ on \''\\ moluircs, |^?|, en lotnlilr vinqi-lual ou (rente dents; les incisives supérieures inicrinédinires à doidde 132 HISTOIRE NATURELLE. Cfochel, nyanl un fort éperon -lilué h leur talon; les inférieitrcs nllongécx fiorlavi (troilcx île l'alvéole et ne se recouilmil qu'à l'extrémité; les fausses euuincs. que (jurlques auteurs regardent nmww (les incisives latérales, sont, surtout supérieurciiieut, beaucoup plus petites que les iueiiives itiler- médiaircs; les molaires ont leur couronne large, hérissée de pointes : les supérieures étant plus ijraudes et à tranchant ohlique. Os interniaxillaire iiilericur court. Corps couvert de poils fins, courts, lustrés. Tète tr'es- allongée, terminée par un muffle divisé par un sillon profond, médina. Nez prolongé, mobile, h narines .l'ouvrant sttr les côtés. Oreilles courtes, arrondies, présentant dcu.v opercules qui oeeupeni presque toute la largeur de In conque. OEil tellement petit, qu'il est difficile d'en distiugurr In pupille, noir; pniijiirrcs fortes, chnnines, épni.,rj, Belette), et de LeucoruviNchus (Hr/.'.;, blanc; fj-j/.cç, bec). i" SOUS-GENRE. — MUS.\n.MGN"E. SOltFX. Duvernoy 1854. Mémoire do i.T Sociélé du Muséum d'Histoire ualunilo de Slrasboura, I. 11. ■ Les deux incisives iuférieures h trancliaiit simple, cl les deux supérieures en hameçons, c'est-à dire (»\'Ant un talon en puinle; les trois ou quatre petites dents (pii suivent, à la mâelioire supérieure, diminuant beaucoup de volume de la première à la seconde; aucune n'étant colorée. 13- 18 iss . IiIstuu'.l; inatui;elli!;. Oiili'p ces f ai';icl(''i'os fûndanicnlaux, les Miisaraiiçncs de ce sùus-genre ont toujours les oreilles dé- fouvcrles et ])liis développées que celles des espèces des autres sous-genres; leur pelage est plus sec, moins luisant, moins huileux; elles sont, en général, plus terrestres. Les Sorcx renferment une douzaine d'espèces propres à l'Europe et à diverses régions de l'Afri- que; on en a indiqué une comme venant de Java. A. F.-riXEs .w.^NT mois rrintis di;.nt< i.\TEr.5ii;DiAinES. I. MUSARATGNR COMMUNF;. SOIIFX AnAM:rs l-inmV CviiACir.nrs sff.ciriours. — l'elage gris en dessus, cendré en dessous; dans les |iarlies supérieures du corps, la pointe des poils étant rousse, le gris y prend cette teinte, et le cendré des parties infé- rieures vient de ce que les poils sont terminés par du Idancliâtre : du reste, la couleur vai'ie beau- coup. Longueur de la léie cl du corps, 0'",0(i2; de la queue, 0"'.0r)."). Celle es))éce, qui porte vulgairement le nom de Muselle,., sous lequel la désigne Buffon, et est le type du genre Crecidurd de Wagler, doit é!re distinguée du Sorex Icucoilon, llermaiin, qui a été confondu à tort avec elle. On la trouve assez communément dans les diverses parlies de la France, de rAllemaguc, de l'Italie et de presque toute l'Europe, et principalement dans les bois, où elle se caclie dans les troncs d'arbres, les creux des rochers, sous les feuilles, etc. L'hiver, elle se rap- proche des habilalious et vient se cacher dans les écuries, les granges, les cours à fumier, elc. i. MlS.XRAIO.Mi MA.NGÛL'STii, SOREX lIEIiVIiSTIiS. Piivcrnr.y CARACTÎ;r.ES spÉcirioiEs. — Pelage épais, soyeux, gris-hrun un peu mélangé de gris clair en des- sous; queue grêle. Celte espèce, propre au ca]) de Bunnc-Espérancc, et qui se dislingiie facilement du Sorcx cija- nens, Dnveriicy, du même iiays, csl probablement le Mijosotrx rarius, Smith, Gray. Nous indiquerons, en outre, les Sorex ftavcsccns, Is. Geoffroy, elcrassicaudaiiis, Licliieinstein, propres à l'Afrique équatoriale. D. ESPÈCES AVANT QUATIIE TETITES nENTS IXTERMÉDIAinES. r.. MUSARAKiNn GK.\NTK .SOnPV nWANTrvs. Is. Graffroy Saint-llilaire. CAr.ACïini.s spÉciFiQCEs. — Pelage cendré, légèrement roussàlre en dessus, d'un cendré pur en dessous: (pieue arrondie. La tcle et le corps longs de 0"", 1 1; la queue, 0'",05. Celte espèce, qui est tout à fait distincte des Sorcx Soniicrniii et iiniosurus, se trouve, comme eux, assez communément dans les Indes oiicnlales. Elle est très-incommode par l'odeur musquée qu'elle répand, ce qui, dit-on, fait fuir les Serpents. CAUNASSIFJ'.S. 1:39 4. MUSAUAlG.Mi DK .MADAHASCAIi. SOIIKX MAU.ia.iSCMIIEySIS. Gli. Cu^iucic!. CAiiACTÈnEs srLciKiQits. — l'clagc épais, soyeux, lui.s;uil, d'un gris biunàlre, un peu plus l'onté sur les régions supérieures. Longueur du eorps et de la lùlc, O"'.O09; de la queue, 0"',fl3S. Cette espèce, voisine du SonxiintcUis, De Blainvillo, du cap de Bonnc-tspérance, et du 5. ctrii:,- cus, Savi, provient de Madagascar. 5. !\IUSARMO.Ni; UE TOÏ^CA.NE. SO/iiA UTIiUSCVS. Savi. CAr.ACTÈr.ES srj'ciFiQiTS. — Pelage brun grisâtre en dessus, gris eu dessous. Longueur de la tête et du corps, 0'",05; de la queue, 0"',05. Celle espèce, type du génie Pacinjura de M. Selys Longchamps, habite conimunénient l'Italie, Elle se lient ordinairement sous les racines ou dans les troncs des vieux arbres, dans des anias de paille ou (le feuilles, ou bien dans les trous des digues. Elle se plait particulifrement, pendant l'Iiiver, dans les las de fumier S"" SOUS-GliMlC: — AMniISOr.lCX AUVIIISOUES. Uuvcrnoy, 1.S5i Méuioiitisdc \i Socii'iu du Miim-uii] irilbloire n;ilurclle deSlrasbuuri:, 1. H. A;j.',;, autour: sorex, Musaniigne. Les incisives inférieures à tranchant dentelé; les supérieures fourchues, (iijanl leur talon pni longé; les petites dents (juï les suivent, au nombre de cinq, diminuant (jraduellement de la première il la dernière, qui est rudimenluire; toutes les dents colorées à leur pointe. Les Amphisorcx ont les oreilles repliées et à peu près cachées dans les poils; ils sont moins ter- restres que les espèces du sous-genre précédent, et se trouvent en Europe et dans 1 Amérique sep- tentiionale. C. MISARAIG.NE CAllUIÎI.lCT. SOlinX TETItÀUoyUliVS Iterminn. CauactLres srÉciFiQi'Es. — Pelage ordinairement noirâtre en dessus et cendre brun en dessous; mais le noir du dessus du corps passant parfois au brun, et les flancs variant du brun grisâtre au gris plus clair. De la taille de la Musaraigne commune. Cette espèce, type du genre Corsieu, se trouve, dans presque toute 1 Europe, dans les jardins et dans les granges. Parmi les autres espèces de ce sous-genre nous citerons seulement, pour l'Europe, la Mcsakaigne riAno.N, Daubenton, Sorex constriclus, liermann, pijymœus, Gloyer, et la Musaraig.ve dks Alpes, Sorex Alpinus, Schinis; et, pour l'Amérique du Nord, les Sorex personnatiis, Isidore Geoffroy Saint-llilaire, cl Lcsnerii, Duvernoy. 140 UISTOllŒ NATURELLE. o™« SOUS-GENRE. — UYDUOSOllli.X. llYUItOSOREX. Duvcnioy, 183i. Mémoires de la Sooii^li' iln Muséum d'Hisloire ii.iiurello do Sirasiiourg, I. II. ïJcof, eau; soifj-, Mus.iraignc. Les incisives inférieures li imnehanl simple, du moins sans dentelures mulliples; les incisives supérieures en hameçons; les deux premières petites dents suivantes égales, la truisième un peu plus petite, la quatrième rudinuidaire; la pointe des incisives et celle des molaires plus ou moins colorées. Dans les Ihjdrosorex, les oreilles sont repliées et cachées dans les puils; le bord exieriie ilcs larses est garni d'une rangée de poils roides. Les espèces de ce sousgenre, qui habitent les mêmes pays que celles du sous-genre précéileni, s'en distinguent facilement en ce qu'elles sont essentielle- ment aquatiques. 7^ .MUSAR.AIGNE AQUATIQUE. Daubeiilmi SORE.X C.W!SATl'S llornianii C.\BACTÈ[\Es sPKCiriQUES. — Pelage d'un brun noirâtre en dessus, d'un blanc légèrement gris rous- sâtre en dessous; ces deux couleurs ne se confondant pas 1 une .nvec l'autre sur les flancs; queue offrant à sa face inférieure une ligne blanche très-distincte et composée à son extrémité d'assez longs poils. Longueur totale : 0"", 10, sur lesquels la queue mesure O^.Oo. Cette espèce, type du genre Crossopus, présente de nombreuses variations de couleur qui ont reçu chacune un nom particulier, ce qui fait que la synonymie en est très-embrouillée. On la trouve dans presque toute l'Europe : elle n'est pas rare aux environs de Paris, vit dans les ruisseaux tran- quilles, et attaque des animaux parfois plus forts qu'elle. Une espèce, qui a été anciennement confondue avec elle, est la MusAnAiGKE ror.TE-r.AUE {Sorex rc- mi fer), Et. Geoffroy. i"'' SOUS-GEfiRE. - DRACIIÏSORE.X. DnACUYSonis.X. Uuvenioy, 1842. Magasin de Zoologie de M. Guérin-Méiievillc. B5a-/;j;, couri ; sore.v, Musarai;;ne. L'incisive inférieure aijant deux ou trois deulclures obtuses cpti donnent h son tranchant te ca- ractère de celui des Ampliisorcx; l'incisive supérieure n'offrant qu'un talon pointu ne dépassant pas la petite dent intermédiaire qui la suit, et .se divisant par l'usure en deux talons; il ;/ a quatre ou c'inq petites dents intermédiaires qui ont un talon produisant une petite pointe, double de celle de la partie principale de la dent; molaires supérieures à talon formant une ou deux pijrnniiiles; la seconde fausse molaire d'en bas aijanl sa couronne compliquée d'une ou deux pointes avec un tranchant arrondi en arrière; dents colorées. Les Draclnjsorex, qui correspondent aux Blar'ina de M. Gray, ont les oreilles cachées dans les poils et assez petites. Leur queue est très-courte. Le type est : CAUMSSŒr.S. lil s MLSABAIGINE A UUKVE COl IITK. SOKfY Blll-VICMIi.\nS. Say. Caractères spécifiques. — Pelage d'un noifâlre plombé en dessus et d'une nuance plus claire en dessous; pieds blanes; queue courte, robuste, peu velue, renflée légèrement dans son milieu, dépri- mée. Un peu plus petite que la Musaraigne commune. Cette espèce se trouve dans les États-Unis d'Amérique, principalement dans la province du Mis- souri. Une seconde c=;pècc de ce sous-genre est le Brachiisorcx Ilnrlani, Duvernoy, qui se rapporte probablement au Sorex parvus, Say, et qui habite le même pays que la précédente. Pour terminer l'histoire du genre Musaraigne, il nous reste à dire quelques mots d'une grande espèce de ce groupe naturel que De Blainville indique, ainsi que nous l'avons dit, sous le nom de Snrcx paradnxiis, et dont M. Brandi a fait son genre Solawdon, qui est adopté par la plupart des naturalistes. Le système dentaire de cette espèce, tout en rappelant celui des Soi-cx d'une manière i^énérale, semble aussi se rapprociier d'une part de celui des Desmaiis, et de l'autre de celui des hhrysochlores. C'est donc un des chaînons de la série zoologique. Le Soloiocloii paradoxus, Brandt, habite l'Amérique tropicale et plus spécialement Haïti et Cuba. TROISIÈ.ME TRIBU MACROSCÉLIDÉS. MACROSCELID/E. Is. Geofiroy Saint-Hilairc. Piailles des pieds et paumes des mnins nues (lorps couvert de poils. Yeux bien développés. Membres postérieurs exlrcnieuuul développés. Cette tribu correspond à la famille d'Insectivores de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire; qui porte le même nom; elle ne comprend qu'un seul genre, celui des MAcnoscÉmiEs, propre à lAfrique, qui est des plus remarquables en ce que ses formes générales rappellent celles des Gerboises. GENRE UNIQUE. - MACROSCÉLIDE. MACROSCELIDES. Smith, 1830. In Soulli-Aïnrnii QnarUrly Journal. M«/.;o;, long; o/.eXi:, jambe. CAHACTÉRES GÉNÉRIQUES. Syslème dentaire : incisives, ^; molaires, |"I: les incisives .<:nnt petites; h la mâchoire .<:upérieurc il II a deux fausses molaires de chaque côté et ciiKj vraies; h la mâchoire inférieure (kux fausses molaires abnormales cl trois fausses molaires normales ou h deux racines, cl trois vraies de chaque côté; les vraies molaires ont la couronne creuse nn milieu; l'émail qui borde la couronne est fes- tonné en plusieurs pointes, plus saillantes en dehors snpérieuremenl et moins saillantes en dedans, et le contraire a lieu à la mâchoire inférieure. (DcvtRxov.) Museau cdionrjc, en forme de petite trompe, assez semblable h celle des Desmans, mais plus arrondie. 142 IllSTOiiŒ NATURELLE. Yeux médiocres. Oirillcs (jratnks. Jdiubcs poslciicurcs beaucoup plus loiujues que les antérieures . Mains et pieds plunlKjrades, tous ù cinq duigls et ceux-ci onçiuicnlcs; le pouce. surloiU aux pieils (le (lerrihe, beaucoup plus court et plus reculé que les autres doitjts. Ongles lra}icli(ints, lU faucille, au moins S'^mi-rélrarliles Queue allongée. rif. 5U — Macroscélidu lypo. Ce genre a été créé par M. Smilli, en 1851t, dans un supplément à la Zoologie du sud de l'Afrique, et, la même année, M. Isidore Geoffroy Saiiit-Uilaire {Annales des Sciences naturelles) en donnait une nouvelle description à Paris et denionirail que l'espèce typique n'était aulre que le Sorc.rara- ncus niaxiuius Capensis, décxil et ligure par Peliver dans ses Opcra llisloriuin naluralem spectan- tia, pi. XXIII, fig. y. Depuis, M. Uuveriioy (Méin. de la Société d'Histoire naturelle de Strasbourg) en a fait connaître, tant sous le point de vue zoologiqne (|ue sous celui de l'analomie, une deuxième espèce, et Jl.M. Liclistenstciu etllgilby en oui égalenient décrit plusieurs aulres. Le genre Macroscelide est des plus curieux et est principalement remarquable par la grande dis- proportion que l'on trouve entre ses deux j)aires de membres, les antéric; rs étant beaucoup plus petits que les postérieurs. D'après ce caractère important, ces animaux représentent, parmi les In- sectivores, les Gerboises, qui appartiennent à l'ordre des Rongeurs, et les Péramèles, qui sont de la sous-classe des Marsupiaux; ils ont le port extérieur des uns et des autres; niais la conformation de leurs organes génitaux les éloigne considérablement des Péramèles, qui, au reste, sont plus grands qu'eux, tandis que la forme et la disposition de leurs dénis ne permettent pas de les placer avec les Rongeurs, car elles indiquent iiarfaitement que ce sont de véritables Insectivores. Mais la décou- verte de ce genre est surtout intéressante en ce qu'elle vient montrer la reproduction de types fon- dés sur les mêmes prinei|)es dans des ordres très-diffeients, et elle vient à l'appui de la série paral- lélique si babilement démontrées en zoologie par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Les naturalistes ne sont pas d'accord sur la disposiiion du système dentaire, ni même sur la dé- lerminalion des dents. Nous avons ra]iporté l'opinion de M. Dnvereoy à ce sujet. D après M. Isidore (Geoffroy Saint-llilaire, en procédant d'arrière eu avant, on trouve de cliaque coté, à la mâchoire su- périeure, cinq màchelières, dont la pénultième et lantepènultième sont les plus grosses, et la der- CARNASSIEP.S. HT, iiiùre la plus pelile; celle-ci est de forme triangulaire et n'a que ti'ois pointes, dont deux sont anté- rieures et une postérieure; les quatre autres sont de forme quadrangulaire et ont quatre pointes; en avant de ces cinq mâchelières se trouvent quatre fausses molaires très-comprimées, dont la pos- térieure a deux poinles placées l'une à la suite i\c l'aulre, et les trois antérieures une pointe un peu recourbée en arrière, et un petit tubercule obtus; la troisième fausse molaire, la plus grande de toutes, est séparée des deux antérieures par un espace i peu près égal à la longueur d'une deni; enfin tout en avant se trouve une dent plus longue que les fausses molaires, conique, arrondie à son extrémité, séparée de celle du cùté opposé par un intervalle vide, assez étendu, et qui, d'après l'ana- logie, doit être considéré comme une canine. A la niàclioire inférieure, on trouve de cbiique côté, d'arrière en avant, deux mâchelières de forme quadrangulaire et à quatre pointes, Irèssemblables à la pénultième et à l'antépénultième supérieures; puis une très-longue dent, séparée par un sillon profond, en deux portions: l'une postérieure, triangulaire, à deux pointes; l'autre antérieure, trian- gulaire, à trois pointes; viennent ensuite deux autres mâchelières de forme comprimée, ayant trois pointes placées â la suite l'une de l'autre, et dont l'intermédiaire est la plus grande; puis quatre autres dents très-comprimées, paraissant être des fausses molaires; enfin une dent plus longue, moins large que les précédentes, tournée en avant, se trouvant en contact avec celle du côté opposé et qui paraît être une canine. Ainsi, en résumé, pour M. Is. Geoffroy, les Marroscélides auraient à chaque mâchoire et de chaque côté : neuf molaires dont quatre fausses, une canine et pas d'in- cisive. Enfin, .selon De BlainviUe, la formule dentaire serait : incisives, ^; canines, II]; mo- laires, ^I?, et la disposition générale de ces diverses dents s'éloignerait de celle des Musaraignes pour se rapprocher de celle des Hérissons. I.e squelette des Macroscèlides, d'abord étudié par MM. Isid. Geof/roy et Diivernoy, l'a été depuis par De Ëlainville dans son Osléoyiapliic. La tête, assez raccourcie, toujours triangulaire, et fort large en arrière, rappelle un peu celle des C.brysochlores, par le grand développement de toute la loge auditive, l'état huileux et la grande saillie de la caisse, par la petitesse et la finesse du museau, ainsi que par l'état complet du cadre orbitaire et de l'arcade zygomatique. La colonne vertébrale ressemble assez à celle des Desmans; elle présente sept vertèbres cervicales, treize dorsales, sept lombaires, six sacrées et dix-sept coccygiennes. Le sternum se compose de six pièces, et la première en forme de T étroit et allongé. Les côtes sont comme chez les Musaraignes; il en est de même des membres antérieurs; cependant, ils sont beaucoup plus grêles, et surtout bien plus petits, compara- tivement avec les postérieurs. Ceux-ci sont, au contraire, tout différemment constitués; le bassin est plus ouvert que chez les Sonw; le fémur plus long, moins robuste; le tibia l'est encore plus, et rappelle un peu celui d'un Oiseau par sa gracilité; le péroné est très-mince; le pied est également très-allongé, et égale en longueur les deux tiers de la jambe. Quelques autres particularités anatomiques ont été données par M. Duvernoy, principalement pour une espèce particulière, son Macroscèlides Bozeti. Pour la myologie, on peut surtout remarquer que les muscles propres à produire l'extension du pied sur la jambe, ou de celle-ci s'-.r la cuisse, cl de la cuisse sur le bassin, ont reçu un développement proporti nné à l'usage que l'animal devait faire de ses membres postérieurs. Plus particulièrement destiné à se dresser sur ces extrémités, et à s'avancer en sautant par le redressement subit de leurs différentes parties, le Macroscelide devait avoir, dans les muscles qui servent à opérer ce redressement, une force et un développement extraor- dinaires. Cela a lieu en effet, et c'est la principale modification qui se présente dans le plan général d'organisation de ces extrémités. Les glandes parotides sont minces et étendues. Le corps de l'os hyoïde forme une lame comprimée, aplatie, courbée dans le sens de son bord. La langue est pro- portionnellement très-grande, longue, étroite, obtuse, et sans aspérités sur sa surface. L'œsophage se dilate vers le cardia. Les intestins ont un diamètre égal partout. Le foie est subdivisé en quatre lobes : le moyen présentant deux scissures, et un lobule droit, prismatique, bifurqué, grand; le droit petit, rond, et le gauche oblong, assez développé. La vésicule du fiel est médiocre. Les poumons ont chacun trois lobes. Le cœur est ovale, obtus; son ventricule droit a des parois si minces, qu'elles sont affaissées : de sorte que la forme qu'il conserve vient de son ventricule gauche. Dans l'indi- vidu femelle, étudié par M. Duvernoy, la vessie était assez grande, à parois très-épaisses; les reins étaient grands, ovales; la vulve présentait une large ouverture. Les Macroscèlides ont reçu de De BlainviUe (Ostéoçjiapliie, 1841) le nom de Diposorex (5imu;, lit IlISTOinE ISATUr.ELLE. Bipède; sorcx, Musaraigne), et aussi la dénomination de Miisaraifjncu-Gcyboisrx, qui indique les rapports qu'ils ont avec un des groupes les plus naturels de l'ordre desUongeuis; Lielilcnstein(i853, SaÏKj Tliicre), prenant en considération d'autres particularités, celles de la forme de rextrémité de leur museau, les nomme niiiiiomiix (pw, nez; mus, l\at). Ce sont des animaux de jietite taille, à pe- lage doux, assez long, et qui ne marchent que dilTicilemeiil sur leurs quatre pattes, tandis qu'ils font des sauts successifs, et courent avec agilité au moyen de leurs membres de derrière, ainsi que l'indique toute la disposition de ces parties. Ils se nourrissent principalement d'Insectes et d'autres petits animaux; mais, comme le fait obserTcr M. Duvernoy, leurs dents montrent qu'ils ne doivent pas rejeter entièrement une alimentation végétale, et qu'ils mangent des graines. On croit qu'ils se construi- sent des sortes de terriers où ils se réfugient. Tous leurs organes des sens paraissent très-développés, leur museau, très-allongé, annonce que l'odorat a reçu une grande étendue, que la trompe prolonge encore, tout en lui servant d'organe de toucher actif très-délicat. La grandeur de la caisse, et celle de l'oreille externe, donnent une grande perfection au sens de l'ouïe. Les yeux étant placés de cûté, il n'y en a jamais qu'un qui voit un même objet; enlui, si l'on pent juger de la bonté de la vue par le développement de ses organes, il est probable que cet animal voit très-bien, et que l'un ou l'autre de ces sens l'avertissent fidèlement de tout ce qui se passe autour de lui à une assez grande distance. On connaît aujourd'hui six espèces de Macroscélides; cinq proviennent des environs du cap de Bonne-Espérance, et une de l'Afrique septentrionale. Les deux plus connues sont les suivantes. 1. MACROSCIÎLIDE TYPK. MACnOSCEUDES TYPUS. Smilli. C.\nACTî;nF.s srÉciriouEs. — Dessus du corps re\étn de poils U un gris noirâtre dans la plus grande partie de leur longueur, puis noir, et enlin fauve à la pointe, ce qui, dans leur ensemble, produit une teinte fauve variée de brun; poils de la face concave des oreilles blanchâtres : ceux de la face convexe d'un fauve roussâtre; dessous du corps avec des poils noirs à la racine, blancs â la pointe; face interne des avant-bras et des jambes, mains et pieds, à pelage blanchâtre; queue variée de roux brunâtre et de blanchâtre à son origine, noire dans le reste de son étendue. Longueur de la tête et du corps : 0"", 15; de la queue, 0"',10. Habite le cap de Bonne-Espérance. •i. MACROSCKMDE DE R0Z1£T. 3M f «OSCEl/DES noZETI. Duvernoy Caractères spécifiques. — Pelage d'un gris de souris, plus fauve en dessus qu'en dessous, avec un peu de jaune et de brun; moustaches longues, composées de poils variant de couleur, tantôt jaunes, tantôt gris, tantôt noirs; oreilles ayant peu de poils; queue semblant formée de petits an- neaux écailleux et imbriqués, ce qui tient â la disposition de l'épiderme. et offrant des poils roides, peu nombreux. Longueur de la tète et du corps : 0'°,1G; de la queue, 0'",I2. Celte espèce habite la Barbarie; elle se trouve dans les environs de Bone et d'Oran, et même, assure-t-on, d'Alger. M. Wagner a pu l'observer à l'état de liberté. Ce Macroscélide se tient princi- palement dans les crevasses de grandes roches détachées, sur une montagne rocailleuse située au bord de la mer près d'Oran; il ne creuse pas de trous profonds, mais il fait pour ses petits une espèce de lit dans les broussailles les plus épaisses du palmier nain; il se nourrit de laives d'In- sectes, de Sauterelles et de Mollusques terrestres; incapable de casser la coquille de l'IIelix lacté, il introduit sa trompe dans cette coquille, et ne laisse pas à l'animal le temps de se retirer. Il marche sur ses quatre pattes, mais il se sert de ses longues jambes postérieures pour sauler sur sa proie. 11 fait entendre un très-petit cri ou sifflement quand il est poursuivi. Ses mœurs sont très-douces, et l'iK I l'aiillièic Miàlc 'Cii' r.innirri' le l'I 19. GAlïNASSIERS. 1 tr> l'on peul racilenieiil l« (enir en captivité; on le nourrit avec des i;iaines de plusieurs sortes, mais il préfère à tout autre aliment des Insectes, et, lorsqu'on lui en présente, il les saisit avec avidité. I^es autres espèces de ce genre, provenant loules du cap de Bonne-Espérance, ou plus particu- lièrement de la cùte sud-ouest de ce pays, sont les Miuiuscelidcs rttpcstris, Smhh,jaciiltis (liliino- imjs), Liclisleinsten; inetanotis et Alexamlri, Ogilby. QUATRIÈME TRIBU. TUPAIDÉS. TUPAID^. Is. Geoiïroy Saint-Hilaire. PhinU's des pieds cl paumes des mains mivs. Corps couvert de poUs. Yeux b'ien déveUippés. Membres posicrieiirs normalement développés. Qncite touffue, M Isidore Geoffroy Saint-Ililaire a fondé cette tribu sous le nom de famille, et il la place entre les Euplérïdés et les (j niiiu ridés. On n'y range qu'un seul genre, celui des Tupaia on Cladolmles, propre aux iles de la Sonde, et comprenant des Insectivores grimpeurs. Nous y réuniions le genre fossile des Palreospalax de M. Owen. GENRE IJNKiUE. — TUPAIA. TUPAIA. Itaffles, 1822. l.iimiMti Ti'aiisaiiion i)l Socioly ol LimuIiiii, 1. Mil. Nom lie p;iys de l'ospùce ty[tii|Hi'. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Siistème dentaire : incisives, ^; canines, ^; molaires, l~l\ en totalité, trcnte-liuil dents; les inci- sives supérieures sont petites, arrondies, crochues, les moijennes pins firies (pie les latérales, (pu sont écartées des premières : les iiiférieures sont lonques, olili(pies en avant, les (juatre nnnjennes plus grandes (ptè les deu.r latérales; les fausses molaires, au nombre de ipialre de cliiupie céilé des deii.r màclioires, sont arrondies, Irès-distanles : les malaires normales sont assez serrées, aipint des tubercules sur la couronne : les fausses molaires inférieures sont très-anomales . (Fr. Cuvier.) Corps allongé, ciflindrupie . Tête poiiilne. Yeu.v très-ijrands. Oreilles peu élevées et fort larfp's. Museau très-ulloncjé, terminé par un mufle sur les côtés diKpiel s'ouvrent lis narines. Bouche fortement fendue. Langue douce. Moustaches courtes. Membres à cinq doigts, armés d'ongles aigus ipii se relèviiit el ne s usent pus dans la marelie Paumes des mains et plantes des pieds nues; les piaules s'iippiiipinnt en entier sur le mi/. Queue longue, velue, disliipie. Pelage don.c, épais. Mamelles ventrales, au nombre de (pmtre. 14 19 iM ms'ioini': natiiiu:m,1':. Ce i,'fi)r(' yviiii t-li' fondé par A. G. Dcsiiiarest {Mnnwmlixjic, I8'20| sous la déiioniinntion de ^7/- sori'x (tjlis, Loir; sorcx, Musaraigne]; mais le nom de Tiipaia, créé posléricnrcinont ])ar llafllos (Limicmi Tidiis. of Soc. of Limdon, 1822), a prévalu. On lui a aussi sucressivcmcnt ap|)li(|ué plu- sieurs autres dénominalions qui soni généralement rejetees aujourd'hui; telles sont celles des So- ri'.riilis tsorcx, Musaraii,'ne; r//(.v, I.oiri de lliard [As'iiiiic. /Ji'.viYur/i . t. XIV. 1822;; H:,loqalr (uXr, bois; -^-/.Àn, lieielle) de M. Teniminek (Mo)H>ijrit])h\c tk .Mamimiloiik, t. I, 182l)); Hjilunnis (jà/,, bois; p..;:, Hat) de M. Muller {Vcrtli. Ncrckrt. ov. Ikzill., 1859), et Cladolmlcs (/.).aî«, liranclie; 3o-.iv,.., je marche) de Fr. Cuvier (Dnil.idrs Maumiifhi-x, 182.")), ([iioique ee dernier nom soit runnc quelquefois employé, surtout en iManee. Tupaia T:ni.i. D'après De Dlainville, le système dentaire des Tnpaia a assez d'analogie avee relui des Musarai- gnes; toutefois, il eonimenee en même temps à ressembler à relui des Hérissons. Les inrisivrs supé- rieures sont latérales, coniques, un peu courbées, aiguës, fort distantes; la première plus forte que la seconde : les inférieures sont, au contraire, comprimées, aiguës, les deux premières presque égales, serrées, déclives et terminales, un peu comme diiiis les Makis: la lroisiéii:e beaucoup plus petite et latérale; la première molaire supérieure est de même forme cl grandeur que la premiéic avant-molaire; mais la correspondante inférieure est en forme de canine : il n'y a plus que six vraies molaires de chaque côté et à chaque mâchoire supérieurement comme inférieurement. Le squelette de ces animaux sendjle. au premier aspect, rappeler celui des Kcnreuils, tant par la taille que ]iar la disposition générale des ]iièces qui le constituent, il y a quarante-huit vertèbres : qua- tre cépliali(pu\s, sejil cervicales, treize dorsales, sept lombaires, quatre sacrées et vingt coc(^ygiennes. La tête, en totalité, présente une cavité cérébrale assez grande; une selle tursique étroite; des fosses criblées très-larges; une orbite complète; une fosse temporale peu profonde; des fosses auditives peu développées : la mâchoire inférieure a sa branche horizontale longue et étroite. Les vertèbres cervi- cales sont courtes, larges, entassées, sans apophyses un peu prononcées : les dorsales sont égaleinenl courtes et larges; les lombaires plus fortes. Le sacrum est composé de deux vertèbres soudées; mais dont une seule est articulée avec l'iléon. Les premières vertèbres coccygiennes sont courtes, mais elles vont en s'allonseant et en se rétrécissant vers l'extrémité. L'os livoï-le n une forme particulière. Les CARNASSIERS. K7 côlps sont nu nombre de treize, et produisent, par leur réunion avec les vertèbres et le sternum, un liiorax ti>urt, conique, peu développé. Les meinl)res sont, en ayant quelques rapports avec ceux des MiisaraiLfues, encore plus dans la forme de ceux des Ecureuils que le tronc, par leur allongement et leur élégance. Celte dernière particularité organique indique les mœurs de ces animaux. En effet, loin de se cacher dans des galeries souterraines, ou de resler sur la terre, ils montent avec agilité sur les arbres. Ces liabiludes, et quelques-uns de leurs caractères extérieurs, parliculiérenient celui tiré de leur queue longue et touffue pouvant être relevée sur leur dos. les font ressembler à des Écureuils avec lesquels on les a parfois confondus. Dans une note que M. Paul Gervais a communiquée à l'Académie des sciences en 187)8, ce natu- ralisle ilierclie à démontier qu'un doit placer à côté des Tupaia le genre Miiriiurohins, fondé par M. Waterliouse, et placé par lui dans la sous-classe des Marsupiaux. « En comparant les caractères des Myrmécobies avec ceux des Didelplies, on peut reconnaître, dit M. Paul Gervais, qu'ils s'en éloi- gnent manifestement pour se rapprochei' davantage de ceux des Insectivores, et, en particulier, de ceux des Tupaias. Les caractères extérieurs du Miinnecobhts, ainsi que ceux fournis par l'exannii de son crâne, me semblent, en effet, conlirmer l'opinion (|ue j'avance. La télé osseuse du .Vf/n/ir- cobiits fasciatiis , comparée à celle des Tupaia, présente la même forme gérjèrale ; les orbites, com- plètes dans celle-ci, y offrent, presque à un égal degré, la même particularité; l'angle de la mâchoire inférieure, si différent de ce qu'il est dans les Didelphes, la bran(-he montante de celle-ci et la po'- silion du condyle sont tout à fait semblables II n'y a également (jue deux trous palatins : les anté- rieurs, trè.s-pelits, au lieu de quatre, comme dans les Didelphes, et les dents, quoique différentes eu nombre, affectent la même structure et la même disposition. » Nous avons cru devoir indiquer le rapprochement proposé par M. Paul Gervais; toutefois, comme 11 ri'est généralement pas ailoplé, nous laisserons le genre Myrmécobie avec les Marsupiaux, et nous ne nous en occuperons pas ac- tuellement. On n'a encore donné la description que de quatre espèces de Tupaia; toutes de petite taille, et propres à l'Asie et à la Malaisie. 1. BANXRINGS ou SISRING DES JAVANAIS. TiPAlA JAVANICA. Ralfle.*. Caractères srËciFiQnEs. — Pelage brun, tiqueté de jaunûtre en dessus, et de blanchâtre en des- sous; une ligne blanche droite, naissant sous le cou, et venant, de chaque côté, se terminer au mi- lieu de l'épaule. Longueur du corps : 0'",2l; de la queue, 0'",i^. Habite Java. 2. TUPAIA BU TANA. TUPAIA TAXA, nafflcs. CAnACTÉRES SPÉCIFIQUES. — Pelage brun, tiqueté de jaunTitre en dessus, roux ferrugineux en dessous, ainsi que dans une petite ligne oblique qui s'étend du cou aux épaules. Longueur du corps : C'.'i?; de la queue, ^".IS. Habite Sumatra. 3. l'IŒSS. TUPAIA IKlinrr.lSI-A. Haines. Caiiactèhes spécifiques. — Pelage brun-marron en dessus, blanchâtre en dessous; queue grisilro. Longueur du corps : 0"','2i; de la queue, O"",!:). Se trouve à Java. »4S IIISTOIRE NATURELLE. La dernit'i'c espèce de ce genre, le Titjiitia l'cçiumiits, a été nouvellement décrite, par M. Isidore Geoffroy Saint-Iliiaire, dans le l^oyagv de Bélanger, et provient, comme l'indique son nom, du Pégu. Nous rapprocherons du genre Tupaia le groupe générique fossile, indiqué par M. Owen (1844, ll'isi. hril. foss. ^falllln.). sous la dénoininiilinii de l'uld'ospalux hxi.TH!,;, antique; oTtaXa;, Taupe), qui, tout en ))r(sentant des caractères inlcrniédiaires aux animaux que nous étudions, particuliè- rement au Tiipaia lann, et à ceux des Eri(mles, offre aussi certaines panicularités dos Talpicns. Ce genre Palwospulax ne renferme qu'une seule espèce, le P marjnm, dont quelques débris ont été trouvés en Angleterre CINQUIEME TRIIU . GYMiNimiDÉS. GYMMURW^. Is. GeoUioy Sainl-Hilaire. l'aumes tics mains el plantes dex pieds nues. Corps coiiverl de poils. Ycii.i- hint drvclopprx. Mt'iidircs poslriiciti-s iiorninlemeni dh'cloppés. (Jiiviic criiilliiise. Celte tribu, répondant à la famille du même nom, ne renferme que le seul genre (»;/m»i«»e, tjui lui-même ne cumprcnd (|u une seule espèce habitant la Malaisie GENHE UNIQUE. - GYMNURE. GYMNURA Vigors et Horslield, IS'i? Zoologicil Juunuil, l. III, ij. lu. FuiAvo.-, nu; "Jp», queue. CARACTBUES GÉNÉRIUUES. Siislhne dentaire : incisives, |; luniiics, \z\\ molaires, :;;;; la conformation des dents est à peu pris semblable a celle îles Ili'rissntis; les incisives si(])éricnres siml latérales, simples, en erochel; les deux premières inférieures étroites, déclives, presiiiie terminales, et la troisième latérale, plus petite, en crochet; canines toutes lonqties, étroites, aicftiés, les supé>rieures ont detix racines; îles quatre avant molaires supérieures, trois sont très-petites, simples, coniques, prvsque égales, et lu dernière épaisse, triquètrc, à talon interne; ces mêmes dents, à la mâchoire inférieure, se rappro- chent de celles des Taurecs; les deux premières sont petites, cnuiiiues, obtuses, et les autres moins élevées que les canines; les trois molaires vraies, en haut comme en lias, sont disposées comme dans les Hérissons. (1)k Iîlaiîsvii.i.e.) (Mrps assez peu décjacjé. Museau étroit, allongé, pointu, dépassant la mâchoire inférieure. Oreilles arrondies, )iues. Yeu.v petits. MousHiches ussci longues. Ongles médiocres, rétrai tiles. Queue de mogenne longueur, grêle, nue et sipiameuse diius une pitriie de .-ion étendue. Hnftles le premier eludia les animaux (pii nous oecupeiil, et il les dceiivil s(jiis \e nom de Viverra ggmnura; toutefois, comme ils sont très-distincis des Yiverra ou Civeltes, avec lesquels li; célèbre voyageur anglais les laissait confondus, plusieurs naturalistes eurent à la fois l'idée de les eu sépa- CARNASSIERS. l-i'J rer génériqueniont. Lesson et A. G. Desniarest en l'iance, Vigors el llorsfield en Angleterre, établi- rent en etïet, dans la même année 1827, une coupe générique nouvelle pour le Viverra gijmnura, et, ])ar un heureux hasard, ou plnlôt parce qu'ils aperçurent tous le caractère le plus appareiit de ces Mammifères, les uns el les autres donnèrent à cette subdivision le nom si bien trouvé de Giiin- nura, qui devint générique de spécilique qu'il était, et ils dédièrent l'espèce type à Raflles. Cepen- dant, comme cette transformation de nom est contraire aux principes d'une saine nomenclature. De Blainville (Comptes irndtis de iAcadcmic des Sciences, 1858) proposa de changer la dénomination (leGjmnure en celle d'Eclunosorex U/m-,, épineux; soiex, Musaraigne), qui rappelle les rapports naturels de ces animaux et en même temps la nature de leurs poils à demi épineux. Mais cette mo- dification nouvelle n'a pas été adoptée. Une fois créé, le genre Gyninura fut laissé à côté des Ci- vettes dans la famille des Carnivores; ce n'est que plus tard que MM. Vigors et Horsfield, ainsi que [)e Blainville, démontrèrent que ces animaux, par leur système dentaire et la forme de leur tête, de- vaient être placés dans la famille des Insectivores et établir le passage des Tupaia aux Hérissons, dont ils présentent les caractères communs. Fig; .la. — Gymnure de Raffles. On ne connaît pas les mœurs de ces animaux, et leurs dépouilles n'ont même été envoyées que très-rarement dans nos collections. On n'en a décrit qu'une seule espèce. GYMNURE DE RAFFLES. GYiaMRA RAFFLESII. Vigors et Horsfield. C.\RACTÈnES SPÉCIFIQUES. — Pelage composé de deux sortes de poils : une bourre courte, très- épaisse et très-douce, et un poil long et dur; le corps, les jambes et la première moitié de la queue, noirs; la tête, le cou et les épaules blancs; une bande noire passant sur les yeux. Longueur de la télé et du corps, 0'",ô3; de la queue, 0"','i8. Cette espèce habite les Indes orientales. 150 HISTOIRE NATURELLE. SIXIEME TRIBU. ÉRINÂCÉIDÉS. ERINACEID.^. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Corps couvert de piquanis. Cette tribu, caraclérisée d'une manière complète par son système dentaire d'Insectivore el ses poils rransformés en piquants, caractère des plus remarquables et que l'on ne retrouve que chez les Ecliid- )ii's. dans la division des Monotrèmes, correspond ;^ la famille des Érinacéidès de M. Isidore Geof- Irov Saint-Hilaire. Elle ne renferme que trois yenres. ceux des Hérisson, Ericule et Tanrec; le pre- mier propre à l'Europe, à l'Asie el à l'Afrique, et les deux autres particuliers aux îles de Bourbon et de Madagascar. 1" GENRE. - HÉRISSON. EBINACEUS. Linné, 1735. Syslema iiatur.r. t'rinoceus, nom appliqué aiiciennemenl à l'espèce typique de ce groupe. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Sijslime dentaire : incisives, |; canines, j^; molaires, Î^I; la premicre incisive supérieure est forte, très séparée de l'analogue d'en bas, conienicnte avec elle, tr'es-obluse; tes suivantes sont très- petites el rappellent par leurs formes les fausses molaires; l' incisive inférieure est couchée en avant, parallèle à celle qui lui est contigur; il n'ij a pas de canines; les molaires ne sont plus des prismes saillants, élevées par leur face Iriançinlaire sur une hase, celle-ci est confondue avec les prismes, et ces dents sont devenues tout à fait triturâmes; elles se subdivisent en haut et de chaque côté en trois fausses et quatre vraies; les deux premières fausses molaires n'ont qu'une seule racine et la première est la plus grande; la troisième est à plusieurs rac'ines, sa face interne offre un tubercule pointu qui l'épaissit beaucoup: la première molaire vraie est remarquable par le tubercule principal de la face externe et la petite partie tranchante de sa base aulérieure; elle présente, en outre, plusieurs pointes; la deuxième, tout à fait triturante, csl à peu près carrée, avec une pointe h chaque angle; la tnn- sième, qui est plus petite que la deuxième, lui ressemble pour la forme; la dernière est petite, com- primée d'avant en arrière, tranchante, avec une ou deux petites échancrures sur le côté externe de son tranchant; les molaires inférieures sont de chaque côté au nombre de quatre fausses et trois vraies; les trois premières fausses molaires n'ont qu'une seule racine, c'est la moiienne qui est la plus grande, les deux autres étant à peu près d'égale grandtur; la dernière présente trois pointes d'uposccs en triangle; la première et la deuxième vraies mola'ircs sont formées de deux parties, une antérieure composée de trois pointes d'égale grandeur, disposées en triangle, et une postérieure composée de deu.r pointes; la troisième île ces dénis csl très-jietite, avec trois pointes. (Fit. Crvih:ii.) Corps trapu, couvert de piquants en dessus et de poils roides en des.ious, pouvant se rouler par- faitement en boule par la contraction des muscles peattssiers. Museau pointu. Narines .^'ouvrant sur les côtés d'un miille à contour fran'jé, qui dépasse de beaucoup la mâchoire inférieure. Lèvres entières, sans sillon 7ii découpures. Yeux de moyenne taille, h pupille circulaire el agant une troisième paupière qui peut les re- couvrir. Oreilles arrondies, plus ou moins courtes. CAlîNASSlEP.S. loi Pieils coiirls, prcscnltDil Ions cinq do'Kjis, armés d'ongks robustes, propres à fouir la terre. Paumes tics ))i(iiiis et plantes des pieils unes, cjarnies de tubercules saillants, recouverts d'une pran douce. Queue nue, courte ou presque nulle. Mamelles au nombre de dix en totalité : six pectorales et quatre ventrales. t'as de cœcum. Vv' 53. — Hérisson d'Eurupe. I,e genre Hérisson, Erinaceus, liin des plus remarquables de tous ceux de la famille des liisecli vores, a été crée par Linné, qui y comprenait, outre l'espèce connue depuis la plus haute antiquité, VErinaceus Ëuropœus, le Tanrec, son Erinaceus ecaudatus, qui forme aujourd'hui, à jusie titre, le type d'un genre distinct Le nom qui est appliqué à ce genre, et qui lui a été donné depuis très- longtemps, celui de Hérisson, raiipelle la particularité la plus saillante de leur organisme, la pré- sence d'épines qui liérissoit la peau. Le système dentaire de ces Mammifères est des plus remarquables, mais les zoologistes sont loin d'être d'accord sur les noms qu'ils doivent appliffuer aux dents qui le composent. Nous avons donné la formule dentaire admise par Fr. Cuvier, et nous ajouterons, d'après ce savant naturaliste, (jue, dans leur position réciproque, les incisives inférieures correspondent par leur pointe avec la pointe des incisives de l'autre mâchoire; que les fausses molaires inférieures agissent par leur pointe rentre la face interne et postérieure des deux dernières incisives et des fausses molaires inférieures, et que les molaires, opposées couronnes à couronnes, remplissent par leurs saillies les vides qu'elles forment ou qu'elles laissent entre elles, et que la partie antérieure et externe de la première mo- laire d'en bas agit contre la portion tranchante de la première molaire d'en haut, et la face posté- rieure de la dernière molaire inférieure agit contre la face antérieure de la petite dent comprimée qui termine la série des molaires supérieures. G. Cuvier, et d'après lui A. G. Desmarest, admettent pour les Hérissons un système dentaire complet, et la formule qu'ils donnent est : incisives, f ; ca- nines, jzri; molaires, f-';, ce qui, en totalité, donne trenie-qualre dents: pour ces naturalistes les incisives iiiterniédiaires de la mftchoire supérieure sont fort longues, écartées l'une de l'autre, cylin- driques cl dirigées en avant, et les inférieures sont proclives; les canines sont plus petites que le.^ molaires, et ces dernières rappellent un peu celles des Carnivores. PourMM. Etienne et Is. Geoffroy Saint-llilaire, il n'y aurait que deux sortes de dents, et, au contraire de ce que pense F. Cuvier, ce se- raient les incisives qui manqueraient. Enfin De lilainville a également une opinion différente comme on peut le voir par le passage que nous transcrivons de son Oslco(jraphic : « ("hcz les Hérissons proprement dits, le système dentaire est encore aussi anomal au moins que dat.s les Tupaias; en ef- fet, le nombre total de dix dents en haut n'est que de huit en bas, par le manque de l'incisive et de l'avant-molaire intermédiaire, et la forme ainsi que la ])roportion des canines. Les (rois incisives de la mâchoire supérieure sont cnmpléteme.it latérales, simples, coniques, verticales, la première nota- ir)2 msToir.F. NAïunELLE. hleiiit'iil plus longue qui; les deux aulies; les deux de la mandibule sont déclives, suilout la pre- mière, bien plus longue cl plus large. La première maxillaire est Irès-petite, à deux racines et une seule poinîe, comme les ,iv;uU-mol:iires, et celle qui lui correspond en bas est plus large et oblique à la couronne, imbrii|uaiit la dernière incisive. On compte trois avant-molaires en liaul, dont les deux aiilèrieures simples et presque semblables, et la troisième, sorte de principale, est carrée à sa base et triquètre, tranchante, à couronne oblique, tandis qu'en bas il n'en existe que deux, une pre- mière trè.s-petite et une dernière triquètre, soulevée et à trois cornes ù sa partie antérieure, avec un talon simple pour la postérieure. I)es trois vraies molaires d'en liant, la |)renMère et la seconde ont leur couronne carrée, surtout celle-là, avec un tubercule mousse à cha(|ue angle, la postérieure s'é- chappant en outre en un lobe tranchant dirigé en dehors et en arrière, et la troisième beaucoup plus petite, oblique, presque tranchante à la couronne. A la mûchoire inféricnre, les deux premières sont également de même l'orme, si ce n'est que l'antérieure est soulevée par trois pointes et la pos- térieure en talon à deux pointes; quant à la troisième, elle est beaucoup plus petite, cl c'est le talon qui est plus élevé que la partie antérieure, devenue presque rudimentaire. » La disposition des al- véoles offre une série simple de cinq trous arrondis, dont le premier est le plus grand, et le deuxième le plus petit et le plus rentré, et au delà deux séries, l'une externe, d(^ dix Irons, assez bien rap- proches deux à deux, les premiers bien plus petits et plus serrés; l'interne de quatre, en général |)lus grands et comme bilobés. Infèrieurement, il n'y a que onze alvéoles, les quatre premiers ser- rés, ronds, un peu obli([ues, les six suivants deux à deux, plus grands et verticaux, et entin un ilernier évasé et rond. L'importance du sujet dont nous venons de nous occuper nous a engagé à nous étendre aniaiil ([ue nous l';ivons fait; pour plus de détails, nous renvoyons nos lecteurs aux ouvrages des autcuis que nous avons cités et à l'arlicle Hciisson, inséré par. M. Emile liaudemen'. dans le tome M du Diclhmtiairc uiiiversi;! d'Hislairc nulitrcllc. La forme générale du sipielelte des Hérissons revient un peu, parle raccourcissement du tronc et des membres, à celle de la Taupe; le tronc est même encore plus court par suite de la brièveté de la queue. Plusieurs naturalistes, et spécialement liulTon, Daubenton, El. (leoffroy, (1. et l'i'. C.iivier, De illain- ville, etc., se sont occupés de l'osleologie de ces animaux, et nous allons en dire (juelques mots d'a- près le dernier zoologiste que nous venons de nommer. Dans ces animaux, et plus particulièrement dans VEi-iiiaceus Europu-iis pris pour type, il y a quarante sept vertèbres : quatre céplialiques, sejil cer- vicales, quinze dorsales, six lombaires, trois sacrées et douze ou treize coccvgieiines, et toutes ces vertèbres sont en général courtes et fort serrées entre elles. I,es vei'tèbrcs cépliali(pies commencent manifestement la tendance à la brièveté du tronc, aussi bien dans leur partie basilaire, profon- dément canaliculée, que dans les an^s qui composent la voiUc du crâne. Le rocher est petit, pres- que arrondi, convexe, légèrement saillant en dehors Les osselets de l'ouïe sont assez ramassés. La caisse du tympan est formées par un os assez large et laissant une ouverture grande, oblique et arrondie. Le mastoïdien est triangulaire. Le squammeux s'élargit en dehors. La tète osseuse, considérée eu totalité, est courte, ses deux lignes longitudinales forment un angle de 15» environ; ses deux orifices externes sont tout à fait terminaux; ù l'extérieur l'orbite est incomplet et confondu entièrement avec une fosse temporale très-grande, et à rintérieiir la cavité cérébrale ir(]frre toujours de bien prciiioiicé que la loge du lobe olfactif. La mâchoire iiilérieure, ])resi|ue aussi longue que la tète, est forte à cause de sa largeur et de sa brièveté, et offre surtout une courbure générale assez remarquable. Les vertèbres cervicales sont larges, courtes, aplaties dans leur corps, surbaissées dans leur arc, en toit, mais sans apophyse épineuse, sauf l'axis, où elle est même assez peu élevée et arrondie; mais elles ont, au contraire, des apophyses Iraiisverses fortes. Les vertèbres dor- .sales ont le corps également assez large, mais rond, et l'arc serré, presque iiiibrii|ué, avec une apo- |)hyse épineuse large, eonliguc et un peu élevée. Les vertèbres lombaires, à peine plus fortes que les dorsales, ont !e coriis Irès-cylindritpie : leur apophyse épineuse est arrondie, à peine plus élevée, et les tubercules supérieurs des articiilatiinis sont aussi élevés qu'aux dorsales, mais il n'v a pas d'a- po|iliyses Iransverses. Le sacrum, formé par les vertèbres sacrées soudées ensemble, est un peu cu- néiforme. La deuxième vertèbre coccygienne et les suivantes, les antérieures surtout, n'ont plus guère que des apophyses articulaires el transverses et pas d'os en V. L'hyoïde, composé de neuf pièces, a son corps tran.sverse, aplati, dilaté un peu aux extrémités. Le sternum a ]iris le caractère raccourci de tout le squelette; aussi les ciiu] pièces dont il se compose sont elles larges, épaisses et l-'ii;. 1, — f'iutl.'! nchropHfi. V\«. i. — Chncal, PI. ^(1 CARNASSIERS. 153 assez courtes, sauf le manubrium, qui esl toujours un peu plus long; le xiphoïde, au contraire, est si court, qu'il semble rudimentaire. Les côtes, au nombre de quinze, huit vraies et sept fausses, sont larges, assez fortes, assez longues, courbées en dehors et surtout sur leurs bords; les deux dernières sont même presque toutes droites, très-petites, tandis que la première est notablement plus épaisse et plus courbe. Les membres sont à peu près égaux en longueur, mais les antérieurs sont un peu plus robustes que les postérieurs. L'omoplate, de la longueur de l'humérus, est étroite, triangulaire et à cavité glénoide offrant une apophyse coracoide épaisse, assez avancée. La clavicule est longue, aplatie, et n'offre qu'une seule courbure. L'humérus, assez court, ro- buste dans ses crêtes et ses tubêrosités, présente la particularité unique dans cette famille d'être ouvert dans la cavité olécranienne et de n'être pas percé au condyle interne. L'avant-bras est assez bien comme dans les Musaraignes, le cubitus étant cependant plus large et plus comprimé, et son olêcrane comme tronqué, épais, mais non dilaté, ni contourné. La main est également courte, le carpe compote du même nombre et des mêmes os que celui des Tupaias, seulement avec des formes et des proportions un peu différentes : il y a trois os au premier rang, un à l'intermédiaire et quatre au second, sans compter les sésamoides. Les doigts étant aussi bien dans les mêmes proportions que dans les Musaraignes, les os qui les composent suivent ces proportions; cependant les métacarpiens sont notablement plus courts et plus robustes, et les onguéaux un peu plus longs. Les membres pos- térieurs rentrent aussi dans la forme de ceux des Sorex. Ainsi le bassin s'articule par un iléon assez élargi avec les vertèbres sacrées ; il n'y a pas de symphyse pubienne , quoique les détroits soient considérablement agrandis. Le fémur est très-robuste, aplati, élargi supérieurement par un troisième trochanter en forme de crête, et infêrieurement par une large poulie écartant les deux tu- bêrosités, d'ailleurs fort épaisses. Les deux os de la jambe, en se soudant intimement dans la moitié inférieure de leur longueur, reproduisent ce qui existe dans presque tous les Insectivores, excepté chez les Tupaias et les Tanrecs. Dans le pied, le pouce est plus court proportionnellement que chez les Musaraignes; la tubérosité du calcanêum est plus large, plus recourbée en dessous, et les méta- tarsiens sont bien moins longs en proportion, ce qui indique une marche plus es.sentiellement plantigrade. La rotule est fort épaisse, étroite, semi-cylindri(iue, arrondie aux deux extrémités. 11 n'y a pas d'os du pénis. Les Hérissons sont des animaux de taille moyenne. Leur nourriture ordinaire se compose princi- palement d'Insectes, de Mollusques, de Crapauds et de petits Mammifères Ils sont très-voraces et très-avides de chair; ils peuvent, toutefois, se passer assez longtemps de nourriture. Ils man- gent aussi des racines et des fruits, et quelquefois des bourgeons, mais ils ne montent pas sur les arbres, comme on l'a prétendu, leurs ongles ne pouvant leur permettre de grimper, et ils n'empor- tent pas non plus les fruits en les perçant avec leurs épines, comme on l'a prétendu, car il leur serait, en effet, impossible de se débarrasser ensuite de leur butin. C'est également à tort que les anciens naturalistes rapportaient que ces animaux s'approvisionnaient pour l'hiver dans le creux des arbres; cela ne leur serait d'aucune utilité, puisqu'ils passent en léthargie la saison hibernale. Comme les Lapins, ils supportent aisément la privation d'eau. Pallas dit qu'ils peuvent impunément manger plus d'une centaine de Caniharides .sans éprouver aucun accident, tandis que la plupart des Carnas- siers n'en mangeraient pas une seule sans ressentir les douleurs violentes d'un empoisonnement, et qu'un petit nomWe de ces Insectes leur donnerait inévitablement la mort. Si ce fait, avancé par un naturaliste en qui on doit avoir toute confiance, était vérifié par des observations nouvelles, il serait très-intéressant pour la physiologie, et nous appelons sur lui l'attention des personnes qui pour- raient le constater. Le Hérisson établit sa demeure dans les trous au pied des vieux arbres, sous la mousse, sous les pierres, dans tous les trous formés par les corps qui se trouvent à la surface du sol, ou dans des anfractuosités de terrain. Il y reste plongé dans l'obscurilé pendant le jour, et ne sort guère mo- mentanément du repos dans lequel il est comme engourdi que pour chercher sa proie, ce qu'il fait surtout vers le crépuscule, et, dès qu'il a trouvé la matière animale dont il se nourrit, il la dévore et rentre dans son immobilité. Les formes épaisses de cet animal, ses membres courts, sa marche plantigrade, tout indique un être lourd et indolent; son intelligence est très-bornée, et l'on n'a réussi que très-rarement à l'apprivoiser. H deviendrait très-souvent la victime des Carnivores, s'il n'avait reçu de la nature une armure puissante qui arrête l'impétuosité de ses adversaires. « Cette armure, 15 20 154 HISTOIRE NATLRELLE. dit M. Emile Baiidcment, ne consiste pas dans un organe parliculier créé exclusivement dans ce but; elle n'est autre chose qu'un large bouclier formé par la peau, dont les poils, légèrement modiliés, sont devenus des épines acérées. Ces piquants, qui garnissent le sommet de la tète, le dos, les épaules, la croupe et les côtes du corps, sont de forme conique, et se rétrécissent;! leur base en une sorte de petit pédicule qui les attache à la peau. Ils sont blanchâtres dans les deux tiers de la lon- gueur, présentent ensuite un anneau d'un brun noirâtre, et sont terminés par une pointe d'un blanc terne. Pans toute l'étendue du bouclier hérissé de ces piquants, on ne trouve aucune autre espèce de poils. I,p front et les côtés de la tête, la gorge, la poitrine et le ventre, les aisselles et les jam- bes, sont couverts de poils soyeux et durs, brunâtres ou blanchâtres, au-dessous desquels se trouve une bourre épaisse, presque toujours peuplée par des Parasites. La peau est noire partout où elle est couverte de piquants; elle est d'un blanc roux dans la partie où elle est revêtue de poils; le museau, les oreilles et les doigts, sont d'un brun violet. Le tour des yeux et des lèvres, le mu- seau, les oreilles et le dessus des doigts, sont dépourvus de poils, et on ne trouve que de légères moustaches sur le côté de la lèvre supérieure. La queue, très-courte et noire, est nue el de couleur brune. Quand le Hérisson n'est pas inquiété, les piquants restent couchés en arrière; son corps se présente alors comme une masse oblongue, convexe, portée sur quatre jambes très-courtes dont on n'aperçoit que les pieds, et terminée, en avant, par un museau mince. Mais, est-il effrayé par quel- que bruit, essave-t-on de le saisir ou de le toucher, est-il menacé par quelque Carnassier, il se pe- lotonne aussitôt, en fléchissant la tète et les pattes sous le ventre; ce n'est plus un animal; on ne voit qu'une sorte de boule hérissée de piquants entre-croisés en tous sens, qu'on ne saurait prendre d'aucun côté, et devant laquelle s'arrête l'audace de celui qui l'attaque, qui n'ose aller déchirer sa gueule et ses pattes sur celte pelote menaçante. Cependant,. et ce fait est raconté de- puis la plus haute antiquité, le Renard ne se laisse pas rebuter par ces difûcultés, et il panient, non sans avoir reçu de nombreuses blessures, à forcer son ennemi à se développer. On a pu aussi dresser des Chiens à cette chasse. C'est la peur qui rend le Hérisson immobile pendant cette dé- fense toute passive; c'est aussi la peur qui l'oblige à répandre son urine, dont l'odeur ambrée, dés- agréable, éloigne encore, dit-on. les assaillants. » Quand les Hérissons n'ont rien qui les inquiète, leurs piquants, si hérissés lorsqu'ils se mettent e» défense, sont couchés en arrière les uns sur les autres comme le poil des autres Mammileres. Pour que ces Insectivores puissent, ainsi que nous lavons dit. hérisser si fortement leurs piquants, il leur fallait une disposition particulière de certains de leurs muscles. C'est ce qui a lieu eu effet, et leurs peaussiers sont très-développés et disposés d'une manière admirable pour cet usage, ainsi que pour permettre aux diverses parties de l'animal de se transformer en une espèce de boule. Les intestins sont assez développes; mais il n'y a pas decœaim. Les épiploons. le foie, h rate, les reins, sont loges dans d'énormes paquets de graisse; et ces paquets graisseux, très-volumineux avant l'époque où l'animal doit se mettre en léthargie, le sont, au contraire, très-peu à celle où il son de son état d'engourdissement annuel. C'est, en quelque sorte, une espèce de nourriture qui sert & con- server la vie à ces animaux pendant qu'ils ne prennent pas de nourriture extérieure. La parotide, les glandes maxillaires, sous-maxillaires et cervicales, peuvent quelquefois ne former qu un seul et même appareil réuni au thymus. Le système nerveux présente des dispositions particulières; nous nous bornerons à noter que la moelle épinière se termine, assure-t-on, à la deuxième vertèbre lom- baire; le nerf optique est presque rudimentaire, et il en résulte que leur rae est faible et très-peu étendue, surtout pendant le jour. Si les Hérissons passent le jour dans un état d'inaction et de somnolence à peu près complet, et s'ils restent cachés dans les pierres, sous les troncs des vieux arbres ou dans la mousse qui couvre leurs racines, ils deviennent, au contraire, assez actifs pendant la nuit, et marchent presque toujours, n'approchant pas des habitations et recherchant la proie dont ils doivent se nourrir. On ne les voit pas boire, dit-on; quoiqu'ils mangent beaucoup, ils peuvent supporter une longue diète, ils sont très-carnassiers, et mangent parfois des cadavres de grands Mammifères nouvellement morts, et qu'ils trouvent dans les bois. Ils font mouvoir sans cesse autour d'eux leur mufle, à la manière des Co- chons, fouissent la terre à une petite profondeur, et prennent le vent avec une très-grande délica- tesse. Ils se jettent A l'eau quand le péril est imminent, et nagent pendant longtemps avec une grande facilité. Un fait très-remarquable a été signalé par MM. Prévost et Dumas sur la résistance qu'oppose CARNASSIERS. 155 f Hérisson û l'asplijxie; plusieurs fois ces savants l'ont vu, après un séjour de douze à quinze mi- mites sous l'eau, reprendre rapidement ses facultés et courir comme auparavant, tandis que la plu- part des animaux à sang chaud auraient trouvé, dans cette immersion, une mort très-prompte. Ils ne causent que peu de dégâts dans les jardins et dans les parcs; ils peuvent même y rendre d'utiles services, en détruisant un grand nombre de petits Mammifères, d'Insectes et de Mollusques nuisi- bles. Il parait que sur les bords du Tanais et à Astracan, on les élève dans les maisons comme les Chats, et qu'ils rendent à peu près les mêmes services que ces Carnivores. On en voit parfois, dans nos climats, en domesticité; on peut même les faire obéir à la voix de l'homme, et l'on en a vu qui se déroulaient et se laissaient manier sans cesse au commandement de leurs maîtres. La captivité leur est néanmoins odieuse; la mère abandonne ses nouveau-nés dans l'esclavage dès qu'elle peut s'en tirer elle-même; l'on amême remarqué des femelles, étroitement renfermées, dévorer leur progéniture. L'accouplement a lieu au commencement du printemps, et c'est pendant la nuit que les mâles re- cherchent leurs femelles. Les testicules sont gros, presque cylindriques, dépourvus de scrotum; les vésicules séminales ont un volume beaucoup plus considérable que celui des testicules, et forment, de chaque côté, de trois à cinq paquets, composés chacun d'un tube à parois minces et membraneuses, qui se replient un très-grand nombre de fois et se réunissent ensuite en un canal unique; il y a, en outre, des vésicules accessoires également très-développées, et que l'on ne doit pas confondre, comme l'ont fait certains naturalistes, avec les prostates, qui manquent chezces animaux, ainsi que les glandes de Cowper. La verge est dirigée en avant, et comme découpée en trois lobes figurant un trèfle. Les reins ne sont pas divisés, et leurs capsules en sont à peu près le seizième en volume. Les organes fe- melles n'offrent guère de particularités différentielles; cependant, l'ovaire est également très-divisé. A l'époque des amours, les vésicules séminales sont exiraordinairement gonflées, et les testicules se glissent en quelque sorte du bas-ventre sous la peau du périnée ou sous celle de l'aine. Les piquants de la peau ne forcent pas le Hérisson à s'accoupler face à face, debout ou couché, comme l'avaient supposé plusieurs naturalistes; il s'accouple à h manière des autres Mammifères. On ne sait pas au juste la durée de la gestation; mais c'est vers la fin de mai qu'on trouve les jeunes nouveau-nés. La portée est de trois à sept petits, dont la peau est blanche et parsemée de poils qui indiquent la place des piquants. Ils naissent les yeux et les oreilles fermés. Pendant l'hiver, les Hérissons se retirent dans des trous où ils restent plongés dans un engour- dissement léthargique complet. Dans l'état de veille, leur température, comme celle des autres ani- maux hibernants, est à peu prés aussi élevée que celle des Mammifères qui n'hibernent pas, et elle est d'ailleurs toujours plus élevée que la température de l'atmosphère, bien qu'elle soit un peu en rai- son de celle-ci. Parmi les animaux hibernants, le Hérisson est un de ceux qui s'engourdit le plus fa- cilement et le plus profondément; il tombe dans l'état léthargique quand le thermomètre est encore à six et même à sept degrés au-dessus de zéro. En se réveillant, il lui faut de cinq à six heures pour reprendre sa température ordinaire, et, si une excitation ou une température plus élevée l'é- veille, il retombe ensuite dans son engourdissement quand cette même température vient à changer. Dans nos pays, la chair des Hérissons n'est pas estimée; elle ne laisse pas de l'être cependant en Espagne, où elle passe pour une viande de carême. Anciennement, on se servait des peaux de ces animaux pour démêler ou serancer le chanvre; mais, maintenant, on emploie des peignes dont l'u- sage est infiniment préférable. On ne connaît d'une manière bien complète que deux espèces de Hérissons, qui sont propres à l'Europe, tant tempérée que septentrionale; toutefois, dans ces derniers temps, on a donné la des- cription de sept autres espèces qui seraient particulières à l'Asie et à l'Afrique, et qui sont encore loin d'être connues d'une manière assez suffisante pour être définitivement admises dans le catalogue des Mammifères. En outre, certaines espèces, autrefois placées dans ce groupe naturel, ont dû, mieux étudiées, servir de types pour des genres distincts ou rentrer dans des divisions déjà créées. C'est ainsi que les Hérissons de Madagascar et soyeux, plus connus sous les noms de Tanrec et de Ten- drac, forment les genres Tanrec et Ériculc; que le Hérisson de Sibérie n'est qu'une variété du Hé- risson d'Europe; que les Hérissons de Malacca et d'Amérique sont des espèces de Porcs-Epics, et, enfin, que les Hérissons cuirassés sont des Tatous. On a signalé, à l'étal fossile, des débris qui doivent se rapporter à ce groupe naturel d'Insecti- vores. C'est ainsi que M. Schmerling a trouvé, dans les cavernes d'Engihoul et d'Engis, auprès de 156 HISTOIRE NATURELLE. Liège, des fragiiienls de trois donii-màc'lioires inférieures qui doivent, sans nul doute, se rai)porlcr au îlérisson commun, VErinacens Europœus; et, ce qui est digne de remarque, c'est que ces os se sont rencontrés, brisés et dispersés comme ceux des espèces éteintes, à différentes profondeurs dans la terre à ossements, et par conséquent avec des débris d'espèces que l'on regarde comme perdues. De Blainville décrit aussi des débris fossiles de trois espèces plus ou moins voisines des Hérissons, et découverts, en Auvergne, dans un terrain fluviatile. Ce sont : ^° son Erinaccus Arvernensis, fondé principalement sur une portion à peu près complète de tète, découverte par M. l'abbé Croi/et, et dont les dents montrent un grand rapprochement avec celles de uos Er'uiuccus aujourd'hui exis- tants; 2» son Erinaccus soricbioidcs, qui comprend une moitié gauche de mflchoirc inférieure qui se rapporte à un animal fossile représentant un degré d'organisation insectivore intermédiaire aux Mu- saraignes et aux Hérissons, et dont la taille était assez considérable; et 5° son Eiinacctis [Ccnicics] antiquus, provenant de la collection de M. De Laizer, et consistant en un fragment de mandibule du côté gauche; ce dernier fossile semble se rapporter à une espèce du genre Tanrec, ce qui est on ne peut plus remarquable, puisqu'on ne retrouve plus les espèces actuellement vivantes de ce groupe qu à Bourbon et à Madagascar; mais l'on doit encore conserver quelques doutes relativement à cette espèce, car l'on ne connaît pas assez de débris pour pouvoir la déterminer positivement 1. Hr':RISSON. EniXACEr/!. Linné. CAnACTÈnEs sPLciFiQDEs. — Corps oblong, convexe en dessus; tète très-pointue; oreilles courtes, larges, arrondies; yeux saillants; cou très-court; jambes très-basses, laissant toucher le ventre à terre dans la marche; parties supérieures du corps revêtues de piquants roides, très-aigus à leur ex- trémité, à peine longs de ()'",()o, implantés par petits groupes, divergents et s'entrc-croisant dans toutes les directions, ayant chacun la pointe blanchâtre, ainsi que les deux tiers de la longueur de- puis la racine, et un anneau brun dans le commencement du troisième tiers; museau, front, côtés de la tète, dessous et côtés du cou, poitrine, aisselles, jambes, couverts de poils rudes d'un blanc jau- nâtre sale; pieds et queue revêtus de poils courts et roides. Mesure du corps depuis le haut du mu- seau jusqu'à lanus, 0"',20; de la queue, 0"',002. Le Hérisson avait reçu des Grecs le nom (i'E-/m;, cl des Latins celui d' Erinaccus, qu'on lui a gé- nériqucment conservé dans nos nomenclatures zoologiques modernes. Beaucoup de naturalistes ont distingué deux races dans le Hérisson commun, et quelques-uns d'entre eux les ont même regardées comme des espèces dislincies. L'une de ces races porte le nom d'IlKiiissoN-CniE.^ {Er'maccits canhius). Et. Geoffroy, et l'autre cejui d'HiaiissoN-Ponc {Erinaccus suillus, Et. Geoffroy). Leurs caractères particuliers sont tirés de la forme du museau, qui ressemble à celui du Chien dans la première, et qui, dans la seconde, ra])])elle le groin du Cochon. Outre son museau plus court et plus mousse, le Hérisson-Chien n'aurait pas lus crêtes occipitales qu'Etienne Geoffroy Sainl-Hilaire a trouvées dans le Ilérisson-Porc; chez celui-ci l'étendue de la peau couverte de piquants serait moins considérable; la queue serait plus longue et plus mince, et les poils plus grossiers, plus roides et d'un roux foncé. Perraidt assure que le Hérisson-Chien est plus rare, et Ray affirme, au contraire, que le Hérisson Porc ne se rencontre pas en Angleterre. Daubenton, de son côté, après avoir examiné plusieurs Hérissons qu'on lui présentait comme appartenant à l'une et à l'autre de ces deux races, dit ne pas avoir reconnu de différences tant soit peu considérables entre elles; il conteste à Perrault la valeur de ses observations et l'exactitude de ses dessins, en même temps qu'il se sert de la contradiction qui existe entre les assertions de Perrault et celles de liay, comme d'une iiuluctioii contre l'existence des deux races. A. G. Desmarcst semble être du même avis que Daubenton : il pense que les différences qu'on a pu remarquer dans cette espèce ne sont peut-être que des différences de sexes, et nous admettrions ce point comme entièrement éclairci si l'opinion d'Etienne Geoffroy Saint-llilaire, qui est d'un grand poids scientifi(pie, ne venait le con- tredire. CARNASSIERS. 157 On peut regarder également comme variété du Hérisson d'Europe l'animai que Séba désignait sous le nom spéiifiqne de Hérisson de Sibkrie, et que Pallas nomme ErinacensSilnricus; en effet, il ne s'en distingue pas d'une manière bien manifeste et n'en diffère guère que par ses oreilles plus simples et par le bord de ses narines ne présentant pas de découpures. Les détails de mœurs dans lesquels nous sommes entré en parlant du genre se rapportent tous à cette espèce : aussi n'y reviendrons-nous pas. Nous dirons seulement que cet Insectivore fixe son domicile dans les bois ou dans les haies épaisses, et vit dans l'isolement; que sa retraite ordinaire est le creux d'une souche, ou un trou sous une grosse pierre ou une roche, et quelquefois aussi il se cache dans la mousse ou les feuilles sèches. Ce Hérisson se trouve généralement répandu dans toutes les régions de l'Europe, et il semble avoir le Volga pour limite. C'est le seul de nos Mammifères d'Europe dont le corps soit armé d'é- pines et qui jouisse de la propriété de pouvoir se pelotonner et se transformer en boule. Sa chair n'est pas bonne à manger; chez les anciens, il était l'objet d'une chasse importante, parce qu'on se servait de sa peau comme de cardes pour peigner les laines. Pline rapporte que le monopole de cette marchandise, accaparé par la fraude, donnait de grands bénéfices, et qu'il n'est point d'objet sur lequel le sénat ait porté plus de décrets, ou à propos duquel les empereurs aient adressé plus de plaintes aux provinces. Aujourd'hui les piquants sont employés comme épingles dans les laboratoires d'anatomie pour attacher les préparations qui doivent être conservées dans l'alcool. Jadis on s'en servait en médecine contre lincontinence d'urine, surtout contre celle qui suit i)arfois les accou- chements difficiles, et contre l'hydropisie. Lémery dit que sa chair a bon goût et fournit un bouillon diurétique et laxatif, et il rapporte diverses propriétés attribuées à son foie, séché et pulvérisé. Enfin M. Carbarcini de Campiglio a employé assez récemment le fiel, qui a une odeur musquée très- prononcée, pour préparer une eau distillée propre à suppléer au musc. 2. lîÉRISSON A LONGUES OREILLES. ERINACEVS AVRITUS Pallas. CABACTÎ;nES SPÉCIFIQUES. — Museau court; oreilles grandes; piquants non réunis par touffes ou épis à leur racine, séparés et courbés en arrière, dans le repos de l'animal; narines dentelées comme la crête d'un Coq; jambes un peu plus minces et plus longues que celles du Hérisson d'Europe; queue un peu plus courte, conique, presque nue; poils plus fins; museau garni de quatre rangées de nioustarhes; piquants blancs à la base, avec une zone fort élroile de brun noirâtre sur le milieu, et du jaun;itie â leur pointe; iris de l'œil bleuâtre; queue d'un blanc jaunâtre. Taille un peu moindre que celle de l'espèce précédente. Outre les caractères spécifiques que nous venons d'indiquer, on peut ajouter que le Hérisson à longues oreilles diffère du Hérisson d'Europe en ce que ses piquants sont cannelés, et les cannelures bordées de petits tubercules; que ses oreilles atteignent presque la moitié de la (été en hauteur, et qu'elles soni brunes au bord et blanches intérieuromenl; que les puils qui recouvrent le dessus du corps sont blancs; que les yeux sont plus grands, etc. 11 parait aussi que la femelle fait deux por- tées par an et que chacune de ses portées est composée de six û sept petits. Pallas a constaté que cet animal éprouvait, comme notre espèce, un engourdissement hibernal. Tne autre particularité re- marquable, c'est que, moins bien armé que le Hérisson d'Europe, il devient plus facilement la proie des animaux qui l'attaquent, et il paraît que les Flamants en détruisent un grand nombre près de l'Oural et du Yaik. D'après M. Emile Baudement, le Hérisson à longues oreilles présenterait également quelques dif- férences analomiques; c'est ainsi que. d'après le naturaliste que nous venons de citer, cet Insecti- vore aurait dix-neuf vertèbres dorsales et lombaires, treize eûtes avec le rudiment d'une quatorzième; le Hérisson d'Europe ayant quatorze côtes avec le rudiment d'une quinzième; le premier aurait donc six vertèbres lombaires et le second sept. En outre, la clavicule du Hérisson d'Europe serait plus courbée que celle du Hérisson à longues oreilles. 158 IlISTOmE NATURELLE. Cet animal habite principalement la province d'Astracan, vers la partie inférieure du Volga et de rOurai, ainsi qu'à l'orient, en deçà du lac B;iikal. Mais on le trouve aussi dans un tout autre pays; c'est ainsi qu'Éiicnne Geoffroy Sainl-Hiinirc l'a découvert en Egypte, ce qui lui a fait donner par ce nalurnlistc le nom de llcrisso» d'Iu/iiplc. Car il est bien démontié que ce dernier animal ne doit pas former une espèce particulière, ainsi qu'on l'a cru pendant quelque temps. Les autres espèces, signalées dans ces derniers temps et dont nous nous bornerons à citer les noms, sont les Erinaccus concolor, Martin, de Trébizonde; spatnngus et Graifti, Bennelt, de l'Hi- malaya; collnris, Gray, de l'Inde continentale; frontalh, Dennctt, du sud de l'Afrique, elCapensis, Smith, du cap de Bonne-Espérance. 2-°° GENRE. — ÉRICULE. ERICULVS. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, 1837 Comptes rendus de l'Acsdémie des sciences. Diminutir d'Erinaceus, nom laliii ilu peiirc IIiM-isson CARÂCÏLRES GÉNÉRIQUES. Système dcntniic : incisives. ~; cauiiies, \^\; molaires, ^, dont fausses molaires, {=1, et vraies molaires, |^; en totalité trente-six dnils; incisives non séparées des molaires, comme chez les Tanrees, par de fjrandcs canines scndilablcs à celles des Carnivores; de chaque côté et à chaque mâclioire, la canine est presque contiguë à la fausse molaire; mûehelières ressemblant, par la forme générale, à celles des Tanrees; mais aijant, transversalement, plus d'étendue à leur couronne, et les fausses molaires étant beaucoup plus petites. (IsiD. Geoffiiov.) Tcic plus allongée que dans les Hérissons, et moins que chez les Tanrees. Membres courts. Pieds pentadaetyks; le doigt médian le plus long de tous : les latéraux plus courts. Queue peu apparente, Iris-eourtc. Pelage compo.v de trois sortes de poils; les uns, en petit nombre, ordinaires, les uulres très-longs, et les derniers, plus nombreux, transformés en piquants irès-résistants. Fig 5'i. — liiitu'.e loiulrac. Le genre Éiicule a été créé, par M. Lsidore Geoffroy Saint-IIilairc (1857, Comptes rendus de l'Académie des sciences, et 1859, Magasin de Zoologie, de M. Guérin-Ménovillc), pour un genre d'Insectivores dans lequel il place le Sora et le Tendrac de Buffon, et qui, par l'ensemble de ses caractères, offre la transition des Hérissons aux Tanrees. M. Martin (1838, Proceedings of Zoolo- gicul Society of London), qui ne connaissait pas le travail du savant professeur de Mammaiogio CARNASSIERS. 159 du Muséum de l'ilisioire naturelle de Paris, a appliqué à ce même genre la dénomination A'Ecliï- nops (v/p'A, épineux; ai^, aspect), qui n'a pas dû être adopté : et il en est de même du nom de Tendrac, indiqué par De Blainville. Le système dentaire des Éricules offre des rapports mixtes avec ceux des Hérissons et les Tanrecs; d'une part, en effet, selon M. Isid. Geoffroy- auquel nous empruntons le passage qui va suivre, les molaires sont en même nombre, et à peu prés de même forme que chez les Tanrecs; et, de l'autre, les grandes canines, comprimées, pointues, qui forment le caractère éminemment dislinctif de ceux-ci, et les rendent, seuls entre les Insectivores, comparables, par leur système dentaire, aux Carnivores, sont remplacées par des dents que Ton pourrait prendre seulement- pour les premières fausses molaires. La première incisive supérieure un peu comprimée, ayant en arrière un petit talon, mousse à son extrémité, présente une plus grande surface en dehors; elle est séparée de sa congé- nère par un intervalle assez étendu, absolument comme chez les Hérissons; la seconde incisive, sé- parée aussi par un intervalle, soit d'elle, soit de la canine, a la même disposition et offre de même, en arriére, un petit talon; mais elle est plus courte. La troisième dent vient immédiatement derrière la suture de l'intermaxillaire, et a, par conséquent, la position d'une canine; mais la forme en est tout autre. Elle est comprimée, et présente en arrière un talon très-peu distinct du reste de la couronne, qui représente, dans son ensemble, un triangle. La dent qui suit celle-ci, ou la fausse molaire, est plus petite et de forme triangulaire; elle est séparée par un petit intervalle de la canine, et contiguë à la première des vraies molaires. Chacune de celles-ci porte une grande émi- nence qui compose, à elle seule, presque toute la couronne, et qui se termine par une surface très- allongée, peu prolongée, dirigée obliquement de dehors en dedans, et d'arrière en avant : l'angle interne de cette surface s'élève en une pointe assez aiguë. La cinquième molaire, qui est à peu près de la même forme que les autres, est beaucoup plus pelite; elle n'a que deux racines, comme la fausse molaire, tandis que les autres macbelières en ont trois. Les incisives inférieures ne ressemblent ni à celles des Tanrecs ni à celles des Hérissons : la première, séparée de son homologue par un inter- valle peu étendu, est très-petite, et a en dedans un talon tellement petit, qu'on l'aperçoit à peine; elle présente, en avant, une surface étroite en bas, dilatée en haut; la deuxième incisive, grande, lui est contiguë; sa face principale est tournée en dehors; elle a, postérieurement, un talon bien marqué. La dent qui vient ensuite, et que l'on doit considérer comme la canine inférieure, est un peu plus grande, et a deux petits talons : l'un en avant, l'autre en arrière; sa forme générale est celle d'un triangle dont le sommet est dirigé en haut et un peu en ariière. Lorsque les niâ'-hoires sont rapprochées, ce sommet se trouve placé en avant de la pointe de la canine supérieure. La fausse molaire représente de même un triangle à deux talons : l'un antérieur, l'autre postérieur; mais elle est plus pelite que la canine. Les quatre premières mâchelières ont chacune ' ,jr couronne presque entièrement formée -par une grande éminence à surface supérieure triangulaire, avec deux angles internes se relevant en pointes mousses, et un angle externe élevé en une pointe plus haute et moins obtuse. La cinquième molaire a la même forme que les autres; mais elle est beaucoup plus petite. Le squelette ressemble beaucoup à celui des Tanrecs. La tête, par sa longueur et par sa forme, tient le milieu entre celle de ces animaux, mais elle est beaucoup plus longue, et celle des Héris- sons, qui est plus courte; toutefois lès Éricules ressemblent surtout aux Tanrecs par la forme de la région moyenne de la tète, et notamment par le caractère qui rend si remarquable la tête de ces derniers, par l'absence d'arcade zygomatique; mais la région occipitale, à l'exception du trou sous- orbilaire, toutes les parties antérieures, particulièrement les intermaxillaires et les maxillaires infé- rieures, sont comme chez les Hérissons. Les pieds ont chacun cinq doigts armés d'ongles assez longs, un peu plus recourbés, et surtout plus comprimés que chez les Tanrecs. Le doigt médian est le plus long : les deux autres doigts, surtout l'interne, sont les plus courts. Le doigt externe des pieds de devant est cependant propor- tionnellement plus long que dans les Tanrecs. La queue exi.ste, mais elle est plus courte encore que chez les Hérissons, très-peu apparente; les piquants de la croupe ne s'arrétant pas, comme dans les Erinaccus, à quelque distance au-dessous de la queue, mais s'élendant ju.'^qu'à elle, et l'enveloppant supérieurement et latéralement. Le pelage, bien différent de celui des Tanrecs, est, comme dans les Hérissons, composé de trois sortes de poils : des poils ordinaires, en petit nombre, couvrant la tête jusqu'à la nuque, les mem- 160 HISTOIRE NATURELLE. bres et toutes les parties inférieures du corps; quelques longs poils naissant sur les parties latérales du museau, et se dirigeant en arrière; enfin, des piquants très-résistants, soit en avant et au milieu du dos, soit en arrière, cl il n'existe ù cet égard aucune différence entre ceux de la croupe, du dos et du cou. Sur la tête comme sur les lianes, les épines conimenceut tout à coup à remplacer les poils, sans qu'il existe entre les unes et les autri'S, ou une étendue plus ou moins grande, des soies roides et des épines à demi flexibles, faisant une transilion presque insensible des poils aux épines; enfin, les longs poils qui, chez les Tanrecs, s'élèvent du milieu des piquants, manquent complè- tement. Les Éricules, de même que les Tanrecs, ne se trouvent qu'à Madagascar. On n'en connaît que deux espèces, et encore n'cst-on pas certain qu'elles soient réellement distinctes l'une de l'autre. On a, d'après M. Jules Goudot, des détails sur les mœurs de l'une d'elles, qui a reçu des voyageurs le nom de Sora. Cet animal habite à Madagascar dans l'intérieur des vastes forêts qui couvrent les montagnes du pays des Anibanivoulcs. C'est au milieu du jour qu'on le voit sortir de sa retraite, probablement souterraine, et chercher en furetant sa nourriture; il saute et court avec beaucoup d'a- gilité; lorsqu'on s'approche de lui, il hérisse aussitôt eu diadème la huppe épineuse qu'il porte or- dinairement rabattue sur son cou; on l'entend alors souffler très-distinctement, et il saute par inter- valles en hérissant de plus en plus ses piquants. Les voyageurs, et en particulier MM. Goudot et Sganzin, distinguent les Ericules des Tanrecs, et les iiuliqucut comme des espèces iiarticulières de Hérissons. En parlant des Tanrecs, nous ajouterons, d'après M. Ch. Coquerel, quelques détails de mœurs sur une des espèces d'Éricule. 1. SORA. ERICVLVS ManESCE\S. Isidore Geoffroy Saint-Iiilairc CAn.\CTÈKEs SPÉCIFIQUES. — Pclagc coiiiposé, en dessus du corps, de piquants dont la portion ap- parente au dehors est noire, avec l'extrême pointe d'une partie d'entre eux bhincliâtre ou roussâtre; coloration générale noirâtre, quelquefois finement tiquetée de blanchâtre. Longueur totale, O^.IO. C'est l'espèce typique dont le Muséum possède trois individus, rapportés par MM. J. Goudot et Sgan^'u, et que M. Martin nomme Eclnnops Telfairii. •■i. TENDRAC. Buflbii. EniCULVS SPimSVS [CENTETES). Illigcr. Caractères spécifiques. — Pelage présentant des piquants dont la portion apparente au dehors est roussâtre, avec rextrêmc pointe blanchâtre. De la taille du précédent. Cette espèce, qui a reçu les noms (ïErhuiccus ecaudaliis, Linné; Sciifici- inait'ris, Et. Geoffroy, d'après Lesson; cl Ecliinops spinosus, Lesson, est regardée comme douteuse par .M. Isid. Geoffroy, et comme devant peut-être être réunie au Sora : le Muséum de Paris n'en possède que de vieilles peaux, et les voyageurs modernes n'ont pas donné de nouveaux détails sur cet animal. 3°"= GENRE. — TANREC. CEMETES. lUiger, 1811 Prodi'oinus UHmniuliuni ci Aviuiit. Kevtem, je pi(iuc. CAHACTÈRES GtNKRIOUES. Sijslrmc (lcnta')re : incisives, | ow ^; atiiincs, \^\; violaircs, '~, dont fausses molaires, \^,; vraies molaires, |^; en totalité trente-huit ou ciuaraitte dénis. Par l'existence d'incisives, les Tan- CARNASSIERS. ICI rccs se dislhifiucnt des Ilcr'issons, cl, par la disposition de ces dents, placées entre de granilcs ca- nines, ils sont difl'crcncivs des Ériculcs, chez lesquels elles sont situées entre de petites canines; les incisives supérieures sont comprimées, croeliues, dentelées à leur bord postérieur : les inférieures sont minces, à irancliant arrondi; les eaiiines d'en liant sont fortes et crochues, isolées : celles d'en bas qrandcs, fortes, s'entiageant dans un vide de l'os inlermaxillaire quand les mûctioires sont réu- nies; les molaires sont normales, cl disposées comme chez les Hérissons. Tête allonijéc, conique. Museau très-poinlu. Narines terminales, et percées dans un petit mufle. Gueule très-femluc. Yeux médiocres. Oreilles courtes, arrondies, presque nulles. Corps bas sur jambes, couvert de piquants comme celui des Hérissons, mais ne pouvant se mettre en boule. Pieds plantigrades , à cinq doigts armés d'ongles assez robustes, fouisseurs. Queue nulle. Fig. ôô. — SquelcUc de Tanicc. Duffon et Daiibenton sont les premiers naturalistes qui aient parlé de l'espèce type de ce genre, le Tanrec, et non Tenree, comme on l'écrit !:;éneralement par erreur. G. Cuvier, en 1798, tout en laissant les Tanrecs avec les Erinaccus, les dislingua cependant des véritables Hérissons, et forma pour eux une section qui fut bientôt après éiigec en genre par Lacépède, en 1803 (7'rt6/crm(/r: /a c/as- sifieation des Mammifères), sous le nom de Tenree, dont on a fait Tenreeus, puis également, par Kl. Geoffroy Saint-llilaire (1800, Catalogue des Mammifères du Muséum), sous celui de Setiger {■■iela, i)i(|uaiit; gero, je porte), modifié en celui de Selifer, et enlin par Illiger (1811, l'rodromus Manimuiuim et Avium), sous la dénomination de Centetes {«vtso), je pique), dont une faute ortho- grapliique lit plus tard Centenes. De toutes ces dénominations latines, la dernière fut le plus habi- tuellement adoptée; comme M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, nous avons préféré prendre la déno- minalion rie (entêtes, qui, sauf la reclitieaiion d'une seule lettre, est celle que l'usage a consacrée. En 1857 et 185!) (Comptes rendus de l'Académie îles Sciences et Magasin de Zoologie de M. Guérin- MéncviUel, M. Isidore Geoffroy Sainl-Ililaire, à Paris, en révisant les caractères génériques et spéci- fiques des animaux qui nous occupent, et l'année suivante M. Martin, à Londres, formèrent, aux Ki '21 ^(■,-2 IIISTniliH NATU1ÏKM;E. dépens des Tani-ecs, le premier, son genre Érkiile, el le second, son genre Éch'nwps, qui tous les deux se eorrc'spondent. Le syslènic denlaiie consliiue, poui' le genre Tanrcc, un earactère des plus Irandiés et des plus remarquables. Comparable, en effet, par la disposition des dents de trois sones, au sjsléme den- taire des Carnivores, il s'écarte tout à fait des conditions ordinaires aux autres Insectivores, quoi- que présentant certaines ressemblances avec le système des Hérissons et des Taupes : tous ceux-ci, sans aucune exception, manquant de longues canines, et offrant, quant à leurs incisives, des arrange- ments variables suivant les genres, mais toujours trés-differenis, et qui rendent, le plus souvent, extrêmement diflieile la détermination des dents antérieures. Les auteurs ont, depuis longtemps, signalé l'importance de ces dernières dents, et, cependant, ils sont loin d'être d'accord sur ce su- jet. Pour M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, les véritables nombres des incisives sont, pendant une partie de la vie des Tanrecs, ;;, ]iuis, plus tard, lorsqu'ils sont ])arvenus à l'âge adulte, i; et la rai- son de cetle différence entre les jeunes individus et les vieux est évidemment l'accroissement considé- rable qu'ont pris, dans ces derniers, les canines inférieures, dont les pointes, quand la bouche est fermée, sont reçues dans deux larges et profondes écliancrures de la portion postérieure de l'inter- maxillaire, et occupent précisément de ciiaque côté la place où se trouvait d'abord la troisième incisive inférieure. Ouant aux incisives inférieures, rien de semblable n'a lieu : les canines supé- rieures, quand la bouche est fermée, se trouvent derrière les canines inférieures, et, par conséquent, leur accroissement peut se continuer sans déterminer la chute des dents placées tout en avant de la mâchoire. Les auteurs qui n'ont indi(pié (|ue quatre incisives inférieures se sont donc trompés, ou bien ont fait leurs descriptions d'après des mâchoires à dentitions incomplètes, en exceptant toute- fois ceux d'entre eux qui ont appliqué le nombre de quatre à l'animal décrit par Luffou sous le nom de Tendrac, et qui entre dans un groupe particulier, celui des Éricules. D'après De lilainville, le système dentaire des Tanrecs, quoique régulier, et par là se rapprochani de celui des Carnivores, tii lit aussi d'une manière assez évidente à celui des Didelphes; selon lui, il est composé de dix dents en haut comme en bas : trois incisives, une canine et six molaires. Le squelette de ces animaux a été étudié par plusieurs auteurs, et particulièrement par De Blain- ville, G. Cuvier et M. Isidore Gooffroy; d'après ces auteurs, sa forme générale rappelle assez bien celle îles Hérissons, quoique peut-être moins ([u'on ne le croirait à l'extérieur. Le nombre total des vertè- bres est de quarante-sept : quatre céphaliques, sept cervicales, dix-neuf dorsales, deux sacrées el dix coccygiennes. La tête est allongée, et cela a un certain effet sur les cavités, logos sensoriales et fosses d'insertion musculaire; mais ce n'est qu'une exagération de ce qui a lieu dans le Hérisson : la mâ- choire inférieure est plus longue et plus étroite, moins courbée dans sa branche borizonlalc, et avec une apophyse bien plus longue que dans le genre Eyiniiccus. Les vertèbres cervicales sont un peu moins courtes, moins entassées, que celles du Hérisson; elles offrent toutefois les mêmes particu- larités, si ce n'est que l'apophyse épineuse est plus élevée et les apophyses transverses plus longues et plus imbriquées. Les vertèbres dorsales sont plus nombreuses, et remarquables parla grande élé- valion et la grande inclinaison de leur apophyse épineuse, qui, en même tem])s, est plus élroite. Les lombaires ressemblent tout à fait à celles du Hérisson Les vertèbres sacrées -n'ont pas d'apo- physes épineuses; les coccygiennes ne présentent rien de particulier. L'hyoïde est plus simple que celui des Erhutccus; le sternum est allongé, plutôt comprimé que déprimé, composé de sept pièces. Il y a dix cotes, longues, grêles. Les membres sont aussi bien dans les mêmes proportions que dans le Hérisson : aux antérieurs, l'omoplate est plus large, la clavicule est un peu aplatie, l'humérus plus robuste, le radius acquérant plus de prépondérance que le cubitus; la main n'offre jias do diffé- rences appréciables : aux membres postérieurs, le bassin est plus articulé à la symphyse pubienne; le fémur a son Iroisième trochanter moins prononcé; la jambe ressemble presque complètement â celles des iupaias, c'est-à-dire que les deux os, proportionnellement un peu moins longs cei)en- dani, sont enlièrement séparés dans toute leur longueur; la rotule est courte, pres(iue triqiiètre. lrè.s-convexe d'un côté, el presque plate de l'autre; le pied est un peu plus long que dans le Hérisson. Le jielage, comme dans le Hérisson, est épineux à la partie supérieure du corps et sur les flancs; mais il se présenle des différences remarquables entre les téguments des Tanrecs et ceux des Héris- sons. Dans CCS derniers, la lête est garnie de poils en dessus comme en dessous, jusqu'à la nuque. CARNASSIERS. icr. iéi;ion :i pailir de laquelle loule la face supérieure du corps est couverte de piquanls doul la lon- gueur et la force sont sensiblement les mêmes partout, et qui sont les seuls téguments de la partie supérieure; chez les Tanrecs, après un espace assez étendu, qui est un proloiin;t'nient du mulle, vien- nent des poils courts de nature ordinaire, puis d'autres un peu plus durs, ensuite d'autres plus dui's encore, et ainsi de suite, par gradation insensible, jusqu'à ce qu'au niveau des yeux on trouve de petits piquants, suivis eux-mêmes d'autres plus forts et plus longs. Le passage des piquants aux jioils se fait de même par nuances insensibles sur les flancs, tandis qu'il en est tout autrement dans les Hérissons. Un troisième caractère des téguments des Tanrecs est que la partie postérieure du corps est couverte, non plus de piquants forts et résistants comme ceux de la partie antérieure, mais de poils assez faibles et dcmi-llexibles, ou même de soies. Enfin, du milieu des piquants et des soies, naissent, de distance en distance, de très-longs poils, comparables à ceux des moustaches. Toutes ces différences entre les Tanrecs et les Hérissons ne peuvent assurément être considérés comme étant de valeur générique, mais elles méritent d'être appréciées, en raison de leur généralité, puisqu'on les retrouve dans toutes les espèces qui, par le reste de leur organisation, se rappoitent au genre Tanrec. En outre, tandis que chez les Tanrecs le corps est couvert, en dessous, de poils, et en dessus de piquants, avec des soies roides intermédiaires, par lesquelles s'opère graduellement le passage des poils aux piquants, il est, chez les Éricules, garni également, en dessous, de poils, mais, en dessus, il n'offre que des piquants roides, sans intermédiaires. La tête est considérablement allongée; le museau prolonge en une sorte de groin très-certaine- ment mobile, et qui, en avant, dépasse de beaucoup les dents. Les cinq doigts des Tanrecs sont symétriquement disposés; savoir : le médian le plus long de tous, le deuxième et le quatrième presque aussi longs que lui, les deux latéraux très-courts. Les trois premiers portent des ongles robustes, assez longs, très-peu arqués, plus ou moins obtus à leur extrémité; les deux autres, des ongles plus courts et un peu plus arqués. La disposition des doigts et la proportion des ongles sont sensiblement les mêmes aux pieds de devant et à ceux de derrière, c'est la seule différence de quelque intérêt que l'on ait à ri^marqucr, quant aux pieds, entre les Tan- recs et les Hérissons, qui ont les membres conformés sur des types conséqucmmenl peu différents. La queue manque chez les Tanrecs; seulement, on voit à sa place un petit tubercule formé par la pointe du coccyx : mais ce caractère est de peu d'importance, puisque les Hérissons n'ont eux- mêmes qu'une queue extrêmement courte et presque rudimentaire. Les Tanrecs se creusent des terriers dans le voisinage des eaux, et s'y endorment plusieurs mois de l'année, et cela, au rapport de Bruguière, pendant les grandes chaleurs. Ils ne peuvent se mettre en boule comme les Hérissons, et prennent une nourriture semblable à la leur et presque unique- ment-composée d'Insectes. Hs se vautrent dans la fange et séjournent plus longtemps dans l'eau qu(! sur la terre. Ils multiplient beaucoup. Ils sont tous originaires de Madagascar, mais ils ont été na- turalisés aux îles de France et de Bourbon. Buffon rapporte que « ces petits animaux grognent comme des l'ourccaux; qu'ils se vautrent comme eux dans la fange; qu'ils aiment l'eau et y séjour- nent longtemps, et qu'on les prend dans les petits canaux d'eau salée et dans les lagunes de la mer. « Puis il ajoute « qu'ils sont très-ardents en amour; qu'ils se creusent des terriers où ils se retirent et s'engourdissent pendant plusieurs moiï; que dans cet état de torpeur leur poil tombe, et qu'il re- naît après leur réveil; qu'ils sont ordinairement fort gras, et que, quoique leur chair soit fade et mollasse, les Indiens la trouvent de leur goût et en sont même friands. » M. Ch. Coquerel {Revue zoologique, 1848) a donné des détails sur les mœurs du Tanrec soijcux et de VEikule noïrùire, et nous croyons utile de reproduire en partie cette note, 'i Les habitudes de ces deux espèces sont très différentes : les Tanrecs, quand on les saisit, se défendent avec fureur et mordent cruellement; l'Éricide, au contraire, se blottit sur lui-même et se roule en boule dès qu'on l'inquiète, n'offrant à ses agresseurs qu'une défense purement passive. \\ ne se roule pas cependant en boule aussi complètement que le Hérisson; il se renverse sur le dos, rapproche seulement ses deux extiémités en fourrant sa tête entre ses pattes et l'embrassant souvent avec ses membres antérieurs II demeure dans cette position jusqu'à ce que le danger qu'il redoutait sentbic s'être éloigné; il revient alors peu à peu sur lui-même, se rétablit sur ses pattes et cherche à fuir, mais sa course est alors moins rapide que celle des Tanrecs. L'Êricule est beaucoup plus rare à Sainte-Marie de Madagascar que les Tanrecs; pendant les trois mois que j'y passai à terre, je n'ai pu me procu- la HISTOIRE NATURELLE. icr par lesnaluiels qu'un seul individu. Ji- leiilaçyi dans un petit enclos (Vrmé par une palissade de bois, à laquelle il était attaché par une pattp de derrière au moyen d'une corde assez longue, i'en- dant le jour il se tint blotti dans un coin; mais durant la nuit il creusa une iieiile t;aleric sous terre à travers laquelle il passa de l'autre cùté de la palissade. Il ne put cependant se déliarrasser de la corde qui le tenait captif, et je tus très-élonné de le retrouver le lendemain malin au dehors de l'enclos où je l'avais placé la veille. Je ne crois pas que l'Éricule ait jamais été trouve à Maurice ou à Rourbon; les Tanrecs au contraire y ont été transportés et s'y sont beaucoup multipliés. Ils .''uni connus sous le nom de Tmujitcs par les noirs, qui les recherchent comme animaux alimentaires; ils ne mangent toutefois que les femelles et rejettent les mâles à cause de l'odeur infecte qu'exha- lent ces derniers, surtout à l'époque du rut. J'aurais vivement désiré avoir des renseignements exacts sur le prétendu sommeil de ces animaux pendant les grandes chaleurs; mais je ne puis mal- heureusement me prononcer avec une certitude complète ;\ cet égard; je dois dire cependant que ce fait me parait très-donleux. Je me suis trouvé à Sainte-Marie de Madagascar pendant les mois les plus chauds de l'année, en janvier et février; j'ai conservé à celte époque des Tanrecs pendant plusieurs semaines dans une caisse en bois, et je n'ai jamais remarqué que ces animaux tombassent dans un état de torpeur. Ils sont essentiellement nocturnes; pendant le jour ils restent blottis dans un coin; ils s'agitent au contraire beaucoup pendant la nuit; plusieurs parviennent même alors à s'échapper en grimpant le long des parois de la caisse, qui étaient cependant assez élevées. Il se peut que des observateurs inattentifs, ayant trouvé pendant le jour des Tanrecs engourdis, aient conclu, dans l'ignorance de leurs habitudes nocturnes, que ces animaux passent les grandes chaleurs dans un état de torpeur. Plusieurs personnes, en qui je puis avoir toute confiance, m'ont assuré cependant qu'à Rûurbon, à l'époque de la saison la plus chaude, les Tanrecs disparaissent tout à coup dans les lieux bas; mais elles n'avaient jamais entendu ])ailer de leur prétendu sommeil estival, et m'ont as- suré qu'à celte époque ces Insectivores se retiraient sur les hauteurs, où ils trouvent sans doute une température moins élevée et une nourriture plus abondante. Les noirs, de leur coté, m'ont ré|)été que, dans les lieux élevés, on trouvait des Tanrecs pendant toute l'année. Ces animaux vivent dans des espèces de terriers qu'ils creusent à l'aide de leurs ongles robustes. Leur légime peut être exclusi- vement insectivore; j'ai nourri toutefois pendant plus de quinze jours un très-petit Tanrec avec du sucre brut qu'il dévorait avec avidité. (Juand on les inquiète, ils redressent leur huppe épineuse, mais je ne les ai jamais vus sauter par intervalle, comme le dit M. Jules Goudot; ils courent avec as- sez d'agilité, mais ne sautent pas. » De son cùté, M. le docteur Rrown-Séquarl (Comptes rendus de la Sociclé de liioloyie, 1819) s'est occupé de l'état léthargique des Tanrecs. Selon lui, la torpeur de ces animaux a lieu delà même ma- nière que celle des Hérissons, des Loirs et autres Mammifères hivernants. Son opinion est fondée sur les faits suivants : 1" les Tanrecs terrent et dorment, ainsi que l'ont constaté MM. Julien llesjardins et Telfaio, du mois de juin au mois de novembre, c'est-à-dire pendant la saison froide des Iles Mau- riciî et Madagascar; 2" des animaux hivernants de plusieurs espèces, observés par Pallas, Mangilli, Marshall, Ilill, Rerthold et Rarkow, se sont engourdis à une température de 16" à 19" centi- grades au-dessus de zéro. M. Brown-Séquart a trouvé que des Loirs, même à la température de 20" à 22", peuvent tomber dans la torpeur hibernale, et il en a vu durmir pendant une semaine entière à une température variant de 1. TANREC. Cuflbn. CENTETES SETOSVS. G. Cuvicr. CAiiACTÈnEs SPÉCIFIQUES. — Pelage fauve, plus ou moins tiqueté du blanc en dessus, composé, sur la ntiquc, le cou, la partie anlérieiire du dos et la croupe, de soies roides, et en dessous de poils ordinaires. A peu près de la taille de notre Hérisson, c est-à-dire ayant environ 0"\28 de longueur totale. Cette espèce, qui est VErhtnceus ecaudaltis de Linné, se trouve à Madagascar et aussi à Maurice et à Bouibon, où elle a été naturalisée. 2. TAiSREC ARMÉ. CEMETES ARMATUS. Uni. Geoffroy SainUliliiire Caractères spécifiques. — Pelage d'un gris noirâtre, très-tiqueté de blanc, composé sur la nuque, le cou, les ép;iules, le dos et les lombes, de piquants Irés-résistants, sur la croupe de piquants lins et demi-llexiblcs, et en dessous de poils ordinaires. Longueur totale de la tète et du corps : Û"',2'i. Celte espèce a été fondée sur un individu non encore adulte et qui provenait de Madagascar, d'où il avait été rapporté par M. Sganzin. 3. TANREC RAYÉ. CENTETES SEMI-SPli\OSUS. G. Cuvicr. C\nACTÈREs si'ÉciFiQDES. — Pelage pré-sentanl trois raies longitudinales d'un blanc jaunftlre sur un fond noirâtre; des poils entremêlés de piquants formant vers la nuque une huppe. Longueur de la tétc et du corps : 0'",15. Le Tanrec rayé, décrit par Sonnerat, indiqué par Buffon sous la dénomination de Jeune Tanrec, et par Et. Geoffroy sous celle de Scl'i()cr varicgalus, n'est pas suffisamment connu. 11 semble très- probable que ce n'est que le jeune âge en livrée d'une espèce que l'on n'a pas encore pu étudier à l'âge adulte. Il provient également de Madagascar. SEPTIEME TRIBU. EUPLÉIUDES. EUPLEIUDJE. Is. Geoffroy Saiiu-Ililaire. Plantes des p'ieils veines. Corps couvert de poils. Yeux assez grands. Membres postérieurs bien développés. Otte tribu, qui répond à la famille des Eupléridés de M. Isidore Geoffroy Sainl-Ililaire, ne com- prend qu'un seul genre, celui des Eupllies, créé en 1855 par M. Doyère. Ce n'est qu'avec doute que nous comprenons celte tribu dans la famille des insectivores; car, ainsi que De Blainville a cherché ù le démontrer, les caractères tirés des dents de l'espèce typique, ainsi que ceux donnés par le squelette, et même la forme générale du corps, comme on peut le juger par notre figure, sem- 166 IIISTOIUI-: NATUnELLK. Llt'iil inonlroi- qu'elle duviail être placée dans laiamille des Carnivores, auprès des Maiiyoïisles el des Geneiies GKMIE UNIQUE. — EUPl.ÈRE. EVPLEllKS. Uoyère.. 1855. Annairs des Sciences iiulurelles. Ivjjbien; irXnpyi;, euiiipicl. C.\RACTÈRi;S CÉNÉRKJUES. Sijsi'cme (Inilnire : incisives, !!; canines, |rj; molaires, ^=?; les incisives supérieures petites, par- faitement ranjiées; les canines inférieures à double racine, se loijeant en arriére des canines d'en haut, comme dans la Taupe; à ta mâchoire d'en haut, six fausses molaires séparées par de larges intervalles, et tiuatrc. peut-être six molaires vraies à cinq pointes; à la mâchoire d'en bas. quatre fausses molaires et an moins six craies hérissées de pointes airjucs Museau effilé, terminé par un petit mufle. Yeux fjrands. Oreilles grandes, trian(jul(iires. Jambes de moijcnne grandeur. Tarses allongés, garnis de poils en dessous. Pieds tous à cinq doigts bien séparés, garnis en dc-'isus d'un poil ras; le pouce beaucoup plus court que les autres doigts, surtout aux membres postérieurs, oit il louche à peine la terre. Ongles déprimés, aigus, semi-réiractiles, île moitié j)liis lonqs an.r membres antérieurs. Corps vermiforme, revêtu d'une fourrure épaisse et composée de poils soijeu.v. garnis à leur hase d'un duvet court, serré. Telle est la caractéristique de ce genre donnée par M. Doyore, d'après un individu unique, et malheureusement jeune, rapporté de Madaj;ascar par M. Jules Goudot, et appartenant au Muséum. Le eréateur du genre insiste particulièrement sur le système dcnlaire de i'Euplère, qui, d'après lui, doit le faire ranger dans l'ordre des Insectivores et doit le faire rapprocher des Carnivores; il donne aussi des détails sur la tête osseuse de cet animal. De son rôle. De Blainville, qui avait eu à sa dispo- sition les mêmes matériaux qui avaient servi à M. Doyèrc, pense que l'EupUre doit être rangé dans l'ordre des Carnivores et être placé auprès des Mangoustes. Selon le savant auteur de i'Ostéogra- ph'ic, les incisives supérieures, au nombre de trois paires, sont disposées en cercle, non coulignës, éga- lement distantes, presque égales, pointues; les canines sont très-petites, en crochet, un peu compri- mées el d'une forme particulière; les trois molaires sont larges, l'antérieure Iriangulaire, mince, à une .seule pointe, mais avec deux racines; la principale plus large, Iranchante au bord externe, unicuspide avec un petit talon interne presque médian; l'arrièrc-molaire, triquètre à la base.est relevée en de- hors par un tranchant oblique, divisée en deux |ioiiUes à peu près égales, et pourvue d'un talon en dedans. A la mâchoire inférieure les incisives sont petites, égales, en cercle : l'externe seule hilohée à la tranche; les canines sont encore plus petites qu'en haut, en crochet aigu, avec deux talons, l'un cil avant et l'autre en arrière; les trois molaires sont assez bien comme en haut, mais en général trè.s-reculées. Outre ces trois molaires, que De Blainville regarde comme de jeune ûge, on voit aussi quelques dents qui sont évidemment d'adultes. A la mâchoire supérieure il regarde comme telle une première avant-molaire un peu plus petite; mais en crochet comme la canine de lait, et une arrière- molaire tout à fait semblable à celle du jeune âge, un |)eu jjIus grosse cependant el avec un talon plus large, plus arrondi. A la mâchoire inférieure, il range au nombre des dents d'adulte une pre- mière avanl-molaire en crochet aigu, collée contre la canine, une première arrière-molaire en train de sortir, ])lus large que son analogue dans le système de lait, mais de même forme, et scnlcmeul avec la pointe interne de la partie antérieure et le talon plus larges, cl, comme en arrière de cette dent il existe une alvéole assez grande, on peut, dil-il, en conclure que dans I'Euplère il y a au moins à la mâdioire inférieure deux arrière-molaires, une principale et trois avanl-molaires, ou six en tout, comme dans les Viverras. CARNASSIERS. 167 La lèU' osseuse de l'Euplére esl remarquable par sa forme ovale et même allongée, arrondie et un peu renflée en arrière au crâne, alténuce et presque pointue en avant, sans rétrécissement postorbi- taire fortement indiqué, surtout par l'absence presque complète d'apophyse de ce nom au frontal comme au ju^al; du reste le chanfrein de celte tète est fortement arqué, sans traces d'aucune crêle, sans doute à cause de lûgc, mais avec une saillie vermiforme considérable, au milieu de l'occipital postérieur. Les appendices maxillaires sont remarquables par leur élroitesse et par leur forme poin- tue, atténuée en avant. Dans le membre antérieur que l'on possède au Muséum, mais incomplètement, riiumérus est court et gros, les deux os de l'avant-bras sont également courts, un peu même plus que riiumérus, ce qui est encore assez bien comme dans la Mangouste; on peut en dire à peu près autant des os de la main, quoique le premier doigt soit proportionnellement un peu plus fort. Dans le membre postérieur, le fémur est court et gros; le tibia et le péroné sont peu anguleux; le pied est assez court. On ne connaît qu'une espèce de ce genre. EUPLÊnE DE GOUnOT EUPLEttES GOVDOTIl. Doyère. CAP.ACTÈr.Es SPÉCIFIQUES. — Pûil soycux ou jar d'un brun très-foncé; le duvet qui en garnit la base fauve, d'où résulte un pelage d'un fauve nuancé de brun, plus foncé aux parties supérieures; le des- sous du i-orp,>, où il n'y a pas de jar, est d'une couleur beaucoup plus claire, et notamment la gorge, qui est d'un blanc cendré; une ligne noire transversale passe au-dessus des épaules. Longueur, de- puis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, 0"','26, et de celle-ci, 0"',15 (jeune âge). Celte espèce, qui porte à ïamalave le nom de Falanouc, se trouve dans les plaines sablonneuses m elle se creuse des terriers. I''ig .\(; — Enpiire do Gonilnt. fC8 HISTOIRE NATURELLE. TROISIÈME FAMILLE, CARNIVORES. CAnmVOIiA. Les animaux qui composent la fnmiiie des Carnivores sont principalement caractérisés par la dis- position de leur sjstènic denlaire; ils ont toujours à chaque mâchoire quatre grosses et longues ca- nines écartées, entre lesquelles sont le plus ordinairement six incisives dont la racine des inférieures est un peu plus rentrée qUe les autres; leurs molaires sont, ou entièrement tranchantes ou mêlées seulement de parties ù tubercules mousses et non hérissées de pointes coniques; les molaires anté- rieures, tant à la mâchoire supérieure qu'à l'inférieure, sont les plus tranchantes, et portent le plus habituellement le nom de fausses molaires; vient ensuite une molaire plus grosse que les autres, la cnrnassiire, qui a d'ordinaire uu talou tuberculeux plus ou moins large, et derrière elle on trouve une ou deux petites dents entièrement plaies, et ces molaires postérieures ont reçu la déno- mination de tiilicyculcuscs. Quelquefois, dans le langage vulgaire, le nom de Carnivores est appliqué ù tous les Mammifères qui se nourrissent en totalité ou en grande partie de chair, et il est alors synonyme de Carnas- siers; mais d'une manière plus spéciale, et particulièrement d'après G. Cuvier, la dénomination de Carnivores est appliquée à l'une des familles de l'ordre des Carnassiers et répond à l'expression si généralement usitée de Bêtes féroces, et à celles de Ferœ et de Secumtates, au moins en partie pour celte dernière. On peut, avec Fr. Cuvier, dire que ce sont les animaux les plus puissants par la force musculaire et peut-être aussi par l'inlelligence; aussi sont-ils, avec les Singes, les Mammifères dont les rapports avec la nature sont les plus étendus, et qui exercent sur son économie la plus grande influence. Comme l'indique leur nom, les Carnivores vivent, soit complètement, soit en grande partie, de chair, ou mieux et plus généralement de matières animales, telles que. des muscles, ou bien de sang, de substance céiébrale, de tendons, etc., parties de l'organisme que beaucoup d'espèces préfèrent à la cliair musculaire; i)lusieurs se nourrissent aussi d'os. Mais il est peu d'espèces, qui, dans leur régime dièleiique, ne mélangent aux matières animales quelques substances végétales; il eu est qui vivent autant de végétaux que de parties anifliales, et certaines espèces sont plus phytophages que carnivores. C'est ce que nous verrons en étudiant les Ours, qui ne sont carnivores que par excep- tion; tandis que nous montrerons que les Chats sont exclusivement carnivores, et intermédiaire- ment nous pourrions citer d'autres groupes d'animaux. Ces différences d'instincts concordent né- cessairement avec des différences de conformation, soit de l'ensemble de l'appareil digestif, soit de chacune de ses parties, spécialement de l'inleslin d'autant plus court, de l'estomac d'autant plus petit, du foie et des glandes accessoires d'autant plus développés, des molaires d'autant plus tran- chantes que l'animal est plus carnassier. Le système dentaire est surtout des plus importants à étu- dier; en effet, ces animaux sont d'autant plus exclusivement carnivores que leurs dents sont plus complètement tranchantes, et l'on peut presque calculer la proportion de leur régime diététique d'après retendue de la surface tuberculeuse de leurs dents, comparée à la partie tranchante; et de la il résulte encore que dans cette famille, plus encore que dans les autres, on pourra trouver de bons caractères dans la considération du système odontologique. Excepté chez le Mor.se seulement, on trouve toujours, à chaque mâchoire, deux grandes canines très-saillantes, de forme conique. Les incisives sont placées entre les canines et beaucoup plus pe- tites qu'elles; ces dents sont, à l'excepliou d'une espèce, l'Enliydrc, constamment au nondire de six CARNASSlIiRS. 169 dans lesPlaïUigi'ades et les Digitigrades, tandis que ce nombre ne se rencontre plus dans les Amphi- bies, c'est-à-dire dans la tribu qui renferme les Phoques, chez laquelle on trouve x, h h ^ et {} in- cisives. Quant aux molaires, on peut, avec M. Isidore Geoffroy Saintllilaire, les rapporter à deux types principaux : molaires dissimUaires et molaires similaires. Les Carnivores à molaires dissimi- laires sont les Plantigrades et les Digitigrades, excepté le genre Protèle; il existe toujours chez eux, en avant, des molaires plus petites et moins compliquées que les autres, ce sont les fausses molaires; et, en arrière des molaires plus grosses et plus complexes, les mâclielièrcs. Parmi celles-ci, la der- nière ou les deux dernières ont ordinairement la couronne plus ou moins large et tuberculeuse, d'où le nom de dents tuberculeuses qu'elles ont reçu de Fr. Cuvier. Entre les tuberculeuses et les fausses molaires, il existe, au contraire, de chaque côté et à chaque mâchoire, une dent comprimée, ;'i couronne tranchante, connue sous la dénomination de carnassière. Les tuberculeuses supérieures et inférieures sont généralement opposées entre elles, couronne à couronne, et par conséquent très- propres à broyer les matières végétales, comme cela a lieu d'une manière parfaite chez des animaux exclusivement phytophages, de même que les Piuminanls, par exemple, tandis que les carnassières sont alternes, se rencontrant côté à côté, comme les deux branches d'une paire de ciseaux, et sont très-convenablement disposées pour couper, pour diviser la chair. Les Carnivores à molaires simi- laires comprennent tous les Amphibies, et un genre très-exceptionnel de Digitigrades, celui des Pro- lèles, qui, avec des canines et des incisives toutù fait semblables à celles des Chiens, a pour dents moyennes et postérieures de petites dents conoïdales à couronne simple dont on ne peut retrouver les analogues que parmi les Édentés et les Cétacés; les molaires de plusieurs Amphibies ont de même la couronne simple, mais ces dents sont d'une autre forme et plus développées; enlin d'autres genres de cette dernière tribu ont les molaires similaires, mais leur couronne, au lieu d être simple, est tricuspidée ou trilobée. Nous ajouterons, avec M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, que « cette ana- lyse des caractères dentaires, quelque succincte qu" elle soit, suffit déjà pour montrer que, plus grand sera le développement des carnassières et plus petit celui des tuberculeuses, plus dcvia prédominer le régime diététique animal, plus l'être devra être exclusivement Carnivore. Au contraire, plus les tuberculeuses s'accroîtront et plus les carnassières viendront à diminuei', plus l'animal sera à la fois végétivore et Carnivore, en d'autres termes omnivore. On arrive facilement à ce résultat par le seul raisonnement, en partant de la notion si bien acquise à la science, de la corrélation harmo- nique de toutes les parties d'un même appareil, et plus géiiéraleinent d'un même être. Mais l'obser- vation seule peut faire connaître jusqu'à quel point les modifications du système dentaire expriment fidèlement et clairement les modifications du régime diététique, et dans quelles limites s'exercent les variations que présentent les Carnivores. « Nous ne devons pas maintenant entrer dans plus de détail sur ce sujet important; c'est dans l'étude particulière de chacun des genres que nous complé- terons ce que nous avons à dire sur le système dentaire des Carnivores. On ne peut étudier le squelette des Carnivores d'une manière générale; car il est construit sur des plans assez différents les uns des autres; trois types doivent y être surtout remarqués, ce sont ceux des Ours, des Chats et des Phoques; nous nous en occuperons avec soin en faisant l'histoire par- ticulière de chacun de ces genres importants, puis nous parlerons des différences qu'on peut remai'- quer chez les Maries, les Chiens, les Hyènes, les Protèles, etc. Nous ajouterons seulement que leurs os sont plus solides que ceux des autres Mammifères, d'une texture plus compacte, et que leur clavicule, qui est très-petite, se trouve placée dans les chairs; nous donnerons plus tard d'autres remarques. Les appareils locomoteur et sensitif sont, avec l'appareil digestif, et spécialement le système dentaire, ceux qui fournissent aux Carnivores les caractères les plus importants. 11 ne suffit pas. comme le fait remarquer M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, à l'animal carnassier de pouvoir agir sur la chair dont il se repaît par des dents et un appareil digestif dont les formes, la disposition et la structure ont, avec leur fonction, les rapports les plus admirablement harmoniques. Il faut, avant tout, que l'animal puisse reconnaître de loin la présence d'une proie, aussi attentive à l'éviter que lui-même est ardent à sa recherche. La proie aperçue, il faut qu'il puisse l'atteindre; et, après l'a- voir atteinte, qu'il puisse la vaincre et s'en rendre maître. Ce sont toutes ces conditions indispen- sables qui méritent au plus haut degré de fixer l'attention. Chez les Carnassiers les organes des sens sonttrès-développés. La vue et l'ouie sont surtout très-per- fectionnées chez les Carnivores par excellence, c'est-à-dire chez les Chats et les Chiens; l'odorat et le ic- 22 i70 IIISTOII'.E iNATUl'.KLLE. goût chez les Cariiivoicsqui ont plus spécialcmenl un régime plus végétal ouomiiivorL' : c'est ainsi que les Ours, et surtout que les Coatis et quelques genres qui sont voisins de ceux-ci, offrent des fosses na- sales d'une étendue considérable, au devant desquelles le nez se prolonge souvent en un groin mobile, un peu comme celui dos Cochons. Dans ces genres, les mêmes os qui produisent le plancher des fosses nasales forment aussi la voùle du palais; la langue est très développée et la membrane palatine très- étendue; au contraire, les globes oculaires sont peu volumineux, et les caisses auditives ne font pres- que jamais qu'une très-faible saillie à la base du crâne. Dans les Chats, au contraire, l'inverse a précisément lieu; les caisses auditives sont cunsidérables, et les yeux Irès-dévcloppés; ceux-ci pré- sentent d'ailleurs dans leur structure deux modifications importantes, d'où les habitudes diurnes d'un certain nombre d'espèces et les habitudes nocturnes des autres. M. Isidore Geoffroy Saint-Ui- laire donne l'explication de ces divers faits, et nous transcrivons les paroles mêmes du savant pro- fesseur. « Si nous recherchons pourquoi les Carnivores par excellence ont l'odorat et le goi'it moins développés que la vue et l'ouie. nous pouvons apercevoir la raison philosoplii(iue de ce fait en nous plaçant au point de vue de l'iiannonie nécessaire de toutes les parties de l'élrc. il nous paraît, en effet, se rattacher à une donnée, qui, au premier aspect, peut sembler n'avoir avec fui aucune connexion : la dis|iosition des armes les plus redoutables des Carnivores, leurs canines. Ces dents, placées à la partie antérieure des mâchoires, ne peuvent agir comme armes qu'en s'entre-cro'isanl d'une mâchoire à l'autre; et leur eiitre-croisemcnl a lieu par suite de l'élévation de la mâchoire in- férieure, opérée par la contraction des deux masseters et des deux ptérygoidiens internes, muscles qui s'insèrent les uns et les autres sur les branches montantes du maxillaire inférieur. Les canines sont donc en avant de la mâchoire inférieure, et c'est tout à fait en arriére que s'avancent les muscles élévateurs. 11 suffit de rélléchir sur cette disposition pour conclure, en partant des no- lions les plus élémentaires sur la théorie des leviers, que, plus la mâchoire inférieure sera allongée, plus, toutes choses égales d'ailleurs, l'action du système dentaire, et spécialement celle des canines, se trouvera affaiblie, d'où résulte, comme conséquence nécessaire de la loi d'harmonie, la brièveté de la mâchoire inférieure, cl par suite de toute la face, chez les Carnivores par excellence; laquelle, â son tour, entraine le moindre développement des organes sensilifs antérieurs. )i I.e système nerveux est 1res développé chez ces Carnassiers, et le cerveau offre des circonvolu- tions plus ou moins compliquées. Les membres, en totalité, font assez longs, et libres â leur extrémité dans les Plantigrades et les Digitigrades, tandis que, dans les Amphibies, ils sont, au contraire, extrêmement courts, et leurs ex- trémités, jointes par des membranes épaisses, sont transformées en de véritables nageoires. Dans le premier cas, pour nous servir de l'expression de M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, ces membres ne sont pas empêtrés, taudis que, dans le second cas, ils sont empêtrés. Les ongles, ou, comme on les nomme plus vulgairement, les griffes, »oiU, chez les Carnivores par excellence, des armes d'une grande puissance et destinées à déchirer leur proie. On peut dire que ces griffes deviennent habituellement plus acérées à mesure que les dents sont ])lus tranchantes, ou, ce qui revient au même, à mesure que l'animal est plus exclusivement Carnivore. Ainsi, dans le genre Chat, et nous prendrons le Lion principalement pour type, les ongles, par tin mécanisme par- ticulier, deviennent rétracliles, et les armes de l'animal, logées durant la marche dans de véritables fourreaux, se trouvent ainsi protégées contre toutes les causes qui pourraient en altérer l'acuité. Dans d'autres groupes génériques, tes ongles ne sont qu'à demi réiractiles, et les animaux qui com- posent ces groupes sont déjà moins bien armés en même temps qu'ils sont moins carnivores. Knfin la rélractilité devient quelquefois nulle, et par suite les ongles sont plus ou moins obtus. Ces dispo- sitions ne sont pas cependant générales, et il n'y a pas toujours une correspondance nécessaire entre la disposition des ongles et celle des dents; c'est ainsi que quelques animaux du genre Muslda de Linné, tout en ayant un système odontologique semblable, présentent des différences importantes dans la disposition des ongles. Les extrémités des membres peuvent être transformées en nageoires ou libres. Dans le premier cas, les Carnivores qui présentent cette disposition, tels que les Phoques et les Morses, constituent les Amphibies de G. Cuvier. Dans le second cas, on peut remarquer deux particularités des plus cu- rieuses; c'est ainsi que plusieurs genres, auxquels on applique habituellement le nom général de Plantigrades, appuient la plante entière du pied sur le sol, loisqu'ils marchent ou qu'ils se lien- CARNASSIERS. 171 nent debout, ce que Ton aperçoit aisément par l'absence de poils sous toute cette partie, tandis que d'autres genres en plus grand nombre, ceux qui constituent la tribu des Digitigrades, ne mar- chent que sur le bout des doigts en relevant le tarse : chez ces derniers, la course est plus rapide que chez les autres, et à celte première différence s'en joignent beaucoup d'autres dans les habi- tudes et même dans la conformation intérieure. Quoi qu'il en solide ces différences, ces deux divi- sions des Plantigrades et des Digitigrades, qui oui été très-longtemps pour ainsi dire classiques, ne sont plus adoptées par quelques zoologistes, qui ont montré qu'elles rompaient souvent les dispo- sitions les plus naturelles, et qu'elles n'étaient pas toujours vraies, puisque certains Digitigrades, le Chien lui-même, marchent souvent, dans leur premier âge, à la manière des Plantigrades, et qu'en outre ou connaît des Carnivores scmi-planligrades. En disposant les Carnivores terrestres d'après leur mode de station, on place nécessairement, à l'une des extrémités de la série, les espèces qui s'appuient sur la surface inférieure tout entière des pieds, et à l'autre extrémité celles qui, dans la station et dans la marche, relèvent la plus grande partie du_pifd. La série qu'on forme ainsi concorde d'une manière remarquable avec celle qu'on forme d'après le système dentaire, sans qu'on puisse toutefois lier, par des rapports exacts de pro- portionnalité, les modifications des mâchelières et celles des pieds. On peut dire, avec M. Isidore Geoffroy Sainl-Hilaire, que les espèces les plus exclusivement carnivores, et qui ont par conséquent les mâchelières les plus tranchantes, sont celles aussi qui s'appuient sur la moindre partie du pied, et que, réciproquement, les genres les plus omnivores sont en même temps les plus plantigrades. Tels sont, par exemple, les Kink.ijous, les Ours, et plusieurs genres voisins qui vivent, comme eux, en grande partie de végétaux : ces Carnivores s'appuient jusque sur la partie postérieure du talon. Dans les groupes des Mnstclas et des Vivcrnis de Linné, le talon commence à se relever au moment même où les carnassières commencent à être caractérisées. Dans le groupe des Chiens, la marche est fran- chement digitigrade, de même que les habitudes sont celles d'espèces essentiellement carnassières; et l'animal s'appuie uniquement sur la face inférieure des phalanges. Enfin, les Chats, qui sont de tous le plus complètement carnivores, sont aussi ceux chez lesquels les plantes des pieds et les pau- mes des mains touchent le sol sur la plus ])otitc partie de leur surface : les phalanges onguéales, étant relevées, n'ont plus aucun contact avec le sol, et les première et deuxième phalanges suppor- tent seules le poids du corps. Les métacarpes et les métatarses des vrais Digitigrades diffèrent à la fois de ceux des Plantigrades, et par la direction, et par la forme. Chez les Ours et tous les vrais Plantigrades, les métacarpes et les métatarses, horizontaux aussi bien que les doigts, sont courts et larges. Dans les semi-Plantigrades, ils sont médiocrement longs et larges, et présentent des degrés d'obliquité très-différents, soit d'une espèce à l'autre, soit dans la même espèce et chez le même individu, selon les attitudes qu'il prend. Dans les vrais Digitigrades, ils se rapprochent plus ou moins de la verticale par leur dii'ection, et les métacarpes peuvent même être entièrement verticaux. En même temps, de larges et courts qu'ils étaient, ils deviennent longs et grêles; en sorte que, soit par leur direction, soit par leur forme, ils semblent non plus faire partie du pied, mais consti- tuent, entre la jandje et le pied, un segment de plus dans les membres. De là résulte, pour ceux-ci, une plus grande longueur relative, et, ce qui est bien plus important encore comme condition d'agi- lité dans la course et surtout danslesaut, l'existence d'une brisure de plus dans l'ensend^le du membre. Une autre particularité, qui se rattache à celles que nous venons d'étudier, a été encore signalée par le savant zoologiste que nous avons plusieurs fois cité : c'est la suivante. Tout genre omnivore, dans la famille des Carnivores, est pentadactyle aux quatre membres; au contraire, les genres qui offrent le plus de carnivorité, et la plupart de ceux qui les avoisinent, sont tétradactyles, soit à l'une des paires de membres, soit même aux quatre membres à la fois. La taille des Carnivores, comparée à celle des Mammifères en général, est moyenne; mais, toute- fois, ils sont tous plus grands que les animaux des deux familles précédentes. Les plus petites es- pèces se trouvent dans les genres Mangoustes et Martes, et les plus grandes dans celui des Chats. La grande majorité des Carnivores sont terrestres; ils se trouvent sur le sol, et courent avec une aisance plus ou moins grande; quelques-uns grimpent sur les arbres avec une grande facilité : un certain nombre d'espèces est aquatique; ils nagent aussi vite que les Poissons et aussi aisément qu'eux, et ne viennent sur le sol, où ils se traînent péniblement, que pour y respirer l'air. 172 HISTOIRE NATURELLE. D'une manière générale, ronime nous l'avons dit, les Carnivores se nourrissent de chair, et, dus lors, leurs habitudes naturelles sont sanguinaires; c'est ainsi que les i^randes espèces, comme les Lions, les Tigres, les Panthères, etc., se nourrissent de gros animaux, presque exclusivcracul do liuniinanls; et que les petites espèces, comme les Martes, s'attaquent aux petits Mammifères, et sou- vent même aux Oiseaux, dont ils font un grand carnage dans nos basses-cours. D'autres espèces, comme les Protèles et les Hyènes, se contentent de chair plus ou moins putrélièe, et vont parfois déterrer les cadavres pour s'en repaître. Les espèces aquatiques se nourrissent de Poissons; les Phoques spécialement en font une grande consommation. Les Plantigrades ont un régime omni- vore; et l'on sait que les Ours peuvent se nourrir exclusivement de matière végétale, quoique ne l'opoussanl pas une nourriture animale. Du régime diéléiiquc de ces divers animaux résultent leurs mœurs, sur lesquelles nous reviendrons. Nous nous bornerons à ajouter que même les espèces les plus féroces ont pu être apprivoisées, et que nos ménageries en renferment en grand nombre, et qu'elles ont pu quelquefois s'y reproduire. Les Carnassiers les plus féroces semblent parfois, en domesticité, d'une grande douceur; Ion sait quelle obéissance ils montrent à ceux qui les ont domptés; mais aussi, ce qu'on n'ignore pas, c'est que souvent leur naturel terrible reprend le dessus, et que plus d'un de nos fameux montreurs d'animaux a trouvé la mort en jouant avec les armes ter- ribles de l'animal, qu'il avait cru avoir entièrement maîtrisé. Ce que nous venons de dire s'applique plus particulièrement aux grandes espèces du genre Chat, comme le Lion, la Panthère, le Tigre, le Léopard, etc.; il n'en est pas de même du Chien, qui sait se montrer constamment l'ami, et quel- quefois le protecteur de l'homme. Dans chaque article sur les divers genres de Carnivores, nous re- viendrons avec soin sur les détails de mœurs, qui constituent l'une des branches les plus attrayantes de la zoologie. Parmi les conditions de l'existence des animaux, en tant qu'individus, celle qui comprend la nourriture étant évidenunenl la plus importante, et celte nourriture étant ici elle-même animale, on voit comment, pour les Carnivores, la distribution géographique est déterminée par la coexistence d'autres animaux, soit de la même classe, soit de classes différentes, et beaucoup moins qu'on ne l'a cru par la température; aussi l'on peut dire d'une manière générale qu'aux lieux où se trouvent un grand nombre d'animaux herbivores, surtout où les Carnivores pourront être à l'abri des pour- suites des Carnivores plus forts qu'eux, et surtout de celles de l'espèce humaine, ils seront plus nombreux en espèces et même en individus, comme l'Afrique en est un exemple remarquable, prin- cipalement dans son intérieur, là où la civilisation a à peine pénétré de nos jours. C'est là en effet que, sauf le Tigre, toutes les formes parliculièics de Carnivores existent en grand nombre, parce que, outre la condition de température, se trouve la première, bien plus importante, labondance de la nourriture fournie par les Singes, par les Piuminants et autres animaux. Et, comme parmi ceux-ci il s'en trouve de toute taille et de toute grandeur dans les eaux et dans les airs comme sur la terre, on comprend commeiil la forme carnassière s'est pour ainsi dire modifiée d'une manière si variée pour atteindre à toutes ces nécessités d'harmonie générale, aussi bien dans la dimension que dans le mode et le degré de carnivorité. On comprend encore comment l'espèce humaine exerce une in- fluence sur les Carnivores encore plus grande, peut-être, que sur la plupart des autres espèces de Mammifères. Quoi qu'il en soit, et malgré le grand nombre d'espèces africaines de Carnivores, on en trouve dans toutes les parties du monde ; l'Asie en renferme quelques-unes; l'Amérique égale- ment, et l'Europe, assez riche en petites espèces, en possède aussi quelques grandes, particuliè- rement dans les genres Ours et Phoque. Depuis les temps historiques, l'on connaît des changements plus ou moins étendus que la distri- bution géographique des Carnivores a éprouvée, et qui sont le résultat d'une action plus ou moins immédiate de la part de l'homme; en effet, des animaux de la famille que nous étudions ont aban- donné certains pays, soit que les conditions d'existence n'y existassent plus pour eux, soit parce qu'eux-mêmes ont été le sujet de chasses, de poursuites, qui ont fini par détruire certaines es- pèces, ou les ont refoulées dans des contrées nouvelles, après les avoir fait quitter celles qu'elles habitaient primitivement. La science possède, en effet, des preuves que les Phoques, et surtout cer- taines espèces des mers du Sud, non-seulement sont devenus beaucoup moins abondants depuis les expéditions nombreuses de pêche que les Américains, les Anglais et les Français ont envoyées dans ces parages, mais encore qu'ils ont abandonné certaines localités plus au nord, et où ils trouvaient CARNASSIERS. 173 les disposiiions les plus favorables à leur existence, pour se retirer plus au sud; on doit en dire au- tant du Phoque commun en Europe, et du Phoque moine de la Méditerranée; le premier s'est, en effet, de plus en plus retiré vers le nord, abandonnant nos rivages de la Manche et de l'Océan, tandis que le second n'existe plus que sur quelques points de l'Adriatique, et semble s'être réfugié dans la mer Noire. Il en ebt de même de l'Ours commun d'Europe, qui, par suite des embûches con- tinuelles auxquelles il est exposé, n'existe plus que dans les parties les plus inaccessibles de nos Alpes et de nos Pyrénées, et qui existait jadis dans toutes les montagnes européennes un peu élevées, et cela depuis les temps historiques, comme objet de chasse chez les Grecs, les Romains, et les peu- ples d'Europe jusqu'au quinzième siècle. Les petites espèces de Carnivores, comme les Blaireaux, et surtout les Martes, les Fouines, les Belettes, les Putois et les Hermines, ayant pu échapper à l'action de l'espèce humaine par la facilité qu'elles ont de se cacher et de trouver aisément leur prin- cipale condition d'existence, étaient sans doute réparties à peu près, autrefois, comme elles le sont encore aujourd'hui. Mais il n'en est pas de même des grands genres Chat, Chien et Hyène. Toute- fois, pour ce dernier, on n'a pas de preuves historiques de son ancienne extension au delà de ce qu'il est aujourd'hui. Mais pour le Lion, et même pour les Panthères; car les anciens auteurs grecs ont laissé des preuves indubitables de leur existence dans les parties orientales et méridionales de l'Europe; et même pour le Loup, on a la date certaine de l'époque à laquelle ils ont disparu de l'Angleterre. La faune fossile des Carnivores comprend également un grand nombre d'espèces; on en a trouvé dans presque tous les terrains, mais plus particulièrement dans ceux de formation assez récente, et dans les cavernes à ossements. Ces fossiles se trouvent répandus sur presque toute la surface du globe: c'est ainsi qu'on en a signalé aux monts Himalayas, au Brésil, etc.; mais c'est principale- ment eu Europe que les recherches des paléonthologistes en ont fait découvrir un plus grand nom- bre, et on les doit principalement aux travaux de G. Cuvier, De Blainville, Blumenback, Goldfuss, Huot, Oken, et deMM. Lund, Uroizet et Jobert, Bravard, Marcel de Serre, P. Gervais, Gwen, Falcon- ner et Cautley, Lartet, Schmerling, etc. Quelques-unes de ces espèces se rapportent à des genres connus, tels que ceux des Ours, Chien, Chat, Hyène, Phoque et Morse; ou à des groupes particuliers, comme cen\ Aes Ca'molher'mm, Bravard; Agnotlierhtm, Kaup; Amphiarctos. l'axoiliepum, Palœo- cî/o« et Pici\niyie Oioituoii. OURS PROPREMENT DITS. URSI. Linné. De Blainville. Animaux de granité taille. Formes épaisses. Pieds fortement plantigrades. Molaires peu tuberculeuses. Les animaux de cette division peuvent être compris dans un seul genre, celui des Ours, quoi- que l'on ait proposé d'y former d'assez nombreuses subdivisions : tels que les genres Tlialnrctos et Ortjiis, Gray; Iktaretos, Horsfield; Proeliilus, llliger, qui lui-même répond aux Melursus, Meyer, etc., que nous indiquerons simplement comme dessous-genres. Nous y joindrons également quelques groupes de fossiles, qui doivent rentrer dans ce genre naturel, et que l'on a indiqués sous les noms d'Vrsus; A'Amphiarctos, De Blainville; Cullridens, Croizet, etc. GENRE UNIQUE. — OURS. URSUS Linné, 1755. Syslema natur;r. Nom applique Irès-înciennemeiU ;'i ce groupe d'animaux CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. ; nwhiires. '^/, en tntalilr (luara)ilr-(leu.r dents Les incisives sont bien rangées : les deux extérieures plus fortes et plus pointues que les quatre intermédiaires, et, à la mâchoire inférieure, ces deux mêmes dents étant larges, pointues, avec un lobe latéral bien séparé h la face externe; les canines sont fortes et coniques; les molaires peuvent être en nombre variable si l'on ne prend pas l'animal adulte, car les fausses niota'ires ne sont pas encore venues dans les jeunes imiividus, et elles .saut tombées dans les très-vieux : il g a tro'is vraies mola'ires très-larges, à couronne carrée, totalement tuberculeuses, et trots fausses molaires .supé- rieures, et quatre inférieures, petites, obtuses, espacées entre elles. Corps trapu, couvert d'un épais et long pelage, lisse ou la'incux. Tête grosse, à museau plus ou moins prolongé, et mobile. Narines ouvertes. Oreilles médiocrement grandes, un peu pointues, velues des deux côtés. Pattes épa'isses, term'inées par des extrémités fortement plantigrades; ces pattes aijant louies cinq doigts presque égaux, armés d'ongles très-forts, très-courbés, et destinés à creiLser la terre, ou à permettre à l'animal de s'accroelier au tronc des arbres quand il grimpe. Queue très-courte. Cerveau volumineux, à circonvolutions nombreuses . Langue iisse. Mamelles au nombre de six : deux pectorales et quatre ventrales. Pas de cœeum. Les Ours sont des animaux très-remarqnables parmi les Carnivores, à cause de leur grande taille, et l'on peut dire qu'à l'exception de quelques is)u<;es de Clials et de Phoques, ce sent les plus grands 184 IIISTOIUK NATUKELLE. Carnassiers. On connaît la physionomie générale de ces Mammiléies, leurs t'oimes trapues, l'épais- seur de leur taille et de leurs membres, et la pesanteur de leur allure, qui semblent annoncer un naturel grossier et sauvage; cependant, leur front large, leur museau fin, leur tète, qu'ils portent liai)iiuellemcnl haute, détruisent en partie l'impression qui résidte de leurs proportions générales; c'est, en effet, cpiils se distinguent par tout ce qui tient à l'intelligence. Doués d'une force à la- quelle la plupart des animaux ne sauraient résister, les Ours sont peu dangereux et ne font que rarement usage de leurs puissants moyens d'attaque, parce que l'organisation de leur appareil digesiif les rend plutôt omnivores que carnivores; cependant ils deviennent trés-carnassiers quand ils sont pressés par la faim. Fig. 58. — Oui's brun des Alpes. Les molaires, au lieu d'être tranchantes et disposées de manière à se rencontrer par leurs faces latérales et à agir entre elles comme le font les deux branches d'une paire de ciseaux, sont larges, aplaties, tuberculeuses, et disposées de manière à se rencontrer, j)ar leurs couronnes, avec celles de l'autre mâchoire, et à agir sur elles comme le fait le pilon sur son mortier, d'où il suit qu'elles sont très-propres a écraser et à broyer des matières végétales, mais qu'elles ne peuvent que difficilement couper ou déchirer de la chair, ce qu'ils ne font qu'avec leurs incisives. Le système dentaire de ces animaux étant des plus importants, nous croyons devoir reproduire en entier la description qu'en donne Fr. Cuvier {Dents des Mammifcrcs. ISS'i). A la màchoiie supérieure, le nombre des incisives et celui des canines est de six poui' les premières, et de deux seulement pour les secondes. Les deux premières incisives, d'égale grandeur, ont du rapport avec celles de la même mâchoire dans le genre Chien, mais le lobe moyeu efface presque entièrement, par sa grandeur, les lobes latéraux, l'un et l'autre très-petits. Elles sont divisées eu deux parties, intérieurement, par un sillon transversal, et la partie interne, bien moins saillante que la partie opposée, est partagée elle- même en deux lobes par une dépression qui est perpendiculaire au sillon transversal. La troisième incisive est divisée en deux parties par un sillon oblique, et sa forme crochue la rapproche un peu de la canine. Celle-ci vient ensuite après un petit intervalle vide; elle est conique, légèrement cro- chue, et garnie, longiitidinalement en avant et en arriére, d'une côte tranchante. Immédiatement à la base de la canine est une fausse molaire en rudiment; puis, à peu de distance, on en trouve une seconde qui tombe quelquefois avec l'âge; et, après un autre vide, on en voit une troisième à la base de la carnassière, très-peu développée aussi, mais parfois, cependant, à deux racines. La carnas- sière est réduite aux plus petites dimensions : extérieurement, on y reconnaît le tubercule moyen, qui est propre a cette espèce de dent chez les petites espèces de Plantigrades, ainsi que le tubercule postérieur, mais le lobe antérieur est presque effacé; à son côté interne se trouve, postérieuremeni, un tubercule plus petit que les précédents, et qui l'épaissit. Cette position particulière du tuber- cule interne, que l'on voit en général à la partie antérieure des carnassières supérieures, tandis que c'est à cûunmncer pui' la partie opposée que les fausses molaires deviennent tuberculeuses, semble CAKNASSIKfiS. l«f) Fi;:. 50. — Uuf^ Ijnia. Ki^. liU. — i'atte :intL'i'icure. Fi^.Gl. — l'alli^ |His(,-rii:nr,! Ki;i. iVl. — Diii's polaire. Fig. 03. — l'alte anlérieure. Fig. ()4, — l'atti! poslt'i-ji'iiri 18 ■'l 186 IllSTdlliR NAÏURKLLE. devoir faire regarder cette dent, non comme une cariiassiùrc, mais comme une fausse molaire; cl alors la carnassière supérieure aurait entièrement disparu, et la seule fausse molaire normale qui existerait remplirait les fonctions de carnassière. La dent suivante présente, à son bord extrême, les deux tulicrcules principaux des premières tuberculeuses; à son cùlé interne sont deux tubercules parallèles aux deux premiers, mais séparés l'un de l'autre par un tubercule plus petit : cette deni est à peu près le double |)lus longue que large. La deruièie molaire, d'un tiers jilus grande que la précédente, dont les proportions sont les mêmes quant aux rapports de la longueur à la largeur, offre, sur son bord externe, à sa partie antérieure, deux tubercules (|ui semblent avoir leurs analogues à la dent |irècè(lente, mais cpii sont un peu plus julits. Au bord intérieur de cette même partie est une crête divisée en trois par deux ])elites écliancruies. La partie postérieure est un talon qui fait ;\ peu près un tiers de l'étendue de la dent, laquelle est bordée d'une crête divisée irrégulièrement par trois principales échancrures, et tout l'intérieur de la couronne est couvert de petits sillons, de petites aspérités, qui sont propres aux Ours. A la mâcboire inférieure, le nombre des incisives est également de six, cl celui des canines de deux, comme dans les petits l'Iantigrades. Les incisives sont bilobées comme celles des Chiens, et les canines garnies de côtes semblables à celles de la niAcboire opposée. Les fausses molaires sont au nombre de deux ou trois, et même quel- quefois de quatre : les premières sont à la base des canines, les autres en sont séparées par un intervalle vide, et se trouvent rapprochées des niAchelières proprement dites. La première est plus grande que la deuxième, et se conserve chez l'animal adulte; la deuxième, extrêmement petite, tombe avec l'âge, et, sous ces différents rapports, la troisième lui ressemble; la quatrième seule a une forme normale. Après elle vient une dent étroite comparativement à sa longueur, mais non tran- chanle. On y remarque, antérieurement, un tubercule, puis un autre A sa face externe, et deux plus petits ;\ la face interne, vis-à-vis du précédent. Ces quatre tubercules forment à peu près la moitié de la dent; après eux, vient une profonde écbancrure, et la dent se termine, en arrière, par une paire de tubercules. La mûchelière suivante, qui est la plus grosse des dents de cette mâchoire, est fort irréguliére quant à la distribution de ces saillies et de ces creux, de ces tubercules et des vides ou des dépressions qui les séparent. On y distingue cependant deux tubercules principaux à sa moitié antérieure ; l'un à la face interne, l'autre à la face externe, qui sont réunis ]iar une crête transversale; mais ces tubercules sont subdivisés, linterne surtout, par de petites échancrures qui le partagent en deux ou trois autres. On pourrait dire de même de la partie postérieure, et, cepen- dant, une lij,'ure seule peut en L'espèce de léthargie de l'Ours varie suivant la rigueur de 1 hiver; lorsque cette saison est très-douce, il n'y tombe point; au contraire, son sommeil devient assez profond quand le froid est rigoureux. Dans ces habitudes, ne voit-on pas la prévoyance de Hieu? D'après son genre de vie, et cela s'ap]ilique principalement aux espèces des pays froids, comment l'Ours trouverait-il la nourriture qui lui convient pendant la froide saison'? C'est pour remédier à cette difliculté qu'il tombe en une sorte de torpeur et qu'il peut se passer de prendre des aliments. Une preuve que nous pouvons donner de ce que nous venons d'avancer, c'est (|u'à l'état de domesticité l'Ours est aussi éveillé en hiver qu'en été; toutefois nous devons faire remarquer qu'il mange beaucoup moins et qu'on le voit même passer parfois plu- sieurs jours sans prendre aucune nourriture; mais, malgré cela, il ne cesse pas de remuer et n'é- prouve nulleniLMitréiat léthargique {[u'il éprouve dans la nature. Ajoutons, en terminant ce sujet, que )<,)5 IIISTOlItE NATURELLE. In civilisnlioii liiimninp semble encore l'éloiyiier (lav:mtcces d'durs, faite libreuienl, et par ces animaux eux-mêmes, nous présenter des résul- tats plus remarquables que l'éducation forcée dont nous les savions susceptibles. Elle nous a été ofrcrt(! par les Ours qui vivent dans les fosses de la ménagerie du Muséum de Paris, sous la seule in- fluence du pulilic, qui leur parle et qui leur donne coutinuellenient des gourmandises. A l'aide de ces deux uniques moyens, ces animaux ont appris a faire une foule d'exercices qu'ils répèlent au simple commaudemenl et par le seul espoir d'être recompensés par un gâteau ou par un Iruit. Ainsi, à ces mots : Monlc h l'iiilirc, ils montent au tronc dépouillé qui a été placé dans leur fosse. Si on leur dit : Fais le beau, ils saveiij qu'ils doivent se coucher sur le dos et réunir leur quatre pattes. Au mot de : Pria, ils s'asseyent sur leur derrière et joignent leurs pieds de devant, et('. Ces ac- Kl::. I — t^liiL'ii ■l'AiTiiJiii|iii' I.-|„_ 2 — l'jradiixurc lie NiiIm ri , 25 CARNASSIERS. 19S lions sans Joute peuvent finir par ne suivre ces conimanclcnients qu'au moyen d'une véritable asso- ciation d'idées; c'est ce que l'iiaijitude produit même en nous; mais les Ours qui nous les ont présentées ont dû les commencer librement, et, après plus ou moins d'hésitation et d'erreurs, comprendre le sens précis de ces mots, ou plutôt de ce signe : Moule à l'arbre; or, c'est là un des résultats les plus élevés auxquels puisse atteindre l'intelligence des brutes; mais il est cons- tant qu'ils arrivent à comprendre la valeur des signes artificiels sans les moyens qui forment immé- diatement les associations. On conçoit tout ce que peut produire l'application des facultés d'où ré- sulte ce fait général, qui explique les récits singuliers dont les Ours ont dit être l'objet; aussi ne rapporterons-nous pas ces récils, qui peuvent amuser, mais non pas instruire, et, en les dépouillant des erreurs qu'ils renferment, ils perdraient leur principal intérêt, c'est-à-dire tout ce qu'ils ont de merveilleux, t Fig. 69 — Ours Euryspile. f,cs Ours sont recherchés à cause de leur fourrure, principalement en hiver, dans les pays froids, parce qu'alors elle est plus épaisse et plus brillante que dans d'autres saisons; mais toujours elle est composée de poils épais et longs. En automne, la chair des jeunes est succulente, et l'on dit que les pattes sont un mets irès-délicat. Pétrone nous apprend qu'elle était trés-recherchée chez les anciens Romains. Les Ours adultes ont une chair assez dure cl noirâtre, quoique de bon goiit. Dans les con- trées où ils sont nombreux, leur fourrure devient un objet d'un assez grand commerce. l'eu d'ani- maux sont plus utiles à l'homme qu'eux; car, outre l'emploi que nous en avons indiqué, ils servent encore à divers autres usages. Les Kamischatdalcs font avec leur peau des couvertures, des gants, des bonnets, des harnais pour les traîneaux et des sandales pour marcher sur la glace, qui ont l'avantage de les empêcher de glisser; dans plusieurs contrées européennes, on s'en sert pour former la coiffure des militaires, ainsi que pour la confection de manchons communs, et, chaque an- née, la France importe pour ces usages trois à quatre mille peaux que l'on tire principalement de la Russie et de l'Amérique du Nord. Quelques peuplades de l'Asie septentrionale et de l'Amérique em- ploient la graisse des Ours dans la cuisine pour apprêter les aliments, et ces peuplades sauvages, pendant leurs excursions, sucent avec délice la moelle de leurs os. Un autre usage propre à nos pays civilisés consiste à former avec cette graisse une pommade qu'on a préconisée pour faire pousser les cheveux, et qui n'a qu'un seul avantage, celui d'être très-fine. Les Kamtschatdales s'éclairent avec l'huile que l'on extrait de ces animaux, et les intesliris sont employés par les femmes à la confection de masques qu'elles portent pour se garantir les yeux des rayons du soleil réfléchis par la neige; on se sert aussi de ces organes en guise de vitres pour garnir les fenêtres, et il n'y a pas jusqu'aux os dont on ne tire parti; en effet, on transforme les omoplates en des sortes de faucilles pour mois- sonner les herbes. La manière de chasser ces Plantigrades diffère suivant leur nombre dans les pays où on veut les atteindre et suivant le degré d'industrie des peuples qui se livrent à cet exercice. Ccpen lanl, par- tout où les armes à feu sont en usage, ce sont elles qu'on préfère à fout autre moyen. Dans certaines contrées, les hommes vont les attaquer corps à corps, et ils peuvent le faire avec succès, parce que, pour se défendre comme pour attaquer, les Ours se dressent sur leurs pieds de derrière et présen- lU 25 11'. iiisi(iir,i; NATLUKFJ.i:. lent au pieti dont leur ailversaire est armé les parties les pins vulnérables de leur eorps; mais, si on ne fait que les blesser du ])reniier coup, ils deviennent i'uiieux et se jettent sur leur ennemi, qu'ils étrcignent, et ne tardent pas, souvent, it étouffer. Les pièges sont aussi employés pour détruire les Ours, mais leur extrême déiianec rend souvent ce moyen tout :^ fait inutile; pour les y faire tomber, il faut les attirer par celui de leurs sens qui a ii> plus d'empire sui' eux, par la gourmandise; et. dans ce cas, le miel est la substance la plus convenable qu'on puisse leur offrir. Les peuples sauva,i;cs qui habitent les forêts de l'Amérique, où lus Ours sont en assez grand nombre, font des battues, ras- semblent ces animaux sur un seul point, et parviennent de la sorte à en tuer beaucoup; mais c'est à l'époque de leur sommeil lélliargiquc qu'ils sont le plus recherchés : on va les tuer dans leur retraite, quand elle a été découverte. Les chasseurs français et espagnols qui vont les alta(|uer dans les Py- rénées sont armés de bons fusils à plusieurs coups. Presque tous les hivers on cite les cliasse.s qu'ils leur font; mais le nombre de ces animaux diminue elnique année, et il est probable que, d'ici à un laps de temps assez restreint, on n'en trouvera plus en iMirope. Les Ours étant des animaux qui habitent constamment des régions froides, l'on peut présumer que loules les espèces doivent se trouver en plus grande abondance dans les contrées polaires ou dans les montagnes élevées au voisinage des neiges perpéiuelles; et, en effet, c'est ce qui a lieu, tandis que l'on peut, au contraire, prévoir qu'il ne doit pas s'en rencontrer dans les pays de plaines, et surtout dans les contrées équatoriales. (!e genre habite dans les parties septentrionales du globe, dans l'ancien comme dans le nouveau monde, les chaînes de montagnes élevées et les vastes forêts incultes, (ie n'est ([ue dans la Nouvelle-Guinée et dans la Nouvelle-Hollande qu'il n'existe pasd'Our.*;, ou du moins, qu'on n'en a pas encore trouvé. On en dit autant de toute l'Afrique, sauf le versant nord de l'Atlas, et encore il y a quelques doutes à ce sujet, quoique Poiret, dans son Voijurjc dans le nord de l'Afrique, assure en avoir vu. .Mais, si ce genre se trouve à peu près répandu partout, les es])èces (|ui le consiiiuenl sont plus ou moins limitées à certaines parties du monde. Ainsi, l'Ours blanc habite les rivages des i!es et des continenis compris entre le cercle polaire et le pôle nord, aussi bien en Amérique qu'en Europe et en Asie; et, s'il arrive quelquefois jusqu'en Islande et en Norwége, c'est qu'il y a été porté par ([uelque banc de glac(\ entraîné lui-même a répo(|ue du dégel aiuiuel. Les Ours pioprement dits, tels que le noir et le brun, sont assez répandus dans toute 1 Europe, et surtout vers le nord, en Norwége, en Russie, en l'ologne, et aussi dans les Alpes, dans les Pyrénées, et sur le versant sep- tentrional des montagnes qui, en Europe, en Asie et eu Afrique, entourent le périple de la Méditer- ranée. Us se trouvent également dans l'Amérique du Nord, depuis une mer jusqu'à l'autre, et depuis le golfe du Mexique jusqu'au Canada; mais, avec l'espèce d'Europe, plus rare peul-êlre, il s'en ren- contre une ou deux autres qui sont particulières à cette contrée. Le versant septentrional de l'Atlas ])ossède, dit-on, l'Ours commun. Il n'en est ]iasdemême de l'Asie méridionale, continentale et insulaire, qui nourrissent, la première l'Ours du Thibet, que l'on trouve dans les parties les jilus moTitueuses, et l'Ours ù grandes lèvres, qui paraît se rencontrer aussi dans l'archipel indien. Cette partie du monde renferme, surtout dans les grandes îles qui la consiiiuenl, l'Ours malais, dont la forme de la tête rappelle beaucoup l'espèce qui habite les Cordillières dans l'Amérique méridionale. Sauf les grandes îles de l'Asie, on ne connaît pas d'Ours dans aucune autre île, pas même dans les deux îles de l'An- gleterre; et la Sicile, la Sardaigiie et la Corse, n'en nourrissent point. Des ossements fossiles d'Ours se trouvent dans les brèches osseuses du littoral de la Méditerranée, dans les fentes des rochers, et dans le diluvium; mais c'est surtout dans les nombreuses cavernes des roches calcaires qu'il s'en rencontre un nombre si grand, que, pendant des siècles, on tirait des cavernes d'Allemagne, sous la dénomination de fÀcornr fn.is'dr. des dénis qui entraient dans l'ancienne matière médicale. Ces cavernes à ossements gisent presque partout dans des massifs siratiliés de calcaire coquillier assez ancien, et qui est de la nature de celui du Jura. Ce calcaire, caractérisé ])ar les coquilles d'es- pèces maintenant perdues qu'il renferme, l'est encore par son aspect, qui offre presque toujours des escarpemenis perpendiculaires, et ]tar les cavités naturelles qu'il recèle dans ses couches, et desquelles sortent communément des sources considérables. Les cavernes à ossements de l'Alle- magne, surtout celles du Ilartz, de la Hongrie et de Franconie, ont leur intérieur le plus souvent divisé en grande salles séparées les unes des antres par des passages très-étroits et si bas, qu'il est CARNASSIERS. 195 (liflicile de croire que. les animaux dont on y rencontre les débris aient pu y pénétrer d'eux-mêmes, à moins que d'imaginer que ces passages ne se soient rétrécis depuis le temps où le dépôt de ces débris a eu lieu, par rcITet de l'infiltration des eaux chargées de matières calcaires, qui y auraient déposé des couches d'albâtre. Dans ces cavernes, les os sont détachés, épars, et en partie brisés, mais jamais roulés, un peu plus légers et moins solides que les os récents, et contenant encore beau- coup de gélatine, et nullement pétriliés. Ils sont env('lo|)pés par une terre endurcie, encore facile à briser, contenant aussi des pariies animales quelquefois noirâtres, et imprégnées d'albâtre. Les os sont souvent soudés entre eux, ou leurs cavités sont renijdies par celte matière incrustante. Le nom- bre de ces débris est très-considérable, notainment dans la caverne de Gaylcurette; ils sont épars, mêlés, et appartiennent :'i,de grandes espèces de Carnassiers qui n'existent plus, notamment à des Chats de la taille d'une l'anthère, à une espèce d'Hyène, à des Chiens, etc.; mais les trois quarts au moins se rapportent à des Ours. Aucune espèce d'animaux herbivores ni marins ne s'y rencontre. I,e bon état de conservation de ces os, et l'humus qui les enfouie, prouvent qu'ils n'ont pas été roulés par la nier, ou entraînés par des inondations. L'absence de ces mêmes os dans la roche qui l'orme les parois des cavernes indi(iue assez que celles-ci ne sont pas le résultat d'une dissolution de cette roche, qui aurait respecte les ossements qu'elle contenait. 11 ne reste plus qu'une supposi- tion probable, c'est que ces animaux habitaient ces demeures et qu'ils y mouraient paisiblement; mais ce qui est diflicile à concevoir, c'est cette réunion d'espèces inconnues, ou dont les analogues les plus rapprochés vivent dans des contrées très-éloignèes de celles où l'on trouve leurs débris, çt sous des climats si diflércnls. Quoi qu'il en soit, malgré la grande multiplicité de ces os, on n'ad- met. De Blaiiiville surtout, qu'un petit nombre d'espèces d'Ours fossiles. Les traces les plus anciennes des Ours à la surface de la terre se trouvent dans nos livres sacrés et en plusieurs endroits. Nous voyons ensuite les poêles, les mythologistes grecs, tirer, sous le nom d'Arctos (vp/.tc;), dont l'étymologie n'est nullement certaine, des comparaisons plus ou moins justes de ces animaux, ou bien les ènumérer parmi ceux qu'Orphée charmait par la douceur de sa Ivre, ou qui gémissaient de la mort de Dapbnis, ou même comme objet de chasse de leurs héros. Notre système de constellations dans l'hémisphère nord nous rappelle, même dans la dénomination (|ue nous avons conservée aux deux plus septentrionales, un mythe célèbre, celui d'Arcas, fils de .Jupiter et de la nymphe Calisto, elle-même fille de Lycaun, loi d'Arcadie, changé en Loup pour avoir donné à manger les n:embres d'Arcas, lequel, ressuscité et devenu grand chasseur, ayant ren- contré dans les forêts sa mère, changée en Ourse par la jalousie de Junon, et prêt à la tuer, en fut em- pêché par Jupiter, qui le changea lui-même en Ours, et les plaça l'un et l'autre dans le ciel. Depuis ce temps, le nom d'A=vro; est devenu, en grec, à la fois celui de l'animal et celui du pôle auprès du- (lucl se trouva la constellation de l'Ours. Les peintures et les monuments des anciens ne semblent, au reste, pas représenter ces animaux. Les naturalistes anciens n'ont connu qu'un petit nombre d'espèces vivantes d'animaux de ce genre. Aristote donne peu de détails sur ces Mammifères; il dit que l'Ours a le pied semblable à la main de l'homme, ce qui a été admis par Oppien, qui ajoute que, pendant l'hiver, cet animal, relire dans sa bauge, et sans nourriture, lèche ses pieds et ses mains. Élien accepte ces faits, et les rend encore plus merveilleux : c'est ainsi que, pour lui, la durée de l'abstinence des Ours est fixée à qua- rante jours, et qu'il rapporte qu'ils ne lèchent que leur main droite. Tite-Live nous apprend que, dès l'an C85 de la fondation de Rome, on vit quarante Ours dans le cirque, l'iine, à l'occasion des ani- maux exposés à la curiosité des Romains dans les jeux que les consuls et les empereurs donnaient au peuple, cite cent Ours de Numidie, que Domitius Abenobardus, édile rurule, l'an G'Jô de Rome, montra dans le cirque avec autant de chasseurs éthiopiens, .\thenee assure que Ptolémêe Phila- delphe montra un Ours blanc en Egypte, mais, comme le fait remarquer De Rlainville, cet Ours ne doit probablement pas être rapporté à l'espèce désignée sous la dénomination actuelle d'Ursus ma- liiimiis, mais probablement à l'Ours de Syrie, assez récemment décrit par M. Ehrenberg. Ainsi, les anciens ne connaissaient sans doute qu'une seule espèce d'Ours, celle qui habite encore les montagnes élevées du périple de la Méditerranée; mais, dès que l'étude des sciences naturelles se fut portée plus au nord, et que les relations avec les habitants de cette partie du monde devinrent plus fréquentes, la connaissance de ces animaux se rectifia, s'agrandit, ainsi que le nombre des espèces. Albert le Grand recoiinnt qu'il y a en Europe des Ours noirs, bruns et blancs, et, en outre. 19G HISTOIRE NATURELLE. le premier, il distingua le véritable Oiirs blanc (Ursus mar'itimus) des régions arctiques. G. Agricoia etGfsner crurent devoir distinguer des espèces différentes dans l'Ours d Europe. En ICoo, Worm, outre la distinction d'Ouis grands et petits, noirs et blancs, terrestres et maritimes, ajoute que les Norwégiens en séparent trois espèces : une plus grande, de couleur fauve, i)lus frugivore que les autres; une deuxième, noire, plus petite et plus carnassière, et une troisième encore plus petite, mais aussi malfaisante, et qu'à cause de son goiU pour les Fourmis on nomme Ohj-s des Fourmis; et il ajoute que ces trois espèces prétendues produisent ensemble, en donnant lieu à des espèces intermédiaires, ce qui prouve que ce ne sont que des variétés d'une seule et même espèce; enfin, le même auteur donne une bonne description de l'Ours blanc. En 1695, Ray, qui eut le tort de joindre les Ours avec les Chats, réunit toutes ces variétés en une seule espèce. Lisné, dans la première édi- tion de son Siislema nalurir, en 175:>, établit le genre Ursns; et sa note caractèrislique principale portant sur le nombre des doigts, il y comprit non-.seulement les Ursiens, mais encore tous les riantigrades de taille médiocre qui forment notre division des Petits-Ours, partagée elle-même en plusieurs groupes génériques très-distincts, et il confondit, sous le nom commun d'Ursus antos, les Ours d'Europe et d'Amérique. Brisson, en 1750, imita Linné; mais, à 1 exemple de Klein, il sépara, sous le nom i\'Vrsns albiis, l'Ours blanc, qu'il avait réuni à celui d'Europe. Mais c'est surtout dans V Histoire naturelle fiénérale et pariiciilicrc de Bulïon, eu 17()i), que l'on fommença à distinguer et à reconnaître, outre l'Ours brun et l'Ours noir d'Europe , un Ours noir et un Our.s brun de l'Amérique septentrionale, différents de l'Ours blanc maritime. Ces dis- tinctions spécifiques furent faites plus nettement par l'ennant (1770), Erxleben (1777), et Blu- menbach; ce dernier, en outre, lit, le premier, connaître deux espèces fossiles, les l'rsus spcliciis elarctoideus. En 1782, Pallas, et depuis (1789j, Gmelin, établirent, d'une manière comparative, les trois espèces qui furent seules longtemps admises; savoir : Y L'rsus arctos, ou Ours d'Europe; l'tV- sus albus ou marilimns, ou Ours polaire et Wrsus Aimricanus, ou Ours noir d'Amérique. En 1805, G. Cuvier, ayant à discuter sur les espèces fossiles, commença par dèlinir les espèces vivantes. et, d'après la considération de la forme du crâne et surtout de celle du front et des mâchoires, il crut pouvoir en distinguer quatre; savoir : l'Ours noir d'Europe, l'Ours brun d'Europe, l'Ours d'A- mérique et l'Ours blanc. Sur ces entrefaites, plusieurs espèces vivantes bien distinctes furent snc- «•essivement introduites dans le système mammalogique : d'abord une grande espèce connue dans les Indes orientales, et qui, considérée pendant un assez long temps comme une espèce de Paresseux par Shaw, et qui est devenue depuis le type du genre Procliitus d'Illiger et Melursus de Meyer, fut re- connue par De Blainville comme appartenant au genre Ours, et nommée Ursus labialus, à cause de la grandeur de ses lèvres; puis deux autres de la même partie du monde, l'une de l'Archipel et I autre du Thibet, furent envoyées, par MM. Raflles et Alfred Duvaucel, et acceptées par G. Cuvier, d'après les travaux de son frère, sous les noms lY Ursus Matnimius et Tliihiiauus. Les voyages dans l'Amérique méridionale en procurèrent une septième espèce des Cordillières, qui fut nommée Ours orné, Ursus ornatus, par Fr. Cuvier. Les voyageurs dans rAméri([ue du Nord, après avoir vaguement reconnu une très-grande espère particulière, ont Uni par en apporter des dépouilles, sur Icscpielles les naturalistes américains ont établi l'Ours gris ou féroce, Ursus ciiiereus, ou ferox, ou liorribilis. A ces huit espèces bien distinctes, on pourrait peut-être en joindre deux autres qui ne sont pas encore suffisamment distinguées, et sur lesquelles nous reviendrons bientôt. Quant à la disposition sériale des espèces, suivant Ue Blainville, en faisant entrer la considération de la lon- i;ueiir proportionnelle du pouce aux oieds de devant, du nombre des eûtes, du trou ou condyle 'nierne de Ihumérus, et de la proportion des deux arrière-molaires d'en haut, commenvant par l'Ours marin, on doit suivre par les Ours d'Europe, puis par l'Ours noir de l'Amérique septentrio- nale, par les Ours de l'archipel indien, et finir par les Ours des Cordillières. C'est, à peu de cliose près, l'ordre que nous suivrons dans nos dcscri|)tions spécifiques. Ces diverses espèces vivantes ont été partagées par les naturalistes modernes en plusieurs groupes génériques particuliers; pour M. Gray, les quatre principaux .«ont ceux des Tliahissarctos, pour VUr- sus maritimus; Ursus proprement dit, pour les Ursus arctos, mçjer et ferox; Ilclnrctos, pour les Ursus oruatus. Tliibrianus et Malaiamts, et Procliilus, d'après Uliger, pour V Ursus labiatus. Nous n'adopterons pas ces divers genres, mais nous les indiquerons comme subdivisions secondaires du grand genre t3urs. CARNASSIERS. 197 II nous reste à dire quelques mots sur riiistorique des diverses espèces d'Ours fossiles. En 1072, Pelerson llayn, le premier, représenta plusieurs os fossiles tirés des cavernes à ossements dont nous avous précédemment parlé, et qu'il indiqua sous le nom de nrmjons. lUiirkman, en 17ô'2, dans une description des cavernes de Hongrie, annonça que la plupart des os qu'elles contenaient, aussi bien que ceux des cavernes d'Allemagne, étaient des os d'Ours. Une fois cette affinité admise, on voulut les comparer aux espèces vivantes, et les premiers qui s'occupèrent de ce sujet crurent reconnaître, dans les têtes d'Ours des cavernes, la lète de l'Ours blanc, llienlùt après, Camper, Ro- senmiillcr, Ilunter et Blumenbacli, annoncèrenl que ces tètes différaient de celles des espèces ac- tuelles, et le dernier établit même deux espèces parmi elles, sons les dénominations d' Ur.nis spc- lœtts et arctoidens. G. Cuvier (Ussements fossiles, t. IV, 2= édition) admit la première comme es- pèce distincte, et la seconde avec doute, ainsi qu'une troisième, décrite par Goldfuss sous le nom d'L'rsii s prisais. Depuis ce temps, plusieurs paléontologistes, tels que MM. Oken, Croizet et Jobert, Devèze et Douillet, Marcel de Serre, Nesti, Buckland, Smerling, Falconner et Cautluy, etc., firent connaître de nouvelles espèces, en sorte qu'en les inscrivant toutes, elles s'élèveraient à douze, dont onze pour l'Europe ; mais De Dlainville, de son côté {Ihicocjraplûe : fascicule des Ursiis), n'en admet que deux espèces : l'Ours des cavernes et l'Ours d'Amérique; encore regarde t-il la première comme consliluant, avec les Ours bruns et noirs d'Europe actuels, et l'Ours féroce d'.A- mérique, une seule et unique espèce, qui atteignait une taille gigantesque, comparativement avec les races actuelles, et il forme un groupe distinct avec VUrsiis Sivatcjuis de M. Falconner, et Cautley son genre Anipliiurcios, qu'il nomme aussi Sivalarctos. Il est certain que plusieurs de ces espèces fossiles ont été établies sur des caractères trop fugitifs; mais nous croyons avec MM. Laurillard, Owen, Pictet, Wagner, etc., que les Ours des cavernes diffèrent autant, et même plus, de l'Ours brun, que celui-ci diffère des autres espèces vivantes, et nous décrirons, dans leur ordre zoologique, cinq ou six de ces esnèces. I" SOUS-GKNRE. — TllAI.AliCÏOS. TlIMARCfOS. Grjy, 1825. AuiKlIs uf ^Jt. pllilOSOplliCRl. &7.'/.o,ça%, mer; «fxTo;, Ours. • CARACTÈRES DISTINCTIFS. Crâne aplcili, formant avec le chaufiein une seule iujne arquée en dessus. Museau fin, long, aiiaiil un peu d'analogie avec celui des Maries. Corps allonijé, bombé sur le dos. Onijles courts, peu recourbés. Siistèine de coloration : blanchâtre Cette division sous-génèriqne ne renferme qu'une seule espèce 1. L'OURS ULANC ou PÛLAIUE l'ItSUS MAItlTlMUS. Caiiacu'iues spécifiques. — Cet animal est bas sur jambes, et néanmoins son corps, son cou, sa tète, sa main et son pied, sont très-allongés, et beaucoup plus que dans les autres espèces du même genre. Sa taille est très-grande et atteint plus de 2"; les voyageurs disent même qu'ils en ont vu d'énormes, et vont jusqu'à leur attribuer une longueur totale de 4"; mais dans cela il faut faire la part de Icxagèration de ceux qui les ont observés. Un de ses traits les plus remarquables est la snillie de ses sourcils, qui résulte de la conformation particulière des os du front. Les poils blancs qui recouvrent tout le corps sont longs, soyeux et très-loul'fus; il y en a jusque sous une partie de la paume des mains et de la plante des pieds, ce qui assure sa marche sur les glaces les plus unies. Son œil est petit et noir, ainsi qtie sa langue et tout l'intérieur de la gueule. Cet animal semble, ainsi que nous l'avons dit, n'avoir pas été connu des anciens; car il parait cer- i'JS IIISTUIIIE NATUIIIOLLE. laii), aujourd'hui, que l'Ours blanc que Ptolémèe Philadelplie lit voir au peuple d'Alexandrie, et dont parlent Allieiiée et Calixt'ne le Itliodicn, appartenait à une variélé alhiiie de noire Ours d'Iùi- rope. Ce ne serait qu'au moyen âge, lorsqu'on (:oninien(,'a à explorer les contrées polaires, (pi'on le découvrit, et les voyatceurs l'indiquèrent sous les noms d'Ours polaire, d'Ours de la mer glaciale et d'0((c.vt/rtHC, qui furent acceptés |)ar Itiifl'on. I,inné lui appliqua le nom latin d'Ursus marilimus, ([Uî doit être adopté, et d'autres naturalistes l'indiquèrent sous des dénominations diverses, telles que celles d'Ursus albus, fîrisson; d'Ursus uiariuus, Pallas; de Tlialarctos viariliinus, Cray, etc. i/Ours blanc a une réputation effrayante de férocité, de courage et de voracité, qu'il doit aux exagérations des naturalistes et surtout des voyageurs. Toutes les terribles histoires qu'on a débitées sur son compte étant réduites à leur juste valeur, on est étonné de trouver qu'il ne diffère presque en rien, quant aux mœurs, des autres espèces du même genre, et que, s'il montre pins d'intrépidité, il le doit plus à sa stupidité et au genre de vie misérable qu'il mène qu'à un véritable courage. Toute- fois, on doit reconnaître qu'il est plus essentiellement Carnivore, et que, conséquemment, il se nourrit moins de matières végétales; et cela tient iirohablement à la nature des régions dans les- quelles il vil, (|ui lui offrent beaucoup plus d'animaux que de végétaux. Fig. 70 — Ours pulairo: Il habite le cercle arctique, et principalement le Spilzberg, le Groenland, la Laponie et l'Islande. On le trouve également en Sibérie, et la partie de ce pays où il est le plus commun est située entre les embouchures de la Lena et du Jenissey; il y en a moins entre ce dernier fleuve et l'Obi qu'entre l'Obi et la mer Blanche. Sans doute parce que la Nouvelle-Zemble leur offre un asile commode et tout à fait .solitaire; il semble la préférer au continent. Ce n'est qu'accidentellement, et portes par des glaçons, qu'on en a constaté la présence sur les cotes de Norwége. En hiver, ces animaux sont sans cesse furetant à travers les glaçons sur le bord de la mer, et se nourrissent des cadavres que les vagues rejettent à la côte. Mais leur proie ordinaire consi.ste en Phoques, en jeunes Morses, et même en lialeineanx, qu'ils osent aller attaquer à la nag(^ à plus de deux kilomètres de la côte. Ils se réunissent cinq ou six pour cela; mais, malgré leur nombre, ils ne réussissent pas toujours, parce que la Daleine accourt à la défense de son petit, et, avec sa queue, étourdit, assomme ou noie les agresseurs. Les Phoques, malgré leurs fortes mâchoires, ne leur présentent guère de résistance, parce qu'ils s'approchent d'eux pendant leur sommeil, les sai- sissent derrière la tète, et leur brisent le crâne avant qu'ils n'aient pu opposer la moindre résistance. Il n'en est pas de même des Morses, qui, plus défiants que les Phoques, ne se laissent pas aussi facilement surprendre. Outre cette nourriture, abondante dans les pays qu'ils habitent, les Ours blancs dévorent un très-grand nombre de Poissons et d'autres animaux marins de taille moyenne ou petite. Ils plongent facilement, et peuvent rester longtemps sous l'eau sans respirer. Ils nagent avec autant d'aisance que de rapidité, et peuvent faire ainsi un assez grand nondjre de kilomètres sans se reposer. Mais, quelquefois, si une course trop luiigue les fatigue, ils cherchent un glaçon entraîné c\i\NASsii:ris. lOii jjar It's eaux, y iiioiilcui el s'y endormoiit, en s'abaiulonnanl ainsi au liasard des Ilots et dos vents, qui peuvent les conduire dans la pleine mer, où bientôt ils se trouvent réduits à mourir de faim. « C'est ainsi, dit M. Boitard, qu'en Islande et en Nûr\véi;e on voit parfois arriver, sur des glaçons flottants, des bandes d'Ours blancs affamés au point de se jeter sur tout ce qu'ils rencontrent. .Mors ils sont terribles pour les hommes et pour les animaux, et celte circonstance, tout à fait acciden- telle, mais qui se renouvelle presque chaque année, n'a pas peu contribué à leur faire une réputa- tion de courage et de férocité. S'ils sont entraînés dans la haute mer, ils ne peuvent plus regagner la terre ni quitter leur île flottante. Dans ce cas, ils se dévorent les uns les autres, et celui qui reste finit jiar mourir de faim. )> En été, les Ours blancs, retirés dans l'intérieur des terres, y errent solitairement dans les forets, el mangent les graines, les fruits et les racines qu'ils peuvent trouver, tout eu recherchant les ca- davres cl en attaquant les animaux qu'ils rencontrent. C'est dans les bois qu'ils font leurs petits et que les femelles les allaitent sur un lit de mousse et de lichen. Celles-ci portent sept mois, el mettent bas au mois de mars un ou deux petits, très-rarement trois. Les mères sont irès-altachées à leurs petits, el Fr. Cuvier assure qu'elles les portent quelquefois sur leur dos en nageant. Ces animaux ont une voix qui ressemble, dilon, à l'aboiement d'un Chien enroué plus (pi'aii murmure grave des autres espèces d'Ours. Dans les hautes latitudes qu'habitent les Ours blancs, les étés sont très-courts, et bientôt des neiges abondantes, en leur cachant leur nourriture, les obligent à quitter les forets el à venir siii- les bords de la mer. Us sont alors non seulement suivis de leur famille, mais encore d'une troupe nombreuse d'Ours que la famine a aussi chassée des bois; el cette association passagère doit être in- diquée, car les autres espèces du même genre vivent constamment solitaires. Dès lors, ds se préparent à combattre plus sérieusement les grands animaux marins, en attaquant les Rennes et autres llumi- nants qu'ils rencontrent, el qui ne leur offrent pas de résistance. Fuis ils reprenneul le genre de vie d'hiver dont nous avons parlé. Fr. Cuvier dit qu'ils éprouvent un engourdissement hivernal, et s'exprime ainsi : « C'est au mois de septembre que l'Ours blanc, surchargé de gaisse, cherche un asile pour passer l'hiver. Il se con- tente, pour cela, de quelque fente pratiquée dans les rochers, ou même dans les amas déglace, el, sans s'y préparer aucun lit, il s'y couche el s'y laisse ensevelir sous d'énormes masses de neige. Il y passe les mois de janvier et de février dans une véritable léthargie. » Les faits indiqués par Fr. Cuvier nous semblent loin d'être confirmés, el nous croyons, avec M. Boitard, qu'on doit les révoquer en doute : 1" parce que les récils des voyageurs nous montrent les Ours blancs comme ayant une grande activité de mouvement, même pendant les plus grands froids, ce qu'au reste ou a pu observer dans nos ménageries, et 2 " parce que c'est pendant l'époque désignée comme étant celle durant laquelle ces animaux seraient en léthargie qu'a lieu le développement des fœtus chez les femelles. « L'Ours blanc, et nous copions encore un auteur que nous avons plusieurs fois cité, est l'effroi des marins qui sont obligés d'hiverner près du cercle polaire. Dans les contrées qu'il habite, il n'a jamais rencontré un être assez fort pour le vaincre, ce qui fait que la crainte est pour lui un senti- ment étranger, mais dont il est cependaTit très-susceptible. N'ayant jamais éprouvé de lutle sérieuse, il ignore le danger, el sa stupidité l'empêche de le reconnaître lorsqu'il l'aperçoit pour la première fois. Aussi l'a-l-on vu venir d'un pas délibéré attaquer seul une troupe de matelots bien armés. D'autres fois, il s'élance à la nage et va, sans hésitation, tenter l'abordage d'une chaloupe montée de plusieurs hommes, d'un vaisseau même, et il périt victime, non de son intrépidité, mais de sa stupide imprudence. S'il sent de la résistance, s'il est blessé, il cesse honteusement le combat, et fait lâchement ce que ne font jamais l'Ours brun, le Tigre et les grandes espèces de Chats. Les ma- rins qui ont hiverné dans le Nord ont rempli leurs relations d'histoires plus ou moins vraisembla- bles louchant les Ours blancs. Ce qu'il y a de bien positif, c'est qu'ils ont été toujours inquiétés par ces animaux, qui venaient flairer une proie vivante jusqu'à la porte de leur cabane, el qui grim- paient quelquel^ois sur le toit pour essayer de i)ènètrer par la cheminée. Mais, toutes les fois qu'on les recevait à coups de fusil, ou même à coups de lance, ils se hâtaient de prendre la fuite, ou, du moins, n'essayaient pas de soutenir une lutte. » Malgré leur férocité, les Ours blancs, surtout pris jeunes, peuvent être conservés en domesticité. 200 IIISTOmE NATUr.l'LLi;. et l'on en voit souvent dans nos ménageries; mais ils ne se montrent guère susceptibles (rétiiicaiion ni de beaucoup (rattachement, cl restent constamment d'une sauvagerie brutale et stupide. Ils sont assez vifs, et cela surtout pendant les jilus grands froids de nos hivers, tandis que, dans nos cli- mats, pendant rété, ils semblent languissants et faibles, recherchent avec avidité l'eau la plus froide qu'ils peuvent trouver. Leur nourriture est peut-être un peu plus exclusivement composée de chair que celles des autres Ours; mais, néanmoins, ils ne refusent pas le pain et les gâteaux que le public qui les regarde jette continuellement dans leurs fosses. 2° SOUS-GENBE. — DANIS. DAMS. Gray, 1825. Aimais o! iN,iI. |ihiloso|jhic3l. CARACTKHES I)IFFt':RENTIEt.S. Tf'tc proporlwnncllcninil nn peu plus larf/c en nrrihe que celle de l'Ours d'Europe. Ongles irh-loufjs, comprimés, arques, assez aigus. Jambes longues. Queue trh-eourte. Taille plus considérable que celle olyirc. 1"1. ->i. CARNASSIERS. 205 nesse, et qu'il de>icnt plus carnassier lorsqu'il passe trois ans. 11 est certain qu'on peut le nourrir avec (lu pain seulement; ceux de notre Ménagerie ne mangent pas autre chose, et, quoiqu'ils n'en reçoivent que trois kilogrammes par jour, ils se portent très-bien; l'un d'eux a même vécu quarante-' sept ans à ce régime dans les fossés de Berne, ou il était né. Ils mangent aussi volontiers des légu- mes, des racines, des raisins; mais, ce qu'ils aiment le mieux, c'est le miel : ils renversent les ruches, grimpent dans les arbres creux et s'exposent à la piqûre des Abeilles pour s'en rassasier. Ils recher- chent les Fourmis, sans doute à cause de leur acidité, car ils aiment tous les fruits acides, et surtout les baies d'épine-vinetle et de sorbier. Lorsque la faim les presse, ils dévorent les cadavres et les voiries. Les nôtres boivent chacun un demi-seau d'eau par jour: ils la hument à peu prés comme le Cochon. Leurs excréments sont jaunâtres et irès-liquides; ils urinent en avant, et sans lever la cuisse. L'Ours commun commence à engendrer dès l'âge de cinq ans; une femelle a mis bas à plus de trente ans. » Nous ajouterons qu'actuellement à la Ménagerie du .Muséum on les nourrit presque exclusi- vement avec de la viande crue. L'Ours, malgré ses formes assez lourdes, est doué d'une certaine agilité, qu'il déploie avec beau- coup de prudence. Lorsqu'il monte sur un arbre, il s'accroche aux branches avec ses mains, et au tronc avec les griffes de ses pieds de derrière; quelquefois aussi, il embrasse la tige avec ses bras et ses cuisses; mais, dans tous les cas, il y met beaucoup de précaution, et jamais il ne lâche une patte de son appui qu'il ne se soit assuré, à plusieurs reprises, que les trois autres ne lui manque- ront pas. Il se nourrit habituellement de faines, de graines de diverses plantes, de certains fruits et baies, et même de racines. Les Ours du nord de l'Europe et de l'Asie se nourrissent, pendant la belle saison, de fruits, de baies, et principalement de celles de l'airelle, de l'arbousier, etc.; des bulbes de certaines Liliacées, telles que les LUiitm bidbifcriim, Kamlsclmlansc, etc.; ils ne dédai- gnent pas les graines, et, faute de mieux, ils mangent les feuilles laiteuses du laiteron, de la campa- nule à larges feuilles, et même des jeunes jiousses du bouleau. Mais, quand cette nourriture vient à lui manquer, il attaque les animaux qu'il rencontre, et s'en repait; il descend alors dans les plaines et se jette sur les troupeaux. Quelques-uns sontichlhyopliages, et dévorent un très-grand nombre de Pois- son. L'Ours nage avec une grande facilité. Il n'est pas dangereux pour l'hommi, à moins qu'il ne soit attaqué. S'il rencontre un chasseur, il ne fuit pas à la vue de ses armes, il passe outre; s'il est blessé, sa colère devient terrible, il court sur son agresseur, le saisit dans ses bras et l'étouffé en lui dévo- rant le visage ou lui brisant le crâne. On rapporte que, « s'il est harcelé par une meute de Chiens courageux et appuyés par de nombreux piqueurs, il se retire, mais il ne fuit pas. Il gagne lente- ment sa retraite en se retournant, de temps à autre, pour faire face à ses nombreux ennemis, qui reculent aussitôt épouvantés. Enlin, liai'assé de fatigue, mortellement blessé par les balles des chas- seurs, près de mourir, il s'apprête à faire payer chèrement la victoire à ses ennemis. Debout, le dos appuyé contre un arbre ou un rocher, il les attend, et tout ce qui est assez téméraire pour l'appro- cher tombe écrasé par sa terrible patte ou brisé par ses dents. En Europe on fait la chasse à cet animal avec le fusil et des Chiens. Quelquefois aussi, quand il a été aperçu dans la plaine et que l'on a découvert sa retraite, on le traque comme le Loup, c'est-à-dire que tous les paysans d'un ou de plusieurs villages se réunissent, entourent la forêt d'une ceinture de tireurs et de traqueurs, qui marchent en resserrant de plus en plus le cercle qui le circonscrit, et finissent par l'approcher et l'accabler sous leur nombre, d Lesseps donne des détails sur la manière dont on fait la chasse de l'Ours de Sibérie, qui, ainsi que nous l'avons dit, n'est qu'une variété de l'Ours d'Europe. « La chasse de cet animal exige de l'art et beaucoup de hardiesse. Les Kamtchatdales l'attaquent de différentes manières : quelquefois ils lui tendent des pièges. Sous une trappe pesante, suspendue en l'air, ils mettent un appât quel- conque afin de l'attirer. L'Ours ne l'a ]ias plutôt senti et aperçu qu'il s'avance pour h; dévorer; en même temps il ébranle le faible support de la trappe, qui lui tombe sur le cou et le punit de sa vo- racité en lui écrasant la télé, souvent même tout le corps. Il est encore une autre chasse aux Ours fort en usage au Kamtchatka, et par laquelle on jugera qu'il faut autant de force que de courage. Un Kamtcliatdale part pour aller à la découverte d'un Ours; il n'a pour armes que son fusil, espèce de carabine dont la crosse est très-mince, plus une lance ou un épieu, et son couteau. Toutes ses provisions se bornent à un petit paquet contenant une vingtaine de Poissons séchés. Ainsi muni et équipé, il pénètre dans l'épaisseur des bois et dans tous les endroits qui peuvent servir de repaire 204 HISTOIRE NATURELLE. à l'animal. C'est pour l'ordinaire à travers les broussailles ou parmi les joncs, au bord des lacs et des rivières, qu'il se poste et attend son ennemi avec constance et intrépidité. S'il le faut, il restera ainsi en embuscade une semaine enlière, jusqu'A ce que l'Ours vienne à paraître. Dès qu'il le voit ù sa portée, il pose en terre une l'ourcbe de bois qui lient à son fusil. A l'aide de celte fourche, le coup d'oeil acquiert plus de justesse et la main plus d'assurance; il est rare qu'avec une balle, même assez petite, il ne touche pas l'animal, soit à la tête, soit dans la panie des épaules, son endroit sen- sible. Mais il faut qu'il recharge son fusil dans la même minute; car, si l'Ours n'est pas renversé du premier coup, il devient furieux et accourt au.^silùt pour se jeter sur le chasseur, qui n'a pas tou- jours le temps de lui tirer un second coup. Alors le Kamtehatdale a recours à sa lance, dont il s'arme ù la hâte pour se défendre contre l'Ours en furie qui l'attaque à son tour. Sa vie est en danger s'il ne porte pas à l'animal un coup mortel. Souvent il arrive dans ces combats que l'homme n'est pas le vainqueur; cela n'empêche pas les habitants de ces contrées de s'y exposer prescjue journellemeut. » L'Ours montre une intelligence assez développée; il ne tombe que rarement dans les pièges qu'on lui tend; tout objet nouveau éveille chez lui la défiance; il l'observe prudemment avant de l'appro- cher, passe sous le vent pour s'en rendre compte par l'odorat, s'avance doucement, le flaire, le tourne et le retourne, puis s'en éloigne, s'il ne lui convient pas de s'en emparer. Nous pouvons citer un fait qui vient à l'appui de ce que nous venons d'avancer, et dont nous avons été témoin à la Mé- nagerie du Muséum; on voulait détruire l'un des Ours des fo.sses, et on essaya de l'empoisonner avec de l'acide arsénieux; mais l'animal, après avoir senti le gâteau ou le morceau de viande qui conte- nait le poison, vint le plonger dans son auge remplie d'eau, et ce ne fut qu'après l'y avoir laissé assez longtemps, et l'y avoir plusieurs fois remué, qu'il se décida à manger ce qu'on lui offrait, et il le lit impunément. L'Ours aime la vie solitaire, et fuit, par instinct, toute société, même celle de ses semblables. Il ne cherche sa femelle qu'au temps des amours, c'est-à-dire au mois de juin, et, ce moment passé, il la quitte et va fixer sa demeure à plusieurs lieues de la forêt qu'elle habite. Aussi ne prend-il aucun soin de ses petits, et ne manque-t-il même pas, assure-t-on, de les dévorer, s'il vient à les décou- vrir dans leur retraite. Il en est, au contraire, tout différemment de la femelle, qui aime ses petits avec la plus vive affection, qui les dépose sur un lit de feuillage et de mousse dans le creux de quel- que rocher. Elle les garde avec elle jusqu'à ce (ju'ils aient deux ans et qu'ils aient acquis la force né- cessaire pour repousser toute agression étrangère; elle les soigne, leur donne des fruits et du gi- bier, les lèche, les nettoie et les porte avec elle, dans ses bras, lorsqu'ils sont fatigués. Si un danger les menace, elle les défend avec un courage furieux et se fait tuer sur la place plutôt que de les abandonner. Aussi n'est-ce qu'avec beaucoup de danger et de prudence que les montagnards vien- nent à bout de s'emparer de ses Oursons, ordinairement au nombre d'un à trois, très-rarement plus nombreux. Pendant leur jeunesse, les petits de l'Ours ordinaire ont en général sur leur pelage, d'une colo- ration uniforme, un collier blanc plus ou moins prononcé. (Cependant on trouve dans la même portée des Ours qui n'ont pas du tout de collier, d'autres qui le perdent peu de temps après leur naissance, et enfin certains autres qui le conservent jusqu'à ce qu'ils aient atteint près du tiers de leur gros- seur. D'après cela, on comprend que l'on ne doit pas admettre d'espèces fondées sur de jeunes Oursons et caractérisées presque exclusivement par la présence ou l'absence de ce collier. Pris jeunes, ces animaux sont susceptibles d'une certaine éducation, vivent très-bien en domesti- cité, et peuvent y reproduire leur espèce, ainsi que l'on en a annuellement la preuve dans nos Mé- nageries. On voit souvent, dans les villages et les petites villes, des habitants de nos montagnes alpines qui monlrent de jeunes Ours auxquels ils ont appris à marcher debout, à faire des culbutes et à danser d'un pas lourd au son de la musique, fjuoique ces animaux obéissent à leurs maîtres, ils ne le font qu'en grognant et en grinçant des dents; aussi les tient-on constamment muselés et se déCe-t-on beaucoup de leur colère, qui procède souvent d'un caprice et tourne toujours en fureur. Les Ours sont très-communs dans les Ménageries, et, de tous les animaux qui y sont compris, ce sont peut-être ceux que recherche le plus le public. Nous avons déjà dit quelques mots à ce sujet; nous ajouterons seulement que la domesticité retire aux femelles une partie de leurs bonnes qualités maternelles; en effet, quoiqu'elles donnent encore des soins à leurs petits, elles ne poussent pas toujours l'affection jusqu'à leur abandonner une partie de la nourriture qu'elles ont à leur disposi- CARNASSIERS 205 lion; en effet, nous avons vu souvent de ces mères disputer à leurs petits les gâteaux qu'on leur je- tait ou la chair qui leur était destinée. La fourruie des Ours est, quoique grossière, assez recherchée; on en fait des tapis d'assez grande valeur, des bonnets militaires et des manchons communs. La graisse, dont ils sont abondam- ment pourvus, a été longtemps préconisée comme un remède infaillible contre les rhumatismes, ainsi qu'une foule d'autres maladies, et surtout comme ayant la vertu de faire pousser les cheveux. Aujourd'hui, il est bien démontré que l'on ne doit pas ajouter foi aux récits de toutes les cures merveilleuses produites par elle; toutefois il est certain que cette graisse, dépouillée par des pro- cédés très-simples dune odeur particulière très-désagréable dont elle est imprégnée, est très-douce, très-fine, et peut avantageusement servir de base à de bonnes pommades. Elle peut même remplacer le beurre ou la graisse pour la cuisine, ainsi que nous avons été à même d'en faire l'expérience. 11 s'agit, quand on veut enlever à cette graisse son odeur désagréable, de la faire fondre et d'y jeter, lorsqu'elle est très-chaude, du sel en quantité suffisante, et de l'eau par aspersion; il se fait une sorte de détonation, et il s'élève une épaisse fumée qui emporte avec elle la mauvaise odeur. Maigre tout cela, ou plutôt à moins qu'elle ne soit parfaitement préparée, cette graisse rancit très-facile- ment. La graisse de l'Ours blanc est moins bonne, et cependant elle est beaucoup plus recherchée que celle de l'Ours d'Europe, et cela parce que, dans les régions septentrionales qu'habite ce Carni- vore, le manque de matière animalisée doit faire employer avec soin celles qu'on rencontre; il en est de même de sa chair. Plusieurs peuples mangent celle de l'Ouis ordinaire; nous avons pu cons- tater que la chair de nos Ours de ménagerie, quoique noirâtre et un peu dure, avait bon goût. Les pattes fournissent un mets très-délicat. Les variétés que l'on a formées dans cette espèce, et qui, comme nous l'avons dit, constituent pour beaucoup d'auteurs des espèces distinctes, sont nombreuses. A. L'Ours bianc tehrestre, Buffon Vrsus atbus, Lesson. Cette variété, que Fr. Cuvier nomme Ours des Alpes, d'après le pays où on l'a rencontrée, n'est qu'accidentelle; c'est par albinisme qu'elle est entièrement blanche. B. L'OoBs DES Pyrénées. Ursus Pyrenaicus, Fr. Cuvier. Cette variété habite les montagnes des Asturies, d'où a été tiré le nom d'Ours des Astiiries qu'on lui a quelquefois spécifiquement appliqué. Elle est de petite taille relativement à la grandeur des in- dividus typiques de l'espèce qui nous occupe; dans ses premières années, tout son pelage est d'un blond jaunâtre, excepté la tète, qui est d'un blond plus foncé, et les pieds, qui sont noirs; l'extré- mité seule des poils est blonde; dans le reste de leur longueur, ils sont bruns, et il parait que cette couleur devient celle de l'animal lorsqu'il arrive à l'âge adulte. C. L'Ours de Norwége. Ursus Norwcgicus, Fr. Cuvier. Cet Ours n'est connu que par un jeune individu âgé de cinq semaines, qui différait des deux précédents en ce qu'il était entièrement d'un brun terre d'ombre, sans aucune trace de collier blanc [). L'Our.s \ collier. Ursus collaris, Fr. Cuvier. Il atteint une très-grande taille; son pelage est brun chez les jeunes individus comme chez les adultes, et chez les femelles comme chez les mâles ; les membres sont noirs et les épaules cou- vertes d'une bande blanche qui semble varier de grandeur. Cette variété habite le nord de l'Asie, principalement le Kamtchatka 206 HISTOIRE NATURELLE. .Vous avons p;irlé de la chasse que leur font les liabilants de ce dernier pays, nous ajouterons, d'après le voyage de Coock, quelques détails sur des Ours qui se rapportent probaldemenl à cette variété, quoique l'on n'indique pas qu'ils aient de collier. Ces Ours sont spécialement redoutables lorsqu'ils sortent de la lanière où ils ont passé l'Iiiver. Si la gelée se trouve forte et si la glace n'est pas encore ronqjue dans les lacs, ce qui les prive de leur moyen de subsistance (c'esl-à-dire des Poissons qu'ils recliercbent activement), ils ne tardent pas à devenir affamés et féroces. Ils ont l'odorat très-fin; ils sicnlcnt de loin les Kamtclialdales, et ils les poursuivent. Comme ils rôdent hors de leurs sentiers ordinaires, ils attaquent souvent les malheureux qui ne se trouvent pas sur leurs gardes, et, quand ceci arrive, les chasseurs du pays ne sachant point tirer à la course et ayant tou- jours besoin d'avoir leur fusil posé sur un point d'appui, il n'est pas rare de les voir dévorer par ces animaux. Il règne une grande affection entre l'i.turs femelle et ses petits, et les chasseurs la mettent à profil pour assurer le succès de leur chasse. Us ne s'avisent pas de tirer un Ourson lors- que la mère est dans les environs, car elle entre dans un accès de fureur qui va jusqu'à la frénésie. Si un petit est blessé et si elle découvre son ennemi, elle l'immole à sa vengeance. D'un autre côté, si la nuMc est blessée, ses petits ne la quittent pas; lors même qu'elle est morte depuis assez long- temps, ils continuent à se tenir près d'elle; ils témoignent l'affection la plus ])rofonde par des mou- vements et des gestes très-expressifs, et ils deviennent finalement la proie des chasseurs. » E. L'Ouns ISABELLE. Ursiis isabcllinus, Horsfield Son pelage, d'un fauve jaunâtre très-prononcé, le distingue du précédent. Il habite les monts Ili- malayas du Népaul. F. L'Ouiis DE SïRiE. UrsHs Sijiiacus, Ehrenberg et llcmpricli. Celte variété, qui ne diffère pas très-notablement de l'Ours brun d'Europe, se trouve dans les hautes montagnes du Liban. (i. L'Olrs du TniBf.T. Lrsus Tliibclanus, Vv. Cuvicr. Les caractères de cette variété consistent dans la ligne droite du chanfrein et dans son système de coloration. Son pelage est généralement lisse et noir; mais la lèvre inférieure est blanche, ainsi qu'une tache en forme d'Y sur la poitrine, et dont les deux petites branches se trouvent en avant des épaules, et la plus longue entre les jambes, s'étendant jusqu'au milieu du ventre; le museau a une légère teinte de roussàlre. La taille est à peu près semblable à celle de notre Ours ordinaire Se trouve au Tliibet, au Népaul et au Sylbet. II. L'Ouïs .noik h'I'J'iioi'e. I isus iiijcr, Lesson. Cette variété, décrite par Buffon, adoptée par G. Cuvicr, et à laquelle M. Boitard applique le nom d'Ursiis alcr, est au moins douteuse, car, par ses caractères, elle parait se rapporter à l'Ours brun d'Europe. Son front est aplati, légèienient concave, surtout en travers; son pelage est laineux, d'un brun noirâtre; le dessus du nez fauve clair et le reste du tour du museau d'un brun roux. Celle espèce se rencontre dans le nord de l'Europe et probablement aussi au Kamtchatka. I. L'Olus de Sidli;ie. i'isus Sibiiicits, l'r. Cuvier. Cette variété, qui ne diffère guère de VOitis h coU'icv, se rencontre en Sibérie et en Laponie. .\cerbi rapporte la manière curieuse dont on fait la chasse à cet animal pendant la saison d'été. CAP.NASSIEUS. 207 '( Lorsqu'un Lapon, (lit-il, connaît la retraite d'un de ces formidables animaux, il so munit d'une longue lance, ayant un fort bâton attaché en travers, à dix-huit pouces on deux pieds de sa pointe. Avec cette arme il a l'audace de s'approcher de l'Ours et de lui présenter le fer de sa lance devant la poi- trine au moment oii le Carnivore se lève sur les pieds de derrière pour élreindre le chasseur dans ses terribles bras: l'Ours blessé, loin de se reculer pour fuir, saisit avec ses deux pattes le bâton placé en travers de la lance, le tire ft lui, et ainsi s'enfonce lui-même le fer dans la poitrine quand il croit tirer à lui son ennemi. » L'n missionnaire, Canots Leems, raconte également la manière dont on fait la chasse en hiver à ces animaux. « Il arrive souvent, rapporte-t-il, que le Lapon, étant ù la poursuite du gibier, découvre, au moyen de ses Chiens, la retraite que l'Ours s'est choisie. Alors, le chasseur se dispose à surprendre l'a- nimal, et, pour y parvenir, il coupe un certain nombre de branches des arbres voisins, qu'il plante el entrelace fortement à l'entrée du repaire, ne laissant qu'un espace suffisant pour que l'Ours puisse y fourrer la tète. Cela étant fait, le chasseur, qui s'est pourvu d'une hache, se met eu devoir d'éveiller l'animal quand il est dans son plus profond sommeil, L'Ours, provoqué par la témérité et les insultes de l'assaillant, s'avance avec la plus grande rage vers l'ouverture; mais il n'a pas plutôt mis la tète à l'espèce de guichet fait à dessein, que le chasseur lui porte un coup avec sa hache, qui, s'il touche au bas des yeux, abat sûrement l'animal par terre. « 4. l.'OURS NOIR D'AMERIQUE. G, Cuvier. URSiS AMF.RICAXUS. RiciiarJson. C.^RACTÈnEs SPÉCIFIQUES. — Pclagc ordinairement noir, lisse, long, brillant, présentant parfois une tache fauve au-dessus de chaque œil, et du blanc ou du fauve à la gorge ou à la poitrine; dans quel- ques cas assez rates, le pelage est entièrement fauve. Le front est plat, presque sur la même ligne que le museau. Le nombre des dents est quelquefois plus considérable que dans l'Ours ordinaire. Plante des pieds et paumes des mains très-courtes. La taille ne dépasse guère 1"',50. Cette espèce est regardée, par la plupart des naturalistes modernes, comme ne devant former qu'une simple variété de l'Ours ordinaire d'Europe; et nous avouerons que l'on ne peut réellement pas trouver dans ses caractères spécifiques de quoi la différencier d'une manière réellement complète. L'Ours noir d'Amérique habite les parties septentrionales des Étals-Unis; il est possible que son habitat s'étende plus loin, et il n'est pas improbable qu'on ne le rencontre au Kamtchatka, et que les Ours à collier et de Sibérie n'en soient que des variétés. Quoi qu'il en soit, ce point n'est pas encore complètement décidé; mais il est sur que Vl'rsus (/ii/aii* d'Etienne Geoffroy Saint-llilaire n'en diffère spécifiquement pas; car on ne peut se fier au système de coloration, puisqu'il varie beaucoup, depuis le jaune clair jusqu'au chocolat. Selon Dnprals, cité par Buffon, -( cet Ours paraît l'hiver dans la Louisiane, parce que les neiges qui couvrent les terres du Nord l'empêchent de trouver .sa nourriture et le chassent des pays septentrio- naux. 11 vit de fruits, et entre autres de glands et de racines, et ses mets les plus délicieux sont le lait et le miel; lorsqu'il en rencontre, il se laisserait plutôt tuer que de lâcher prise. Malgré la pré- vention où l'on est que l'Ours est carnassier, je prétends, avec tous ceux de celte province et des pays circonvoisins, qu'il ne l'est nullement. Il n'est jamais arrivé que ces animaux aient dévoré des hommes, malgré leur multitude et la faim extrême qu'ils souffrent quelquefois, puisque, même dans ce cas, ils ne mangent pas la viande de boucherie qu'ils rencontrent. Dans le temps que je demeurais au Natcliez, il y eut un hiver si rude dans les terres du Nord, que ces animaux descendaient en grand nombre; ils étaient si communs qu'ils s'affamaient les uns les antres et étaient très-maigres; la grande faim les faisait sortir des bois qui bordent le lleuvc, et on les voyait courir la nuit autour des habita- tions et entrer dans les cours qui n'étaient pas bien fermées; ils y trouvaient des viandes exposées au frais; ils n'y touchaient pas et mangeaient seulement les grains qu'ils pouvaient trouver. » Outre cette alimentation, l'Ours d'Amérique se nourrit aussi de Poissons qu'il va chercher à la nage et en plongeant. C'est surtout pendant l'hiver qu'il desieml des hautes montagnes boisées pour ve- nir pêcher sur le bord des lacs et des rivières. Son cri ressemble â des pleurs et diffère ainsi nota- 20S HISTOIRE INATUIŒLLE blcmenl du grognement de l'Ours ordinaire d'Europe. Habituellement il se plait parliculiOrement dans les forêts d'arbres résineux, et il liabite surtout dans les cavités formées par le temps dans leur Ironr. Il aime à se loger vers la cime des arbres élevés. Pour le prendre, les Américains moltcnt le feu au pied de l'arbre, et le forcent ainsi à sortir de sa retraite pour se sauver des llamnies. On rapporte que, si l'on trouve une famille d'Ours dans cette position, « la femelle descend la première à re- culons, comme le font les Ours, et, lorsqu'elle est près de terre, les chasseurs l'abattent d'un coup de fusil à bout |iortant tiié dans le centre de l'oreille. Les Oursons descendent ensuite, et on les prend vivants et sans danger s'ils sont encore petits; dans le cas conli'aire, on les tue. On chasse en- core l'Ours d'Amérique avec des Chiens courants qui le liarcélent juscpi'à ce que le chasseur ait trouvé le moment favorable pour le tirer. Toutes les manières de le chasser sont sans danger, parce qu'il ne court jamais sur celui (pii ralla([ue, et que, blessé on non, il ne cdierchc jamais qu'à fuir. Seule- ment, il ne faut pas s'a])pr(iclier imprudemment de lui lorsqn il est abattu et mourant, car alors, sen- tant qu'il ne peut plus échapper au danger, il cherche à se défendre et à se venger. » Il sert aux mêmes usages que les es]ièi es précédentes, et, en outre, les Américains ont un grand intérêt à le chasser, parce qu'ils emploient sa chair pour leur nourriture, et qu'en le détruisant ils enlèvent un des plus redoutables ennemis de leurs champs ensemencés. 5. l.'OURS ORNK. l'IISUS On.\ATl!S. Fr. Cuvier. CAriACTÈiiES SPÉCIFIQUES. — l'clage lisse et noir; le dessous du corps et les côtés de la mâchoire in- férieure, le dessous du cou et la poitrine, jusqu'aux jambes de devant, sont blancs; du museau, qui est d'un gris roux, part une ligne fauve qui passe entre les yeux et se sépare ensuite en deux pour former, au-dessus de ces organes, deux demi-cercles. Le museau est un peu plus court que celui des autres espèces d'Ours, d'un fauve sale. Sa taille dépasse rarement l"". C'est le premier Ours, ainsi que le fait observer l'r. Cuvier, dont on ait vu le pelage aussi orné; mais ce système de coloration lient peut-être uniquement à l'âge de l'animal, et disparaît quand l'Ours devient adulte. Dans ce cas, ce ne serait qu'une simple variété de l'Ours d'Amérique, et dès lors, probablement aussi, de l'Ours ordinaire d'Europe. Il est comniun dans lesCordilliéres du Chili, ce qui lui a valu le nom d'Ouns des CoRDii.i.iÈiiEs, qu'il porte quelquefois, et se rencontre également dans presque toute l'Amérique australe. S'il est le même que celui que Garcillasco de la Véga et Acosta Hisent exister au Pérou, c'est le seul Ours qu'il y ait dans l'Amérique méridionale. D'après M. Uouliii, qui a longtemps séjourné dans les pays qu'il habile, cet Ours, dans sa jeu- nesse, parait se nourrir exclusivement de fruits et de racines, et est alors peu dangereux. Mais lors- que, poussé par la faim, il a une fois mangé de la chair d'un animal, il y prend tellement goût qu'il ne veut plus d'autre nourriture; il devient alors la terreur de toutes les fermes du canton, auxquelles il enlève un grand nombre de Mules et de Chevaux. C'est â ce sous genre auquel nous croyons devoir rapi)orler les diverses espèces d'Ours fossiles qui ont été découvertes dans les nombreuses cavernes a ossements de l'Allemagne et dans les brè- ches osseuses, ainsi que dans le diluvium du littoral de la Méditerranée. Dès 1672, Péterson Hagn représenta plusieurs os d'Ours tirés des cavernes allemandes, et il les figura sous le nom d'ossements de Dragons Briickman, en 1752, dans une description des cavernes de la Hongrie, annonça que les os qu'elles renferment, de même que ceux des cavernes de l'Allemagne, étaient des ossements d'Ours. Une fois cette affinité admise, on voulut les comparer aux espèces vivantes, et les premiers auteurs qui s'occupèrent de ce travail crurent reconnaître dans les têtes d Ours des cavernes la tête de l'Ours blanc. Mais Comper, Roscnmuller, Ilunter et Blunienbach, annoncèrent que ces têtes diffé- raient de celles des espèces actuelles, et le dernier établit, sous les noms ClVishs xpciwm et urcto'i- dcus, deux espèces parmi elles. G. Cuvier admit la première comme espèce distincte, et la seconde avec doute, ainsi qu'une troisième espèce décrite par Goldfuss sous la dénomination d'.Ursus pris- ais. Depuis ce temps, plusieurs paléontologistes, tels que iMM. Oken, Croizcl et Jobert, Bravard, De- Ki:^. I. — Ciiis tics AsIin'tL's (luàle-jciiiic). Kl;: *i. — llriiiiurnî. l'i ^:i; CARNASSIRRS. 'Jfm vèze et Bouillel, Marcel de Serre, Nesti, Faleonner et Caulley, établirent de nouvelles espèces, m sorte qu'en les inscrivant toutes on en compterait douze, dont onze propres à l'Europe. De Blainville n'en adopte que deux seulement, l'Ours des cavernes et l'Ours d'Auvergne; encore regarde-t-il la première comme constituant, avec les Ours brun et noir d'Europe, une seule et unique espèce, qui atteiîfnait une taille presque i;ii^antesque, com|)arativemcnt avec les races actuelles. Pour nous, ;\ l'exemple de la plupart des paléontologistes modernes, et principalement de M. Laurillard, nous en admettons cinq espèces que nous allons indiquer d'après le naturaliste que nous avons cité en der- nier lieu. C. L'OURS DES CAVERNES ou A FRONT liOMBÉ. VRSVS SPELEVS. Blumenl)acli. Cahactères spécifiques. — Front fortement élevé au-dessus de la racine du ne/, et présentant deux bosses convexes. Chez cet Ours, le diamètre de l'orbite est comparativement plus petit que dans les autres; les dents offrent chacune quelques différences avec celles des espèces actuelles; M. Owen a principale- ment fait remarquer que la première molaire permanente d'en haut a son diamètre antéro-posté- rieur plus long, et que la même dent de la mâchoire inférieure offre une pointe de plus. L'Ours des cavernes était de près d'un quart |ilus grand que notre Ours d'Europe; il était égale- ment plus trapu, car des os longs d'individus de même taille sont plus épais à proportion dans l'es- pèce fossile que dans l'espèce actuelle. De Blainvillc réunit cette espèce à notre Ours d'Europe, VUrsus arclos, et Smerling, au contraire, veut en distinguer ses Lr.siis jorn'icatiis, nnijnr et Di'itinr. On rencontre les ossements de ce Carnivore en grande abondance dans toutes les cavernes d'Alle- magne, de Belgique, de France, et plus rarement dans celles d'Angleterre. 7. L'OURS ARCTOIDE. VnsVS MirTOIOnUS. Blum.MiIjacli. Caractères spécifiques. — Crâne moins bombé r|ue dans l'espèce précédente; bosses frontales moins saillantes; crêtes temporales se réunissant plus en arrière et par un angle plus aigu. He la même taille que VUrsus spelœiis. De Blainville regarde les têtes sur lesquelles cette espèce est établie comme celles de femelles de l'Ours des cavernes; MM. Wagner, Pictetet Owen la considèrent comme une variété du même i'isiis: enfin M. Laurillard fait remarquer que, comme il existe de rares humérus qui se distinguent par un trou au condyle interne pour le passage de l'artère cubitale, on doit peut-être les attribuera ces têtes de formes particulières et peu nombreuses, et qui, dès lors, constitueraient une espèce dis- tincte. Oken en fait son Vrsiis pUinus. Du reste, les débris de cet Ours se rencontrent dans les mêmes lieux que ceux de l'espèce précé- dente. 8. L'OURS IN'TERMEniAlRE. UaSlIS PHISCVS Goldfuss. Cabactèufs spécifiques. — Tète tenant le milieu entre celle de l'Ours ordinaire et celle de l'Ours noir d'Amérique; profd supérieur de cette tête moins arqué que dans aucune espèce vivante. L'es- pace compris entre la première molaire permanente et la canine plus étendu, de sorte que les petites fausses molaires sont plus écartées. De la taille de l'Ours d'Europe. Il a été trouvé pour la première fois ilans la caverne de Gajienreutli, et de|)uis a ete repris dans plusieurs localités différentes, surtout en Allemagne. >J0 S'ï 210 IIISTOinE NATUr.EIXE. De Dlninvillo regarde celle tête comme un degré plus rapproché de l'Oius d'Knrnpo que de l'Oins ;i front homlié; M. Wagner pense que son caraclère spé(ili(|ue ne peut élre donne avec (ciliiude; mais MM. l'iciel el Owen l'admellcnt comme espèce perdue. Enliii M. Laurillard l'ail observer que, soit qu'on le considère comme la souche de nos Ours d'Europe, soit qu'on le regarde comme espèce disiincle, il n'en est pas moins vrai que les différences qui caractérisent les Ours des cavernes et arctùide de celui-ci nu tiennent pas aux circonstances extérieures, puisque ces circonstances étaient les mêmes pour toutes les espèces contemporaines. !) I/OUnS !)■ AUVERGNE. VRSUS AliVEItXENSIS. Cioizcl ri .lobcn. Caractîihes splcifiquks. — Museau pins large que celui de l'Ours ordinaire; molaires plus petites; fausses molaires trè.s-séparées l'une de laulre et persistantes; le talon interne de la carnassière d'en haut aus>i riidimcntaire que dans l'Oins lilanc cl d;ins l'Ours malais; les six incisives occupant un l'spaie moindre, coiiinie dans l'Ours noir d'Amérique, quoique les externes soient fortes. Taille or- dinaire, un peu moins furie que celle de l'Ours d'Europe. Un autre caractère dé celle espèce consiste dans son humérus, qui est percé au condyle interne, comme cela a lieu dans l'Ours orné. l.es débris de cette espèce, dont une mâchoire supérieure est représentée dans VlCssai sur lu mimtn(jtn: de Doiilaile, 18'27, de MM. Itevèze et Douillet, sous la dénomination d'LV.':»* tiiiiiiiiiiis. et dans les Heclicirlics sur les ossemenis fossiles ilii l'ui\-de-Dûme, 18'J8, de MM. Croizet el Job«rt, et une autre dans VOstéonrapIne de De Dlainville, se rencontrent dans les alluvions anciennes sous- volcaniques de l'Auvergne. De lihiinville pense que cette espèce, la seule qu'il regarde comme éteinte, pourrait bien être la même que TOuns de Toscane {Ursiis Kiniscus), G. Cuvier, établi sur des fragments d(^ niâclioii'cs su- périeures. Mais, comme le fait observer M. Laurillard, on voit que le talon interne de la carnassière est plus marqué dans l'Ours d'Amérique que dans celui de Toscane, ce qui fait penser qu'il y a là deux espèces particulières. G. Cuvier avait changé ce t)om(\'Ursiis Eiruscits en exhi'uVVrsus ciiltri- ilcns, Nesii, d'après le témoignage de .M. l'ortland, qui lui avait annoncé ([ue cet Ours portait de longues canines aplaties, comme le Sniilodon ou JùTis eiiltridcns, d'.\uvergne; mais, comme aucun naturaliste italien n'a rien publié depuis ce temps à cet égard, on est encore obligé d'attendre avant de se former une opinion définitive sur cette espèce. M. Croizet indique aussi ces mêmes fossiles sous le nom générique de Citliridens, et il y dislingue trois prétendues espèces, les C. Etninrio- riitm, Issiodareiisis et Arvcriicnsis. Quant aux espèces nommées f'rsus Pillorii et lucioposcairuiis par M. Marcel de Serre, VnusLeo- dieiisis eigifidiileiis, par Snierling, et Ursiis Nesclierseusis, par M. Croizet, c'est avec raison que De lilainvillc a dit qu'elles ne reposaient pas sur des caractères assez bien déterminés et qu'elles dc- vaicnl se rapporter, soit à Vi'rsits spclwiis, soit à ['l'rsits nrcloidctis. M. Lund a ligure, mais non décrit, une espèce particidière, son L'rsus Brasilicmis. dofit quel- ques ossements avaient été découverts sur le bord d'un ileuvc de l'Amérique méridionale. .Mais un fait curieux, et qui semble tout à fait confirmé par les observations de M. llarlan, qui a pu l'ob.'^.cr- ver sur les lieux, c'est que les nombreux ossements d'Ours que l'on rencontre dans les cavernes de l'Amérique ne constituent pas des espèces particulières, mais qu'ils se rapportent à celle qui se trouve encore aujourd'hui dans cette contrée. Enlin, une espèce fossile plus importante,. et sur laquelle nous regrettons de ne pouvoir donner quelques détails, est l'Our.s mes Sivai.ics {Ursus Sivalciisis}, dont MM. Cuntley et Ilugh Falconncr ont trouvé, dans le versant méridional des monts Ilinialayas, une tête osseuse, qu'ils ont figurée dans leur bel ouvrage, mais non décrite. De lilainvilie pense que cette espère doit avoir de l'analogie avec l'espèce d'Ours actuellement vivante dans l'Inde, VUrsiis hdiintiis, et il lui a appliqué les noms génériques d'Atiipliiarctos (».«.»•., des deux côtés; ajxT'.:, Ours) et de Sivalarctos {Sivalic, Sivalic; ajKTc.;, Ours) dans son Osléofirapliie, 1841 : 9* fnsv'iriile. CARNASSIERS. 211 4« SOUS-GENRE. — HÉLARCTOS. BELARCTOS. Horsdeld, 1854. Zoological Joui-u.il, t. 11. E).r,, chaleur du soleil; af/iTc;, Ours. CARACTÈRES DISTIKCTIFS. Onçjks loiiijs et coin primés. Museau assez court. Lèvres non pciidanles. Pelage noir. Vnc tache jaunâtre, large, en cœur ou en croissant, sur la poitrine. Ce sous-genre ne renferme qu'une seule espèce, dont Uorsfield a fait le type de son genre Hel- nrclos, tandis que M. Gray la comprend dans le genre Procliilus d'illiger. 10. OURS EURYSPILE ou OURS MALAIS. UnSUS MALATANVS. Rallies. Cabactères spécifiques. — Pelage noir, assez ras et luisant; au-dessus des yeux, il y a une tache d'un fauve pâle, très-marquée dans les jeunes individus, et qui disparaît avec l'âge; le museau est également d'un fauve roussâlre, et la poitrine est couverte d'une tache de cette même couleur, qui pré- sente la figure imparfaite d'un large cœur. C'est la plus petite espèce d'Ours; elle a un sixième de grandeur de moins que l'Ours aux grandes lèvres. La tête de cet animal est ronde; son front large, et son museau plus court proportionnellement que celui des autres Ours. Le cartilage des narines est semblable à celui de l'Ours d'Europe. L'Ours euryspile, qui a reçu successivement les noms d'IV^Hs Dlalaijanus, Piaffles, et de Proclii- lus Mulaganus, Gray, et dont Uorsfield a voulu à tort faire deux espèces particulières sous les dé- nominations d'IIelarclos Malaganus et eurgspilus, est nommé, par les Malais, Ours bateleur, parce que, chez ces peuples, on l'apprivoise souvent, et qu'on lui apprend facilement à danser et à faire divers tours. De même que l'Ours à grandes lèvres, il présente quelque chose de grotesque dans les gestes et la tournure. 11 est, au reste, peu farouche, et ne manque pas d'une certaine intelligence. On le trouve à Dornéo, à Java, à Sumatra, probablement dans d'autres îles de la Sonde, et, selon Duvaucel, dans le Pégu. On a pu le transporter vivant en Europe, et notre Ménagerie du Muséum de Paris en a possédé, pendant assez longtemps, un individu. Par la forme arrondie de sa tête et la largeur de son front, il se distingue aisément des autres espèces du même genre, une seule exceptée, c'est-à-dire de l'Ours à grandes lèvres, qui habite à peu prés les mêmes contrées que lui, et c'est probablement pour cela qu'on a dit qu'il n'en était sans doute qu'une variété plus petite et bien tranchée. Pour nous, nous les regardons comme tout à fait distinctes, et nous n'aurions, pour le prouver, qu'à rapporter les caractères particuliers des deux sous-genres Iletarctos et Proehilus. 212 IllSTOlIiE NATURl'LLE. ô« SOUS-GENtlE. - PROCIIILE. PROCIIILVS. Illiger, 18H. Prodronin sy^lciiKilica ManimnlUim et Aviiirii, npc/_6i).o;, lùvre à partie saillanle. CARACTÈRES DISTINCTIFS. Oncflcs loiiqs, comprime.'!. IHiiscau allongé. Lèvres loncjucs, pendantes, irhs-mobiles. Pelafie noir brunâtre. Une tache blanche en forme de V sur la poitrine. Ce soiis-gonre, ccéé comme genre i)af Illiger, noii-seulemenl pour la seule espèee qui y entre aujourd'hui, mais encore pour celle que nous avons comprise dans le sous-genre llclarctos, corres- pond au genre J/<7!.'?-«h.s (i»e/c.5, Blaireau; ?/r,ïi/«. Ours), créé par M. Mejer (Zoo/. /II». 170 i), et adopté, avec juste raison, par M. Isidore Geoffroy Saint-Ililaire, et au genre Chondrorhijnchns (-/.ov,îpo;, cartilage; çj-ïxo;, nez) de G. Fischer (Zooffraphie, t. II, 1814). On n'y range qu'une seule espèce. 11. I/OURS AU.Ï GRANDES LÈVRES ou OURS .lOKGLEUU. IIISVS L.\BIATVS. De Blaiiiville. CAHACTÈnEs SPÉCIFIQUES. — Pelage d'un noir foncé, présentant quelquefois quelques taches éparses, un peu brunâtres; la poitrine marquée d'une taelie blanclie en forme de V; de taille moyenne, car sa longueur totale ne dépasse pas l^.ôô, c'est-à-dire qu'il e.st d'un huitième moins grand que lOurs d'Europe. Chez cet animal, les lèvres sont très-grandes, lâches, très-extensibles, et la langue est d'une lon- gueur extraordinaire : ces deux caractères sont. particulièrement d'une très-grande valeur, et, en outre, on doit remarquer que le bout de la lèvre inférieure dépassant la supérieure donne à ce Car- nivore une (igure stupidement animée, jiour nous servir de l'expression même de Fr. Cuvicr. La tète est assez petite. Les oreilles sont grandes, eom]iarativoment à celles des autres espèces du même genre. Le museau est épais, allongé. Le cartilage du nez consiste dans une laige plaque plane et mobile. Dans le jeune âge, les poils n'étant pas très-longs, cet Ours parait assez élevé sur ses jambes et très-libre dans ses mouvements; mais, en devenant vieux, les jioils qui entourent la tète, prenant beaucoup de longueur, donnent à cette partie du corps des proportions ]M'esque monstrueuses, et ceux du reste du corps, tombant presque jusqu'à terre, cachent ses jambes et le font |iaraiirc beau- coup plus lourd, au contraire, qu'il n'est en effet. L'Ours à grandes lèvres a donné lieu à une singulière méprise de la pari des naturalistes; nous allons la faire connaître d'après les pro])res parcjles de M. Isidore Geoffroy Sainl-llilairc {Diction- naire classiijuc, t. Ml, 1827). '( Un individu de cette espèce, ]n'ivé de toutes ses incisives, soit par suite de l'âge, soit par quelque autre circonstance individuelle, fut amené en Europe, vers 1790, par des montreurs d'animaux; il fut examiné à celte époque par plusieurs naturalistes, et décrit par eux avec soin. L'espèce pouvait être dès lors bien connue; mais ces naturalistes ne comprirent pas que l'absence des incisives pouvait cire accidentelle, et, grands admirateurs de la mélliode lin- néenne, ils se trompèrent, pour avoir suivi à la lettre un immurlel ouvrage sans en avoir pénétré l'esprit. Le nouvel animal manquant d incisives appartenait nécessairement, suivant eux, à l'ordre des Brnia. ipie caractérise la phrase suivante : iJentcs ])rin)ores nalli utrinqne; ainsi, quoiqu'il eiU CARNASSIERS. 215 le port, la physionomie, les doigts, et tous les caractères extérieurs des Ours, il fut placé dans le genre JJiadiipus. On se fondait, pour ce dernier rapprocliement, sur l'existence, chez le nouvel Ours, d'ongles irés-allongés et de poils assez senihlabies à ceux des Paresseux, et sur celte autre considération purement négative qu'il s'éloigne des autres genres de l'ordre des Dritta beaucimp plus encore que de celui des Bradypes. On se rappelle en effet que cet ordre, qui correspond à peu près à celui que l'on désigne aujourd'hui sous le nom d'Edentés, comprenait les genres Bradiipux, Mijrmccopliafia, Munis, Damipns, lUiinoccros, Elcplias et Triclicciis. C'est ainsi que Vl'rsiix la- bintiis fut décrit par divers auteurs sous le nom de Dradiipiis ursiniis, Shavv; de Paresseux tirsi- formc, l'ennant; de Paresseux Ours et de Paresseux à cinq doitjis. Plus tard, quelques auteurs, sans comprendre encore ce qu'était le Bradijpus ursinus, comprirent du moins qu'il n'était pas un vérilabh> Paresseux, et ils créèrent pour lui un genre nouveau, qui fut nommé Procliilus par Ilh'ger, et Mclursus par Jlcjer. On doit à Buchanan et à Sonnini d'avoir annoncé les premiers, à De blain- vilie (Soc. pliilomailiiquc, 1817) et à Tiedeman, d'avoir démontré que le prétendu Paresseux n'est qu'un Ours, à la vérité remarquable par la présence de quelques caractères particuliers. » A cet his- torique des plus intéressants, nous ajouterons seulement que, pour Tiedeman, cet animal est son Ursus Umcjiroslris, et que pour Fr. Cuvier, qui a pu plus tard l'étudier, mais sur uii très-vieil indi- vidu, c'est son Ours jonçjleur. Celle espèce est, suivant Duvaucel, assez commune au Bengale, particulièrement dans les montagnes du Silliet, et elle se rencontre le plus habiluellement dans les environs des lieux habités. Elle passe pour être exclusivement frugivore. Douce et intelligente, elle se laisse facilement dresser par les jon- gleurs de l'Inde, et, connne la précédente, on lui apprend à faire différents exercices et à les répé- ter devant le public. TETITS-OCRS. SUBURSI. De Blaitivillc. Corps nssci iriipn, nwins cependant que celui des Ours. Marche planliijrade. Queue quelquefois courte, quelquefois lonçjue. Pas de clavicule. [lumcrus perce d'un trou au condijle interne. Siistcnte dentaire différant de celui des Ours, et particulier pour presque chaque espèce. Les Petits-Ours, pour nous servir de l'Iieureusc expression de De Blainville, sont en général des animaux de taille médiocre que Linné comprenait, pour la plufiart du moins, dans son genre Ursus, parce qu'en effet ils ont également le poil hérissé, qu'ils sont le plus souvent plantigrades, pourvus de cinq doigts aux deux paires de membres, que les carpes comme les tarses sont entièrement nus, larges, et appliqués complètement sur le sol. Aussi tous ces animaux ont-ils une démarche et une allure qui ne peuvent être comparées à celles des autres Carnivores, et surtout des Digitigrades, comme les Chiens principalement. Ce sont des animaux qui, comme les Ours, se nourrissent plus volontiers de substances végétales qu'animales, demi-nocturnes, dormeurs, quelquefois au i)oint de s'engourdir complètement dans l'hiver, s'engraissant avec la plus grande facilité. Tous sont également dépourvus de clavicules, n'ayant pas même d'os claviculaires; ils n'ont pas non plus de cœcum, le cô!on se conti- nuant sans interruption avec le rectum. Mais ils en diffèrent, parce que toutes les espèces de Petits- Ours ont l'humérus percé au condyle interne, particularité qui n'existe peut-être que dans deux espèces d'Ours, et surtout par leur système dentaire, qui, différant constamment de celui de ces derniers animaux, présente une composition particulière |)resque pour chaque espèce. C'est même ce qui a 214 HISTOIRE NATURELLE. déterminé les zoologistes qui ont pris ce système comme base de l'élablissement des genres à en former un assez grand nombre, ([u'ils ont eondrmés plus ou moins lieureiisemeni par quelques lé- gères parlicularités, et entre autres par la considération de la queue, qui, ])resque nulle dans les premières espèces, s'allonge beaucoup dans certaines autres. Les Petits-Uurs se trouvent répandus dans toutes les parties du monde; un seul genre, celui des Blaireaux, se rencontre en Europe, sur les bords de la Mrdilerranée. On en connaît des espèces vi- vantes en assez petit nombre, et quelques-unes à l'état fossile. Parmi ces dernières, quelques-unes correspondent à des espèces encore existantes aujourd'lmi; et d'autres <:onstituent des groupes tout à fait distincts. Cette division répond en partie à la famille des Viverridés de M. Isidore Geoffroy Saint-IIilaire el à ses tribus des Ursicns et des Mustéliens. Pour De lilainville, on ne doit y admetlie que : i" en groupes d'animaux actuellement vivants, les genres Panda (Ailiirits), Raton {Pronjoii), Coali (A'«- siia], Kinkajou (Ccrcolcplvs), .\rctitcs [Arctitcs ou Jctitcs), Arclonyx [Arctoiuix) et Blaireau (Mdes); et 2° les groupes d'animaux fossiles qui portent les noms de Picrodon et Taxolherhim. Pour nous, nous admettrons un plus grand nombre de coupes génériques, tout en faisant, avec M. Isidore Geoffroy Saint-IIilaire, une tribu pour le Kinkajou {Cercolcples) et en rangeant dans celte division des genres que De Rlainvillc n'y mettait pas; nous y placerons parliculièrement les genres Raton (Prociion), Panda {AUurus), Coati [Nasita], Ictide ou Auctitiuks [Iclïdes], Agno- tkeriiim, DLAinEAU (Mêles) et les subdivisions qu'on y a formées, Taxotiieiuum, Pai.^ocvon, Am- rnicYON, Ptérodo.n, Glouton (Gulo), Galictis (Galictis), Mélogale ou Helictis {Melogalc) et Ratel (Mdlivora). \" GENRE. — R.ATON. PUOCYON. Siorr, 1780. l'i'odi'onin mclhodica Hamiii,itium. npoxuwv, nom ii|i|)lic|ué au Raton dicz les anciens. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Systhne déniai re : incisives, f; canines, 'j^ ; molaires, f-^; en totalité quarante dents incisives inférieures bien ranqées; canines grandes, comprimées de cliaijue côté; les trois premières mo- laires simples, triangulaires, pointues, distantes entre elles, les trois dernières luherculeuses; la qitatricnie présentant trois pointes sur son bord externe; la cinquième presque en entier tubercu- leuse el la plus forte de toutes, et la sixième n'offrant absolument que des tubercules. Corps peu massif. Tête large. Museau pointu, assez cffilê, quoique moins que celui des Coatis. Oreilles externes petites, ovales. Veux assez ouverts, h pupilles rondes. Langue douce. Pattes moins fortes que celles des Ours. Pieds terminés par cinq doigts, armes d'ongles assez acérés, forts. Talons des pieds de derrière n'appugant pas tout h fait sur le sol dans la marche, ce qui fait que l'animal n'est pas complètement plantigrade. Queue médiocrement longue, pointue, non prenante. Mamelles toutes ventrales, au nombre de six. Le genre Raton a été créé, par Storr, aux dépens des Ours, avec lesquels il était anciennement confondu, et dont il se distingue par ses formes moins lourdes et par leur agilité beaucoup plus grande. Tiedeman [Zoolog., 1808) a proposé de donner le nom de Lolor à l'espèce véritablement ^CARNASSIERS. 215 typique do ce g:roiipe, mais ce fiactionnement iinilile n'a pas été adopté par les auteurs; M. Gray, ^ 825, l'adopte et fait une division parliculiére de ce ycnre sous la dénomination de Procijoiihta. Ainsi que nous l'avons déjà dit, le i;enrc Raton offre d'assez grands rapports avec celui des Ours, et en même temps il a beaucoup d'analogie avec les Coatis, de sorte qu'il peut servir à établir d'une manière parfaite le passage entre ces deux groupes génériques. D'après M. Isidore Geoffroy Saint-IIilaire, les caractères du système dentaire peuvent être résu- més de la manière suivante : six incisives à chaque mâchoire; les inférieures toutes très-petiies, tan- dis qu'à la mâchoire supérieure celles de la paire latérale sont assez grandes et en forme de canines; ces dernières dents assez fortes, comprimées; molaires tuberculeuses, au nombre de six de chaque côté et à chaque mâchoire; savoir : à la supérieure trois fausses molaires qui grandissent successi- vement depuis la première jusqu'à la troisième; une carnassière assez semblable à celles des Chats, mais beaucoup plus épaisse, et deux màchelières assez semblables à celles qui leur correspondent à la mâchoire supérieure. t'i;;. 71. — Raton laveur. Pour De Blainville, le système dentaire des Râlons n'offre rien de bien différent de celui des Coatis, sur lequel nous rapporterons ce qu'en dit ce célèbre naturaliste. Le nombre des dents et la disposition sont absolument les mêmes dans ces deux genres, quoique les barres posicaniennes soient moins étendues et même presque nulles. Les incisives sont également petites, mais plus en ligne droite : les supérieures toutes conliguës, et les inférieures presque verticales. Les ca- nines sont moins dejetées en dehors et moins tranchantes, surtout dans le Raton crabier. Les trois avant-molaires sont aussi plus coniques dans leur pointe, moins cependant chez le Raton ordi- naire que dans ce dernier; la principale supérieure est surtout plus grosse et moins triquètre : aussi son bord externe a-t-il trois denticules, un médian plus grand au milieu de deux égaux, et son talon large et arrondi offre deux tubercules plus marqués. Quant aux deux arrière-molaires, c'est assez bien la même forme et la même proportion, du moins dans le Raton commun, car, dans le Raton cra- bier, la dernière molaire, aussi bien en haut qu'en bas, est, proportionnellement avec l'avant-der- nière, beaucoup plus petite, ce qui caractérise parfaitement ces deux espèces. Le squelette de ces animau.x, sur lequel Daubenton avait dit quelques mots, a surtout été étudié par De Blainville; il en donne une description comparative avec celle du Blaireau, qu'il prend pour type de sa division des Sul/iinus. Dans le Raton crabier, le squelette s'allonge par l'augmentation de la partie caudale, et les membres deviennent plus grêles et même plus élevés que dans les Ours. Le nombre des vertèbres est en totalité de quarante-huit à cinquante, dont (|ualre céphaliques, sept cervicales, quatorze ou quinze dorsales, cinq ou six lombaires, trois sacrées et dix-huit coccygiennes. la tête, quoique un peu plus allongée que celle du Blairean, lui ressemble cependant beaucoup dans sa forme générale, même dans un assez grand nombie de particularités; seulement, dans la partie crâ- nienne, il y a un peu plus de largeur et d'étendue, et la crête occipitale est moins prononcée; dans la partie faciale, il y a proportionnellement plus de largeur; l'orbite est notablement plus grande ri ses apophyses sont plus marquées, et l'aicade zygomalique est plus faible La mâchoire inférieure 2ir. HISTOIRE NATURKU.E. l'sl encore robiisle, mais moins allonijée que eelle dn lliaireau. Les vertèbres cervicales ne présen- tent que peu (Je dinerciices. Les dorsales ont leur apophyse épineuse nn peu plus élevée, plus étroite et plus inclinée en arriére. Les vertèbres c(ieeyi;iennes sont moins nombreuses; les deux ou trois premières ont seules des os en V et ont des a])opliyses transverscs plus loni;ucs: les dernières s'al- lon£;ent et s'effilent assez graduellement, sans cependant être de loni;ucur li'ès-iiic!,'ale. L'byoidc a son corps assez court, droit. Les pièces du sternum sont au nombre de neuf; le mannlirium déliasse un peu en avant rarliculalion de la première corne. I>es cotes sont au nombre de ([ualorze paires, dont neuf vraies, qui sont grêles, étroites, saut' la première, notablement large. Les niendires sont évidemment plus longs que ceux du Blaireau, et surtout plus grêles. L'omoplate est encore assez élargie en avant, et l'appendice de l'angle assez marqué. L'buniérus, égalant en longueur les dix pre- mières vertèbres dorsales, est sensibleuK nt moins robusie (pie dans le lliaireau, surtout reniar(|uable par plus de longueur proportionnelle; l'empreinte deltoidienne déjiasse à peine la moitié de la lon- gueur totale de l'os; le condyle est toujours percé d'un trou obliipie. Le radius égale en longueur l'humérus; aussi est-il fort grêle, un peu arqué, un peu moins large à l'extrémité supérieure qu'à l'infé- lieure, et très-serré contre le cubitus, encore plus grêle ([ue dans le lilaircau, également un peu arqué, lerniiné supérieurement par lu olécrane court, assez rebroussé, et inférieuremenl par une a|)ophyse slyloide longue et assez rentlée. La main est devenue plus longue et plus étroite en totalité et dans toutes SCS parties. Cette différence est sensible même dans le carpe; les métacarpiens sont aussi no- tablement )ilus longs et plus grêles. Les phalanges prennent leurs proportions ordinaires; les deuxièmes ])rès de moiiiè plus courtes que les premières. Les mcndircs |iosiérieurs, surtout dans leur dernière partie, sont encore plus allongés propoitionnellement ()ue les antérieurs. L'os inno- miné est un peu moins long et même surtout un peu moins large que l'iléon chez le Blaireau. Le fémur est au contraire plus long et atteint les onze premières vertèbres dorsales. Les os de la jambe sont de la longueur de celui de la cuisse, et proportionnellement encore un peu plus grêles. Le tibia est, en outre, assez fortement comprimé dans ses parties supérieures, et médiocre- ment élargi à ses deux extrémités; le péroné plus large en bas qu'en haut, sans apophyse malléo- laire un peu saillante, et trés-gréle et même un peu arqué dans son corps. Le pied n'est pas tout à fait aussi long que la jambe. Le tarse est évidemment plus étroit que dans le Blaireau; mais la forme et les ]iroportions des os qui le composent sont à peu près les mêmes dans le Bâton et le lilaireau. Les métatarsiens et les phalanges sont un peu plus allongés. L'os du pcnis existe et est même assez développé, comparativement avec celui du Blaireau; il est fortement recourbé en S renversée princi- palement à la partie antérieure, qui est fortement arquée en dessus; son corps est assez renflé en massue en arrière, U!) peu tri(|uètre, arrondi jus(pren avant, où il se comprime et se termine par un petit renllemeiit bifurque par une gouttière. Le squelette du Raton oïdinaire ne diffère guère de celui du crabicr, que nous venons de dé- crire, que parce que les membres en général et les os qui les composent sont plus grêles et plus élevés, ce qui a sans doute, comme le fait remarquer De Blainville, [lorté Daubenton à établir la com- paraison avec ceux du Chat. Mais, du reste, ce sont les mêmes formes et les mêmes nombres dans toutes les pai'ties; la tête est seulement un peu plus étroite dans la ]iartie cérébrale' et jilus allongée dans la partie faciale, quoique la voûte palatine, au delà des dents, soit un peu plus longue. Généralement semblables aux Ours par leur organisation, les liatons leur ressemblent aussi à beaucoup d'égards par leurs mœurs. Toutefois ils passent pour être beaucoup plus agiles qu'eux, et l'on prétend (|u'ils montent aux arbres avec une grande promptitude et beaucoup de facilité. Mais, comme le remarque M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, ce dernier fait ne doit nullement nous sur- prendre, puisque les Ratons sont d'une taille de beaucoup inférieure à celle des Ours, et qu'ils sont ainsi notablement plus légers. (( Du reste, ajoute le savant professeur que nous venons de nommer, nous n'avons jamais observé dans les allures des Ratons qui ont vécu à la Ménagerie du Muséum rien qui indi(iuàt en eux l'agilité (ju'on leur attribue, 'l'oujours leur marche nous a ])aru assez lourde et leurs allures ])esantes, plus même que celles des Ours. « Le régime diététique des Ratons est le même que celui des Ours; ils vivent également de substances végétales et de substances ani- males, et ils ont même plus de facilité pour atteindre une proie vivante. Leur intelligence est aussi développée que celle des i'rsus; cependant ils sont moins courageux que ceux-ci et présentent sou- vent de la timidité et de la crainte. M. Isidore Geoffroy dit « qu'à l'asjject d'un homme, un Raton CARNASSIERS. 217 s'enFiiit aussitôt el se relire dans le coin le plus obsiur de sa loge; souvent même il s'élaiicc contre ses barreaux et ténioii^ne la plus vive frajeur : l'Ours, qui, de même que le Raton, ne possiVle que des armes peu puissantes, ne redoute rien, parce que sa grande taille el sa force en compensent la faiblesse; d'autres Carnivores, tels que les Chats et les Lynx, aussi petits que le lîaton, fuient à l'ap- proche de riioniuie, mais eu menaçant, parce qu'ils ont conliance dans l'excellence de leurs armes-, mais le Raton, à la fois mal armé comme le premier et faible comme le second, ne trouve en lui- même aucune ressource; il ne songe qu'à la fuite et non à la défense. » La fourrure de ces animaux est douce et épaisse à la fols, et à peu prés de même nature ([uc celle des Renards. Elle est assez recliercbée dans le commerce de la pelleterie; ce qui fait que l'on chasso souvent ces animaux. Les Ratons actuellement vivants sont tous exclusivement propres ù l'Amérique, et se rencontrent aussi bien dans les conliées méridionales de cette partie du monde que dans les régions .septentrio- nales. On en connaît bien, et depuis longtemps, deux espèces, qui sont très-facilement caractérisées; dans ces derniers temps, M. Wagler en a décrit une troisième, cl M. Isidore Ceoffroy Saint-IIilairo a dit qu'on devrait peut-être en distinguer deux autres. Jusqu'ici, il ne paraît pas qu'on ail encore trouvé d'ossements fossiles (pii aient appartenu à une espèce de Ratons, soit dans les immenses alluvions de la Plata et de sesafllnents, soil dans les nombreuses cavernes du Brésil, explorées assez récemment par MM. Claussen et Lund; cependant il est tré.s-probable que ])ar la suite on en découvrira. Quant aux dcbris fossiles provenant des plà- trières des environs de Paris, tiécrits par G. Cuvier dans ses Osxciiiciits fossiles, comme se rappoi- tant à un groupe paléontologique voisin des Ratons et des Coatis, ossements dont De iJlainville fait son genre Tnxollicnuin, nous aurons bicnlôj l'occasion d'en parler. Les deux espèces de Ratons, qui sont seules parfaitement connues, sont : t. UATON I.AVliUll. PftOClO.V LiriOlt [UIISUS). Linné. Caractères spécifiques. — Teinte générale du corps d'un gris noirflire, plus pfile sons le ventre et sur les jambes; museau et oreilles blanchâtres; chaque o'il cnlouré d'une tache noire qui descend obliquement jusque sur la m;"iclioire inférieure; poils des joues et des sourcils blancs, longs cl diri- gés en bas; chaiifrciu noir; lèvre supérieure portant des moustaches longues, fortes; jambes présen- tant des poils presque ras; queue très-touffue, d'un blanc jaunâtre, offrant cinq anneaux noirs et quelquefois un nombre plus considérable. Longueur du corps, environ 0"',05; de la queue, 0"',26. Vh'. 72. — U'jlon Invpuf Buffon a parle de cet animal, qu'il désigne sous son nom vulgaire de Raton; Storr, le premier, le séparant du genre liuuecu des Ihsns . lui a apiillipie la dénomination latine de rrucijon lulur, qui est iréuèralement adoptée ;iujourd'liui -.1 28 21 s mSTOinii NATLIIIELLE. CiiKl viirirtés sont in(li(|ures par les auteurs, cl souvent même siifnalées eoiume tics ('.s|u''ees paili- culièies, ce smit : 1" le Itdlini laveur fauve, lùieiine Cieotïroy Saint-llilaii'(\, ijui a du blanc où l'es- pèce type a du i^ris, et du nuix assez vif à la place du uoir; '2" le l{alun laveur à (jonje brune, que Palisot de Beauvais regardait comme une espèce distincte, chez lequel la iforge offre une lâche brune, et qui eu outre est petit et a une queue trèslonj^ue; Tt" le lintoii laveur blanc {Mêles albu.s, IJrisson), dont le dessus du corps présente des |ioils très-épais, et qui est d'une couleur blanc jau- nâtre en dessous; -4" le Union açionarapopé, que D'Azara indique comme venant uniquement du Pa- raguay, et qui dilfèrc du l'rocijon lotor par l'absence de tache noire sur l'œil, par les oreilles plus pointues, et parce que le dernier tiers de la queue est noir; et 5° le Jîalon brun du paijt des llu- rons, que M. Isidore Geoffroy Saint-Ililaire indique avec doute comme pouvant former une espèce particulière. Ouant aux individus à |)elai;c blanc ou ronssàlre clair, que l'on trouve quelquefois aux Etats-Unis, Il est très-probable que l'on doit les rapporter aussi au type que nous venons de décrire. Le Raton laveur, qui ressemble un peu à un Renard, mais dont le tronc est plus épais, plus rac- courci et plus ramassé, semble se rencontrer dans les deux parties de l'Amérique; mais cependant il est plus commun dans les régions septentrionales que dans les provinces méridionales. Ces Carnivores se nourrissent de racines, et parfois ils montent, dit-on, aux arbres |)onr s'empa- rer des œufs dans les nids et même des jeunes Oiseaux. On les apprivoise aisément et l'on en a com- munément dans nos ménageries; on les nourrit avec du pain, de la chair crue ou cuite, et, en géné- ral, avec tous les aliments végétaux ou animaux que l'on a sous la main. Us ont la singulière habi- tude de plonger constamment leurs aliments dans l'eau et de les rouler ensuite quelque temps dans leurs mains avant de les avaler; c'est même à cette particularité qu ils doivent leur surnom de la- veur, et que Linné les a désignés sous le nom d'Ursns lolor. Leur fourrure était employée autrefois dans nos fabriques de chapeaux; leur graisse sert aux mêmes usages que celle des Ours. 2 KATON CRABIER. FROCÏOK CA.\CttIVOttVS {VflSUS). Linné. CAn.\CTf;iiEs srÉciFiQUF.s. — Teinte du pelage d'un gris fauve mêlé de noir et de gris; le noir domi- nant sur la tête, le cou et le dos; les côtés du cou et du corps sont d une couleur fauve sans mé- lange; le bout du nez et les narines sont noirs; une band(! brun noirâtre entoure les yeux et s'étend jusqu'aux oreilles; le dedans de cclle.s-ci offre des jioils blancs; une tache blanche se trouve au mi- lieu du front; les parties inférieures sont d'un blanc jaun.'ilre; les pattes d'une couleur brun noir,1tre, et la queue, fauve mêlé de gris, présente huit on neuf anneaux noirs. Il est un peu plus grand (pie le précédent. Cette espèce a été décrite parlîiiffon sons \e nom ilc Itaian crnbier. M. Isidore Ceoffroy Sainl-llilairc l'ait observer qu'on devrait peut-être faire deux espèces distinctes du Italim crnbier ilu ISrcsil v\ de celui de la (Uiijane, qui jusqu'ici ont été spèciliiiuement réunis, (juoi qn il eu soit, le Raton crabier, dont le corps est plus allongé et la (|ueue |)roi)ortionnellement plus courte que celle du Raton laveur, semble ré|iaiidu dans tonte rAmérii|ne méridionale, an Paraguay, au l'.résil cl à la Cnyane, où il est [iriueipaleinent assez conumin. H a le même genre de vie que le Raton laveur, et, comme lui, aime à habiter des lieux peu éloi- gnés des fleuves, des lacs ou des bords de la mer. Il se nourrit souvent avec des Crustacés, qu'il re- cherche sur les rivages, et c'est à cette particularité qu'il doit le nom de Raton crabier. Enfin, une troisième es])èce de ce genre, que nous nous b(jrnerons à nommer seulement, est le Maxilalim d lleriiandez, que M. Wagler indi(iue sous la dénomination de l'rueijvn llernandaii, et qui est propre au ,Me\ii[ue. -„^ l''i'J. 'i. — Moufi'oil ù iiinniliclll's IM 'JT CARNASSIERS 219 2"-^ GENRE. - PANDA. AILUBUS. Fr. Cuvier, 1825. Mamniiferos ilo la iinMiagrrio du Musi'um, .50<^ li\ r. AiXo-jp'-i;, Chat. C.\I\ACTÈRES GÉNÉIilOUES. Sijsthne dentaire : incisives, 5; canines, }5-j; molaires, l^i, en totalité trente-six dents; les inci- sives sont à peu près tontes d'ccjale dimension; les canines sont fortes; tes molaires auijmcnlcnt de grosseur à mesure (jn cites deviennent plus postérieures. Tète arrondie, grosse. Face obtuse. Joues étargics. Front aplati et large. Museau conique, large et court. Nez obtus. Narines terminâtes. Oreilles courtes, distantes, un peu aiguës, très-poilues. Yeux placés en avant, proclie des narines. Moustaclies composées de poils peu fournis Corps épais. Pieds penlailactiiles; paume et plante revêtues d'une bourre très-dense et très-moelleuse. Ongles très-aigus, comprimés, arqués. Queue forte, épaisse, touffue. Langue papilteuse. Fig. 75. - Panda éclatant. Ce genre a été créé par Fr. Ciivii'r et était placé par lui iiitermédiairemenl entre les deux familles des Civettes et des Ours. M. Hardwicko, qui en a donne une monographie dans les Mémoires de tu Société tinnéenne de Londres pour l'année 1826, a montré que les Pandas devaient être rapprochés des Ratons et des Coatis par la disposition à peu près semblable de leur système dentaire. En effet, ils ne diffèrent guère des Râlons que parce que leur télé est jjIus allongée, le museau beaucoup plus long et lerminé par un nez mobile et par quelques particularités tirées du nombre et de la forme des 220 IMSTOIRF. NATHRELIE. molairos En oiili'o, comme la mnjoriU" des Ours et lVlils-(*iirs, leur mnri'lic est tVanrlieincîil planli- i];nule, et er|ieii(l:iiil leurs oni^les sont eonformés ])resqiie comme ceux des f'.iveltes, c'esl-A-dire qu'ils s(]Ut réiracliles. D'après cela, on voil que ce ijenre. qui n'est pas encore suflisammeiit connu, présente des caractères communs à plusieurs groupes, et que sa place n'est pas jusqu'ici détermi- née d'une manière bien positive dans la série des animaux. On ne connaît qu'une espèce de Panda, qui est propre aux monts Himalayas. PANDA KCLATANT. AILVnVS REFUI.GESS. Fr Ciivier CAHACTf-.nics srÉciFiQUFS. — Formes ç;énéralement ramassées et massives; cou court; lonp;ueHr to- tale denviron 1"" : la queue comptait près d'un tiers de cette lona;neur. Pelage composé de poils longs, très-doux et lanugineux i"» la base; quene épaisse i la naissance, cylindrique et atténuée vers la pointe, et revêtue de poils Irès-longs et peu serrés. La fourrure de cet animal présente des cou- leurs tranchées et remarquables; le front offre des poils fauves; le dessus du dos, du cou et de la tète, ainsi que la base des membres, sont d'un beau fauve brun qui prend parfois une teinte dorée; une bande brune court derrièn; les yeux et va s'unir ;1 celle du cùlé opposé sur le cou; la face, le museau et les oreilles sont d'un blanc pur; l'abdomen et les extrémités sont au contraire, noirs; la queue est annelée de cercles alternativement jaunes ou brun fauve, et présente du noir ;! son extrémité; le feutre recouvrant la paume des mains et la plante des pieds est de couleur grise ou brunâtre. Le Panda fréquente le bord des rivières et des torrents qui descendent des montagnes. Il se plaît sur les arbres, où il peut facilement monter au moyen de ses ongles rélractiles. 11 se nourrit jirosque exclusivement de petits Mammifères et d'Oiseaux; consér|uemnient, par son régime diétè- lique, il est plus Carnivore que les autres Petits-Ours; mais on ne l'a pas encore assez étudié eu liberté pour savoir s'il ne mélangerait pas une nourriture végétale à une proie vivante. Son cri sert fréquemment ;"i le faire découvrir, et ressemble au mot wlin souvent répété; aussi porte-t-il le nom de Wlia et celui de Clùiwa dans le pays qu'il habite, et c'est même de cette dénominatinn corrompue que l'on a fait en français le nom de l'iimla Cej, animal semble représenter en Asie les Ratons qui sont propres à l'Amérique; on ne l'a jus- qu'ici trouvé que dans la chaîne des monts Himalayas située entre le Népaul et les montagnes nei- geuses. Dnvaueel le premier a rapporté de ce pays ])lusienrs individus de celte espèce, qui ont servi à la description de Fr. (.'uvier, et presque en même temps M. llardwicke en recevait également un individu à Londres et s'en servait pour publier une bonne munugraphie. S"' GENRE. - CO.Vri. NASUA. Siorr, 1780 l'i'ulrntiius mclliodicus Maïunialium. Nasus, no/ CARACTÈRES GÉMERIQUES. Sjislcnie lUntn'ire : hicis'ivcs, f; cduiucx, |"j; molaires, ^';., en totniilr (liilurcllcs. I. IV. I/.Ti;, l'iitois. CARACTÈRES GÉNÉItIQUES. Sifslhne dciiliiire : incis'ives, ^; rfiiiiiies, J^; molaires, -5-3I; en toliililé trente six dénis; les inci- sives ont la forme ordinaire de ces sortes de dents; les canines sont Imujnes, comprimées, tran- chantes sur. leurs bords antérieur et jwstéricur, et ressemblent beaucoup à celles des Coatis; les molaires se subdivisent supérieurement en quatre fausses cl six vraies, et inférieuremenl en six fausses el ipiutre vraies: elles sont rn)\nr(juables par la (frosseur de leur talon, qui est court, plus arrondi et encore plus fort que chez les i'aradoxurcs. Tête grosse. Yen.r petits. ii 29 226 IIISTOinE natiji!f:i,f>e. Oreilks an-ondicx, rrliic.'i. tcviii'nu'c.i pny un p'nwcim de poils. Lèvres (juriiies de toncjnrs iiwuslaclies. Corps trapu. l'irds à vhiij do'Kjlx, nrinc.'i d'oïKjlcs crochus, coiiiprinics, assez forts, uou coulraclilcs. Marche ptanl'ujrade. ijueuc preiiaiiie. entièrement velue. Le ^l'iirc Iclides a clé cii'c par M. Valenricnnps, denit avec soin par lui, en 182^, dans les ^4»;- »irt/('.v lies Sciences naturelles, mais indiqué préiédeninieiil, l'i d'après lui, sons la iiiènu' diMiomi^ia- tion, par G. Ciivier. De son côté, M. Tcmminck [Monoçjraphie de Mannnaloyie, t. Il, 1824) l'a ml connaître sous le nom A'Arcliciis (x;xto;, Ours; i/.n;, l'ulois), qui montre les rapports qu'il présente avec les l'iauliyratles et les Digitigrades, ou plus parlicidiérement avec les Datons et les Paradoxu- res dont il a été jdus ou moins rapproché. Le squelette d'une espèce de ce groupe, désignée sous le nom vulgaire de Benlurong, a donné lieu a d'importants travaux de MM. Temminek et De Blainville, qui ont montré que, quoique plus grand que celui du Kiiikujou, il offre dans son ensemble, et même dans la proportion des parties qui le composent, la plus grande analogie avec lui. Il y a soixante-cinq vertèbres : quatre céplia- liques, sept cervicales, treize tlorsaies, sept lombaires, deux sa(Meesct trente-deux coceygiennes, La lète, en totalité, est assez allongée, un peu étroite dans sa partie vertébrale, et courte dans sa par- tie faciale. La mâchoire inférieure a un peu la forme de celle des Ratons, seulement elle est plus forte, et les deux parlies de l'apopliyse angulaire sont plus marquées. Les vertèbres cervicales sont plus longues et plus élioites que celles des Ivinkajous; l'atlas a ses apophyses Iransverses plus éten- dues et moins larges, et celles de l'axis sont longues, slyliformes. Le.s dix premières vertèbres dor- sales ont l'apophyse épineuse médiocre, assez distante et inclinée également en arrière, et les trois dernières l'ont en avant. Les vertèbres lombaires, assez longues et fortes, croissant de la première à à la sixième, offrent des apophyses généralement assez développées. Le sacrum n'est en apparence <'omposé que de deux seules vertèbres, dont une seule articulée avec l'iléon; mais une troisième doit être comptée dans la vertèbre suivante, dont les apophyses transverses sont bien plus étendues que dans celles de la queue. Des vertèbres coceygiennes, les deux ou trois premières sont tout à fait semblables à la dernière sacrée, les sept suivantes ont des apophyses épineuses articulaires et des os eu V; toutes les autres, en général, sont courtes pour leur grosseur, décroissant assez peu rapidement dans les deux dimensions, de manière à constituer une queue peu eflilée et tiès-liérissée d'épines apophysaires. L'hyoïde, composé de neuf pièces, a son corps très-court, presque cylin- drique, un peu élargi à ses extrémités et portant des cornes antérieures de trois articles. Le sternum a huit pièces assez étroites : le manubrium est dilaté vers son milieu elle xiphoide est assez étroit. Les cotes sont au nombre de treize à quatorze paires, assez semblables à celle des Kinkajous. Aux mem- bres antérieurs: l'omoplate est très-large, llabellifornie, à apophyse acromion bifurquée; il n'y a pas de clavicule, mais seulement une aponévrose ligamenteuse séparant le muscle trapèze du deltoïde; l'hu- mérus, assez allongé, est percé an condyle interne; l'avant-bias est long, faible; les os du carpe et du métacarpe, ainsi que les |ihalanges, ne présentent rien de remarquable; il n'eu esl pas de même des phalanges onguéales, qui, d'après M. Temniinck, ressemblent à un soc de charrue, tant elles sont comprimées et élevées à la base dorsale. Les membres postérieurs sont plus longs que les an- térieurs, quoique médiocres; l'os innominé ressemble beaucoup à celui du Kink;ijou; le femui' est proporlionnellcnient ])lus long, plus grêle, à |)eine courbé dans toute sa longueur, large, aplati; le tibia est plus court que le fémur; le péroné est droit, Irès-gréle; les os du pied ra])pellent ceux du Kinkajou, si ce n'est les phalanges onguéales, qui ont la forme de celles du membre antérieur. H n'y a même pas de trace d'os du pénis. Kr. (liivier a fait observer (|ue ce genre doit être placé dans la famille des Civettes, qu'il est caractérisé par une molaire tuberculeuse ;'i la mâchoire inférieure, et par deux molaires semblables à la mâchoire supêiieure; entin il remarque que, très-voisin du l'aradoxure. il se rapproche cependant aussi (les Ratons, c'est-à-dire que ses dents augmentent d'épaisseur ei deviennent de plus en plus tuberculeuses. Tr. Cuvier ajoute : « A la mâchoire supérieure, les incisives n'offrent rien de parti- culier. Les canines sont très-lranchanles antérieurement et postérieurement, et se rapprochent par CARNASSIERS. 227 \S de celles des Coatis. Les deux fausses molaires sont épaisses et du reste normales. La carnas- sière consiste en un tubercule du côté externe, irès-semblable à une fausse molaire, et en une crête du côté interne qui borde ce tubercule et est plus saillante, plus épais dans sa partie moyenne, c'est-à-dire que le tubercule interne et antérieur, que Ton peut suivre depuis les Cliats jusqu'aux l'aradoMircs, se change en une crête qui entoure toute la partie interne de la dent, de plus celte carnassière est peu étendue. La tuberculeuse qui vient ensuite est à peu près de la même grosseur que la carnassière, et elle est arrondie dans toutes ses dimensions, tandis que dans le l'aradoxure elle est plus étendue de dedans en dehors que d'avant en arrière, et ce sont ces mêmes formes ar- rondies que présente la seconde tuberculeuse, qui est très petite et rudinientaire, comme au reste dans la même famille de Carnivores. A la mâchoire inférieure les incisives ont cela de particulier que les moyennes ne naissent pas en arrière des autres, ce qui est chez toutes les Civettes, comme chez les Ratons et les Coatis. Les canines sont fortes et plus tranchantes en arrière qu'en avant. Les trois fausses molaires sont normales et très-épaisses, et vont eu augmentant de grosseur de la pre- mière à la dernière. La carnassière a tous les caractères que l'on reconnaît à celle des Paradoxures, ainsi que la tuberculeuse. Dans leur position réciproque, la carnassière d'en haut, comme les faus.sts molaires, est alterne, c'est-à-dire qu'elle correspond au vide que laissent entre elles la troisième fausse molaire et la carnassière d'en bas; c'est sur la fjce interne de son tubercule et sur sa crête que ces dents agissent. » Ce genre ne renferme jusqu'ici qu'une espèce véritablement bien distincte, cl qui anciennement était réunie aux Paradoxures. liENTURONG. ICTIDES AI.UIFItOAS. (fAllAVOXUltVS.) Fr. Cuvicr. Caractères spécifiques. — Pelage d'un gris plus ou moins noirâtre. Longueur de la tête et du corps ; 0'",65. Fis. ''5. — Benlurong Cette espèce a été fondée par Fr. Cuvier d'après la figure d'un Mammifère qui porte à Java les noms de Benlurong et de B'mlnroncj, animal que Ruvaucel avait vu vivant dans la ménagerie du marquis d'Hastings, à Baragpoor, où ou le con.servait comme originaire de ISoutan. Depuis, M. Valencienues l'a retirée du genre Paradoxure dans lequel on l'avait placée pour en faire, ajuste titre, le type d'un groupe générique particulier. M. Temminck, d'après les renseignements qui lui ont été fournis par MM. Kuhl et Van Ilassel, pense que l'on doit réunir à cette espèce les Ictides aler cl aurea de Fr. Cuvier, qui n'en diffèrent que par quelques particularités de leur système décoloration, variant légèrement. En effet, on croit que les mâles .sont noirs, que les femelles sont grisâtres ei que les jeunes individus sont roussâtres, et que ces diverses teintes pas.sent de l'une à l'autre. La physionomie du Benlurong est semblable à celle d'un Raton; ses poils sont durs, longs, épais. 258 HISTOIRE NATIIRRLI.E. cliacun d'eux osl noir dans les deux lieis (\c sa lunniipur, el i>risàlio, qii('li|ucfoi,s roussàlre, à la poiiilê. 11 on résiilld (|iie la eouleiir i;éiuialR du corps est grise roiissâtre en dessus sur un l'ond noir; le ventre est un peu plus i'oneé (|ue le dos, el il est ])resque noirâtre; le l'entre est laineux, lin, assez épais et roussâtre. La tète est grosse, à peu près aussi large que longue; le nez, le front et le tour des yeux sont gris; les lèvres sont noires; les nioustnclies sont très-longues, eoniposées de poils Lianes ou noirs, ou bien noirs à la base et blancs à la pointe; les yeux sont petits; les oreilles sont arrondies, |)elites. Le bras est de la même couleur que le corps, mais l'avant-bras parait plus blanc parce que les poils qui le recouvrent ont plus du leur moitié blanchâtre. Il y a cinq doigts â cliaque main, et la paume est noirâtre. Les membres postérieurs soiit^aussi longs que les antérieurs et of- l'rent le même arrangement dans la distribution de leur couleur; le pied a cinq doigts à peu près d'égale longueur et jjourvus d'ongles assez Tons; la plante est noire, enlièreni<'iil nue el touclie le sol sur tous les points de sa surface; la partie antérieure est lisse, tandis que celle qui re|)oiKl au talon est hérissée de nombreuses aspérités cornées, très-dures. La queue a environ l)'",oU de lon- gueur; elle est prenante sans être nue en dessous à son extrémité inférieure; sa base est très grosse et |)ourvue de muscles très-forts, et elle est recouverte de poils semblables â ceux du dos, avec son extrémité noire. Le Benlurong se trouve à Java, et il semble également assez commun â Sumatra et â Malacca Un rapproche (|URlquefois de ce genre et de celui des Ampldciion, le groupe de fossiles que M. Kaup nomme Auiiuiliciium (aivw;, inconnu; Hf, bête féroce), ((ui comprend deux espèces, les .1. iitiijor, Larlet, des environs d'Aucli, et A. niiuor, De Blainville. rr' GENRE. - BLAIRE.M!. MELES. Linné, 1735. Systcni;i ii;ilur;i'. Mdex, nom a|)plii|uu pur k's l.iilins ù l'espùcc typique. CARACTÈRKS GÉNÉRIQUES. Sijsll'ine dentaire : incisives, |; canines, ^\; motaires, |^, m lotalilr (rnitr-xi.r ilmis piéscii- tuul In plus (jraudc analoffie avec celles des Ours; la carnassière de la vii'irliuirr supérieure est re- marquable par sa petitesse, à cause de sa partie postérieure, cjui en fait en apparence, e.riérieure- nunt, une faitsse molaire, et sa partie interne est composée d'une base (jurnie de trois petits tubercules ipie sépare un creux assez sensible; la tuberculeuse d'en liant est démesurément ijrmidc cl aussi larcjc (pie loiifiuc, à bord externe garni de trois tubercules. Corps épais, bus sur jambes. Museau peu prolonçjé. Oreilles courtes, arrondies, cachées dans les poils. Yeu.v petits, Lnuçiuc lisse. Pieds tous terminés par cinq doiijls armés d'onrjlcs tris-robustes cntiagés dans lu peau; ceux de devant fouisseurs. Poils rudes, lonijs, rares, île trois couleurs. Queue très-courte. Une poche ou follicule entre l'anus et la queue, aijant son orijice transversal et laissant .suinter une matière grasse Irès-fét'ide. Mamelles au nombre de .ùx : deux pectiiralcs el quatre ventrales. Linné plaçait d'abord les Blaireaux dans le genre des Ours, el, en effet, l'espèce typique a un faciès qui rappelle assez celui de ces animaux, mais en ndniature; plus lard, il en lit un groupe distinct sous la dènon:ination latine de Mêles, qui fui ensuite changée par G. Cuvier {Leçons oniirialion vuli,'aire de CUmtonne-Espérance, ainsi que le Grison et le Taira, et deux autres Carnassiers propres à l'Asieel à la Malaisie; mais, dansées derniers temps, on a formé ù juste litre, pour ces der- nières espèces, trois genres particuliers; de sorte (pi'auinnrd'lmi il ne reste ]iliis, (hins le groupe des 2Ô8 HISTOIRE NATURELLE. Gloutons, que deux ospi'Ces, le type l't une espèce qui avait été anciennement confondue avec lui. D'ajjrès ix'sson, la dénomination de Grisonia de M. Gray correspondrait à ce genre ainsi restreint. Quant à la place que le groupe des Gloutons doit occuper dans la série des Mammifères, elle n'est pas encore déterminée d'une manière bien positive; car les caractères qu'il présente le rapproclient à la fois des Ours et des Martes, de sorte qu'on le range tantôt assez prés des premiers dans la sub- division des Petits-Ours, tantôt à côté des seconds dans la famille des Mustéliens. Pour nous, si nous le mettons ici, c'est pour ne pas l'éloigner des RIaireaux, quoique nous convenions qu'il n'est pas aussi plantigrade qu'eux, et que chez lui paraît déjà la marche de digitigrade. On a donné, principalement De Rlainviile, des détails sur le squelette du Glouton, et nous rappor- terons quelques-uns de ses caractères particuliers et plus saillants. Considéré en général, le squelette du Glouton semble se rapprocher plus de celui d'un Subursiis que de celui d'un 3/i(.î- tcla, à c.ause de la brièveté de la queue et de la force des os. La colonne vertébrale est composée de quarante-huit à cinquante vertèbres : il y a six céplialiques, sept cervicales, quinze dorsales, cinq lombaires, trois sacrées et treize à quatorze coccygicnnes. La tète, bien plus robuste que celle des Fouines, est plus étroite, moins déprimée dans sa partie cérébrale; aussi ses crêtes sagilale et occipitale, et surtout la première, sont-elles beaucoup plus prononcées; la face est aussi un peu plus longue, l'orbite plus grande, l'arcade zygomatique plus épaisse, plus large, et la mandibule un peu plus courbée. Toutes les vertèbres sont bien comme dans les Fouines, seulement, en général, plus épaisses et plus accentuées, surtout dans les apophyses dont elles sont hérissées. Le sternum est composé de di.»; pièces: son manubrium est court et arrondi dans son avance trachéenne, et son xi- phoide est cartilagineux, assez pointu. Les côtes, au nombre de quinze paires, dont dix vraies et cinq fausses, quoique moins grêles que dans la Fouine, sont encore assez comprimées et par conséquent moins robustes (juc dans le Ratel; les postérieures .sont plus fortes que les moyennes. Les membres, et surtout les antérieurs, sont, proportionnellement au tronc, plus longs qnc dans les Mustelas. Il n'y a pas de clavicule. L'omoplate, de furme trapézoïdale, l'st assez dilatée dans son bord antérieur, presque droit. L'humérus, presque égal aux neuf premières vertèbres dorsales, est aussi long que le fémur; il est percé au condyle interne, mais nullement au-dessus de la poulie. Le radius et le cubi- tus sont assez fortement arqués dans le même sens, en dedans, et celui-ci peu épais et légèrement tranchant à son bord externe. La main est, en totalité, presque aussi longue que le cubitus; le carpe est cependant très-court, et par conséquent les sept os qui le composent sont petits, quoique dans les proportions ordinaires; par contre, les métacarpiens et les phalanges sont assez allongés, forls, avec les phalanges onguéales à peine (ilus longues que les secondes, quoique encore assez couchées. Les mem- bres postérieurs sont encore un peu plus longs dans toutes leurs parties. L'os iiinominé est cepen- dant un peu plus court, un peu plus égal dans ses deux moitiés, liléon étant plus large, plusexcavé et plus arrondi à son bord antérieur; le fémur est long et assez grêle; le tibia et le péroné sont en- core un ])eu plus courts que lui, avec la forme de ces mêmi's os dans le l'ulois. Comme dans ce der- nier le pied est notablement plus long que la jimbe, plus même que le fémur; celte grande longueur ne porte cependant pas sur le tarse, dont le calcanèum est encore assez grêle, mais bien sur les me- tatar.siens et les deux premières phalanges; les onguéales étant à peu près comme à la main, presque droites on très-légèrement arquées. Celte description, que nous venons d'analyser, a été faite ]>ar De Rlainviile d'après le S(|ueletle unique (|ue possède la (uilleelion d'analomie comparée du Muséum, et qui avait déjà ser\i aux travaux de G. Cuvier, ainsi qu'à ceux de MM. i'ander et D'Alton. Le système dentaire de ces animaux a beaucoup de rapport avec celui des Martes, dont il se dis- tingue à peine; chez les uns et les autres on trouve une molaire tiiberculeiiso à chaque mâchoire, et (les carnassières ordinaires, mais le nombre des molaires varie; ils ont six incisives à l'une et à l'autre màclioire, et deux canines. Les Gloutons, qui sont de taille moyenne, sont des animaux trè.s-carnassicrs, Irès-féroces, qui vivent à la manière des Martes, et dont la chair fait la i)rinei|)ale nourriture. Ils sont audacieux, et atlaquent même les grands Ruminants. Ils grinq)eiit sur les arbres, allendent au passage les ani- maux dont ils espèrent se rendre maîtres, et s'élancent sur eux en ayant soin de les saisir au cou et de leur ouvrir les gros vaisseaux de cette région. Par ce moyen, ils les ont bientôt épuisés; cl, d'après le récit des voyageurs, les pauvres animaux qu'ils ont atteints précipitent en vain leur couise; en vain ils se frottent contre les arbres et font les plus grands efforts pour se délivrer : l'eu- CAr.NASSIF.RS. , 259 nomi, assis sur leur cou, ou quelquefois sur leur croupe, continue ù sucer leur sang, ii creuser leur plaie, à les dévorer en détail avec le même acharnement jusqu'à ce qu'il les ait mis à mort. Ce- pendant Buffon a possédé vivant, pendant dix-liuilmois, un de ces Carnassiers, qui lui avait été en- voyé de la liussie scplcnlrionaie, et dont la captivité avait bien changé le naturel, a Ce Glouton, dit le célèbre auteur de VUitloirc nalurdk (jénùrak cl particuliire, était si fort privé, qu'il ne faisait de mal à personne. Sa voracité a été aussi exagérée que sa cruauté; il est vrai qu'il mangeait beaucoup, et il m'importunait vivement et fréquemment quand on le privait de nourriture. Lorsqu'il avait bien mangé et qu'il restait de la viande, il avait soin de la cacher dans sa cage et de la couvrir de paille. En buvant il lappe comme un Chien. Il n'a aucun cri. Quand il a bu, il jette avec ses pattes ce qui reste d'eau par-dessous son ventre; il est rare de le voir tranquille, parce qu'il remue toujours, il mange goulûment et aurait dévoré quatre livres de viande si on les lui eût données. « C'est de là qu'est venu le diction : Manger comme un Gloiiloii. Ce Carnassier, de taille médiocre, est bas sur jambes, et a des formes épaisses et des allures as- sez lourdes, semblables à celles des Ours. Son pelage est fourni, dur et remarquable par la couleur tranchée qui existe entre la couleur des parties inférieures du corps et celle des parties supé- rieures. La peau de ces animaux donne une fourrure assez chaude et d'un beau lustre; aussi l'em- pluie-t-on souvent en pelleterie, et leur fait-on une chasse active pour l'obtenir. On trouve des Gloutons dans le nord de l'Europe et de l'Asie, ainsi que dans les régions froides de l'Amérique septentrionale; mais l'identité spécifique de ceux de l'ancien monde avec ceux du nouveau n"a pas encore été démontrée, faute d'observations suffisantes, car il est bien probable que l'on doit réunir en une seule les deux espèces que nous admettrons dans ce groupe avec tous les zoologistes. A l'époque diluvienne, le Glouton existait dans une assez grande partie de l'Europe, en Alle- magne et en France, et ses ossements, mêlés ù ceux d'autres animaux perdus, ont donné lieu à la distinction d'une espèce admise, sous le nom de Culo spelcrcs, par plusieurs naturalistes, comme différente du Glouton actuel. Mais cette opinion n'est pas celle de G. Cuvier ni celle de De Chiinville; ces illustres paléontologistes ne voient dans les Gloutons fossiles de l'Europe tempérée que des in- dividus ayant appartenu à la même espèce que ceux qui vivent aujourd'hui dans le Nord. En outre, assez récemment, M. Kaup a indiqué, comme ayant été découvert dans les sables d'Eppclshcim, dans la Ilesse-Darmsladt, des débris fossiles d'un animal de ce groupe, qu'il regarde comme formant une espèce particulière, et à laquelle il a appliqué la dénomination de Gulo anlcdiluviamis. 1. GLOUTON DU KORD. GViO ARCTICUS. A. G. Ucsmarest. CAr,ACTi:RES splcifiqlf.s. — Corps assez trapu; pelage d'un beau marron foncé, avec un disque presque noir sur le dos. Longueur totale, depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, O^.GS; de celle-ci, en y comprenant les longs poils qui la déterminent, O^jSS. Cette espèce, que Duffon désignait simplement sous le nom de Glouton, et que Linné nommait Uisus giito. et Boddajrt Mclcs cjulo, est de la taille du Blaireau et présente avec lui plusieurs points de ressemblance, tout en en différant assez notablement par la disposition du système dentaire, qui le rapproche des Martes. Dans le Glouton le museau est noir jusqu'aux sourcils; les yeux sont petits et noirs; l'espace coi»- pris entre les sourcils et les oreilles est d'un blanc mêlé de brun; les oreilles sont couvertes d'un poil ras; la mâchoire inférieure, ainsi que l'intérieur des deux pieds de devant, sont tachetés de blanc; les jambes, la queue, le dessus du dos, de même que le dessous du ventre, sont noirs ou brun noir; les côtés du corps sont d'une belle couleur marron depuis les épaules jusqu'à l'origine de la ([ueue; il y aune tache blanche sur le nombril; les parties de la génération sont rousses; les poils de la partie inférieure du corps sont blanchâtres. On remarque un tubercule ou durillon sous chaque doigt; quatre autres durillons sous la paume de la main se tenant ensemble et formant un demi-cercle, avec un autre postérieur; la plante des pieds de derrière offre une disposition semblable, à cela près qu'il n'y a point de tubercule au talon, qui, dans la marche, est un peu relevé. 240 HISTOIRE NATURELLE. C'est à cette espèce que s'applique ce que nous avons dit des mœurs du groupe en général; nous ajouterons seulement que le Glouton est tiès-rruel et très-vorace; qu'il (liasse la nuit et se rend maître d'animaux beaucoup plus grands que lui, tels que des Élans et des Rennes; qu'il néprouvo pas de sommeil hivernal, et qu'en caplivilé, lorsqu'il est abondamment pourvu de nourriture, il montre un naturel assez doux. Celte espèce habite toutes les terres voisines de la mer du Nord, tant en Europe qu'en Asie. En Norwége, il est surtout commun dans le dioièsc de Druntlieim. On le trouve probablement aussi dans les régions septentrionales de I Amérique, si, comme cela est très-probable, on doit lui réunir la seconde espèce, dont nous allons dire quelques mots. 2. VALVERENNE GVLO LUSCVS. Sabine. Caractères spécifiques. — Corps trapu; pelage d'un marron assez clair, avec un disque noirilre sur les ])arties supérieures du corps. Taille de l'espèce précédente. Le Valverenne ne semble différer du Glouton du Nord que par les caractères insufUsants que nous venons d'indiquer; aussi la plupart des zoologistes modernes réunissent-ils ces deux espèces en une seule, quoiqu'elles aient été distinguées par Linné, qui le premier a nommé celle-ci Ursits liiscits, et par un savant auteur américain, Riehardson, qui avait pu étudier le Valverenne sur les lieux. Quoi qu'il en soit, ce Glouton habite, en Amérique, le Canada et les parties incultes du nord des Etats-Unis. Il y est bien connu en raison de ses déprédations, car il montre une grande adresse pour découvrir les amas de provisions formés par les Indiens, et il mange ou détruit toutes les ma- tières animalisées qu'il peut ainsi découvrir. Pour les autres espèces placées anciennement dans le genre Glouton, nous renvoyons aux des- criptions génériques qui vont suivre, 7'"'= GENRE. — GRISON. GALICTIS. RoU, 1826. raî.Ti, Belclto. Zooingical .lournul, 1. 11. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Siistcmc (Ivulaire : uicisu'e.t , |; canines, J^ ; moluircs, ^^J; en lolnlhé ircnle-slx dcnls; les inci- sives et les canines comme dans les Cloutons; les molaires en nombre moindre, composées supérieu- rement d'une tuberculeuse, d'une carnassière et de deux fausses mola'ires de chaque côté, et 'mfé- rieuremcnt d'une tuberculeuse, it'nne eavnass'irre cl de qucitre fausses molaires. Museau terminé par nu mufle sur les côtés duquel les ttarines sont ouvertes. Oreilles petites, sans lobules. Yeux à pupilles rondes. Lauf/ue rude. Pieds h cinq doif/ts, armés d'onçilcs fouisseurs et çiarnis de tubercules très-foris. Moustaches placées sur la lèvre supérieure et au-dessus de l'ançitr antérieur de l'œil. Pelage composé de deux sortes de po'ils : les uns la'inciix gris pâle, et les autres soijeux noirs, et quelquefois annclés de blanc; long sur le dos, les flancs et la queue, et court sur le museau, la téic et les pattes. Queue toujours portée horizontalement. Mamelles au nombre de huit. Le genre Grison a été formé par M. Bell sous la dciHimiiialion latine de (Jaliciis |)oiirdeux es- pèces, le Grison et le Taira, que l'on comprenait depuis longtemps dans le groupe générique des CARNASSIERS. 241 Clouions, et auxquelles il en a joint une troisième découverte récemment. M. Isidore Geoffroy Saini- FJilaire a adopte ce genre; il en a changé la dénomination et lui a appliqué le nom de Ihiro. De Blainville le premier, dans son Ostéograpliie, a donné la description du squelette de deux espèces typiques de ce genre, et il les a comparées à la Marte et au Putois, à cùlé desquels il les place dans sa subdivision des Musiclas. La colonne veriéltraie du Taira est formée de quatre ver- tèbres céphaliques, sept cervicales, quatorze dorsales, six lombaires, deux sacrées et de vingt-trois ou vingt-quatre coccygiennes. La tète rappelle celle du Putois plus que celle de la Marte par la brièveté du museau et même par la forme de toutes les parties; seulement, rétranglement posiorbi- laire est plus prononcé, et le trou sous-orbitaire est plus petit, en sorte qu'il y a peut-être plus de rapprochement à faire avec le Zorille. Les vertèbres cervicales sont comme dans la Fouine par la forme de leurs apophyses transverses et épineuses, celles-ci étant cependant moins ensellées à l'axis. Cette même apophyse, inclinée en arrière aux onze premières vertèbres seulement, n'offre pas à son bord postérieur le crochet que l'on remarque aux vertèbres dorsales de la Fouine. Le sacrum n'esl véritablement formé que de deux vertèbres; mais la suivante, quoique libre dans tous ses points, doit être regardée comme sacrée, parla forme plus longue de ses apophyses transverscs; les vertèbres coc- cygiennes sont en général peu allongées. L'omoplate, l'humérus et les deux os de l'avant-bras, sont, quoique forts, à peu près semblables à ceux de la Marte; mais la main est en général plus courte, les os sont ])lus robustes, quoique les phalanges onguéales soient de même forme. L'os de la bou- che, le fémur, le tibia et le péroné, ressemblent assez à ceux de la Fouine; cependant, ces derniers ne sont pas plus longs que le fémur. Quant au pied, il est comme la main, plus court en général, comme dans toutes ces parties; aussi l'animal est-il plus plantigrade. La tête du Grison, h seule partie du squelette que l'on possède à Paris, ressemble tellement à celle du Taira, que l'on pourrait en induire avec une grande probabilité qu'il devrait en être de même pour les autres parties du sque- lette. Toutefois, on a pu s'assurer, sur un individu conservé dans l'alcool, que le nombre des vertè- bres dorsales est de seize, et qu'il y a quatre lombaires, ce qui entraine seize paires de côtes. rv'. 78, ■ Grison. Fr. Cuvier fait remarquer que le système dentaire du Grison et du Taira est, à Irès-peu de chose près, le même que celui du Glouton, et qu'il se rapproche beaucoup aussi de celui du Putois. Les incisives et les canines des uns et des autres sont semblables; il en est de même des carnassières et des tuberculeuses, et cela sans plus d'exception pour les relations que pour les formes et pour le nombre. De P.lainville, de son côté, fait aussi observer que le Taira a tout à fait le système den- taire du Putois, tandis que le Grisou Ta un peu moins, en ce que l'arriére-molaire d'en haut esl considérablement plus grosse, et que le talon de la principale supérieure est un [icu plus large et en godet. Il ajoute qu'un jeune Taira au premier âge lui a présenté, sans mélange et complet, un système dentaire qui ressemble presque entièrement ù celui d'un jeune Ratel; les canines sont seu- lement un peu plus fortes, et le crochet basilaire est moins prononcé. Le Grison esl très-féroce et très-sanguinaire dans l'étal sauvage; il tue et dévore tous les petits animaux qu'il rencontre, même sans être pressé par la fuim. En captivité, il est assez doux et assez 2"' 51 242 HISTOIRE NATURELLE. familier; mais, toutes les fois (|u'il trouve l'occasion de se jeter sur quelque proie vivante, il la saisit avec avidité. Il en est de même du Taira. On trouve les animaux de ce genre assez communément dans une grande partie de l'Amérique méridionale. Les espèces sont : 1. GRISON. Buffon. CALICTIS VITTATA. Bell. CAnACTÈRES SPÉCIFIQUES. — Pelage plus foncé en dessous qu'en dessus du corps; tête, ;\ partir d'entre les yeux, dessous et côtés du cou, dos, croupe, flancs et queue, gris sale; autres parties du corps noires; une ligne d'un gris blanchâtre parlant d'entre les yeux, passant sur les oreilles et venant se confondre avec le reste du pelage. Longueur de la tête et du corps : 0"',55; de la queue, O^.OS. Le Grison a une taille très-allongée; il est entièrement plantigrade; ses doigts sont réunis, jusqu'à la dernière phalange, par une membrane, garnis d'ongles fouisseurs et de tubercules très-forts : le tubercule des pieds de devant, voisin des diiigts, ressemblant beaucoup à cchii des Ciiiens; un au- tre tubercule au poignet du coté externe; un tubercule en forme de trèfle à la base des doigts des pieds de derrière, et un autre petit et simple à la base du petit doigt; toutes ces parties étant revê- tues d'une peau très-douce. Le Grison, qui était VUrsits Brasilknsis de Tbunberg, le Vivcrra vitlala de Linné, et le Giilo vittatus d'A. G. Desmarcst, a été décrit et ligure pour la première fois par Aliamand, et cette ligure a été reprise par Buffon dans ses Stipplémenls. D'Azara, dans ses Animaux du Paraçjiiaij, a donné quelques détails sur son histoire naturelle, et enfin Fr. Cuvier, dans son llisloire des mammifères de la MémHjene du Muséum, a publié la description et une bonne figure de ce Carnassier. Ses mœurs, assez analogues à celles du Glouton, sont très-sanguinaires, ainsi que nous l'a- vons dit. On le trouve dans l'Amérique méridionale, dans les provinces du Paraguay, dans lesquelles il est commun, dans celles de BuénosAyres et aux environs de Surinam, où il est plus rare. 2. TAIRA Bulfoii. f.ALICTIS ItARBARA. Bell. •• Cai\acières spécifiques. — Tête, et quelquefois cou, d'une couleur grise; corps noir ou brun noi- râtre; une large tache d'un blanc jaunâtre couvrant le dessous du cou et de la gorge. Plus petit que le précédent, et de la taille de la Marte commune. Le T.uiiA était pour l.iiiné son Mustcla barbara, pour A. G. Desmarest son Gulo ûarbarus , et il a aussi reçu le nom de V'iverra pot'wccpltala . Traill, Schneider. Buffon en a donné une description. Il a les formes générales de la Belette et de la Fouine; la tête est oblongue; le museau allongé, un peu pointu, et garni de moustaches dont les barbes sont rares et peu longues; la mâchoire infé- rieure est un peu plus courte que la supérieure; les yeux sont oblongs, situés â une égale dis- tance des oreilles cl du bout du museau; les oreilles sont aplaties, avec un double rebord au-dessus de la tête; les pieds sont forts, et destinés à creuser la terre, ayant tous cinq doigts, dont l'in- terne est le plus court : ceux de derrière beaucoup plus longs que ceux de devant, et à doigts à demi palmés, comme dans le Grison; queue longue., droite, et garnie de poils peu fournis, mais longs de O"", OC; poils du corps un peu moins grands, doux au toucher, bruns sur les parties anté- rieures, et noirs sur les postérieures, de même que .sur la queue et les quatre jambes; une large plaque d'un blanc jaunâtre sur la gorge et le dessous du cou; reste du cou, ainsi que la tête entière, présentant une teinte de blanc obscurcie par un mélange de brun. Cet animal a à peu près les mêmes mœurs que le Grison; il se pratique un terrier dans les bois, et répand une très-forte odeur de musc. 11 s'apprivoise aussi très-facilement. CARNASSIERS. 243 Il habile la Guyane, le Rrésil, cl quelques autres parties de l'Amérique méridionale. La troisième espèce de ce genre est leGnisoN d'Allam.\nd, Galictis Âtlamandi, Bell, Scliomburg, qui a été décrite assez récemment, habite la Guyane hollandaise, et n'est peut-être pas distincte de la première espèce que nous avons indiquée. 8'"' GENRE. — MELOGALE. MELOGALE. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, 1854. ^ Meteï, Blaireau ; faXïi, Belelte Voyages aux Indes orientales de M. Bélanger. Zoologie. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Sijsiime dentaire: incisives, "; canines, }^; molaires, |^^; en totalité trente-huit dents; les incisives ne présentant rien de particulier: les inférieures plus petites et mieux rançjécs que les su- périeures; canines supérieures longues, un peu comprimées; six fansses molaires supérieures, deux carnassières et deux tuberculeuses, et inférieuretnent huit fausses molaires, deux carnassières et deux tuberculeuses; les carnassières supérieures qtiadrangulaircs présentant quatre tuberculeuses et se rapprochant de la forme des tuberculeuses. Tête conique, très-longue. Museau fin, très-allongé, non terminé en groin. Yeux de volume ordinaire. Conques auriculaires très-petites. Membres assez courts, épais, robustes, irès-espacés les uns des autres; tous terminés par cinq doigts. Mains très-allongées, à paume entièrement nue, tandis que les pieds, également très-longs, ont leur plante nue seulement dans la partie qui correspond aux doigts et au métacarpe; d'après cela le Mélogale est semi-plantigrade. Ongles très-longs, a.ssez arqués, très-forts et comparables à ceux des Chiens. Corps de forme allongée. Queue as.icz longue, touffue Pelage formé de deux sortes de poils, tous longs. : les uns laineux, très-distincts, très abondants, et les autres soyeux, recouvrant les laineux, seuls visibles à l'extérieur, et en général grossiers et rudes au toucher. Fig. 79 — Mélogale masquée. F.c genre Mélogale a été créé par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire pour une espèce de Carnivore qui, par l'ensemble de ses caractères, est liée intimement avec les Martes et quelques autres groupes 244 IIISÏOIRF, WILRELLE. de Mustclas, mais qui en iiiOnie lomps se rapproche, à beaucoup d'égards, des Blaireaux par les formes de la lètc, ]iar celles de ses ongles et eiilirt par la nature de ses poils, ainsi que par la dis- position de ses couleurs. A cette espèce tjpique, le Mclogalc personata, viennent aujourd'hui s'en joindre deux autres : l'une, le Melogale fusca, décrite par M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, et l'autre par M. Grav, qui, dans les l'rocccdbiçis zoological Soc'ielij vf l.ondim pour ISrjfl, l'indique conjme type d'un genre parliculier sous la dénomination d'Udiclis moschdta. Si le rapproche- ment de ces trois espèces est réel, ainsi que le proposent divers naturalistes et en particulier Les- son, ce nom iVUdictis [ox, chaleur du soleil; i/.ti.-, Fouine) devrait cire préféré à celui de Mclogalc comme ayant l'antériorité; mais nous ne ferons pas ce changement, parce que la dénomination pro- posée par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire est généralement adoptée. M. Isidore Geoffroy Saint llilaire a donné de grands détails sur le système dentaire du Mélogale, et nous croyons devoir les transcrire ici : « Les dents de ce Mammifère sont en même nombre que chez les Martes proprement dites. Ainsi on compte dix»huit dents à la mâchoire supérieure, et vingt à l'inférieure. Les incisives de l'une et de l'autre mâchoire ne présentent rien de remarquable. Chez la Mélogale comme chez les Carnassiers Vermiformes, les inférieures sont plus petites et moins bien rangées que les supérieures. La paire externe est, en haut comme en bas, plus grande que les paires in- termédiaires. Les canines supérieures sont longues, un peu comprimées, convexes en dehors, aplaties en dedans, presque droites; il n'y a à leur base ni crête ni tubercule. Immédiatement derrière la ca- nine supérieure vient de chaque côté une petite fausse molaire rudimenlaire, puis deux fausses mo- laires triangulaires, dont la postérieure est la plus grande, et (|ui ne présentent rien de iiarticulier. Les deux dernières dents, et surtout la carnassière, sont, au contraire, très-différentes de leurs analogues chez les Carnassiers Vermiformes. La carnassière, séparée par ihi intervalle vide de la der- nière fausse molaire, est de forme quadrangulaire, mais plus large en dehors qu'en dedans. Sa portion externe se compose d'un grand tubercule tranchant, au devant duquel se trouve un très- petit tubercule arrondi. Sa portion interne est aussi composée de deux tubercules : l'un antérieur, assez grand, conique; l'autre postérieur, plus petit et arrondi. Cette carnassière, au lieu d'être, comme à l'ordinaire, composée d'une grande éminence tranchante avec un petit talon anté- rieur, devient quadrangulaire et composée de quatre tubercules; en d'autres termes, elle passe aux formes des luherculeuses. La dernière molaire supérieure, ou la tuberculeuse, est presque aussi grande (pie la carnassière. Sa forme se rapproche de celle d'un ovale, et son plus grand diamètre est le transversal. Son extrémité interne est formée par un tubercule, au devant et en de- dans duquel il en existe un autre. Son extrémité externe est occupée par deux autres tubercules trés-rapprochés entre eux, et dont l'antérieur est divisé en deux par une rainure longitudinale. En- lin, vers le milieu du bord postérieur existe un autre petit tubercule dont on n'aperçoit aucune trace chez les Maries. A la mâchoire inférieure, les incisives sont comprimées, arquées; leur bord antérieur est coudé, et il existe un sillon longitudinal à leur face interne; ces caractères se retrouvent presque tous chez les Martes; derrière ces dents vient de chaque c6té une fausse molaire rudimentaire, plus petite encore que celle de la mâchoire supérieure, puis deux fausses molaires, dont la dispo- sition et la grandeur ne présentent rien de particulier; enlin une quatrième, à peu prés de même forme, mais plus épaisse et plus grande. La carnassière inférieure offre, comme la supérieure, des caractères particuliers. Elle est très-allongée d'avant en arrière, présente, à chacune de ses extré- mités, un tubercule un peu creusé en dedans, et au milieu deux tubercules mousses, dont l'un oc- cupe le bord interne, et l'autre l'externe. Ces deux tubercules sont égaux, tandis que dans les Martes l'interne est rudimentaire et l'externe très-grand. Enlin la tuberculeuse, qui présente plu- sieurs petits tubercules disposés irrégulièrement, est petite et de forme circulaire. En résumé, le système dentaire de la Mélogale annonce un animal moins carnassier que les autres genres de la fa- mille des Maries, et présente même quelque analogie avec celui des Coatis. » La description du sys. tème dentaire donnée par De Blainville se lapporte à celle de M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, et montre que, sous ce rapport, la Mélogale est intermédiaire aux Martes et aux Putois. D'après M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, la tête osseuse de la Mélogale, comparée aux crânes des genres voisins, offre des différences remarquables. Toutes les parties antérieures de la tête sont Irès-allongées, mais en revanche étioites; le chanfrein ne présente point cette forte saillie que l'on remarque entre les yeux chez les Martes et les Moufettes. L'arcade zygomalique, très-grêle chez celle- CARNASSIERS. 245 ci, esl très-large dans la Mélogale. Il existe sur la ligne médiane du crâne, depuis la partie posté- rieure du frontal, un sillon très-prononcé, surtout dans la région nasale. Enfin les trous sous-orbi- laires sont très-grands, circonstance anatomique qui coïncide toujours avec le grand développement des parties antérieures de la tète. De Blainville, d'après les mêmes pièces qui avaient servi à M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, a donné, dans son Ostéograpliic des Mustclas, la description de la tête de la Mélogale, et il a en outre dit quelques mots d'autres parties du squelette. Le radius esl court, plal, fortement élargi inférieu- rement, et rappelle en très-petit la forme de celui de l'Ours. Le cubitus est également assez robuste, large, très-comprimé. Les os du carpe, au nombre de sept, sont de proportion et même de forme assez bien comme dans les Martes; les métacarpiens sont courts et proportionnellement assez gros, surtout le cinquième, tandis que les phalanges conservent presque les mêmes proportions : les onguéales étant toutefois en soc de charrue non recourbé. Le tibia est court, fortement élargi à ses deux extré- mités, avec l'apophyse malléolaire très-saillante. Le tarse est proportionnellement assez long, puis- qu'il est du tiers de toute la longueur du pied, et cependant l'apophyse du calcanéum, excavée à son extrémité, est large et courte, mais le cuboïde et les trois autres os de la première rangée sont assez longs; les métatarsiens, plus longs que les métacarpiens, sont encore plus grêles; les phalanges sont dans le même cas. Les membres sont assez courts, les postérieurs surpassant un peu en longueur les antérieurs, et tous terminés par cinq doigts. Les proportions de ceux-ci sont à peu près les mêmes que chez les Martes, et surtout que chez celles du sous-genre des Zorilles. Les doigts médian et annulaire, sensiblement égaux entre eux, sont, en avant comme en arrière, les plus longs de tous; viennent ensuite aux membres antérieurs l'indicateur, puis le doigt externe, qui est beaucoup plus court, et enfin le pouce. Au contraire, aux membres postérieurs, le doigt externe est non-seulement égal à l'indicateur, mais il le dépasse assez sensiblement. Quant aux pouces, ils sont plus courts encore aux membres de derrière qu'à ceux de devant. Tous les ongles sont forts. Le corps est de forme allongée et terminé par une queue assez longue. La tête est très-longue, représentant, dans son ensemble, un cône allongé, et terminé par un museau très-fin et non dis- posé en groin, comme chez les Mydaus. Par cette forme remarquable de la tête, la Mélogale s'écarte beaucoup des Mustelas, et se rapproche, au contraire, des Coatis, des Blaireaux, des Gloutons, etc. C'est d'après ces considérations que nous avons cru, avec quelques zoologistes, devoir laisser les Mélogales dans le groupe des Petits-Ours, contrairement à l'opinion de MM. Isidore Geoffroy Saint- Ililaire et De Blainville, qui les rangent à la suite des Martes dans le groupe des il/i(s((?/a«. Malgré cela, nous convenons que, d'après la considération seule du système dentaire, nous aurions diî les placer auprès des Putois; quoi qu'il en soit, ce genre diffère : 1° des Martes par ses ongles de fouisseur et par la forme particulière de la tête; 2° des Putois par les mêmes caractères et en outre par le nom- bre des dents; 5° et 4" des Zorilles (;t des Moufettes par le nombre de ses dents, et son museau excessivement allongé; et 5° enfin des Mydaus par le nombre de ses dents, par la forme de son mu- seau, qui n'est nullement terminé en groin, et par sa queue très-longue. En outre, il diffère de tous ces genres, même de celui des Martes, chez lequel le nombre des dents est le même, par des modifica- tions très-importantes dans le système dentaire, modifications qui indiquent des différences remar- quables dans les habitudes et dans le régime diététique. En effet la Mélogale est moins carnassière que le Glouton, et elle mêle constamment une nourriture végétale à de la chair. Elle vit dans des terriers et se trouve dans les bois épais du Pégu, dans les Indes orientales. Le pelage, composé de deux sortes de poils, est généralement grossier, assez long. Les poils du corps sont les plus longs, ceux des membres et de la tête sont au contraire courts; les plus allongés sont ceux de la queue, la Mélogale se rapprochant sous ce rapport des Moufettes. Les espèces de ce genre sont propres à l'Asie et à la Malaisie. Les deux principales sont : 24C IllSTOlHE NATURELLE. 1. MÉI.OGALK MASOUÉi; MEI.OGME PERSOXATA Isidore^ Geoffroy Sairil-llilairo Caractères spécifiques. — Corps brun en dessus, avec une bande blanche, flancs et dessous du corps d'un brun çjris; tête, en dessus, brunâtre, avec une tache blanche, et, en dessous, blanchâtre. Longueur totale, depuis le bout du museau jusqu'à l'anus : O^jSS; queue, 0"',10. Le dessus de la tète e.st, dans sa plus grande partie, d'un brun légèrement lavé de roux; mais il présente, dans l'intervalle qui existe entre les yeux, une assez grande tache, irrégulièrement triangu- laire, et qui se trouve comme encadrée dans le brun. Les lèvres, les joues, et la plus grande partie de l'espace compris entre l'œil et l'oreille, sont blanches; mais les poils les plus rapprochés des oreilles et les côtés du museau sont bruns, et il existe au milieu de la joue quelques poils de celte dernière (douleur. Le dessous de la tête et la gorge sont entièrement blancs. Au milieu du dessus de la tète commence une bande assez étroite, blanche, qui se porte d'avant en arrière sur la ligne mé- diane, jusque vers la partie postérieure du dos. Le brun qui couvre le dessus de la tète se jirolonge aussi en arrière, sur les côtés de la bande blanche; mais il passe insensiblement à une nuance bru- nâtre beaucoup plus claire, dont il est très-difficile de donner une idée exacte. Les flancs et la région externe des membres sont couverts de poils d'un gris légèrement roussûlre, ou, mieux, tirant sur la couleur lie de vin, avec la poitrine blanche. Les membres sont aussi à peu près de la même couleur, mais cependant plus gris sur les jambes et les avant-bras, parce que la pointe des poils ras qui couvrent celte partie ne présente plus que quelques traces de blanc. La queue, qui est souvent relevée sur le dos en manière de panache, est couverte de très-longs poils, et elle est de deux couleurs. Dans sa première moitié, elle est, en dessus, de même couleur que les flancs, et, en dessous, blancliAtre, et toute la face inférieure est de cette dernière teinte. Les poils de la base de la queue sont d'un brun grisâtre â la racine, blanchâtres â la pointe; ceux de l'extrémité de la queue sont blanchâtres ù la racine comme à la pointe. Le mufle et les oreilles paraissent être couleur de chair, la plante des pieds et la paume des mains étant, au contraire, noirâtre; les ongles sont blanchâtres, et les mous- taches d'un brun roux. D'après la description que nous avons donnée selon M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, on peut voir que cette espèce, se rapprochant des Blaireaux par la forme de sa tète et de ses ongles, leur ressemble aussi, principalement au Tax'uka Labradurica, par la disposition de ses couleurs. Il est aussi à remarquer qu'il existe une grande analogie, sous ce rapport, entre la Mélogale et les Car- nassiers fouisseurs de la famille des Martes, tels que les Moufettes, les Mydaus, et surtout les Zorilles. Celte espèce semble avoir été décrite pour la première fois par M. Isidore Geoffroy Sainl-Hilaire; cependant Lesson indique, mais avec doute, qu'elle doit peut-être se rapporter au Gulo fcniigi- itciis d'Ilamilton Smith, au Giilo castancus de Griffllh. et au Gulo larvatiis de Temminck. C'est au Pègu, dans les environs de Rangouii, que M. Bélanger a découvert ce Mammifère. Ses habitudes, dans l'état snuvage, sont peu connues; d'après M. Bélanger, il vit dans les bois, est excessivement irritable, hérisse ses poils sur son corps lorsqu'il est en colère, el, en domesticité, peut être nourri avec des matières végétales aussi bien qu'avec des substances animales. 2. .MlÎLOG.^Ll'; imUNE. MELOliAI.E FVSCA. Isiilure Gcoflroj Sainl-llilaire. Caractères scécifiques. — Pelage généralement brun, avec quelques taches blanches, notamment sur la têle; dessous du corps de couleur pâle. Longueur de la tête et du corps : 0"',5r); de la queue, 0'",09. On rapporte à la Mvloc/ale fnsca, Isidore Geoffroy Sainl-Ililaire, le Gulo Oiienialis d'jlorsfield, et le Mijdaus macriinis ûr ririflilli, el, si ce rapproehemenl èlail adopté, on devrait changer le nom C\P,NASSIKI\S 247 spécilique en celui de Melogate Orientalis, ainsi qui: le prûpose Lesson dans son yoiivcau Tableau du IVcJjne. animal; Mammifères. Celte espèce, comme l'indique son nom, est presque entièrement brune : les quatre membres dans leur totalité, le corps et la queue presque en entier, enfin une grande partie de la tête, sont de celte couleur. E'Iusieurs autres parties sont blanrlies, notamment le dessus de la tète. Entre les yeux, il y a une petite tache de cette couleur; puis, derrière chaque œil, une autre qui, descendant entre l'œil cl l'oreille, se porte sur la joue. Celle-ci est également blanche supérieurement, et plus roussfitre inférieurement. Le dessous du corps présente, sur la ligne médiane, une nuance plus claire que celle des autres parties. En dessus du corps, il y a une ligne blanche qui commence vers le mi- lieu du dos, et se porte sur le sommet du crâne en s' élargissant. Les ongles sont blanchâtres. Le mutle est clair. Les poils sont de deux sortes : les soyeux assez longs, un peu rudes au loucher et Irès-hrillants, et les laineux t'ornient à la base des premiers un duvet assez abondant, dont la couleur est grisâtre dans les parties brunes, blanchûtre dans les parties blanches ou rousses. D'après cette description, empruntée à M. Isidore Geoffroy Saint-IIilaire, qui l'a donnée dans le Magasin de Zoologie pour l'année 1835, on voit que la Mélogale brune diffère de la Mélogale mar- quée, 1° par la couleur générale de son pelage; 2" par sa queue plus courte et couverte de poils beaucoup plus ras; 5" par la petitesse de la tache inler-oculaire blanche qui existe aussi dans l'autre (espèce, mais est beaucoup plus grande; A" par quelques différences dans la forme et les proportions des ongles. Cette espèce est propre à l'ile de Java. La troisième espèce de ce genre provient do la Chine, et a été décrite par M. Gray sous la ans leiie position réeipioque, le srand inlieieiilc interne de la earnassière supérieure reni- id'it le vide que laisse entre eu\ les trois tuherrules disposés en triangle de la niàelioire inférieure, et le talon de celle-ei est en relation avec la moitié antérieure de la grande tuberculeuse supérieure, qui, par sa position postérieure, correspond avec le tubercule inférieur. D'après ces di.spositions dentaires, on voit que les Moufettes, de même que les Mydaus, qui ont une odontologie tout à fait semblable, sont moins carnassiers que les Gloutons et les Maries, à cause de repaississemenl de leurs dents tranchantes, et qu'elles sont plus frugivores à cause de l'élargissement de leurs dents luberculeuses. De lilainville s'est également occupé du système dentaire des Moufettes, et les caractères qu il en a donnés se rapprochent de ceux indiqués par i'r. Cuvier; il fait .seulement observer que dans une (•spèce du Paraguay, qui parait être le Mcpliiih llumbohltii, Cray, il n'y a que trois molaires supé- rieures, par absence de la première avant-molaire. I.e squelette des Moufettes a été décrit et figuré pour la première fois par Lichlen.stein; G. Cuvier n'en a dit que quehiues mots, et enfin De lilainville, en 1841, dans son Oslroçirapliic, fascicule des Miisiclas, en a donne une description complète à laquelle nous emi>runterons ce qui va suivre. Le squeletie'du Mcpliltis chhuja a évidemment encore beaucoup de rapports avec celui de la Tonine. quoiqu'il soit un peu pins plantigrade. Le nombre total des vertèbres est de ciuquanle-ciuq, dont ^epl(■épllaliques, sept cervicales, "quinze dorsales, cinq lombaires et vingt et une dorsales, disposées absolument comme dans le ZoriUe. La forme générale de la léte est celle du Putois; la face est seu- lement nn peu plus allongée; les apophyses orbilaires sont iiresqne effacées; la caisse est très-pe- lite et peu saillante; les osselets de l'ouïe sont ramassés, et le marteau est surtout court dans son cou; la voûte palatine, très-peu prolongée, dépasse à peine la ligne dentaire; l'arcade zygomatiquc est très-faible, et l'apoiiliyse angulaire de la mandibule est courte et obtuse. L'apophyse épineuse de l'axis est convexe dans son bord supérieur, et les apophyses transverses des qiialrième. cin- quième et sixième .sont très-étroites. Au contraire, aux vertèbres dorsales et lombaires l'apophyse épineuse est plus large, ce qui dépend de la force de la queue, qui est asse? allongée. Il n'y a pas de différence à signaler dans le sternum et dans l'hyo'ide. Les cotes sont plus fortes. Quoique la clavicule soit encore très-petite, cartilagineuse et prise dans l'extréniité scapulaire de l'aponévro.se des muscles de l'épaule, comme dans la Fouine, l'omoplate est en général plus large par un épanche- ment plus considérable de ses deux bords; l'humérus est plus robuste plus arqué, non perce au- dessus du condyle interne: le radius et le cubitus sont plus accentués dans leurs lignes d'insertion museuleuse, et cependant l'apophyse odontoïde de ce dernier est beaucoup moins large; les os des mains .sont un peu plus courts, et les phalanges onguéales nn peu moins arquées et surtout plu.s longues. Les mêmes différences générales se remarquent dans les os des membres postérieurs. L'os innomine est plus fort, un peu moins parallèle à la colonne vertébrale, et la .symphyse pubienne est beaucoup plus rejetée en arrière; le fémur est court, large et aplati dans toute son étendue, mais pins en haut qu'en bas; le tibia est un \wn plus long que lui, et le péroné est droit, trùs-grêle; quant au pied, on peut se borner à dire qu'il est un peu plus court, surtout dans les métatarsiens, et en effet il n'égale pas le tibia en longueur. Les autres points de l'organisation intérieure des Moufettes sont peu connus. On sait que chez ces animaux le tube intestinal ne présente pas de cœcum. On ne connaît pas la structure des organes de la reproduction, maison s'est assuré d'une manière positive qu'il n'y avait lias de poche anale, comme on en observe dans des Carnassiers de groupes génériques voisins. On a, en outre, constate l'existence de deux glandes anales assez volumineuses qui sécrètent une liqueur excessivement fétide. Les Moufettes sont des Carnassiers nocturnes qui vivent dans des terriers et se nourrissent de petits Mammifères, d'Oiseaux, d'œufs, de miel, qui pénètrent parfois dans les habitations des hommes, et causent de grands dégftts dans les basses-cours et dans les volières. Ils mangent égale- ment des Vers et des larves d'Insectes, ainsi que cela a été constaté pour une espèce du sous-genre Tliiosiinis, le Mvpliil'is iiiapiiriin. Ils prennent aussi une nourriture plus végétale et sont consé- queniment moins carnivores que les animaux ([u'il nous reste à étudier, tout en l'étant cependant plus que les Ours et même que les Petits-Ours considères d'une manière générale. 0 s CAIINASSIERS. '25^ Ce sont des animaux assez élci^anls, tant par leur forme i;éni'ralc et la disposiiion de leur queue garnie de très-longs poils et relevée en panache sur leur dos, que par les couleurs, le blanc et 1 noir, qui tranchent d'une manière parfaite sur leur pelage, qui présente toutefois du bninûtre. Le nom qu'ils portent provient du mol latin mcpliili.'!, odeur fétide, odeur iiuanle, et il indique, ainsi que les surnoms dcUi'lcs jinaiitcs. d'Eiifunl.s dit (tiublu, qu'ils portent (juelquefois, l'odeur in- fecte qu'ils répandent, surtout lorsqu'ils sont irrités et qu'ils veulent éloigner d'eux leurs ennemis. Cette odeur est tellement forte, qu'elle suffoque, et, s'il tombait, dit-on, une goutte de cette liqueur empestée dans les yeux d'un homme, il courrait risque de perdre immédiatement la vue. Lorsqu'il s'en répand sur les habits, elle leur imprime une odeur tellement forte et tenace, qu'il devient pres- (|ue impossible de la faire passer malgré tous les moyens employés pour cela. Kalm, dans son VmicKjedam L'Amérique seplçnlr'wnalc, parle de cette odeur infecte des Moufettes, et nous lui em- pruntons à ce sujet le passage suivant : « En 1749, il vint un de ces animau.'v prés de la ferme où je logeais; c'était en hiver et pendant la nuit; les Chiens étaient éveillés et le poursuivaient. Dans le moment, il se répandit une odeur si fétide, qu'étant dans mon lit je pensai être suffoqué; les Vaches beuglaient de toute leur force. Sur la lin de la même année, il se glissa une Moufette dans notre cave; une femme, qui l'aperçut la nuit à ses yeux étincelants, la tua, et dans le moment la cave fut remplie d'une telle odeur, que non-seulement la femme en fut malade pendant quelques jours, mais que le pain, la viande et les autres provisions qu'on conservait dans cette cave, furent tellement infectés, qu'on ne put en rien garder, et qu'il fallut tout jeter au dehors pour ne pas empester le lieu dans lequel étaient ces objets. » Des faits à peu près semblables sont rapportés par D'Azara et par d'autres naturalistes voyageurs, et l'on doit ajouter foi à ces récits lorsqu'on se rappelle que des Moufettes, ainsi que nous avons pu le constater plusieurs fois, conservées dans l'alcool depuis plu de dix ans, conservent cependant une odeur très-forte et très-désagréable lorsqu'on les relire du liquide dans lequel elles étaient contenues, et que cette odeur reste pendant longtemps aux mains des personnes qui les ont maniées. La détermination et la distinction des espèces de ce genre ne peuvent pas encore être établies d'une manière convenable dans l'état actuel de nos connaissances. Tous les individus que possèdent les collections zoologiques de l'Europe, et que les naturalistes ont pu comparer entre eux, et tous ceux que les voyageurs ont décrits quelquefois légèrement dans leurs ouvrages, sont assez diffé- rents par les dispositions des couleurs de leur pelage pour faire regarder comme probable l'exis- tence de plusieurs espèces; mais ils ne le sont peut-être pas assez pour que le nombre de ces es- pèces puisse être lixé avec une entière certitude. H en résulte qu'une grande confusion existe à cet égard, et que certains auteurs ont admis un nombre très-considérable d'espèces, tandis que d'autres pensent qu'il n'en existe, au contraire, que très-peu. Toutefois, on est généralement d'accord aujour- d'hui pour ne plus placer dans ce groupe générique que des espèces provenant toutes de l'Amé- rique, et principalement des régions septentrionales. La prétendue Moufette du Cap a été reconnue n'être autre chose que le Zorille, espèce du genre Marte de Linné, et la Moueette de Jav.v ou Télé- cAN, Mcplùtis Javauaisis, A. G. Uesmarest, est devenue le type du genre Mijdnns de Er. Cuvier. Buffon, dans son Uisioirc naliirelle générale et parliculiire, t. XIII, et Siipplémcut, t. VII, ad- met cinq espèces de Moufettes, et il les indique sous les noms de Cocise, de Conépute, de Chiiirlic, de Zorille et de Moufette du Chili. Le Coase a été éloigné du genre qui nous occupe pour iive ])laeô tantôt dans le groupe des Martes, tantôt, mais plus rarement, dans celui des Coatis. Le Zo- rille n'a généralement pas été admis comme espèce distincte. Le Conépute est devenu le type du sous-genre Mcphilis des auteurs modernes sous la dénomination latine de Mcpliiiis puioriiis, Tiede- mann. Il en est de même du Clnnche et de la Moufette du Chili : le premier, type du sous-genre Cliiuvha de Lesson, sous le nom de Chincha Americanu, et le second, type du sous genre Thiomius, Lichtcnstein, sousTépitliète latine de ThiosmusChilensin. G. Cuvier, dans le yjcfyiicaiiiiun/, et d'après lui A. G. Desmarest, dans sa Maïuimdoyie, ainsi que Hanzani, remarquent que les différentes races (pi'indiquent les descriptions des voyageurs rentrent tellement les unes dans les autres, qu'on est leuiè, oude n'admettre qu'une si'ule espèce, ou d'en former dix-huit, réunissant ensemble toutes les Moufettes sous le nom de Mcphilis Ainericaiia; ces auteurs font observer toutefois que, lorsqu'on connaîtra mieux ces animaux, on devra probablement indiquer des espèces définitives dans celte grande espèce, en quelque sorte provisoire, et ils désignent les nombreuses variétés décrites par les 256 HISTOIRE NATURFJXE. voyageurs. Depuis celte époque, el sans parler des subdivisions fondées par Liclileuslcin, Lcsson el M. Grav. sur lesquelles nous reviendrons bientôt, nous ajouterons que M. P. Gervais, dans le Voijnqe (tr la Hoiiiie, de MM. Kydnux et Snuleyel, a donné de nond)reux détails sur le Miiiliilis Fciiillci, et que M. Isidore Gcol'froy Sainl-Ililaire, dans la partie zooloi;iipie du voya!,'e de la Vriiiis, _ *•_:. ;...., „„ ir., •.„.. 1.. if...,/.;i: /,. Fcuillâ, et q a fait coiinaitre une nouvelle espèce, le Mcph'uh iiusomela. 1" SOL'H-GlîMti:. — TllldSMt; Tlll(}S)irs Li.lilciisl,iN, 1838 At>li;inluii!^(Mi (Ilt ilcl'lin Ak:idt'liii<>. 0itcv, soutrc; ca^r, oileiir. Le principal caractère de ce sous-genre consiste dans le museau, qui est moins allongé (|ue dans les autres sous-genres, ainsi que dans le groin qui le termine, et qui est assez long. On y range cinq espèces, dont la plus coiniuo est le : TIIIOSME IllJ Cllll.l. MI-I'IIITIS C/;;;.f:;V.S7S. F.l. GeoUVoy Sainl-Ililiiire. CARACTÈnEs sriiciFiQiiES. — Pelage d'un brun noirâtre, présentant deux lignes blanches qui par- tent du sommet où elles sont unies, et s'avancent le long du dos en se rétrécissant jusque sur les lianclies; la queue est blanche, avec quelques ])oils bruns. L,i longueur totale, depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, est de 0"',ôO, et cette dernière partie a U'",!20 de longueur. Fis. 82. MiniFflIc <1ii Cliili. Cette espèce, qui a été adoptée par Fr. Cuvior, a été décrite pour la première fois par liulfon. G. Giivier la regardait comme une simpb- variété du Vivcrrn itiriiliilis de Miniè. Comme l'indique son nom, elle provient du Chili. Les autres espèces de ce sous-genre sont : 1° l'YAcoiAni':, D'Azara; Tliiosiiitis ijafinrn, Liclitenslein; Vifcrra conqmn, Gmelin, du Paraguay el de la Magcllanic; '2" le Mrpliilis nasula, Ilennclt, de Ca- lifornie; r>" le (iiilo Qiiiiciinis, De llundioldl, de Ouito, au Pérou, dont le cijr|is est noir, mnr((ue de deux bandes longitudinales, avec une queue courte, blanche et noire, Irès-lonffue; 014° le Tliiusmus mapurilo, Lcsson, variété Zori//a, Hernand, de la Nouvelle-Grenade et de Santa-Fé de Dogola. CARNASSIERS. 257 décrite pnr De Humboldt, et remarquable par son pelage touffu, d'un noir foncé, n'ayant sur le dos qu'une bande blanche, et dont la queue est terminée par du blanc. 2« SOIS GRNP.E. — CIIINCIIE. CIIISCIIA. Le»soii, 1842. Nouveau tableau du Rogne animal; Maraniiféres. Cliincha, nom de I espèce lypii|uc du groupe. Ce sous-genre ne renferme qu'une seule espèce. CHINCHE. MEPVITIS ÀMEnir\yA. A. G. Dcsmarest. Caractères spécifiques. — La tète, les épaules, les côtés du corps et les parties inférieures et pos- térieures, les membres et une ligne qui naît entre les épaules, s'avançant ensuite sur la queue en s'élargissant, sont noirs; le blanc commence entre les deux yeux, s'élargit sur le sommet de la tête, continue à s'étendre sur les côtés du corps, et finit à la queue, où il se mêle avec beaucoup de poils noirs; on voit en outre deux taches blanches. Tune sur les membres de devant, et l'autre sur les cuisses. La taille de cet animal est à peu près celle du Chat domestique. C'est l'espèce de Moufette qui a été décrite par Buffon sous la dénomination de Chixche, et elle coriespond au Yïvcrra mcpliiiis, Erxleben; McpliUis A}iiericana, A. G. Desmarcst; Mcph'ilïs ch'incha et Amcr'icana, Lesson, et doit aussi se rapporter à la variété lludsonica de Richardson. Le pelage de cet animal varie beaucoup, ce qui a fait établir dix-sept variétés dans cette espèce, parmi lesquelles quelques-unes doivent être regardées comme présentant de véritables différences spécifiques. Sans donner les caractères de ces diverses variétés, nous dirons que plusieurs nous semblent importantes, et nous renvoyons pour plus de détails à la Mammaloçfie d'A. G. Desmarest. Le Chinche se rencontre dans presque toute l'Amérique, depuis le centre des Étals-Unis jusqu'au Paraguay, dans les plaines comme dans les pays de montagnes, dans les endroits boisés comme dans les lieux découverts; mais l'on peut dire qu'il est suriout commun dans le Chili. 3' SOUS-GENRE. — MOUFETTE MEPHITIS G Cuvier Loco citalo. (juatre espèces entrent dans ce sous-genre, ce sont : 1. MOUFETTE DE FEUILLIîE. MEPBITIS FEUILLEI. P. Gervais. CARACTtiiES SPÉCIFIQUES. — Pclagc entièrement d'un brun légèrement roussâtre, sans bandes blan- ches bien marquées. Longueur totale de la tête et du corps, 0"',ô7; de la queue, O'",lo. Dans cette espèce, le mufle est nu et saillant; les tarses et les carpes sont également sans poils à leurs parties plantaire et palmaire; les ongles sont plus longs antérieurement que postérieurement, et fouisseurs aux quatre extrémités; la queue n'est pas en panache comme dans le Chinche. Celte espèce, qui semble bien distincte, était désignée par A. G. Desmarest sous la dénomination de Mfjili'ii'm Amciicana, variété Cliiuclic de Fcuillcc. Elle se trouve aux environs de Monte-Video. ï5 33 258 HISTOIRE NATURELLE. 2. JIULFETTE INTlCRIiOMPLE. MEPniTIS lyTEniUfTA. Uafincsque. Caractères spécifiques. — linine; deux raies courtes, Llandics, occupant parallèlement la tête; huit raies se dessinant sur le dos, les quatre aiilérieures parallèlement, et les quatre postérieures dans un sens inverse. Celle Moufelle, qu'.\. G. Desmarcsl indique comme simple variété du Mcpliitts Amcricana, se trouve à la Louisiane, où elle est rare. Les autres espèces du même sous-genre sont la Mepliitli mcsomcla, décrite récemment dans la partie zoologique du voyas^o de la Vénus sous les ordres de l'amiral du Petit-Thouars, et qui pro- vient de l'Amérique méridionale, et le Conltate de Ruffon; Viverra piiloriiis, Erxleben; Mvpliitis piitorins, Ticdcmaiin, qu'A. G. Dosmarest ne considérait que comme simple variété du Mcpinl'is Amcricana, et qui habite les États-Unis de l'Amérique septentrionale. 2°"^ GENRE. — MYDAUS. IHYDAUS. Fr. Cuvier, 1821. Mammifiros do la Ménagerie du Muséuru. M-jSxu), je sens mauvais. CAR.\CTÈRES GÉNÉRIQUES. Siisictiie ilciitairc : iucisucs, -1; canines, J^; nwkircs, ^l; en lotnlilc Ircntc-cleux dents, qui ressenihicnl beaucoup à celles des Moufeltcs, et sont en même nombre. Toutefois, les incisives sont disposées sur tin arc de cercle très-petit, au lieu d'être placées sur une ligne droite, et les molaires sont beaucoup plus écartées. Tête plus courte que dans les Moufettes, et rappelant celle des Blaireaux. Oreilles presque entièrement dépourvues de conques externes. Pupille ronde. Narines s'avançant 1res au delà des mâchoires, et environnées d'un mufle qui a de la ressemblance avec celui du Cochon. Marche presque culicrcmcnl plauli(jrade et très-peu digit'igradc. Mains et pieds présentant tous cinq doigts, réunis jusqu'à la dernière phalange par une mem- brane très-étroite. Ongles aigus et propres à fouir le sol, très-grands aux mains et médiocres aux pieds. Six mamelles : quatre pectorales et deux inguinales. Pelage peu fourni aux parties supérieures, cl les parties inférieures, comme le museau, presque entièrement nues; les poils, en général, soyeux. Moustaches très-rares. Queue rudimcntaire. Ce genre a été créé, en d82l, par Fr. Cuvier; le type et espèce unique de ce groupe générique est une espèce de l'ancien genre llnul'olte, le Mcphitis Javancnsis, A. G. Desmaresl, d'après sir Raf- fles, ou Mephitis meticcps, Griftith, qui est propre à la Malaisie, et se dislingue particulièrement par 'a forme de sa tête, par sa queue rudimentaire et par la disposition que présentent les extrémités de ses membres. On lui a quelquefois appliqué la dénomination de Mijdas. Le système denlaire des Carnassiers de ce groupe ressemble tellement ù celui des Moufettes, que Fr. Cuvier les a décrits tous deux ensemble; il ne diffère que par les caractères de peu d'impor- tance que nous avons déjà indiqués. \\ en est de même de son squelette, dont l'iconographie, plutôt que la parole, peut montrer les différences, tant elles sont de peu de valeur et même peu saisissables. On n'en connaît qu'une seule espèce vivante, et De DIainville désigne sous la dénomination de Fia 1 — Ueiinnl Fia. '2. — l'imcv de Slirllaiul. PI. 33. CARNASSIERS. 259 Mijdaiis de Mciidon une espèce de Mustélien fossile, trouvée aux environs de Paris, dans la craie de Meudon, et qui doit liés-probablemenl être rangée dans ce genre, mais que l'on ne connaît paS d'une Mianiire parfaite. L'espèce unique de ce groupe générique est : HYDAUS ou TELÉGO.N STIC.NHAD. Marsham. MYDÂVS MELICEPS. Fr. Cuvicr. Caractères spécifiques. — Couleur générale du pelage brunAtre, avec le sommet de la tctc et une ligne qui se prolonge quelquefois le long du dos jusqu'à l'e.Klrémité de la queue, blanchâtre. A peu près de la même taille que le Chinche. Dans le Tèlégon, la peau est de couleur de chair, et presque tous les poils, qui sont peu touffus, sont d'un brun marron très-foncé; on en trouve cependant quelques-uns sur la poitrine, ou cachés parmi les autres, qui sont blancs et d'une apparence soyeuse, tandis que les autres sont plutôt un peu laineux. Cette espèce répand, comme les Moufettes, une odeur extrêmement fétide, et c'est à cette même circonstance que se rapporte la dénomination générique de Miidatis que leur donne Fr. Cuvier, et qui provient du mot grec p.'jJaw, jt; sens hiauvais; c'est aussi d'après l'étymologie de ce nom que nous avons cru, à l'exemple de plusieurs zoologistes, pouvoir donner à ce genre le nom de Mijdaus, de préférence à celui de Mïdaus, que lui appliquait le savant naturaliste qui l'a créé. On ne connaît rien des mœurs de ces animaux; mais, d'après leur analogie avec les Moufettes, d'après la disposition de leur système dentaire, d'après la forme de leurs ongles, on peut conjecturer, sans crainte de se tromper, qu'ils sont carnassiers, et qu'ils vivent dans des terriers, qu'ils peuvent facilement se creuser. Les Mydaus ne sont pas rares à Java, et c'est de celte île que Leschenault, Diard et Duvaucel, ont envoyé au Muséum d'Histoire naturelle de Paris les peaux et le squelette qu'il possède. On les trouve également à Sumatra et à Bantam. ô"" GENRE. — MARTE. MUSTELA. Linné, 1755. Systema natura'. Nom appliqué anciennement à la Maiic, espèce lypique du groupe générique. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Stjslème dentaire : incisives, |; canines, \^\; molaires, ^2| ou |^; en tolaiUc Ircnlc-qnatre ou trente-liuit dénis. La dcu.xiè,ne incisive de chaque côlc est un peu rentrée. Les canines sont fortes. Les molaires sont tranchantes : les antérieures ou fausses molaires sont coniques, comprimées, tan- tôt au nombre de trois en haut et de quatre en bas, tantôt au nombre de trois en bas et de quatre en haut et de quatre en bas; les carnussiircs ou cjrandcs molaires, trilobées, ont un petit tubercule à l'intérieur seulement dans quelques espèces: la dent tuberculeuse ou dernière molaire a une couronne mousse, tant en haut qu'en bas. Corps très-long, grêle, lermiforme, comme arqué ou voitlé lorsque l'animal est en repos. Tête petite, ovale, légèrement aplatie en dessus. Màcho'ires inférieures courtes. Oreilles externes courtes, arrondies. Pupille allongée transversalement comme dans les Mammifères crépusculaires. Lum/ue douce. Pieds très-forts, très courts, à cinq doigts réunis dans une grande partie de leur longueur par une membrane. Ongles crochus, très-acérés, excepté chei- les Zorillcs. 260 HISTOIRE NATURELLE. Queue de médiocre grandeur. Des pclites glandes près de l'anus fécrélant «ne matière dont l'odeur est très-désagréable, très- forte, persistante. Pchujc composé de poils très-fins, doux au toucher; les plus grands brillants, très flex'ibles. Mamelles toutes ventrales, au nombre de quatre à huit. Tube 'intestinal ne présentant pas de cœcum. Le genre Marti-, Mustcla, a été cr('i' par Linné pour des espaces dont l'organisalion offre beau- coup d'analogie et qui pourraient eonsliluer une petite famille d'animaux partagée elle-mènie en plu- sieurs groupes génériques. Mais ce genre n'a pas toujours élé circonscrit de même; tout eu y pla- çant comme type la 5!arte, le Putois et le Zorille, Rai et Rrisson y associèrent les Mangousles; Linné lui-même y réunit les Loutres. Pennant confondit les Martes avec une foule d'animaux hétérogènes, et Erxlebeii leur associa les Gloutons. Depuis, l'r. Cuvier, considérant que la struclure des organes de la mastication et de la digestion sont, chez les animaux carnassiers, dans des rapports intimes avec le naturel fondamental, et que les différences que ce naturel présente, suivant les espèces, tiennent aux modifications organiques qui ont ])our objet, non de le changer, mais seulement de varier les moyens de le satisfaire, a regardé tous les Carnassiers pourvus du même système de dentition que les Martes, et non dérivant de ce système, comme appartenant à un même grand genre, suivant les différences de leurs autres systèmes d'organes, et il y forme cinq subdivisions : celles des Putois, Zoriltcs, Martes, Grisons cl Gloulo7is. Les naturalistes plus récents que Fr. Cuvier ont plus ou moins modifié ce que ce savant naturaliste avait fait; mais en général, et nous les suivrons ici, ils ont laissé dans le grand genre Marte ses trois premières divisions sous-génériques, et ils ont formé des genres distincts avec les deux dernières. A cela nous ajouterons qu'outre les nombreuses es- pèces vivantes de ce genre on a, dans ces derniers temps surtout, fait connaître quelques fossiles qui peuvent, comme le montre De Blainville, y rentrer naturellement. Le système dentaire des Maries est particulier et est, en général, leur caractère le plus commun. A la mâchoire supérieure, on trouve trois incisives, une canine, deux on trois fausses molaires sui- vant les sous-genres, une carnassière et une tuberculeuse. Les incisives et les canines n'offrent rien de remarquable et sont ce qu'on les voit chez les Chats, les Hyènes et le Ratel, si ce n'est qu'elles ont leur lobe interne très-petit. La première fausse molaire des Maries est une très-petite dent à une seule rarine, et dont la couronne se termine par une pointe très-mousse; c'est une dent rudimen- taire. Les deux suivantes, qui sont les analogues des deux seules fausses molaires supérieures des Putois et du Zorille, sont à plusieurs racines, minces de dehors en dedans, larges d'avant eu ar- rière et très-pointues; la première est un peu plus petite que la deuxième; elles sont normales. La carnassière ne diffère pas de celle des Chais, si ce n'est par son tubercule interne plus distinct. La tu- berculeuse est tout ù fait semblable a celle du Ratel. A la mâchoire inférieure se trouvent trois inci- sives, une canine, trois ou quatre fausses molaires, une carnassière et une tuberculeuse. Les inci- sives et les canines sont comme chez les Ratels. La première fausse molaire, chez les Martes, est rudinienlaire et à une seule racine; les trois suivantes, qui sont les trois seules fausses molaires in- férieures du Putois et du Zorille, ont deux racines et les formes des fausses molaires normales. La carnassière est semblable à celle des Chats, à l'exception du talon, qui est développé postérieure- ment. La tuberculeuse est petite, ronde, et sa couronne se termine par trois petites pointes. Dans leur position réciproque, les relations de ces dents sont à peu près les mêmes que dans les autres Carnassiers. Les particularités tirées du squelette varient trop selon ces trois sous-genres pour que nous nous en occupions maintenant. Le corps de toutes les Maries, long, grêle, vermiforme, leurs jambes courtes, leur agilité et leur souplesse, leur permettent de se glisser dans les trous les plus petits, pourvu toutefois que leur tête puisse y pénétrer. C'est ainsi qu'elles entrent avec la plus grande fai ilité dans les basses-cours les mieux fermées, et qui, par cela, paraissent à l'abri de leur fureur. En effet, ce sont les plus cruels elles plus sanguinaires de tous les Carnassiers, et, quand ils arrivent dans une basse-cour, ils s'ap- prochent avec précaution de leurs victimes, les tuent et mettent ainsi à mort tout ce qu'ils rencon- trent, lors même que leur faim est entièrement assouvie. Ces animaux sont tellement cruels, qu'ils CARNASSIERS. 261 n'épargnent même pas les espèces du même genre qu'eux, et que les plus forts détruisent les plus faibles, et cependant, dans la même espèce, les parents ont le plus grand soin de leurs petits et font en quelque sorte leur éducation aussitôt qu'ils commencent à marcher. C'est toujours de proie vi- vante qu'ils se nourrissent, et ce n'est que pressés par la faim que parfois ils prennent quelques débris de matière animale morte ou de matière végétale, telles que des ronces, des raisins, etc. Leur nourriture la plus habituelle consiste en petits Mammifères, quelquefois ils s'emparent même des Lapins et des Lièvres, qui sont cinq ou six fois plus gros que les espèces qui les attaquent, et en viennent assez facilement à bout; ils se nourrissent aussi d'Oiseaux, d'œufs, qu'ils vont dénicher sur les arbres, de quelques Reptiles et Amphibiens, etc. La plupart d'entre eux vivent dans les bois; mais deux espèces, la Fouine et la Belette, aiment à se rapprocher des habitations des hommes, et font dans les basses-cours les dégâts que nous avons signalés. Ils emploient dans l'attaque une grande ruse, un courage furieux, une cruauté inouïe et un goût très-prononcé pour le sang, car sou- vent ils ne tuent les animaux que pour sucer leur liquide. On peut toutefois dire peut-être qu'ils ont une certaine intelligence; réduites en captivité, les Martes s'apprivoisent assez bien; cependant jamais assez pour sentir de l'affection pour leur niailre, et ne pas s'effaroucher de la présence d'un étranger. Sans cesse agitées par un mouvement de défiance et d'inquiétude, elles ne peuvent rester un moment en place, et, si elles cessent par intervalle d'essayer à briser leur chaîne, c'est pour dor- mir. La Fouine, sans s'attacher positivement ù son maître, peut cependant s'apprivoiser et devenir capable d'une certaine éducation. M. Roitard cite à ce sujet une anecdote dont il a été témoin et re- lative a un garde qui avait dressé une Fouine à pénétrer dans les basses-cours et les fermes, et à tuerie plus de volailles possible, dont il s'emparait ensuite au moyen d'un Chien qui allait prendre le gibier aussitôt qu'il avait cessé de vivre (1). La plupart des espèces de Marte habitent les contrées tempérées et septentrionales de l'ancien continent, principalement de l'EuroiJc; quelques-unes sont propres à l'Amérique, et une seule, le Zorille, à la partie méridionale de l'Afrique. Nous allons successivement les passer en revue, en les rangeant dans les trois sous-genres Marte (Mitstela), Petois (Putorius) et Zokille (Zorilla); nous parlerons aussi des espèces fossiles les plus importantes. 1" SOUS-GENRE. — MAllTE. MUSTELi. G. Cuvicr, 1797. Tableaux élémcnuircs du ri?§ne animal. D'après le nom de l:i JIaiite, lUusUh des anciens. CARACTÈRES DISTINCTIFS. Vue fausse molaire de plus en haut et en bas que dans le sous-fjcnre des Putois. (Umiassière inférieure ayant un petit tubercule. Museau un peu allongé. On(jlcs acérés, a demi rétractiks] (1) Nous demandons à nos lecteurs la poniiission de rappoiicr les propres paroles de M. Boitard [Dictionnaire universel d'Histoire naturelle, tome VIII, 1847) à ce siijcl. a Dans un viliiigo sur les bords de la Saône, un ancien garde-cliasse, un peu Iripon, était parvenu à apprivoiser si bien une Eouine, qu'il appelait Robin, que jamais il ne l'a tenue à l'altirlie; elle courait librement dans toute la maison sans rien briser, et avec toute l'adresse d'un Chat. Elle était turbulente, il est vrai, mais elle prenait ses précautions pour ne rien renverser. Elle répondait à la voix de son maître, avançait quand il l'appelait, ne le caressait pas, mais semblait prendre plaisir à ses caresses. Elle vivait en très-bonne intelli(;encc avec Bibi, petit Cbien terrier anglais qui avait été élevé .avec elle. Ceci est déjà très-singulier, mais voici qui l'est davantage : Rubin et Bibi n étaient pour leur maître que des instruments de vol et des complices. Chaque matin, le vieux garde sortait de chez lui, portant à son bras un vaste panier à deux couvercles dans lequel élail caché Robin; Bibi suivait derrière son maîlre, lui marchant presque sur les talons. Ce trio se rendait ainsi autour des fermes écartées, où l'on est dans l'usajje de lai^ser la volaille errer assez loin de l'habitation. Dés que le vieux garde apercevait une Poule ii proximité d'une haie, dans un lieu d'où l'on ne pouvait le voir, il prenait Bobin, lui montrait la Poule, le posait ,i terre et conlijmait son che- min. Robin se glissait dans la haie, se faisait petit, rampait connue un Serpent, et s'approchait ainsi do l'Oiseau; puis tout à coup il s'élançait sur lui et l'étranglait sans lui donner le temps de pousser un cri. Alors le vieux fripon de garde revenait sur ses pas; Bibi courait chercher la Poule et l'apportait, suivi de Robin; l'Oiseau était aussitôt mis dans le 262 HISTOIRE NATURELLK. Un assez grand nanibre d'auleiirs, et particulièrement Daubciilou ihnsV Histoire naturelle géncralc cl particulière de liuffon, et De Blainville dans son Ostcofirapliic, fascicule des Muslelas, ont donné la description complrte du squelette de la Fouine, que l'on i)Ciit prendre pour type des animaux de ce sous-genre. Ce squelette, dans sa nature analoinique, a quelque chose de plus cassant, de plus sec, dfi plus dur que celui des Petits-Ours, et, sous ce point de vue, se rapproche davantage de celui des Chats, c'est-à-dire qu'il est peu imprégné de graisse et plus blanc. Le mode d'assemblage des os qui le constituent est aussi un peu plus serré, les saillies et les cavités d'ailiculalions plus prononcées en général. La colonne vertébrale est composée de cinquante-deux vertèbres : quatre cépbaliqucs, sept cervicales, quatorze dorsales, six lombaires, trois sacrées et dix-huit coccygienncs, se disposant de manière à produire une arqùre très-prononcée, en dessus au cou, en dessous au dos et surtout aux lombes. Sans entrer dans de minutieux détails sur les vertèbres céphaliques étudiées chacune séparément, nous dirons que de kur réunion et de leurs appendices sous un angle d'environ vingt degrés, il résulte une tête ovale presque droite en dessous, et assez régulièrement arquée en dessus, le point culminant ou le plus bombé étant dans l'espace intcroculaire, un peu en gouttière en avant de ce point; et, au contraire, pourvue d'une crête sagittale peu élevée en arrière; ayant ses oriiîces terminaux assez grands; l'antérieur ou nasal un peu oblique et bordé seulement par les prémaxillaires et les naseaux; le médian ou palatin assez petit et à peu près au milieu du dia- mètre longitudinal; le postérieur plus grand, ovale, presque transverse etéchancrant un peu le ba- silaire; la cavité cérébrale est assez considérable, de forme ovale, presque circulaire, partagée en deux par une lame osseuse occipitale complète, mais étroite. Les vertèbres cervicales forment un cou allongé. Les vertèbres dorsales ont leur corps large, cylindrique, non caréné et presque de même diamètre, et leur apophyse épineuse médiocre, avec une sorte d'arrêt à leur bord postérieur, inclinée en avant aux dix premières et en arrière aux quatre autres. Les lombaires sont peu allon- gées, épaisses, assez fortement hérissées par leurs apophyses. Les trois vertèbres sacrées sont pe- tites, distinctes, au moins dans leur apophyse épineuse. Les vertèbres coccygienncs, surtout les dix ou douze dernières, sont grêles, assez longues, décroissant rapidement. Le sternum ne pré- sente rien de différent de celui de la plupart des Carnassiers; il est composé de dix pièces, toutes étroites, comprimées latéralement et élargies à leurs extrémités articulaires; le manubrium étant élargi et le xiphoide entièrement cartilagineux. Les eûtes sont au nombre de quatorze paires; elles sont grêles, très-comprimées et croissent régulièrement de la première à la dernière; leurs car- tilages sont également grêles, presque aussi longs qu'elles. Il en résulte un thorax de médiocre lon- gueur, un peu en baril. Les membres sont petits par rapport à la longueur du tronc, et assez espa- cés; ils sont tous presque égaux. Les antérieurs ont une clavicule rudimentaire suspendue dans les chairs, à peine osseuse; leur omoplate est assez étroite, presque triangulaire; l'humérus un peu re- courbé, percé très-bas au-dessus du condyle interne, l'externe présentant une crête longue; le ra- dius est grêle, assez arqué; le cubitus est un peu fort, comprimé, arqué en dedans, avec un olécrane court, élargi, et une apophyse odontoïde large et forte; le carpe est composé de sept os; le méta- carpe comprend des os assez grêles; les phalanges sont également très-minces et les onguéales sont comprimées, aiguës, élevées en coutre de charrue, quelquefois un peu arquées. Les membres pos- térieurs sont un peu plus longs que les antérieurs, surtout dans la jambe et dans le pied; l'os inno- miné est robuste, un peu courbé dans son bord postérieur, avec l'ischion dilaté vers sa lubérosité; le fémur est assez long, un peu courbé en S; le tibia, plus long que le fémur, est assez grêle, droit presque triquètre et s'élargissant inférieurement; le péroné est très-grêle, parfaitement droit, sans arêtes un peu prononcées; le pied, un peu plus long que la jambe, est composé d'un tarse propor- tionnellement assez court, dont l'astragale, élevé dans sa poulie, a sa tête portée sur un col légère- ment allongé; le calcanéum est comprimé, canaliculé à l'intérieur de sa tubérosité; le métatarse est très-long, assez étroit, formé de cinq os grêles, serrés; les phalanges sont minces, peu allongées, panier avec li Fouine, qui avait sa petite loge séparée, et l'on se remettait en marche pour clierclicr une nouvelle occa- sion de recommencer celle manœuvre. A la fm, les fermiers du voisinage s'aperçurent de la diminution du nombre de leurs l'onlcs et de leurs Chapons ; on se mil à guetter, et l'on ne larda pas à saisir Us voleurs sur le fait. Le juge de paix, qui n'élalt nullement soucieux des progrès de l'histoire naturelle, fit donner un coup de fusil à la Fouine, et crut faire grâce au vieux garde en ne le condamnant qu'à payer les Poules qui, grâce à Bihi et à Robm, avaient passé par son pot-au-feu. » Fi". 1. — Jaguar femelle. LEScSTKË sevaleT Fi". 2. — Tigre royal l'I rii CARNASSIERS. 265 moins étroites toutefois qu'aux mains, et les onguéales étant un peu moins élevées qu'aux membres antérieurs. L'os du pénis est un peu élargi à la base, presque triquètre dans les deux tiers posté- rieurs, .se relevant et se tordant un peu vers sa terminaison, où il s'élargit considérablement et est percé d'un trou ovalaire. Spécifiquement, il y a peu de différences osléologiques dans ce sous- genre, ainsi qu'on a pu surtout le constater dans la Marte et la Zibeline. Les Martes sont essentiellement carnassières, comme toutes les espèces du genre; mais on connaît moins leurs mœurs que celles des Putois, dont nous allons bientôt nous occuper. Elles sont de pe- tite taille, semi-digitigrades, et parfois un peu plantigrades; leurs paumes et plantes des mains et des pieds sont presque toujours nues, et ce n'est qu'exceptionnellement qu'elles sont couvertes de poils. On trouve ces animaux dans toutes les parties du monde, excepté en Afrique et en Océanie; elles ne sont surtout pas trop rares dans le nord de l'Europe et de l'Amérique. On a jusqu'ici constaté l'existence de dix espèces récentes; mais, en outre, on en a découvert plusieurs autres à l'état fossile, et ces débris paléontologiques constituent tantôt des espèces parti- culières et tantôt se rapportent aux espèces que l'on trouve encore pendant la période géologique actuelle 1. MARTE MVSTELA MAIITES. Linné. Caractères srÉciFiQurs. — Pelage formé de deux sortes de poils : V de grands, longs et fermes, cendrés auprès du corps, ensuite fauve clair, et terminés de brun mêlé de roux très-luisant; 2° d'un duvet très-fin, très-abondant, non entièrement recouvert par les longs poils, de couleur cendrée très-légèrement teintée de fauve et de blanchâtre. Bout du museau, poitrine, les quatre jambes et la queue, d'un brun noirâtre, dans lequel il ne paraît que peu de couleur fauve; gorge, partie infé- rieure du cou et partie antérieure de la poitrine, de même couleur, mais offrant une tache d'un jaune clair; partie postérieure du ventre rousse; bords et dedans des oreilles de couleur blanchâtre légè- rement teinte de jaunâtre. En résumé, ce pelage est brun, avec une tache jaune clair sous la gorge. Longueur totale de la tête et du corps, 0"',48; de la queue, 0'",25. Les anciens connaissaient la Marte, ainsi que plusieurs espèces du même genre, telles que la Fouine, le Putois, le Furet et la Belette, et il semble que c'était particulièrement à la Fouine, et selon d'autres à la Belette, que les Grecs donnaient le nom de iy.i-n, et les Latins celui de Mustela. Mais les recherches des auteurs à cet égard sont assez obscures pour que nous ne croyions pas devoir nous en occuper. Chez les modernes, beaucoup de naturalistes en ont donné des descriptions plus ou moins complètes; nous citerons seulement Buffon, qui l'indique sous la simple dénomination de MaPiTe; Fr. Cuvier sous celle de M.uitf, commine, et Linné, qui lui a appliqué le nom latin de Musiela martes, qu'elle porte encore aujourd'hui. Quelquefois on écrit Martre au lieu de Marte. On a signalé la Marte à l'état fossile; mais 'ce fait, cité surtout dans le Catalogue palconlologlquc de M. Tournai, et indiquant des débris fossiles de cette espèce comme trouvés dans les brèches osseuses du dépar- tement de l'Hérault, n'a pas été confirmé d'une manière bien positive. La Marie habile tout le nord de l'Europe et l'Amérique septentrionale jusqu'à la haie d'IIudson. Buffon assure qu'il n'en existe pas en Angleterre, parce qu'il n'y a pas de bois dans ce pays. Avant que les grandes forêts fussent détruites en France, elle y était assez commune; mais aujourd'hui elle est, au contraire, devenue trè.s-rare. Elle se plaît dans la profondeur des forêts les plus sau- vages, où elle grimpe avec agilité sur les arbres les plus élevés, pour faire une chasse incessante aux petits Mammifères, aux Oiseaux et aux œufs qu'elle peut rencontrer. Elle détruit une grande quaniilé de petit gibier et de Rongeurs, tels que les Mulots, les Loirs, les Lérots; elle mange aussi des Lézards, des Serpents, des Grenouilles, et recherche les ruches des Abeilles sauvages pour s'emparer de leur miel. La Marte n'est pas un animal tout â fait nocturne, malgré la disposition de sa pupille; mais, ainsi que tous les animaux sauvages qui habitent des pays très-peuplés où l'homme les inquiète souvent, elle se cache pendant le jour et ne sort de sa rciraitc que la nuit pour com- mettre SCS dévastations. « Courageuse et rusée, dit M. Boilard, la Marte, comptant surtout sur son 264 HISTOIRE NATURELLE. extrême agilité, s'effraye peu quand elle est cliassée par les Chiens courants; elle se plaît à faire battre et rebatlre la passe, à les dépister, à les fatiguer avant de monter sur un arbre pour éeliap- per à leur poursuite. Encore, quand elle emploie ce dernier moyen, ne se donne-t-elle pas la peine de grimper jusqu'au sommet. Assise à la bifurcation de la première branche, elle les regarde effron- tément passer sans s'en inquiéter davantage. F.lle ne se creuse pas de terrier et n'habite même pas ceux qu'elle trouve tout faits; mais, quand elle veut mettre bas, elle cherche un nid d'Écureuil, en mange ou en chasse le propriétaire, en élargit l'ouverture, l'arrange à sa fantaisie et y fait ses petits sur un lit de mousse. Tant qu'elle les allaite, le mâle rôde dans les environs, mais n'en approche pas. Lorsque les petits sont assez furts pour sortir, la mère les conduit cliaque jour à la promenade et leur apprend à grimper, à chasser et à reconnaître la proie dont ils doivent se nourrir. C'est alors que le mâle se réunit à la femelle, apporte à ses petits des Oiseaux, des Mulots et des œufs. Dès lors ils ne rentrent plus dans le nid et dorment tous ensemble dans des trous d'arbre ou dans des feuilles sèches, sous un buisson charnu, etc. u La portée des Icmelles est de deux ou trois petits selon Ruffon; mais il paraîtrait qu'elle peut être plus considérable et se composer de cinq ou six petits. La fourrure de la Marte est assez recherchée, quoiqu'elle le soit beaucoup moins que celle de la Zibeline; on l'emploie surtout à faire des manchons de femme. 2. FOIIIiNE. MVSTEI.A FOIXA. Brisson. Caractères spécifiques. — Pelage de deux sortes de poils : les plus courts très-lins, doux, d'un cendré très-pâle, ou même blanchâtres; les grands longs, fermes, moins abondants que le duvet, et le laissant voir par places, de couleur cendrée dans la première moitié de sa longueur, et duu brun noirâtre dans le reste, avec quelque teinte de roussâtre qui paraît sous différents aspects; jambes et queue noirâtres; dessous du corps |ihis gris que le dessus; une bande plus brune sur chaque flanc, (le|iuis l'aisselle jusqu'à l'aine; une tache blanche sur la gorge qui s'étend sur une partie de la mâchoire inférieure jusqu'aux oreilles, sur la face inférieure du cou et sur la partie antérieure de la lioitrine, et de chaque côté sur la face antérieure des bras jusqu'au pli du coude; poils de la queue les plus grands de tous, assez durs. En résumé, la Fouine se distingue de la Marte, avec laquelle elle a de commun un pelage brun, eu ce que tout le dessous de sa gorge et de son mufle sont blan- châtres, et qu'il n'y a seulement qu'une seule tache jaune clair sous la gorge; sa taille est la même. La Fouine, connue depuis Irès-lougtemps, esi regardée par quelques zoologistes, particulièrement par De Rlainville (Ostcofjrapliic, 18 il), comme le type du groupe qui nous occupe. La Fouine se rencontre dans l'Europe et l'Asie occidentale; elle est assez commune en France et en Angleterre. Elle se lient de préférence au voisinage des habitations rurales, et. fait même quel- quefois ses petits dans les granges ou les magasins à foin; d'auties fois, elle établit son domicile dans un trou de rocher, dans le creux d'un arbre. Du reste, ses mœurs sont eu tout point send)lal)les à celles de la Marte et du Putois. Elle dort deux fois par jour, et se place pour cela un peu a la ma- nière des Chats; quand elle est éveillée, elle se met coniinuellement en mouvement. Ruffon nous en a tracé un portrait que nous croyons devoir reproduire. ( La Fouine a la physio- nomie très-line, l'œil vif, le saut léger, les membres souples, le cor|)s flexible, tous les mouvements très-prestes; elle saule et bondit idulùt qu'elh- ne marche; elle grimpe aisément contre les murailles qui ne sont pas bien enduites de plâtre, entre dans les colombiers, les poulaillers, etc.; mange les œufs, les Pigeons, les Poules, etc.; en tue quelquefois un grand nombre et les porte à ses petits; elle prend aussi les .Souris, les Rats, les Taupes, les (Jiseaux dans leur nid. Les Fouines, dit-on, |)orlent autant de temps que les Chats. On Iniuve des |)elits dejiuis le prinlcni|is jusqu'en automne^ ce qui doit faire présumer qu'elles produisent jdus d'une fois par an. Les plus jeunes ne font que trois petits, les plus âges en font jusqu'à sept. Elles s'établissent, pour mettre bas, dans un magasin â foin, dans un trou de muraille, oii elles poussent de la paille et des herbes; quelquefois dans une fente de rocher ou dans un trou d'aibrc, où elles portent de la mousse, cl, lorsqu'on les inquiète, elles déménagent et transportent ailleurs leurs petits, qui grandissent assez vile, car celle que nous CARNASSIERS. 265 avions clcvi't» iivail, au IjoiiI tliiii an, pii'sqnn alU'iiil sa grandeur naturelle; et de là un peut inférer que ces animaux ne vivent que luiil à dix ans Elle demandait à niaofrer eomme le Chat et le Chien, cl mangeait de tout ce qu'on lui donnait, à l'exception de la salade et des herbes; elle aimait beau- coup le miel, et préférait 1q cbénevis à toutes les autres graines. » D'après cela on voit que la Fouine montre (|uelques marques d'intelligence, et nous avons déjà en occasion d'en indiquer d'autres preuves; nous ajouterons encore que, chez les anciens, il paraîtrait que la Fouine, de même que la fîelelte, étaient réduites à l'état de domesticité, et qu'elles vivaient dans les maisons à la manière de nos Chats. Jusqu'ici on n'a pas signalé positivement de Fouine à l'étal fossile; mais il est probable qu'on parviendra à en découvrir, aujourd'hui surtout que les recherches paléontologiques sont suivies avec autant de soin qu'on le fait. C'est auprès de la Fouine que l'on range trois espèces particulières de Maries découvertes à l'état fossile : la Miislcla gniriloidcs de De Blainville, fondée sur deux morceaux de mâchoire inférieure Mduvés dans le terrain tertiaire moyen d'eau douce de Sansans; 'i" [a Miislcla purdineiish de MM. Croizel cl Jobert, de la troisième époque géùlogi(|ue et particulière à l'Auvergne; ei .j" li Mitsicla plcs'niis. Laizer el de Parieu, propre aux alluvions du l'ny-de-Dome, et dont Ue Riainville a pu donner une bonne description du système dentaire. ô ZIBELINE. MUSTELA XIBEf.l.IXA Unui CAr.ACTÈiîEs spi';cifiqi;es. — Très-semblable à la Marie jiar les formes et l'habitude du corps, ainsi que par la grandeur. Pelage d'un fauve obscur, mêlé d'un brun foncé; devant de la gorge ayant quelques nuances cendrées; piirtie antérieure de la télé el oreilles blanchâtres; pieds très-velus et couverts de poils jusque sur les doigts. Longueur de la télé el du corps; O^./tO, de la queue, 0"',5ô. Celle espèce habile le nord de l'Europe et l'Asie septentrionale, la Tartarie et la Siheiie jusqu'au Kamtchatka. Elle se tient sur les bords des fleuves; choisil les lieux ombragés et les bois les plus épais; vit dans des trous ou dans des espèces de nids formés d'heilies sèches, de mousse el de ra- meaux, soit sur les branches élevées, soit dans des creux d'arbres ou de rochers; passe la journée entière dans celle retraite el une partie de la mauvaise saison sans néanmoins s'y engourdir; fait sa nourriture habituelle de la chair des Ecureuils, des Lièvres, el aussi des Maries el des Hermines, auxquelles elle donne la chasse. En élé, elle joint aux substances animales quelques fruits, et sur- tout ceux du cormier, dont l'usage lui cause, assure t on, des démangeaisons très-vives. La femelle met bas vers la fin de mars ou au commeiicemeni d'avril, et sa portée n'est que de trois à cinq pe- liis. Les fourrures des Zil elines de Sibérie passent pour les plus précieuses des espèces du sous- genre Marte, et l'on estime surtout celles de Wilinski et de Nerrskinsk. Les bords de la W'ilima, ri- vière qui sort d un lac situé à l'est du Raikal et va se jeter dans la Lena, sont fameux par les Zibe- lines que l'on y chasse. Ces Carnivores abondent dans la partie des monls Allai que le froid rend inhabitable, ainsi que dans les montagnes de Saian, au delà de l'Enissei, cl surlout aux environs de rOi et des ruisseaux qui tombent dans la Tomba On a donné de grands détails sur la chasse que les habitants de la Sibérie font à la Zibeline, et l'on a décrit avec soin les fatigues auxquelles l'honinie s'expose pour s'emparer de cet animal dans un pays déshérité de Dieu el dans lequel le froid au(]uel il s'expose peut devenir mortel; nous renvoyons à ce sujet aux récils des voyageurs, ainsi qu'au résumé qu'en a donné M. Boilard, et nous terminerons l'histoire de cet animal en rapporlani, li'après M. Lessejis, la manière singulière dont les Kamlchadalcs s'cniparenl de la Zibeline. » Un d eiilre eux, dit-il, nous demanda un cordon; nous ne pûmes lui donner que celui qui attachait nos Chevaux. Tandis qu'il y faisait un nœud coidant, des Chiens accoutumés à cette chasse entouraient l'arbre. L'animal, occupé à les regarder, soit frayeur, .soit stupidité naturelle, ne bougeait pas; il se contenta d'allonger son cou lorsqu'on lui présenta le nœud coulant; deux fois il s'y prit lui-même, deux fois ce lacs se délit. A la (in, la Zibeline s'élant jelèe à terre, les Chiens voulurent s'en saisir, mais hientril elle sut se débarrasser cl elle s'accrocha, avec ses pâlies et ses dents, au museau d'un des Chiens, qui u'eul pas sujet d'èlre satisfait de cel accueil Comme nous voulions lûcher de '^">' 5i 266 IIISTOIIIE NATUllKLI.E. prendre l'aniiiial on vie, nous érartànics los Cliiens; lu Carnivore quitta aussitôt prise et remonta sur un arbre, où, pour la troisième fois, on lui passa le lacs, qui eoula de nouveau. (!e ne fut qu';\ la quatrième fois que le Kamirliadale parvint à le prendre. Cette facilité decliasser les Martes est d'une Jurande ressource aux habitants de ees contrées, obligés de payer leur tribut en peaux de Zibe- lines. » M. Kaup (Europas Tliicnv, t. I, 1809) a désigné des débris fossiles de /Abvïïma. i. VISON. MrSTr.l.A I/.fO.V l.inii.'t Caractères SPÉCIFIQUES. — Grands poils du corps bruns, pins ou moins teints de fauve et luisant noir par-dessous; un duvet très-doux, très-touffu, de couleur cendrée claire, depuis la racine jus- qu'à la pointe, qui a une teinte de fauve pâle; queue peu touffue, médiocrement longue, de couleur noire; pieds garnis de poils. Longueur de la tète et du corps, 0"',.iO. Par les dispositions de ses couleurs, celte espèce a tellement de rapport avec le Minx de noire continent, que l'on serait tenté de les réunir si G. Cuvicr n'avait rangé la première dans le sous- genre Marte et la seconde dans celui des Putois. Au reste, le caractère le plus saillant est de peu de valeur, puisqu'il consiste seulement dans la couleur de la queue et dans celle de la lèvre supé- rieure. Le Vison vit sur les bords des eaux et habite sous terre. Sa femelle produit de trois à six petits par portée. Sa nourriture consiste en Poissons, Oiseaux aquatiques, Piats, Souris, Moules, œufs de Tortue, etc. Quelquefois il pénètre dans l'intérieur des habitations rurales, y commet les mêmes dégâts que le font dans nos fermes les Fouines, les Bclelles et les Piilois. La pairie de celte espèce est le Canada, ou d'une manière plus générale le nord des Klats-Unis. Lesson l'indique comme propre au Poitou et :t la Saintonge; mais c'est probablement par erreur que ces localités ont clé indiquées. 5. PliKAN MVSTELA CÀ.\Mli:.\SIS. I.iiim'. Caractères spécifiques. — Corps couvert de poils de deux sortes; un duvet de couleur cendrée sur la plus grande partie de sa longueur, depuis la racine, et ayant la pointe gri.se avec quelques nuances de fauve; poils luisants, fermes, présenlant les mêmes couleurs que le duvet, excepté dans la partie qui dépasse celui-ci, laquelle est grise et noire, avec tpndques nuances de marron, et la pointe qui est noire; couleurs générales résultant de celles des jxiils et du duvet, et offrant un mé- lange de gris et de fauve sur la tète, le cou, les épaules, le haut des jambes de devant et le dos: cotés du corps plus gris que les parties supérieures; croupe noirâtre; bas des jambes de devant, jambes de derrière en entier, les quaire pieds et la queue, noirs, avec quelques nuances de brun; dans certains individus, du blanc eulre les jambes de devant, sur la poitrine et entre les jambes de derrière, sur le ventre, dn en coiuiait une variété entièrement blanche, que l'on indique sous le nom de Vison blanc {Musiela alha, Richardson). De la taille de la Marte. Cette espèce vit, comme la précédente, sur le bord des lacs et des rivièri's, dans des terriers qu'elle se creuse. Elle habite le Canada et le nord des Êiats-Uiiis. 11. JIAl'.TI'. A TKÏI': DK l.OlTUt;. MISÏI-I.A l.limr.OCr.VII.M.A. Ilnrlan. CARACTJiRES spÉciFiQi'Es. — Pclagc généralement d'un blanc brunâlre on jaunâtre, plus clair en dessous, avec la queue d'un brun ferrugineux. D'assez grande taille. Par ses formes générales, cette espèce ressemble à la Loutre; sa tèie et ses oreilles sont sembla- CARNASSIEIiS 267 blos; stsduigts soiil à demi palmés, ce qui indique des habitudes aquatiques, l'îlie vit de Reptiles, de (irustacés et de l'oissoiis, et habite de préterenee le boi'd des iiiisseaux et des petites rivières dans le Maryland et les États-Unis. On eroit pouvoir rapporter en synonymie à cette Marte le Miiili eciinile fausse molairi' nian(|iio aux deu\ m.'i- l"ic 1 — CivoUc. Fig. •■>, — Clipval tiaskir. l'i. r>r. CAUNASSIEUS. 209 clioircs, ciî qui réduit le nombre lic ces dénis à |. Il v :i, en outre, qiiel(|iies difterences duns plu- sieurs de ces dents, mais elles sont à peu près toutes spé(;ili(|ues; toutefois, dans toutes les espèces de ee sousiçenre, le tubercule de la partie interne de rarrière-niolaire d'en haut est rèi;ulièrement <:oi]ique cl médian : la dernière arrière-molaire d'en bas est très-petite, ronde, et relevée dans son milieu par une pointe conique, mousse. Les Putois, en général, sont des animaux Irès-carnivores, et qui ont les mêmes mœurs que les Mar- tes; on en connaît une douzaine d'espèces, qui sont surtout répandues en Europe et en Asie. Cette ])reniière partie du monde principalement renferme les deux tiers des espèces de ce groupe, et Tune d'entre elles se rencontre à la fois en Europe et en Afrique; enlin, on en signale une espèce à Java. Ouelques débris fossiles on! aussi été découverts. I l'LlTOIS MiSTELA PUTOItlUS. Linné. (Caractères sr^;cIllyu£.^. — Pelage brun; les poils intérieurs étant d'un blanc jaunâtre; quelques taches blanches à la tête, et notamment près du museau. Longueur de la tête et du corps, ()"',35; de la queue, ()"\i&. Le Putois est connu depuis la plus haute antiquité; il est très-répandu et se trouve dans I Europe méridionale, tempérée et boréale. Dans cette espèce, la queue est plus courte proportionnellement que celle dt: la Marte et de la Touine; la paume des mains est garnie de quatre tubercules à la base des doigts, savoir ; deux très-petits, internes, correspondant, l'un au pouce et l'autre à l'indicaleur; un grand se rapporiant à la fois au médius et à l'anmilaire; un moyen tout à fait exl<'rne et sous le petit doigt; un cinquième plus reculé, et du côté externe; la plante des pieds n'eu a que quatre seulement, disposés comme les antérieurs; tous les doigts ont aussi, en dessous de leurs dernières phalanges, un tubercule très- apparent. Le tour de la bouche, les côtés du nez, la pointe des oreilles, sont blancs; la partie qui est entre la bouche, le coin de l'oreille et le front est blanc varié de brun. Les poils du corps sont de deux sorles : les grands, fermes, luisants, d'un brun noir; les ])lus courts laineux et de co- loration blanc jaunâtre ou fauve blanchâtre, d'où il résulte que la teinte générale est brune partout où les grands poils sont abondants cl recouvrent les auties (sur le dos, par exemple), et qu'il y a un mélange de fauve partout où ces derniers sont apparents à l'extérieur (sur le ventre, par exem- ple); les quatre jandies et la queue sont d'un brun noir uniforme. Le Putois porte vulgairement la dénomination de licle i)iiiiiiic. nom qui lui vient de l'odeur in- fccle qu'il exhale, surtout lorsqu'il est en colère; car, alors, cette odeur devient tellement forte, qu'elle dègoiite et éloigne les Chiens ks plus ardents à la chasse. Ses mœurs sont semblables à (■elles de la Fouine; il habite, en élé, les campagnes et les bois voisins d(^s habitations, cl, l'hiver, il va se loger dans les vieux bâtiments, les granges, les greniers à foin. 11 dort pendant le jour, et ne sort de sa retraite que la nuit pour aller â la chasse des petits animaux (pi'il peut rencontrer; il attaque souvent les ba.sses-cours. rll se glisse dans ces endroits, dit Buffon, monte aux volières, aux colombiers, où, sans faire autant de bruit que la Fouine, il fait plus de dégâts. Il coupe ou écrase la tète â toutes les volailles, et ensuite il les em|)orle une â une, et en fait un magasin. Si, (■(uiime il arrive souvent, il ne peut les em|)orter entières, parce que le trou par où il est pa.ssé se trouve trop étroit, il leur mange la cervelle et prend seulement les tètes. Comme il aime beaucoup le miel, il sait profiter du temps où les Abeilles sont engourdies pour allaquei' les ruches et les pil- ler. 1) Les sexes se rapprochent au printemps; les mâles se livrent alors entre eux des combats acharnés; les femelles l'ont de trois â cini] petits par portée; elles les allaiteni, les accoutument .>yi des Grecs, et (ine l'allas a désii^néc sons la niènic dcnoniinaiinn de (iule, varie assez considérablement dans son système de coloration, d'où il résulte que |diisieurs de ces variétés ont été regardées comme des espèces p:irli(ulières. Nous iiuli(|uerons les principales variétés, mais en faisant reniartiuer (|ue, mieux étudiées, qnelques-nnes d'entre elles constitueront peut-être des espèces particulières : 1" le Puldrhm borcamclti, Celli, que Ion rej;arde comme I'I/.ti; d'Arislole, et qui se trouve en Sardaigne, établit un passage de la iîclette à l'Hermine; en été il est brun ci roussàtre en hiver; 2° I'IIkrminf.ttf, on Belette des neiges (Mnstcla iiivalli, I/inné, Mu.sicla liiicmali.i. l'allas) semble èlre une simple variété blanche de la lîelelte avec la seule dilTé- reiiie (|ii'i'llc a constanmient le bout de la queue noir; elle habite le nord de ri:;ur()pc et se reneonire quelquefois en France; 5" la Belette altaïque {Muslela allaicn, Pallas), animal propre au nord de l'Asie et de l'Europe, et qui est très-insnftisaniment connu; et 4° la Belette des Ali-es {Mttstcla Al- p'iua, fiebleri, qui ne parait différer de la liclctte que par sa taille légèrement plus grande; elle est jamiàlre on brunâtre en dessus, d'un jaune pâle en dessous, avec le menton blanc, ainsi (|u"niie par- tie de la bouche; habite les Alpes, où elle se loge dans des trous de rochers ou dans des terriers, et se nourrit de petits Mammifères et d'Oiseaux. Cette es|ièec est vorace et carnassière comme les autres espèces du même genre; en été (file reste dans la campagne et dans les bois, et se nourrit de tous les petits animaux qu'elle rencontre, s'alla- (|uant parfois à des Mammifères cinq ou six fois plus gros qu'elle, tels que des Surmidots ou sur- tout des Lapins, et venant toujours à bout de les tuer et de les dévorer. En hiver, elle ne sécarti; guère des habitations de rbonime, el fait alors la guerre aux volailles et aux autres animaux conser- vés dans les basses cours. Elle profluit deux ou trois fois par an trois, quatre ou cinq petits, que la femelle dépose sur un lit de feuilles sèches, dans le creux d'un vieil arbre. La Belctie chasse le jour et non pas uniiincment la nuit, comme Tassurait Buffou; elle peut aisément s'apprivoiser, pourvu qu'elle soit prise jeune et traitée avec beaucou)) de douceur. La Belette se reiuonlre dans les parties tempérées et septentrionales de l'ancien monde, ainsi (pie dans le nord de rAiréri(|ue. Elle n'est pas rare partout. On a signalé ]ilusieiirs dcbiis fossiles de celte espèce dans les cavvrnes, el mélangés avec une foule d antres animaux; M. Buckland en a indiqué des traces dans la caverne de Kirkdale; M. Schmer- ling dans celles des environs de Liège el M. Marc-Enry dans la caverne de Kent, près de Terbay, en Angleterre. I>. TUIICUnl. VVSTEI.A I.ITKr.OI.A. l'.illas. CAnACTÈnEs sncciFiQUEs. — Pelage diin brun noirâtre, avec le dernier tiers de la queue tout à fait noir; la lèvre supérieure, le menton et dessous du ciiu, blancs. De la taille de la Marie. Olle espèce, qui habile le nord de l'Europe et surloiii la Finlande, a les pieds à demi palmés; elle se tient sur le bord des eaux, et se nourrit de Grenouilles. d'Écrevisses et de Poissons; ses habiludes tiennent â la fois à celles de la Loutre et du Putois. Elle n'exhale qu'une légère odeur de musc, peu désagréable, d'où il résidte f|ue sa fourrure, d'ailleurs Irèsbelle, est plus recherchée que celle des antres espèces du même gei:re. i^est probablement celte espèce que Buffon nommait Vison, et qu'Erxleben indiquait sous la dé- nomination de Mit.stila miiior. 7. ciioiioCK. mi!;ti;i..\ siiiinir,\ i>,iihis. ("\n.\r.TÈRES sPîcciFiQiiFS. — Pelage à poils longs, d'nn fauve doré en dessus, et d'un jaune fauve pâle en dessous; le lour du ninllc blanc, et la partie du museau comprise enire les yeux et celle jiartic brune Ile la lailli' li am'i- les tuiiiii'.s du l'iircl. CARNASSIERS. 273 Le Chorock habite les foiiHs de la Sibérie, et, ainsi que le l'ulois, liûiit il a les mœurs, il se rap- proebe des habitations rurales pendant l'hiver, cl dévaste les basses-ennrs. 8. PUTOIS A GORGE DORÉE. MVSTELA FLAVIGULA. Doilila-rl Caractères spécifiqdes. — Pelage généralement noir, avec la £;ora;e, le venirc et le dos, jaunes; li's joues blanches. La longueur de la tète et du corjjs est de O^.bO, et la queue a à peu prés la même dimension. La coloration de celte espèce diffère considérablement dans les divers individus, aussi est-il pro- bable qu'on l'a décrite sous plusieurs noms, et qu'on doit lui rapporter les Muslela qnadricolus, Sliaw; Mustela leucolis, Temmink, el Pulorius Hardwiclài, Ilorsfield. 11 se trouve au Népaul. 0. PUTOIS DEVERSMANN. PUTORIUS EVEItSMAMVlI. Lesson Caractères spécifiques. — Pelage d'un jaune clair, à pointe des poils brune seulement sur les lombes; la poitrine et les pieds bruns; la queue partout d'une teinte égale. Cette espèce, qui ressemble beaucoup au Putois, habite enlre Orenbourg el Boukara. • m. FURET DE JAVA. MUSTELA M'DIPES. Fr. Cuvitr. Caractères spécifiques. — Pelage d'un beau roux doré très-brillant; la têle et l'exlrémilé de la queue blanches ou d'un blanc jaunâtre; le dessous des pieds entièrement nu. De taille un peu plus petite que le Putois. 11 a été trouvé à Java. Ses mœurs n'ont pas été étudiées; mais l'on pense que ce sont les mêmes que celles de nos Martes européennes. Z' SOUS-GENRE.— ZORILLE. ZORILLA. G. Cuvier, 1793. Tableaux élémentaires du Rt^gne animal. Ni)m spécilique appliqué au groupe sous-générique. CARACTÈRES DISTINCTIFS Sijslème dentaire à peu près semblable à celui du Putois. Tuberculeuse d'en haut assez large. Deux fausses molaires h la mâchoire supérieure, et trois à l'inférieure. Museau court. Ongles des pieds de devant obtus, rpais, propres a fouir le sol, mais non à grimper sur les arbres. G. Cuvier a commencé à étudier rostéologie du Zorille; depuis, Lichtenstein en a donné une bonne ligure, et De Blainville a décrit le squelette, qui, d'après lui, ne s'éloigne pas encore beaucoup de ceux du Putois et de la Fouine. Le nombre des vertèbres est toujours à peu près le même : cin- quante-six à cinquante-sept, dont vingt et une à vingt-trois à la queue; celles du tronc sont au nom- bre de quinze dorsales et de cinq lombaires. La partie postérieure de la tète est encore un ]iou moins longue proporlionnellemeni; les apophyses orbitaires sont plus prononcées, et le trou sous- 26 35 274 HISTOIRE NATURELLE. orliilaiic est plus pciii. L'iipophyse épineuse de l'axis se projette enlièrenient en avant. I,es apo- physes traiisvei'scs des verli'Ijres reivicales sont moins prononcées. L'apophyse épineuse des ver- tèbres dorsales est courte, et relie des verièhres lombaires assez large, élevée. Les vertèbres cocoygiennes sont nombreuses, diminuant lîraduellcment de grandeur, niédiocremenl allongées. Il V a on/e pièces au sternum. Les eûtes sont au nombre de quinze paires. Les membres anté- rieurs sont lormés, comme dans les espèces du même genre, d'une clavicule ludimenlaire, cartilagi- neuse; d'une omoplate à peu près semblable à celle de la Fouine; d'un humérus assez court, percé au condyle interne; d'un radius court; d'un cubitus fortement canaliculé ù la face externe; d'une main forte, surtout en largeur; aussi les os qui la composent sont-ils plus courts, bien plus robustes que dans les Martes : ceux du cinquième doigt sont plus longs que les autres, et les phalanges ouguéales plus longues que les secondes. Les membres i)ûslérieurs ressemblent davantage ;\ ceux du l'utois dans les proiiortious des parties; en effet, les pieds sont beaucoup plus allongés, |)lus grêles que les mains, et surtout dans les os du métatarse, car les doigts sont courts, les phalanges onguéales toujours plus longues que les deuxièmes. L'os du pénis ressemble à celui du Grisou; il est grêle, droit, assez régulièrement triquèlre, peu ou point canaliculé en dessous et dilaté en spatule oblique à son exlrê- niité antérieure. Le ZoriUe offre encore une arrière-molaire supérieure un peu plus large que celle qui lui corres- pond dans le Putois, ou mieux plus ovale transverse; la partie externe avec trois pointes basses, et l'interne avec deux marginales; la prit:cipale inférieure a un double denticule à son bord posté- rieur; la première arrière-molaire a la pointe interne très-prononcée, le talon un peu plus large, ainsi que la deuxième arrière-molaire, pourvue d'une pointe interne comme dans les .Moufettes. Plusieurs zoologistes ont formé un genre particulier avec le Zorillc, qui réellement diffère assez fortement des Martes; c'est le genre llUabdocjak (f.».£5o;, baguette; ^aw, liclette) de Millier (ht Wicçi- niauit Arcliiv., t. M, première partie, 1858), et celui des Zoiillu, Lesson {Nouveaux Tableaux du l\i(jnc animal . Manimifires, ISi2l. Un ne connaît qu'une seule espèce de ce groupe, le Zorillc, qui est caruivore comme les autres Martes, et qui se rencontre dans plusieurs parties de l'Afrique, telles que le cap de lionne- Espérance, l'Abyssinie et la Sénégambie. ZORILLE ou PUTOIS DU CAP. VIVEttRA ZOItlLLA. Linni;. CARACTÈnES spécif;ques. — Pelage noir, avec quelques taches blanches sur la tète et des lignes longitudinales blanches sur le corps en dessus, ou blanc avec des taches ou des lignes noires. Lon- gueur de la tête et du corps, O^.Si; de la queue, 0"',27. Le Zorille a reçu le nom vulgaire de Blaireau tlu Cap; A. G. Desmarest le nomme Musiela zorilla, et Lesson Zorilla varirijata, dénomination adoptée par les classificalcurs modernes. Le pelage de cet animal est généralement de couleur noire ou noirâtre, avec des raies, des bandes et des taches blanches ou blanchâtres qui ont quelque apparence de jaunâtre; une tache blanche se remarque sur le front, entre les deux yeux; le dessus du cou et du dos sont marqués de quatre bandes de la même couleur, dont les deux du milieu commencent à l'occiput, et l'exlérieure de cha- que côté s'étendant jusqu'à une petite distance de l'œil :(^es bandes n'étant pas régulières ni pour la largeur, ni par la direction; une bande blanche se voit de chaque côté de la poitrine, commençant derrière le coude, remontant vers le dos ou le milieu du corps, et formant une bande transversale sur la partie postérieure du dos; une deuxième bande blanche transversale sur les lombes, laquelle descend au devant du genou; une tache de la même couleur de chaque coté de la croupe, et une petite bande en forme de demi-anneau à l'origine de la queue, dont le bout est aussi de couleur blanche; la poitrine, les jambes et les pieds sont noirâtres, sans mélange de blanc; les grands ]ioils sont fermes et lustrés, cachant un duvet très-dense et offrant les mêmes couleurs; il y a des poils entre les doigts des pieds de derrière. Cette espèce, au reste, varie plus ou moins dans sa colo- ration. Le Zorille, qui, ainsi <\\\o nous l'avons dit habite l'Afrique méridionale, a le même genre de vie Fis; 1 - Cliat serval pjn-. 2 — l'aïadoxiiie (rilaiiiiltoii. IM Titi TMiNASSIKllS. 275 que la M;irlc', à cela pivs que, ne pouvant iiiiiiipi'f sur les aibics, il se creiise un lerrier où il se ré- fugie pendant le jour, et dans lequel il se retire à la moindre apparenee d^ danger. 4"'^GEINUE. - I/JUTRE. LUTRA. Linné, 1748. S>>lcriiii iialui;r'. Luira, nom iloiiiir à li Lunlrc ((tmiiiniif jiu !i?s Latins. CARACTÈRES (JÉNÉRIIJUKS. Sifslhnc dentaire : incisives, ;; canines, l^\; molaires, ^l ou f^-|, en lolalilé ircnte-six on Ircnli'-liuil dents. Den.viemc incisive inférieure de eliaijne côté un peu rentrée dans quelques es- pèces, et sur la lifine des autres incisives dans une autre. Canines moiieuncs, crochues. Première molaire supérieure petite, mousse, quelquefois caduque; deuxième tranchante; troisième semblable pour la forme, mais plus épais.ie; quatrième ou carnassière de grosseur médiocre, a deux pointes externes, et munie d'un fort talon en dedans; cinquième à trois petites pointes en dehors avec un larfjc talon interne, relevé d'un tubercule mons.ie. Corps irès-lonfj, épais, écrasé, bas sur pattes. Tête large, aplatie. Oreilles courtes, arrondies. Langue légèrement .papilleuse . assez douce. Moustaches formées de quelques poils longs. Membres très-courts, forts. Doii/ts des mains et des pieds allongés, armés d'ongles crochus, non rélrariile.'i. réunis par une membra)ie, et tes transformant en des espèces de ra))ies propres à la natation Paume des mains nue cl (jarnie au milieu d'un large tubercule a quatre lobes; plante des pieds nue a la partie antérieure et à talon recouvert de poils. Queue moins longue que le corps, forte, déprimée à lu base. Pelage composé de deux sortes de poils; uu duvet excessivenuiil fin, dou.r et de longues soies brillantes; en totalité, ce pelage est dou.r, mais il est rude dans quelques espèces. Deux petites f/landi s sécrétant une liqueur fétide, .tiiuées près de l'anus. Pas de eœcum. Linné, dans les premières éditions de sen Systcma nalurœ, plaçait les espèces qui forment le genre naturel des Loutres dans son genre Mustela ou Marte, qui présente avec lui de grands ra|)- ports, si ce n'est que les espèces qu'il renferme sont essentiellement disposées ]iour une vie aqua- tique et ont pour cela subi des modifications plus ou moins profondes; mais, dans l'édition de 1748 de son immortel ouvrage, il a créé le groupe générique des Loutbes, Lutra, et cette division des ])lus naturelles a été adoptée par Brisson, Scopoli, Erxleben, G. Cuvier, Sliaw, Lacépède, llliger, A. G. Desmarest, en un mot par tous les zoologistes classificateurs. Hans ces derniers lenips, on l'a niènie considéré comme formant une famille particulière, et l'on a cru pouvoir y créer un assez grand nombre de subdivisions génériques; c'est ainsi que Gloger a indiqué le genre Latux, qui correspond à ceux des Pusa., Oken; Enhtjdris, Licbtenstein, et Enhgdra, Fleniming; et que d'autres groupes ont elé créés, tels que ceux des Pleronura, Gray; Aong.v, Sarieovia et Leptomjx, Lesson, (^c, auxquels on devrait peut-être joindre quelques groupes d'animaux à l'état fossile Sans adopter tous ces grou- l)es, nous indiquerons les princijiaiix comme subdivisions sous-génériques. Les Loutres se lient, sous le rapport de la dentition, de la manière la plus intime aux Moufettes ou Mydaus, et surtout aux Martes, avec lesquelles elles ont de nombreuses analogies. « A la mS- clioire supérieure (nous empruntons ici la description de Fr. (luvier), les incisives et les canines sont exactement ce que nous les avons vues chez les Maries, les (iloutons et les Moufettes. Les fausses molaires sont au nombre de trois : la première est 1res petite et rudimenlaire; la deuxième, un peu plus grande que la première, mais beaucoup |ilus petite que la tmisième, est, ainsi que cette der- 276 IIISTOIIŒ NATURELLE. nière, régulièreitienl conformée comme dans toutes les fausses molaires normales. La carnassière est principalement remarquable par l'étendue et la forme que le tubercule inlerne a prises. Ce n'est plus même une pointe saillante reposant sur une base très-large comme chez les .Moufettes, c'est une sur- face large, terminée du cùté interne par une ligne circulaire et bordée dans cette partie par une crête unie et saillante. La tuberculeuse a repris les dimensions et les formes de celle des .Martes; elle est de même plus étendue du cùté externe au coté inlerne que d'avant en arrière, et les inéga- lités qui en divisent la surface ne diffèrent en rien de ce que nous avons fait observer chez ces der- niers animaux. A la mâchoire inférieure, les incisives et les canines n'ont rien qui les distingue du système de denlilion des Moufettes, et il en est de même des fausses molaires, de la cainassière et de la tuberculeuse. l);ins leur position réciproque, il résulte des différences que nous avons indi- quées entre les Moufeltes et les Loutres que dans celles-ci un tubercule ne vient plus remplir le vide que laissent entre eux les tubercules dispcsés en triangle de la carnassière inférieure. Le pre- mier de ces tubercules, celui qui est à la partie antérieure de la dent, est en opposition avec le centre creusé de la surface large, bordée d'une crèle, qui a remplacé chez ces animaux le tubercule que l'on peut encore voir dans les Moufettes; les deux autres tubercules remplissent le vide qui reste entre la carnassière et la tuberculeuse opposée, et cette dernière présente presque toute sa couronne au talon postérieur de la carnassière d'eu bas. Il ne reste en opposition avec la tubercu- leuse de celte dernière mâchoire que le bord postérieur de la dent analogue de la mâchoire d'en haut. Il serait diflicile de déterminer par les dents si les Loutres sont plus carnassières que les Mou- feltes : car, si elles paraissent avoir d^s dents carnassières qui s'éloignent un peu plus de celles des Martes que les carnassières des Moufeltes, elles ont, par contre, des dents tuberculeuses moins étendues que celles de ces derniers animaux » De Blainville, de son coté, a également doinié qnebiucs dé- tails sur l'odoTilologie des Loutres, et particulièrement sur celle de la Loutie commune, et compara- livemeul il a indiqué les différences que présentent celles du Cap, du Kamtcliatka, du Chili; cette dernière principalement remarquable en ce que, supérieurement et de chaque côté, il n'y a que quatre molaires au lieu de cinq. Fig. 84. — Loutre commune. L'n assez grand nombre d'auteurs se sont occupés de l'osléologie de la Loutre commune, et en particulier Daubentou dans \' H'isioire nuliirillc (jcmrale et panicuHiie de liullon, et (■. Cuvier i\Ms Rcs Osscmaits fossiles. Steller, anciennement, et, depuis, Éverard Home et M. Martin, ont dé- crit le squelette de la Loutre du Kamtcliatka. Plus récemment, De Ltlainville, dans son Osirofirapliic, friscicule des Musiclas. 1841 , a donné de nouveaux détails sur cinq espèces de ce groupe. En général, les Loutres, chez lesquelles on pourrait même indiquer des diffcrences s|iècifl(pies dans quelques parties du sqnclelte, s'éloignent des véritables Martes, non-seulement |iar les Miodilicalinns que les liièces qui le constituent ont éprouvées pour une locomotion aquaiique, mais encore par quelques points indiquant une véritable dégradation. Plus particulièrement le squelette de la Loutre d'Europe, l.iitra viilgaris, considéré dans son ensemble, est caractérisé par le grand allongement de la co- CARNASSIERS. 277 lonne vertébrale et surtout par la brièveté proportionnelle des membres en général, et dans toutes leurs parties. Toutefois, le nombre des vertèbres est le même que dans la Fouine : quatre cé- plialiques, sept cervicales, quatorze dorsales, six lombaires, trois sacrées, et la différence ne porte que sur les coccygiennes, au nombre de vingt-six. La tête se distingue de celle du groupe des Mttsielas par la largeur et la grande dépression de la boite cérébrale, la minceur des os et par l'extrême brièveté de la face, séparée de celle-là par un étranglement susorbitaire très-prononcé. On doit aussi remarquer la force de la crête occipitale, la nullité de la crête sagittale, le dévelop- pement peu marqué des apophyses orbitaires, la grandeur du trou sous-orbitaire et son grand rap- procliement du bord de l'orbite. Les vertèbres cervicales sont plus courtes que dans la Fouine, et assez semblables pour les apophyses, si ce n'est que l'épineuse de l'axis est convexe, quoique sur- baissée, et que la iransverse de la septième est bien plus pointue. Les vertèbres du dos n'offrent rien qui leur soit particulier que leur grande laxité, ce qui indique aussi l'étroitesse et la distance de leurs apophyses épineuses, ainsi que la grande saillie du tubercule des apophyses transverses. Les vertèbres lombaires sont courtes dans leur corps et hérissées de larges apophyses, toutes diri- gées en avant; les transverses surtout croissant rapidement de la première à la dernière, qui est beaucoup plus large que les autres. Les trois vertèbres sacrées sont distinctes dans leurs apo- physes épineuses, qui sont assez larges; mais la dernière n'est pas soudée aux autres et ressemble à une première coccygienne. Quant à celles-ci, elles sont en général courtes, telles que dans la Fouine, décroissant moins rapidement, beaucoup plus épaisses ou robustes, avec les apophyses et les crêtes d'insertion musculaires mieux marquées, principalement les transverses des premières. L'os hyoïde a son corps large et plat, ses cornes antérieures formées de trois articles également comprimés et crois- sant en longueur du premier au dernier, et en sens inverse en largeur, avec ses cornes postérieures presque droites. Le sternum n'est formé que de dix pièces, dont le xiphoïde est longtemps cartilagi- neux; les pièces intermédiaires sont courtes, presque égales; le manubrium est médiocrement pro- longé en avant. Les côtes, au nombre de dix paires sternales et de quatre asternales, sont grêles, Irèsespacées, presque contournées en S, fort allongées, ou mieux comme tordues, très-plates infé- reurement, et pourvues, surtout les dernières, de cartilages très-longs et larges, ce qui donne à la poitrine, et surtout aux hypocondres, une étendue considérable. Les membres sont courts et dis- tants, plus encore que ceux du Putois, avec lesquels ils ont une certaine ressemblance, et les os longs qui entrent dans leur composition ont une cavité médullaire aussi développée que celle des Maries. Les antérieurs sont pourvus d'une clavicule très-grêle, presque aciculaire, très-courte, à peine un peu courbée, mais bien osseuse; d'une omoplate courte, large, flabelliforme, comme celle des Putois, très-étendue dans son bord supérieur, avec l'apophyse récurrente de la crête moins prononcée, quoique plus large; d'un humérus robuste, court, égalant à peine les six premières ver- tèbres dorsales, fortement courbé en deux sens contraires, avec l'empreinte dclloïdicnne descendant en crête aiguë jusqu'au delà de la moitié de sa longueur, un trou au condyle interne, et lecondyle ex- terne élargi par une forte crête; d'un radius et d'un cubitus également très-courts, robustes, tourmen- tés, accentués par des crêtes d'insertion musculaire très-prononcées, le dernier surtout remar- quable par l'épaisseur et la largeur encuiller de l'olécrane, et le premier par son arqûre et par une pi'cs(iuc égalité dans la largeur de ses deux tètes; d'une main égale en longueur à l'humérus et dans laquelle on remarque la brièveté du carpe, déterminée par la petitesse de ses os, et sur- tout celle du pisifofme; et le peu de longueur des métacarpiens et des phalanges moindre que dans les Maries, et même que dans les Putois, à l'exception des onguéales, plus petites que les deuxièmes et surtout bien moins hautes que la griffe. Les membres postérieurs, plus longs que les antérieurs, du moins dans les deux dernières parties, sont aussi asstz robustes; l'os inno- niiné est cependant médiocre, et ses deux parties sont presque égales; le fémur, à peine un peu plus long que l'humérus, est à la fois court et large à ses deux extrémités, l'inférieure beaucoup plus épaisse; le tibia est notablement plus long, très-épais, triquètre et comme un peu tordu; le péroné, au contraire, est grêle et terminé en spatule presque également à ses deux exlrémiiès, l'inférieure cependant bien plus épaisse; enlin le pied, plus long d'un quart que la main, est large et épais, sur- tout le tarse : du reste, il ressemble assez bien à ce qu'il est dans le Putois, si ce n'est toutefois que ses différents os sont plus gros proportionnellement à leur longueur, ce (pii les rend plus courts, cl que les phalanges onguéales sont beaucoup plus petites et bien muins hautes dans la par- '278 IllSTOll'.I': NATUIŒLU:. tie lerminale. L'os du pénis a hi forme générale de celui des Miisieliis, mais il est beaucoup plus c.ourl, plus trros i)roporlionnellement et bien moins courbé, ce (|ui le fait ressembler un peu à celui des Phoques à oreilles. Daubenton, qui a depuis loni^temps donné la li|,'ure de eel os dans la Loutre, mâle, y a joint celle de l'os du clitoris de la femelle. M. Martin dit que l'os du pénis de la Loutre de mer est robuste, de trois pouces un quart anglais de long. Dans les différentes espèces de Loutre, on a signalé quelques différences. D'abord à la tète, dont la forme générale est assez bien la même dans toutes, si ce n'est que le crâne est jibis déprimé, plus large, plus longuement étranglé dans la Loutre à petits ongles et dans celle de mer, ce qui le fait ressembler davantage à celui des Phoques; la face présente encore plus de brièveté que dans la Loutre commune : par exemjile dans la Luira Intaxhm, et, en outre, une sorte d'augmentation gra- duelle dans les apophyses orbitaires. En effet, presque nulles dans la Loutre sans ongles, elles s'ac- croissent peu à peu dans les Loutres communes, Enbydre de la Guyane, de Bahia, du Pérou, de Itio-Grande, et deviennent grandes dans la Loutre lataxnic. Dans le nombre des vertèbres dorsales et dans celui des côies, on peut aussi noter quelques différences importantes. Dans la Loutre du Bré- sil, les vertèbres en général, et principalement celles de la queue, sont bien plus courtes et beaucoup plus larges dans leur corps et leurs apophyses iransverses, et les os longs qui entrent dans la coni- pobition des membres, surtout l'humérus et le fémur, sont remarquablement courts, larges et dé- primés : mais ce dernier caractère n'est pas particidier à cette espèce, car il se trouve dans les Lou- tres du Kamtchatka et les sans ongles du Cap. L'u autre fait, rapporlé par M. Martin, c'est ([ue chez la Loulre de mer la tête du fémur est, comme dans celui des l'liO(|ues, dépourvue de la fossette d'in- sertion du ligament rond, et que la main est remarquable par sa petitesse, au contraire du pied, dont les doigts vont en croissant assez rapidement du premier ou pouce, au cinquième, le plus long (le tons. Fig 85 — I,oiilre du .l.ipon. La Loutre est un animal e.s.senliellemenl aquatique, comme l'indique l'allongemetit de son corps l'aplatissement de sa tète, la palmature de ses |)attes, etc. Elle ne marche que diflicilement sur le sol et semble même ne faire que s'y traîner, tandis que, au contraire, l'eau est son véritable élé- ment; là elle progresse avec une grande vitesse, elle plonge très-facilement et exécute les mouve- ments du Poisson le plus agile. La Loulre se nourrit presque exclusivement de l'oissons et en détruit un très-grand nombre; elle mange également les autres animaux aquatiques qu'elle rencontre, tels que les Crustacés, les Vers, etc., et elle s'empare aussi quelquefois, dit-nn, d'herbes marines dont elle fait sa nourriture. D'après cela on volt que son régime dièlétique est encore carnassier, mais toulefûis moins que chez les Maries. Elle se relire dans un giti- qu'elle se forme dans la fente d'un ro- cher ou dans la cavité d'un arbre, mais très-près des rivières; d'antres se lussent dans les anfractuositcs qu'elles rencontrent dans les berges. Certaines espèces sont fluviatiles, et il en est qui sont marines. On a vu quelques Loutres apprivoisées et dressées par leur maître de telle sorte, qu'elles vont à la pèche pour lui; mais ces cas sont rares, et cet animal semble d'un naturel sauvage, intraitable et peu a])le à être gardé en duincsiicitè. Buffon a essayé souvent d'apprivoiser de jeunes individus sans y avoir jamais réussi. « Ils cherchaient toujours à mordre, dit-il, même en prenant du lait, et avant (piç dcire assez forts pour mâcher du Poisson; au bout de quelques jours, ils devenaient plus CARNASSIERS. 27'.» doux parre qu'ils l'Iaiont nialailt'.s et faibles; et, loin de s'a<:coulumpi' à la vie dnmesliquo, ils sont Ions nioils dans le premier ûge. » tlonlrairement à cette opinion, M. Isidore Geoffroy Saintllilaire fait observer qu'il a vu une Loutre élevée en domesticilé par un paysan qui l'avait piise jeune; elle était apprivoisée, caressait et suivait son maître à la manière d'un Chien, et se montrait même très- ))eu farouche à l'égard des étrangers : il est vrai que le possesseur de celte Loutre croyait presque, en l'adoucissant, avoir opéré un prodige, parce que ses préjugés lui avaient toujours fait supposer à cet animal un instinct tout à fait intraitable. Toutes les Loutres ont à peu près le même pelage : toutes sont d'un brun plus ou moins foncé en dessus, d'un brun plus clair en dessous, et surtout à la gorge, qui est même qui'lquefois presque blanche; les variations spécifiques sont très-peu notables, et c'est ce qui fait que la distinction des espèces est Irès-diflicile. Aussi pendant longtemps n'a-l-on admis dans ce genre que trois espèces par- ticulières, la Loutre d'Europe, la Loutre d' Atni'riqtte et la Loutre marine, qui peuvent être carac- térisées assez facilement. Mais, plus récemment, les envois provenant du cap de l'onne-Espérance, de diverses parties de l'Inde, et des deux An.ériques. ont augmenté considérablement le nombre des espèces, à ce point que Fr. Ciivicr en admettait déjà douze, et qu'aujourd'hui on en indique une vingtaine; mais, toutefois, on est encore loin d'être bien certain de l'existence d'un aussi grand nombre d'espèces, et c'est tout au plus si on en connaît à peu près complètement la moitié. D'un autre côté, on a reconnu que l'on devait éloigner de ce genre plusieurs animaux qui y étaient placés jadis, tels que le Yapock, qui est un Didciphe; la Loutiie D'ÉcvriE, qui se rapporte au genre Man- (jousic, etc. Du moment que le genre Loutre a été indiqué comme renfermant un grand nombre d'espèces, certains zoologistes ont dû, selon leurs habitudes, chercher à y former des subdivisions génériques ou sous-génériques. Neuf genres ont ainsi été proposés; mais l'un d'eux a été indiqué sous quatre noms différents par quatre auteurs particuliers, d'où il résulte qu'il n'y en a réellement que six, en y comprenant la subdivison des Loutres proprement dites. Nous indiquerons ces divisions comme de simples sous- genres sous les noms de Latax, Gloger (correspondant aux Pusa, Oken; Enlnj- (bis, riemming; Ejdiijilra, Richardsou), jiour la Loutre du Kamtchatka ou Loutre marine; Plcro- nurus, Cray, pour une es]ièce nouvelle; Aouijx, Lesson, pour la Loutre du Cap ou sans ongles; Snrïcovia. Lesson, pour la Loutre d'Amérique; Leptomjx, Lesson, pour la Loutre Barangou Luira Icplonijx, llorsficld, et Lutra proprement dit, qui renferme quatorze espèces, dont le type est la Loutre d'Europe. Avant de jiasserà la description des princi])ales espèces de ce genre, nous allons, d'après De Blain- ville, dire quelques mots des Loutres que l'on a découvertes à l'état fossile. On a indi(|ué sous le nom de Luira Clermonlenxis des débris de crânes et surtout un assez grand nombre de dents ayant ap- partenu à une petite espèce, et ayant été trouvés en Auvergne, d'abord par M. l'abbé Croizet, qui lui a applifpié le nom que nous avons indiqué, -et plus récemment par M. De Laizer. Dans le dépôt de San- sans, .M. Lartet a aussi rencontré quelques ossements qu'il rapporte à sa Luira dubïa. MM. Croizet et Jobert, d'a])rès Lesson, ont aussi cité comme propres à l'Auvergne des os fossiles, qu'ils indi- quent comme formant leurs Luira elavera et aniiqua, la première des terrains tertiaires, et la se- conde du terrain crétacé. On a encore fait connaître des traces de Loutre dans un terrain plus an- cien, c'esl-ùdire dans la formation de Meudon, touchant à la craie, désignée sous le nom de calcaire pisolithique; mais De DIainville ne regarde pas ces fossiles comme ap|)artenant a une Loutre, mais comme une espèce de \ ivcrra qu'il indique sous la dénomination de Pulœoniclïs. 1" SOUS-GENRE. — LATAX. LATAX. Gloger, 1838. Ce sous-genre, qui ne renferme qu'une seule espèce, correspond au groupe des Pusa (nom pro- prei, Oken (ZoolDij., 1817); Eiiliiidra (vnHf'-,;, qui se plaît dans l'humidité), Flemming [PliUoso- phical Zool., t. Il, 18'2r)); Enltijdrli, Liclitenstein [Lid. Par.ilaL, 18'27). 280 lllSTUinE iNATUIlELLE. 1. LOUTIIE MARINt: ou l.OUTnE iJli KAMTCHATKA. I.l inA MAni.\A Sicller. CAnACTÈnEs SPÉCIFIQUES. — Pelnge d'un beau brun marron lustré, dont la nuance varie suivant la disposition des poils; avec la tête, la gorge, le dessous du rorps et le bas des membres antérieurs, d'un gris bruu.'itre argenté. Longueur de la tête et du corps : l"": de la queue, 0'",35. Celle espèce, que Buffon désignait sous la dénomination de I.outhe du Kamtchatka, et que les voyageurs indiquent sous celui de Loutre mahine, a reçu de Linné et de Sclireber le nom de Musicla liilris, d'Et. Geoffroy Saint-Ililaire celui de Littra lulris, de Flemniing celui iVEulifidris Steticri, de riicliardson celui i\'Enhijdra Slcltcri; enfin, c'est la Lnlru nidriiia. Sicller. et la Lnlax marina, Lesson; l'une de ces variétés est la Loutre de mer, Cook (Lauix çiracUis, Sliaw, l'ennant), et l'autre la Latax arcjcnlata, l,esson. La Loutre marine vit par couple; la femelle ne met bas qu'un seul petit, après une gestation de buil A neuf mois; sa fourrure, composée principalement de poils laineux, surtout à la partie supérieure (lu corps, est remarquable par sa douceur, son moelleux et son éclat. Aussi la peau de ces Loutres est-elle trè.s-recherchée dans la Chine et dans le Japon, d'où les Russes et les Anglais en transportent annuellement un grand nombre qui sont immédiatement livrées au commerce des pelleteries. Elle habile non-seulement le Kamicliatka, mais aussi la partie la plus septentrionale de l'Amé- rique et plusieurs iles; elle se lient le plus souvent sur le bord de la mer, el non pas comme les autres espèces, à portée des eaux, douces. 2' SOUS-GENUE — PTEIiONURE. PTF.nOMUIA. Wiegmann, 1838. Ari'liivcs, t. IV. IlTEp'.v, ailo ; ojpa, queue. Duc seule espèce entre dans ce sous-genre, c'est la Luira Slandbaclài , Gray (Pteronuriis Stand- backii, Lesson), propre à l'Amérique septentrionale, et qui est loin d'être encore connue d'une ma- nière suffisante. Z' SOUS-GENUE. — AONYX. AOXr.\. Lesson, 18-27. Manuel de Maiiimalogic. A priviilif; cvu?, ongle. Ce sous-genre a été indiqué par Lesson comme genre particulier, et il lui assigne pour caractères: système dentaire et habitude du corps des Loulres proprement dites; pieds de forme distincte et doigts ù peine réunis par une membrane; le deuxième doigt paraissant soudé au iroisième sur toute la première articulation : étant tous les deux plus allongés que les autres; lous les doigts privés d'ongles ou ayant seulement un vestige d'ongle rudimentaire aux deuxième et troisième extrémités des membres [loslérieurs. On n'y range qu'une seule espèce. 2. LOUTRE DU CAP. I.VTRA INUKGVIS. Fr. Cuvicr Caractères srÉciFiQOES. — Plus grande que la Loulre d'Europe, à laquelle elle ressemble par son pelage, qui est d'un brun châtain, avec l'extrémité du museau et de la gorge blanche. Dans celle espèce, qui est la Luira (Mpcnsis, Riippel, et VAoniix Dclalnndii, Lesson, les pieds H'iï;. 1 — Cni](;ijnnl l■l^'. 2. — l>ju|iljin lie- lllssii i'i.r)7. CARNASSIl-llS. 281 prébtiUeiil uiie p-.iiiiciilaiilé livs remarquable : les doigts, gros^ touits, sont très peu palmés, sur- tout aux membres antérieurs; ils sont de grandeur Iris-inégale, et les deux plus longs, le deuxième et le troisième, ont leur première phalange réunie; enfin, les ongles manquent partout, si ce n'est lontelViis aux deux grands doigts du membre postérieur, ou même ils ne sont (|ue rudmicntaires. I,es membres sont moins allongés et le eorps un peu plus raeeourci que dans la plupart des espèces; en outre, l'imperfection de la palmalure rend cette espèce plus terrestre que les autres. Cependant elle vit à peu prés de la même manière que notre Loutre d'Europe, et se nourrit de Poissons et de Crustacés. Elle se trouve aux environs dn cap de Bonne-Espérance. 4" SOUS GENRlv — SARICOVIE. S\RICOVIA Lcfson, I84'i iSouvcau Taliloau du Ilogne animal. Mammifères. .Nom spécifique Inn.sporlL' à li sululivision sou5-génurii|ue. Il n'entre encore dans ce sous-genre qu'une seule espèce. 3 LOUTRE n'AMÉniQIIE ou S.4RIC0VIENNE. LITIIA nn\SILIE\SIS. Ray. C.\r..\cTfeiins si'ÉciFiQfES. — Un peu plus grande que notre Loutre d'Europe; son pelage est géné- ralement d'un beau fauve, un peu plus clair sur la tète et le cou. plus foncé vers l'extrémité des membres et de la queue, avec la gorge et la pointe du museau d'un blanc jaunâtre. Cette es|)éce a reçu de G. Cuvier le nom de LouTnc D'.\MFÔ[iiQL'E; d Etienne Geofl'roy Sainlllilaire celui de SAnicoviF..\xE; fimelin la nomme Mustcla Biasilicnsis; Uay Luira BrasUicnsis, et enfin Lesson Sitrlcov'in DrasUknsis. Une particularité remarquable que présente cet animal, c'est qu'il n'a pas de véritable mufle, et que les narines sont nues sur leurs contours. On n'a pas de détails sur ses mœurs, car ce qu'on en a dit peut aussi bien se rapporter à une es- pèce particulière qu'à la plupart des autres. Cette espèce habite l'Amèriqup méridionale, surtout le Flrésil; elle paraît exister aussi dans le sud de l'Amérique septentrionale. r,' SOllS-GE^^I■:. - I.EPTÛNY.K. (.Efro.Vl.V. Lcsson, 1&42. Nouveaux Taljlcaui du Iti'gno animal. Man'iniifiTcs. As-To;, grèlc; ^vj;, onirlc Une seule espèce constitue ce sous-genre. 4. LOLTRE RAR.\NG l.i:TnA DARAXG. Fr. Cuvier. CAnACTKRES si'iîciFiQUES. — Pelage rude, brun sale en dessus, avec la gorge d'un gris brunâtre qui se fond avec le brun du reste du corps; poils laineux, d'un gris brun assez sale. Longueur de la tête et du eorps, 0"',6o; de la queue, de 0'",18 A 0'",20. Cette espèce est la Luira [eplonijx d'IIorsfield et la Luira chicrra d'illiger; on croit aussi devoir y réunir le Siml.xc de P.affles. que M. Isidore Geoffroy Saint-Flilaire désigne sous la dénomination la- tine de Luira pcnsp'inllala. 27 36 282 HISTOIRE NATLREK.l':. On lie coniiaii p.'is li's iiki'uis de ce Ciiiiiivore, mais la gracililé do ses ongles doit faire présumer qu'elle présente quelques parlicularilés plus on moins distinctes. Le lîarang se trouve dans I'IikIi". parliculii'renu'nl dans les ilc\s de Java et de Siimalra. 5' SOUS-GENUlî. - LOUTRE PROrREMF.NT DITE. LVTIIA. I.iniié. Loco citato. Ce sous-gcnrc, type du groupe naliiicl qiu' nous itudioiis, renferme enroro quatorze espèces, qui toules ne sont ])cnl-ètre pas bien caraelérisées. Nims n'en déerirons que quelques-unes, et nous nous bornerons à citer les noms des autres. L'Europe n"a qu'une espèce. 5. LOUTRE D'EUROPE. LJ'r/l.l VI I.H.miS. Erxiclien Caractères sn'xiFiQiES. — Pclai^e en dessus d'un brun foncé, en dessous d'un gris bruni'ilre avec la gorge et i'extréniilé du museau d'un grisâtre clair; la couleur de la gorge se fundaiit insensijjle- menl et se nuançant avec celle du dessus du corps. Oiielques variations se remarquent dans quel- ques individus. La longueur totale, depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, est de 0"',70; et celle de celte dernière de 0'",50 à 0'",5ri. Cette espèce, la mieux connue de toutes? est la Lodtre de Buffon et la Mtislela lulrtt de i-inné. On y distingue plusieurs variétés, telles que les Rociiiis, Ogilby et varie fictici. Fr. Cnvier; eelte der- nière caractérisée par de petites taches blanches. La Loutre était connue des anciens, comme on peut le voir par divers passages d Hérodote et d'Aristote; les Grecs lui donnaient le nom d'ivoîft; Œiiiitlris), ainsi qu'on a pu s'en assurer depuis la découverte de la fameuse mosaïque de Palestine. C'est en hiver que la Loutre entre en rut, el elle met bas trois ou quatre petits au mois de mars; ceux-ci, qui restent auprès de leur mère deux ou trois mois au plus, ont acquis toute leur taille et toute leur force à la dcn.\iènie année. Cet animal vit au bord des étangs, des lleuves et des ruis- seaux, et s'y pratique, entre les rochers ou sous quelques racines, une retraite garnie d'herbes sèches, où il passe presque tout le jour, ne sortant (pu" le soir pourchercber sa nourriture, qui con- siste le plus souvent en Poissons, en Reptiles aquaii([ues, en Crustacés, en Vers, etc., cl quelque- fois, mais plus rarement, en matière végétale. Sa chair peut se manger en tcnqis de carême; mais elle est peu estimée, parce qu'elle conserve un gortt désagréable d'Iiuiie grasse. Sa fourrure, employée à divers usages, l'est surtout dans le commerce de la chapellerie, -où cependant elle commence à être abandonnée. La chasse à la Loutre est assez compliquée; on cherche toujours A faire arriver l'animal que l'on poursuit dans un endroit où il n'y a que peu d'eau, et où l'on peut le saisir plus facilement, tandis qu'on ne peut le faire que très-diflicilcment dans un lieu où l'eau est plus haute. En Suisse on a trouvé dans la molasse des débris fossiles de la Loutre d'Europe. Cette espèce .se trouve répandue dans toute l'Europe; aujourd'hui elle est assez rare en France. On n'a signalé qu'une seule espèce propre à l'Afiique, la Lufrn Pocnsi.i, Walerhouse, de Fer- nandoPo. En Asie, on connaît trois espèces : les Liiirii finlira, Gray, des Indes orientales; Luira Clihicii- %is, Gray, de Chine, et : CARNASSIERS. 28c G. LOUTRE MIIXAIKB. LITIIA Xl/rt. Fr. Cuvier. Cahactkiies si'Kcifiques. — Pelage d'un cliàfain foncé on dessus, pUis clair sur les côlos du corps, d'un bleu roussàire eu dessous, sur la gorge, les cùlés de la tète, du cou et le tour des lèvres. Le lioui du museau est roussùlre, et deux taches à peu près de la même couleur, placées Tune au-des- sus de l'autre, se rcniarfiucnt en dessous de l'œil. Longueur de la tèle et du corps 0"", 7u; de la queue, O", 45. Cette espèce provient de Pondicliéry. L'Amérique, plus riche que les autres parties du monde, renfermerait neuf espèces de ce genre si elles doivent être toutes admises. Les principales sont : 7 LOUTRE !)!■: I,.\ CUYANF. LLTUA i;.\Uil)niS. Fr. Cuvier. CAn.\(;Ti;r.ES si'Écifiques. — Pelage d'un brun Irès-elair surtout en dessous, avec la gorge et les côtés de la face presque blancs. Longueur de la tète et du corps, O^.GS; de la queue, 0'",35. Habile la (!uvaue. 8. LOUTRE U12 LA TRtNlTF. l.fTn.l /.VSl7..1fi;.S. Fr. Cuvier. CAi'.ACTÈnES SPÉCIFIQUES. — Pelagc cumposé de poils très courts, lisses, d'un brun clair en dessus, blanc jaunàire en dessous, ainsi que les colès de la léte, la gorge et la poitrine. Longueur de la lèie et du corps, 0"',75; de la queue, O^.SO. Un individu de celte espèce a été envoyé de l'île de la Trinité par M. Robin. 9. LOUTRIi DE LA CAROLLNE. I.LTHA I.ATAXniA. Fr. Cuvier. CARACTÈr.Es spÊciFioFEs. — Pelage d'un brun noirflire en dessus, d'un brun moins foncé en des- sous, avec la gorge, l'extrémité du museau et les côtés de la tète grisAires. Se trouve à la Caroline et constitue une espèce bien distincte. 10. LOUTRE DU CANADA. I.VTnA CANADnXSlS. Saline. CMiAeTf;riEs si'i'.cifiqifs. — Tête osseuse ressemblant beaucoup à celle de la Loutre commune, dont elle diffère cependant à certains égards, et surlout en ce que, vue de profil, elle suit une ligne plus inclinée, surtout dans sa partie aulèrieure. Celte Loutre, qui se rencontre au Canada, est désignée ]iar ILiilan sous la dénomination de Luira nrasUicnsls, qui a été souvent adoptée. I,es autres espèces sont : la Louthe du l'Énou, l.nlrn l'criiv'icii.s'is, P. Gervais, fondée sur une poi'tion de crâne trouvée à San-Lorenzo au Pérou; la Luira Pliilrusis, Walerliouse, de la Plala; la Luira l'arocusis, Pienyger, découvcrlc au Paraguay; la Luira Cliilcnsix, Hennelt, ou Luira fclina, Shaw et la Musiela [diva, Molina, du Cliili, et la Luira (jiUfaruirr, Cray, de (!alifornie. 28i HISTOIRE NATURELLE. 5""= GENRE. - RASS.ARIDE. BASSAIUS. Lic.litpiisiein, 1831. in NNagntT, Isis. lixoaxpi;, ncnanl. CAIlACTÈRtS (,É.\ÉllI(jUES. S'islcmc ilcnliiin' : lucis.vcii, ~; canines, \~l\ molaires, Ji^". cit lotalilc quarante tleuls; les inci- sives cl les molaires ne présenle)il rien de reiiuiKinatile; les molaires se sululiviseul eu liaiil et de cluKiae côté en trois fausses molaires, une carnassière et deux tuberculeuses, et en bas en quatre fausses molaires, mie carnassilre et une tuberculeuse; ce sont les ucnihres qu'on trouve le plus ordi- nairement chez les Viverras, et les formes de ces diverses ilenls se rapprochent aussi beaucoup de celles que l'on voit chez la plupart de ces derniers. Tête assez eflilce. Lawjuc douce. Corps ullonqc, porte sur des niendjres courts, ce qui le rapproche de celui des Mustéliens. Doigts au nombre de cinq à toutes les extrémités. Ont)les fortement arqués. Queue très lonxlri''niilé, excoplé iiiio ou tlciix anomalies, mais tlont le iiuiicc est soiiviiil assoz coiii'i pour dispa- railrc enlii''i'enieiU dans une on doux espèces, et dont les oui^lcs aigus, ai'qucs, sont encore plus senii-ivtraf liles que dans les llustélicns, dont le sjsiènje de coloralion, Irès-i'arement uniforme, tou- jours plus flair en dessous qu'en dessus, finit par èire annelé et laclicié comme dans la plupart des Chais, dont enfin le syslènii' dentaire est presipie toujours plus complet, c'est-à-dire qu'outre les trois incisives et les canines, comme dans tous les Carnassiers, la deuxième incisive d'eu bas est bien moins rentrée que dans les Miisicin.i; les molaires sont presque loujpurs, si ce n'est dans quelques espèces, au nombre de six en haut comme en bas, savoir : trois avant-molaires, une principale et deux arrière-molaires. On peut ajouter que les Yiverriens sont en général plus insecti- vores, moins carnassiers que les Mustéliens, parce qu'en effet plusieurs espèces de la section des Paradoxures plantigrades ont les molaires presque aussi tuberculeuses que celles des Snlnosi, au point que, sous ce dernier rapport, on pourrait très-bien rapprocher ces animaux. Outre ces caractères généraux, nous dirons encore que les Yiverriens n'ont pas plus de clavicules que l(^s Mustéliens; que l'humérus, presque toujours percé au condyle inteaie, l'est quelquefois aussi au dessus de la trochlée, ([ue le canal intestinal est constamment pourvu d'un coccum très-court au point de jonction de ces deux parties principales, et qu'à sa terminaison il y a toujours des glandes odoriférantes de formes un peu variables et souvent très-considérable.-i. Ces animaux sont essentiellement carnassiers, et leurs mœurs sont assez bien intermédiaires à celles des Mustéliens et des Féliens, ne s'engourdissant pas pendant l'hiver, marchant moins en rampant, montant ou grimpant aux arbres pour prendre les petits Mammifères ou les petits Oiseaux qui s'y réfugient, et surtout leurs œufs, dont ils sont, en général, très-friands. Le nombre des espèces de cette tribu est assez considérable, et ces espèces se trouvent répandues presque dans toutes les parties du monde, sauf en Amérique; et encore il y en aurait un représen- tant si l'on plaçait dans le même groupe le genre Rassaride, ainsi que le fait M. Isidore Geoffroy Saini-Ililaire. On en connaît aussi quelques espèces à l'état fossile. Quant à l'ordre sériai dans lequel les animaux de cette tribu doivent être répartis, nous dirons que De Glainville, dans son Osléofirapli'ic, après avoir clioisi pour type la Civette proprement dite comme étant à la fois la plus commune et la plus complètement connue, et prenant principalement en considération le système de coloration qui, d'uniforme, devient de plus en plus varié et finit par être tacheté et annelé comme dans les Chats, établit la série spécifique des Mangoustes auxGenettes en passant des groupes qui ont le plus de rapport avec les Martes et les Fjoutres à ceux qui en ont également plus ou moins avec les Chats considérés d'une manière générale. Dans sa classification, M. Isidore Geoffroy Saintllilaire. donnant aux Viverrieiis une autre place dans la série des Mammifères que ne le fait De RIainville, a dû aussi disposer autrement les genres; c'est ainsi que poui' lui cette tribu est rangée entre les Mustéliens et les Caniens; les genres génériques qu'il y admet sont au nombre de quinze, savoir : les Ictides, Paradoxures, Ilémigales, Cynogales, Mangoustes, Crossarques, Galidies, Galidiclis, Suricates, Allures, Civettes, Genettes, Rassarides, Ichncumonies et Cynictis. Sans adopter entièrement cette dernière méthode, puisque nous avons déjà rangé dans d'autres tribus plusieurs des groupes qu'elle renferme, et que nous y indiquions quelques autres genres, nous les suivrons en grande partie dans cet ouvrage. 1 ' GENRE. — PARADOXURE. PARADOXURUS. Fr. CuNier, 1821. Mammifères de la Ménagerie du Muséum, livr. xxiv". nxo7.'î'4'^i, inaltcndii; 'uja, i]uciio. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Siislhne (Icnlciire : inchivcs, |; canincx, J^j; molaires, ''^l; en lolal'itc quaiKiilc clciiix; h. s inri- sivcs siml plus icriiiinalcs que dans les Cirellcs, en lUjnc droile; les etniines siiiii jilus fO)»/»i/»ccs, plus sensihleineul siv'n'es. A lu mi'irlio'ire supciieure. il ij a lU eh(Ujue enté deux [tinsses uiohiires ei 28>î IllSÏOinK NATURELLE. qiialrc luberculcuscs, cl h la mâchoire iuféiicui'c qualrc fausses molaires et seulemeul deux luher- culeuses: la face inlerue de la première tuberculeuse diffère de celle des Civeltes, Gcnclles et Mau- qousles en ce tjuelle est aussi larije que la face externe, et quelle est Iransfornice en une crête qui a la forme d'une portion de cercle; quelques léijères différences se rcmar■'<■, Uelello Les Cyiiogales sont des animaux à corps bas sur jambes, à tète garnie sur ses côtés de très-fortes moustaches et à oreilles de petite dimension. Leur pattes sont toutes à cinq doigts palmés antérieu- rement et postérieurement, assez peu allongés, et la marche est véritablement digitigrade. Le poil est partout très-abondant, surtout dans sa partie laineuse, qui forme une bourre épaisse et moel-' leuse, bien plus abondante que celle de la Loutre. Les moustaches, composées de soies roides et nombreuses, contribuent à donner à la physionomie de ces animaux quelque chose de tout à fait particulier. Divers points de l'ostéologie du Cynogale ont été donnés par De Biainville. La colonne ver- tébrale est formée par cinquante-quatre vertèbres distribuées ainsi : céphaliques, quatre; cervicales. CAnNASSlRRS. 293 sept; dorsales, quatorze; lombaires, six; sacrées, trois, et corcygiennes, vingt. La tête ne diffère réellement de eelle de la Civelle que dans des partirularilés :\ peine exprimables. On peut cepen- dant aisément remarquer sa grande étroitesse dans toutes ses parties, et surtout dans l'espace in- lerorbilaire, la presque nullité des apophyses orbitaires, la longueur du museau, la largeur du trou sous-orbitaire et celle de l'arcade zygomatique. De toutes les vertèbres, les coccygiennes seules présentent quelques différences; elles sont en général petites, très-déliées, et décroissant rapi- dement de manière à constituer une queue très-aiguë. Les cotes sont grêles et très comprimées. L'omoplate présente des différences plus marquées dans sa forme moins avancée, dans son bord anté- rieur moins dilaté, presque droit. L'humérus, proportionnellement plus court, est percé au-dessus de la poulie, et ne l'est pas au condyle interne, double caractère qui rapproche ce squelette de celui des Chiens. Des deux os de l'avant-bras, la tête seule du radius diffère en ce qu'elle est plus transversc que celle de la Civette; l'olécrane du cubitus est aussi plus cubique, plus épais, moins large. La main est égale dans toutes ses parties, principalement dans les os du métacarpe, proportionnellement moins longue, mais un peu plus cependant que dans les Mangoustes : aussi les premières phalanges sont-elles moins courbées, un peu moins dilatées, et, au contraire, les deuxièmes un peu plus courtes et plus larges. Les phalanges onguéales sont légèrement moins hautes et moins arquées. Le fémur est plus cylindrique, moins déprimé, moins large dans son corps. Le tibia et le péroné sont presque comme ceux des Paradoxures. Les os des trois parties du pied sont un peu moins grêles, plus larges, surtout pour les phalanges, dont les deuxièmes sont tout û fait droites et non arquées; les phalanges onguéales sont aussi moins courbées. Fig. 88. — Cynogale de Bennett. Chez ces Carnivores, les différences odontologiques portent essentiellement, à la mâchoire su- périeure, sur le grand développement et la forme large, comprimée, triangulaire, élevée, un peu courbée à la pointe des trois avant-molaires, par conséquent plus carnassières, au contraire de la principale, qui, rétrécie dans sa lame externe, est élargie dans son talon interne, arrondi et denti- culé sur ses bords, et même des deux arrière-molaires, dont la première est plus arrondie, plus plate à la couronne, et la deuxième plus large; à la mûchoire inférieure, sur la même exagération carnassière des trois avant-molaires, comprimées et aussi développées en hauteur qu'en largeur, et surtout sur la forme de la principale, très-mince et très-denticulée sur ses bords, de manière à res- sembler un peu à une dent de Requin : quant aux arrière-molaires, elles sont seulement encore plus plates et de proportions moins différentes entre elles. Ainsi cette espèce, qui semble la plus carnas- sière pour les avant-molaires, le serait au contraire le moins pour les postérieures. Sa formule den- taire est la ménic que celle des Paradoxures proprement dits. Les Cynogalcs, que la plupart des auteurs regardent comme devant former un genre particulier, et que nous ne réunissons qu'avec doute aux l'aradoxures, ont été la même année, et presque si- multanément, distingués génériquement par Owen sous la dénomination que nous leur conservons. 294 IIISTOIIIE NATURELLE. et par De Blainville {Annales des Sciences naiiinilcs. t. VIII, 1857) sous le nom de Lam'ici'ts (xa(iiot. Poisson; ixriç, Belette); puis, l'année suivante, M. Mûller (Tijdsclir. v. Nat. (k-s., t. V, 1858) les nomma Pntamophilus (itorafic;, fleuve; . Cette espèce, V Hcmigalca zébra de De Blainville, a reçu plusieurs dénominations : c'est le Para- iloxurus Dcrbijamis, et Paradoxnrus zébra, Gray; VUe)ni(]altts zcbra, .lourdan; le Viverra Boiei, llenrici; le Viverra Derbifi, ïemminck, etc. Elle est insectivore et frugivore, et a quelque analogie extérieure avec l'animal dont il est question dans les Mémoires de M. llardwickc, sous le nom de lÀimang, que M. Horsfield appelle Fclis gracilis, et qui constitue le sous-genre PriunoUon dans le genre naturel des Civettes ou Viverra; mais la dentition de cette dernière espèce est assez diffé- rente, et la pairie n'est pas la même, Java et Sumatra étant les pays qu'habite le Linsang, et l'ilé- migale semblant se trouver seulement à Rornéo. CARNASSIERS. '297 S-"-' GENRE. - MANGOUSTE. HERPESTES. llliger, 1811. Protlioma systcnialicii Mammalium et Aviurn. EpTTw, je r.impe. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Système ilcnudn : incisives, f; canines, '~; molaires, |l| ; fii tolalilc trenlesix dents; lu deuxième incisive inférieure de chaque côté un peu rentrée; tes canines fortes, assez- courtes, co- niques; molaires au nombre de cinq partout dans'Ies adultes, cl de six dans les très jeunes indivi- dus, parce qu'il y a une petite dent caduque de plus; deux fausses molaires supérieures presque exactement coniques, suivies d'une carnassière large et hérissée de pointes, et de deux dents tuber- culeuses, (jrandes et étroites; deux fausses molaires inférieures; la troisième et la quatrième dents a couronne hérissée de pointes, el correspondant ensemble à la carnassière supérieure; dernière molaire tuberculeuse et opposée aux deux tuberculeuses d'en haut. Corps alloni/é, bas sur jambes. Tête petite. Museau pointu. Yeux assez grands, pouvant être recouverts par une membrane mp-l'ilante complète. Oreilles courtes, arroud'ies. Langue (jurnie de pap'illes cornées, longues, acérées. Pieds courts, h cinq doigts, à demi palmés. Ongles aigus, à demi rélractiles. Queue grosse à la base, Irès-lougue, pointue. Une poche volum'ineusc simple, située h la partie inférieure du ventre, el dans la profimdeitr de laquelle est l'anus. Poils annelés de diverses couleurs, courts sur la tète ainsi que sur les pattes, et longs sur les autres parties du corps. Mamelles ventrales et pectorales. ris;. 89. — Jlangoiislo d'Egypte. Linné plaçait les espèces que nous rangeons dans ce groupe dans les genres Mustela el Vtverra, principalement dans ce dernier. Eu I7!I7, Lacépéde, dans \e& Mémo'ires de l'Institut, G. Cuvier 28- 38 2!)S IIISKUKF, NATUnELIJ':. et Klieiine Geolïiuy Saiiil-llilaire, dans les Tablcinix élciiinilnhcs ilii liiyue animal . (lislingiitMcnl ce ijenre, et le premiei' les désigna sous la dénomination de Mmiriousles, -01 le second sous celle de Vivcrni, que plus tard les uns et les autres clian^èreiit en relie d' Iclnicmuoii. En I8H, dans son Procliuitiiis Maiiiiniirniin et Aviinn, lllii;er appliqua au même groupe le nom dV/er/JCA/ev, qui a été généralement adopté. Depuis, plusieurs subdivisions ])artieulières oui été formées aux dépens des Mangoustes, et diverses d'entre elles peuvent être génériquement adoptées. Le squelette de la Mangouste d'Egypte, étudié par De Blainville (Osicoçiraph'ic, fimnculc dis Vi- vcrras, 18ill et i)ris pour type du genre qui nous oeeuje, est plus vermiforme (|ue relui de la Ci- vette. Le nombre des vertèbres est de quatre céplialiques, sept cervicales, quatorze dorsales, trois sacrées et trente et une coccygiennes, nombre plus considérable que dans les Martes. La tèle est moins allongée que celle des Civettes; l'orbite est plus petite; l'arcade zygomalique est plus large, mais surtout plus courte; la mâchoire supérieure est courte, et rint'éricure robuste. Les vertèbres cervicales ressemblent à celles de la Fouine; les dorsales ont leur apopliyse épineuse liante et incli- née en arrière; les coccygiennes ont l'apopbyse épineuse trés-pelile. L'Iiynïde est rolniste. l.e ster- num est formé de huit pièces. Les côtes ont des cartilages très-longs. Aux membres antérieurs : l'omoplate est grande, large; il n'y a pas de rudiment de clavicule; riuimérus est court, fortement arqué en S; le eultilus et le radius sont aussi lrès-ar(|ués, serrés et tourmentés; la main égale le ra- dius en longueur. Dans les membres postérieurs : le bassin est plus long ei plus étroit que .Uns la Civette et la Marte; le fémur est court, comprimé dans son corps, presque tranchant au bord externe; le tibia et le péroné ont la même longueur que le fémur; le premier est large, et comprimé, et l'autre Irès-grèle; le pied est d'un cinquième plus long que le tibia. 11 y a un os dans le pénis, et sa foime, variable suivant les espèces, ressemble quelquefois à celle d'un sabot. Peu de différences osléolo- giques se remarquent dans les diverses espèces de ce groupe naturel; il n'en est pas tout à fait de même des Mangoustes qui servent de types aux genres Icliiicinuonk cl Cross«)Y/»c, qui offrent quelques particularités différentielles. Fi'. Cuvier. ilans son ouvrage sur les Denis des Maiiimifi irs. dèi'ril le système deutaiie des Mangoustes en même temps que celui des l'aïadoxures, (jeneltes et Civettes, dont en effet il diffère jieu. D'a|)rès De Dlainvillc, les incisives sont plus en ligne droite même que dans les Paradoxures, ressemblant tout à fait à ce qu'elles sont chez les Martes, et la deuxième inférieure étant également assez forlenieut rentrée. La même ressemblance existe pour les canines, qui ne sont nullement caré- nées, et dont linférieure est en crochet. Les trois avant-molaires sont dans le même cas, un peu moins comprimées cependant; c'est ce qu'on ])cul également dire des principales, seulement la sli- périeurc est un peu moins carnassière, par suite d'une diminution du tranchant postérieur et de I augmentation du talon interne antérieur. M.iis les différences deviennent Irès-scnsibics quand (ju vi.'ut à examiner les arrière molaires : en haut, la première est Iriquètre et encore plus serrée, en- core plus oblique que dans la Civette, et la deuxième, très-petite, Iraiisverse, est formée de deux lobes presque égaux, l'externe oblique, un peu trilobé à son bord; en bas, la dissemblance avec la Civette est moindre. Cependant les trois pointes de la partie antérieure de la première arrière- molaire sont plus soulevées et le talon est bien plus petit. Quant à la posérieure, sa forme est éga- lement presqui' tri([uèlre; elle n'a que trois poinies à la couronne, inie en arrière formant talon et deux seulement en avant, la première des trois antérieures de la précédente étant obsolète Les di- verses espèces de Mangoustes offrent quelques nuances différentielles, surtout dans la proportion des arrière molaires et dans l'élévation de leur partie insectivore; mais, connue ces variations ]ior- lent aussi quelquefois sur le nombre total des molaires, on voit comment les zoologistes récents ont pu être conduits à l'établissement d'un assez bon nombre de genres, qui, comme le fait remarquer De Blainville, sont admissibles lorsque ces différences concordent avec celles tirées du nombre des doigts ou de (pielques autres parties de l'organisme. Nous reviendrons sur ce sujet en nous occu- pant de cerlaiu.s groupes d'animaux, placés jadis avec les Mangoustes, et qui en sont an moins très- voisins. Les mœurs (les Mangoustes sont Ires-analogues à celles des Martes. Files vivent de racines, mais leur nourriture consiste principalement enpeliie proie vivante et en œufs. Files se tiennent le plusordinai- rcmenl à terre, dans les endroits découverts, et elles ont nn penchant déterminé pour la chasse aux Reptiles, el c'est probablement pour cela que les anciens Fgy|)lirns les avaient mises au nombre de CARNASSIERS. i>'.)'J loLirs (lieux. Un peut facilement les réduire en domesticité, et elles mollirent alors assez d'intelli- i^eiice; il pariiit qu'en Egypte on en trouvait jadis dans le» liabitalions, où elles vivaient à la manière de nos Cliats domestiques. Ces animaux habitent les contrées chaudes de Taiieien oonliiieiil. Fig. 90. — Mingouslc iclineiimon. Les espèces que nous laisserons dans ce genre, à l'exemple de la plupart des zoologistes, sont au nombre d'une quinzaine, et on peut y former deux subdivisions particulières ou sous-genre, celle (les Mnnifoz d'après Ogilbj' et celle des Herpesles d'illiger. On pourrait peut-être aussi, à l'exemple (le Lessoii, ne regarder les Irlinciimonies de M. Isidore Geoffroy Saint-ililaire que comme un troi- sième sûus-geiire de ce groupe; toutefois nous indicpierons ce groupe comme distinct 1" SOUS-GENUE. — MONCOS. MUNGOZ. Osilliy, 1837 l'roceL'tUn^s zooliiyical Sociely of Lmidoti. Sept espèces entrent dans ce sous-genre, les deux principales sont: 1. MAINGOLSTE A UAiSllES. UKHI'ESTr.S liSCIATVS. A. (j. lle^llMl■^;.^l. CARACTÈnEs srÉcîFiQUES. — Pclagc généralement brun; dos et flancs recouverts de longs poils blanchâtres, terminés de roux et marqués dans leur milieu d'un large anneau brun bien tranché; l'arrangement de ses poils étant lel que les anneaux bruns d'un certain nombre d'entre eux, arri- vant à la même hauteur, forment sur le dos des bandes transversales de cette couleur, au nombre di^ douze à treize, lesquelles sont séparées entre elles par autant de b;indes rousses formées |)ar les extrémités des mêmes poils. Son corps a de 0"',ii5 à (r,27 de longueur, et sa queue environ 0'",i'0; taille de la Fouine. Cette espèce, qui est la Mangouste de i.'Inde de Buffon et la Mangouste de ISuffcn de l'r. Cuvier, et qui avait reçu anciennement de Linné la dénomination de Viverra niungoz, est particulière aux Indes orientales. Les habitants du pays qu'elle habite la regardent comme un ennemi acharné des Ophidiens, et prétendent que, lorsqu'elle a été mordue par quelque Serpent venimeux, elle sait se guérir en mangeant la racine de VOpliioriiu mongos, Linné. •2. MANGOUSTE DE LA TOL'RANNE lŒltPrîSTES EXIIJS. \\m\ Geivuis CABACTiiuES SPÉCIFIQUES — Lcs poils soiit luarquès (le plusieurs anneaux alleriialivemenl jaune clair et noirs, ce qui leur donne un aspect tiqueté; le jaunâtre est remplacé par du roux-cannelle à la tête et sur presque toute la longueur de l'épine dorsale; les pattes passent au noir; le dessous de la gorge et le ventre n'ont presque pas de poils tiquetés; ceux de la gorge sont roux clair, cl les au- 300 IIISTOIRK NATUUELLE. très (le couleur pâle, brun enfumé à la base. La queue présente la couleur el le tiqueté des flancs; elle est bien velue et en balai, mais non ]iéiii(iilée. Taille de la précédente espèce. Celte espèce babite la Touraniie, en (locliincliine. Les autres espèces sont : 1° Mancolstk nr Java, lit Geoffroy (Herpcsics Javmùcus, A. G. Oesma- rest), (le Java; 2° Mancouste fauvk (;1/«)/r/o.v fusca. Waterbouse), de Madras; 5" MA^colJSTE a queue COURTE [llcrprshs hraclniiirtm, Gray), des Indes orientales; i" Maxcouste de Mm.acca (//. .Malacceu- sis, Fr. Cuvier; //. Fretkrici, A. G. Desmarestl, de Pondiclièry et de Mahcca; et 5" Mangouste d'Riiwaiuis, Et. Geoffroy (//. Kdumrdsïi, A G. Desmarest), des Indes orientales. 1' SOUS-GENRE. - MANGOUSTES TROPUEMENT lllTES IlERVESTES Illiger. Loco citato. f'ainii les huit à neuf espèces de celle division, nous ne décrirons que la: T). MANGOUSTE ORDINAIRE nu MANGOUSTE l)l';(;YI'Ti;. lILHI'liSTES l'IlAnAUMU. A. U. Oesmaresl CAnACTÈiiEs SPÉCIFIQUES. — l'clagc d'uu brun foncé liquelé de blanc sale et composé de poils secs et cassants, courts sur la tête et les membres, longs sur les lianes, le veiiire et la queue, qui se ter- mine par un pinceau en éventail. Le ventre plus clair que le dos. et au contraire la tète et les pattes d'une leinte plus foncée. Sa longueur, mesurée depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, est de 0'",50, et ce dernier organe ayant à peu près la même longueur. C'est la Maincouste de Buffon et des anciens naturalistes; la MA^GOUSTE d'Egypte ou Rat de Piu- iiaon; le AVck.v des Egy])liens modernes, Y Ichncumon d'Hérodote; le Vivcrrn irlniritnion de Linné et Y Iclincuiiion Pliaraonis d'Et. Geoffroy Saint-Ililaire. Cette espèce semble confinée niiontenant dans la basse Egypte, entre la Méditerranée el la ville de Siout. Comme nous l'avons dit, la Mangouste, ou plulùt l'i/veuij.M,, était placée par les Égyptiens au rang des animaux qu'ils adoraient, parce qu'ils la considéraieiil comme un destructeur actif de liepliles qui abondent dans leur pays. Us croyaient que ces animaux entraient dans le corps des Crocodiles endormis la gueule béante. Ce fait est fabuleux, mais on peut dire que les Mangoustes nuisent aux Crocodiles en détruisant leurs œufs, dont elles sont très-friandes. Les Mangoustes se ticiintnl dans les camiiagnes, au voisinage des liabitalions, et se trouvent sur les bords des rigoles qui servent aux iriigalions. Lors{|u'elles pénèlrent dans les tasses-cours, elles mettent à mort toutes les volailles qu'elles rencontrent, se contentant d'en manger la cervelle et d'en sucer le sang. Dans la campagne, elles font la guerre aux Tais, aux Oiseaux et aux petits liep- liles; elles recherchent aussi les œufs des Oiseaux qui nichent à terre, ainsi que ceux des Reptiles. Leur démarche est trè.s-circonspecte, et elles ne font pas un seul pas sans avoir examiné avec soin l'état des lieux où elles se trouvent. Le moindre bruit les l'ait arrêter et rétrograder. On peut facile- ment les apprivoiser, et celles qu'on a observées en captivité avaient des allures très-analogues à celles des Chats; elles montraient quelque affection pour les personnes qui en prenaient soin, mais les méconnaissaient lorsqu'elles avaient une proie en leur possession; alors elles se cachaient dans les lieux les plus reculés en faisant entendre une sorte de grognement. Les Mangoustes ont la singu- lière habitude de frotter le fond de leur poche anale contre des corps durs, lisses el froids, et sem- lilent éprouver une sorte de jouissance dans cette action. Elles lapent en buvant comme le Chien, et aussi comme lui lèvent une de leurs jambes de derrière pour uriner. Les autres espèces de ci; sous-genre sont ; I" .Mancoijste ^UMIQ^^, I llci pestes luuiiiciis, Er. Cuvier), d'Algérie; 2" //. sauf/niiicus, llupi)ell, de Kordofan; ô° //. inus(ji(icll• La tète offre certaines particularités osléologiques assez remarquables. L'arcade zygomatique est étroite, courte et très-peu écartée du crûne. L'os jugal est surmonté d'une apophyse postorbitaire très-développée qui s'articule avec l'apophyse du même nom. Le crâne est renflé derrière les orbites. Deux caractères très-saillants distinguent les Ichneumonies des Mangoustes. Le corps, moins al- longé chez les premiers que chez les seconds, est porté sur des membres moins épais et plus élevés, et la face postérieure du pied, au lieu d'avoir une plante large, aplatie et nue, a une surface étroite, trè.s-convexe et velue, ù l'exception du bas du métatarse et du dessous des doigts. La face palmaire de la main est de même velue sur une grande partie de son étendue, tandis qu'elle est entièrement mie chez les Mangoustes. La marche de ces animaux est franchement digitigrade, et non pas presque plantigrade, comme celle des Mangoustes. Chaque pied est terminé par cinq doigts, armés d'ongles assez grands, légèrement comprimés, un peu recourbés, obtus à leur extrémité, ù l'exception des pouces, principalement des postérieurs, qui sont plus haut placés, et ne louchent pas le sol dans la marche; la propoition des doigts est 'a même que ciiez les Mangoustes. Le corps est terminé, en arrière, par une longue queue, assez renllée à la base, mais s'amincissant rapidement et ne jouis- sant évidemment, pas même au plus faible degré, de la faculté de s'enrouler autour des corps. Le ■i h V M_ c 1 Kii,'. I — Maiicuust «1 Algur. Vis. 2. — M;iito coiimnine. l'I "D CARNASSIF.RS. fiOô pelage est composé de deux sortes de poils : les uns laineux, tii's abniulanis; les autres soyeux, généralement rudes au toucher, plus ou moins annelés, et recouvrant presque entièrement les premiers. Kn résumé, nous dirons avec M. Isidore Geoffroy Saint liilaire que les Iclineumonies sont en quel- que soi'tc des iManyousles un peu moins carnassières, ce que vient de démontrer l'examen de leur système dentaire, et tout à fait digitigrades, ce que la conformation des jambes et des pieds indique avec évidence. (Juelqucs rapports se montrent aussi entre les Carnivores que nous étudions, les Cy- nogales, et même les Crossarques. Les lélineumonies habitent des terriers, et, d'après M. Ehrenberg, ils se nourrissent de Coléo- ptères, leurs excréments renfermant souvent des débris de ces Insectes; mais il est probable f|u'ils vivent aussi de petits Mammifères, d'Oiseaux et d'œufs. Ils semblent se rencontrer dans tout linlé- rienr de l'Afrique, et leur présence a été indiquée à la fois dans le nord-est de celte partie du monde, dans l'ouest et dans le sud. On en a décrit trois ou quatre espèces. i. ICIlNIiUMIE A QUEUK RLANCIIE. ICIIAKUMIA M.I>irAn)A. Isiilore Geoffroy .S,iiiit-tlilaln\ CAnACTÈRES SPÉCIFIQUES. — Corps d'uu cendré fauve, Irès-peu tiqueté, ]iassant au noirâtre en des- sus, principalement sur la croupe, qui est noire; queue blanche dans les trois derniers quarts de sa longueur. Depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, la longueur est de 0'",45; la queue a 0"',53. Cette espèce, qui avait reçu de G. Cuvier le nom d' llcrpcslcs alhicaudus, et de M. Smith celui 'C. Celte espèce, décrite par M Riippell comme appartenant au genre Mangouste {llcrpcsirs), et sous la dénominalion spécifique que nous lui conservons, provient de Massouah. en Abyssiiiie. o"" GENr.E. — MANGUE. CIîOSSARCHlJS Fr. Cuvier, I82r) Jhiiniiiift'res de In Mcii,T,;cric du Musi'um, livr. XLVIl'; Kjoiao;, (Vjnjc; œpy/.;. iinus. CARACTÈliES GÉNÉRIQUES. Siixlcmc (Icntnire composa de. doits m nirnic iiomhir (pic < liez 1rs Siiricalrs; mai.i, par Iriirs jnr- mrs fp-ncrali's, rcssniildaiil diirnulafic il celles des Maïujniisles, nver lesquelles elles oui benuevnp d'iiniilitij'ie. r.iii insTOiRE naturkm.f;. 'J'cte arroml'ir. Mufiran plus ijruml (jtic ihiiis 1rs Miniiioiisics. si- jiioloïKjcdiil de luaiicoiip un itilà (1rs inâ- clidirrs. Miijlr liiot UHUiiiic, sur 1rs bords ilnijnrl s'iiiirrnil 1rs iinriiirs, trrs-iiiuhilr. ri nijunt dr In res- sciiihluiicr avrc celui îles Coulis. Pupille 7-0)ide. Oreilles assez petites, iirroiidies; In covqne offrant dans son milieu den.r lohes irès-saillunts si- tués t un au-dessus de l'autre. lAinijue douce sur ses bords, papilleusc. cornée au centre. Pieds penladacliilcs. comme clin les Manijousles, ■•>ans aucune trace dr In priilr mrmhrnnc in- terdigitale qui existe chrz ceux-ci: doigt du milieu le plus long de tons, et le pouce le plus court. Plante du pied po.'iant tout entière sur le sol dans la marche, qui dès lors est tout à fait planti- qrude, et présenlaul cin4; de celte dernière, 0" Ifl. Cet animal, que Buffon a décrit sous la dénomination de Va^sire, a été indiqué par Erxleben sous le nom de Miistela cjalerti: par El. Geoffroy Sainl-llilaire sous celui de lelnienniDu ipilera. cl par A. G. Desmarest sous la dénominalion û'IIerpe.stes (jidera, que lui conservenl des naluralislesqui n'en font pas le type d'un genre disliiu'l. 29 Z\) 306 HISTOIRE NATURELLE. Les mœurs du Vansirc sont l)i('ii inti connues; on sait seulement qu'il aime beaucoup à se baigner. Il se trouve dans l'ile de Madagascar, d'où il semble originaire, cl se rencontre aussi à l'île Afaurice, où il a été acclimaté. C'est auprès de ce genre que l'on range quelquefois le genre Eupleres, qu'ù l'exemple de M. Doyère, son créateur, nous avons laissé avec les Insectivores. T-" GENRE. - GALIDIE. GALIDIA. Isidore Geoffroy Saint-Ililaire, 1837. (lomittcf rendus Jes séances de IWcidt^inie des sciences. IJiniinulif de foi'/.r,, liclelle. CAIIACTÈRES GÉNÉRIQUES. Sijsll'ine dentaire : incisives, "; ca)ii»fs, [^|; molaires, fp? oh ^. A la mâchoire supérieure, vimil dénis, ou seulement dix-huit, suivant que la première molaire, qui est rudivientaire, existe ou n'existe pas; à la mâchoire inférieure, dix huit. Incisives supérieures externes très-grandes et cchancrées en dehors et en arrière. Canines supérieures presque droites, aplaties en dedans; les in- férieures arquées. De chaque côté, supérieurement, deux ou trois fausses molaires, une carnassière, deux tuberculeuses; iuférieiirement, trois fausses molaires, une carnassière, une tuberculeuse; tu- berculeuses moins étendues que les carnassières. Crâne à pan renflé entre les orbites et se rétrécissant fortement en arrière de ses fosses : apo- physes postorhitaires des frontaux et des']U(juvx ne sejoujnaut pas. Palais préscniunt un (jrand nombre de sillons semi-circulaires « convexité antérieure. Museau fin, allongé. Mufle bien marqué. Nez médiocrement prolongé, à narines s'ouvrant par des ouvertures assez étendues, et prolon- gées obliquement en arrière sur le bord du mufle, près de la ligne à partir de laquelle commencent les poils. Oreilles à conque de largeur et de longueur moyennes. Fig. 02 — Galiilic concolore. Membres assez courts, tous h e.rlréniités terminées par cinq iliufils; ces dniqls aijant en arrière le médian et le quatrième égaux; mais, en avant, le médian plus long que les autres; puis le qua- trième, puis le deuxième, puis, mais avec une grande différence de longueur, l'externe, et enfin Finterne, qui est le plus court. Plantes des pieds, sauf les talons, cl pniimcsdcs main>inucs. -liSttirKD 1 1^ I — Mangouste à bniidcs. LElSESIHfc HEVALrr Fig. 2. — Loup. (Màlu.) ri 40. CARNASSIERS. 307 Ongles, surtout ceux de devant, assez longs, médiocrement arqués, dcmi-rélracliles, assez aigus h leur extrcmilé. Queue moins longue que le corps, nullement préhensile. Poils soyeux, médioercment longs, serrés, cachant les poils laineux. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a créé ce genre pour trois Carnivores de Madagascar, dont l'un avait été signalé par M. Smith, et dont les deux autres étaient alors nouveaux. Ce genre, ainsi que l'indique son nom tiré du grec, fa),Yi, montre les rapports qu'il présente avec les Belettes, et en général avec les Mustéliens, tout en appartenant réellement aux Viverriens. Les analogies que ce groupe offre avec les Mangoustes sont moindres que dans les groupes précédents, quoiqu'il y ait encore quelque chose, dans la conformation de leurs pieds, qui montre que ce sont des animaux plus carnassiers. Le corps des Galidies se termine par une queue longue et couverte de longs poils plus ou moins fins. Le pelage se compose de poils laineux et de poils soyeux : ceux-ci fins, de lon- gueur médiocre, très-abondants, et recouvrant entièrement les laineux. Pour compléter la caractéristique de ce genre, il nous reste à parler avec plus de détails que nous ne l'avons fait du système dentaire, et à dire quelques mots de leur ostéologie; c'est ce que nous allons faire en copiant ce qu'en rapporte M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire dans le Magasin de Zoologie de M. Guérin-Méneville pour 1859. « Les dents des Galidies sont moins nombreuses et plus tranchantes que celles des Gaitctis. Outre les quatre canines et les douze incisives si constantes chez les Carnivores, on trouve, de chaque côté, à la mâchoire supérieure, tantôt cinq et tantôt six molaires, selon que la première fausse molaire est tombée ou non; à la mâchoire inférieure, cinq molaires seulement. Les six incisives supérieures sont bien rangées, el le sont sur une ligne droite : les deux paires intermédiaires ne présentent rien de remarquable; mais les incisives externes sont plus longues, beaucoup plus grosses que les au- tres, singulièrement épaisses à leur base; chacune d'elles est creusée, en dehors et en arrière, d'une gouttière oblique, large et peu profonde, où se loge, quand la bouche se ferme, la partie an- térieure de la canine inférieure correspondante. Les canines supérieures sont droites, comprimées, aplaties en dedans, très-peu convexes en dehors, creusées, à la partie antérieure de leur face in- terne, d'un sillon longitudinal presque linéaire. La même dent présente sur la face externe, mais seulement chez la Galidia eirgans, quelques autres sillons pareillement longitudinaux et linéaires. Après la canine vient, de chaque côté, soit un très-petit intervalle vide, soit une deni excessivement petite et perdue presque entièrement dans la gencive : dans le premier cas, il y a cinq molaires supé- rieures seulement; dans le second, il y en a six. Sur trois crânes, deux offrent cette petite dent: l'un appartient à une Galidin clegans adulte, l'autre à une espèce adulte des G. olivacea; la troisième, qui ne la présente pas, est celui d'une autre Galidin elerjans, plus âgée que la précédente. L'exis- tence ou l'absence de celte molaire accessoire n'est donc pas même un caractère spécifique. On trouve, au contraire, constamment deux fausses molaires, l'antérieure plus petite, la postérieure plus grande; toutes deux tressaillantes, comprimées, presque tranchantes; puis une carnassière ayant la forme d'un triangle ù base antérieure, lequel est sensiblement plus allongé et plus rap- proché de la direction longitudinale chez la Galidie élégante La base de ce triangle résulte de la juxtaposition de deux tubercules ayant chacun la forme d'une petite pyramide triangulaire : en arrière de celui d'entre eux qui est externe, vient une éminence comprimée, tranchante, très-sail- lante, puis une autre éminence très-peu saillante, mais à arêle aiguë, dontrextrémilé forme le som- met du triangle que représente la dent dans son ensemble. La première tuberculeuse, placée trans- versalement, a trois petites éminences peu saillantes en dehors, et une plus saillante, triangulaire, tout à fait en dehors. Vient ensuite une seconde tuberculeuse beaucoup plus petite, et qui pré- sente sur sa couronne deux petites concavités, dont chacune est bornée en dehors par une partie saillante; dans la Galïdia olivacea. les deux tubercules, surtout le dernier, sont plus étendus que leurs analogues dans les G. clegans. A la mâchoire inférieure, les incisives sont rangées sur une ligne droite, mais peu régulièrement; les deux externes, qui sont de beaucoup les plus grandes, et les deux internes sont un peu plus en avant que les deux incisives de la partie intermédiaire. Les canines diffèrent beaucoup de celles de la mâchoire supérieure : elles sont triangulaires et arquées, avec une arête assez marquée et courbe comme elle en arrière. Un petit intervalle correspondant r.08 HISTOIRE NATUIIELLE. à la place, d'ailleurs plus étendue, qu'occupe la première fausse molaire de la plupart des Viver- riens, précède trois fausses iiiolairos trancluirilis, dont la postérieure a, derrière son éniineiice prin- cipale, un tubercule comprimé, presque de même l'orme que celle-ci. La carnassière, très-étendues a trois grandes pointes triangulaires en avant, et, derrière elles, une autre concave, dont le bord postérieur se relève en un bord assez saillant. Vient enfin la tuberculeuse, qui est semblable à la supérieure. La tuberculeuse inférieure de h CiiHirm clijjdiis cM une très-petite dent, représentant un ovale très-peu allongé, avec trois ou quatre tubercules, et l'analogue de cette dent, chez la Ga- Ihl'ia oUracea, a cinq tubercules à arêtes assez vives, etc. n La boîte cérébrale est étendue, allongée, et séparée de la base par un rétrécissement un peu plus mar(|uè cliez la GalUl'm eleçjnm, un peu moins OuB<. Vrsus |S.-) Paciivsoue Pachysoma 22 Pamu. iilurus 219 Pauahoxite. Paradoxurus 287 Paradoxtirus. Paradoxurttx 291 Péiiim\>e. Cheiromele.i 37 PETITS-OURS Sulmrsi 213 PiiïLLoniE. Phyllodia 83 Piiyi.Lni'iionE. PhyUophora 90 Pliylhrhina. Pli;illorliiiia 78 Piiïr.i.nsTn)iE. Plv/Uostoma i)2 PUVM.OSrnMIF.XS. PliU!n,l,„„:t 88 Pi/iillrelle. Pipislrellilx 59 l»I.A.\TI(;il.4DES. ;'/(iH/i.7»m/<>' 178 PUTIIM-.S. Pnl,d,p 178 Prochile. Prochile 212 PiÉnosoTE. Plerouotus /,0 l'TÉnoMîtiE. PleronuTus . . 280 Putois. Putorius 2(J7 R.vTix. Mi'cllioiii 247 R.\TOS. /'roci/OH 21 'é lÏMiNot-'ipiiE. Rhinohphus. . . " 73 UllINOLOPIIlENS nhinolnplni . . . . "0 R/tiiu)lophuH. Ithiiiohphus 70 RiiixopoME. nitiiiopomn 72 Roi'SïETTE. Pleropus 14 UOUSSETTES. Pleropii 10 Saricovk. Saricovia 281 ScAi.npE. Scahps 121 ScoTOPiiiLE. Scotophitus. . . . 07 Sorex. Sorex 137 SOIUCIDKS. Soricid.e 128 Sténoderme. Stenoderma 87 STKNdnr.RMIENS. S(ir.iorfnmii 8G Stiiinihe Slurnira 99 TAM'IllÉS. ra;pi,i,,„ ,IA„.t„n.i,- C..m|,.rm «u f,\u,tu,„ 1 EUX IL ME l'A IITIE M i; r. M c I- PARIS CHF.Z M.VHESCu FJ LOMI'AG.MI' ^ KDITEUns DF. [.'CNXVr.I.orKDII:, •!>, mil: nu i'Wt-df - r.oni (l'ut.s i.r. i'om -nkuj |. '• lilH'Z (.ISTAVI. IIAV.VIil) MlinAli;!., 15. nuii (iUt^t^;Al!n ( i-hes la monnaik). ^ Nous ((.'niiiiKiiis dans ce volume l'Iusloirc des Mauuiiilères de l'ordre des CARNASSIERS; c'esl-à-dire que nous étudions une assez grande partie des genres de la famille des CARNIVORES, et plus spécialement de ceux des sous-familles des DIGITIGRADES et des AMPHIRIES. Dans les DIGITIGRADES nous complétons l'étude de la tribu des Vivkb- HiENS, et nous donnons l'histoire des Caniens, Hyéniens et Féliens, el dans les AMPHIRIES nous faisons connaître les Irilius des PiiocutÉs et des Tiu- I IIÉCIIIDÉS. D'après cela, ce volume ne eompreud ipi un assez pelil nombre de grands genres nntni'els. lels que ceux des Cn;e//e, Clùeu, Ifi/hie, Chat, Li/nx, Pho(/ue, Morse, etc.; mais, en revanche, chacun de ces groupes sont des plus impor- lauK |i;ir les nombreuses el intéressantes espèces qu'ils renferment. C'est ce ([ui nous a engagés à nous élentlre longuenienl sur chacun de ses genres el à décrire presque toutes les espèces qui sont placées dans eliaeun d'eux. Coninie dans le volume précédent, nous ne nous sommes pas bornés à donner riiisloire purement zoologicpic des animaux que nous décrivions; nous avons cherché à indi(|uer les points les plus saillants de leur anatoinie. nous avons aussi donné de nonibieux délails sur leurs mœurs, el nous avons cité ce que l'on sait sur les fossiles, laiil des espèces encore aujourd'hui existantes que de celles heaucouj) plus nombreuses el souvent si remarquables doiil on ne re- trouve plus les analogues. r^ris. 31 iiiais I8Ô5. AVIS AU IIELIEUR Les i)laiRlK'.s tirées lioi's le\li; sont au iioiiihix' de (iiiaraiilr. (llia((iic |ilaiiclic doit tHic placci' eu legaril de la page indiquée. PlaiiLlics I. — 2. — 5. 4. G. 7. 8. a. n. 13. 14. 15. 10 17 18. l'J 2(1. 1 y is 27 34 45 51 60 07 7-i 82 91 90 105 III 119 150 157 li.-, 1.V2 l'Iaiiclies 21 (••gci. 21 • 170 22. 181 25 192 24. . 205 25 . . l-'rontt-,ijice . 26 20',t 27 . 219 28 '>'>5 29 251 50 241 51 249 52 253 55 258 54 202 55 . 209 50 274 57 ■ 2S1 58 271 59 305 40 . 507 M '■ TROISIEME FAMILLE. - CARNIVORES. (Suite.) DEUXIÈME SOUS-FAMILLE. — DIGITIGRADES. DEUXIÈME TRIBU. — VIVERRIENS. (Suite ) O"'- GENRE. — CRYPTOPROCTE. CRYPTOPUOCTA. E. Benncii, 18".2. l'rotTfdiiigs of the zoological Society of Loinlon. Kp'jim;, caché; irpuKTOç. anus CARACTÈRES Gl'NÉniQUES. Siistcwc (Icnlii'iir assez semhlnhlc h celui des Viecrriois, mais ii'ai/fln* pu élre ctitilié que sur un jcuuc su}el. 2 IllSTOlUE NATURELLE. Têlc, par la courbure de son chanfrein, ayant les plus granits rapports avec celle des (^liuix et h wusenu un peu allongé. Allure des ('.bals. Membres épai.iiicre anière-iiioluiix d'eu bas est bien plus soulevée et plus inseetiivre Cercle orbilaire plus complet encore que dans ces animaux. i'ieds conformés comme ceux des Chiens, aipint cinq doigts en avant et (piatrc en arrière. Ongles assez aigus. Le genre Cunictis de M. Ogilby, que nous plaçons ici parce qu'il a de nombreux rapports avec les espèces de la tribu suivante, celle des Caniens, ou du genre Chien proprement dit, a aussi beaucouj» d'analogie avec les Mangoustes, ù ce point que fespèce qui en forme le type était placée dans ce dernier genre sous la dénomination dlcline union penicillulus, G. Cuvier. M. Isidore Geoffroy Saint- llilaire, dans ses Leçons de Mammalogie, publiées en 1855, et antérieuremenl dans ses cours, avait indiqué ce groupe générique sous la dénomination de Cynopus (wcov, Chien; nw;, pied), qui n'a pas dû être adoptée, puisque le nom de Cynictis avait été créé antérieurement. M. Ogilby en a quelque- fois modifié la dénomination en celle de Cunictis. De Blainville a étudié le squelette du Cgnictis penicillatus, et il a vu qu'il se distingue de celui des Mangoustes en ce qu'il a une vertèbre dorsale et une paire de côtes de moins, treize au lieu de quatorze, et une lombaire de plus, sept au lieu de six. La tète esl assez vaisine, par la forme générale, de celle du Suricate, quoiqu'un peu plus allongée dans la partie cèphaliqiie, mais les vertèbres lombaires sont remarquables jiar la longueur de leurs apophyses transverses, et les trois vertèbres sacrées, parce que la première est seule articulaire avec l'iléon, et surtout parce (jue la dernière est si petite, qu'elle est difficile à distinguer nettement; enfin, les vingt-huit ou vingt-neuf vertèbres coccygiennes sont caractérisées par leur gracilité. Le sternum a huit pièces, courtes et larges. L'omoplate rappelle la forme de celle de la Mangouste; l'humérus est assez grêle, et les deux os de l'avant-bras .sont comme dans le Suricate; la main est aussi comme dans cet ani- mal, mais plus longue, plus grêle. Dans les quatre os métatarsiens externes, en outre, la première phalange est beaucoup plus longue que la deuxième, au contraire de ce qui a lieu chez le Suricate, où elles sont presque égales; le pouce est très-petit, comme dans les Mangoustes. Les membres posté- rieurs sont grêles, allongés; l'os innoniine assez long, s'étalant vers sa terminaison iscliialique; le fiinur est de médiocre longueur, grêle; le tibia est robuste comparaiivemenl avec la gracilité du péroné: le pied, beaucoup plus long que la main dans une disproportion encore plus grande que dans le Suricate, et quoique aussi terminé par quatre doigts, présente cependant un [iremier cunéi- forme dévelo|>|ic, et parlant un melalarsicn ivduil à un seul liibercule; les quatre mèlatarsiiMis sinil CAIINASSIERS. 15 d une longueur et d une gracilité remarquables, ce qui a aussi lieu pour les phalanges, dont les pre- mières sont bien plus longues que les deuxièmes. On a indiqué trois espèces de ce genre, qui toutes proviennent de l'Afrique du Sud ou intertro- picale; ta mieux connue est : • GYNICTE. CYNICTIS PENICILLATUS Losson Caractères spécifiqdes. — Corps grêle, de forme élégante; pelage généralement fauve, sauf au bout de la queue, qui est de couleur blanchâtre. De la taille de la Fouine. G. Cuvier le premier admit cette espèce sous le nom d'Herpestcs penicillaiiis: c'est la Mançiousta VaUkmlïi d'Ét. Geoffroy Saint-llilaire, et le Cijnicûs Sleedmnnmï de Smith, enfin le nom que nous lui avons conservé lui a été donné par Lesson. Elle se trouve aux environs du cap de Donne-Espérance. C'est â Delalande que l'on en doit la découverte TROISIÈME TIUBU. CANIENS. CANII. Isidore Geoffroy Sainl-IIilaire. Molaires alternes à couronnes au moins en partie tranchantes. Tuberculeuses nulles ou rudimentaires . Circonvotutions cérébrales assez notablement développées. Le genre Chien (Canis) de Linné, créé en 1755 dans le Sfjsiema naturœ, est devenu pour les zoologistes modernes une division ou tribu particulière qui a reçu successivement les dénomina- tions de Vulpiens ou Caniens, Isidore Geoffroy Saint-IIilaire ; Canina, Gray, et Canidœ, Waterhouse, et à laquelle De Blainville laisse sa dénomination FJnnéenne de Canis. Celte tribu renferme des animaux connus depuis la plus haute antiquité, et dont l'un d'entre eux, le Chien ordinaire, est devenu en quelque sorte le compagnon de l'homme, et l'a suivi dans toutes les régions qu'il est venu habiter Chez tous, le système dentaire est composé de quarante à qua- rante-deux dents; savoir : six incisives en haut et autant en bas; deux canines à chaque mâchoire; douze molaires supérieures et douze à quatorze inférieures. Les molaires se .subdivisent en trois fausses en haut, quatre en bas, et deux tuberculeuses placées derrière l'une et l'autre carnassière : la première supérieure de ces tuberculeuses est très grande; la carnassière supérieure n'a qu'un petit tubercule en dedans; mais l'inférieur*^ a sa pointe postérieure tout à fait tuberculeuse. A ces caractères principaux viennent s'en joindre d'autres également de première valeur . c'est ainsi que les membres franchement digitigrades ont les antérieurs tous à cinq doigts, dont quatre seulement touchent la terre, le pouce se trouvant placé trop haut pour atteindre le sol, et n'étant pour ainsi dire qu'à l'état riidimentaire; toutefois, dans le genre Hyénoïde, groupe qui se rapproche assez de celui des Hyènes, il n'y a plus que quatre doigts en avant. Les extrémités postérieures n ont que quatre doigts, et ce n'est qu'anormalement que Ion en compte parfois cinq, et, alors, ce doigt supplémentaire n'atteint jamais le sol. Les ongles ne sont ni rétractilcs ni tranchants; aussi ne peuvent-ils servir d'armes à l'anim,»!, et ne lui sont-ils utiles que pour la locomotion, pour fouir la terre. La tête est allongée; les yeux médiocres; les oreilles grandes, et toujours bifides vers la base de leur bord postérieur; les moustaches sont peu développées; le mufle nu; enfin, le pe- lage est assez rude, et ne présente qu'une coloration uniforme. La langue est douce et non pas papilleuse comme celle des Fèliens ou Chats. Il n'y a pas de poche anale, ce qui distingue les Ca- niens des Iljenines, que l'on a parfois réunis dans la même division L'anatomie interne de ces Carnassiers offre aussi plusieurs particularités différentielles (|ui ne son» 10 HISTOIRE iNATUHElXli, pas sans iniporCancc. Quoique la cla\i(ulc lu' dis paraisse pas d'une manière absoiunienl conipiéle, elle est du moins toujours beaucoup moins considérable (pie elie/. les l'eliens. I/luimerus, qui n'est jamais percé au condyle interne, l'est, au contraire, dans la fosse moyenne de son extrémité infé- rieure, l/os d^) pénis est généralement trés-développé, et surtout plus que dans les tribus voisines. Le canal intestinal n'est pas non plus sans caractères particuliers propres A dislinguer ce groupe ; d'abord dans la forme et la disposition de la langue, et ensuite dans la faiblesse musculaire de l'estomac, ainsi que dans la longueur et le diamètre proportionnel de l'intestin en général, et du crecum en particulier, notablement plus grand qne dans les Féliens. Le régime diététique de ces animaux est la carnivorité; les espèces sauvages le montrent surtout d'une manière manifeste, mais l'état de captivité agit beaucoup sur elles, et les espèces que nous élevons dans nos maisons deviennent plus omnivores, tandis que cette influence de l'homme se re- marque moins chez les Chats domestiques. On connaît une centaine d'espèces de cette tribu, et, parmi elles, plusieurs n'ont été trouvées qu'à l'état fossile; elles sont répandues sur presque toutes les parties du globe; elles s'y rencontrent aussi bien ;\ l'état sauvage qu'à l'état de domesticité : aussi n'en est-il pas qui aient subi, par l'in- fluence des climats, de la nourriture et de la captivité, des altérations organiques plus profondes et plus variées. M. Boitard indique ainsi qu'il suit l'habitat des principales espèces de ce groupe, et par- lieulièrement de celles de Tan. icn genre Chien. «Autour du pôle boréal se groupent, parmi les Chiens domestiques, celui des Esquimaux et celui de Sibérie; puis, parmi les espèces sauvages, l'Isatis, qui occupe tout le littoral de la mer Glaciale et tout le nord de l'Europe et de l'Asie au-dessus du eO« degré; le Renard argenté et le Renard croisé du nord de l'Amérique et du Kamtchatka. Un peu plus loin du pôle, mais toujours au nord, on trouve, en Europe, le Chien d'Islande, le Loup, le Loup noir, le Renard, qui existe aussi en Amérique. Dans ce dernier pays, à peu près sous les mêmes latitudes, le Loup ordinaire d'Europe, le Loup odorant, celui des prairies et le Renard agile; tous trois des bords du Missouri. En Asie, le Wah des Himalayas. Dans une zone plus tempérée, et en se rapprochant du tropique, apparaissent, outre notre Loup et notre Renard, les nombreuses races du Chien domestique, que la douceur du climat et une antique servitude ont façonnées de mille ma- nières, tant au moral qu'au physique, et dont le nombre est incalculable en Europe, en Asie et en Amérique. Puis, en Asie, dans l'Inde et la Tartarie, le Corsac et le karagan; le Renard gris dans la Virginie, et le Renard tricolore, qui, des États-Unis, se répand dans l'Amérique méridionale jusqu'au Paraguay. Les Chackals occupent une zone oblique à l'équateur, depuis l'Inde et la Perse jus- (ju'au cap de Bonne-Espérance. Si nous portons nos investigations sur toute la zone équatoriale entre les deux tropiques, et même jusqu/i la latitude du cap de Bonne- Espérance, on verra que cette zone est riche en espèces. Dans l'Inde, nous trouverons le Quao, le Renard du Bengale, le Chien de Sumatra, le Loup de Java, etc. L'Amérique nous fournira l'Alco, le Loup du Mexique, le Calpen du Chili et des iles Malouines; le Koupara ordinaire et le petit Koupara, tous deux de la (Juyane, et le Loup rouge. L'Afrique offrira le Renard d'Egypte, le Fennec d'Angola, le Renard de Dclalande, le Kenlir et le Ilyénoïde; tous trois du cap de Bonne-Espérance. Noustrouverons le Dingo dans la Nouvelle Hollande; et, enfin, nous verrons toutes les iles de l'Océanie peuplées de nom- breuses variétés de Chiens domestiques. » Nous ajouterons à cette dernière observation qu'il en est de même de l'Europe, et que, là surtout, la domestication a produit sur le Chien ordinaire des croise- mentsdc races telles, que l'on ne peut plus que très-difficilement reconnailre chez elles le type primitif. La position des Caniens dans la série mammalogique varie selon les auteurs, et on les place tantôt avant les Féliens, tantôt, au contraire, après cette tribu. De Blainville les range immédiatement après les Chats, parce que les premières espèces qu'il y place, c'est-à dire les Renards, ont la pupille verticale et une petite clavicule presque normale, tandis que les dernières, comme les Loups, ont la pupille ronde, et n'ont, par exemple le llyenoide, que quatre doigts en avant comme en arriére, ainsi que cela a lieu chez les Hyènes. Pour nous, à l'exemple de M. Isidore Geoffroy Saint-Ililairc et de la plupart des zoologistes, nous mettrons les Caniens après les Viverriens, avec lesquels ils ont de l'analogie, et nous les séparerons des Felieus par les Hyènes, avec lesquelles ils ont, comme l'ont reconnu tous les auteurs, de nombreux rapports. Quant aux genres créés dans cette tribu, ils sont peu nombreux, si l'on s en rapporte à la plupart des naturalistes, mais, si l'on veut suivre les classifications modernes, et principalement celle de M. H. Smith, CARNASSIERS. 17 1111 pourra y former d'assez nombreuses subdivisions génériques ou sous-génériques, que nousne ferons qu'indiquer. Les genres admis par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire sont ceux des Otocijon, Fennec, Bcnarcl, Chien, ilijcnoïdc et Ctjon, que nous étudierons successivement, tout en ne les adoptant pas tous, puisque, par exemple, nous laisserons les Renards et les Cyons dans le grand genre naturel des Chiens. En outre, nous citerons quelques autres groupes composés, tant d'animaux vivants aclueiiement es ci'oissent de hauteur en diminuant de lar- geur jusqu'à la quatrième, pour décroître ensuite assez rapidement jusqu'à la septième; les apophyses transverses sont en général plus grêles, et d'autant plus qu'elles sont plus postérieures. Les trois vertèbres sacrées constituent un sacrum étroit, à bords presque parallèles, mais plus court cl plus ramassé que dans les Chats. Les vertèbres coccygiennes sont petites, grêles, et produisent une queue bien effilée, et moins forte ([ue celle des Chats. Le sternum est formé de huit pièces, sans compter le xiphoide, assez longues, étroites, à coupe trapéziiïdale, presque égales, sauf le manubrium, qui est double des autres, et la huitième, qui est ciibi(pie, et ne se distingue du xiphoide qu'en dedans. L'hyoïde, composé du même nombre de pièces que celui des Chats, présente un corps transverse peu étroit et moins épais. Iriquètre dans sa coupe, de grandes cornes, dont l'article basilaire est 2-2 HISTOIRE NATURELLE. le plus court cl li' plus large; les doux autres ('•tant presque égaux; le dernier assez arqué; et, enfin, une rorne tliiiroïdienne plus forte et plus longue que les articles de rnntérieiir. Les eûtes sont aussi en même nombre et en même disposition que dans la l'anthère; elles .sont seu- lement un peu plus larges et plus plates, surtout en dessous, les antérieures plus que les autres : carac- tères qui se trouvent déj;1 assez manifestement dans le genre des Civettes. Le thorax, qui en résulte, est aussi un peu jjIus long, plus comprimé, et, par suite, plus haut dans le sens vertical que dans les Chats. Les membres sont généralement un peu plus élevés, plus redressés, que dans ces derniers ani- maux, et peut-être même aussi un peu moins distants entre eux. .\ux membres antérieurs, l'omoplate est assez étroite; sa crête, qui est presqui' médiane, est haute et presque droite, et se termine par un acromion peu développé, arrondi, non bii'uripié, et ressem- blant à ce qui a lieu dans les Ours; l'apophyse coracoïde est réduite à un sinq)le tubercule épais, à peine saillant au-dessus d'une cavité glénoïde ovale, appointie supérieurement. La clavicule, qui sem- l>le manquer, existe toutefois; mais elle est réduite ;\ une petite pièce osseuse, plate, large, arrondie i\ son extrémité, et se terminant brusquement en pointe ù l'autre extrémité. L'humérus est court, gros, avec sa double courbure assez marquée, assez large, et comprimé supérieurement, ce qui est produit par une empreinte deltoidienne assez forte. Le radius, presque aussi large supérieure- ment qu'inférieurement, est fortement comprimé en dessous de la tête humérale, et arqué dans toute sa longueur. Le cubitus, qui suit la courbure du radius dans toute sa longueur, en se collant presque contre lui, est encore assez large, assez épais dans son apophyse olécrane; mais, dans le reste de son étendue, il s'amincit et s'atténue assez rapidement en se courbant, de manière, cependant, à conserver le même diamètre, en produisant une apophyse odontoïde assez large, comprimée et arron- die il son extrémité. Les os du carpe peuvent se subdiviser en deux rangées : dans la première, le sca- phoïde est le plus grand et le plus large de tous, et pourvu en dedans d'une apo]iliyse plus forte et plus grande que celle des Chats; le triquètre est assez gros, avec une apophyse carpienne forte; le pisiforme est très-court, épais, dirigé en arrière. Les os de la seconde rangée sont peu développés en général; le trapèze est très-petit, semblable à un cunéiforme; le trapézoide et le grand os sont pres- que égaux, et le dernier est pourvu, en dedans, d'une apophyse plus épaisse que celle de l'unci- forme. Les os du métacarpe sont assez longs, assez étroits, ])lus serrés et plus droits sur les bords que ceux des Chats. Les phalanges sont proportionnellement plus courtes que celles des Chats; les onguéales en diffèrent assez notablement : elles sont étroites, triangulaires, peu comprimées, peu ar- quées, et assez pointues, pourvues, à la base seulement, d'une sertissure peu avancée. Il y a cinq doigts à la main. Fig. 9. — Toodle. Les membres postérieurs sont peut-être plus longs, plus élevés que les antérieurs, et l'augnienta- liiiii poile également sur les o.s de la jandie et du cou-de-pied. L'os iunominé n'offre pas de gran- CARNASSIERS. 25 des différences, oomparô avec celui de la Panthère; il est, toutefois, un peu plus déprimé, plus élargi, plus raccourci dans toute son étendue; le trou sous-pubien est assez petit; la cavité iscliiatique est plus développée. Le fémur est court, sensiblement courbé, surtout en bas, peu épais dans sa partie supérieure, assez large en bas. Le tibia est assez épais, assez robuste, à doubl.' courbure plus mar- quée que dans les Chats, à articulation supérieure peu élargie, et à articulation inférieure assez pro- noncée, assez serrée, un peu plus obliquée que dans les Chats. Le péroné est très-grèle, trés-mince, surtout dans son corps, qui, dans sa moitié inférieure, se courbe subitement pour s'appliquer contre le tibi.i; les deux têtes sont assez dilatées. Le pied, à quatre doigts, est généralement plus étroit et plus serré que celui des Chats, et les os du tarse forment un tout sensiblement plus long que dans ces derniers animaux, [..'astragale est très-profondément cxcavé par une poulie à bords inégaux, et sa tète, très-étroite dans le sens vertical, est portée par un cou également très-étroit, et dans la même direction. Le calcanéum est aussi très-étroit, peu comprimé, fortement échancré en arrière. Le scaphoïde a le plus grand diamètre de sa cavité astragalienne vertical. Il y a trois cunéiformes, et un cuboïde qui est notablement allongé. Les métatarsiens sont assez étroits, assez serrés, allongés, divergents : quoiqu'il n'y ait que quatre doigts, le premier cunéiforme porte, articulé avec lui, nu rudiment de premier métatarsien, de forme triangulaire, et collé fortement à la base du deuxième, pourvu d'une facette articulaire. Quant aux os des doigts proprement dits, on ne peut guère trouver, comme différence avec leurs analogues à la main, que dans un peu plus de gracilité. Les os sésamoidcs offrent peu de différence de ce qu'ils sont dans les autres Carnassiers digitigra- des. Au carpe il y en a deux : l'un, le pisiforme, dans l'abducteur du pouce, et qui s'articule avec la tubérosité seule du scaphoïde à sa partie inférieure, et un autre plus petit à l'extrémité du ten- don du cubital antérieur, et articulé avec l'uncifoime; en outre, les sèsamoïdes articulaires de la base des doigts sont proportionnellement plus forts que dans les Carnassiers moins digitigrades. Aux membres postérieurs, la rotule est bien plus étroite et bien plus épaisse que dans les Clials de même taille; les deux sèsamoïdes pisiformes des tendons des gastrocnémiens existent toujours; mais il ne semble pas y en avoir dans les tendons des muscles poplité, et long péronier. L'os pénien a acquis un très-grand développement; dans le Loup, cet os est long, doublement ar- qué, atténué, et coupé carrément en arrière, s'élargissant et s'excavant fortement en dessus et dans le reste de son étendue, tandis qu'en dessous il est presque caréné. Fi^ \0 — Cliion «lu Sjint-ncrnar.l. Si l'on étudie les sexes du Loup sous le point de vue osléologicpie, on peut remarquer que la tête des maies est plus courte et plus large, le front plus élevé, plus bilobé par la grande .saillie des sinus fruiilaux, etc., tandis qii'au contraire la tète des femelles est toujours plus longue et plus étroite. 2i HISTOIRE NATURELLE. De Blainvillc, ([lie nous avons ])ros(|uc textiiollcmenl suivi jusqu'ici, donne eiisuile des deuiils coiii- paratifs sur les parlieularilés que l'on pcul im inai'(|uer dans les diverses espèees de Loups, lelles que le Lou]) nain ou Cniiis hicaon. le Loup du Canada, le Lou]) de l'Inde, lo Loup du Mexique et li- Loup iou_q;e on (Iniii.s canipcsiiis. qui diffère assez eonsidérablemenl des autres espèces i)Our qu'on ait clienlié à en faire le lype d'un t;('nre dislinct; puis il s'oeiiqie plus spécialement du C.liacal. du Renard, et de quelques autres espèces dont nous croyons devoir dire quelques mots. Fix n. ■ Coclier. Le squelette du Cliacal, en totalilè, lu' scud)le se distinguer de celui du Loup que par sa taille, qui est moindre; mais, cependant, on peut voir qu'il en diffère d'une manière a.ssez particulière pour se rapprocher de celui du Renard, qui, lui, passe A la fornu' (pie nous étudierons chez les Clials. Dans la télc, le renflement cérébral est plus marqué (pu' dans le Loup, et les crêtes sont moins iléveloppées. La e(doiMie vertébrale offre un peu plus de lari;eur dans les deux dernières verlébres cervicales inter- médiaires, un peu plus d'étroite.sse dans les apophyses épineuses des vertèbres lombaires, et jusqu'à vingt vertèbres co('eyg;iennes beaucoup plus grêles que celles qui forment la queue du Loup. Le ma- nubriimi est beaucoup plus long, et la huitième pièce du sternum est plus foric. Les cijles sont moins dilatées inférieni( ment, cl, par là, se raïqirochenl de celles des Clials. Aux mendires antérieurs, l'omoplate est plus élargie; la clavicule plate, lamelleuse, moins petite que celle du Loup, un peu courbe. Le pouce de la main semble un peu plus long. Aux membres postérieurs, le bassin parait raccourci, plus large dans toutes ses parties. Le pied, au contraire, est composé d'os en général plus grêles, ce qui le rend plus élroil. L'os du pénis a la même forme que celui du Loup, mais il est beau- coup plus droit. Dans l'Isatis {Canis laçjopHs), les os du nez sont proportionnellemeni |)lus larges, et se terminent par une échancrure à cornes bien plus égales; les orbites sont plus grandes, la racine du nez plus bombée. L'os du pénis est plus court que celui du Loup, plus ("vasé; sa gouttière commence à l'ex- trémile tronquée, poui' finir ]ires(pie à l'anlri': enfin, il est caréné en dessous. Le Renard (Canis vuipcs) présente un si|iielelle plus |)etil que celui du Loup, plus grêle, et com- posé d'os plus blancs et plus cassants. La tète est plus étroite, ])his effilée; le front est moins bombé; la crête sagillale et les os du nez sont moins grêles que dans les Chacals. Aux vertèbres cervicales, l'apophyse épineuse est en général plus élroile et plus aiguë; l'apophyse épineuse des vertèbres dorsales esl évidcmnienl pins Large, au conliaire des dixième cl onzième, (pii sont Irès-fines cl Irès- aigiiès; les apo[)hyses Iransverses des vertèbi'cs londiaires sont égalemeni jibis longnis, plus étroites et plus droites que dans le Chacal; enfin, les vertèbres coccygiennes, qui sont au nombre de vingt, sont notablement plus longues, et décroisseni moins rapidement que dans le Loup et le Chacal, de manière à former une rpn'ue se ra|iprocliant. pour la forme, de celle des Chats. Il n'y a pas de diffé- rences à signaler dans la série siernale. Aux memlut-s anléiienrs. l'omoiilate. quoicpie semblable à CARNASSIERS. 9ri celle du Chacal, rappelle cependant légèrement celle du Chat dans la saillie coracoidiennc et dans la bifurcation de l'acroniion. La clavicule est plus développée, et dans la forme normale de cette sorte d'os, c'est-à-dire étroite et allongée. L'humérus est proportionnellement un peu plus allongé, et à impression deltoïdienne plus large et plus remontée. Des deux os de l'avant-hras, le radius, un peu plus court proportionnellement, et surtout moins mince dans son corps, est plus arqué; le cubitus est également moins effilé. La main offre des phalanges onguéales plus arquées, plus comprimées et plus aiguës. Aux membres postérieurs, il y a moins de longueur dans le bassin, le fémur et les deux os de la jambe; mais ceux du pied sont plus longs, plus grêles, plus serrés, de manière à former un tarse et un métatarse plus étroits. L'os pénien d'un Renard d'Algérie, étudié par De Blainville, ressemblait beaucoup au même os d'un Chacal; il était seulement un peu plus court, et la carène in- férieure était plus prononcée et plus pincée. Dans le Renard de D'Azara et dans le Renard argenté (Canis chiereo-argenteiis), les différences ne sont guère appréciables que par l'ostéographie : il n'en est pas de même dans d'autres animaux, tels que le Fennec, le Canis inegalotis, l'Uyénoide ou Cijnohijœna pkla, et surtout le Protéle, que De Blainville en rapproche, mais dont nous ferons connaître l'histoire isolément. Enfin, dans un dernier groupe d'espèces qui appartiennent à la section des véritables Loups, mais que la forme de la tète tend à rapprocher des Hyènes, et dans lesquelles on peut compter les Canis cancrivorus, bracliijlclcs, braclujolus, etc., le pouce des pieds de devant est court, remonté, ce qui indique une véritable dégradation, et, toutefois, toutes les espèces ont encore une certaine ressemblance avec les Chacals. *^ Fis. 12. — Chien de ,S,iinl-nomingue. Le Chien crabier {Canis cancrivorus) est dans ce cas plus qu'aucune autre espèce. Sa tète e;-! assez courte, large, arquée, voûtée au chanfrein, et surtout entre les orbites; la mâchoire infé- rieure est courte, presque droite, à apophyse angulaire large et courlc, La coluune vcrièbrale no 20 HISTOIRE NATliRKU,!'. présrnlc pas do diffiM-enco. Aux membres aniérieurs, l'oninplate ra|)pclle un peu celle des Ours pour la foi nie parallelngranimiquo, ses deux bords étant devenus presipie parallèles par l'avance de l'an- térieur vers le rudiment de l'apopliyse eoracoide; l'acroniion est un peu plus bifuripié, comme dans les Chats; riuimerus est court, assez arqué; le radius et le cubitus sunl cuiirls, robustes; les os de la main sont plus petits que ceux du Chacal, avec les pouces un peu plus courts. Quant aux os des membres postérieurs, ils suivent assez bien le même degré de racc-ourcissement et l'état plus ro- buste des antérieurs, aussi bien le fémur que le tibia et le péroné; mais les os du tarse sont encore pcn:-ètre plus serrés et plus étroits que dans le Chacal, ce qui donne aux métatarsiens une dispo- sition anaioi^ue, de manière à former une gouttière postérieure plus serrée, plus étroite et plus marquée. =^r/fe llfSAFL Fi^. 13. — CIlicn il(".^ I'"sr|ii!mniiT. Le système dentaire des Chiens a été étudié de très-bonne heure, et presque de tout temps, par la facilité de se procurer les matériaux d'observation dans notre Chien domestique, et aussi parce que cet animal était devenu le sujet principal de l'art de la vénerie, et encore mieux parce qu'un certain nombre de naturalistes en ont fait ])ûur ainsi dire le type de l'ordre des Carnassiers, au moins sous b point de vue des dents. Seidement, c'est de]iuis que l'on .s'est occupé avec grand soin de l'étude de la paléontologie que les dents des Cliiens ont été minutieusement décrites et figurées; d'abord par G. et Fr. Cuvier; le premier, dans ses lieclinrlics sur les nssciueiils fiissilcs, et le second, dans ses Denis des nia^umifcns considérées coiniiie caraelhrs zooloçfHjues, et ensuite par De Blainville, dans son article si'r les dents, inséré dans le A'odivYi» ll'iciicinnn'uc d' llisioirc naturelle, ainsi que le fascicule des Cams de VOsIriiqrnpIiie. Le système dentaire des Chiens est arrivé au maximum du nombre des dents que l'on observe chez les Carnassiers, et montre encore un grand degré de carnivorité qui ne le cède, sous ce rap- port, qu'à celui des Cliats. Considéré dans son ensemble, ce système dentaire offre une étendue /fis mm CARNASSIERS. 27 )iliis coiisidcrable que (huis amuii autre genre de la même famille; et, de plus, il présente un déve- liippeiiient plus complet dans toutes ses parties, aussi bien (ju'une combinaison presque à parties égales de dents carnassières et de dents omnivores; ce qui a lieu aussi dans quelques Petits-Ours, qui sont moins carnivores, et dans les Civettes, qui sont plus insectivores. Le Loup, ronsidére comme type du grenre Chien, peut être, ainsi que le fait remarquer De Blain- \ille, regardé comme le mieux et le plus complètement denté de tous les Mammifères, puisqu'il possède, garnissant toute l'étendue de ses longues mâchoires, et pouvant agir à la fois, des incisives aptes à couper, à ronger, à pincer de la manière la plus commode, par suite de leur forme et de leur disposition avancée à l'exti^émité arrondie des mâchoires, et leur opposition marginale; des ca- nines bien croisées et encore très-fortes, quoique beaucoup moins que chez les Cliats ; une .série d'avant-molaires, une principale et même une première arriére-molaire propre à couper, à trancher la chair; et, enfin, des arrière-molaires tout à fait plates, tuberculeuses, s'apposant entièrement par la couronne, et par conséquent méritant bien le nom qu'elles portent. La série des dents du Loup est composée de trois paires d'incisives et d'une canine de chaque colé en haut comme en bas, ce qui a lieu chez tous les Carnassiers; puis, des deux côtés, en haut cunime en bas, de trois avant-molaires, d'une principale, de deux arriére-molaires à la niàchoiie supérieure et de trois à l'inférieure : ce qui donne quarante-deux dents en totalité. A la mâchoiie supérieure, les incisives sont disposées en demi-cercle; elles sont plus fortes et plus sail- lantes que dans les autres Digitigrades. La première, la plus petite de toutes, est plus verticale que les autres, trilobée à la couronne, et présente une racine longue et très-comprimée. La deuxième, qui est moins faible, a sa couronne plus aiguë et plus recourbée, et sa racine comprimée en couteau. La troisième, la plus forte et la plus arquée, est terminée en crochet simple à la couronne, et sa racine est presque tiiquèlre, fortement couchée. Les canines sont assez fortes, quoique moindres que chez les Chats; leur coupe est ovale, un peu carénée en arriére, à la limite des deux parties, l'une plane en dedans, l'au- tre convexe en dehors, mais constamment sans cannelures ni callures, et à racine allongée. Les six molaires sont disposées en série lâche; des trois avant-molaires, la première est la plus petite, simple, à une seule racine; la deuxième est biradiculée; la troisième est plus forte, ])lus oblique que la précédente, et a aussi deux racines presque égales. La principale, de beaucoup la plus grosse des trois dernières molaires, est la plus manifestement carnassière : sa couronne est formée d'une très- forte pointe antérieure dirigée en arriére, portant un petit tubercule en avant, et un lobe postérieur presque tranchant, oblique; et elle présente trois racines. Des deux arrière-molaires, la première offre à son bord externe deux pointes coniques, et en dedans un large talon arrondi; la deuxième, la plus petite, ressemble à la première; elle est seulement plus ramassée. A la mâchoire inférieure, les incisives sont plus transverses, plus serrées qu'en haut et à racine longue et trè.s-comprimée. La première, la plus petite, est trilobée quand elle n'est pas usée; la deuxième, aussi trilobée sur son tranchant, a son lobe médian le plus grand; la troisième, la plus forte, n'est que bilobée. Les canines sont robustes, en eiocliet et à racines très-fortes, un peu cour- bées. Les trois avant-molaires sont assez bien dans les mêmes proportions entre elles que celles d'en haut ; la première cependant est plus petite que sa correspondante, et les deux autres sont légère- ment plus comprimées, plus franchement triangulaires avec les deux racines plus serrées et plus lon- gues. La princi])ale est tout à fait semblable à la dernière des précédentes, sauf la taille, qui est beau- coup plus grande; ses deux raiines sont également plus écartées, plus longues. Des trois arriére- molaires, la première est la plus grande, la plus carnassière, large, assez épaisse, formée pour les deux tiers d'une partie antérieure divisée en deux lobes externes pointus, un peu tranchants, iné- gaux, et l'autre tiers d'un large talon à deux tubercules pointus, géminés: elle n'a que deux racines assez grosses. La deuxième est beaucoup plus petite, phis basse, à couronne de foime ovale, avec deux pointes rangées obliquement en avant d'un talon niai'que par le creux d'une fossette, et ayant lieux racines presque égales, légèrement couchées. La troisième, la pins petite de toutes, a sa couronne tout à fait ronde, rebordée, avec une saillie plus ou moins marquée dans son milieu, et une racine uniradieulée, conique : elle est tout à fait sans connexion avec tout ou partie d'une dent supérieure. Les variations individuelles du système dentaire dans le Louj) ne portent que sur la grosseui' des lents et sur leui' degré d'usure, et ne correspondent jamais à la proportion des dents entre eWca, ou à celle de leui's jiarties. 2i HISTOIRE NATURELLE. Les (liflVrences spécifiques du système dentaire sont ass( z notables, ainsi que ieiit montre DeBlainville. Sans entrer dans bcauroup (le détails à cet égard, nous en iliroiis senlenitMil quelques mots, renvoyant à d'autres parties de notre livre relativement au système dentaire du Mégalotis, du Fennec, de l'Hyc- uoide et surtout du Protèle, que l'auteur que nous suivons ici réunit dans le grand genre linnéen des Ca- iiis. La variation des dents portera exclusivement sur les molaires principales etsurlesarrière-molaires. Le Chacal présente à peu ])rés la même disposition entre ces diverses dents, mais elles sont en géné- ral proportionnellement plus courtes, plus ramassées, plus serrées. Dans l'Isatis, il y a égalité d éten- due entre la carnassière et les deux tuberculeuses d'en haut, et, de plus, la dernière d'en bas est d'une i)elitesse extrême. Le Renard offre une prédominance bien marquée des deux tuberculeuses sui' la carnassière. At&._ ^^«i^aS. _i=se s rRt= ME5NEU Fi^. 14. — I.ôrk'r irArrii|uc. Il nous reste, piiur Ici inincr celle esquisse du système dentaire des Chiens, à "parler du jeune ûge, mais seulement dans l'espèce typique. Le nombre et la disposition des dents de lait chez le Loup se l'ormulenl ainsi : incisives, |; canines, ]e|; molaires, J'J. Supérieurement: les incisives croissent assez peu de la première à la troisième; les deux premières, presque égales, sont nettement trilobées; la troisième, la plus grande, n'a qu'une auricule externe. Les canines sont grêles, coniques, en crochet arqué, et sans traces de carène. Des trois molaires, l'antérieure est beaucoup plus petite que les au- tres et très-distante, triangulaire à une seule pointe médiane; la principale est la plus forte, et formée (le deux lobes tranchants, inégaux; l'arrière-molaire est une dent tuberculeuse, avec deux denticides. Inférieurement : les incisives sont inégalement bilobées, cl la i)rcmière beaucoup plus petite que les deux externes. Les canines sont en crochet avec un arrêt à h base de la carène interne. Des trois molaires, l'antérieure est assez petite, triangulaire, à deux racines; la principale a la même forme: elle est seulement plus grande et avec un talon plus prononcé; la troisième, de même forme que la |)remièrc arrière-molaire d'adulte, est composée d'une ])artie antérieure ;i trois pointes, avec un talon en airière. L'ordre de la cliule de ces dents est absolument comnic dans tous les Carnassiers nor- maux, c'esi-à-dire que, avant qu aucune des trois molaires vienne à tomber, la première avaiit-mo- CARNASSIERS. 29 laire de remplacement pousse dans l'inteivalle de la canine et de l'avant-molaire, en même temps ou un peu avant que les deux premières incisives tombent et soient remplacées par la première d'adulte. A un degré plus avancé, on peut trouver la première arrière-molaire supérieure poussée, les trois molaires de lait encore en place, tandis qu'en bas la carnassière et même la première tuberculeuse sont en voie de sortir. Enfin, plus tard, la principale ou carnassière d'en haut se montre^ lorsque celle de lait est tombée, en même temps que sortent les incisives, puis les deuxièmes avant-molaires, les canines, ainsi que la dernière arrière-molaire. "■«ÎE!,, Fi?;, 15. — Lcîviier anglais. Les alvéoles sont dans le Loup plus nombreux que dans aucun autre genre de Carnassiers. A la mâchoire supérieure, on peut en compter une série marginale externe de quinze et une série interne de trois seulement pour les trois dernières dents. A la mâchoire inférieure, les alvéoles ne forment toujours qu'une seule série de trous : trois antérieurs trés-rapprochés, étroits, un beaucoup plus grand suivant immédiatement, et, après un court intervalle, une série de douze, le premier et le dernier simples, et les intermédiaires plus ou moins rapprochés, deux à deux, presque égaux pour le premier groupe; inégaux, le postérieur le plus grand, pour les deux suivants, un peu plus petit pour le qua- trième et surtout pour le cinquième. Dans la série des e.spèces, les différences à signaler ne consis- tent que dans la grandeur, dans le degré de rapprochement,des alvéoles et des groupes qu'ils for- ment. Relativement à la distribution géographique des espèces, on peut dire que l'on trouve une espèce de Chien domestique dans toutes les parties du monde, partout où est l'homme, et qu'il s'en rencon- tre également de sauvages dans les diverses régions de l'ancien et du nouveau monde, â l'exception peut-être de Madagascar et des îles de la mer du Sud, aussi bien dans les climats froids que dans les climats chauds, dans les pays élevés que dans les plaines, dans les continents que dans les îles, mais en beaucoup plus grand nombre cependant dans les premiers que dans les seconds. C'est l'Afrique ([ui nourrit le pins grand nombre d'es])èces, telles que le Renard, le Loup, le Chacal, etc. L'Amé- ri([ue vient ensuite, et cela aussi bien dans les régions les plus boréales que dans les plus australes; lA ce sont surtout les Loups et les Renards, formant plusieurs espèces distinctes, principalement au nord, mais il n'y a pas de véritables Chacals. L'Asie, d'une extrémité à l'autre dans les deux sens. 50 IllSTOlliE NATLiRELLE. mais non dans son archipel, nourrit csscntiellenit'nt le Chacal el une des deux espèces voisines, et de plus le Loup, le Henard el le Canis primœvus. Enfin l'Europe ne renl'erme aujourd'hui que le l.oup et le Renard commun, avec une autre espèce de petite taille du même groupe, l'Isatis tout à fait au nord et le Chacal exclusivement à l'est. D'après cela, on voit que les Chiens se rencontrent dans toutes les parties du monde habitées par l'homme, à l'exception de quelques groupes d'îles dans la mer Pacifique, et nous dirons bientôt qu'on en a trouvé un assez ^l'and nombre ;"» l'état fossile. Pour compléter nos généralités sur le genre Chien, et avant de passer à la description des es|)èces et des races les plus importantes de ce genre, il nous reste à donner des notions générales .sur l'his- toire de ces animaux : c'est ce que nous allons faire en donnant quelques extraits du travail que De Dlainville a inséré sur ce sujet dans son fascicule des (lanis de VOslcogrnpIiie. De tous les animaux, les Chiens sont certainement ceux dont il est le plus anciennement et le plus fréquemment (piestion dans les auteurs sacrés ou profanes. Pour le moment nous ne nous occu- l)erons que du Ciiien commun, devant plus tard dire quelques mots du Loup, du Chacal et du Ke- nard. D'après Eliézer, le Chien aurait déjà été connu des fils d'Adam, puisiju'il rapporte que le corps d'Abel, après que ce dernier eut cté tué par Cain, fut défendu par le Chien gardien de ses troupeaux, li'histoire de Tobie fournit un autre passage qui montre le Chien comme étant pour ainsi dire un animal de la famille; c'est lorsque Tobie partant avec l'Ange, le Chien est signalé comme raccompa- gnant aussi bien en allant qu'en revenant, [^e Dculérotiomc nous apprend aussi que le Chien était au nombre des animaux qui ne pouvaient être offerts à Dieu en sacrifice. Les Israélites semblent n'avoir jamais employé le Chien à la chasse. Kig, 10. — i^pauncul. variélô. (ScIIlt.) Chez les Égyptiens, d'après Moïse et llérudole, on voit que le Chien était très-anciennement connu et qu'il clail chez eux également domestique, servant aussi bien à la garde des maisons qu'à celle CARNASSIERS. 31 (les (roupeaux. On voit en outre qu'ils les conservaient à l'état de momies, et qu'ils les adoraient en quelque sorte. Chez les Grecs, les Chiens étaient employés pour la garde des maisons et des troupeaux, et en outre pour la chasse. C'est ce qui peut être constaté dans plusieurs passages de Hlkule et de VOdiissce d'Homère, ainsi que dans les fables frimeuses des mythographes, qui montrent le Chien comme étant tellement considéré tomme instrument nécessaire de la société humaine, qu'il entrait dans la représentation symbolique des dieux lares, qui, sous la forme de deux jeunes gens, étaient accompagnés d'un Chien en repos, ou couverts de la peau d'un de ces animaux. A l'époque où écrivait Aristote, non-seulement on connai.ssait les rapports des Loups et des Renards avec les Chiens, puis- qu'on avait vu par expérience que ces animaux i)cuvent produire ensemble; mais encore on avait déjà obtenu au moins trois races de Chiens domestiques désignées sous les noms de Chiens molosses. Chiens de Laconie et Chiens de Malle, races que l'on considère aujourd'hui comme le Chien mâtin, le Chien de chasse, suivant Gesner, le Chien de berger, suivant Buffon, et le Bichon ou Chien de dame. Xénophon indique quelques races particulièies de Chiens de chasse, et montre le grand déve- loppement que Tavt de la vénerie avait pris à l'époque où il écrivait. les Romains furent sans doute assez longtemps à ne connaître de ce genre que les deux espèces sauvages qui existaient en Italie, outre l'espèce domestique qu'ils employaient à la garde des trou- peaux, ainsi qu'à celle de leurs maisons et même des forteresses, comme le prouve l'histoire célèbre de l'attaque du Capitole par les Gaulois, qui fut sauvé par la vigilance des Oies, les Chiens étant res- tés muets. Pline .s'occupa plus spécialement des mœurs de ces animaux, et mêla à ce qu'il en dit de vrai une foule de contes inexacts. Mais d'autres auteurs, tels que Columelle, Oppicn, et surtout Gra- lius et Pollux, indiquèrent un grand nombre de races de Chiens de chasse. Les nations barbares qui envahirent l'empire romain au cinquième siècle connaissaient beaucoup de races de Chiens de chasse, et cela devait être, puisque ces peuples habitaient primitivement des forêts où ils devaient se défendre contre l'attaque des bêtes féroces. Beaucoup plus tard, Albert le Grand, dans l'article qu'il a consacré aux Chiens, parle du Chien de garde, qu'il dit être déjà nommé Mastin, du Chien de chasse courant ou du Lévrier, et enfin du Chien de ('liasse quêteur. Depuis Albert le Grand jusqu'aux naturalistes de la Renaissance, c'est-à-dire jusqu'à Gesner, on ne peut guère trouver que les auteurs de vénerie qui aient porté leur attention sur la distinction des races de Chiens, tels sont Bélisaire Aragonais, Michel-Ange Blond, Guillaume Tardif, et principale- ment J. Cay, qui indiqua presque toutes les races principales de Chiens. Les naturalistes qui suivirent, et même Linné, n'augmentèrent que peu les connaissances acquises sur les animaux de ce genre. Buffon devait envisager le Chien autrement qu'on ne l'avait fait avant lui, et c'est ce qu'il fit en 1755. En effet, non-seulement il dénomma, décrivit et figura toutes les races de Chiens que l'on connaissait alors en Europe, mais il chercha à les grouper d'après une idée de filiation et d'éloignement de la souche, qu'il regardait comme originelle" et d'après la considéra- tion de la forme des oreilles enlièrement droites dans la famille du Chien de berger, qui comprend les Chiens-Loups et les Chiens de Sibérie, de Lappnie, du Canada, des Ilottentots; en partie droites seule- ment dans la famille des Matins, à laquelle il rattache le grand Danois, le Lévrier, et entièrement molles et tombantes dans les Chiens de chasse, courant, braque, basset, èpagncul et barbet. Il va plus loin, en pensant cpie le climat a pu iiroduiir dix-sept des trente variétés qu'il a reconnues dans le Chien domestique, et les treize autres étant considérées par lui comme des métis des dix-sept premières. Enfin, traitant la question de savoir si le Chien domestique constitue une espèce distincte ou s'il doit être considéré comme un Loup dégénéré, il conclut d'expériences tentées pour la première fois à ce sujet que c'est une espèce distincte. Zimmermann, beaucoup plus tard, en se fondant sur ce que le Loup s'accouple certainement avec la Chienne, et le Chien avec la Louve, et que les produits sont féconds, soutint l'opinion que le Chien domestique ne constitue pas une espèce distincte, et que son origine remonte au Loup de nos forêts, qui se trouve répandu partout. Guldenstœdt donne, lui, le Chacal pour origine du Chien domestique. Quelques autres naturalistes, et Blumenbach à leur tête, eurent I idée que notre Chien commun provenait de plusieurs espèces particulières. En 1>* 17, Fr.Cuvier reprit de nouveau ce sujet d'une manière différente, en faisant entrer dans la réso- lution de la question une considération nouvelle, celle de l'intelligence, traduite par la grandeur du cr.'ine. 32 IIISTOlUt: NATURELLK. principalemenl dans la manière dont se disposent les pariétaux, et, selon lui, le Chien est une es- pèce animale dont la souche originelle n'existe plus à l'état sauvage, tous les Chiens que l'on connait aujourd'hui, soit en Afrique, soit dans l'Inde, soit en Amérique, n'étant, pour lui, que des Chiens marrons, parce que leur système de coloration n'est pas variable, et qu'ils rentrent aisément en do- mesliritè. il établit ensuite que toutes les races de Chiens, à l'état marron comme à l'étal domesti(iue, chez les peuples les plus civilises comme chez les plus sauvages, ne constituent qu'une seule espèce, ce que prouve la facilité avec laquelle les races les plus éloignées produisent entre elles, au contraire de ce qui a lieu chez les mulets. Prenant ensuite ses caractères dans la grandeur relative du crâne, il forme les trois races suivantes : i" les Malins, ayant les pariétaux tendant à se rapprocher, mais d'une manière jiresque insensible, en s'èlevant au-dessus des temporaux, et les condyles placés sur la même ligne que les molaires; comprenant le Chien de la ^'ouvelle-llolhlnde, le Malin, le grand Danois, le Lévrier; H" les Epaçineids, dont les pariétaux, à partir de la section temporale, s'écartent, se dilatent en dehors, ce qui donne plus de capacité à la boîte cérébrale, les condyles situés au-des- sus du niveau de la ligne dentaire; tels sont l'Epagncul, le Barbet, le Chien courant, le Chien de berger, le Chien-Loup, les Bassets, les Braques, l'Acco; et 5" les Dogues, ayant la capaeité cérébrale très-petite par suite du rapprochement considérable de la courbe pariétale, les sinus frontaux très- grands, et le museau très-court, comprenant les Dogues de diverses races et le Doguin. Cette elas- siiicalion, adoptée encore presque généralement aujourd'hui, est celle que nous suivrons dans cet ouvrage; aussi ne croyons-nous pas devoir les développer davantage maintenant. Fin. 17— M.i5rirr.liiTlubct. Depuis, Tilesuis revint sur l'opinion que le Chien domestique avait pour type le Chacal, et M. Ehrenberg pensa que dans noire Chien il y avait un mélange de plusieurs espè('es paiticidières. De Blainville, dans son Ostiograpliic , apiès avoir étudié le Chien domestique sous tous les points de vue zoologiques et anatomiques, en se servant particulièrement de l'ostéologie, de l'odontologie, et même de la paléontologie, conclut que cet animal provient d'une espèce particulière. Le savant naturaliste que nous venons de citer fait remarquer que « le Chien, redevenu sauvage depuis plus de deux cents ans en Amérique, reste Chien, et ne redevient pas Loup, cumme cela a lieu pour le Co- chon et le Chat, qui redeviennent Sanglier ou Chat sauvage, » et croit devoir en conclure que le Chieu CARNASSIERS. 53 domestique est, partout où il se trouve, distinct des espèces sauvages, mais moins cependant du Loup que de toute autre pour l'organisation, moins encore peut-être du Chacal pour les mœurs et les habitudes, et par conséquent formant une espèce distincte, comme le génie de Linné l'avait pressenti en la désignant par une dénomination particulière, celle de Canis fainiliaris. Entin, M. Hamilton Smith, dans l'ouvrage intitulé Tlic nalumlisi's Ltbrarij, vol. IX et X, consi- dère le Chien domestique comme constituant un soii.s-genre distinct de celui des Chiens, auquel il laisse le nom de Cnn'is. et il le subdivise en six sections, auxquelles il applique les noms de Canes laclnici, laniarii, vciiatici, sagaces, doinesiici et nrcnni, et dans lesquelles il fait rentrer les di- verses races généralement admises par les auteurs. , Fig. 18. — Mclisclc Loup ci de Cliiemio. Après nous être étendu aussi longuement sur le Chien domesiicpic eu raison ilc rim|iorlance du suji'l, nous croyons cependant devoir encore nous occuper de riiisioirc de (juclques-unes des espè- ces les plus impiirlantes. telles que le Loup, le Chacal cl le Renard. Le Loup est iiidi([ue, depuis la plus hante anti([uile, (•onimc le desiruciciir par excellence des trou- peaux. Eu hébreu, cet animal est désigné sous les nom.s de Zccb ou Zuab, qui, suivant M. l'abbé Maupied, pourrait venir de zabali (égorger). Dans les livres sacrés, le Loup est nommé Liulis ou Lolios, d'où doit être déiivé le nom grec de Lijcaon, et il est indiqué uniquement comme un animal destrucleur. Il n'en est pas de même chez les Eg\|ilieiis. ci par suile chez les Grecs; eu effet, chez les |>remiers, le Loup était considéré comme le symbole du scdeil, produisant la lumière, et c'est même liaus ce sens que les étymologistes dérivent le nom hMo;, et àuxe, qui, chez les anciens Grecs, signi- liait la lumière du point du jour, épotpie à laquelle le Loup se met en quête pour exener ses dèpré- dalions. Chez les l.aliils, le Loup csl leur Liiiiu.s. d'ou nous avons lire la deiiominalioii acMu-llc de (Cl animal, de mênie (pi'elle était liree elle-même du mot grec de /,j«;: pour ces peuples, le Lonp est devenu le symbole du dieu Mars, à cause de sa férocité cl de sou ardeur pcjur le carnage et même le leur, à cause de l'histoire plus ou moins apocryphe de rallaitement de R(unulus et de Rémus, fon- daleiirs de Rome, jiar une Louve, et au principe plus réel que celle ville (d)liendrail l'empire du niiuide par li force des armes; en outre, leurs enseignes conservées cl leurs médailles deiiolcnl (;ue c'était bien le l.oiqi de nos forêts qu'ils avaieni ihoisi comme symbole. 34 IIISTOIUI': NATliRI'LLi:. Le Chaciil semble èlre raiiim;il que les anciens drees, et niènie les auteurs plus récents, ainsi qu'on peut le voir dans les ouvrages d'IIomérc, d'Aristote, d'Hérodote, de Tliéoeritc, d'Oppien, (î'Élen, de l'oUux, etc., désignaient sous le nom de Thos (Ou;, ou 0-,;). Ce point a été cependant très- conlroversc, et voici à ce sujet les conclusions qu'eu lire De Hlainville. « Si l'on pouvait avoir une confiance absolue dans la description d'Aristote, en supposant même que le texte n'a pas été altéré parles copistes dans la succession des siècles, on ne pourrait que difficilement admettre l'identité absolue du Thos et du Chacal. Cependant, en considérant que la description peut être fautive en plusieurs points, de quelque part que vienne l'ericur, il est impossible de croire que le Chacal, si commun dans tnul le Levant, ail pu échappera la connaissance des anciens. Je regarde donc comtne très-probable que le Thos est le Chacal des (h'ienlaux et notre (aiiiis itui-fus, ce que Guldenstiedt avait également admis, comme presque tons les zoologistes le font aujourd'hui. » Ainsi désigné sous la dénomination de Thos, le Chacal aurait été indiqué dans l'Écriture sainte, et dans presque tous les ouvra,4es des naluralisles grecs, latins, ainsi ([ue dans ceux du moyen âge, et à plus \\>vw raison dans les livres de l'époque actuelle. Le Renard, qui est le Carnassier le plus répandu dans tout l'Orient, était désigné, chez les Hé- breux, sous les noms de Schoiial, School, et, chez les Arabes, sous celui de Sliaar. Les Grecs, de- puis Homère jus(|n';i Oppien. l'ont nommé A),œ-T,ç, et les F;alins, Viilpr.i, dénomination que cet animal a conservée s|iéciliipicmenl. En outre, les diverses espèces de Chiens dont nous venons de nous occuper ont été représentées sur di- vers monuments anciens, et ont été indiquées dans différents objets d'art, tels que des tableaux, des sta- tues, et sur diverses médailles. Chez les Chinois, le Chien a servi de modèle à l'un des caractères figura- tifs les ])lus anciens de leur écriture, caractère qui même est devenu la clef de tous ceux qui indiquent les animaux qua(lriq)édes; il en est de même cIm z les lv.;ypiiens, où il se tniuve également (-(mime signe hiéroglyphique. Mais cela ne s'applique guère qu'au Chien domestique, ce qui a lien également pour les momies des animaux de ce genre conservées par les Égyptiens. C'est ainsi que l'on peut probable- ment rapportei' à diverses races du Caitis fantirmris le (',. (/raid? de De lilainville, it les ('.. sucer et (iiuih'is de M. Khrenberg; toutefois. Savigny rapporte an Chacal (C. anrcus) une mumie qu'il avait tnuivee dans les tumulus d'Egypte. A l'état fossile, ce n'est qu'en 1774 qu'Es])er, le premier, reconnut d'une manière certaine des traces de Loup et de Denard dans les cavernes de Gaylenrenlli. Depuis cette époque, des os fissilesassez nombreux d'animaux du genre Chien oui été signalés en Italie, en France, en Allemagne cl en An- gleterre, el cela dans des terrains d'anciennelê très-différente, et ces débris lu' se rappurlent guère qu'au Loup et au Ilenard. Nous nous occuperons plus tard de ces fossiles, el nous nous bornerons actuellement à dire que les auteurs qui s'en sont surtout occupés sont : G. Cuvicr, Goidfuss, Wagner, Schmerliug, De Blainville, el MM. lîuckl.nid. Marcel de Seire, Dubreuil el .lean-.Iean, liravard, (]roizel, el .lobert, MuiehissdU el Cèdeou Manlell, el, eiiliii, nous eileruns M. Lund, qui a signalé des traces fossiles de ces Carnassiers dans les cavernes du Brésil. Nous avons indiqué la plupart des auteurs qui se sont occupés des espèces dn genre Chien, et nous comj)léterons cette liste en donnant la description des espèces et des races; mais nous (Toyons, avant de passer à la partie descriptive, devoir dire quehpies mots d'un travail de M. Hamilliui Smith {'J lie miliiiurtxl's L'tbnuij, I. IX et X. 18,7,)i, dans lequel le savant naluialiste anglais crée divers sous-genres vX divisions dans le genre Chien, et cela en donnant à ces subdivisions des noms particu- liers qui, dans les tendances des naturalistes modernes, feront de chacun d'eux des genres plus ou moins utiles, et qui viendront probablement encore surcharger la synonymie zoologique déjà si em- brouillée. M. II. Smith subdivise la famille des C.mndœ. ou le genre C.liini. en cinq sous-genres. l" S(nis-genre. — CJuion (nom pnipn'i, subdivise en dix sei'lions : A. Lupus (quatre espèces; type : le Loup ; B. Lijciscu.i {/•m'.;, Loup) (trois espèces; type : ('.aui.s hdraus ; C. Clinisens (xpuoior, doré) (huit es|)èces; type : (1. iniiiiiivus,; D. Tlwits (six espèces; type : C. anllius, Fr. Cuvier ; E. Sftcalhts (cinq es|)èces; type : le Cba<'alh !•". r.ijnulopex {/:m->, Chien, oJMwt't,, lienard I (cin(| espèces; ty|)e ; le Corsaci: m 'Mm ^^Mb CARNASSIERS. :,:, (]. Mcfjdliiiis, llli^er lu.:-]^;, grand; «;, oreillci i< inq i^spùces; ijpe : lo Feniifc, que nous tk'i-rirons .séparc'nient); II. CJnijxoajon {-//.ua:-,, d'or; ym», Chien) (uiU' espèce : le Catiis campcsirix, De Wied i; I. Duskiion {H'jai:, du nord; zjwv, Chien) (quatre espèces; lype : Coiih (ntlnrclicus^; .1. Certhcijon, peu d'espèces; nouvelles el encore peu coiinnes. "i""" sons-yenre. — Cmùs, comprenant ses Cmicx j'en el Cimes j'umïliar es : ces derniers subdi- \isés en Canes lachnei, Itniiarii, iriintici. s(i(jaces, domesùe'i el uremù, renfernianl les diverses races el vai'ielés de Cliieiis orrliiiaires. a"" sous-yenre. — Viilpes, dans lequel entre un ussez grand nombre d'espèces subdivisées en trois sections, el dont le type est le Renard. /»""■' sou.s-genre. — Aejr'ioilns (i-,;!-,;, t'èroce; oJcu,-, denli; lyiie : Cniùs Lalundii on noire iiye- noide. 5"" sous-genre. — f.ijcaon (nom mylhologiqucj, ne lenfeiinaiit que le (miùs pieiiis. -StSTué'"^ -c:^ p|„ 19. _ Cliicn sauvage du C.ip- Passant maintenant à la ilescripiion des espèces, des races et des nombreuses variétés du grand ^enre Chien, nous y admettrons deux sous-genres, ceux des CInais piopreiuenl iliu et des Henarils, el nous regarderons comme formant un groupe générique distinct les Il'jémhlcs, ou Chiens à quatre doigts ù tous les pieds, ainsi que les Fennecs. 36 HISTOIRE NATURELLE. 1" SOUS-GENRE. — CIIIENS PROPREMENT DITS. CAMS. I.inn.'. CAIt.ACTKliES IlISTINCTIKS. l'iipillcs (li:t iirii.r rotules, ce (jiii ilcinoiilrc des miiiwnix iliunies. QiKiic )i(m loiifjiie. On y admet un assez i,Maiiil immbii' d'espèces; mais les principales sont le CIthn tUmcsl'iquc el ses iiuiiibreuses raecs el variétés de rates, et le Loup ordiniiiie. Fis; 20. — Terrier. I ESPÈCE COSMOTOLITE. 1. CHIEN DOMESTIQUE. CAKIS FAJUI.IAnjS. I.inn,' (".AnACTÈnES spÉciKiQUES. — Mu.seati plus ou moins allonL;é on rarconrci; queue recourbée en arc. et se redressant plus ou moins, tantôt infléchie à droite, tantôt infléchie à gauche; iielage très-varié pour la nature du poil cl pour ses teintes, à cela jircs que, toutes les fois cpie Ix queue offre une cou- leur quelconque et du blanc, ce blanc est terminal; ouïe ayant beaucoup de finesse; vue trés-per- çanie. Cette espèce tout entière parait avoir jiassé sous l'empire de l'honinu'. On ne la connaît nulle part aujourd'hui à l'étal de pure nature. Des races d(unesli(|nes ont bien, dans certaines contrées, recouvré leur iudcpeudance depuis un nombre assez considérable fie générations, et, par là, elles ont sans doute repris quelques-uns des traits de l'espèce sauvage. II s'en trouve à cet état dans presque toutes les parties de l'Amériqiu'; on en rencontre dans quehpies contrées de l'Afrique, et il en existe dans l'Inde. Ces Chiens sont loin d'avoii' perdu tontes les traces de la longue servitude de leur race; en effet, leurs couleurs varient encore d'une race et même d'un individu à l'autre, et ils riMilrent sans résistance dans l'état de domesticité. Ils vivent (piebpiefois en familles de deux cents individus; ha- bitent de vastes terriers, chassent de concert, et ne souffrent pas le mélange des individus d'une fa- mille étrangère ; ainsi réunis, ils ne craignent pas d'attaquer les animaux les plus vigoureux et de se défendre contre les Carnassiers les plus forts; le repos, chez eux, succède immcdialement aux fati- gues de la chasse, et, dès que leurs besoins sont satisfaits, ils s'y livrent, comme tous les autres animaux sauvages, avec d'autant plus de sécurité, que les dangers qui les entourent sont plus faibles. CARNASSIERS. 57 (I La reclicrthe des aliments el de la sécurité, qui faisait la condition principale de l'existence du Chien sauvage, n'est plus paur ainsi dire, comme le fait remarquer Fr. Cuvier dans son savant article CInen du Diciiommire des Sciences nalurelles, qu'une condition secondaire de l'existence du Chien domestique; ce n'est plus en poursuivant une proie qu'il obtient sa subsistance, ce n'est pas en fuyant le danyer ou en le bravant qu'il peut s'y soustraire, mais c'est en se consacrant au service de l'hûmnic. Ce service est devenu la première condition de sa vie, et ce sont les diffé- rentes empreintes qu'il en reçoit qui caractérisent les différentes races; de sorte qu'on pourrait, jusqu'à un certain point, juger de la civilisation d'un peuple, ou d'une de ses classes, par les mœurs des animaux qui lui sont associés. Des cau.ses aussi puissantes que celles des mœurs des peuples et des classes dont ils se com])osent, des climats, de la nourriture, du sol, etc., suffiraient presque pour expliquer les nombreuses modifications que le Chien domestique a éprouvées, et qui forment ces différentes races. Cependant, ces modifications sont si considérables, et de telle nature, que plu- sieurs naturalistes ont cru être fondés à penser que nos Chiens n'avaient pas pour souche une seule espèce; qu'ils devaient leur existence à des espèces différentes qu'on ne pouvait plus reconnaître aujourd'hui à cause du mélange de leurs races. Nous ne partagerons point cette manière de voir (c'est Fr. Cuvier dont nous transcrivons ici ce passage) : outre la difficulté bien reconnue des Mulets pour se reproduire, difficulté qui n'existe point entre nos Chiens, nous verrons que les modifications les plus fortes n'arrivent au dernier degré de développement que par îles gradations insensibles, qu'on les voit naître véritablement, et que, dès lors, il est impossible de supposer leur existence dans une espèce qui aurait antérieurement existé. D'ailleurs, tous les Chiens ont une disposition instinctive qui les porte à se réunir en famille, et qu'ils nous montrent dès qu'ils sont dans la situation de le faire. Nous avons vu que les Chiens rendus à l'état sauvage vivent ainsi, et les villes d'Orient nous montrent le même phénomène dans ces Chiens, qui n'ont aucun maître, qui se sont réunis en fa- milles, et qui, après avoir adopté un quartier, n y souffrent la présence d'aucun Chien étranger. » Fig. 21. — Chien du nord de l'Amérique. i'iiilrc les différentes raecsde Chiens, la taillevarie ronsidérablcnienl, cl les individus n'en sontpas 58 HISTOIRE NATIJRKLLE. tous moins bien conformés. La lailli' ordinaire est de soixante-quinze centimètres environ de liiiii;ucur, non compris la queue; c'est le milieu entre celle du Loup et du Chacal, mais elle peut aller beau- coup au-dessus et descendre, au contraire, beaucoup au-dessous. Daubcnton, dans l'IIisioirenalu- relle (/énn'alc cl parliculicre de HulTon, a donné une labié trés-détaillée des dimensions des Chiens des principales races; nous renvoyons nos lecleurs à ce travail, et nous iinus bornerons à l'aire ob- server ([u"on y voit un Mâtin dont la binyiieur, mesurée du bout du nez à l'anus, était de 2 pieds H pouces, et la hauteur à l'épaule, de \ pied 11 pouces C lignes; un Basset avait 2 pieds 6 pouces de lonif, et seulement 1 1 pouces de haut; un grand Danois avait une longueur de 3 pieds 6 pouces, et un Épagncul n'avait (pie 11 poiu'csde long du miiscau à l'aïuis. En outre, nous citerons un Chien de la Nouvelle Ilidiande qui, selon Fr. Cuvier. mesurait 8 décimètres de la télé à l'origine de la queue. Nous ferons, eidin, observer ipi'il existe souvent, entre des Chiens de races très-voisines, des différences de taille très-considérables, comme entre le grand et le petit Lévrier. Fi?. 22. — r.rirfon terrier. Les formes de la télé varient aussi beaucoup, cl Ton peut en juger d'après ( e qu'en dit Fr. Cuvier, qui a montré combien rintelligence était plus développée dans les races chez lesquelles la cavité cé- rébrale est grande que dans celles où elle l'est, au contraire, peu. La tête est quelquefois très-grosse, et d'autres fois assez notablement effilée, comme dans le Lévrier. Ce sujet est des plus importants, et nous aurons occasion d'y revenir, car c'est sur des considérations tirées de la forme et de la dis- position de la tête qu'est basée la classilication de.î races d(jnnées par Fr. Cuvier. Eu général, tous les Chiens ont cinq doigts aux pieds de devant, et quatre à ceux de derrière, réunis par une membrane qui s'avance jusqu'à la dernière phalange, avec le rudiment d'un cinquième os du métatarse qui ne se montre par aucune trace ;i l'extérieur. Ces doigts, qui sont d'inégale lon- gueur, conservent à peu prés les mêmes relations dans toutes les races, excepté l'interne des jjieds de devant, dont l'extrémité ne s'avance quchpu'fois pas jusqu'au milieu du métacarpe, tandis (|ue d'autres fois il va jusqu'au bout de cet os. Ue plus, il y a des Chiens qui ont un cinquième doigt au pied de derrière, à la face interne : ce doigt est ordinairement très-court; il arrive parfois que son métatarse est imparfait, et qiu' les phalanges et l'ongle seulement sont complets; mais quelquefois aussi tous ces os sont bien cdnl'ormés, cl ne différent de ceux des autres doigts (pi'eu ce (pi'ils sont proportionnellement plus petits; mais toutefois, lques individus ont ce cinquième doigt Irès- long, bien proportionné, et .s' avançant jusqu'à la naissance de la première phalange du doigt voisin. La queue varie pour sa longueur, mais est composée, le plus habitnellemenl, de dix-Iitiil vertèbres. CARNASSIERS. le 59 I,a queue osl ([iielquefois basse, ce qui amve le ;>lus souveiil, et parfois, cependant, laiiinial la porte l'élevée. La domesticité n'exerce pas d'influence sur les ori^anes de la vue, car les yeux de toutes les races se ressemblent; il n'en est pas de même pour le nez, la bouciie et les oreilles, qui ])euvent être plus on moins profondément modiliés. L'allongement du museau déterminant un allongement dans les os ilu nez, et conséquemment dans les cornets que ces os renferment, est un des premiers caractères par lesquels les Chiens se distinguent, sous le rapport du sens de l'odorat ; les races dont le mu- seau a un certain allongement, comme le Mâtin, le Cliieu-Lonp, le Chien courant, ont l'odorat beau- coup plus délicat que celles qui ont le museau court et obtus, comme le Dogue et le Carlin; cepen- dant les Lévriers, qui ne semblent pas sentir avec beaucoup de finesse, font exception à celle régie. Enfin, un des changements des plus remarquables qu'ont éprouvé le nez et la bouche de certains Chiens consiste dans le sillon profond qui vient séparer leur lèvre suiiérieure et leurs narines, ainsi qu'on l'observe chez certains Dogues, qui reçoivent de ce caractère nue physionomie toute par- ticulière. Les modifications de l'ouïe se manifestent surtout dans la situation et dans l'étendue de la conque externe de l'oreille. L'oreille est droite, mobile, et d'une grandeur médiocre dans le Chien de berger, le Chien-Loup, etc., ainsi que dans les races peu soumises; nmis, dans les races plus pri- vées, on voit l'oreille tomber en partie, l'extrémité s'affaisse et n'a ]ilns de mouvement, cumme dans les Mâtins; enfin, cln z les Chiens tout à fait asservis, la con(pie auditive entière ne se soutient plus; elle prend une grande étendue par le développement de ses cartilages, comme cela se remarque chez plusieurs races de Chiens de chasse, chez les Epagnenls, les Rassets, etc. '^^-^^'■^:- Fijï. 2Ô — l'"p'ignenl, v.Triéli'. Habilnellemeiil, les Chiens ont dix mamelles, cin(| de eluKpie cote; savdir ; quatre sur la pnilnne, et six sur le ventre. « Mais, dit Daidientou. auquel nous empiiiiiliiiis ci' passage, il y a de grandes variétés dans le nombre des mamelles de ces animaux : de vingt et un Cliiens de différentes races, lanl niàles que femelles, dont j'ai compté les mamelles, il ne s'en esl trouvé que huit qui eussent cinq ma- melles de chaque côté; huit autres n'en avaient que quatre à droite et autant à gauche; deux autres, cinq mamelles (l'un lôle cl (piaire de l'autre; et, eiilin. les trois autres Chiens presenlaieul (piatremaimdles d'un ISiclioii, qiieli|ues lïarbets, le grand Chien di's Pyrénées, l'ont soyeux et doux; chez les nus, il est droit et lisse; chez les autres, laineux et bouclé; quelques laces ont le corps cou- vert de longs poils, tandis (jue la léte et les jambes n'ont que du poil ras; d'autres, au contraire, ont la tète et le cou garnis d'une crinière, et le corps couvert de poils courts: tel est, dans le pre- mier cas. le Cliien-Lou|), par exemple, et, dans le second, le Cliieii-Lion. Sous ce rapport, les Chiens ol'ficiit presque toutes les variations que ])résentent les jioils dans la classe entière des Mammifères. (Juaiit aux couleurs, c'est du blanc, du brun |dus ou moins foncé, du fauve et du noir, (|ue celles des Chiens se composent. Un voit de ces animaux qui sont entièrement de l'une ou de l'autre de ces couleurs; mais le plus souvent elles .sont dispersées irrégulièrement par taches, tantôt grandes, tan- tôt petites: «piebpiefois, cependaiil. on voit (pi'elles tendent à se disposer svmelriipicrilenl: souvent elles se partagent chaque ])oil et produisent alors des nuances dilïereiites. suivant (pie le blanc, le noir, le fauve ou le brun, d(miinent; mais on voit des Chiens dont le pelage est semblable à celui du Loup par le mélange du blanc, du fauve et du noir; d'autres, i)lus rares, chez lesquels il est d'un beau gris ardoisé. Ces couleurs n'accompagnent pas toujours exclusivement certains autres carac- tères : les races de Chiens qu'elles distinguent ne se remaripient pas iiécessairemeiil par les formes flARNASSIEnS. A\ (le la tètp, la iiatiirr Ji>s ]KiiIs on les proportions du corps; loutefdis, lorsqu'on a soin de leiiiiir des individus de même couleur, la race ordinairement se perpétue, et il en est de même pour la plupart des autres caractères : nouvelles preuves que les modiiicalions accidentelles finissent toujoiii's pai- devenir héréditaires. « Ajoutons à ces considérations une remarque curieuse rapportée ]uir A. G. Des- marest : c'est que, toutes les fois que la queue offre une couleur quelconque et du hiaiie, ce lilanc est constamment terminal. Fig. 25 — £pagneul, variété. (Newfoundiand ) 11 n'est pas possible de déterminer l'époque à laquelle le (lliien a été réduit en domesticité, mais cette époque doit remonter aux premiers temps de la civilisation humaine. « Comment l'homme, dit Buffon, aurait-il pu, sans le secours du Chien, conquérir, dompter, réduire en esclavage, les autres animaux'! Comment pourrait-il encore aujourd'hui découvrir, chasser, détruire les bètes sauvages et nuisibles? Pour se mettre en silreté et pour se rendre maître de l'univers vivant, il a fallu commencer par se faire un parti parmi les animaux, se concilier avec douceur et pai' caresse ceux qui se sont trouvés capables de s'attacher et d'obéir, afin de les opposer aux autres. Le premier art de l'homme a donc été I éducation du Chien, el le fruit de cet art, la conquête et la possession paisible de la terre. « Le régime diététique des Chiens n'a pas varié très-notablement avec leur état de domesticité. En effet, suivant les diverses contrées qu'il habite, cet animal se nourrit de chair qu'il prend vivante ou (ju'il chasse, ou bien de charogne; quelquefois aussi il se contente de fruits, de substances végétales, mais non de légumes; et, dans certaines localités où les Mammifères et les Oiseaux sont rares, il se rabat sur les Reptiles et les Poissons, ce qu'il ne fait pas partout ailleurs. A l'état domestique, on sait qu'il est peut-être moins carnassier, tout en préférant une matière animale à tout autre aliment. I,e Chien boit en lappant. Lorsque le mâle urine, il le fait en levant l'uiu' de ses pattes pn.slt rieures, tan- dis que la femelle s'accr(iu]Ht. « Plus docile que l'iKimme, a dit liuffon, plus souple qu'aucun des animaux, non-seulement le Chien s'instruit en peu de t^'iups, mais même il se conforme à toutes les habitudes de ceux qui lui commandent; il prend le ton de la maison qu'il habite; comme les autres domestiques, il est dcdai- c« • 6 4-1 HISTOIRE NATUUELLK. gncux chez les s^rands et rustre à la campagne : toujours empressé pour son maîlrc et pn'vcnan. pour ses seuls amis, il ne fait aurune attonlion aux gens iudiffcrenls, et se déciaiv contre ceux qui. par état, ne sont faits que pour inqiorluiier; il les couuait aux vclrments, à la voix, à leurs j^'rstes, et les empêche d'aiiiirocher. Lorsqu'on lui a conlié jieudant la nuit la garde de la maison, il devient plus fier et quelquefois féroce; il veille, il fait la ronde, il sent de loin les étrauiçers, et, pour peu qu'ils s'arrêtent ou tentent de franchir les barrières, il s'élance, s'oppose, et, par des cris de colère, il donne l'alarme, avertit et combat; aussi furieux contre les hommes de proie qiu' contre les animaux rarnassiers, il se précipite sur eux, les blesse, les déchire, leur ôte ce qu'ils s'effiurcut d'enlever; mais, content d'avoir vaincu, il se repose sur les dépouilles, n'y touche pas, même pour satisfaire son appétit, et donne en même temps des exemples de courage, de tempérance et de fidélité. » Le Chien a su se prêter à toutes les circonstances qui l'enNironnent. Ici il est chasseur, dans un autre endroit il est pêcheur ou t,'uerrier; ailleurs il est devenu beri,'er ou i(ardien de nos habitations. Ces animaux sont certainement plus inlelliyenls, plus civilisés, si l'on peut se servir de cette expres- .sion. chez les peuples éclairés que chez ceux qui sont encore dans la barbarie; dans le premier cas ils sont susceptibles d'une éducation plus varice, ils sont plus dévoués à leur maître, leurs races sont également plus nombreuses; dans le second cas, ils sont féroces, presque sauvages, ayant peu d'atta- chement pour l'homme, vivant pêle-mêle avec leurs maîtres, partageant leur nourriture ou plutôt la leurdér(d)ant, et ne les aidant que rarement à la conquérir. Ajoutons le tableau admirable de conci- sion et d'exactitude qu'en donne Linné. « Le Chien est le plus fidèle de tous les animaux domesti- ques; il fait des cares.ses à son maître, il est .sen.sible ù .ses châtiments; il le précède, se retourne quand le chemin se divise. Docile, il cherche les choses perdues, veille la luiit, annonce les elrangeis, Fi". 20 — Cliien (t'Orienl. garde les marchandises, les troupeaux, les Rennes, les Rocufs, les Rrebis, les défend contre les Lions et les bêtes féroces, qu'il attaque; il reste près des Canards, rampe sous le filet de la tirasse, se met en arrêt et rapporte au chasseur la proie qu'il a tuée, sans l'entamer. En France il tourne la broche, 1, ./y/^m- iî'v . ^■)m:' 'S wM r \ ■•I ' «4 "NU! i CARNASSIERS. 45 en Sibérii' on rattellu ;ui tiaiueau; lorsqu'dii est à lalile, il dciiiandc à mans^er; quand il a volé, il man he la queue entre les jambes; il grogne en mangeant; iiaimi les autres Chiens, il est toujours le ni litre chez lui; il n'aime point les mendiants, il attaque sans provocation ceux qu'il ne connaît pas. » m' Fig. 27 — F.pagncul, variété. (Sprinter. A ces détails déjà nombreux, nous ne pouvons cependant résister au désir de donner encore quel- ques extraits des magnifiques pages consacrées par Buffon à l'histoire du Chien, et nous pensons que nos lecteurs, tout en rectifiant peut-être quelques-uns des faits avancés par notre illustre ]ieinlre de la nature, nous en sauront gré. « Le Chien, indépendamment de la beauté de sa forme, de la vivacité, de la force, de la légèreté, a par excellence toutes les qualités intérieures qui peuvent lui attirer les regards de l'homme. Un naturel ardent, colère, même féroce et sanguinaire, rend le Chien sauvage redoutable à tous les animaux, et cède dans le Chien domestique aux sentiments les plus doux, au plaisir de s'attacher et au désir de plaire; il vient en rampant mettre aux pieds de son maître son courage, sa force, ses talents; il attend ses ordres pour en faire usage, il le consulte, il l'interroge, il le supplie, un coup d'œil suffit, il entend les signes de sa volonté; sans avoir, comme l'homme, la lumière de la pensée, il a toute la chaleur du sentiment; il a de plus que lui la fidélité, la confiance dans ses affections; nulle ambition, nul intérêt, nnj désir de vengeance, nulle crainte que celle de déplaire; il est tout zèle, tout ardeur et tout obéissance; plus sensible au souvenir des bienfaits qu'à celui des outrages, il ne se rebute pas par les mauvais traitements, il les subit, les oublie ou ne s'en souvient que pour s'attacher davantage; loin de s'irriter ou de fuir, il s'expose de lui-même à de nouvelles épreuves, il lèche cette main, instrument de douleur qui vient de le frapper, il ne lui op- pose que la plainte, et la désarme enfin par la patience et la soumission. L'on peut dire que le Chien est le seul animal dont la fidélité soit à l'épreuve; le seul qui connaisse toujours sou maître et les amis de la maison; le seul qui, lorsqu'il arrive un inconnu, s'en aperçoive; le seul qui entende son nom et qui reconnaisse la voix domestique; le seul qui ne se confie point à lui-même; le seul qui, lor.squ'i! a perdu son maître et qu'il ne peut le retrouver, l'appelle par ses gémissements; le seul qui, dans un voyage long qu'il n'aura fait qu'une fois, se souvienne du chemin et retrouve la route; le seul enfin dont les talents naturels soient évidents et l'éducation toujours heureuse. « Le (;hien, fidèle à l'homme, conservera toujours une portion de l'empire, un degré de supériorité sur les autres animaux; il leur commande, il règne lui-même à la tête d'un troupeau, il s'y fait mieux entendre que la voix du berger; la siireté, l'ordre et la discipline sont les fruits de sa vigilance et de son activité : c'est un peuple qui lui est soumis, qu'il conduit, (pi'il protège, et contre lequel il n'em- ploie jamais la force que pour y maintenir la jiaix. Mais c'est surtout à la guerre, c'est contre les animaux ennemis ou indépendants qu'éclate son courage, et que son intelligence se dépluie tout en- tière : les talents naturels se réunissent ici aux qualités acquises. Dès que le bruit des armes se fail H lllSTOIItE NATL!|',I:LI,F. riilriiili'i', (lO'S i|iir Ir sdii du ciir ou In voix ilii l'iiasst'ur ;i ddiiiu' lo sii;iial (rmic i;iii'frt' priii'luiiiii', liiùliiiit d'uiu' ardt'Ui' luiuvclk', le ('.iiicii iliaicnu' sa joie par lo plus \il's tiaiispuils, il aniMincc par ses miiuvemeiils et par ses eris riiii[ialieii(e à cuniballie et le désir de vaincre; niaicliant ensuite en silence, il cherche à reconnaître le pays, à découvrir, à surprendre l'ennemi dans sou fort; il re- c'iierclie ses traces, il les suit pas :\ pas, et par des accents différents indicpie le temps, la distance, l'espèce et même l'âge de celui qu'il poursuit. Intimidé, épuisé, désespérant de trouver son salut dans la fuite, l'animal (principalement le Cerf i se sert au^si de toutes ses facultés, il oppose la ruse à la sagacité; jamais les ressources de l'instinct ne furent plus admirables : pour faire perdre sa trace, il va, vient et revient sur ses pas; il fait des bonds, H voudrait se détacher de la terre et sup- lirimer les espaces; il franchit d'un saut les roules, les baies, passe à la nage les ruisseaux, les ri- vières; mais toujours poursuivi, et ne pouvant anéantir son C(ups, il cherche à en mettre un antre à sa place; il va lui-même troublei' le repos d'un voisin pins jeune et moins ex|ierinienté, le fait lever, marcher, fuir avec lui; et, lorsqu'ils ont confondu leurs traces, lorsqu'il cnjit l'avoir substitué à sa mauvaise fortune, il le quitte plus brusquement encore qu'il ne l'a joint, afin de le rendre seul l'objet et la victime de l'ennemi trompé. Mais le Chien, par cette supériorité que donnent l'exercice et l'édu- cation, par cette finesse de sentiment qui n'a|i|)artient qu'à lui, ne perd pas l'objet de sa poursuite; il démêle les points communs, délie les nœuds du fil tortueux qui seul peut y conduire; il voit de l'odorat tous les détours du labyiinthe, toutes les fausses routes où l'on a voulu l'égarer; et, loin d'abandonner l'ennemi pour un indifférent, après avoir triomphé de la ruse, il s'indigne, il redouble d'ardeur, ariive enfin, l'attaque, et, le niellant à mort, élanche dans le sang sa soif et sa haine. Ce penchant pour la chasse on la guerre nous est commun avec les animaux; l'homme sauvage ne fait que combattre et chasser. Tous les animaux qui aiment la chair et qui ont de la force et des armes chassent naturellement ; le Lion, le Tigre, dont la force est .si grande qu'ils sont sûrs de vaincre, chassent seuls et sans art; les Loups, les Renards, les Chiens sauvages, se reunissent, s'entendent, s'aident, se relayent et partagent la proie: et, lorsque l'éducation a perfectionné ce talent naturel dans le Chien domestique, lorsqu'on lui a appris à réprimer son ardeur, à mesurer ses mouvements, qu'on l'a accoutumé à une marche régulière et à l'espèce de discipline nécessaire à cet art, il chasse avec méthode, et toujours avec succès. » Fig.28 — GrilTon, variétiS. iTciiiui ) Un des usages les plus anciens que l'on fit des Chiens au moyen âge dcjii éire cite ici ; on se ser- vit de ces animaux comme d'auxiliaires des Espagnols dans leurs expéditions militaires du nouveau monde. Chiistophe Colomb, à sa première affaire avec les Indiens, avait une troupe composée de deux s-raccourcu\ et tri's-sfmblable ;\ celle des variétés précédentes; oreilles entièretiient pen-- daiites, ne se relevant jamais; lèvres tombantes, recouvrant la niQclioire inférieure; queue ayant son extrémité relevée; narines séparées l'une de l'autre par un sillon profond; pelage ras le plus souvent, mais quelquefois composé de poils longs; pelage tantôt fauve par jiarties, tantôt à fond blanc, et varié de taclies noires im brunes. On y distingue plusieurs sous-variélés, telb's que les Qniis fam'iliaris (iKfy/icii.v, piilnidlits et oiOkiilaris, Bechstein, et a»(//i(,«i proprement dit, Gmelin. C'est le plus gros et le plus fort de tous les Chiens domestiques; il résulte du mélange des races du Malin et du Dogue proprement dit. Il est grossier, lourd, peu inlelligenl; cependant il est sus- ceptible (rallaciiement, et bon pour la garde des maisons ou pour traîner de peliles charrettes. Il est docile et lidùle. Sa vie est courte, et son développement trés-lent, car il est dix-huit mois à croître, et il est déjà décrépit à cinq ou six ans. 32. CAUI.IN ou MOl'Sli. C,4A7S FAMlt.lAHlS MOl'SVS. Linnô. Trés-petil; nez encore pais court que celui du Boule-Dogue, dont il semble élre la miniature; tète absolument ronde; face, comme sans museau, noire jusqu'aux yeux; queue recourbée en trompette; jambes courtes; corps très-trapu; pelage d'un jaune fauve foncé. Ki" 38 — Carlin. Le carlin est criard, sans intelligence ni attachement; il a, en outre, le défaut d'avoir l'haleine forte et d'une odeur désagréable. Cette variété a été très-rommunr en France il v a une cinquanlaine d'an- nées, mais elle est, au cnntraire, très-rare aujoiMiriiiii. ♦ Fis. 2. — flaracal. •PI. 8 CARNASSIERS. Cl 33. CHIEN D'ISLANDF. CAMS FAMII.IAItlS ISLANDICUS. Linné. Tète ronde; museau mince; yeux gros; oreilles en partie droites et en partie pendantes; poil lisse, surtout drrrière les jambes de devant et sur la queue. Longueur de !a tête et du corps : O'",80; hau- teur au train de devant ; 0'",35. Cf.mmun en Islande. 54. CHIEN PETIT DANOIS ou ARLEQUIN. CAMS FAilILIARlS VARIEGATVS. Linné. Front bombé: museau assez mince, pointu; yeux très-grands; oreilles ù demi pendantes; -jambes sèches; queue relevée; pelage ras, présentant le plus souvent des taches noires et blanches. Taille du Carlin. Le nom donné à cette race est impropre, car il n'existe aucun rapport de forme ou de taille entre ce petit Chien et le grand Danois, avec lequel on le compare. 35. CHIEN ANGLAIS. CANIS FAMILlAItlS Unn^^^PflCUS. A. -G. Dcsmarcst. Il paraît résulter du mélange du petit Danois et du Pyrame, dont il a la taille; tête bombée; yeux saillants; museau assez pointu; queue mince, en arc horizontal; poils ras partout; oreilles médio- cres, à moitié relevées; robe d'un noir foncé avec des marques de feu sur les yeux, sur le museau, sur la gorge et les jambes. Cette variété est aujourd'hui assez répandue comme Chien d'agrément. 5(5. ROQUET. CAMS fAMII.IMilS inniilDUS. Linnu. Ayant, comme le petit Danois, la tête ronde, les yeux gros, les oreilles petites, en partie droites et en partie pendantes; jambes menues; queue retroussée et inclinée en avant; nuiseau gros, court, un peu retroussé, comme celui du Dognin; mêmes poils et couleur que le petit Danois, et, comme lui, pouvant être arlequinè. Buffon donne, pour races originaires de celle-ci, le petit Danois et le Doguin. 11 est courageux, quoique faible et méprisé par les Chiens plus grands que lui, hargneux, criard, mais attaché à son maître et très-fidéle. .-)7 CHIEN UARTOIS ou LILLOIS. Museau très-court et excessivement aplati. On le regarde comme provenant du mélange du Roquet et du tlarlin. De Flandre et d'Artois. 58. CHIEN I/ALICANTE ou CHIEN DE CAYENNE. CAMS FAMII.tAItlS AKDALOSI£. A -G. Dcsmarcst Museau court du Doguin; poil long de l'Épagneul, et provenant probablement du mélange de ces deux races. .■*?- 62 HISTOIRE iNATLRELLE. 39. CHIEN TURC. CAXIS FASIlUAmS XGYPTWS. Linné Tête très-grosse, arrondie; museau assez fin; ori'illes droites à la base, assez larges et mobiles, se tenant liorizontaiement; corps rétréci sous le ventre; membres grêles; queue moyenne; peau pres- que entièrement nue, comme huileuse, noire on conlenr de clKiir obscure, tacliée de brun par grandes plaques. Taille du Carlin. i'eu intelligent; assez attaché à l'homme; souffrant continuellement de la température de notre pays, et grelottant sans cesse; n'étant élevé que comme Chien d'appartement, et y étant très-turbulent lorsqu'il est en bonne santé. On l'a cru d'abord originaire de Turquie, puis de l'Afrique, particulièrement de la lîarbarie ou de l'Égvpte. Mais ce qui semble plutôt certain, ainsi que le fait observer Lesson, c'est que le (awis cii- ribccHs de Linné doit être rapi)nrlé à son /Egijplius, et que c'est le même animal que ('.liristo|ilii' Colomb trouva en Amérique, dans les iles de l.uciyes, lors de la découverte, en 1482, et qu'il retrouva, en 149i. dans lile de Cuba, oii les habitants relevaient pour le manger. Les Français qui abordèrent les premiers A la Martinique et à la Guadeloupe, en 1635, l'y rencontrèrent également, et il est encore assez commun à Payla, ilans le Pérou Lesson le nomme Canis midits, et li^ place auprès du Chien de berger, quoiqu'il n'ait aucun rap- port avec lui. On peut n'en regarder que comme une variété le Cliicn lurc à ciinicrc de Liuffon, qui présente une sorte de crinière formée par des poils assez longs et roides, derrière le nez, et dont ce dernier organe est plus ou moins allongé. Cette variété provient duCJiien turc et du pclil Danois, ou du petit Levriei'. V é^\ ^ d^?"^. FliT. 59 —Chien turc. Tel est, d'une manière générale, le tableau des races du Chien ordinaire; ce talileau est incom- plet pour beaucoup de races qui nous sont inconnues, et il en est un grand nombre qui ne doivent leur existence qu'au caprice et à la mode, et qui n'offrent aucune particularité dont la science puisse faire son profil. En effet, on est toujours sûr de former des races ou ])lulùt des variétés lorsqu'on prend le soin d'accoupler constamment des individus pourvus des particularités d'organisation dont on veut faire le caractère de ces races. Après quelques générations, ces caractères, produits d'abord acciden- CARNASSIERS. 05 U'ilemcnt, seront si 'fortement enracinés, qu'ils ne pourront plus être détruits que par le coneours de eireonstancps très-puissantes; les qualités intellectuelles s'affermissent aussi, comme les qualités phy- siques; seulement, comme il dépend de nous de développer les premières, jusqu'à un certain point, par l'éducation, et non pas les secondes, nous sommes pour ainsi dire absolument les maîtres de créer des variétés en modifiant l'intelligence. C'est ainsi que les Chiens se sont formés pour la chasse par une éducation dont les efforts se propagent, mais qui a besoin d'être entretenue pour qu'ils ne dégénèrent pas. Celle éducation est un art particulier, dont les régies reposent entièrement sur l'ex- cellence des sens, de la mémoire et du jugement des Chiens. Si, ainsi que nous venons de le dire, on peut conserver intactes des races de Chiens, il n'en est pas moins vrai que ces mêmes races, abandonnées à elles-mêmes, ne lardent pas à se mêler de telle sorte, que l'on ne peut plus en reconnaître aucune, et c'est à ce mélange auquel on a donné le nom de : 40 CHIEN DE nUE CAMS FAMir.lAItlS IIYDRIDUS. A -G. Desmarest. Ce Chien ne peut se rapporter à aiR'une des quatre races précédemment décrites, ainsi qu'à au- cune (le ces variétés, parce qu'il résulte du croisemeni furluit de deux ou plusieurs variétés apparle- iiant à des races différentes. Il varie de mille manières en grandeur, en forme, en couleur et en in- iilligencc. Très-souvent, la femelle met bas, à la fois, des petits de races différentes de 11 sienne, et qui n'appartiennent pas même entre eux à la même variété, quoique tous enfants du même père. D'après ce que nous venons de dire, on ne peut tracer aucune règle pour la taille ni le pelage de celle sorte de Chiens (1). M. Hamilton Smith, dans l'ouvrage que nous avons déjà cité, admet un plus grand nombre de va- riétés, mais nous ne croyons pas devoir en parler ici, nous étant borné à nous occuper des principales. (!) On pourrait, sans s'iii(|ulùter îles races auxquelles Ils apparlieiineiil, r.i|i|iorler des traits iioniljreux île Inislinel de quelques Chiens. Sans indiquer ce que tout le monde sait relativement à l'utile intelligence que monircnt plusieurs races de Oliicns, tels que le Chien de berger, le Chien de garde, le Chien de Terre-Neuve, le Chien du mont .Saint-Ber- nard, celui des Esquimaux, celui de chasse, qui sont devenus les véritables domestiques, nous dirons même les c mpa- gnons de l'homme, sans parler de ces Chiens qui savent mendier, voler avec adresse, ou de ceux qui l'ont des tours d'a- dresse, ou qui, conin.e Munito, oppiennent en quelque sorte à jouer aux do'ninos )U aux cartes, sans parler de ce Chien si utile à l'homme et qui devient le j,'uidc de l'aviugie, nous exposerons cependant en quelques lignes, d'après M. Thié- baul lie lierneau, l'histoire de c|uelques Chiens deveims cilèbres. « Le Caniche Moustache s'est fait dislinïucr par son audace militaire, durant les premières campagnes d'Italie; ce fut surtout à la bataille de Marengo qu'il s'attira l'amitié de nos soldats, par ses marches et contre-marches poi r dé- couvrir les mouvements de l'ennemi et détourner les nôtres des embûches ipi'on leur tendait. Il était sans cesse à l'avant- sarde, et allait toujours le premier à la découverte. Nos soldats avaient en lui une telle confiance, qu'ils suivaient aveu- glément le chemin qu'il leur indiquait. Ils ont plus d'une fois, grâce à sa vigilance, surpris et mis en déroute l'ennemi qui s'avançait de nuit cl par des roules délournécs. Quand Moustache fut blessé au champ d'honneur, il l'ut soigné avec sollicitude, et l'armée lui rendit les hommages militaires à sa mort. « Un autre Chien, Parade, aimait la musique; lô matin, il assistait régulièrement à la parade aux Tuileries; il se pla- çait au milieu des musiciens, marchait avec eux, et, lorsqu'ils avaii ni terminé leur exercice, il disparaissait jusqu'au len- demain à la même heure. Le soir, il allait à l'Opéra, aux Italiens ou à Fejdcau; il se rendait droit à l'orcliestre, se pla- çait dans un coin, cl ne sortait qu',i la lin du spectacle. <( Un Chien braque, nommé Tropique, né à bord de la corvette la Géographe, avait un tel attachement pour son liabi- t.ition llottante, qu'd ne la quittait pas sans peine pour suivre, dans ses excursions sur terre, le naturaliste Lesueiir. Comme le vaisseau terminait son voyage aux terres australes, et se disposait à revenir en France, l'équipage consentit à laisser Tropique à l'île Maurice, chez l'un des habitants où il avait été bien reçu; mais, le Chien ayant trouvé moyen do s'échapper, vint à la nage rejoindre une- première fois le bâtiment, éloigné de la cote d'une demi-poiléc de canon. On le rendit à son nouveau maître, et, le dépari approchant, on changea de mouillage, et on alla se placer dins la grande rade, à environ une lieue du l'oiid du port, dans l'endroit où les bâtiments prêts à partir ont coutume de faire leurs dernières dispositions. Tropique, s'étant encore échappé, nagea d'abord du côté où il avait trouvé la corvette une première fois; mais, ne l'y ayant pas rencontrée, il vint, par un prodige d'intelligence et de courage, la rejoindre à une aussi grande distance. On l'aperçut de loin, se reposant de temps en temps sur les bouées ou bois llottantsdestin'sâ marquer l'entrée du chenal. On le v,t redoubler de force et d'ardeur dès qu'il put entendre la voix des personnes du bâtiment; et, ceUe lois du moins, son atlaclicmcnt reçut sa juste récompense; on le gardi à bord Arrivée au Havre, d'où elle était partie (U HISTOIRE NATUUEMi:. Un idilique plusieurs débris fossiles qui peuvent se rapporter au Chien ordinaire, Caiiis fnniilidii.s, mais l'on comprend, lorsque Ton étudie l'ostéoloi^ie du Loup, si voisine de relie du Chien, eombien il est diflieile d'assurer positivement que ees débris appartiennent plutôt à l'une qu'A l'autre de ees deux espèces. .■i'^:'A .,t«( Ksper le premier, dés 1772. dit que les crânes d'Ours et de Loup des cavernes de Franconie étaient mêlés avec des crânes de Chiens de même grandeur et d'autres plus petits. Il en est de même de MM. Marcel De Serres, Dubreuil et .lean-Jean, pour des fragments de mâchoires supérieures et infé- rieures trouvés dans des cavernes des environs de Montpellier. Mais c'est principalement M. Schmer- ling, en 1853, qui a démontré l'existence du Ciiien domestique à l'état fossile*: les débris (ju'il in- dique consistent dans une tête presque entière et dans plu.sieurs os des membres, et ont été trouvés avec des ossements d'Ours, d'Hyènes et de Chats dans des cavernes des environs de Mége, et qui se trois ans auparavant, la corvette l'ut désarmée, l'élal-major logé à terre, et peu à peu le bJliment devint désert. Tropi- que all.iil et ven.iit pendant tous ces travaux, suivirit (oiir à tour IjCSiieur ou ses com|iaf!nons, mnis ne manquant jamais de revenir à bord le soir ou à l'heure des ripas. Cicnlol il ne resta sur la corvette qu'un seul gardien inconnu à Tropi- que; il devint alors trisie et rêveur. I.csueur mit tout en œuvre pour se l'allaclier et l'cmpèclier de retourner tous les soirs à bord. Il ne put y réussir. Un jour, l'on cliangei de place la corveUe, qui fut amenée dans le bassin intérieur du port; Tropique, à son retour, ne l'ayant pns trouvée, passa la nuit sur un ponton qiii avait été placé entre la terre et le bâtiment. Il y demeura encore la journée du lendemain jusqu'au soir, qu'élonné de ne l'avoir point vu, Lesucur alla le clierclicr. Tout son extérieur était changé, il avait perdu .sa gaieté; craintif, la této et la queue basses, navaii(;ant plus qu'avec lenteur, les regards tristes, abattus, tout indiquait chez lui le plus violent chagrin. Ce fut en vain que Lesueur pressa le Chien dans ses bras, l'appela de la voix, et qu'il cherclia à le distraire par ses caresses, par ses attentions: tout l'ut inutile. Tropique retournait constamment sur le ponton ; enfin, il refusa toute espèce de nourriture, et le malheu- reux, les yeux lixés sur l'endroit où avait été la corvette, expir.i bientôt » CARNASSIERS. 05 nipporient à iin animal plus faible que ne l'est le Loup, et au coiilraiie plus grand que ne Test le Re- naid. On peut encore signaler deux crânes donnés comme fossiles, l'un imprégné d'oxyde de cuivre et trouve dans un bain, à Antemina, par M. Pentland, et l'autre provenant des tourbières d'lo?onne, près de Château-Thierry, découvert par M. Roblaye, et dont la taille trés-pelite et la forme dehi^^tèiè sont tout à fait semblables â ce qui existe dans la race des Dogiiius. A ces débris fossiles, qui semblent se rapporter au Chien domestique, on pourrait probablement eu joindre quelques autres avec lesquels on a cru devoir faire des espèces particulières; nous revien- drons sur ce point en terminant l'histoire du genre des Chiens. Fijï -M . — l.oiip (k* Siininlr;i. II. V.SVi.Œ IIKIIIOPE. 2. i,m:i' COMMUN. CAMs ;.r/'c.s- i.mjiio. 'l'ypc liu j^i'iirc iujnix. II. Siirilli. Cahactères si'Écifiques. — Tète grosse, oblongue, terminée |iar un museau effilé; plus semblable, pour la taille et les formes du corps, au Matin qu'à aucune autre race de Chiens domesiiques, mais ayant le eoriis un peu plus gros et les jambes plus courtes, le crâne plus large, le front moins élevé, le museau un peu plus court et plus gros, les yeux plus petits el plus éloignés l'un de l'autre, avec 1 ouverture des paupières plus oblique; h s oreilles plus courtes et droites; la queue grosse, touffue, droite, pendante derrière le corps; pelage d'un gris fauve, composé de |i(iils 'lout les |)lus longs sont blancs à la racine, noirs un peu au-dessus, ensaite fauves, puis blancs et noirs â rexlrémile. crux de la 00 lIISTOmE NATimELLE. lèto, au devant de rouvorliiro dos oreilles, roux du cou et de la partie antérieure du dos, des fesses et de la queue étant les plus lonç;s et ayant jusqu'à 0"',I4, les autres beaucoup plus courts, princi- pidi'meiit sur le museau et sur les oreilles : tous tes ])oils étant fermes et durs, et recouvrant un l'culre ])lus doux et de coulei.i' cendrée; une bande obliipie n(]ire sur le poignet des jambes de devant dans les individus adultes; museau noir. Quelquefois, par albinisme ou par vieillesse, certains indi- vidus sont presque entièrenieul blancs, ainsi que cela a également lieu pour quelques-uns de ceux qui liabitent les réi;ions septentrionales. l,ongueur totale, mesurée depuis le bout du museau jusqu à Torii^'ine de la ([ueue : l"',lf5; liauteiu- au train de devant : 0"',80; à celui de derrière : 0"',7Jj; tou- tefois la taille varie beaucou]), et il paraîtrait (pie les individus qui habitent les contrées septentrio- nales sont plus grands que ceux qu'on trouve dans les régions méridionales. liuffon nous a tracé un tableau exact en beaucoup de points des mœurs de cette espèce du genre (lliien. n Le Loup, dit-il, est l'un de ces animaux dont l'appétit pour la chair est le plus véhément; et, quoiqu'avec ce goût il ait reçu de la nature les moyens de le satisfaire, qu'elle lui ait donné des armes, de la ruse, de l'agilité, de la force, tout ce qui est nécessaire, en un mol, pour trouver, atta- quer, vaincre, saisir et dévorer sa proie, cependant il meurt souvent de faim, parce que l'homme, lui ayant déclaré la guerre, l'ayant même proscrit en mettant sa tète à prix, le force à fuir, à demeu- rer dans les bois, où il ne trouve que quelques animaux sauvages (|ui lui échappent par la vitesse de leur course, et qu'il ne peut surprendre que par hasard ou par patience, en les attendant longtemps, et souvent en vain, dans les endroits où ils doivent passer. Il est naturellement grossier et poltron, mais il devient ingénieux par besoin, et hardi par nécessité; pressé par la famine, il brave le danger, vient attaquer les animaux qui sont sous la garde de l'homme, ceux surtout qu'il peut em|)ûrter aisc- ineut, con)me les .\gneaux, les petits Chiens, les Chevreaux; et, lorsque ('ette maraude lui réussit, il revient souvent à la charge, jusqu'à ce que, ayant été blessé ou chassé et maltraité par les hommes et les Chiens, il se recèle, pendant le jour, dans son fort, n'en sort que la nuit, parcourt la campa- gne, rôde autour des habitations, ravit les animaux abandonnés, vient attaquer les bergeries, gratte et creuse la terre sous les portes, entre furieux, met tout à mort avant d'' choisir et d'emporter sa proie. Lorsque ses courses ne lui produisent rien, il retourne au fond des bois, se met en quête, cherche, .suit à la piste, chasse, poursuit les animaux sauvages, dans l'espérance qu'un autre Loup pouria les arrêter, les saisir dans leur fuite, et qu'ils en partageront la dépouille, tlufin, lorsque le hi'soin est extrémi>, il s'expose à tout, attaque les femmes et les enfants, se jette ménu' (pielqiu'fois sur les hommes, devient furieux par ses excès, qui linissent ordinairement par la rage et la mort. Il Le Loup, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, ressemble si fort au Chien, qu'il parait être modelé sur la même forme, cependant, il n'offre tout au plus que le revers de l'empreinte, et ne présente les mêmes caractères que sous une forme entièrement opposée; si la forme est semblable, ce qui en ré- sulte est bien contraire; le naturel est si différent, que non-seulement ils sont incompatibles, mais auiipalhiqnes par nature, ennemis par instinct. Un jeune Chien frissonne au premier aspect du Loup, il fuit à l'odeur seule, qui, quoique nouvelle, inconnue, lui répiigne si fort, qu'il vient en tremblant se ranger entre les jambes de son maître ; un .Matin qui connaît ses forces se hérisse, s'indigne, l'at- ta(pie avi'c courage, tâche de le mettre en fuite, et fait tous ses efforts poui' se délivrer d'une pré- sence qui lui est odieuse; jamais ils ne se rencontrent sans se fuir ou sans combattre, et combattre à outrance, jusqu'à ee que la mort suive. Si le Loup est le plus fort, il déchire, il dévore sa proie; le Chien, au contraire, jjIus généreux, se contente de la victoire, et ne trouve pas que le corpx d'nu ennemi inori senle bon; il rabandoiiiie pour servir de pâture aux Corbeaux, et même aux autres Loups; car ils s'entre-dévoreut, et, lorsqu'un Loup est grièvement blessé, les autres le suivent au sang, et s'attroupent pour l'achever. « Le Chien, même sauvage, n'est pas d'un naturel farouche; il s'apprivoise aisément, s'attaehe et demeure fidèle à son maître. Le Lou]), pris jeune, se prive, mais ne s'attache point, la nature est plus forte (pie l'éducation; il reprend avec l'âge son caractère féroce, et retourne, dès qu'il le peut, à son état sauvage. Les l'.hieus, même les plus grossiers, clierclient la compagnie des antres animaux, ils sont naturellement portés à les suivre, à les accompagner, et c'est par instinct seul, et non par éducation, qu'ils savent conduire et garderies troupeaux. Le Loup est. au contraire, l'ennemi de toute société, il ne fait pas même compagnie à eeu\ de son espèce; lorsqu'on les voit plusieurs en- semble, ce n'est point une société de paix, c'est un attroupement de guerre, qui se fait à grand bruit, Cli.il l.yiiv. l'rolrlc lie nehil.iiiclr. l'I. !). CARNASSIERS. C7 ;iv('(! (losliui'lonipnls nffreux, et qui dénoltMin iirojci d'attaquei' (|iiel(|ue gros ai)inuil, comme un Ceif, un l'œuf, on se tlél'aii'e de quelque redoulable Màtiu. Ités que leur expédition militaire est eiuisommée, ils se séparent, et relnurnenl en silenee à leur solitude. Il n'y a pas même une afrande liabiludr' entre le mâle et la femelle; ils ne se cherchent qu'une fois par an, et ne d<'meurent que peu de temps en- semble. C'est en hiver que les Louves deviennent en chaleur : plusieurs mâles suivent la même femelle, et cet attroupi'ment est encore plus sanguinaire que le premier, car ils se la ilis|)uleut cruel- lement; ils içrondeut, ils frémissent, ils se battent, ils se déchireul. et il arrive souvent (prils mettent eu pièces celui d'entre eux qu'elle a préféré. Ordinairement, elle fuit longtemps, lasse tous ses asjji- laiits, et se dérobe, pendant qu'ils dorment, avec le plus alerte ou le mieux aimé. . Le temps de la gestation est d'environ trois mois et demi (1), et l'on trouve des Louveteaux nouveau-nés depuis la fin d'avril jusqu'au mois de juillet... Lorsipie les Louves sont prêtes à mettre bas, elles chenhent, au fond du buis, un fort, un endroit bien fourré, au milieu duquel elles aplaiii.s^enl un espace assez considérable en cou|)ant, en arrachant les épines avec les dents; elles y apportent ensuite une grande quantité de mousse, et préparent un lit commode pour leurs petits; elles en font ordinaire- ment cinq ou six, quelquefois se|)t, huit, et même neul, et jamais moins de trois; ils naissent les yeux fermés C(jmme les Chiens; la mère les allaite ])eiidaut quelques semaines, et leur apprend bientôt à manger de la chair, qu'elle leur prépare en la nuiehant. Quelque temps après, elle leur apjiorte des Mulots, des Levrauts, des Perdrix, des volailles vivantes; les Louveteaux commencent par jouer avec elles, et finissent par les étrangler; la Louve, ensuite, les déplume, les écorehe, les déchire, et en donne une part ;i chacun. Ils ne sortent du fort où ils ont pris naissance qu'au bout de six semaines un deux mois; ils suivent alors leur mère, qui les mène boire dans quelque tronc d'arbre ou à quelque source voisine; elle les ramène au gite, ou les oblige ;i se receler ailleuis lorsqu'elle craint (jueliiue dantçer. Ils la suivent ainsi pendant plusieurs mois. Quand on les attaque, elle les défend de toutes ses forces, et même avec fureur; quoiqiu' dans les autres temps elle soit, comme toutes les femelles, jdiis timide que le mâle, lorsqu'elle a des petits, elle devient intrépide, sendjle ne rien craindre pour elle, et s'expose à tout pour les sauver : aussi ne l'abandonnent-ils que quand leur éducation est faite, (piaïul ils se sentent assez forts pour n'avoir plus besoin de secours; c'est ordinairement à dix mois ou un an, lorsqu'ils ont refait leurs premières dents, et lorsqu'ils ont acquis de la force, des armes, et des talents pour la rapine... Les mâles et les femelles sont en état d'engendrer à l'âge d'en- viron deux ans. i( Le Loup a beaucoup de force, surtout dans les parties antérieures du corps, dans les muscles du cou et de la mâchoire. Il porte avec sa gueule un Mouton, sans le laisser toucher à terre, et court en même temps plus vite que les bergers, en sorte qu'il n'y a que les Chiens qui puissent l'atteindre et lui faire lâcher prise. Il mord cruellement, et toujours avec d'autant plus d'acluirnemenl qu'on lui résiste moins, cai' il prend des précautions avec les animaux qui peuvent se défendre. Il craiiii pour lui, et ne se bat que par nécessité, et jamais par un mouvement de comage. Lorsqu'on le tiie, elciue la halle lui casse quelque membre, il crie, et ce|)endanl, lorsqu'on l'achève à coups de hàt(Ui, il ne se |ilaint pas comme le Chien; il est plus dur, moins sensible, plus robuste; il marche, (ourt, n'ide des jours entiers et des nuits; il est infaligahle, et c'est pent-èlrc de tous les animaux le plus diflicile à forcer à la course. Le Chien est doux et (-puragi'ux; le Loup, quoique féroce, est timide. Lorsqu'il tombe dans un piège, il est si fort et si longtemps épouvanté, qu'on peut le tuer sans qu'il se dé- fende, ou le prendre vivant sans qu'il résiste; on peut lui mettre un collier, l'enchaîner, le museler, le conduire ensuite partout où l'on veut sans qu'il ose donner le moindre signe de colère ou même de mécontentement. Le L(uip a les sens Irès-buns, l'œil, l'oreille, et surtout l'odorat; il sent souvent de plus luin ([u'il ne voit; l'odeur du carnage l'attire de plus d'une lirue, il sent aussi de loin les ani- maux vivants; il les chasse même assez longtemps en les suivant aux portées... Il préfère l,i chair vi- vante à la chair morte, et cependant il dévore les voiries les plus infectes : il ainu' la chair humaine. ays pour se delendre des Loups. Dans les canqiagnes, on fait (I) Il |>:ir,iil, nnlgré ce i|uVti (til HnHoii cl d'après ilcs expériences récentes, que h gcsI.Tlion, de irièine que poul- ies CideiK, ne srrail ijne de suixaiile-Irois jours. C8 HISTOIRE NAÏURELLi:. des battues à force d'hommes et do M'itins, on tend des pièges, on présente des appâts, on fait des fosses, on répand des boulettes empoisonnées; et tout eela n'empèehe pas que ces animaux ne soient toujours en même nombre, surtout dans les pays où 11 y a beaucoup de bois. Les Anglais préten- dent, toutefois, en avoir purgé leur île... Les princes ont des équipages pour la chasse du Loup, et cette cha.^se, qui n'est point désagréable, est utile, et même nécessaire. (( En Orient, et surtout en l'erse, on fait servir les Loups à des spectacles pour le peuple; on les exerce de jeunesse à la danse, ou plutôt à une espèce de lutte contre un grand nombre d'hommes. On aciiète jusqu'à cinq cents écus, dit Chardin, un Loup bien dressé à la danse. Ce fait prouve au moins qu'à force de temps et de contrainte ces animaux sont susceptibles de quelque espèce d'éducation. J'en ai fait élever et nourrir quelques-uns chez moi ; tant qu'ils sont jeunes, c'est-à-dire dans la pre- mière et la seconde année, ils sont assez dociles, ils sont même caressants, et, s'ils sont bien nourris, ils ne se jettent ni sur la volaille, ni sur les autres animaux; mais, à dix-huit mois ou deux ans, ils reviennent à leur naturel; on est forcé de les enchaîner pour les empèclicr de s'enfuir et de faire du mal... Il n'y ;i rien de bon dans cet animal que sa pe;iu; on en fait des fdurrures grossières, qui sont chaud(^s et durables. Sa chair est si mauvaise, qu'elle répugne à tous les animaux, et il n'y a que le Loup qui mange volontiers du Loup. Il exhale une odeur infecte par la gueule ; comme pour assou- vir la faim il avale indistinctement tout ce qu'il trouve, des chairs corrompues, des os, du poil, des peaux à demi tannées et encore toutes couvertes de chaux, il vomit fréquemment, et se vide encore plus souvent ([u'il ne se remplit. Enlin, désagréable en tout, la mine basse, l'aspect sauvage, la voix effrayante, l'odeur insupportable, le naturel pervers, les mœurs féroces; il est odieux, nuisible de son vivant, inutile après sa mort. » Fil. 42. — Acuara de Falldand. Le long passage que nous venons de tran.scrire fait bien connaître les mœurs du Loup, cepen- dant r.iitVon a ex;igèn' quelques pninis de son histoire, et a cherché à niontrer des différences tn.|> CARNASSIERS. C9 considérables entre le Chien el le Loup. Toutefois, il est Irès-probable que le premier ne descend pas (lu second, ainsi qu'on l'a pensé pendant lonstemps, ou qu'on le pense même encore; une preuve que liuffon en donne, t'est que la Louve et le Ciiien, ou le Liiup et la Chienne, n'ont jamais pu pro- duire ensemble; mais ce fait ne peut cependant plus être admis aujourd'hui, et les naturalistes rapportent que ces animaux peuvent se rapprocher, et qu'il en résulte des métis, qui pourraient eux-mêmes se re- produire. Les Loups ont plus de courage que ne leur en a accordé notre illustre naturaliste; ils sont, entre eux, plus sociables qu'il ne l'a dit, et ils peuvent se familiariser plus qu'on ne l'a prétendu. F\". 43 — Chacal de Nubie. A ce sujet, qu'il nous soit permis de rapporter ce qu'en dit Fr. Cuvier. « Le Loup. |)iis jeune, s'appi'ivoise aisément; il s'attache à celui qui le soigne, au point de le reconnaître après |ilus d'une année d'absence. C'est un fait dont j'ai été le témoin, et le Lou]) qui l'a présenté avait été doue d'uii caractère assez heureux pour que l'âge n'eût apporté aucun changement dans sa conliante el sa fami- liarité. On ne saurait trop le répéter, il ne faut point juger les dispositions naturelles des animaux d'après quelques individus seulement, et il faut toujours avoir égard aux circonstances dans lesquelles leur race se trouve. Au reste, on doit admettre qu'en général aucun animal n'est privé de la faculté de s'apprivoiser, et n'a un caractère absolument inlrailahle. Tous les animaux, ainsi que nous, aiment le bien et fuient le mal, et ils n'apprennent à connaître positivement l'un et l'autre que par expé- rience. Si les hommes leur font du bien, ils s'y attachent, autant qu'il est en eux de s'attacher; dans le cas contraire ils les fuient; et, si quelques individus refusent longtemps de s'apprivoiser, c'est que le sentiment de la déliance, qui est naturel ;'i tous les animaux, et qui est un des dons les i)lus |)re- cieux que la nature leur ait accordes, est trop fort pour que le bien qu'on leur fait puisse être facile- ment senti par eux; mais jamais leur férocilc n'est absolue. Lorsqu'on a voulu établir ce fait |)our quelques espèces, et même pour celle qui nous occupe, on n'a pas senti qu'un animal qui serait dans 70 iiisTnir.E NATi ii!:i.i.i'; celte (lisposiiimi |ii'i'irail itifiiilliblcmciit ; l'Iiomnie nVsl |Hiiir lui (|iriiii èlri', (iimmi' tous les autres êtres (le la nature; rint)i(issil)ilite absolue de s'habituer avec lui eiitrainerail celle de s'habituer avec les autres. Et eomnient un animal qui serait perpétuellement dans un état de deliance absolue pour tout ee qui l'environnerait pourrait-il exister? n Ajoutons que Kr. Cuvier, à propos de la l'aniiliarité de quelques Loups, a donné l'histoire de deux de ces animaux, qui vivaient ù la ménai^erie du Muséum, et qui ont montré pour leur maître un attachement aussi p;rand, aussi passionné qu'aucun Chien ait pu lépronver. L'un d'eux, le seul dont nous voulions parler, ayant été jiris fort jeune, fut élevé de la même manière qu'un Chien, el devint familier avec toutes les personnes de la maison; mais il ne s'attacha d'une affection très-vive qu'à son maître : il lui montrait la soumission la plus entière, le caressait avec tendresse, obéissait à sa voix, et le suivait en tous lieux. Celui-ci, oblii^é de s'absenter, en lit présent ù la ménai^erie du Muséum, et l'animal souffrit de cette absence, au point qu'on craii^nit de le voir mourir de chai,'rin. Pourtant, après plusieurs semaines passées dans la tristesse, et presque sans prendre de nourriture, il reprit son appétit ordinaire, et l'on crut qu'il avait oublié son ancienne affection. Au bout de dix- huit mois, son maître revint au Muséum, et, perdu dans la foule des speclaleurs, il s'avisa d'appeler l'animal. Le Loup ne pouvait le voir, mais il le reconnut à la voix, cl aussitôt ses ('ris el ses uKuive- ments désordoniu\s annoncèrent sa joie. On ouvrit sa loi(e; il se jeta sur son aiu'icn ami, el le cou- vrit de cares.ses, comme aurait pu le faire le Chien le plus lidéle et le plus attaché. Mallieureuscnu'iii il fallut encore se séparer, et il en résulta pour ce pauvre animal une maladie de lanj^iuMir plus lun- i;ue que la première. Trois ans s'écoulèrent; le Loup, redeveuu i^ai, vivait en très-bonne inlclliiicucc avec un Chien, son compayiion, et caressait ses gardiens. Son ancien maître revint encore; c'elait le soir, cl la ménagerie était fermée. 11 l'entend, le reconnaît, lui répond par ses hurlemenl-s, et fait un tel tapage, qu'on est obligé d'ouvrir. Aussitôt l'animal redouble ses cris, se i)récipite vers son ami, lui pose les pattes sur les épaules, le caresse, lui lèche la figure, el menace de ses formidables (lents ses propres gardiens, qui veulent s'interposer. Eulin, il fallut bien se (piitter. Le Lou|), ti'iste, immobile, refusa toute nourritun^; une profonde mélancolie le lit tomber malade; il maigrit, ses poils se hérissèrent, se ternirent; au bout de huit jours, il était méconnaissable, el l'on ne douta pas qu'il mouriU. Cepciidant, à force de bons tiaitements et de soins, on parvint à lui conserver la vie; mais il n'a jamais voulu, depuis, ni caresseï' ni souffrir les caresses de personne. Disons encore, el cela avec la plupart des auteurs modernes, que c'est surtout pendant la nuit que le Loup affamé oublie sa prudence ordinaire pour montrer un courage qui va jusqu'à la témérité. Rencontre-t-il un voyageur accompagné d'un Chien, il le suit, s'en approche peu à peu, se jette tout à coup sur l'animal effrayé, le saisit même auprès de son maître, l'emporte, et disparaît. On en a vu souvent suivre un cavalier pendant plusieurs heures, dans l'espérance de trouver un mo- ment propice pour étrangler le cheval et le dévorer. On sait, en outre, la poursuite que les Loups, réunis, font dans le Nord aux traîneaux qui emportent des voyageurs. Si, pendant la nuit, le Loup peut se glisser dans une bergerie sans être découvert, il commence par étrangler tous les Moulons les uns après les autres, puis il en emporte un et le mange. H revient en chercher un second, qu'il cache dans lui hallier voisin, puis un troisième, un quatrième, et ainsi de suite, jusqu'à ce que le jour vienne le forcer à battre en retraite. Il les cache dans des lieux différents, et les recouvre de feuilles sèches et de broussailles; mais, soit oubli, soit défiance, il ne revient (|ue rarement les cher- cher. En plein jour même, lorsqu'il est (iressé par la faim, il oublie toule ])iu(lcnce, cl se livre par- fois à l;i chasse. Alors il parcourt la campagiu', s'approche d'un trou]ieau :ivec |irécaulion pour n'être pas aperçu avant d'avoir marque sa victime, s'élance, sans hésiter, au milieu des Chiens el des bergers, -saisit un Mouton, l'enlève, l'emporte avec une légèreté telle, qu'il ne peut être atteint que par les Chiens, et sans avoir la moindre crainte de la poursuite qu'on lui fait, ni des clameurs dont ou l'acconipagiu". Ouelquefois, il emploie la ruse, et nous citerons à ce sujet des faits dont .M. lîoilard assure avoir ele té- moin. « Si un Loup, dit-il. a découvert un jeune Chien inexpérimenté dans la cour d'une grande ferme iiolée, il s'en approche avec effronterie jusqu'à portée de fusil; il prend alors différentes altitudes, fait des courbettes, des gambades, se roule sur le dos, comme s'il voulait jouer; mais, quand le jeune novice se laisse aller à ces troni]ieuses amorces et s'approche, il est aussit('il saisi, étranglé, el en- traîné dans le bois voisin pour être dévoré. Lorsqu'un ('hien de basse-cour est de force à disputer sa vie, deux L lups se n unissent, et savent fort bien s'cnleiiiirc pour ralliicr ihins un |iicge; l'un se un 1 CARiNASSIEUS. M cil embuscade et attend; l'autre va rùdiT aiilniii' de la ferme, se f;iil poursuivre par le Malin, l'allire ainsi jusqu'auprès de Tembuscade. puis tous deux se jeltent à la l'ois sui' le malheureux Chien, qui lombe victime de son courai,'e et de la pcriidie de ses ennemis, n Le Loup existe dans toute l'Europe^, excepté dans les iles liritaniiiques, où il a été détruit; il habile aussi le nord de l'Asie, de I Amérique, et il est à croire qu'il a pénétré de l'ancien dans le nouveau continent par les glaces du Kamtclialka. '^^t;.;T;: ripr. 44. — Cliacil du Sénégal. On a donné la description d'assez nombreux ossements fossiles qui doivent être rapportes au Loup, et que l'on nomme, en général, d'après M. Goldfuss, Canh spcUrns. Espcr, le |.rem:cr, ni 772, en a indiqué des os fossiles dans les cavernes de Franconie et dans celles de Gaylenreulli. M. (.oldluss, en 1 8'25 avant soumis à un examen scrupuleux une tète presque entière et parfaitement .onservee, pro- venant .les mêmes cavernes, a cru devoir l'en distinguer sous le nom de Canh speln-ns, que nous avons cité, donnant comme une dilTerencc principale ,p.e la crétc .sagitlah' s'clève davauti.ge en g.-neral, et en même temps plus vers sa partie postérieure que dans le Loup ordinaire. (,. Cuvier, ayant eu a sa disnosiiion plusieurs pièces de ce même carna.ssier, soit en dessin, soit en nature, a également con- clu quuue espè.e de Loup a existé, non-seulement dans les cavernes, mais aussi dans les terrains diluviens avec des restes d'Ours, d'Hyènes et d'Éléphants, et, considérant la brièveté plus grande ,lu museau, il semble la regarder comme din'eraut du Can.s lupus. M. Schmerling a posil.vement ad- mis leur identité pour des débris trouvés dans les cavernes des environs de I'H-.^'N «-l 'I ''■"^st ae même pour une mandibule i;arnie de ses dents, trouvée dans la caverne de Lunel-Viel, et etu. le. par MM Marcel de Serirs, Dubreuil et Jean-Jean. Enfin, De Blaiuvillc est arrivé au même résultai ll'apiès les pièces fossiles nombreuses .le la galerie d'aualomie comparée et de I'«l;'0'nologie du Muséum, et qui consistaient en des osscnicnls fossiles provenant de h caverne de hent. près de Torquay, en An^deterre; de .dUs de (laylciMculh; de S.iils. dans 1,, Uiareule Inférieure. 72 HISTOIRE NATURELLE. (1p Caïîliari, en Sanhii.^'ne; d'iinp brèclH' ciihaiic île Milliiie de Nonlron, (léparlement de la Flor- doi;iie; des environs d'Abbeville; de terrains de diluviiim en AUenia-ne, en lliilie, en Ani;lelerre et en France, etc. Quant au Ciiuis .ipelœiifi minor de M. Wagner, il semble ne pas différer non |)1ms du Loup ordi- naire. 3. LOUP NOIR. Puffon. rAMS LYCAOX. Linné. CvnACTÈREs si'ÉciFiQOES. — De même grandeur que le Loup ordinaire, mais avec des formes plus légères, plus élancées, des yeux plus petits et plus rapprochés, des oreilles plus éloignées, et sur- tout un pelage d'un noir profond et uniforme. Le Loup noir habite principalement la Russie et le nord de l'Europe, mais on le trouve également dans les hantes montagnes de la France, et aussi, assurc-t-on, dans rAméri(ine seplentrionnie, au Canada, à moins que les Loups qui habitent dans ce pays ne constituent, ainsi que cela est possible, une espèce particulière. On dit que cet animal est beaucoup plus féroce que le Loup ordinaire. Ce Carnassier conslilue-t-il bien réellement une espèce distincte du Loup, ou ne devrait-il pas en être regardé comme une variété atteinte de mélanisme .' Ce fait probable n'est pas dcmonirc jusqu'ici; mais, ce qui tendrait à le faire croire, c'est que les deux individus que la ménagerie du Muséum a possédés ont produit des petits dont le pelage, loin d'être noir, tendait, pour la coloration, à se rap- procher de celui du Loup ordinaire. Le Loup noir pourrait être placé aussi parmi les espèces américaines. Nous verrons plus tard une autre espèce, le Chacal, qu'on rencontre aussi en Europe, mais que nous rangeons plutùt avec les espèces africaines, parce qu'il est plus commun que partout ailleurs dans cette partie du monde. m. ESPÈCES D'AMÉRIQUE. 4. LOUP ODORANT. r;4A7S NVBIU'S. S.iy Caractèhes spécifiques. — Plus grand que le Loup ordinaire; pelage obscur, pommelé à sa partie supérieure, gris sur les flancs; exhalant une odeur forte, fétide et caractéristique. Cet animal, qui n'est peut-être qu'une variété du Loup ordinaire, est robuste, d'un aspect redou- table, et habite les plaines du Missouri, dans l'Amérique du Nord. Il vit en trpupes nombreu.ses. chasse les Ruminants, et attaque même le Rison quand il le trouve éloigné de son troupeau. Les ha- bitants du pays où on le rencontre le redoutent, et, quand ils l'ont tué, s'en fout un trophée. 5. LOUP DES PRAIRIES. CANIS LATIlAyS. llarlan. Caractères spécifiques. — De la taille du précédent; pelage d'un gris cendré, varié de noir et de fauve cannelle terne, présentant sur le dos une ligne de p.iils un peu plus longs que les autres, et formant comme une courte crinière, avec les parties inférieures du corps plus pâles que les supé- rieures, et une queue droite. Cette espèce est signalée comme propre à la Colombie; elle est moins carnassière que les précé- dentes, car, ;1 une nourriture animale elle mêle une alimentation végétale consistant en baies ou en CARNASSIEUS. 75 fruits. Ce Loup vit en troupes composées quelquefois de plus de cinquante individus associés pour I.i (liasse, l'attaque et la défense, aguerris, et soumis à une sorte de tactique régulière. C'est le type de la section des Lijcisni.i de M. II. Smith. Fig. 45. — Loup d'Amérique. C. LOUP ROUGE. CANIS JVBATUS A.-G. Desmarest. Cabactèhes spécifiqdes. — Couleur générale d'un roux foncé, qui devient très-clair sur les parties inférieures, et presque blanc à la queue cl dans l'intérieur des oreilles; une tache blanche, entourée d'une autre tache foncée, au-dessous de la tète; extrémités des quatre pieds et haut du museau noi- râtres; une sorte de crinière composée de poils dont la dernière moitié est noire, parlant de l'occi- put ets'élendant tout le long du dos; poils du corps assez longs, et ayant jusqu'à près de ()"',G sur la croupe; celui de la queue un peu touffu, un peu plus long que relui du corps. Longueur du corps : l^SO; de la queue, 0"',40. Cette espèce habite le Paraguay. Elle se tient dans les lieux bas et marécageux, vil solitaire, ne sort de sa retraite que pendant la nuit, nage facilement, et se nourrit de petits animaux. Klle chasse à la piste, et est très-courageuse. La femelle, qui ne diffère pas du mâle, et a six mamelles de cha- que cùté du ventre, met bas ses petits vers le mois d'aortt, et en fait, dit-on, trois ou qualic par portée. Son cri consiste dans les sons guu-a-a, qu'il répète plusieurs fois, et en les traînant, et il le fait entendre de très-loin. 7. LOUP Dt MIÎXIQUE. CAMS MEXICANUS. Linné. CAiiACTÈnEs SPÉCIFIQUES. — De la grandeur du Loup ordinaiic, mais ayant la tète plus grosse à 74 HISTOIRE NATURELLE. proportion; yeux hagards ri étincelants; oreilles longues, droites; cou gros, ^pais; pelage cendré, varié de taches fauves; plusieurs bandes noirâtres s'etendant de chaque côté du corps, depuis l'épine du dos jusqu'aux flancs; moustaches roides, implantées sur la lèvre supérieure, variées de gris et de blanc. Habile dans les régions chaudes de la Nouvelle-Espagne, cl semble moins farouche que les pré- cédents. jjSCi Fig. 46. — Caygolle de Mexico. 8. CHIEN ANTARCTIQUE. CAMS AKTARCTICVS. Sli.iw. Caractères spécifiques. — Formes et proportions analogues à relies du Loup, mais de taille plus petite; pelage d'un gris brun roussfttie, compose di' poils aiinelés Hc fauve et de noir; gorge d'un blanc sali; poitrine brunâtre; ventre et intérieur des membres d'un jaune pâli; queue longue, musse à la base, noire vers ses deux tiers supérieurs, et blanche à son extrémité; oreilles de la coulenr du dos. Celle espèce, Ijpe de la section des iJu.sicijon de M. 11. Smith, se rapporte très-probablemeiil au Canh cnlpœits de Molina; i! habite les îles Malouines. Il se fait des terriers dans les dunes: sa voix ressemble â celle du Chien ordinaire, mais elle est plus faible. Sa nourriture consiste principalement en Oiseaux. CARNASSIERS. 75 9. CHIEN CRABIEIÎ ou KOUPAHA. CAMS CAKCRIVOIIUS. El. Geoffroy S.inl-Ililaire. Cabactèpes spécifiques. — Grandeur du corits et formes générales analogues à celles du Chien (le berger: muse;iii assez lin; prlage cendré et varié de noir en dessus; parties inférieures d'un lilane jaunâtre; oreilles brunes; eùle du cou, derrière les oreilles, fauve; taises et bout de la queue noirâtres. Celte espèce, que quelques auteurs regardent comme ne constituant qu'une simple race du Cliien ordinaire, a reçu successivement les noms de Cliint des bois île Caijenne, lîuffoii; Can'is liions, Linné, et Canis cavurvorus. Jardine, et est le type de la section des Cenlociion, 11. Smith. Elle ha- bite la Cuvaiie et le Brésil; elle fait sa pioic des Agouli>--, des Pacar-, etc., et mange aussi des fruits; elle va par petites ti'oupes de six à sept individus. Une autre espèce, particulière à l'Amérique, est le Canis ocliropits, Eschschoitz, propre à la Cali- fornie, dont nous ne nous occuperons pas, parce qu'il n'est pas encore complètement connu. IV. ESPÈCES D'ASIE. 10 LOUP Dli JAVA. CAMS JAVANUS. A. -G. Desm.ircst. CAnACTÈnES SPÉCIFIQUES. — Oreilles proportionnellement plus courtes que dans le Loup didiiiaire; pelage d'un brun fauve, qui devient noirâtre sur le dos, aux pattes et à la queue. Cette espèce, qui provient de l'île de Java, n'est connue que par la phrase que nous avons < opiée d'après Fr. Cuvier, et ne peut pas encore être détinilivement admise. tl, GORSAC ou AUiVE. CANIS COKSAC. Linné. Caiiactères spécifiques. — Pelage d'un gris fauve uniforme en dessus, d'un blanc jaunâtre en dessous; membres fauves; queue très-longue, touchant la terre, noire à l'extrémité; de petite taille, car la longueur de la tète et du corps ne dépasse pas 0'",h(), et celle de la queue O^.SG; c'est-à-dire qu'il est plus petit que le Renard, et à peu près de la taille de notre Chat domestique. Le Corsac est le type de la section des Cipialnpcx de .M. II. Smith; il habite les déserts de la Tar- tarie, et se retrouve dans l'Inde. Il vit par troupes dans les steppes déserts et couverts de bruyères, où il est sans cesse oi'cupè à chasser les Oiseaux, les Rats, les Lièvres et antres petits animaux. Sa voix, qu'il fait entendre la nuit, est moins glapissante que celle du Chacal. L'accouplement a lieu au mois de mars; la femelle met bas, au mois de mai, de cinq à six petits. D'après G. Cuvier, le Cor- sac ne boirait pas; mais ce fait, qui semble étrange, est-il bien avéré"; Ce joli animal, aujourd'hui si peu connu en France, a été néanmoins fort commun â Paris sous le régne de Charles IX, parce qu'il était de mode, chez les dames de la cour, d'en avoir au lieu de Chiens ordinaires; on le désignait sous le nom d'.4(/icc, et on le faisait venir, â grands frais, de l'Asie. 12. KARAGAN. CAXIS KARÀOAy. VAhs. ' CAnACTÈnES spécifiques. — Un peu plus grand que le Corsac; pelage d'un gris cendré en dessus, d'un fauve pâle eu dessous. 76 IIISTOIUE NATURELLE Cet animal, qui a i'Ié confondu avpr le précédent, est probai)lcrnent le même que Y Isatis de Bulïon. Il est excessivement commun dans les vastes déserts de la Tarlarie, principalement sur les bords de l'Oural, ou il vit de la même manière que le Corsac. Les chasseurs Kiri,Mis lui fout une i^uerie inces- sante pour s'emparer de sa fourrure, qin est assez estimée, et ils apportent annuellement jusqu'à cinquante mille peaux de ces animaux à Oreiibourg. Le CiDiis nuliDwtiis de Pailas, propre aux environs d'Orenboiirg, n'en diffère peut-être pas. Il n'en est pas d(^ même du (Mnis /;(i//i/n«, Syke.s particulier au pays des Mahrattes. qui constitue une es- pèce bien caractérisée. Fig. 47. — Coi's..c. V. ESl'ÈCES D'AFUIQli:. 1r, CIIIK.N MliSOMliLAS. CAMS HIESOMELAS. Linné. Cabactères spécifiques. — Taille du Chacal; oreilles du double plus grandes que celles de cet ani- mal; poils du dos recouverts d'anneaux fauves, noirs et blancs, mais avec des annelures très-larges, d'oiî il résulte une teinte peu uniforme, et qui offre çà et hl des plaques irrégniiéres de blanc et de noir, tranchant enlièremenl entre elles; cette couleur du dos formant une plaque triangulaire, large aux épaules, et s'amincissant insensiblement jusqu'à la base de la queue, ou elle n'a plus que ii-'.C de largeur; queue de couleur fauve ou rousse, avec l'extrémité noire; lianes roux; mâchoire in- férieure, dessous du cou et de la gorge, poitrine et ventre blancs; pattes rousses tant en dedans qu'en dehors. CARNASSIERS. 77 Celte espèce habite le eap de Bonne-Esperance, mais on la rencontre aussi en Abyssinie dans le Sennaar et en Nubie; ses mœurs sont analogues à celles du Chacal. C'est probablement le tvoe de la section des Thous de M. H. Smith Ji >- '" V'i-f. 48. — Cliacnl Ju Cap. Une autre espèce, décrite récemment, et très-voisiisc de rclle-ci, est le Cnnis vuiicgaliis. itùp- |>rll, trouvé en Abyssinie, que M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire ne regarde que comme une simple \;iiiété du Chacal. 14. CIIII'.N ANTllUS. CAniS ASTIIVS. Tr Cuvicr. Caractèkes si'ÉciFlyuES. — De la taille du Chacal, mais ayaiil des proportions plus élégantes cl des tiirmes plus légères; jiclage gris, parsemé de quelqiu's taches jaunâtres en dessus, blanchâtres eu dessous; queue descendant jusqu'au talon, fauve, avec une ligne huigitudinale noire à la base, et quchpics poils noirs à la poiiiti^ Cet animal, que les voyageurs indiquent sous la dénomination de Chacal du Scnc(j(d, d'après le pays qu'il habite, n'est très-probablemiMit. ainsi que le pense M. Isidore Geoffroy Sainl-Ililaire. (pi'une simple variété de l'espèce suivante, c'est-à-dire du Canïs aureus. Il en diffère |)ar son odeur un peu moins forte; mais ses mœurs sontalisolumeul les mêmes. Kn captivité, ses habitudes sont assez douces, et sa voix est uii son prohuigè, et non pas un aboiement éclatant ciuunie celle du Chacal. 78 IIISTOIIŒ NATUllELLE. Une fi'nu'llt' de cette espèce vivait à la méuaijerie du Muséum; on mit avci' elle, dans la même caj,'e. un Chacal mâle de Tlnde, et ils ne montrèrent aucune répugnance l'un pour l'autre, ce qui n'arrive habiluellenient pas aux animaux d'espèces différentes quoique très-ra|iprocliées. Le 2(î décenilire, ils s'accouplèrent, et, le l" mars suivant, la femelle mit bas cinq petits, qui eurent les yeux fermés pen- dant dix jours. Deux seulement ont vécu, et, lorsqu'ils furent adultes, l'un était farouche, méchant, indomptable; l'autre très-doux et caressant. 15 CIIACAI, ou .l.\CKAI, f.l.V/.s' AUltl-VS. I.ifini'. Caractèhes spÉcii-iQUF.s. — Ycux très-petits; |)upilles rondes; pe!ai;e très-fourni; queue touffue comme celle du Renard; les poils .soyeux étant épais, durs, et d'une lonsçiieur moyenne, et les lai- neux en petite quantité; tête, eou, côtés du ventre, cuisses et face externe des membres et des oreil- les, d'un fauve sale; dessous et côtés de la mâchoire inférieure, bout de la lèvre supérieure, dessons du cou et du ventre, face interne des membres, blanchâtres; dos et côtés du corps, jusqu'à la cionpe, d'un gris jaunâtre qui tranche avec les autres couleurs environnantes; queue mélangée de poils fauves et de poils noirs, ces derniers dominant à son extrémité; muile et oui^les noirs; prunelles fauves. Longueur totale du corps. 0'"G8; de la tète, 0'",1(;; de la queue, 0"',20. Fil. 4 Le terrier du Renard est queliiuefois construit par lui, mais le plus souvent il s'empare du logis d'un lllaireau, ou même d'un Laiiin, et il l'elar,;;il et le dispose à sa convenance. Ce terrier est divisé ea 8i IllSTOllŒ NATlllŒLLi:. trois parties : la tiKiirc. près de l'eiitrfe; cVst 1;\ que la ft'iiielk' sf tien; qiifli|iii's inonu'nls fii em- liiiscade pour observer les environs avant d'amener ses petits jouir des douces influences de l'air et des rayons du soleil; c'est aussi là que le Renard qu'on enferme s'Tirrète quelques minutes pour épier l'instant favorable d'échapper aux chasseurs. Apres la maire, vient la fosse, où le i^ihier, la volaille, et autres produits de la rapine, sont déposés, parfaites ù la famille, et dévorés ; presque toujours la fusse a deux issues, et quelquefois davantage. L'«cci(/ est tout à fait au fond du terrier; c'est l'ha- bitation de l'animal, l'endroit où il dort, où il met bas et allaite ses petits. Ce terrier n'est guère ha- bité qu'i'i l'époque où le Renard élève sa jeune ftimille, et lorsqu'il veut se dérober à un danger pres- sant. Itaus toute autre circonstance, il passe la journée A dormir dans un fourré quelquefois très-éloi- gné de sa retraite, mais toujours rapproché du lieu où il a l'intention de commettre quelque dépré- Fig 52 — I\on:ii\l lie M.igcllan. dation : et ce n'est qu'à la brune, ou nièmc la nuit, (pi'il se met en chasse. 11 emploie la ruse pour se glisser dans les poulaillers ou pour s'emparer des jeunes animaux dont il fait sa nourriture. Dans les pays où le Lièvre abonde, comme le rapporte M. Boitard, deux Renards savent très-bien s'entendre ])our lui faire lâchasse. « L'un s'embusque, dit-il, au bord d'un chemin, dans le bois, et reste immo- bile; l'autre se met en quête, lance le Lièvre, le poursuit vivement, en donnant de temps à autre de la voix pour avertir son camarade. Le Lièvre fuit, et ruse devant lui comme devant les Chiens; le Re- nard le déjoue, est toujours sur ses traces, et combine sa poursuite de manière à le faire passer dans le chemin auprès duquel son compagnon est en embuscade. Celui-ci, dès qu'il voit le Lièvre ù sa jiortée, .s'élance, le saisit; l'autre chasseur arrive, et ils le dévorent ensemble. Si l'affûteur man([ue sou coup, au lieu de courir après le Lièvre, il reste un moment saisi de sa maladresse, puis, se ravisant, cl '.•omnic s'il voulait se rendre compte des causes de sa mésaventure, il retourne à sou poste, cl s'é- CARNASSIERS. 85 I:iiice de nouveau dans le cliemin; il y retourne, s'élanre encore, recommence plusieurs fois ce ma- nège. Sur ces entrefaites, son associé paraît, et devine sur-le-champ ce qui est arrivé; dans sa mau- vaise humeur, il se jette sur le maladroit, et un combat de quelques minutes est livré. Ils se séparent ensuite, l'association est rompue, et chacun se met en quête pour son propre compte. » Lorsque le Renard court un danger quelconque, ou qu'ij éprouve quelque désir, il emploie des ruses qui sup- posent certainement beaucoup d'intelligence. Mais ses ruses sont toujours les mêmes, et, une fois que l'expérience nous les a apprises, rien n'est plus facile que de le rendre victime de sa propre (inesse. Par exemple, lorsqu'il est lancé par les Chiens, après avoir fait une tournée de dix minutes, il revient constamment repasser exactement sur sa voie, ù cent ou cent cinquante pas environ de l'endroit où il a été lancé. Quand il est pris par les Chiens, après avoir lutté un moment, il contre- fait parfaitement le mort, et se laisse tourner et retourner par les chasseurs sans faire le plus petit mouvement; puis tout à coup, au moment où l'on y pense le moins, il se relève et décampe leste- ment. Fij. 53 — I\onard He Caama. On a prétendu que le Chien île Laconk, dont parle Aristote, n'était rien autre chose que le Re- nard plié à la domesticité; mais ce fait paraît d'autant moins probable, que cet animal ne s'appri- voise jamais complètement. On l'a toutefois communément dans les ménageries; et il serait encore beaucoup plus répandu partout s'il n'était pas très-désagréable par la mauvaise odeur qu'il réftand. Le Renard habite les contrées septentrionales de l'ancien et du nouveau continent, et n'est pas rare surtout dans presque toulis les jiartics de l'Europe. La variété qui constitue le liennrd char- bonnier a été priiicipaienienl prise en Rourgogne et en Alsace: et le Renard à ventre noir, dont 86 IIISTOIIŒ NATURELLE. M. Ch. Bonaparte fait une espèce particulière, son Vitlpes mdanoçjasler , se trouve dans l'Ilaiie mé- ridionale. La fourrure que fournil le Renard, surtout celle de plusieurs variétés, comme le Renard charbon- nier et le Renard blanc, est assez reclierchce dans le commerce de la pelleterie. Sous le point de vue de la paléontologie, le Renard (!st dans le même cas que le Loup. Son exis- tence dans les caveiiies d'Allcm;igne, et surtout dans celles de Gaylcincutli, iMdi(iuée depuis long- temps par Espcr, a été prouvée depuis par G. Cuvitr, d'après l'examen d'un certain nombre de pièces, et surtout par quelques dents et des doigts tout entiers, qu'il a décrits et ligures dans ses Osximcnls fossiles. Des débiis fossiles de la même espèce ont été signalés par un grand nombre d'auteurs, et dans des lieux très-diffcrents; M. Buckland a décrit des dents trouvées dans la caverne de Kirkdalc; M. t^dimerling, de nombreux fragments provenant de celles de la province de Liège; M. Mac-lJiry s'est occupé de ceux de la caverne de Kent, près Torcpiay; MM. Marcel De Serres, l*ubreil et Jean- Jean, ont signalé quelques os dans la caverne de Lunel-Viel; enlin, M. Marchisson a publié la descrip- tion et la figure d'un sipielette entier de Renard, trouvé dans les scbisies argileux d'Œnengen, c'est- à-dire dans le terrain tciliaire; mais De Rlainville pense pliilùl devoir rapporter ce squelette au Cha- cal, tandis que M. Lanrillard en fait une espèce particulière sous la dénomination de Cunis aiiliquits. Lesson et quelques zoologistes rangent, à la suite du Renard, le Corsac, que nous avons compris dans le sous-genre des Chiens. 17. ISATIS ou RENAUD DLEU. CAMS LAGOPUS. l.iiinc. CAiiACTÈREs SPÉCIFIQUES. — Tètc courtc; museau allongé, noir ù l'extrémité; oreilles velues; pattes et plantes des pieds couvertes de longs poils; queue longue, très-touffue; poils du corps longs de ()'",5 environ, d'un cendré ou d'un brun très-clair, uniforme, devenant d'un très-beau blanc en hiver; dessous des doigts garni de poils : cinquième doigt des pieds de devant presque aussi fort que les autres, un peu plus court seulement, avec l'ongle plus recourbé. Jeunes Individus tan- tôt gris très-foncé, tantôt blanc jaunâtre, tantôt marqués d'une ligne dorsale brune, et d'une ligne transversale de la même couh-ur sur les épaules, ligni's qui disparaissent à leur première mue, ce qui leur a fait donner le nom de Renards croises, déjà api)liqnè à une vaiièlè du Renard ordinaire. Longueur de la tête et du corps, O^jCO à 0"',GC; de la queue, qui descend jnsfpi'à terre, 0"',o5. Hau- teur du train de devant, environ 0'",r(2. L'Isatis, dont les nomenclateurs modernes font leur Vulpcs lagopvs, est le Pescts des Russes, le Fialracliu des Suédois, le licfr des Islandais, le Gran-rwv des Danois, le Nandi des Finnois, le Mclrak des Norwègiens, le Ajal des Lapons. Cet animal se trouve sur tout le littoral di' la mer Glaciale et des lleuves qui s'y jettent, et. pailoui au nord du soixante-neuvième degré de latitude; il est surtout commun en Islande, dans le Groenland, vraisemblablement au Spitzberg, et peut-être même dans le nord de l'Amérique. Les Isatis ont une singulière habitude, et ipii est nnicpie parmi les Carnassiers; ils émigrent, en grand nombre, du pays qui les a vus naître, dès que le gibier dont ils se nourrissent ordinairement vient à manquer. l]u gé- néral, ces émigrations ont lieu vers le solstice d'hiver, et les émigrants descendent parfois au delà du soixante-neuvième degré; ils n'y hxent pas leur domicile et n'y creuseirt pas de terriers, quoi- qu'ils y restent quelquefois trois ou quatre ans, mais jamais plus. Passé ce laps de temps, pendant le(|uel le gibier a dû se repeupler dans leurpali'ie, ils y retournent. Comme le Renard, l'Isatis est rempli de luses, de hardiesse, et enclin à la» rapine. Sans cesse il est occupé, pendant la nuit, à fureter dans la campagne, et quelquefois on l'entend chasser avec uiie voix qui tient à la fois de l'aboiement du Chien et du glapissement du Renard. Il a, sur ce dernier, l'avan- tage de ne pas craindre l'eau, et de nager ave<^ la plus grande facilité; aussi se hasarde-t-il souvent à traverser les bras des rivières ou les lacs pour aller clierclier, parmi les joues des îles, les nids des Oiseaux aquatiques. Mais sa nourriture ordinaire consiste en Rats, en Lièvres et en divers petits animaux. Quoique vivant dans les contrées les plus froides du globe, l'Isatis se lient cependant dans les lieux découverts et montucux. et non dans les vastes forêts de pins qu'on y rencontre. Ses ter- CARNASSIERS. 87 ricrs sont profonds et étroits, tapissés de mousse, et très-propres. L'accouplement a lieu au mois de mars; la chaleur dure quinze jours, et la gestation un peu moins de deux mois. La fourrure des Isatis est très-rccliereliée, trés-précieuse, et conslrlue une branche de commerce con- sidérable; aussi fait-on une chasse à outrance à ces animaux. M. Boitard donne quelques détails à ce sujet, et nous croyons devoir les transcrire ici, à cause surtout de leur orijîinalité. « S'il arrive à un chas- seur de prendre un ou deux trè.s-jeunes Isatis, il lesapporteà safemme,qui lesallaite et les élève jusqu'à ce que leur fourrure puisse être vendue. Les voyageurs prétendent qu'il n'est pas rare de trouver de pau- vres femmes qui partagent leur lait et leurs soins entre leur enfant et trois ou quatre Renards bleus. La portée des femelles est composée de sept à huit petits. Les mères blanches font leurs petits d'un gris roux en naissant, et les mères cendrées font les leurs presque noirs. Vers le milieu du mois d'août, ils commencent à prendre la couleur qu'ils doivent conserver toute leur vie. En septembre, ceux qui doivent être blancs sont déjà d'un blanc pur, excepté une raie sur le dos et une barre sur les épaules, qui noircissent encore; on les nomme alors Krcstowilà ou Croisés. En novembre, ils sont entière- ment blancs; mais leur pelage n'a toute sa longueur, tout s(m prix, que depuis décembre jusqu'en mars. Les gris prennent leur couleur plus vite; ce sont les plus précieux, surtout quand cette couleur est d'un gris ardoisé tirant sur le bleuâtre. La mue commence en mai et finit en juillet. A cette épo- que, les adultes ont la même livrée que les nouveau-nés de leur couleur, et ils parcourent des phases de coloration absolument semblables.)) Ces variations de couleur suivant les diverses époques de l'année, et aussi quelques dilléreuces de coloration individuidles, ont fait appliquer des noms diffé- rents à certains individus de cette espèce; tels sont les Cuiiis lutjopiis fnscns, cœndeus, Fr. Cuvier, et luliginosus, Ricliardsou. D'après De Blainville, l'Isatis semblerait avoir laissé des traces de son existence ancienne, et cela dans la faune paléontologique même de Paris; en effet, \e Caiiis Monlis martiiruiu de quelques analomistes, ou Canis l'arisicvsis de plusieurs autres, décrit pour la première fois par G. Cuvier, parait devoir lui être rapporté. Ce fossile consiste en une demi-màelioire inférieure du côté droit, déconveite dans le gypse de Montmartre. En comparant les fragments de celte mâchoire, ou trouve les plus grands rapports avec le Canis ItKjopns, quoique indiquant un animal un peu plus fort; ainsi la proportion de la dent principale, et des deux dernières avant-molaires, la position du trou menton- nier postérieur au-dessous de la troisième avant-molaire, la forme presque aiguë de l'apophyse angu- laire, et même la forme peu convexe du bord inférieur, sont comnie dans le Canis Ittyopiis : seule- ment, il y a plus de force en général, et surtout l'apophyse coronoide est notablement plus large. Ce rapprochement parait très-probable, mais, s'il n'est pas exact, on doit au moins en conclure que le Canis Parisicnsis était très-voisin de l'Isatis. II. ESPÈCES D'AMÉRIQUE. 18. RENARD AttCENTE. CANIS ARGENTATUS. Et. Geoffioy Saint-Ilitiirc. CAHACTÈnEs spÉciFiQi'Es. — Fomics du Renard; pelage entièrement de couleur noire, à laquelle se mêle, dans plusieurs points, et en plus ou moins grande quantité, quelque peu de blanc; extrémité de la queue presque tout à fait blanche; devant de la tète et lianes l)lanchftlres; quelques poils ter- minés de blanc dans les parties noires du pelage; poil laineux, très-épais et Irès-fin, d'un gris pres- que noir; pattes et nuiseau couverts de poils courts; yeux jaunâtres; quelquefois une tache blanche sous le cou. Longueur de la tête et du corps, 0'",70. Cette espèce, à laquelle Gmeliii donnait la dénomination de Cfinis Lijcaon, et que G. Cuvier nom- mait llcnard noir, nous présente encore l'exemple d'un animal qui a passé d'un continent dans l'au- tre, car, s'il habile principalement le nord de l'Amérique, on le trouve aussi dans le Kamtchatka, comme l'arfirmenl Krakcuuiuikof et Lesseps. Il a ks mêmes mœurs (pu' le Renard; mais, comme il est plus grand et plus fort, il est également 88 HISTOIRE NATURELLE. plus courageux, el ne craint pas d'altaquer dos animaux d'une certaine grosseur. On assure que, lorsqu'il peut s'approcher d'un troupeau, il a la hardiesse d'enlever, malgré les cris des bergers, les Agneaux ou Chevreaux qui lui conviennent; mais cela parait être une exagération. Sa fourrure est moins estimée que celle du Renard bleu; elle a, néanmoins, du prix. I.a ménagerie du Muséum en a possédé un vivant, el il avait les habitudes du Renard. Ainsi que ce dernier, il marchait la tète et la queue basses, et, quoique très-bien apprivoisé et assez doux, il gar- dait un amour de liberté qui a fini par le faire mourir dans la tristesse et le marasme. Lorsqu'on le contrariait, il grognait comme un Chien en montrant les dents, et il eût été dangereux de le toucher dans ses moments de mauvaise humeur et de tri.Ntcsse. Il exhalait une odeur très-désagréable, mais qui ne ressemblait pas à celle du Renard. H paraissait beaucoup souffrir de notre température d'été. Fis. 54. — Rciinid irAm6ric|i]e. 10. RENARD l"ArV'[': Ci V/.S' FVt.VVS. A. -G. Dcsm.iivsl. Caractères si'Écii'iQiiKs. — Pelage présentant dilTerentes nuances de niiix cl de fauve; dessous dn cou et bas-ventre blancs; poitrine grise; face antérieure des jambes de devant et ]iieds noirs, avec du fauve sur les doigts; queue terminée de blanc; taille et forme du Renard. Cette espèce habite les États-Unis d'Amérique, dans l'État de Virginie. A l'extérieur, elle a beau- coup de rapports avec notre Renard d'Europe; mais elle en diffère surtout par la vivacité des couleurs et la linesse du poil; en outre, à l'intérieur, on trouve une différence dans la tête osseuse; cette dif- férence consiste en ce que, dans le Renard ordinaire, les deux crêtes latérales qui servent d'attacbr aux muscles crotaphites forment un angle assez peu prolongé, et se réunissent à la suture de l'os frontal, tandis que, dans le Renard fauve, ces deux crêtes sont dirigées, parallèlenienl l'une A l'au'.re, à 0",") d'intervalle, et ne se réunissent qu'à la crête occi] itale. 20. niiNARD CRIS. Calcsliv. CANtS riRGISIAyVS. Erilcbcn. Car.vctères spécifiques. — Corps entièrement d'un gris argenté; forme et grandeur du Renard or- dinaire. CARNASSIERS. L'on ne sait rien de bien positil' sur ce Renard, et il est probable quyii doit le réunir a espèces précédentes. Il habite la ViiL'iiiie. 89 "une des '21. RENAI^D TRICOI.OHE ou AC.OUAnACH.W. CAMS CINEIiF.O-AnGENTATVS. ErilcIuM, ^ Caractères spécifiques. — Dessus du corps d'un gris noir; tête gris fauve; oreilles et côtés du cou d'un roux vif; gorge et joues blanches; mâchoire inférieure noire; ventre fauve; queue fauve, glacée de noir, avec le bout d'un noir foncé. Longueur du corps, mesuré depuis le bout du nez iusqu'à^l'ori- ginc de la queue, O"-,?!); de la queue, O-^.ÔS. Hauteur au garrot, 0'",4Ô. rii;. 55 — Rnii.inl tricolore. Cette espèce habite les l']tats-Uiiis d'Amérique et le Paraguay. L) Azara donne >ur elle les détails sui- vants; «l/Agoiiaracbay, pris jeune, s'apprivoise, et joue avec son maître, de la même manière et avec plus de tendresse et d'expression que le Chien; il reconnaît les personnes de la maison, et b-s fêle en les distinguant des étrangers, quoirpiil n'aboie jamais contre ces derniers. Mais, s'il entre dans la maison un Chien du dehors, son poil se hérisse, et il le menace par ses aboiements jusqu'à ce qu'il le fasse fuir, sans toutefois oser le mordre. Il ne gronde point contre les Chiens de la maison, au contraire, il joue et folâtre avec eux. Il vient lorsqu'on l'appelle au crépuscule du matin et du soir, parce qu'il se couche et dort le reste du jour, alln de n'avoir pas besoin de repos pendant la nuit, qu'il emploie à parcourir la maison, pour chercher des œufs et des Oiseaux domestiques, auxquels il ne pardonne jamais quand il peut en attraper. 11 n'est pas docile, et, si l'on veut le faire entrer dans un lieu, ou si l'on veut l'en faire sortir, il faut beaucoup de peine pour l'y obliger; il souffre même, auparavant, des coups, auxipu'ls il répond en grognant, n Cependant, un jeune individu de celle espèce, apporté de New-York, a vécu à la ménagerie du Muséum, et, sans être méchant, était farouche, et exhalait une odeur très-désagréable. c» 12 90 IIISTOIKE NATURELLE. A l'état sauvage, le Heiiard argenté a les mêmes mœurs que notre Renani, mais plus de hardiesse, car il ose approcher, pendant la nuit, -les bivaes où dorment les \o\aseurs, pour s'emparer des sangles et des courroies de cuir, qu'il emporte et dévore. Il pousse Teffronterie justpi'à s'introduire dans les basses-cours pour en enlever la volaille, ou toute autre chasse ;\ sa convenance. Enfin, dans le Paraguay, on assure qu'il mange des fruits, des cannes à sucre, et qu'il suit le Jaguar pour s'ap- provisionner de ce que celui-ci gaspille; et il en serait de même, dit-on, du Chacal, (pn accompagne aussi le Lion. Le Renard argenté habite les bois et les buissons les plus épais; il y vit solitaire; sa voix est çutturale, retentissante', et send)le prononcer le mot çioua-u-a. Quelquefois, la femelle met bas, en plein air, dans un tas de feuilles ou d'herbes sèches; mais, le plus habituellement, elle s'empare (l'un terrier de Viscache, l'agrandit, et y fait, en octobre, de quatre à cinq petits, qui naissent presque noirs, et parmi lesquels se trouve parfois un albinos. Ne serait-ce pas à cette espèce que l'on devrait rapporter les ossements trouvés par M. Lund dans les cavernes du Brésil, et qu'il regarde comme se rapportant au Canis jnbalns o\i cawpestris? et ne pourrait-on pas dire la même chose de ses Canis protalopex et trogloilijles? 22. RENARD .\GILE. CAKIS YELOX. Say. CARACTiiREs SPÉCIFIQUES. — Pclagc doux, iln, soyeux, fauve, et d'un brun ferrugineux; dessous de la tête d'un blanc pur; poils du cou plus longs que les autres, et formant une sorte de fraise. De la grandeur à peu près du Renard ordinaire. Cette espèce a la taille svelte et le corps mince, ce qui la rend très-légère ù la course; sa queue est longue, cylindrique, noire. Elle se plaît dans les paj^ découverts, sur les bords du Missouri; se loge dans un terrier, et paraît avoir les mêmes habitudes que l'espèce précédente, avec laquelle on la con- fond assez souvent. 23. RENARD CROISK. C.4;V;s DECUSSATVS. Et. Geoffroy Sainl-Hilaire. CARACTÈnES SPÉCIFIQUES. — Dc la taille du Renard ordinaire; tout le corps, et surtout le dos, la queue, les pattes et les épaules, d'un gris noirâtre, plus foncé vers les épaules, à poils annelés de gris et de blanc; une grande plaque fauve partant de l'épaule jusqu'à la tête, et une autre de même couleur sur le côté de la poitrine; museau, dessous du corps et pattes, noirs; queue terminée par du blanc. Le Renard croisé, que Schreber a nommé Canis cruciger, est regardé, par quelques auteurs, comme n'étant qu'une variété du Renard argenté. On le rencontre dans le nord de l'Amérique, et probablement jusqu'au Kamichalka. A ces diverses espèces, propres à l'Amérique, et (pii, ainsi que nous l'avons dit, ne sont pas con- nues entièrement, il faudrait en joindre encore quelques-unes que nous ne ferons que nommer, parce ([u'on n'a pas assez de détails sur elles; ce sont : 1» Le Canis nilpcs, Ilarlan, de la N.M.velle-Calédonie, et de h Nouvelle-Angleterre, que Lesson nomme Viilpcs Aniericanus; 2° Le Canis Magellanicus, Darwin, du Chili el des ilcsMalouines; 3° Le Canis fulvipcs, Darwin, des lies de Cliiloé: i° Le Canis griscus, King, de la Magellanie; 5» Le Canis Brasilicn.iis, Schinz, ou Canis Azam-, Wied, du Brésil, du Paraguay, de la Plata. de la Patagonie et du Chili. Enfin nous pourrions citer des débris fossiles, dont nous parlerons bientiM. Cuu<>u»r. Hyène laclietée. l'I !■. CARNASSIEItS. 'i';i!i(,iui:s. Sijslvme dfiilaire connue ci lui dc.i (.liiciis, c'c.sl-à dire covifiosc de caiinics. " inci.iive.i, |-E-| . )iiolaii-c.i. ^; mais présnilaul le ■peut lobe en avant des fausses niolnires moins piunoncé. Yeux (jros. saillniils. Pupille arromUc. iliurue. Pieds ne présenimu (pu- (jualrc doujts seulement; le pouce manquant en avant eoniine en arrière. Tête (iros.se. Museau large. Queue tiiuffue. longue. Ce genre, l'un des ])lus curieux de la famille des (Carnassiers, sert à établir le passage des Caniens aux llyéniens; en effet, il a le système dentaire des premiers et la conformation digitale des se- conds, ce qui fait qii'tiu l'a rangé tantôt dans l'une, tantôt dans l'autre îles deux tribus que nous ve- nons de nommer; quoique réellement il ait plus de rapport avec; les Canis qu'avec les Uijœnu. Temminek rangeait la seule espèce qui entre dans ce groupe dans le genre Hijœna, sous la déno- mination d'il, picta, et Burchell en fit sa //. venatica. Uuppell désigna le même animal sons le nom de Canis piclus, et Griffu sous celui de Canis tricolor. Enlin, Fr. Cuvier, le premier, la regard:) comme devant être le type d'un genre distinct, qu'il nomma Cynliiiama, et M. IL Smith le désigna comme une subdivision de son sous-genre Canis, qu'il nomma Lijcaon. Ce genre est généralement adopté, mais la dénomination en a été changée en celle (YlhÉKo'ioE {[Iiienoides\ assez généralement admise aujdiird'hui, et adoptée par M. Lsidoie Geoffroy Saint-Ililairc. De lilaiiiville. dans son Ostcotjrapltic, donne les det;iils suivants sur cet animal remarquable : c( Nous devons d'abord faire observer (pie, comme cette espèce n'a pas le singulier pénis des Chiens, ni même la bilobure de la racine du bord postérieur de l'oreille, nous ne voudrions pas assurer que, malgré la similitude complète du système dentaire, le squelette de cet animal fût réellement celui des Canis, de manière (pi'il est, à leur égard, la contre-i>artie du Megalolis. Nous n'avons vu, en effet, qu'une partie de la tête osseuse d'un seul indi\idu de sexe inconnu. Cette tète est encore plus courte, plus brusquement déclive, du moins depuis le front, que dans le Canis priniœvus, ce qui fait supposer que le rapprochement de celle des Hyènes est encore plus grand. Toutefois, la gouttière tronto-nasale est très-forte, plus que dans aucune autre espèce de Canis, et, par conséquent, autre- ment que ibiiis les Hyènes, ou il n'y en a pas de traces. Les os du nez sont assez bien, comme dans le Canis prinuwus, larges surtout dans leur moitié supérieure. On peut en dire autant du boni CARNASSIERS. 101 paliitin, 1 1 même de la mandibule, qui, sauf plus de largeur pour le premier, de force et de brièveté pour la .seconde, sont assez bien intermédiaires à celui-ci et au Loup. Du reste du squelette je n'ai pu étudier que les extrémités, et même sans le carpe ni le tarse complets; cependant il m'a semblé qu'il y avait au moins autant de rapprochement à faire avec la Hyène qu'avec le Loup, le pouce n'é- tant ni plus ni moins rudimentaire en avant qu'en arrière. » Le système dentaire de l'Hyénoïde est en tout semblable à celui du Loup, sauf plus de rapproche- ment ( t plus de force pour chaque dent. Toutefois, la proportion de la carnassière supérieure, et les deux tubercules qui la suivent, n'est pas plus à l'avantage de celle-là que dans le Loup ordinaire, puisqu'il y a égalité; et que la dernière tuberculeuse est, proportionnellement avec la première, très- petite, et sensiblement plus que dans le Loup. A la mâchoire inférieure, il y a moins de différence, si ce n'est dans la troisième incisive, proportionnellement plus petite, et dans la première avant-mo- laire, plus haute, plus aiguë, ainsi que dans les denticules antérieurs et postérieurs des deux .lulres et de la principale, qui sont évidemment plus prononcés, même dans un sujet dont les carnassières sont assez usées. fi;:. GO. — llycnc lycaoïi. L'espèce lype et unique de ce genre est le : HYKNOIDE. CryHYÀi,\A PICTA. Temminck. Caractères srÉciriQOES. Pelage très-varié; en effet, sur un fond grisâtre se dessinent, d'une ma- nière plus ou moins tranchée, des (a( lies blanches, noires, d'un jaune d'ocre foncé, très-irrégiiliérc- meiit parsemées et mélangées, quelquefois assez larges, d'autres fois trés-peliles, toujours placées sans ordre et sans nulle symétrie : et ces taches variant beaucoup, non-seulement sur les parties cor- 102 HISTOIRE NATlHKLLi;. rcspondantes du même animul, mais encore d'individu à individu. La queue est toulTue, blanriie au bout, et descend jiis(ju'aux talons. La taille est celle du Lou]) ordinaire. Fr. Cuvier donne la description suivante d'un individu qu'il a pu observer avec soin : « Tète noire; front, calotte, derritre des jeux et dessus du cou, jaune rnussâlre; côtés du cou d'un brun noirû- Ire; dessous d'un gris brun, avec un large demi-collier blanc vi^rs le bas; épaules, dos, flancs et ven- tre, noirs; une large tache rousse derrière le haut de l'épaule, et deux taches blanches en avant; quelques taches de roux sur les côtés du corps; jambes bhuu'lies, avec une tache rousse derrière le coude, bordée d'une ligne noire, qui se termine vers le bas par une tache de même couleur, dont le centre est roux : celle-ci suivie d'une tache semblable, au-dessous de laquelle se trouve encore une tache noire, mais pleine; une autre tache noire en rose, et :\ centre roux, vers le haut du devant de la jambe, suivie de deux plus petites taches pleines; croupe variée de roux et de brun; cuisses et Iwut de la jambe bruns, avec deux forles taches blaiulies : l'une au milieu de l:i cuisse, et l'autre ;\ la partie postéiieure du genou; bas de la jambe et partie antérieure de la cuisse roux, avec quelques taches noires; un anneau noir au talon; tarse blanc; doigts noirs, ainsi ipie quelques taches sur les côtés du tarse; queue rousse ;i l'origine, puis blanche, ensuite noire. et, enliii, blanche à la ])ointe; dessous du cor|)s noinilre; intérieur des jambes de devant blanc, avec ((uelques taches et (piclques lignes noires; celui des postérieures roux p;tle sur la jambe, avec quel- (|ues ondes noires obliques vers le bout; tarse blauchiitrc; une tache en rose, noire, et roussâtre au centre près du talon; oreilles grandes, ovales, noires, avec de petites taches roussûlres; poil assez court, excepté sui' la queue, qui est touffue vers le bout. » La description donnée par Temniiuck ne se rap])orte pas entièrement ;\ celle que nous venons de rapporter, et cela démontre les variations individuelles que nous avons indi(pHes. M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire indique un fait des |)lus importants relativement ;\ cet animal. « l'n voyageur très-digne de foi, dit le .savant professeur que nous venons de nommer, qui a vu vi- vant un individu de celte espèce, nous a assuré qu'il tenait d;ins un état habituel de flexion, non pas seulement, comme les Hyènes, les membres postérieurs, mais aussi, ce qu'on n'a encore observé chez aucun autre animal, les membres antérieurs. « Cette espèce habile le midi de r.\frique, c'est-;i-dire le cap de Bonne-Espérance, le Korilnfan, lu Nubie et l'Abyssinie. Avec le courage du Chien, l'Uyénoïde a la voracité des Hyènes, ce qui la rend très-dangereuse pour le bétail. Elle se réunit eu troupe plus ou moins nombreuse, et ose alors se défendre contre le Léopard, et même contre le Lion. Elle aime à se nourrir de voirie et de cadavres corrompus; et, pour satisfaire ce goût, elle a la hardiesse de pénétrer, pendant la nuit, dans les cours des fermes, et même dans les villages, où elle vient ramasser les immondices jusqu'aux portes des maisons. Malgré cela, elle ne se livre pas moins avec, ardeur à la chasse des Gazelles et autres espèces d'Aiitdo|)es. Dans ce cas, plusieurs Hyènoides se réunissent en meute, et poursuivent leur gibier avec autant d'or- dre et de persévérance que nos meilleurs Chiens courants, et en plein jour. Lorsque l'animal est pris ou forcé, elles le dévorent toutes ensemble sans se quereller; mais elles ne souffrent pas qu'un ani- mal carnassier d'une autre espèce vienne leur disputer leur proie, et c'est alors que, comptant sur leur courage, sur leur nombre et sur leur force collective, elles osent résister au Léopard et au Lion. Faute de gibier, les Hyènoides attaquent parfois les troupeaux, les Moutons surtout, et même les Bœufs et Chevaux quand elles les trouvent isolés; mais aucun fait ne constate qu'elles se soient ja- mais jetées siu' les hommes. Comme les Ilyéndides ont presque toujours élé ((uifondues, par les voya- geurs, avec les Hyènes, il est possible que quelques-uns des tiails de leurs mœurs et de leurs habitudes, que nous venons de signaler, d'après M. Boitard, ne s'appliquent pas exclusivement à elles. Le genre Protèle, que nous décrirons dans la tribu suivante, est rangé, par De Blanville, dans le groupe naturel des Chiens el placé à côté du Cynhyène. mm%: CARNASSIERS. lu: QUATRIÈME TRIBU. UYÉNIENS. HYENII. Isidore Geoffroy Saint Hilairt Molaires nllrnici, h couronne au moins en partie Iranchanlc. Tuberculeuses nulles ou rud'iinnilnires. Membres plus ou moins alloiiijés, forlcmenl digitujrades. Corps surbaissé en arrière. Le genre des Hijima, auquel on joint un groupe générique nouvellement décrit, forme la Irihii des Ilijêniens de M. Isidore Geoffroy Saiiii-IIilaire, qui correspond à celle des Hijœnina de M. lîray, et, (Ml partie, au genre llijœna de De Blainville. Celle iribu est voisine de celles des Caniens et des Féliens; mais elle se distingue principalement de l'une et de l'autre par son corps surbaissé en arrière, ainsi que par l'aspect tout particulier des ani- maux qui y entrent; en outre, tandis que les tuberculeuses sont nulles ou rudimentaires chez ces ani- maux, comme chez les Féliens, chez les Caniens, au contraire, il y a toujours deux tuberculeuses au moins en haut et en bas. Quelques auteurs varient sur la position que l'on duil assigner à cette tribu dans la série niammalogique; les uns commencent par elle la division des Carnivores, et placent à la suite la tribu des Caniens; les autres la rangent après les Viverriens, et comme joignant ceux-ci aux Féliens, enfin, il en est, et ù leur tète vient se placer M. Isidore Geoffroy Saint-Uilaire, qui mettent les llyéniens enire les Caniens et les Féliens ; nous adopterons cette dernière manière de voir. L'espèce tyjjique de cett(^ tribu, la Hyène rayée, est connue depuis longtemps, et citée par les Grecs et les Romains; mais les autres n'ont été indiquées que dans des temps beaucoup plus récents. Le régime diététique des llyéniens est encore la carnivorité; mais ces animaux ne sont pas carnas- siers à un degré aussi prononcé que les Chais, en effet, les llyéniens semblent préférer les matières animales pulrciiécs, qu'elles vont rechercher jusque dans les charniers et les cimetières, et il semble que ce n'est que par exception qu'elles s'emparent d'une proie vivante, et alors même elles ne chas- sent que des animaux de petite taille, et qui n'offrent pas beaucoup de résistance. Les Protèles sem- blent avoir le même genre de vie, mais, en outre, ils se nourrissent de jeunes animaux, et surtout de la ni;itière grasse ([ui se trouve dans la loupe caudale des Moulons à grosse queue, qui ne sont pas rares, surtout dans les fermes, dans les pays qu'ils habitent. D'après cela, on voit que ces animaux ont, en quoique sorte, usurpé la réputation de férocité que l'on se plait en général à leur donner, et qui ne leur est piobablement venue que de leur aspect farouche, et qui semble être sanguinaire. Loin d'être redoutables, les Hyènes se voient paifois en liberté dans les rues des villes d'Orient, où elles vont à la recherche des matières animales eu putréfaction. Deux genres seulement entrent dans cette tribu; ce sont ceux des IIvèmes, créé par Rrisson en 175(), ayant quatre doigts à tous les membres, et Phoièles, fondé, en 1824, par M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, ayant cinq doigts en avant et quatre en arrière. On n'en connaît (|u'un très-petit nombre d'espèces aclndlement vivantes, cinq au plus : triiis se rap]iortaut au genre llijœna, et une, ])eut-étre deux, au genre Proleles; mais on a décrit sept à huit espèces de Hyènes comme s'étant trouvées à l'état fossile. Les llyéniens vivants habitent diverses parties de l'Afrique, principalement les environs du cap de nonne-Espérance, et plus rarement l'Abyssinie, l'Egypte, la Nubie, la Barbarie, le Sénégal; nuiis, en outre, il eu est une espèce, la llijœna vulijnris, qui se trouve non-seulement dans ces diverses régions, mais dont l'habitat s'étend aussi dans une portion de l'Asie, particulièrement dans la l'ersc et dans l'Inde. 104 IIISTOIRE NATIRELLE. Les espèces fossiles sont plutôt propres à l'Europe, et ont surtout été découvertes, en France, dans les cavernes du Midi, ainsi que dans quelques-unes de celles de l'Allemagne et de l'Angleterre: cepen- dant, M. Lund en a signalé aussi des traces, en Amérique, dans les cavernes du Brésil; et MM. Baker et Durant, dans les monts Himalayas. Quelques auteurs joi£rnent à cette tribu des animaux que nous avons compris avec les Caniens; tels sont les genres Cynhyœna ou Byénoides. ayant pour type le Canis piclus, et l'AGCFaGCàZA ou Locp RocGE [Canis jubatusi. dont Wagler a fait le type d'un genre particulier, celui des Cijnailurus, qui n'est généralement pas adopte. Tig. 61. — Hvène Udictée. i" GENRE. — PROTÈLE. PROTELES. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, i824. MéiLoir^ da Xaféam, corne U. O::, devam; Ttijr.s:;, complet. CAR.\CTÈRES GENERIQUES. Sijsùme denlaire : incifire*, |; canines, \^; molaires, jEj; en tolalilé trente-devx dents, qui ont une disposilion anormale. Formes générales des Hyènes. Télé plus allongée. Mnseau fin, presque conique, et, sous ce rapport, se rapprochant de celui des Chiau et des Cireties. Sfemt'rcs anltTieurs à cinq doigts : le dernier, ou le pouce, peu développé, ou rudimentaire. Memires postérieurs à quatre doigts seulement disposés comme ceux des Hyènes. Langue douce. Pelage composé de poils, les uns courts, doux, et les autres longs, ruda; quelques-uns formant une crinière sur le dos. Les Protèles se rapprochent beaucoup des Hyènes, des Chiens de la subdivision des Renards et des Civettes; aussi est-ce avec ces trois genres de Mammifères qu'on a généralement comparé l'es- pèce typique, découverte assez récemment au cap de Bonne-Espérance, par Delalande, et avee les- quels on les a successivement placés, jusqu'à ce que M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire en ait fait, à juste raison, un groupe générique particulier. Au prrmier coup d'oeil, le Protèle frappe par sa grande ressemblance avec FHyène; ses formes générales sont les mêmes; ses membres postérieurs, fléchis sur eux-mêmes, semblent, comme dans ce genre, beaucoup plus courts que ceux de devant : c'est surtout avec ïHyctna vulgaris que le CARNASSIERS. 105 Proleks Delatandii a le plus d'analogie \r.n- sa forme et par son pelage, offrant sur un même foml décoloration de semblables rayures transversales. On pourrait dire la même chose d'un autre animal que nous avons étudié dans la tribu des Caniens, celui des Cynhyèiies ou Hyénoïdes, qui a avec le Trolèle d'assez nombreux rapports; mais, toutefois, on trouve de nombreuses différences entre les uns et les autres. Ainsi, sans parler maintenant de leur système dentaire, qui est assez caractcristi(iue pour les uns comme pour les autres, on peut observer que la tête, au lieu d'être ramassée comme dans les Hyènes, est légèrement plus svelte, et remarquable par ses proportions élégantes; le museau, an lieu d'être oblus et comme tronqué, est plus allongé, assez lin, en sorte que la tête du Protèle, dans son ensemble, ressemble à celle de la Civette, et même un peu ;\ celle du Renard. Les membres aniérieurs sont pentadadyles comme chez les derniers Carnassiers que nous venons de nommer, et le ])iuice n'est que rudimentaire comme chez les Chiens proprement dits; les membres postérieurs sont tétra- daclyles comme dans les Hyènes ; l'étymolngie du nom de ce genre rappelle la partienlarilé que nous venons de signaler relativement au nombre des doigts des pieds de devant, qui sont coni|)lfts, com- parativement avec ce qui a lieu chez les Hyènes, où on ne trouve plus que quatre doigts seulement. Le carpe et le tarse sont disposés comme chez les Hyènes, c'est-à-dire que, tandis que chez la plupart des Carnassiers les os métacarpiens sont plus courts que les métatarsiens, ici tout le contraire a lieu, et le pied antérieur est au moins aussi grand que le postérieur. Les ongles sont forts, robustes, pointus. Le pelage est composé de poils assez nombreux; les uns courts, doux, et les antres plus longs et très-rudes; en outre, on remarque sur la partie dorsale du corps une crinière très forle; l;i queue est très-touffue. s Fis. fi2. — rrniMo (le rti>bhn,i" Un des points les plus intéressants de l'histoire des Protèles se trouve dans l'étude de leur système di'iiiaire, et c'est en même temps nn des sujets qui a le plus occupé les naturalistes modernes. G. Cn- vier, qui s'en est occupé le premier, dit n'avoir eu en sa possession que des crânes n'ayant que des dents de lait, petites et usées, parce que les dents persistantes, ajoute-t-il, avaient été retardées, lomme il arrive assez souvent aux Genettes; de sorte que, pour lui, les dents de cet animal, à leur ctat normal, devaient ressembler à celles des Civettes et des Genettes, et, d'après cela, il lit dir l'rotèle une espèce de Civelle. Cette explication hypothétique n'a pas été conlirmée, et M. Isidore licoflroy Saint-Hilaire {Maf/asin de Zoologie, 1841) a démontré, au contraire, que le système den- taire du jeune âge persistait, et qu'il se présentait de la même manière à l'âge adulte; en outre, sui- vant lui, le Protèle adulte, aussi bien que le jeune Protèle, n'a pas un système dentaire de Viverra. et ses molaires ne sont comparahles à celles d'aucun autre Carnassier, car il faut descendre jn.squ'aux Edenlès et aux Cétacées pour trouver sur les arcades maxdiaires un ensemble de dents aussi sim- HH\ iiisntiitK nati;i;i;li,i:. pies; (le plus, ces ninlaii'fs siiiiplrs m' iroiivrnl assuriccs avec des imisivcs cl (h s laiiiiK's |tail'ail(>- niriil anal()!;iic.s, par leur fornu' cl leur (lis|)Osiiiiin. comme ]iar leur nombre, à celles des autres Car- nassiers, ce qui est lr(''s-rciiiar(|ualile (I uniqiu' dans la série zii(ilo!ii(|ue. Enfin. De lîlainville, tant dans les Ainidlcs iI'AikiIodi'ic cl de l'iiijswlntiic que dans sou Ihli'ofimjiliic : fnsciciilr (Ici Cmiis. re- j;arde le svsième dentaire des l'idtèles comnic lucsenlanl, dans l'ordre des Carnassiers, un exemple d'aïKiinalie conslanle. En i(Tel, pour lui, les deuls des Proièles sont anomales; il y en a presque tou- jours quelques-unes qui, liinl a l'ait rudinieniaires. restent eaeliées dans la t^encive: parfois mOme il y ,1 de vieux individus qui manquent c(ini|ilclement de l'une des molaires. Oiioi qu'il en soit, le syslcme dentaire des l'rolcles se cnniposc, en j^éncral, de six incisives, deux canines à cliaipie niâclioire, et de quatre molaires tant supérieurement qu'infciicurcmeul. Suivant De [ilainville, il serait possible de trouver dans le système dentaire àc la mâclioire supérieure de ces animaux les six molaires des Cliiens, en considérant ('(imnie une seconde avant-molaire une plus ])elile dcnl (pie la première, mais de nu''me l'urme, (pii si' trouve d'un seul côté, enire celle prcndère et la seconde, cl sur un seul ci'ànc de la ((dleclinn du Muséum d'Ilisliiire nalurclle de l'aris: mais il serait ])lus ditïicilc. sinon im|)ossi- blc, de trouver sept molaires pour la mâchoire inférieure. En baut, les incisives, en deml-corelc assez avancé, sont petites, bien ranp;ées, et un peu |)lu.s subétjales que dans le Loup, et toutes les trois épaisses cl rci;iilici-cmcnl bilobées à la couronne. La canine est assez forle, conique, peu comprimce. assez pointue, i^es molaires sont ciimplctcmeiit anomales de nombre et de forme : elles sont an nom- bre de quatre seulement, petites, débordant à peine la gencive, et très-espacées. Une première avant- niohiirc à une seule racine longue, conique, un peu courbée, portant une couronne simple, conico- obtnse, un peu comprimée, en forme d'incisive. Une seconde avanl-molaire de même f(ume à peu près à la couronne, mais évidemment |)lus grosse et plus liante, à deux racines peu sé])arées. Une troisième plus basse, probablement la principale, et qui est snbtriqnèlrc à deux et peut être trois raiiiics connées, sans talon postérieur et Iriangulaire, sirbtranehante. Après un intervalle, qui sans doute représente la place de la première tubercnlense, vient la quatrième molaire, réelle de forme, presque iriquèire. presque ronde à la couronne, et soutenue probablement par trois racines connées, et la |ilns |iclile des qualri'. En bas. les trois incisives, un peu déclives, subiransvcrses, bien rangées et snbégales, courtes, épaisses, sont sans doute bilobées, ce qui est certain pour la première, du moins dans le jeune âge. Les canines sont comme celles d'en haut, assez fortes, coniques et très-di- vergentes en dehors, ce qui donne à l'extrémité de la mandibule qnebpie c hose de celle de certains Sangliers. Les molaires, an nombre de quatre, s'entrecroisent avec les supérieures, de manière que l'exlericure est entre la première et la seconde d'en haut, la seconde entre la seconde et la troisième, et les dernières entre celle-ci et la quatrième : elles vont assez loin en décroissant de grandeur d(^ l'antérieure à la postérieure. Après un intervalle en forme d'échancruie semi-lunaire, et tranchant sur ses bords, la première, la plus élevée, la plus déjelée en dehors, est Iriangulaire, sim)de à la couronne, cl probablement à une seule racine. La seconde un peu moins haute, mais légèrement plus large, à couronne triangulaire, est certainement pourvue de deux racines serrées, et d'une sorte de talon. La troisième est un peu plus petite que la seconde, mais de même forme et également à deux racines. Enlin. la (pialriènu^. la plus petite et la dernière, ('(unièe de deux parties presque égales. I anierienre. cependant, nu p<'u plus grande, n'a véritablement qu'une seule racine. Les mo- laires de lait du l'rotèlc sont normales, quoique celles d'adultes ne le soient que très-diflicilement; eu efl'el, elles sont au nombre de trois, disposées comme dans les autres espèces. Une première avant- molaire à deux racines eu haut comme en bas: une princi|)ale plus forte, mais assez bien de même linme; enlin, une arrière-molaire com|ilexe à trois laeines et à couronne formée de ces deux parties. Les alvéoles sont des plus singulières, d'abord par leur pelilcsse cl ensuite par leur disposition, sem- blables, pour les incisives, à ce (pii a lieu chez les Chiens, mais espacées cl difdcilemeni perceptibles pour les molair(s. En examinant son système dentaire, on voil (\nv le l'rolclc manqiu' de dents propres à la mastica- liiui dans son étal adulte, aussi bien ipie dans suii jeune âge, ([uc dès lors il doit avaler sans mfl- elier; qu'il ne peut probablement, comme les animaux du groupe naturel dans lequel il entre, celui de; Flyéniens, et des Caniens suivant De Blainvilie, déchirer une proie vivante, et doit conséquemmcnt se nourrir de matières molles, de ch;:ir.i putréfiées ou de la chair de jeunes animaux, (pii est moins dure que celle des animaux adultes. Il parailrait, en effet, ainsi ipic le rappoile M. riurcliell. rpic le Pro- f.AUNASSIKP.S. |()7 tèle attaque les Montons :i i^rossc r|iiriii\ ci ((ii'il rcclicichi' suiloiit la l(iii|u' graissoiiso (|iii l'ornii' l.i |)liis grande |)ailie de la (|iieuc' de ces linniinants, et cela est on i'aji|HH't avec leur système deiilaiee, car, pouvant déeliirer la peau avec leurs canines, ils emploient ensuile l'aeilenicnt poui' leur noun'i- lure la matière senii li(|uide dont se compose la loupe i;raisseuse. Le squelette du l'rotèle a été décrit avec soin, par M. Isidore Gcoffi'oy Saiut-llilaire, dans les Mé- moires du Muséum, et par De Blainville iOsiéogrnpIiie : fascicule des Canis). auquel nous emprun- tons les détails ipii vont suivre. « Considéré d'abord dans son ensemble, et comparé avec c(lui de la Civette, du Loup et de l'Hyène, il est évident cpu' ce s((nelette a beaucoup plus de ressi'mblance avec celui des Chiens qu'avec l'un des deux autres, par la brièveté du tronc, surtout dans la région lom- baire, et par celle de la queue, ainsi que par l'élévation des mains et des pieds, qui sont certainement dans la proportion ordinaire des Canis. La tète, courte et large, et parla assez différente de celle du Lou|), rappelle, au cuntraii'e, un peu la forme du crâne du Cliien crabicr d'Amérique, par la manièri- dont le cjjanfi'cin, doucement arqué dans toute son étendue, tondje, en s'excavant legèrenienl en avant, pour former un museau raccourci. On peut même reconnaître une certaine analogie dans la manière dont se produisent la crête occipitale et l'intervalle supéiieur des fosses temporales. \'ais on trouve des ditférences ass(Z grandes dans la forme des os du nez, bien plus scalénil'ormes, le sommet supé- rieur trés-aigu, et la base plus large et obliipu': dans roibile, plus ( ireulaire, plus complète dans son cadre, par l'avance ]M'cs(pie égale des deux apo]jliyses orbilaires. et surtout de celle du jugal, ipii, lui-même, est plus large et plus court, et ressemble un peu à ce qu'il est dans les Felis. La mâchoire supérieure est également singulièrement large, et cela dans tous les os qui la constituent. Ainsi, l'a- po|iiiYse ptérygoide interne, très-saillante, est un peu dolabriforme; le palatin et le maxillaire, par leur grande étendue, forment une voûte palatine A iiords parallèles, remarquable par sa largeur et son excavation, se rétrécissant assez peu aux ]U'émaxillaires, dont la branche montante est i ourle et très-aiguë. Cette forme de la fosse osseuse du Protèle et de ses mâchoires, même à rexirémiie, rciul assez diflicile de concevoir la comparaison qui en a été faite avec celles du Renard et de la Civclle. Cet élargissement du museau cl du palais a nécessairement déterminé quelque chose de semblable dans rappendice maxillaire inféiieur ; il commence, en effet, par une caisse considérable, contre la- quelle .s'applique, d'une manière fort serrée, un os mastoïdien très épais. Le squammcux est court (kins son a])ophyse jugale; mais celle-ci s'écarte fortement en dehors, afin que les branches de la mandibule se disposent de manière à correspondre aux bords maxillaires, c'est-à-dire à former, par leur ccartement, une sorte de parachute ou de fer â (Iheval très-ouvert, au sommrt du(picl la mandi- bule se rétrécit presque subitement dans une partie de la symphyse pour s'élargir transversalement â sa terminaison. Chaque côte a, ilu reste, assez bien la forme de celui de la mandibule du Chien cra- bier, avec moins de hauteur cependant, et plus d'obli(iuilé de l'apophyse coronoide, un peu plus de saillie de l'apophyse anguleuse, et moins d'arrêt dans le coude. Elle est aussi |)liis étroite dans sa branche horizontale. Celte disposition des deux mâchoires est sans doute en rapport avec un élargis- sement proportionnel de la langue, ce qui, joint à la forme si anomale des dents, fiiit |nésumer quel- que particularité biologique singulière dans l'esiièce, l't peut-êti'e dans l'état de la nourriture de cei animal. « Le reste du sipu'Ielle renirc pivsque complètement dans ce (pii existe chez les Cauis. Aux vertè- bres cervicales, l'apophyse épineuse de l'axis est longue, très-basse, presque rcctiligiie â sou bord supérieur, et nullement convexe, comme dans les Civettes. Le lobe interne de l'apophyse transverse de la sixième vertèbre cervicale est court et arrondi, plus semblable ù ce qu'il est chez le Loup que chez celh's-ci, où il est échancré. Du reste, les apophyses transverses des vertèbres intermédiaires sont également courtes cl arrondies, et les épineuses, (pu)i(pie larges â la base, sont très-i)eu élevées, \mi- portion qui est parliculière à cet animal. Les vertèbres du tronc sont au nombre de quatorze dor- sales et de six lombaires, comme dans les Felis, et non pas comme dans les Qinis ni dans les Vivcrrn. et encore moins dans les ffijœua. Leurs apophyses éidneuses sont en général courtes; les onze premières vertèbres dorsales retruverses, et les trois dcrnièi'cs plus courtes encore, et un peu inclinées en avant, comme celles de toutes les lombaires, vertèbres qui sont habituellement courtes, et dont les apophyses transverses croissent de la première â la dernière, la plus longui' cl la plus large. Le sacrum n'est formé que de deux vertèbres seulement, et la queue de vingt et une; loules courtes, et dccroissani lapidcnniii d'cpaisseur. lus IIISTOIliE NATLRELLK. « Les membres, généralement élevés, rappellent presque eoniplétementreux des Canis. L'omoplate est élroile, et ressemble cependant assez ;"i crlle de la CiveKe. Son acroniion est un peu bifiii'f|ué, et la tubérositécoraeoidicnne est très-épaisse. Lluimérus est tout à fait celui d'un Canis, mais peut-être un peu plus droit cependant, avec un trou médian, et sans canal interne ni crête externe. Les deux os de l'avaiit-bras sont enoore iiUis dcj^radés que dans les Cnnis et autant que dans les Hyènes; le ra- dius plus antérieur, plus lari,'e, plus couligu au cubitus, qui, comme dans celles-ci, est robuste el tri- quètre, dans la division bicorne du bord antérieur de i'apopliyse olécranienne, qui est, au contraire, arrondie. Le carpe est élevé; le métacarpe comme dans les Canis. ainsi que le pouce; mais les plialan- ges sont plutôt comme dans la Hyène, par la brièveté el la presque égalité des secondes. Outre les sésamnïdes ordinaii'cs de l'arliculalion metacarpn-plialaiii;icnne. M. Isidore Geoffroy Saint-Ililaire en décrit d'autres en dessus dans les tendons de l'extenseur commun. Aux membres postérieurs, dont la proportion avec les antérieurs est la même que celle des Canis, le bassin est fort court, et l'iléon di- laté dans sa partie antérieure un peu comme dans la Hyène : quant au quatrième os de la cavité ce- tyloide, que M. Isidore fieoffruy Sainl-llilaire parait regarder, avec M. Serres, comme l'analogue de l'os marsupial des Didciplics, il est probable (pie c'est ré[)ipliyse de l'extrémité articulaire de l'i- léon. Le fémur est uu peu moins courbe que dans le Cliien, mais dans les nu'ines proportions. Le tibia ressemble peut-être plus à celui de la Hyène, sauf la taille, parce qu'il manque, à sa partie supérieure, de la crête si brusquement arrêtée ebez les Canis. Oiiant au péroné, il est tout à fait eomme dans ceux-ci et dans la Hyène, grêle et collé, dans sa moitié inférieure, contre le tibia, ce qui est tout autrement dans la Civette. Le pied rentre entièrement dans la forme de celui des (Àiiiis, par l'étroilesse du calcanéum et par celle du métatarse et des doigts : les secondes phalanges sont néanmoins moins courtes. Il n'y a probablement pas d'os ou pénis. » La seule espèce authentique de ce genre est le : l'ROTÈI.E DE DliLALANDE. PROTEI.ES VELALANDII. Isiaoro Geoffroy SaiiU-IIllairc. CAnACTftnEs srÉciriQUF.s. — Le fond du jielage est d'un blanc lavé di^ gris roussfilre, et varié, sur les côtés de la poitrine, de lignes noires transversales inégalement prononcées et espacées : les flancs présentent six ou 'sept bandes noires étroites, transversales; les bandes des cuisses et des jand)es sont plus petites que celles-là. Les tarses sont noirs; le bas de la jaud)e, de la même (toidcur que le corps, est également varié de bandes noires transversales, dont les supérieures se continuent avec celles du tronc; il y a une petite crinière noire; la queue est noire, avec du gris à la base. Cette espèce a été désignée, par C. et Vr. Cuvier, sous la dènoniin;ition de Ciicm.ttk ou CivrîTic iivÉ- noïdk; a. g. Desmarest lui applique, mais avec doute, le n(un de Vinria liiicnuidcf; De Ulainville, ceux de Proldes et Canis bijcnoiiks; enlin, on l'a aussi nommée Prolcks fasciatus el,Prulclcs liiienoidcs, d'après l^esson; mais la dénomination qui doit être adoptée est celle de i'roUlcs Dilulaudù, de M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire. A l'âge adulte, le Prolèle est de la tjiille du Chien de berger, d'après ce qu'en rapporte M. Knox, qui l'a observé en Cafrerie; il est ainsi plus petit (]ui' la Hyène, mais en present<' l'iispecl extérieur ; toute- fois, ses formes sont plus légères, son museau plus pointu, ses poils plus courts, et sa crinière moins bien fournie. Ses jambes de derrière paraissent très-courtes, ce qui provient de la flexion contiiuielle où il en tient les diflcrentes parties : mais, en réalité, elles ne sont pas plus courtes que celles de de- vant. Les oreilles sont allongées, pointues, et couvertes d'un |ioil très-court el peu abondant : elh's res- semblent assez à celles de l'Hyène. Le nez est assez semblidde à celui des Chiens. Les narines font sail- lie au delà du museau, qui est noir, est peu garni de poils. Les moustaches sont longues. La crinière s'étend de la nuque jusqu'à l'origine de la queue, qui est moins longue et moins touffue que celle do l'Hyène. Les puils tie la crinière, et ceux de tonte la (pieue, sont rudes au toucher, el annelès de noir et île blanchâtre, ce (pii fait qiu' la crinière et la queue sont aussi, dans leur ensemble, annelees des mêmes couleurs. Le reste du corps est presque en entier couvert d'un poil laineux, entremêlé de quelques poils plus longs et plus rudes : le pelage est généralement blanc roussàtrc, varié, sur les CARNASSIEHS. 109 futés de la poitrine, de lignes noires : il y a six ou sept bandes de la même couleur sur les flancs; et les cuisses, ainsi que les jandjes, offrent aussi de plus petites bandes. Le l'rotèle habite la Cafrerie, et luincipalenient le pays des llotlentots, aux environs du cap de lîonne-Espcrance; mais il est probable qu'on le rencontre également dans d'autres parties de l'A- frique, et que l'on doit rapporter à la même espèce l'individu qui a été découvert en Nubie. Ce Carnassier paraît assez rare, car il est très-peu connu des naturels des pays où on le trouve, et il n'a été clairement désigné dans les relations d'aucun voyageur. Aussi a-t-il échappé pendant très- longtemps aux rccherclics des naturalistes, et n"a-t-il été découvert qu'en 1820, par l'un des plus zé- lés voyageurs français, par Dclalande. Outre sa grande rareté, la nature de ses habitudes a pu, pendant longtemps, cacher aux zoologistes l'existence du l'rotèle. En effet, il est nocturne, et se tient, pendant le jour, dans des terriers profonds, à plusieurs issues, qu'il se creuse facilement au moyen des ongles forts et pointus dont il est armé. Il semble vivre en société, car Dclalande a tué, et rapporté au Muséum, trois individus de cette espèce qui habitaient dans le même terrier. Lorsqu'on irrite cet animal, sa crinière se redresse, et ses longs poils se hérissent depuis la nuque jusque sur la queue; puis il fuit avec vitesse, le corps disposé obliquement sur le sol, cl les oreilles, ainsi que la queue, baissées. D'après ce qui a été observe aux environs du ca)i de Bonne-Espérance par Dcla- lande et par M. Ed. Verreaux, le Protôle se nourrit, en partie, de la chair des petits Ruminants, principalement de très-jeunes Agneaux; et surtout des énormes loupes graisseuses qui entourent la queue chez les Moutons africains. D'autres voyageurs ont aussi parlé de ce genre d'alimentation de cet animal, et ce fait semble bien démontré aujourd'hui; mais il faut que les Protéles puissent prendi'e une autre nourriture, car les Moutons à grosse queue dont ils sucent la graisse ne sont pas originaires de l'Afrique australe, et y ont été introduits par les colons qui sont venus habiter le cap de lionne-Espérance. Il est probable aussi que le Protèle se nourrit également de chairs putréfiées, de même que cela a lieu pour les Hyènes, avec lesquelles il a de nombreux points de ressemblance sous le rapport des mœurs. M. Isidore Geoffroy Saint-Ililaire indique, comme étant peut-cire distinct du Protéles Dclalaudii, un Protèle, découvert en Nubie par M. Joannis, et qui est désigné, dans le pays, sous le nom A'El Jiasiw. Lesson a donné à cette prétendue espèce le nom de Prolcles Joannii : nous ne pensons pas, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, que cette espèce doive être admise actuellement, car elle ne repose que sur un dessin fait d'après un animal mort, et dans lequel les raies ou bandes transver- sales seraient un peu différentes de la disposition que présente le Protèle de Dclalande. 2""^ GENRE. — HYÈNE. HYJEJSA. Brisson, 1756. Hi'gne animal. Taiva, nom spûciricjuc opplitiuc par les Grecs à l'espèce type de ce genre. (;.\R.ACTÈRES GÉNÊRIIJUES. Sijslbne denluïre : incisivis, ^; couines, ^^J; molaires, |^; en lotuiilé ircutc-qiiatre devis. Itieisives supérieures sur une seule ligne droite; canines fortes; molaires de la mâchoire supé- rieure au nombre de cinq decliuque côté; savoir : trois fausses molaires coniques, mousses et O'c.v- ifrosscs; une carnassière, lu plus (jrande de toutes, à trois pointes en dehors, cl munies d'un petit tubercule en dedans et en avant, et une petite tuberculeuse. Incisives inférieures un peu plus pe- tites que les supérieures; canines fortes; molaires semblables à celtes de la mâchoire supérieure, si ce n'est que la tuberculeuse manque, et que la carnassière n'est qu'à deux pointes, et est dépourvue de tubercule. 'tête de médiocre yrosseur, à chanfrein relevé, à museau assez fin, et h mâchoires plus courtes que celles des Chiens, mais plus longues que celles des Chats. Yeux qrands, à prunelles lonrfiludinales, anijuleuses en haut, arrondies en bas. Oreilles longues, pointues, mobiles, ircs-ouvertes. Nouslaches dures, lo)i(jues. 110 IllSTOlliK NMI liKLI.i:. Langue (jurtw de papilles coriu'e.i . Membres poslérieiirs Iuk'hhiis flrelùs, el seiuliiaiit (liiix'i plus eoiirls (pu- les diiléiieitis. (pii sniil ctciidus. Pieds lermini's, tant ceux de devant que ceux de denicie, pur (piulre doigts. Ongles assez robustes, i/o» réiraetiles. Queue courte. Pelage composé de poils longs, grossiers, offrant îles taches ou des bandes obscures sur un fond plus clair, blanchâtre; une crinière épaisse régnant sur imite la linujncur du dos. Mamelles seulement au noud/re de fiuatre. Une poche profimUe, glanduleuse, sous ianns. Ce genre ne renferme qu'un petit nombre d'espérés, dont le ty]ie él;iil pl:ué, |);ir Linné, d;ins le genre Canis, avec lequel il a de immbreux rapports, mais demi il se distin.nne cependant faciiemeiil par la disposition de son système dentaire, ainsi que par celui de ses (loi_t;ls. Les Hyènes sont des animaux qui se trouvent encore aujourd'hui sous le coup de i)réjugés extrêmement injustes, et pour la plii|)art portant évidemment à faux, comme cela a été de tout temps, et inènu' déjà avant Aristote. « Seulement, ainsi que le t'ait observer De Blainville, ces préjugés erronés sont mainteimnt d'une au- tre nature. On ne pense plus, il est vrai, de nos jours, ([ue ces Carnassiers n'oni (pùin seul (js dans le COU; que les dents qui arment leurs mâchoires ne forment avec elli s qu'un tout continu; (|u"ils boi- tent (le la jambe droite, el cela assez naturellement; (ju'ils sont hermaphrodites, et qu'ils peuvent changer de sexe à volonté, etc.; opinions qui reposaient sur une observation spécieuse et incomplète, mais on les regarde comme les plus féioces, les plus redoutables de tous les Mammifères, et cehi parce que, carnivores, se nourrissant et rechen liant la ciiair minle autant el plus que celle des animaux vivants, qu'ils ne pourraient attaquer, el surtout atteindre, ils déterrent souvent les cadavres d'iioni- mes qui n'ont pas été enterrés à une profondeur suffisante, et, comme le respect pour les morts et pour les sépulcres est, de l'aveu de tous les philosophes, le premier acte, le pins hautement signi- ficatif de la nature, et, par suite, de la société humaine, ainsi que le prouve l'histoire de tous les peu- ples, même les plus sauvages, on voit comment, par suite de celte habitude connue dc.< Hyènes, elles inspirent, partout où elles existent, et même ])armi nous, une sorte de répugnance presque invinci- ble. Ajoutons à cela que leur physionomie basse, leur regard terne, leur démarche oblique, le train de derrière étant plus faible et plus abaissé, par plus de llexion, queci'lui de devant, contrairement à ce qui existe chez les Féliens et les Caniens, si admirablement construits, les uns pour l'élan, les autres pour la course, la grosseur et l'épaisseur du cou, la crinière dont le dos est hérissé dans toute son étendue, surtout quand l'animal est ému par quelque passion, et l'on concevra comment il en résulte que l'idée qui se présente d'abord à l'esprit, aussitôt qu'on entend pronoiicei' le nom de l'Hyène, lui-même si expressif, et tiré de celui du Sanglier (en grec, uaiv»), est celle d<' l'animal le plus à craindre pour les vivants el pour les morts, et par conséquent le plus effrayant pour l'imagi- nation. Les pages éloquentes que Buffon a consacrées à l'histoire de ces animaux, pages dans les- quelles il a d'autant plus volontiers adopte la plujiart des préjugés reçus, qu'elles furent écrites à lèpoque où la bête du Gèvaudan, regardée ;'i tort comme um^ Hyène échap|)ée de quelque nu'uage- rie, venait d'épouvanter les populations de cette province de France, n'ont |ias peu servi ;'i prolonger celte réputation non méritée. Le grand cl inimitable peintre de la nature a produit ici l'elfet qu'ont toujours obtenu les grands poêles et les grands peintres, celui de faire pénétrer dans les masses des conlre-véïilés, des exagérations, par suite de la richesse du coloris, dissimulant la sèche réalité du dessin. Mais, au fait, les Hyènes, considérées dans leur nature véritable, appuyée sur des faits non;- brcux el répétés, ne sont, pour ainsi dire, que des espèces de Chiens; susceptibles, en effet, d'être facilement apprivoisées, dressées même à la chasse, comme nos Chiens domestiques, mais qui, dans leur organisation assez différente, tenant à la fois de celle des Civettes, des Féliens el des Caniens, n'en constituent pas moins une dégradation évidente sous le rap]iort du système digital. » On a cru pendant longtemps que l'Hyène ét;iit l'animal indique, dans les livres sacrés, sous le nom de Saphan, mais il est démontré aujourd'hui que celte dénomination était employée i>our désigner le Daman; tandis que, comme semble le prouver Brocharl. l'Hyène est le Tscboa. des Israélites. Aris- tote est le premier qui en ail parlé chez les Grecs, et, pour lui, c'est son T/ias devoir doniu'r ici une description détaillée, offrent comme caractère commun d'être assez étroites dan.s leur c(U'ps, et surtout d'être irès-éli'vêcs en toit très-aigu dans leur axe, et cela à cause de la co 112 HISTOIRE NATURELLE. grande saillie de leur apophyse épineuse formant une crête dépassant, en arrière, les condyles par la grande saillie de l'épine de rnccipiit. Les niAehoires sont remarquables par leur grande lorce et par leur brièveté, quoique un peu moindre, peut-être, que dans les l'éliens, et, sous <;e rapport, bien éloignées de ce qu'elles sont chez les Canlens. L'apophyse ptérygoïde est assez dislinde, qnoi(|ue sou- dée de trés-b(inne heure. Le palatin est médiocre. Le lacrymal très-petit, un peu arrondi. Le jugal est épais et large. Le maxillaire est |>risMialique, large, court. Le pnmaxillaire de médiocre gran- deur, de même que l'appendice mandibidaire. Le rocher est petit, court, irrégulièrement arrondi. La caisse est un peu comprimée. Les osselets de l'ouïe sont assez bien comme chez tous les Carnassiers ; l'étrier à platine ovale un peu allongée et convexe; le lenticulaire comme soudé, et formant le cro- chet du plus grand des deux bras de l'enclume, l'un et l'autre assez courts; enfin, le marteau assez courbé dans sa longueur Le icmpdral est assez bien comme dans les Chiens. L'arcade zygomatique est large, épaisse. L'angle facial est plus ouvert que dans le Loup. Les fosses occipitales et ylùry goidiennes sont grandes, tandis que les cavités sensoriales sont peu développées. Quant aux trous d'entrée des artères, ou d(! sortie des veines et des nerfs, ils so«t plus pi'lits que dans les Chats, et même que dans les Chiens. Les vertèbres cervicales sont en général beaucoup ]dus fortes, plus lar- ges, plus éjiaisses et plus longues que dans les animaux que nous venons de nommer; elles ressem- blent, du reste, assez à celles du Loup. Les vertèbres dorsales, en plus grand nombre que dans la plupart des (Carnassiers, sont encore assez fortes, mais évidemment plus étroites et plus courtes que les cervicales, surtout dans leur corps remarquablement petit. Les vertèbres lombaires sont courtes, pins (pie dans les Chats, mais elles sont moins larges que dans les Ours, et même, peut-êtr(\ que dans le Loup, étroites, presque égales, décroissant un peu, et presque insensiblement, de la pr( mière à la dernière. Les vertèbres sacrées sont petites, décroissant rapidement de la première à la troisième, for- mant un sacrum cdurl. Les vertèbres coccygiennes sont assez bien dans le même cas que les précé- dentes, c'est-à-dire qu'elles constituent nue queue courte el tombante. Fiu'. C3. — llvène de l'Albara. L'os hyoïde a son corps large, épais, presque triquôtrc; ses cornes sont les antérieures courtes et les postérieures assez larges el milices. Le sternum n'est foimé que de huit pièces courtes, épaisses, CAIiNASSIKHS. ii: f|iia(li'il;ilii'es, à niaiiiiliiiiirii |M'ii siiilhiiil en ;iv,'iiit, ci ;i \i|]li(ii(li' ;ill(ii]i(c, cpai--. ;i lioi'ds pafalli-lcs. Los fôtrs sont au iiomliro de (iiiinzo, noiif siornalcs cl si\ aslprnali's ; elles sont, pour la force, iiilei-- niédiairos à colles des Chais et dc> Chiens, bien moins ffrèles que dans cpux-là, moins larges, infé- lieurement, que chrz ceux-ci; mais, en général, pins fortes, plus arrondies, plus arquées que dans le (iOup. ]ilus même que elifz l'Ours. Fig. 64 — llyùne brune. l-ps nienilM"s anic rieurs sont, en général, [dus robustes que les posUrieurs. i/fimuplate est assez ilroile, un peu eunime dans le I.oup, sans el.ir.i^isscnient inférieur de son bord antérieur, a eiéte peu élevée et avec un simple tid)ercule eoraeoidien. La clavicule est plus rudimenlaire que dans les autres genres de Carna.ssiers : elle est Iré.s-petite, trés-mince, ovale, un peu plu.> large à lexlrémitéacromiale qu'à l'autre extrémité. I/liumérus. surpassant à peine en longueur l'omoplate, est presque en tout semblable à ce!ui du Loup, d'abord par rabseme du canal nerveux du condyle iiilerne et de crête à l'externe, puis par l'existence presque constante d'un trou de non-ossilication au-dessus de la surface articulaire, et eidin par la forme générale courte, assez robuste, un peu courbée en /"renversé ('-—;. I.cs os de l'avant-bras ressemblent également à ceux des Cauii. mais ils sont plus courbés, plus sei- rés, plus collés l'un contre l'autre, au point de se .souder parfois dans la i)arlic moyeiuic de leur longueur. Le radins est plus large, plus |ilat, d'un diami'ire plus égal dans toute sou étendue. Le cubitus a un olé!ii'au;nie est ti-ès-épais. 1a\s muselés des membres démontrent que 1 Hyène est un animal Jouisseur beaucoup plus (|u'un animal coureur; et expliquent cette particularité organique par suite de laquelle ce Carnassier aime à déterrer les cadavres pour s'en nourrir. L'anatomie interne d'un individu liis en pins gros depuis son origine. Il en était de même du colon jusqu'au rectum, qui, an contraire, diniiiuiait de grosseur en approchant de l'anus. I^e foie n'avait que trois lobes ; le plus grand était divisé en trois parties par deux profondes scissures; il était, en dehors, d'une couleur rouge pale, et encore plus pâle en dedans de son parenchyme. Le vésicule du liel avait la forme d'une poire. La rate était fort longue, et à peu jtrés de la même largeur dans tonte son étendue; sa couleur était d'un rouge bien moins pâle (pie celui du foie. Le pancréas avait deux bran- ches. Les reins étaient placés fort en arriére; ils étaient larges, et avaient peu d'enfoncement. Il y avait quatre lobes dans le poumon droit. Le cœur était gros et court. La langue était large dans toute son étendue, et peu êpaiss" par le bout, hérissée de iiapilles dans diverses parties. Les bords de l'entrée du larynx étaient courts et épais, l'épiglotte avait moins dépaissenr à son extrémité que sur les eûtes, et l'extrémité était un peu echancrée. Le cerveau avait peu d'anfractuosités; le cervelet ressemblait à celui de la plupart des autres Carnassiers par sa forme et sa situation. » Les organes génitaux des Hyènes ressemblent beaucoup ù ceux des Chiens, sauf, ainsi que nous l'avons déjà noté, qu'il n'y a pas d'os du pénis. Entre l'anus et la queue, on trouve, chez les mâles et chez les femelles, une petite poche glanduleuse qui sécrète une humeur épaisse et octueuse dont l'odeur est très-fétide. L'existence de cett/ poche, considérée par les anciens comme une vulve, leur a fait croire que l'Hyène était hermaphrodite, et de là toutes les fables et les traditions superstitieuses dont riiisloire de cet animal est chargée. Elien rapporte à ce sujet mille contes ridicules qui n'a- vaient de fondements que d.ins l'imagination ignorante de gens effrayés. Pline, avec son exagération ordinaire, dit que l'Hyène, hermaphrodite, change de sexe tous les ans; qu'elle rend les Chiens muets par le seul contact de son ombre; qu'elle imite la voix humaine, et appelle même les hommes par leur nom, etc. Les Hyènes habitent des cavernes, qu'elles quittent la nuit pour aller à la recherche des cadavres et des restes infects abandonnés sur le sol ou enfouis dans le sein de la terre. On les voit quel([uefois pénétrer dans les habitations pour y chercher les débris de la table et les parties des animaux qui .sont rejetée.s ; souvent, dans le silence des ténèbres, elles entrent dans les cimetières, y fouillent les tombeaux, et emportent les rorps morts qu'elles ont délerrés. Les habitants des pays chauds où elles se trouvent ont su tournei' à leur prolit les instincts immondes des Hyènes, et se reposent sur elles du soin de débarrasser leurs villes des charognes et des immondices qu'(m laisse le soir dans les rues. Pendant la nuit, les Hyènes pénètrent dans l'enceinte des murs, enlèvent avec avidité tous ces débris dont elles se repaissent, et délivrent ainsi l'homme des maladies qu'engendreraient tous ces miasmes infects ci pernicieux en se répandant autour de son habitation. L'un de nos collaborateurs nous a assuré avoir de témoin de faits semblables en .Mgérie : il a vu, la nuit, à Constantine, des Hyènes venir enlever les matières animales qu'on avait laissées dans les rues de la ville. D'après cela, on voit que les Hyènes sont beaucoup moins sanguinaires qu'on s'est plu à le dire, et que le tableau ([u'en trace Buffou est un peu outré. En effet, notre savant naturaliste rapporte que : 'i Cet aninril r.auvage et solitaire demeure dans les cavernes des montagnes, dans les fentes des rochers ou dans des lanières qu'il se creuse lui-même sous lerre; il est d'un natiii\'l féroce, et, quoique pris tout petit, CARNASSIKHS. 117 il ne s'apprivoise |);is; il vil lie proie ciimme le Loup, mais il est -plus l'orl et parait plus liardi; il attaque ([uelquefuis les lioimues, il se jette sur le bétail, suit de près les troupeaux, et souvent ronge dans la nuit les portes des étables et les clôtures des bcryeries; ses yeux brillent dans l'obscurité, et l'on prétend qu'il voit mieux la nuit que le jour. I/Ilyène se défend du Lion, ne craint pas la Pan- thère, attaque l'Once, laquelle ne peut lui résister; lorsque la proie lui manque, elle creuse la terre avec les pieds et en tire par Linibeaux les cadavres des animaux et des hommes. » Plusieurs des faits annoncés dans ce passage ne sont pas exacts; en effet, les Hyènes peuvent rester longtemps en raé- iiâgerie et y vivent même très-longtemps ; elles ne recherchent pas une proie vivante, à moins que cette dernière, par sa faiblesse, ne leur offre pas de résistance, ou lorsqu'elles sont pressées par le besoin : enfin, elles n'attaquent pas les grandes espèces de carnivores, et semblent bien plutôt devoir fuir devant elles. Du reste, ce sont des animaux nocturnes, peu propres à la course par suite de la disposition de leurs membres de derrière, qui les fait paraître boiteux. ■.Scti-eJtr Fig. 65. — Hyùne du désert. Nous avons dit que l'on connaissait des Hyènes vivantes et des Hyènes fossiles; les premières sont toutes propres à l'ancien continent, et il n'en existe pas dans le nouveau; car l'animal auquel on a donné le nom d'Hyène d'Améiique est le Loup rouge, espèce du genre Chien; les secondes se rap- portent plutôt à l'Europe, quoiqu'on en ait signalé aussi des débris en Asie et en Amérique. Les espèces actuellement vivantes sont les : 1. IIYÈNU l'.AYKl'; nr.'E.V.t VVUlMtlS C. C.uvier et Kl Geoffroy Sainl-llilaire. Caractères spécifiques. — Pelage d'un gris jaunâtre, raye transversalement de brun sur les tlanc, et sur les pattes. Longueur du corps depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, en- viron I mètre; de la tète, depuis le bout du museau jiis(prà r.iceipul. (i"'.57; de la queue. 0" Hauteur du Irain de devant aux épaules. 0"'.iX. .18. 118 HISTOIRE NATl BELLE. C'est la seule cspéee de ce i;eni'e qui ait été coiiiiiie des niieieiis; c'est à elle à qui l.iiiiie :i ap- (ilique la dénomination de Cnnis hijœna. Le pelai^e de cette Hyène, composé de deux sortes de poils, les laineux en petite quantité, cl les soyeux seuls apparents au dehors, est d'un gris jaunâtre, rayé transversalement de noir; les bandes noires du dos et de la croupe se dirigent du dos au ventre; elles se courbent et deviennent obliques en se continuant avec les raies des épaules et des cuisses; celles des jambes sont petites, horizon- tales, interrompues, et entremêlées de taches en roses ou de petites taches pleines. La tête porte un poil très-court, roussâtrc, varié irréi,'ulièrenicnt de noir; le menton est noir;itrc; la gorge est toute noire. Sur le dos s'étend une longue crinière noire, ondée de jaunâtre, et qui est continuée sur le cou et sur la queue par des poils plus allongés et plus roides que ceux du reste du corps. Les oreilles sont longues, de forme conique, larges ;i la base, presque nues, et de couleur brune. Les pattes sont uniformément grisâtres, velues jusqu'au bout des doigts. La queue est de moyenne longueur, et garnie de poils allongés et touffus. L'Hyène d'Abyssinie cl d(! Nubie, décrite comme_ espèce nouvelle ])ar liruce, sons la dénomination de Canis liyiviwi>iel(i.i. ne diffère en rien d'essentiel de l'Hyène rayée, t'e Mammifère est seulement d'une taille un peu plus forte; sa tète est très-grosse, son museau droit et épais; les poils qui (;ou- vrent les côtés de son corps sont peu touffus et aussi longs (pie ceux de la crinière, d un brun uni- forme dans toute leur longueur, et légèrement teints de grisâtre sur quelques parties du corps. S;i tète est couverte de poils courts d'un brun grisâtre; sa nuque, les côtés et le devant de son cou, sont de couleur blanchâtre; ses pattes sont annelees de lignes brunes et de lignes blaneh;'itres: le dessous de son corps, d'un blanc sale, est tache d'un peu de brun, sa queue est longue et couverte de grands poils bruns en dessus et blanchâtres en dessous. L'Hyène rayée est difficile à apprivoiser, bien qu'on ait quelquefois réussi ii le faire. M Isidore Geoffroy Saint-IIilaire rapiiorte que celles de la ménagerie du Muséum ne se sont jamais adoucies complètement, et il cite une d'elles qui se rongea tous les doigts des membres ])ostérienrs, qui fu- rent ainsi tout à fait détruits. CependaTit, dans les suppléments de son Ilhloirc naliircllc, Buffon parle d'une Hyène qu'il vit à la foire Saint-Germain; et il dit qu'elle était très-bien apprivoisée et obéissait aux ordres de son maître. ('ette espèce se trouve dans l'Inde, la Perse, la Turquie, l'Abyssinie, l'Egypte, la Nubie, la Lybie, la liaibarie et le Sénégal. M. de Christol en a signalé des débris fossiles dans les terrains d'Auver- gne de la quatrième époque. 2 llYÈNIi BRUNl'I. ffl'.EAM BIIVNI-A. Tlninhcrg Caractères spécifiques. — Pelage couvert en dessus de longs poils brun grisâtre; dessous du corps d'un blanc sale; queue touffue, unicolore. Taille de l'espèce précédente. • L'Hyène brune est très-voisine de l'Hyène rayée, et y est même réunie parla plupart des auteurs, et surtout par De Blainville. C'est à cette espèce que M. Isidore Ceoffroy Sainl-Ililaire ajipliqne le nom A'Ifija'ua fusca, et c'est probablement ù elle que se rapportent les Uijœna v'dtosa, II. Smith; C'ia'icri, Jardine. T«ut le corps de celte Hyène est couvert de poils longs et pendants d'un brun roux; la tête est garnie de poils courts brun grisâtre; le dessus du dos, les flancs et les cuisses sont ondés; les jambes un peu plus noirâtres; les pattes sont annelécs de blanc et de brun; le dessous du corps, la face interne des membres, le corps et le torse, sont d'un blanc sale; les poils du corps sont aussi longs que ceux de la crinière; la queue est unicolore, longue et touffue; les oreilles sont allongées, pointU(;s, et presque nues. La patrie de cette espèce est le cap de Bonne-Espérance. Keiinc Ui'and Danois. l'I Kl. CARNASSIERS, 119 3 HYENE TACIlliTEE in\eXA CItOCVTA. Linné. Zunnicrtnann. CAnACTÈRES srÉciFiQUKS. — Polagi' d'iiii jaune tciiie, parsemé de taelies brunes, arrondies, en petit nombre. Taille et corpulence d'un grand Mâtin, avec la tête plus épaisse et moins allongée que celle de cet animal. Cette espèce, vulgairement connue sous le nom d'IIvÈxE du Cap, est I'IIvè.ne tacuetée de Pennant, le Loup tigre de Kolbe, et rilïÈsE de Barrow. C'est le Canis croaita de Linné, Vlhjwna Capcnsis de A. G. Dcsmarest, sliiata de Pennant et Liilistenstein, et maciilala de Tliunbcrg; enfin, c'est proba- blement à une variété de cette espèce qu'on doit rapporter l'ilYiiNn rousse, Hijana riifa, de G. Cuvier, Le pelage de cette Hyène est d'un fauve roux, marqué de nombreuses taches d'un brun foncé, qui sont disposées sur le corps en bandes longitudinales, et répandues plus irrégulièrement sur les épaules et sur les cuisses; la queue longue, garnie de poils longs, peu touffus et noirs, est aussi ta- chetée à son origine. Le dessous du corps et la face interne des membres sout d'un fauve blanchâlrc. Les oreilles sont larges et courtes, presque nues, et d'une forme à peu près carrée. I^e poil de l'Hyène tachetée est plus court que celui de l'Hyène rayée; il devient relativement plus long sur le cou et sur le dos, où il forme une petite crinière peu fournie. Cette espèce habite le midi de l'Afrique, principalement les environs du cap de Bonne-E.spérance. Delalande en a rapporté le jeune, dont la tète est foncée et le corps noirâtre, marque seulement de quelques taches sur le dos et à l'origine de la queue. Une race particulière, que G. Cuvier regarde comme espèce distincte sous la dénomination d'IhÈNE rousse, Iliiœna rufa, se trouve aussi au Cap, et se distingue par des taches en plus petit nombre; par un poil plus long, plus doux, d'une couleur rousse plus foncée; par les jambes noires et le ventre de la même couleur. L'Hyène tachetée paraît pouvoir s'apprivoiser plus aisément ((ue l'Hyène rayée : llarrow dit qu'on l'emploie pour la chasse, et qu'elle égale le Chien en fidélité et en intelligence. On en a conservé, à la ménagerie du Muséum de Paris, un individu pendant seize ans; il s'est toujours montré très-doux, si ce n'est dans sa vieillesse, pendant laquelle les infirmités le rendirent plus farouche. Quand il ar- riva à Loricnt, il s'échappa, courut quelque temps dans les champs sans causer aucun dommage, et se laissa reprendre sans résistance. Un a quelquefois regarde comme une qualrième espèce de ce genre, sous la dénomination d'HïÈSE lELNTE, ou Chien iivénoïde, Hiiccna vcmilica, Burchell, un Carnassier assez voisin de ceux-ci par sa forme extérieure, et que nous avons placé dans la tribu des Chiens, sous le nom générique de Cvn- iivÈsE, qui rappelle les rapports de cet animal d'un coté avec ceux du genre Chien, et de l'autre avec ceux du genre Hyène. De nombreux ossements fossiles d'Hyènes ont été principalement découverts dans les cavernes, mais ils se trouvent aussi parfois dans les terrains meubles et même dans ceitaincs brèches osseuses; nous avons déjà dit qu'on les rencontrait principalement en Europe. D'après les paléontologistes, on en compterait un assez grand nombre d'espèces distinctes, outre l'une d'elles qui est analogue â l'Hyène rayée; mais ce nombre doit être considérablement restreint, et il est ])robal)le qu'on ne doit en si- gnaler que trois espèces européennes, et peut-être deux autres, l'une des monts Himalayas, et l'autre de l'Amérique méridionale. Les débris d'Hyènes se ren(ontrent principalement en grande quantité dans les cavernes et réunis ù un très-grand nombre d'autres os; ces faits singuliers ont donné lieu â diverses explications des naturalistes, et, pour faire connaître ce sujet impoitani, nous ne croyons pouvoir mieux faire que de rapporter ce qu'en dit De Blainvillc dans son Oxtcoçiraplnc, quoique le passage que nous allons transcrire soit peut-être un peu long pour les limites que nous nous sommes tracées. « Dans toutes les localités où l'on trouve des ossements dilyèncs, ils y sont pêle-mêle, et souvent fragmentés, brisés, plutôt les os longs que les os courts, plutôt la mandibule qu'une autre partie, avec ceux de toutes sortes d'animaux terrestres, Mammifères, Oiseaux et Reptiles, et même, dans quelques localités, avec des ossements d'hommes, comme s'en est assuré bien positivement Schmer- ling, en Pelgiqtie, et M, Marcel de Serres, dans les cavernes du midi de la Trance. Les os que l'on 120 IIISTOIKK iNATUULLLi:. renconire le plus souvent accompagnant les ossements fossiles d'Hyènes paraissent être ceux d'Oms, de grands Félix, de Loups, d'Éléphants, de Rhinocéros, de Codions, et surtout de Uuniinanls à bois et à cornes, ainsi que d'individus du genre Ciieval, et quelquefois ces os semblent avoir éprouvé l'aition des dents d'animaux carnassiers. On ne peut guère citer comme ayant appartenu à des squelettes entiers que les os d'Hyène trouvés à Lawfort, en Angleterre, quelques-uns de ceux d'Auvergne, et peut-être de la caverne de Lunel-Viel. Partout ailleurs, ils sont épars et indisiinclement mêlés avec les autres os du dépôt. Ils sont à différents degrés de détérioralioii, suivant qnchpies circonstances de localités et de leur propre nature; il parait cependant qu'en générai ils sont moins altérés, ils ont un aspect plus frais, plus récent, moins friable, que ceux des autres animaux avec lesquels ils se trouvent, comme le disent M. Goldfuss de ceux do Gaylenreuth, dans le limon et non dans la brèche; M. Noggeralh, de ceux de Sundwig, dans une terre très-meuble, au-dessous d'une coiiciie de stalagmite de vingt à quarante pouces d'épaisseur, et M. Bnckland, de ceux de Kirkdale. Ces ms sont toujours fragmentés, de l'aveu de tous les paléontologistes; mais, suivant les uns, ils sont an- guleux et offrent même des traces d'érosion; et, suivant M. Schmerling, au contraire, la plupart sont évidemment roulés. Dans les excavations, ils sont dans des relations différentes par rapport an sol; quelquefois tout à fait libres et à la surface; d'autres fois à découvert, et mémo collés an ])lafond de la caverne; le plus souvent, ils sont enfouis ou dans la terre argileuse, ou dans une sorte de brèclie formée par le stalagmite, celle-ci couvrant le sol argileux; particularités signalées surtout par M. S( hmerling dans les cavernes des environs de Liège. « Mais, de ces faits incontestables, peut-on en conclure d'une manière un peu plausible qiu' l'es- pèce d'Hyène fossile la plus commune dans la partie tempérée de l'Europe a non-seulement vécu dans les pays où l'on rencontre des fragments de son squelette, mais qu'elle se retirait dans les ca- vernes où on les trouve, et que c'est elle qui y a apporté les ossements des autres animaux (|u'on v rencontre avec les siens? C'est tout autre chose. On a pu en effet opposer à cette manière de voir, proposée surtout par M. Buckland, et aduplée |)ar M. G. Cuvier, reposant sur le fait d'un assez petit nombre d'os de Ruminants qui paraissent avoir éprouvé l'effet de la dent d'animaux carnassiers, de la présence de fèces ou de coprolithes trouvés avec eux; et enfin, sur un certain nombre d'os d'Hyènes usés, polis d'un côté seulement, ce qu'on attribue au passage des Hyènes rentrant et sortant de leurs retraites, que ces ossements d'Hyènes sont bien fragmentés, bien dis|)ersès, bien peu nombreux même, pour provenir d'animaux qui auraient vécu dans les cavernes et seraient morts de leur mort naturelle, en admettant même que ces os ne soient pas roulés. « Sans doute, les Hyènes se retirent, se réfugient dans les cavernes, probablement pour s'y ca- cher, et même y élever, y allaiter leurs petits; mais M. Kaon a fait la juste observation (pie ces ani- maux, qui se nourri-ssent de cadavres, les mangent sur place, au lieu de les emporter en totalité ou en partie dans leur retraite, comme il faudrait qu'ils eussent fait si les ossements des animaux que l'on trouve avec les leurs étaient réellement les restes de leurs repas. Ce sont ces diflicultés ([ui ont porté M. Schmerling ;'i dire que les ossements fossiles d'Hyènes ne proviennent pas d'aiiiin:iiix qui auraient vécu aux lieux ou on les trouve, et qu'ils ont été entraînés par une grande inoinbitiini. .Mais, pour admettre cette hypotiièse, il faut passer sous silence les masses iValhmn (jrwcum, que l'on trouve dans ces cavernes, et que M. Buckland regarde comme des excréments d'Hyènes, et, suivant lui, entièrement semblables ù ceux d'une Hyène du Cap, vivante, qu'il a pu se |)rocurer et examimr comparativement. Il reconnaitcependant que les coprolithes de Kirkdale, de forme splierique, irrégii- lièremenl <'omprimés, variant d'un demi-pouce i\ un pouce de diamètre, de couleur d'un blanc jau- nâtre, ù cassure terreuse, contiennent des petits fragments non digérés d'émail de dents. Or, je i;e connais encore aucun animal qui se nourrisse de dents et puisse même les digérer; en sorte que celte particularité pourrait être une objection de plus à opposer contre ro|iinion de M. Buckland, que les os de Mammifères trouvés en grande quantité dans la caverne de Kirkdiile avec ceux d'Hyènes y ont été apportés par elles, et nullement par des inondations. En effet, en faisant observer que les Hyènes, plus que les autres Carnassiers, vivent solitairement chacune dans leur tanière, qu'elles n'emportent pas nécessairement tous les cadavres d'animaux qu'elles rencontrent, mais qu'elles les dévorent souvent sur place; que, dans le cas contraire, c'est au plus à l'entrée de leur lanière qu'elles le font, et non dans cette tanière elle-même; qu'il n'est nullenient démontré, ni même probable, que des Hyènes sauvages se mangent les unes les autres, au moins hors le cas d'absolue nécessité: cl CARNASSIERS. |.2, que toutes les cavernes à ossements sont fort loin de lonteiiir des lljèn.s, qiw, dans aucune uiènic elles n'y sont en nombre proportionnel aux os d'animaux herbivores qui se tnjuvenl avec elles que pour des animaux si avides d'os qu'on le dit, bien peu de ceux-ci offrent réellement les traces d'a- voir été rongés, brisés, mangés par elles; qu'il est irés-diflicile d'expliquer comment des anim-.ux venant mourir de vieillesse ou de maladies dans ces cavernes, |)en(lant une suite si longue de véné- rations, n'ont laissé eux-mêmes que des os brisés, fracturés, mêlés avec ceux de leurs victimes- on est presque forcé de conclure, avec la plupart des géologues qui ont écrit sur les cavernes ossifères depuis M. Buckland, que les ossements d'Ilyénes, et même leurs excréments, devenus coprolitlies qu'on trouve dans ces cavernes, y ont été apportés, ainsi que ceux qui sont dans le diluvium ordi- naire, et comme l'ont été les parties dures de tant d'animaux mammifères ou d'autres classes de Ver tébrés avec lesquels on les trouve pêle-mêle, brisés, fracturés, sans aucune espèce d'ordre ce qui ne peut faire soupçonner une distinction de viclimeurs et de victimes, qu'ils y ont été apportés déil en fragments, des pays environnants, où les animaux dont ils proviennent vivaient sans doute par une inondation générale ou par des inondations partielles et répétées à des intervalles plus ou moins éloignes, mais non pas assez étendues pour avoir ramassé, accumulé successivement des ossements d animaux de pays éloignés avec ceux des lieux où elles se sont arrèlees, comme l'a surtout pensé M. Schmerling; qn en supposant même que les ossements dllvènes ne se trouvent pas mêlés 'ivec ceux de l'espèce humaine, ce qui ne peut cependant pas être mis en doute aujourd'hui il ne fmdraii pas regarder cette absence, avec G. Cuvier, comme une preuve que l'espèce humaine n'existiit pas a I époque du dépôt des ossements dans les cavernes, .-ar, s'il est vrai qu'aujourd'hui les livènes comme les Loups, comme les Chiens mêmes, s'attaquent quelquefois aux cadavres d'hommes dans certaines circonstances de nécessité absolue, ce n'est pas une raison pour qu'elles l'aient fait à des époques ou nos pays, beaucoup moins peuplés d'abord, étaient de plus couverts de forêts où les iummants, leur pûiure harmonique, étaient si abondants en individus et même peut être en i^néces Les races nombreuses de Cerfs, de Bœufs et de Chevaux, ont disparu en très-grande partie parce que les hommes ont abattu les fgrêts, anéanti, ou au moins grandement diminué les pâturages li bres, et se sont prodigieusement multipliés, et dès lors l'une des deux espèces d'ilvènes qui'habi la.ent notre Europe s'est retirée et s'est concentrée uniquement dans les deux autres paWies du monde- 1 autre (et peut-être ajouterons nous d'autres) a complètement disparu « Ainsi nous retrouvons pour .-e genre de Mammifères carnassiers ce que nous avions reconnu pour la plupart des autres (c'est De Blainvillc qui parle), et surtout pour les Fc/i. ,t les Canis- ccst-a dire qu avec le grand nombre d'animaux herbivores qui peuplaient si abondamment nos niti- qucs forets et qui ont disparu eu grande partie, vivaient pour ainsi dire proportionnellement non- seu ement des espèces de Carnassiers sanguinaires, hardis, agissant courageusement corps à'co ps comme les premiers, ou plus habilement, et en s'associant dans leurs chasses, comme les seconds pour les attaques de vive torce, et qui les dévoraient vivants, mais encore des cspê<-es moins cour-V geuses ou moins féroces, moins franchement carnassières, et par conséquent plus hideuses mx- quel es étaient réserv.^s leurs cadavres; les Hyènes étaient ici c que, chez les oiseaux de proi^, les Vautours sont a I égard des I-aucons. Ainsi,, l'harmonie des principales espèces animales était alors en Europe, an moins aussi parfaite qu'elle l'est aujourd'hui, si même elle ne l'était réellement .l'i' vantage, comme plus voisine de l'époque où elle était sortie de la conception créatrice et nécessaire ment alors moins dérangée par le développement fatal de l'espèce humaine « ^ous n;ind.querons avec quelques détails qne les trois espèces européennes qui semblent seule- ment avoir existe, et nous nous Itornerons à donner la liste, encore incomplète, des espèces nrono- sees par les pab^ontologistes, et qui, la plupart du temps, ne sont réellement qne n minai s Ces espèces sont : 1 II,,a;ra fossilis. G. Cuvier; 1'//. spcl.ru, Goldfnss, des cavernes de France el d'Mle- magne; es //. pnsca et inlcmalla, Marcel ,1c Serres, de la caverne de Lunel-VicI; les // ctuario- rum^i h^>o.o,rnsis Croiz.et et Johcrt, des terrains de la deuxième époque, d'Issoire, en \uver- ^ : ,.,"■ .''"'""' ^^'-'^''-''^''^'-s l't Pa-rici, des mêmes auteurs, et particulières aux i^alets n li- gnites d Issoire, etc. t^ ■ ■ Les seules espèces fo.ssiles que nous voulions indiquer sont les : tu i9.i IIISTOIHK NATURELLE. A HYÈNE DES CAVERNES. HrJSyA SPELMA OolJfuss Les meilleurs caractères de cette espèce sont tirés de ses dents carnassières : le lobe postérieur de la carnassière supérieure est plus grand que dans l'Hyène tathctoe, tandis qu'il est plus petit que dans rilyènc rayée; la carnassière inférieure n'a en arrière de ses deux lobes tranchants qu'un léger bourrelet, et n'offre point de tubercule interne à son lobe postérieur; la dent tuberculeuse supérieure est petite et à une seule racine, comme dans l'Hyène tachetée. Cette espèce, d'une taille plus élevée que nos Hyènes actuelles, et qui semble se rapprocher da- vantage de l'Hyène tachetée que de l'Hyène rayée, se trouve en France, en Allemagne et en Angle- terre, dans plusieurs cavernes, et principalement dans celle de Kirkdale, illustrée par M. Buckland dans ses licliquicv diluvianœ. li. IIÏÈNE DE MONTPELLIEU. IIYMXA MOASPESSVLA^'A. De Chrislol. Cette espèce ressemble à l'Hyène rayée par la structure de sa dent carnassière inférieure, c'est- à-dire qu'elle offre en arrière de ses lobes un tube à deux pointes obtuses et un tubercule à la base du tubercule postérieur; la dent tuberculeuse supérieure, placée en travers de la mâchoire, est plus grande et à deux racines. Cette Hyène, qui correspond ù VUyœna prisca, Marcel de Serres, et probablement aussi à l'Hyène d'Auvergne, de MM. Croizetet Jobert, ainsi qu'à l'Hyène de l'ancien diluvium du Val d'Arno, .se trouve dans le midi de la France. C IIVKNK DE l'EIlUlEn. IIYÂiNA rEnitlEIII Cioizet et Jobeit. Dans cette espèce, il y a nu laloii liilobé à la partie postérieure de la carnassière inférieure, el il n'y a pas de tubercule interne au lobe postérieur de celte même dent. D'après cela, cette Hyène, propre aux cavernes d'Auvergne, tiendrait à la fdis de l'Hyène tachetée et de l'Hyène rayée, et semblerait devoir être adoptée; tandis que les autres prétendues espèces qur nous avons nommées plus haut doivent au contraire être probablement rejetées. Entin, MM. Baker et Durand ont figuré, sous le nom d'HvÈ.NE de i.'Hihalava, Uijœna Sivalcnsii, lies débris fossiles d'une espèce de ce genre, qui serait d'une taille moindre que l'Hyène des ca- vernes, mais qui s'en rapproche cependant davantage que l'Hyène rayée, vivant'actuellement dans les Indes; et M. Lund a aussi énuméré une Hyène fossile trouvée dans les cavernes du Brésil, qu'il ap- pelle Ihjwna neogœa, mais il n'a fait connaître aucun de ses caractères. C'est aussi auprès de ce genre que De Blainville range le groupe des Agnollieiiiiin, dont nous parlerons ailleurs. CAllMASSIliUS 123 CINQUIÈME TRIBU. FÉLIENS. FELII. Isidore Geoffroy Saint-Hilairo. Moluïrcs alternes, à couronnes tranclinnles. Tubrrcidcusrs milles on rudinienUiires, nu contraire des Canicns, chez lesquels il ij a au moins deux tuberculeuses en haut et en bas. Mendircs plus on moins allongés, les postérieurs plus développés que les antérieurs, tandis que cela n'a pas lieu chez les Canicns et les Hijéniens. Marche franchement digitigrade. Cette tribu des zoologistes modernes correspond au genre Châl{Felis}. fondé par Linné en 1735, et a reçu de M. Isidore Geoffroy Saint-Ililaire la dénomination de Félicns, tandis que M. Gray lui ap- plique le nom de FeliUœ, Lesson celui de Felisinew, et que De Blainville lui conserve celui de Felis, donné par Linné. Quelques animaux de cette tribu, tels que le Lion et le Chat ordinaire, ont été indiqués depuis très- longtemps, et d'autres, en assez grand nombre, n'ont été découverts que dans des temps plus moder- nes. Les Fcliens sont des animaux dont le corps est en général médiocrement allongé, quoique la queue le soit souvent assez, et cela principalement à cause de la brièveté du museau et même de la tète, habituellement large et globuleuse, pourvue d'oreilles arrondies, assez courtes, mais toujours largement ouvertes, ainsi que les yeux, et de moustaches très-longues. Leurs membres sont très-souples dans toutes leurs articulations, et terminés par des paumes et surtout des plantes élevées, ne touchant pas à terre, entièrement velues, et par des doigts courts, cinq en avant, quatre en arrière, armés de griffes rétractiles fort aiguës, décroissantes du premier au dernier. Leurs incisives et leurs canines en même nombre que dans tous les Carnassiers, c'est-à-dire les premières au nombre de six en haut comme en bas, et les secondes de deux seulement; les molaires sont au minimum de nombre, quatrr en haut et trois en bas; mais elles sont, au contraire, au maximum de carnivorité par la diminution; de la partie tuberculeuse interne, postérieure, et par l'augmentation de la partie tranchante et mar- ginale : dans les Lijnx. au moins à l'âge adulte, il y a deux molaires de moins, parce que la petite molaire antérieure peut manquer. Le pelage est en général très-doux et serré, ordinairement d'un: roux fauve, quelquefois uniforme, et le plus souvent grisâtre ou roussûtre, tacheté de brun noir, avec des barres ou des traits plus ou moins prononcés sur les membres, ù la face et sur la queue, où elles tendent à former des anneaux. Quant aux parties internes, on peut se borner à dire, d'abord pour le squelette, que la clavicule, toujours osseuse, est cependant rudimentaire, non articulée, et presque sésamoïde; que l'humérus est constamment percé au-dessus du condyle interne, et que les phalanges secondes et troisièmes ont la disposition rétractile la plus prononcée; ensuite, pour l'intestin, que la langue est hérissée de pa- pilles cornées et pointues; qu'il existe un cœcum assez prononcé entre les deux parties du canal ali- mentaire; et, enlin, que l'anus est pourvu d'une paire de glandes odoriférantes à sa marge interne : l'organe principal sexuel mâle soutenu par un os rudimentaire, étant hérissé de crochets à son ren- flement antérieur. Les mœurs des Féliens ne sont pas moins caractéristiques que leur organisation. Ce sont, en effet, des animaux plus ou moins nocturnes, rusés, hardis, avides de sang, marchant avec précaution, sou pies et rampants lorsqu'il s'agit d'arriver à portée de la proie, puis, après avoir tendu tous leurs ressorts en les ramassant, les débandant subitement et s'élançant d'un seul bond sur elle, en éta- 101 IIISTOIUE NATURELLE. laiit ilessii.s, 1)11111- la retenir, les mains et la gueule, armées de leurs ongles aigus et de leurs dents acéi'f^es. V l/ll/S!/!'-: l"ig, 00 — l'antlicie. Fip; 07. — Jaguar. Kig. 08. - Tigre. Fig. G9. — Coupuar. Fig. 70. — Panthère noire. On a deeril des Chats vivants et des Chats fossiles. Les premiers sont au nondire d'une eiuquanlaine, et se reneontrent dans toutes les parties du globe: l'Euiope même en possède, mais en petit noml)re. Il y a près de deux cents ans que l'on a reeueilli, en Europe, des ossements fossiles a|)p:irtenaiit à une grande espèce de Fclis, sans cependant qu'on le.s ait reconnus comme tels. Celait d'ahurd dans les cavernes d'Alli magne, et jusqu'en IS2'>, époque de la pulilieation de la seconde édition des CARNASSIERS. 125 Ossemeius fossiles de G. Ciivier, on n'était guère allé au delà df la confirmation de ce fait; mais, ilepuis lors, on en a trouvé, et de toute taille, dans un grand nombre d'endroits d'Europe, dans lies terrains très-différents, en sorte que, aujourd'hui, si l'on acceptait comme démontrées les es- pèces de Felis fossiles proposées par les paléontologistes, il en aurait existé plus de vingt dans l'Europe ancienne, et, en outre, on devrait en admettre comme propres à l'Amérique, principalement dans les cavernes du Rrésil. I.a position des Féliens, dans la série zoologique, a dû varier suivant les diverses classifications des auteurs. Lesson les place entre les Caniens et les Viverriens; De Blainville les range, au contraire, après ses Viverras et avant ses Canis; enfin, M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, dont nous suivons la méthode mammalogique, les met à la fin de sa section des Carnivores, de son ordre des Carnas- siers, c'est-à-dire après les Ilyéniens et immédiatement avant les Amphibies. ss^-^ Fis 'ïl. — Once. Celte tribu étant l'une des plus naturelles de la classe des Mammifères, l'on comprend que l'on a pu difficilement trouver des caractères, au moins plausibles, pour y former des subdivisions généri- ques, et que dés lors le nombre des genres qu'on y a admis à été très-peu considérable. A bien dire même, l'on ne devrait y comprendre, comme Linné, qu'un seul genre, celui des Clinls ou Fclis, et ne regarder ceux qu'on y a créés que comme des subdivisions secondaires. M. Isidore Geoffroy Saint- llilairc indi(pie les genres des GuÉPAnn iGuc])ariliis\ Chat {Felisi, Tigre (Tigrh) et LY^x {Lynx) : nous les étudierons successivement et séparément, à l' exception de l'avant-dcrnicr, qui ne nous pa- rait pas différer des vrais Chats, et que nous réunirons à ce groupe. Quant aux espèces fossiles, elles rentrent dans la coupe générique des Fd'ts, quoique cependant un fossile, indiqué par M. Lund, le Fcl'is Smiloclo» , puisse peut-être, par |ilusicurs particularités différentielles, être considéré comme devant iiunier un genre nécessaire. Il'après cel.'i, la Iriliu des Feliens lenrerme piiur imus les genres (•uqiuiil. Chat el l.ipi.r i26 IIISTOIRI'; NATlIRELI.i;. i" GENUE. - GUÉPARD. CVEPAlUiVS Diivcrnoy. MiMiioircs lie la Société (lu Muséum it'liisloirc naliirillc ili- Slrasiuiurs. lïii iiiim i!c l'o^pr-ce tyi'ifiiif CAIlACTÏiUES CKNl'IUUUKS. Sii-tlrnie ilailnire : incisives, l\ canines, \^,: niulniirs, *;*; c'cst-it-diir licnic dents en tolalitr, comme iliins les Clinis. Les sillons îles canines presque effacés; les molaires Iranclinnics, à lobule plus prononcé (pie dans les Felis : les deuj' premières d'en bas h quatre lobes au lieu de trois; la (leruicre molaire, on carnassière d'en bas, présentant, an lieu tl'un talon effaié à peine sensible, nn petit lobule pointu et très-distinct , ce qui rapprocbe les Guépards des Hijèncs; la seconde molaire d'en haut ayant éijalement son qnatr'ième lobe plus marqué que dans les ('.liais, mais, en revanche, son tubercule interne est entièrement effacé. Tête plus (Diirtr, plus petite, plus ronde (juc celle des Felis. Jambes plus hautes. Doifjts plus allongés que dans les vra'ts Fcl'is. Unqies faibles, usés à la pointe, non rétractiles, comme ceux des Felis. et n'étant propres ni h retenir, ni à déchirer une proie. Queue plus lonijue que dans les Chats. Le genre Gucpardiis de M. Duvcrnoy a reçu de M. Wagler {Sijsl. ilcr Amphib., 1850) le nom (le Ciinailuriis (x'jwv, Cliicn; ai/'-j?'..-, Clial), el Lesson {Nouv. Tabl. du Hègne animal, 18i2j lui ap- ])lique la dénomination de Cijnofel'is, qui a la même signiliialion que la pifccdente (mm, (^liien; Felis, Chat), et indique les rapports que ee i^roupe présente avec les Chiens et les Chats. Nous avons dit que Ton ne devrait probablement les considérer que comme une subdivision de ces derniers, quoiqu'ils aient néanmoins, outre les caractères que nous avons déjà indiqués, une taille plus élan- cée, et que leur colonne vertébrale soit plus droite, et, toutefois, nous ferons observer que leurs formes içénérales, la facilité qu'ils ont de courir, leur extrême douceur, leur attachement et leur obéissance à leur maître, leur courage, les rapprochent plus des Ciiiens que de Chats. L'espèce unique de ce genre, le Guépard, offre aussi, dans son squelette, plusieurs caractères impoitants qui indiquent évidemment un passage vers les Canis. La tète est arquée et raccourcie, l'espace fronto-orbitaire est irès-soulevé; le chanfrein est incliné en arrière, sans crêtes sagittale el occipitale bien prononcées; le nez est large, peu pincé, assez canaliculé au dos; le bord palatin est large et échancré au milieu; les apophyses ptérygoïdes petites, en crochet; les caisses très-petites. Les corps des vertèbres sont plus longs que dans les Chats : les apophyses transverses des vertèbres cervicales courtes, ramassées; l'apophyse épineuse de la dixième verlèbre dorsale très-inclinée, bi- furquée à la jiointe; enfin, les vertèbres lombaires renianpiables par la longueur et la forme étroite de leurs apophyses transverses. Les côtes sont assez élargies. L'hyoïde est composé de neuf pièces assez robustes. Aux membres antérieurs, l'omoplate a une forme particulière, ovalairc; l'humérus est très-cûmprimé, arqué supérieurement; le radius est également arqué, et presque de même largeur en haut qu'en bas; le cubitus est trè.s-gréle; la main est comme dans le Lynx, avec les secondes pha- langes plus courtes, et les troisièmes moins hautes dans leur pointe. Les membres postérieurs ont peut-être plus d'élévation que les antérieurs : l'os innominé est assez court, mais le fémur et le tibia sont surtout notablement plus longs que lui; le péroné est remarquable en ce qu'il est très-grèle, presque fdiforme; les os du pied sont allongés, serrés, et les pjialanges bien comme à la main. Nous ne reviendrons pas sur le système dentaire de cet animal, qui présente des différences nom- breuses avec celui des Chats; nous en avons suflisamment parlé dans notre caractéristique géné- rique. L'espèce unique de ce genre est le ; CARNASSIERS. 157 GUÉrARD. GVEPArtDUS JVBATUS. Diivcrnoy. CAnACTÈnES SPÉCIFIQUES. — Pclagc (l'un beau fauve ckir en dessus, et d'un Liane pur en dessous; de petites taches noires, rondes et pleines, également semées, garnissent toute la partie fauve; celles de la partie blanche sont plus larges et plus lavées; sur la dernière moitié de la queu(^ se trouvent douze anneaux alternativement blancs et noirs; enfin, les poils des joues, du derrière de la tête et du cou, sont plus longs, plus laineux que les autres, ce qui lui forme comme une espèce de petite crinière : une ligne noire part de l'angle antérieur de l'œil, et descend en traversant la joue, et en s'élargissant jusqu'à la lèvre supérieure, vers la commissure, et une autre plus courte part de l'an- gle postérieur, et se rend vers la tempe. De la taille d'un Mâtin; longueur, 1"',15, non compris la queue, longue elle-même de 0'",45; hauteur, 0'",C5. Le Guépard a une piiysionomie particulière qui pourrait servir seule à le faire distinguer des Chats, et il y joint une grande légèreté, ainsi que des mouvements faciles. Comme il a les doigts longs, les ongles libres et posant sur le sol par leur extrémité très-peu pointue, il court avec beaucoup plu.s d'agilité que les Chats, et peut aisément atteindre le gibier qu'il poursuit; mais, au contraire, il ne peut que difficilement déchirer sa proie avec ses ongles, et ne peut pas monter sur les arbres comme le font la plupart des FcUs. D'après ces habitudes, qui, sous quelques rapports, rapprochent le Gué- pard des Chiens, on a cherché depuis longtemps à le dresser pour la chasse; et, selon des historiens persans, c'est un de leurs premiers rois qui sut employer cet animal à cet usage; quoique toutefois les Arabes semblent en avoir parlé les premiers. Eldemiri dit que Chaleb, fils de Wolid, eut l'idée de le substituer, pour la chasse au Lion et au Tigre, au Chien qu'on y employait dans les Indes depuis la plus haute antiquité, si l'on s'en rapporte à Elien. M. Boitard {Mammifcrcs du Jardin des Piaules et D'iciionnaire universel ) a donné des détails à ce sujet, et nous les transcrivons ici. « A Su- rate, au Malabar, dans la Perse et dans quelques autres parties de l'Asie, on élève ces animaux pour s'en servir à cet exercice. Les chasseurs sont ordinairement à cheval, et portent le Guépard eu croupe derrière eux; quelquefois ils en ont plusieurs, et alors ils les placent sur une petite char- rette fort légère et faite exprès. Dans les deux cas, l'animal est enchaîné, et a sur les yeux un ban- deau qui l'empêche de voir. Ils parlent aussi pour parcourir la campagne, et tâcher de découvrir des Gazelles dans les vallées sauvages où elles aiment à venir paîtie. Aussitôt qu'ils en aperçoivent une, ils s'arrêtent, déchaînent le Guépard, et, lui tournant la tète du côté du timide Ruminant, après lui avoir ôté son bandeau, ils le lui montrent du doigt. Le Guépard descend, se glisse dou- cement derrière les buissons, rampe dans les hautes herbes, s'approche en'louvoyant et sans bruit, toujours se masquant derrière les inégalités du terrain, les rochers et autres objets, s'arrêtant su- bitement, et se couchant à plat ventre quand il craint d'être aperçu, puis reprenant sa marclic lente et insidieuse. Eniin, lorsqu'il se croit assez près de sa victime, il calcule sa distance, s'élance tout à coup, et, en cinq ou six bonds prodigieux et d'une vitesse incroyable, il l'atteint, la saisit, l'étrangle, et se met aussitôt à lui sucer le sang. Le chasseur arrive alors, lui parle avec amitié, lui jette un morceau de viande, le flatte, le caresse, lui remet le bandeau et le replace en croupe ou sur la charrette, tandis que les domestiques enlèvent la Gazelle. Néanmoins, il arrive quelquefois que le Guépard manque son coup, malgré ses ruses et son adresse. Alors il reste tout saisi ei comme honteux de sa mésaventure, et ne cherche plus à poursuivre le gibier. Son maître le cou sole, l'encourage par ses caresses, et les chasseurs se remettent en quête avec l'espoir qu'il sera plus heureux une autre fois. Dans le Mogol, cette chasse est, pour les riches, un plaisir si vif, qu'un Guépard bien dressé, et qui a la réputation de manquer rarement sa proie, se vend des sommes exorbitantes. En Perse, cette chasse se fait ù peu près de la même façon, à cette différence près que le chasseur, qui porte le Guépard en croupe, se place au passage du gibier, que des hommes cl des Chiens vont relancer dans les bois. L'empereur Léopord I"'' avait deux Guépards aussi privés que des Chiens. Quand il allait à la chasse, un de ces animaux montait sur la croupe de son rheval, et l'autre derrière un de ses courtisans. Aussitôt qu'une pièce de gibier paraissait, les deux Guépards s'élançaient, la surprenaient, l'étranglaient, et revenaient tranquillement, sans être rappe- lés, reprendre leur place sur le cheval de l'empereur et sur celui de son courtisan, u 128 IIISTOllll': NATIHELLE. D'après ce que nous venons de dire, on voit (|uc If Guépard est beaucoup moins ft'roci' que les Chats, et qu'il peut aisénu'nl s'apprivoiser, quoicpi'à l'état sauvai^c il habite les forets et vive de proie. On a eu, assez récemment, un Guépard à la ménagerie du Muséum ; il était si familier, qu'on l'avait placé dans un parc, où il vivait librement, el dont jamais il n'a cherché à sortir. Il obéissait au commandement de son gardien; il aimait surtout les Chiens, avec lesquels il jouait sans jamais chercher à leur faire aucun mal. Un jour, rapporte M. lioilard, il reconnut, ]iarnd les curieux qui vi- sitaient la Ménagerie, un petit nègre qui avait fait la traversée du Sénégal sur le ménu' vaisseau que lui, et il lui fit autant de caresses qu'un Chien en ferait à son maître qu'il retrouverait après une longue absence. '\ ■>:^:ê;^\:^vxh^A Fig. 72 — Guépard. Le Guépard, aussi nommé le Fadli, habite les Indes orientales, Sumatra, la Perse, le Bengale et Guzarate, et en même tem|)s on le trouve aussi en Afrique, au Sénégal, dans le Kordofan et au cap de Bonne-Espérance; car il semble démoulré que l'on ne doit pas faire deux espères de Guépard des in- dividus de ces divers pays, et que le Felis jiihiiia de Schreber et de Linné r.st le même animal que le h'clis ijullatd d'Iierm.inn, le Fdis venalica d'Ilamilton Smith, que le Purdalis d'Ap|iien, et le Giic- paril de BulTon et de Fr. Cuvier. M.M. Croi/et et .lobert rapprochaient de cet animal leur Fcli.i iiicçitiulcrcou, trouvé en Auvergne dans les galets et lignites d'Issoirc; mais c'est plutôt une espèce de Lynx , à moins même qu'il ne doive constituer un genre nouveau. M. Lund a signalé une molaire de la m;uhoire supérieure, trouvée dans les cavernes du Brésil, comme se rapportant également au Guépard ou Ciiiiailiinis minutiis; mais, d'après De Blainville, les dimensions de cette dent montrent qu'elle a|ipartient plutôt à nu Filis propreincnt dit. et probable- ment même à l'une des nombreuses espèces de ce genre encore existant en .\mérique. CARNASSIERS. 120 De Blainville a fait connaître, sous la dénomination de Fclis (inndiiilciiinta. drii\ tiànos fos- siles, dont l'un assez complot, découvert par M. Lartct dans le cclébro depùt de Sausaiis, et qui offre quelque rapport avec les Guépards, tout en eonstiluant un genre particulier de Félien presentaul quatre molaires : c'est-ù-dire une avant-molaire en bas comme en haut. La tète indique un animal dont le crâne est en g;énéral court, assez pelii, resserre dans la partie verlébrale, et très-large, mais encore plus court dans la partie faciale ou maxillaire. Le système dentaire est surtout re- marquable. A la niâclioire supérieure, il y a quatre molaires, mais la première élait extrêmement petite, sa racine ronde et immédiatement collée contre la canine; la barre était cependant très-courte; la seconde molaire avait une couronne très-comprimée, trè.s-lranchante, et comme quadrilobée, un peu comme dans le Guépard; la troisième était proportionnellement très-grande, et la quatrième était encore assez développée, et, ce qui la rapproche encore de ce que son analogue est dans le Guépard, c'est qu'elle était parfaitement visible en dehors de la ligne dentaire. Une mâchoire infé- rieure, qu'on rapporte à la même espèce, était principalement remarquable, dans son système den- taire, en ce que, à peu près au milieu de la barre assez étendue qui sépare la canine de la première molaire, on trouve une alvéole petite, ronde, (pii indique une première avant-molaire que l'on n'a jusqu'ici observée dans aucun Félien; après un intervalle encore assez marcpiè, viennent les trois molaires caraetéristiques des Féliens, et qui ont surtout du rapport avec celles du Fclis jiibntiix et du Ltinx. De Blainville dit que, dans ce Félien fossile, la forme générale du crâne, dans sa partie ver- lébrale, semble avoir plus de ressemblance avec une petite Panthère, la partie faciale avec le Lynx, et le système dentaire avec le Guépard; et il en conclut que ce Félien était une grande c^ipèee de Guépard ayant quatre molaires en haut comme en bas, en passant ainsi encore davantage que celui-i i vers les Chiens : c'est pour cela que nous avons cru devoir en parler maintenant. 130 HISTOIRE NATURELLi:. 'J"« GENRE. — CHAT. FEI.IS. I.iiin.', 1735. Sv^^icniJ nytui;r, i. I. Fths, nom anÙL'niïcmeut ap|ilii]iiû p;ii' les Latins à ce groupe générique. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Siistcmc ilcitta'ire : inchivcs, |; caiiini'.i, \z\; tuolaires. *~^: en lolalilv imite dnila Lcx incisive:^ .sur nue mhnc lupie à l'iùtc cl à l'aulre mâchoire; les cmiines irès-forics; les molaires siiiiér'iciires à tnimliant lobé : les deux premières coniques, assez éjiaisses; la troisième Irèsfiramlc, h trois lobes; 1(1 (Irriiièrc liiberciileiisc, el plus lurcjC que Iniuiiie : les (leur pieiiiières iulïrieures de cluvjne eùlc des deux màclioires comprimées, simples, el la deruière li deux pninles. Tcle el museau arrondis; chauj'rein court, léijèrcuient anpié; arcades z.iifjomatiques très-voùlces; mâchoires courtes. I.inifjue couverte de papilles cornées, dont la pointe est diris largement canaliculees, et remonte, en formaul des ailes larges et assez élevées, jusqu'à l'angle lion- qué d'un pariétal presque quadrilatère, et se portent en arrière pour joindre rinlerpariélal et l'occi- put. La vertèbre spheno frontale étroite, mais assez longue dans son corps basilaire, caché qu'il est par les ptéroidiens, se dilate au delà en ailes assez considérables qui, vers le milieu de la fosse, et en .s'avançant fori peu dans l'orbite, se joignent assez largement au frontal. Celui-ci, séparé dans sa longueur, en di'ux parties presque égales, par une apophyse fronlale assez saillante, n'est guère plus rétréci en arrière de celle-ci qu'échancré en avant par le rebord de l'orbile assez avancé. Enlin, la verte- 132 HISTOIRE NATURELLE. bre vi)iiicrn-nns:il(', ((nirlo, mais larfre dans son corps vomérien, est close en dessus par deux os du nez, IriauLjidain's, assi'z courts, forlcincnl courlx's dans Icurlargcnr et se terminant lari;('m('nt eu avantjjar un rebui'd légèrement et très-iuei;alement eclianire. La mâchoire supérieure se joint d'une manière aussi large qup solide A la tête; le palatin postérieur est en lame triangulaire; le palatin antérieur est très- grand, comme plové. ;i anj;le droit et arrondi pour former deux pai ties presqiu- éi,'ales; le lacrymal est presque quadraiii^idairc, irrei;idier; le zy,;;ouialique est de forme losangique; le maxillaire est très-court; l'os incisif est, au contraire, |U'oporiionuellement ijraiid. L'appeiuiice de la nulclioire iid'érieure com- mence aussi à la tête par une masse temporale Irès-solidement intercalée aux vertèbres occi])ilale et parié- tale. Le rocher est très-petit, triquètre, et le mastoïdien épais, également triquètre. terminé inférieure- ment par une partie arrondie assez petite. Les osselets de l'ouïe sont grands ; l'ètrier pyramidal à pla- tine allongée; le lenticulaire assez long; l'enclume très-épaisse, avec deux bras égaux, divergents; le marteau est trèsétendu par la longueur de son eol large, et il offre des apophyses bien prononcées, et un manche spatule à l'extrémité; la caisse qui les contient est très-considerable, huileuse, ovale, ar- rondie, et occupe la longueur du rocher. Le squammeux, assez étendu, donne naissance, à son extrémité antérieure et externe, à une énoime apophyse zygomatique. La niûchoire infcrieure est forte, èjiaisse, peu courbée, presque droite; son eondyle estsessile, transverse, plus épais en dedans qu'en dehors, s'élevant à peine au-dessus du niveau de la série alvéolaire, et avec une apophyse co- ronoïde assez large et assez recourbée sur ses deux bords, et surtout fortement exeavée à sa face externe. Si l'on considère la tète entière du Lion, on peut voir que l'angle facial, par suite de la brièveté des ni;lclioires, est assez considérahli', juiisqu'il s'élève au moins à quarante-cinq degrés, que la série vertébrale céphalique est à peine arquée inferieuremcnt, tandis que le chanfrein, prodiut jiar la succession de leurs arcs, est, au contraire, assez fortement et régulièrement convexe, malgré l'espèce d'interruption que forme en arrière la grande saillie de la crête occipitale, le |)lus haut point étant i'i peu près au bord postérieur des orbites, avec un aplatissement presque concave du front. La ca\ité cérébrale est assez nu'diocre, à peu près arrondie : il en est de même des loges sensoriales. Les crêtes, les apophyses, d'où résultent les loges superficielles de la tête, sont plus marquées que dans aucun autre genre de Carnassiers, l'Hyène exceptée. Les trous nerveux et vasculaires sont nettement formulés. Les condyles sont presque pédicules, divergeant en V, et interceptant un orilice ovale, Iransvcrse ou déprimé, dont le diamètre intérieur est à celui de la cavité cérébrale dans sa partie la plus large, comme 0'°,(Ï25 est à O^jOSS, tandis que, dans une tête d'Ours de même taille, il est de 0'",025 à 0'",07G. Fig. 75. — Uynx. Les vertèbres cervicales sont proportionnellement plus courtes que dans la Civette, mais aussi plus larges et plus imbriquées; elles le sont même plus que dans l'Ours, dont le cou est évidemment plus long. L'atlas, très-large, mais moins toutefois dans son corps que dans son arc, est pourvu d'apophy- ses Iransverses. dilatées en ailes largement arrondies, mais jieu recourbées en arrière. L'axis est encore plus considérable (jue dans les Vivcrras; son a])ophyse éiiineuse est cependant un peu moins voû- CAnNASSIERS. 153 tée à son bord supérieur, et elle est, au contraire, bien plus épaisse et plus triquètre à son extrémité postérieure pour l'atlaciie du ligament jaune, en s'avançant beaucoup plus sur la troisième ver- tèbre cervicale des trois intermédiaires; rapo])h)se épineuse est presque nulle, et les apophyses transverses sont à peu prés comme dans la Civette. La sixième est remarquable par son apophyse Iransverse, large, linguitbrme, et la septième par cette même apophyse en tête de clou. Le corps des vertèbres dorsales est arrondi, d'abord d'égale longueur, puis croissant jusqu'à la dernière, avec l'apophyse épineuse large et haute. Les sept vertèbres lombaires sont presque carrées, assez longues, à corps croissant jusqu'à la septième : toutes sont pourvues d'une apophyse épineuse large, distante, assez élevée, et d'apophyses transverses augmentant en grandeur de la première à la dernière. Les trois vertèbres sacrées sont petites, un peu en coin. Des vertèbres coccygiennes, les six premières sont complètes, c'est-à-dire avec un arc articulé, des apophyses transverses médiocres, et un os en V prononcé : au delà, elles s'allongent graduellement jusqu'à ce qu'elles décroissent peu à peu et iinissent par ne plus offrir que cinq tubercules à la base antérieure. Fig. 76. — J.ifïuar d'Anii^iique. Les cotes, au nombre de treize paires, sont larges à leur articulation supérieure, d'autant plus qu'elles sont plus antérieures, puis fortement comprimées d'arrière eu avant, et, enfin, élargies de nouveau, mais en sens inverse, et en même temps épineuses à leur extrémité sternale : elles dimi- nuent assez régulièrement de force de la première à la dernière, les neuf postérieures étant prescjuc égales et arquées pres(iue dans un sens. L'hyoide, au lieu d'être formé de neuf pièces comme à l'ordinaire, n'en a seulement que sept par suite de l'absence de deux aux grandes cornes : le corps est tran.sverse, étroit; la paire de cornes antérieures est composée de deux articles terminaux, et les cornes postérieures n'ont qu'un seul article. Les pièces du sternum, au nombre de huit, sont assez courtes, épaisses, presque tétragonales, plus arrondies en dessous qu'en dessus, et assez élargies à leurs extrémités. Le manubrium est très- 134 HISTOIRE NATimELLE. court; le xiphoide assez long dans sa partie osseuse, et se dilatant vers sa terminaison pour se join- dre à la partie cartilagineuse en forme de spatule. Les cartilages slernaux, au nombre de neuf, sont médiocrement longs, assez forts, dilatés en sens opposé à leurs extrémités. Le thorax, qui résulte de la réunion des treize vertèbres dorsales, des huit vertèbres et des treize côtes sternales et aster- nales, a une forme assez conique, pyramidale, un peu plus comprimée en avant que dans les Vivcr- ras, et ouverte assez largement vers les hypocondres. Aux membres antérieurs, l'omoplate est grande, comme rectangulaire, très-arrondie et étendue dans tout son bord antérieur, de manière à former une fosse supérieure plus grande que l'inférieure; la crête est complète, très-élevée; la cavité glénoide lui iieu arquée, ovalaire, assez large, peu pro- fonde. La clavicule est manifeste, quoique assez loin d'être complète et articulée : elle est fortement comprimée, couchée sur son plat, cl dilatée à son extrémité scapulaire. L'humérus, fort et robuste, égale en longueur celle du corjis des huit ou neuf vertèbres dorsales; il est assez droit, à tète presque sessile. Le radius, un peu arqué dans son corps, est surtout remarquable par sa forme large et apla- tie dans toute son étendue. Le cubitus est légèrement courbé, aplati en haut, presque iriquéire. La main est notablement plus courte que l'avant-bras, quoiqu'elle soit encore assez large et assez puis- .sante. Le carpe, formé de sept os, offre comme particularité remarquable que le scaphoïdc, très- large, est pourvu, à sa partie inférieure, d'une apophyse fort saillante, et comme tronquée à son ex- trémité par une surface articulaire arrondie pour le sésamoïde du long abdui teur : le irapézoide est assez fort, même plus que le grand os, le plus petit de tous en dessus; le pysiforme est triangulaire, le métacarpien du pouce est de forme un peu irrégulière, légèrement arqué, et coupé obliquement; les quatre autres métacarpiens sont assez arqués. Les phalanges de la main sont en général courtes i!t épaisses, et celles des trois sortes sont très-dissemblables : les premières un peu anpiées, con- vexes en dessus, plates en dessous, renflées et excavécs obliquement, un peu en sabot bilobé à l'ex- trémité métacarpienne, et en poulie assez profonde, se prolongeant beaucoup en dessous à l'autre; les deuxièmes grêles, à corps triquètre ; les troisièmes, ou onguéales, croissant graduellement de la première à la cinquième, sont fortes, beaucoup plus hautes qu'épaisses et que longues, pour- vues, inférieurement, d'une sorte de talon qui s'abaisse en s'élargissant pour soutenir la pelote de chaque doigt, tandis que supérieurement elles sont arrondies à leur angle; elles sont très-minces, arquées, coupantes, et presque entièrement cachées en forme de languette dans une large excava- tion formée par une sorte de capuchon basilaire, prenant naissance de chaque côté de la partie infé- rieure ; c'est cette espèce de capuchon qui sert de gaine à la base de l'angle recouvrant la languette, et qui donne à celui-ci la possibilité d'être renversé en dehors de la seconde phalange, la pointe en l'air, dans l'état de repos. Les membres postérieurs sont plus longs que les antérieurs. L'os innominé égale en longueur le corps des neuf premières vertèbres dorsales, à iléon assez large, à ischion trè.s-largc également dans sa tubéro- sité : la symphyse pubienne est remarquablement longue, et la cavité cotyloïde circulaire, médioire. IjC fémur est court, légèrement courbé, aplati obliquement; la tête est assez petite, et l'extrémité inférieure assez large. Le tibia est triquètre, et parait court, à cause de son épaisseur. Le péroné est tout ù fait droit, mince, tranchant, presque lamelleux dans la plus grande ]îartie de son bord interne, et dilaté également à ses deux extrémités. Le pied est en totalité au moins aussi long que la jambe, et ce grand allongement est dû surtout à celui des métatarsiens. L'astragale est assez étroit, à tète scaphoï- dienne portée sur un cou allongé. Le calcanéum est allongé, comprimé, à tubérosité très-oblique. Le scaplioïde est assez épais, eu rapjiort avec les trois cuiu'ifurmes. Les métatarsiens, au nombre de quatre seulement complets, croissent de l'indicateur au médius, et décroissent de celui-ci à l'auricu- laire, ils tendent à s'imbriquer de l'extrémité métatarsienne de dedans en dehors; ils sont longs, assez arqués, arrondis dans leur corps, et à tète antérieure un peu étranglée : le métatarsien du pouce n'est représenté que par un petit os ovale, comprimé, un peu ongulforme, tranchant an dos, et cana- liculé en dessous, articulé à sa base avec le premier cunéiforme. Les phalanges sont analogues à celles delà main. Les os sésamoïdes sont plus solides et plus nettement circonscrits que dans les autres Carnassiers, mais ils ne sont pas plus nombreux. Ainsi, aux membres antérieurs, on ne trouve toujours que celui du long abducteur du pouce, qui est semi-globulcux, et les deux sousposés à l'articulation de cha- que os du métacarpe avec la première phalange, et ces os ont la forme d'une sorte de grosse graine. CARNASSIERS, 1Ô5 Alix membres postérieurs, la rotule est ovale, aplatie, plus large, et arrondie supérieurement, alfé- niiée, et même assez pointue inférieurement. Il y a des sésamoïdes dans les tendons d'atlarlie des muscles gastrocnémiens et du muscle poplité; enlin, il y en a dans les gaines des tendons des fléchis- seurs des orteils. Ces os varient peu dans les différentes espèces du même genre; aussi n'y revien- drons-nous pas plus tard. L'os du pénis, qui n'existe pas chez tous les Chats, se trouve dans le Lion; il n'a que sept railli- niùtres de longueur sur deux tout au plus d'épaisseur dans son milieu : il est assez grêle, allongé, renflé en massue aplatie à son extrémité postérieure. Les dilTcrences individuelles du squelette du Lion produites par leur patrie différente sont trop peu marquées pour que nous nous en occupions; il n'en est pas tout à fait de même relativement aux ]iarticularités sexuelles, et il semble que les femelles ont la tète en lotaliié plus courte que les mules, et cela dans ses deux parties, d'où il résulte que la courbure du chanfrein, et même de la ligne pa- lato-hasihiire, est plus marquée, surtout parce que l'apophyse occipitale, moins forte, s'élève moins et se prolonge moins en arriére; l'arcade zygomatique est aus.si plus courte et plus arquée, etc. Passant aux différences que les espèces de Fclh peuvent présenter dans leur squelette. De Clain- \ille fait observer que le nombre des os étant toujours rigoureusement le même, la dissemblance ne pourra porter que sur les proportions des parties et un peu sur la forme. Sans nous occuper de tou- tes les espèces indiquées, sous ce l'apport, dans VOstéoçjrapliie, nous allons signaler seulement les principales, et encore nous ne parlerons que des différences que l'on peut remarquer dans l'ostéologie de la tête. Dans la tête du Tigre (lelis tifirh), il y a plus d'étroitesse dans toute la partie vertébrale, et par suite dans la crête occipitale se prolongeant davantage en arrière, ainsi que plus de détachement des condyles; puis une sorte de soulèvement du chanfrein entre les orbites, et par suite la convexité du front dans les deux sens et la déclivité des os du nez, qui sont aussi plus étroits, plus allongés, plus parallélogrammiques, le lobe inférieur de leur bord libre étant plus prolongé et plus détaché, d'où il résulte une ouverture nasale plus petite et plus étroite, en rapport avec une sorte de pincement de la branche montante du maxillaire. La forme du bord palatin est en pointe médiane, sans échancrure; l'arcade zygcjmatique a plus de tendance à s'écarter, à angle droit, et l'apophyse coronoïde de la mandibule s'abaisse plus en arrière. Le Jaguar (FcPs oncu) présente encore une sorte d'arqùre plus prononcée dans son chanfrein, et le point le plus saillant de la ernus, ce qui dépend aussi de la disposition du condyle de la mâchoire inférie.ure, qui est entière- ment transversal, et joue dans une lacine horizontale du temporal ; les molaires elles-mêmes déno- lent donc la carnivorilé de ces Manniiifères. Mais l'appareil dentaire est trop important chez ces animaux pour que nous nous bornions au peu de mots que nous venons d'en dire, lîeaucoup d'anatomistes et de zoologistes s'en sont occupés : nous citerons principalement, en France, Daubentoii, G. et Fr. Cuvier el De lllainville, et c'est d'après ce dernier que nous allons en donner une descriplion delaillée. Dans le Lion, pris pour type de ce genre nalurel, les incisives sont en même nombre que dans les autres espèces de Chats, et même que dans tous les Carnassiers, c'est-A-dire qu'il y en a trois paires parfaitement rangées en haut comme en bas. L'externe est toujours un peu plus forte que les deux autres, dont l'interne est la plus ])elite. avec le bord tranchani de la couronne indivis, et pourvu, en arrière, d'un talon d'arrêt supérieurement, et inégalement bilobé infèrieuremenl. Ces dents sont disposées de la manière la plus serrée el la plus rectiligne possible; et elles sont très-petites. Les canines, comme chez les Carna.ssiers en général, sont au nombre de deux à chaque mâchoire, l-lles sont remarquables par leur force et par leur forme; celles d'en bas croisant d'une manière très-serree celles d'erj haut, et leur racine étant au moins aussi longue que leur couronne, qui est CARNASSIKUS. 150 toujours un peu plus plate dans leur tiers interne qu'aux deux tiers externes, avec une carène plus ou moins marquée, principalement en arriére, séparant ces deux parties. La supérieure diffère de l'in- férieure en ce qu'elle est un peu plus comprimée, plus lontçue, plus arquée, et que la dernière est plus en crochet et quelquefois avec un seul crochet au côté externe. Les molaires, qui ne sont qu'au nombre de quatre de chaque côté à la mâchoire supérieure, et de trois seulement à l'inférieure, croisent les carnassières de dehors en dedans, l'inférieure se plaçaui en dedans de la supérieure; la dernière supérieure ne correspondant à rien, parce que la dernière molaire inférieure n'a pas de talon. Les molaires supérieures se subdivisent en une avant-molaire, une principale et deux arrière-molaires. L'avant-molaire est proportionnellement très-petite, à une seule racine à couronne simple, presque mousse. La principale est plus grande, triangulaire à la cou- ronne, à sommet presque médian et peu pointu, pourvue en avant d'un tubercule basilaire peu mar- qué, et de deux en arrière. La première arrière molaire ou carnassière supérieure est la plus grosse de toutes et tout à fait caractéristique : elle est formée d'une pointe presque médiane, tranchante, avec un lobe conique à la base antérieure, et, en arrière, un lobe beaucoup plus étendu, tranchant, bilobé, s'écartant en une sorte d'aile postérieure. La seconde arrière-molaire ou transverse, la plus petite des quatre, est entièrement tuberculeuse, disposée transversalement et à couronne biiobée, à lobe externe un peu plus large que l'interne. Les molaires de la mâchoire inférieure comprenneni une principale et deux arrière-molaires. La principale, qui vient après une bosse assez marquée, esi un peu, comme en haut, triangulaire, comprimée, avec un talon basilaire en avant, et un talon grand, presque bilobé, en arrière. La première arrière-molaire a la même forme, et est seulenieui plus grande. La seconde arrière-molaire ou carnassière inférieure est caractéristique : elle est très-mince, assez élevée, et formée presque exclusivement de deux lobes tranchants, nettement séparés par une échancrure plus ou moins profonde ; et cette dent est toujours très-serrée contre la prccèdenle, au point quelquefois de la dépasser en dedans d'une manière assez marquée. Les différences odoulologiques individuelles étudiées dans le Lion sont assez maripu'i's. L'âge ajiporte, au contraire, des changements considérables dans le sjstème deulaire; à trois mois toutes les dents de lait sont sorties. Supérieurement, les incisives sont disposées en cercles, assez sem- blables à celles de l'adulte. Les canines sont peu comprimées, plus courtes, plus en crochet, sans trace de cannelures. 11 n'y a que trois molaires : une avant-molaire très-pelite, à couronne épaisse et mousse; une principale, soutenue par deux racines divergentes, grosse, très-large, tranchaiile, pour- vue à son bord d'une pointe médiane entre deux lobes presque égaux; et, enlin, une arrière-nuilain grosse, trausverse, arrondie, aplatie à la couronne, avec deux racines obliques. Inférieurement, les incisives sont disposées presque transversalement, et elles ne sont pas plus lobées que les supé- rieures. Les canines sont larges, plates, lisses â la couronne, avec un petit crochet d'arrêt au côté iuleme du collet. Il n'y a que deux molaires : une principale â deux racines inégales, à couronne presque de même forme que dans l'adulte, et une arrière-molaire ou carnassière à deux lobes tran- chants, avec le talon postérieur très-prononcé. Dans un autre degré de développement de ce système dentaire, les incisives d'adulte ont remplacé celles de lait, les canines d'adulte ont poussé de manière que pendantun certain laps de temps cesanimaux les ont doubles, et dans lequel les molaires (ilïreni des particularités assez curieuses. iUiativement â la considération des racines qui soutiennent les dents, les incisives et les canines ne présentent rien de particulier : il n'eu est pas tout à fait de même des molaires. A la mâchoire su- périeure, l'avanl-miilaire n'a qu'une seule racine; dans quelques espèces de Chats, elle en présente tantôt deux, tantôt trois; la principale en a deux; la première arriére-molaire est la seule qui en offre trois, et la seconde arrière-molaire n'en a qu'une seule. A la mâchoire inférieure, les trois molaires ont, comme chez tous les Carnassiers, deux seules racines. Les alvéoles sont nécessairement en rapport de nombre, de grandeur et de proportion avec les racines (pii portent la couronne; et, d'après la disposition des racines, on comprendra pourquoi il n'y en a qu'un petit nombre sur le bord des mâchoires. Ainsi, supérieurement, après les trois triiu> ovales, serrés en ligue droite, cl celui beaucoup plus grand, orbiculairi^ de la canine, on voit une série externe de cinq trous qui vont en croissant d'avant en arrière, très éloignes: et inférieurement les alvéoles sont, c(unmc à l'onlinaire, beaucoup plus simples, puisque après les trois premières, |ii'tites, étroites, serrées sur le même rang, (|ui suit iniméiliatemenl celle de la i aiiiiie. |Hiis une barre UO IllSTOlllK NATlIUXLi:. assez considérable, viennent six trous groupés deux à deux, le dernier bien plus petit ipie l'avanl- dernier. I,a forme de cliaeunc des dents des espèces du ^enre Chat varie peut-être encore moins que leur nombre; toutelûis c'est d'après des considérations d'assez peu d'im|iortance, tirées de ces deux par- ticularités, que sont fondés les deux !j;enres Guépard et Lynx, dont nous parlerons séparén:ent. Dans les espèces de véritables /'c/is, on a aussi quelques differciues à signaler. D'une nianière très-içené- rale, on peut encore apercevoir quelques nuances différentielles dans le ncmibre et la profondeur des cannelures dont les canines sont sillonnées, ainsi que dans la prop(U-tiou de l'avant-nudaire supé- rieure, et surtout dans le nond)re de ses racines, qui est de deux dans le Felis plmiiceiis; dans la forme et la proportion de la dent tuberculeuse d'en haut; et, enlin, dans la i)roportiiin du rudinu'iit de talon qui existe ([uelquefois au bord postérieur de la carnassière d'en bas. Kn effet, dans le Tigre, par exemple, on peut remarquer au-dessus du rudiment jiresque effacé du talon une petite éeban- crure au-dessous de laquelle le bord de la dent se dilate en un petit lobe très-mince. F-nliii, une parlicidarilé à noter, c'est que les cauiiu's, déjà très-grandes dans les Clials vivants, sont parfois énormes dans certaines espèces fossiles, telles ipu' les /'V/fs sniilodun et mciiotiinnm d(int on de- vrait peut-être faire un groupe distinct. Le reste de l'appareil digestif est parfaitement en rapport ave<- la disposition des organes de la mastication; aussi la brièveté proportiuunelle, l'étroitesse du canal intestinal, sont-ils remarquables; ce qui donne au ventre de ces animaux une m:iigreMr presque constante, et une arqilre en sens in- verse de ce qui a lieu chez les herbivores, par exemple. L'estomac, en général peu dévebippé, assez court, n'offre qu'un très-petit cul-de-sac splénique; il n'a presque aucun repli à l'intérieur ; le pylore est peu épais; l'insertion des canaux lupaliqucs se fait très-près du l'orilice gauche de l'estomac ; l'intestin est surtout extrêmement grêle et court, au point qu'il serait quelquefois assez difficile de distinguer l'intestin grêle du gros intestin, s'il n'y avait un rudiment de cœcum très-petit qui les sépare. De chaque côté de l'anus est une glande ou un amas de cryptes muqueux qui sécrètent une sorte de matière sébacée très-odorante, ce qui donne aux excréments de ces animaux une odeur si pénétrante, qu'ils sont obliges de les enfouir, très- probablement pour qu'ils ne viennent pas indiquer leur présence aux animaux qui doivent leur servir de proie. La langue est hérissée de papilles cornées tellement dures, qu'elles déchirent la peau, même quand ces animaux se bornent à lécher leur |)roie. La petitesse des glandes salivaircs explique la grande soif dont ces animaux sont presque toujours tourmentés. Comme la vie est en général très-active dans ces animaux, la respiration est très-nécessaire, et ils s'asphyxient aisément : la circulation est très-rapide, aussi le ((eur est-il proportionnellement très- gros, et les artères ont-elles des parois très-épaisses. L'appareil de la dépuration uriuaire semble être d'une grande importance chez ces Carnassiers, probablement à cause de leur nourriture purement animale; mais, du reste, il n'offre rien de bien remaïquable : les reins sont grands, la vessie médiocre; leur urine se putréfie aisément et répand une odeur infecte qui les porte à uriner en cachette et à la recouvrir. Les organes de la génération ne présentent aucune particularité bien notable, que celle qui rend raison des cris que la femelle de plusieurs espèces jette pendant l'accouplement, et qui dénotent une grande douleur; il parait que cela tient ù des espèces d'épines ou de crochets dont l'organe principal du mfde est armé. Les testicules sont assez petits, toujours extérieurs; il n'y a pas de vésicules sémi- nales, ce qui explique la longueur de l'accoiqilement. Les mâles se distinguent des femelles par une tête plus forte, plus large, plus arrondie, et par une taille généralement plus grande. Le nombre des mamelles est de huit, et toutes sont ventrales. Chaque portée est composée d'un nombre assez con- sidérable de petits. La voix, dans les grandes espèces, est un bruit rauqne très-fort, qui se change, dans les petites, en ce que l'on appelle le miaulement. Mais, outre ce cri, dont le caractère principal se retrouve chez les unes comme chez les autres, chaque espèce a plus ou moins la propriété de rendre des sons par- ticuliers, et qui n'a|)partiennent qu'à elle : c'est ainsi, par exemple, que le Lion rugit d'une voix creuse etprescpie semblable a celle d'un Taureau; que le .laguar aboie i-ommc un Chien; que le Clial CARNASSIERS. 141 oi'iliiKiiie niiaiile; que le cii de la Panthère ressemble au hiiiit d'une scie, etc. Tous foiil aussi eii- leiiLlic, pour ex|iiiiTU'r leur satisfaction, un bruit particulier qu'on nomme ronron. Outre l'odeur désagréable de leurs excrémeuts, ces animaux, lorsqu'ils sont en colère, répandent une odeur très-fétide. Le système nerveux est développé dans ses différentes parties proportionnellement à l'organe que chacune d'elles doit animer. Leur intelligence est habituellement moins grande que celle des Mammi- fères qui les précèdent dans la classification que nous suivons, ce qui vient probablement du peu de place que l'énorme développement de leurs mâchoires et des muscles de leur tète a laissé à la boite cé- rébrale; quoique le cerveau, en lui-même, soit encore assez développé, surtout dans ses circonvolu- tions. Les nerfs de certaines parties du corps offrent assez de développement; c'est ainsi que ceux des membres sont très-gros dans les régions qui doivent imprimer un grand mouvement à l'animal. Fis. 79. — Chili d'Angora. Leur vue parait avoir une portée très-longue; mais ils voient également lùen le jour et la nuit. Leur pupille se dilate et se resserre suivant la quaiililé de la lumière, et l'extrême sensibililè (pic montre cet organe tient probablement à la couleur généralement jaunâtre de la choroïde. Chez ipiel- ques espèces, la pupille, en se resserrant, prend une forme allongée verticalement; chez d'autres, elle conserve constamment celle d'un disque. Le peu d'étendue du nez ne permet pas à ces animaux d'avoir un odorat très-lin; cependanl ils consullcnt ce sens avec soin avant de manger, toutes les fois que quelque odeur vit-nt les frapper, et dans leur premier mouvement d'inquiétude, lorsqu'ils en ignorent la cause. L'organe glanduleux (|in entoure les narines est bien moins dévelopjié que celui que l'on remarque chez les Chiens. Relalivement ;1 l'organe du goût, nous avons déjà dit que la langue est revêtue de papilles cornées (|ui doivent en altérer les sensations. Aussi les Chats dcvorent-ils plutôt qu'ils né mangent; leur noiir- liluie ne semble leur produire d'impressions que hirsqu'elle est descendue dans l'esloinac, tant ils melteiit d'empressement à t'avab'r; ils ne mâchent pas leurs alimeiils. à proprenieiil parler, ils ne 142 HISTOIRE NATURELLE. fonl que les découper en morceaux assez petits pour qu'ils puissent passer par rœsopliaî;e, et ils mà- clienl et avalent sans interru|>lion, jus(iu'à ce (ju'iis soient repus, lis tiennent leur proie entre leurs pattes de devant. Ils boivent en lapant, de même ([ue les Chiens. Le sens de l'ouïe est chez c CARNASSIERS. 145 voulu trop les disculper de la réputation de cruauté qu'on leur attribue généralement. « Si le Lion et le Tigre ont été vantés par leur courage, écrit-il, ils ne l'ont pas moins été, ainsi que toutes les grandes espèces du genre, par leur cruauté et leur férocité prétendue indomptable, et lun n'est pas plus vrai que l'autre. Les Chats sont beaucoup moins cruels que la jjlupart des petits Carnassiers auxquels nous ne faisons pas ces reproches. La Fouine, la Belette, le Renard, par exemple, semblent donner la mort pour le plaisir de tuer, et, s'ils pénètrent dans un poulailler, une basse-cour, une bergerie, ils n'en sortent plus tant qu'il y reste un être vivant. Les Chats, au contraire, n'attaquent que quand ils ont faim, et se contentent, pour l'ordinaire, d'une seule victime. Au milieu d'un troupeau nombreux et sans défense, ils saisissent leur proie, la dévorent, et se retirent sans faire attention aux autres jus- qu'à ce que la faim les y ramène; ils ne tuent jamais sans nécessité. Quant ù leur prétendue férocité, elle n'existe pas plus chez eux que chez les autres Carnassiers. Quoi qu'on en ait dit, toutes les es- pèces s'apprivoisent et sont susceptibles d'attachement pour leur maître. » Fig. 81. — Chai chaiis, La grande ressemblance que toutes les espèces nombreuses de Chats ont entre elles n'a pas per- mis de subdiviser ce groupe naturel en plusieurs genres; la disposition des yeux, surtout dans li» pupille, pourrait toutefois fournir des caractères différentiels d'après Fr. Cuvier. Quelques particula- rités ont servi également pour la création des genres particuliers des (htépard, Clml et Lynx, que nous décrirons séparément, quoiqu'ils n'offrent réellement pas une caractéristique bien tranchée, tandis que les différences nous semblent trop peu considérables pour adopter ceux des Lion, Tigre, Puma, Parde, etc., proposés par quelques auteurs, et que nous indiquerons comme subdivisions secondaires. Si nous comprenons le genre Chat à la manière de Linné, c'est-à-dire en y réunissant les Guépard> et les Lynx aux Felis vrais, ou plutôt en y comprenant tous nos Féliens, on peut dire qu'on en trouve dans toutes les parties du globe, dans l'ancien comme dans le nouveau continent, à l'ex'^eption de.s 146 IIISTOIRÇ NATURELLE. îles de la mer du Sud et de la Nouvelle-llullandt', dans les i^randes îles comme dans les eontinenls, dans les réyioiis les [ihis cliaudes comme dans les plus froides, dans les pays de plaines et même dans 'es vallées comme dans les rei,'ions les plus monlueuses; mais piincipalrment dans ces dei'niéres, à cause des bois qui les recouvrent. Un ou deux groupes, celui des Chats vrais et celui des Lynx sur- tout, semblent se trouver dans toutes les parties du monde, mais non pas la même espèce; et cela, sans doutiî, parce que ces derniers rencontrent une température froide aussi bien dans les monta- gnes des régions équalorialcs que dans celles des régions polaii'cs. Les espèces qui paraissent être aujourd'hui les plus répandues sont la Panthère, en supposant qu'il n'y ait pas de distinction spécilique à faire dans le lù'lis pardits de Linné, le Lion, le Chat à oreilles rousses dans l'ancien monde, le Jaguar, le Couguar et l'Ocelot dans le nouveau. Le Caracal et le Guépard sont communs à l'Afrique et à l'Asie conlinenlale. Il paraît en être de même des ChaIsLynx, des trois espèces, i:' est-à-dire des Fclis inauicitlala, liiihaslcs et cliaits. Le Tigre n'existe qu'en Asie, et même dans la Haute-Asie; le Jaguarondi dans l'Amérique méridionale. ! a partie du monde qui renferme encore aujourd'hui le plus d'espèces de Fclis est bien certaiTiement l'Asie, puisqu'on y trouve le Tigre, le Lion, la Panthère, le Serval, le Caracal, le Guépard, le Chat d'Egypte, le liubastcs elle Cliaus, et, déplus, le Chat de Java, celui de l'Himalaya, deSumalia, avec les Felis riibhi'nw.'sn, inoorinciisis,platiiccps, loufjicaiiilala. I/Aniérique, et surtout l'Amérique méridionale, en possèdent un peu moins, savoir : le Jaguar, le Couguar, le Jaguarondi, l'Ocelot, et trois ou quatre espèces voisines, le Margay, le Pajcros, le Cococulo. le Guigna, etc., tandis que l'Amérique septentrionale, au delà du golfe du Mexique, ne nourrit que le Couguar, l'Ocelot, et une ou deux espèces de Lynx. Vient en- suite l'Afiique, dans laquelle on trouve le Lion, la Panthère, le Serval, le Chacal, le Guépard, le Chat d'Egypte, le Bubastcs, le Chaus et le Cafre. Euiin, en Europe, aujourd'hui, on ne connaît que le Chat ordinaire, et peut-être deux ou trois espèces de Lynx, encore peut-on douter de leur distinc- tion, ce qui montre qu'en définitive les espèces du grand genre Chat sont plus méridionales que bo- réales, sauf pour les Lynx. Avant de passer à la description des espèces, il nous reste encore deux sujets importants à traiter : i" l'histoire des Chats, et 2" leur paléontologie; nous allons le faire en prenant pour guide l'Ostéo- draplde de De Blainville. Les anciens connaissaient et avaient occasion de voir, soit dans l'état de nature, soit dans les jeux du cirque, un certain nombre d'espèces de ce genre; mais il est très-difficile rie rattacher d'une ma- nière un peu certaine les noms qu'ils ont employés pour les désigner à des espèces aujourd'hui défi- nies d'une manière complète. Chez les Hébreux, le Lion était connu, et assez complètement, pour avoir des dénominations particulières désignant les variétés d'âge, de sexe et même de couleur ; le jeune Lion était leur Giir, l'adulte le Lais et Azï, et la femelle le Labi; il en est de même de la Panthère, ou de quelques espèces à taches foncées sur un fond plus clair, qui était nommée Nnur en hébreu. Les poêles, les historiens et les mythographes grecs, et principalement Homère et Hésiode, avaient connaissance de plusieurs de ces animaux, puisqu'ils en tirent souvent des comparaisons, ou. ce qui est plus rare, en signalent quelques particularilés. en les mettant en scène avec Teurs héros. Dans des temps moins reculés, Hcrcidote, Paiisanias, et surtout Aristote. parlèrent de plusieurs des animaux de ce genre; du Lion, qu'ils indi(|uent comme se trouvant sur plusieurs |)oints de l'Europe, du Panther, du Lynx, de leur AiXcupc;, qui est probablement notre Chat domestique, et du Tigre. Xénophon cite les Lions, les Pardalus. les Onces, les Lynx, les Panthères; mais il ne parle pas des Tigres, ([uoiqu'il se soit avancé dans le pays qu'habitent ces animaux. Mais c'est surtout chez les Romains et dans le siècle qui précéda l'ère chrétienne que le nombre des bêtes féroces ; Isswdoreusis, Croizet et Jobert; brevirostris, Croizet et Jobert; Fw/ibolicmis Sclimer- ling. et saral, Marcel De Serres, \ IIISTdlItK NATlilKl.l.i:. Il iiv a |i(iiiit lie iiiiiicii' ni (If tldioii au l)iiui di' la ([iiiiu' ; pehiiçe asst'7 loutïii, à dciui iVisf l'i [loii lisse, triiii l'auvi' sali par du noir cl du i,M'is, provenant d'anneaux de ces diverses eoideurs repartis sur les poils; des bandes noires, transversales et parallèles sur les lianes, et qui, sur le dos, se reu- nissent à une ligne longitudinale médiane s'étendant depuis la tète jusque vers l'extrémité de la (pu'ue; des lâches noiràltes de diverses l'ornies, plus ou moins nombreuses, sur la tête et sur les membres; derrière des oreilles tout noir; parties inférieures et latérab's du corps plus claires que les supérieures; moustaches fortes. La livrée de ces jeunes animaux dispaijil peu à |)eu, et, dès Tige de neuf mois, ne consiste plus que dans la ligne dorsale (pii est noiràlre; la crinière ne commence à croître qu'à trois ans, et n'est complète qu'à six. Les Lions ont été très-connus des anciens; on en a vu paraître jusqu'à cinq cents à la fois dans les cir{|ues de Home, et on en a apprivoisé au point de |)ouvoir les atteler : Marc-.Vuloiue se montra au peuple romain dans un char traîné par deux Lions. Nous avons indiqué ailleurs le nombre im- mense des aninmux de celte espèce exposés dans les arènes de Rome, nous n'y reviendrons pas. Ce Carnassier ])(irlait déjà chez les Grecs la dénomination de Asmv, que les Latins lui couscrvèrrnt en en faisant celle de Lco, d oii sont venus les noms de Leone, en italien; de Lvon, en esjiagnol; de IjCw, en allemand; de Lnjon, en suédois, et de Linn, en français et en anglais. Tous les naturalistes depuis Linné l'ont appelé scientifiquement Felu ko; quelques auteurs, toutefois, d'après des diffé- rences plus ou moins fortes que présentent des- individus de pays différents, ont cherché à y former plusieurs espèces purtiiulières, ip.e nous ne regarderons que comme de simples variétés. Tels sont ; I" Le Lio.N DE IVuiBARiE, \'v. Cuvicr, l'eiis Barbants, Ltsson, dont le pelage, composé de poils soyeux, les poils laineux étant courts et très-rares, est brunâtre . et qui a une grande crinière chez le mâle. Cette variété, qui se trouve dans toute la lîarbarie, est surtout commune dans la province de Conslantine; c'est elle que nous voyons le plus habituellement dans nos Jlénageries, surtout en France, depuis que nous possédons l'Algérie. ■2" Le Lion nu Sénégai., Felis Seucgaten.s'n, Lesson, dont le pelage est légèrement jaunâtre, brillant, sans longs poils à la ligne moyenne du ventre, ainsi qu'aux cuisses, et qui offre une crinière peu épaisse. Celle variété habile la Sénégambie et l;i Gandiie. 5° Le LiO-x DE Peiisk, Fvlh Persicus, Temminck, auquel on réunit en général le Lion n'.\RABiE, Fclis Arabicus, Fischer, donl le pelage est d'une couleur isabelle iiès-pàlr, qui ]irésente une crinière liiufl'ue mélangée de poils de différentes teintes que dans les deux variétés |irecèdenles. (pii n'a point de longs poils à la ligne moyenne du ventre, ni aux cuisses, et chez lequel les grandes mèches de poils noirs et de poils brun foncé de la crinière paraissent davantage sur le fond pâle et très-ras du reste de la robe. Celle variété, de petite taille, est propre à l'.Xrabie et à la l'crse; c'est à elle que l'on croit devoir rapporter les Lions qui, d'après les anciens auteurs, vivaient jailis en Grèce. ■i" Le Lion DU Cap, Fc/ii Cnpensis, Smuts. On pourrait peut-être distinguer, avec M. Boiiard, deux sous-variélés dans cette variété : l'une, le Lion jaune, qui serait peu dangereux, se contentant de dévorer les immondices (pi'il rencontre, mais se glissant aussi quelquefois la'nuit dans les basses- cours pour s'emparer des Chiens, des Moutons, et, quand il le peut, du gros bétail; et l'autre, le Lion brun, le plus féroce, le plus redouté de tous, mais devenu fort rare, et se retirant dans l'inle- rieur à mesure ipie la civilisation s'avance vers le centre de l'.Xfrique. 5° Le Lion sans cniMÈRE, Olivier, variété dont l'existence douteuse ne repose que sur la foi d'un voyageur français, Olivier, qui dit l'avoir découverte en Syrie, principalement sur les confins de l'.Xra- bie. Le professeur Kretschmar a annoncé, en 1827. au major Smilh, qu'il alteiidait de Nui)ie la peau elles mâchoires de cette variété de Lions, qu'il su()pose être plus grande (|ue l'espèce lypicpie, donl le pelage serait brunâtre, et qui surtout serait entièrement privée de crinière : malgré cette assurance, nu n'a pas encore vu celte peau en Europe. Quelques auteurs se sont demandé si ce n'est pas cette même variété qu'on voit quelquefois représentée sur les monuments de l'ancienne Egypte. A ces six variélés principales, on peut encore joindre le Felis (lazaralensis. Smée. de Gazarale, le FcIJi liijbridus, métis provenant du Lion et du Tigre, et qui a été décrit avec soin par Fr. Cuvier, et qui ne peut réellement constituer une variété particulière. CARNASSIERS. i:,5 Toutes ces vaiietés sembleni éi;alenient différer par la grandeur, car on trouve des Lions adultes i|iii ont jusqu'à 2'"60 à 2"'92 de longueur, depuis le bout du museau jusqu'à la naissance de la queue, mais seulement dans les déserts, où ils vivent sans inquiétude et pourvus de proies abon- dantes; d'autres, et ce sont les plus ordinaires, ne dépassent ])as l^.SO de longueur sur l"',li de hauteur. Les individus, habituellement pris jeunes et conservés dans les Ménageries, sont de petite taille. Les femelles sont généralement d'un quart plus petites que les mâles. D'après les auteurs anciens, il faudrait aussi ajouter à ces variétés : 1" Le Lio.N A cRi.MÈr.E ci;éi'UE, tel que le représentent les anciens monuments; 2° Le Lio.N DES Lndes, qui, d'après Aristote et Élien, est noir, hérissé, et qu'on dressait a la chasse, 5" Le Lkjn de Syrie, également noir, et qui a été cité par Pline. Aucun voyageur moderne ne fait mention de ces trois derniers; mais ce n'est pas une raison suflisaiite pour nier leur ancienne existence, surtout lorsqu'on réfléchit aux nombreuses espèces fossiles de Fclis trouvées dans un grand nombre de lieux, et que l'on ne rencontre plus aujourd'hui à l'état vivant, l'ourquoi ceux-ci n'auraient-ils pas disparu comme ceux-là? Il y a plus, l'espèce elle-même n'est- clle pas menacée d'une destruction à peu près complète, et cela d'ici à un nombre assez reslreint d'années : dans un ou deux siècles ])eut-étre"! Kn effet, Hérodote, Aristote, Pausanias, affirment que de leur temps les Lions étaient très-communs en Macédoine, en Thrace, en Aearnanie, en Thessalie, im maintenant il ne s'en trouve plus aucun. L'Écriture sainte, Appien. Apollonius de Tyane, Klien, cl un grand nombre d'autres auteurs anciens, disent qu'il y en avait beaucoup en Asie, et particu- lièrement en Syrie, en Arménie, aux environs de liabylone, entre lllyphasis et le Gange, etc.; et ce- pendant aujourd hui il ne s'en trouve plus guère en Asie qu'entre l'Inde et la Perse, et dans quelques lares cantons de l'Arabie; toutefois, Chardin dit qu'on en rencontre au Caucase, mais cela pourrait bien être une erreur. Leur véritable patrie actuelle est l'Afrique; ils y sont encore assez abomlam- menl répandus, depuis l'Atlas jusqu'au Cap de lionne-Espérance, et de])uis le Sénégal et la Cuiiiècv jus(|u'aux cotes de l'Abyssinie et du Mozambique; maigre cela, leur nombre n'est plus le même qu'il était jadis, car on ne pourrait plus aujourd'hui en réunir autant qu'on le faisait dans l'ancienne Itome pour donner au peuple ces jeux sanglants qui lui plaisaient tant. L'homme, soit pour son uni- (pie plaisir, soit pour sa sûreté, tend donc à détruire entièrement cette belle espèce de Chats. Ilne autre cause, dont nous parlerons plus loin, tend probablement aussi à détruire respèce du Lion. La civilisation, pénétrant dans les déserts jadis habités par cet animal, détruit continuellement les liuniinants qui lui servaient de pûture presque exclusive, et dès lors en diminue naturellement lo nombre, ou bien le repousse dans le centre des continents où nous ne pénétrons que rarcnienl. Enfin une dernière cause, que cite De Lacépède, consisterait dans les changements physupies qui se seraient produits dans les lieux habités par les Lions, dans des déboisements, des destructions de montagnes, qui auraient pu agir et sur les Lions, et sur les animaux qui leur seivent de pâture. Bufl'on a représenté, dans un langage qui est devenu classique, le Lion tel qu'il se présente à notre esprit, dans sa beauté, dans sa force, dans sa noblesse, dans ses actions; De Lacépède a rempli la même tâche pour la Lionne, et G. Cuvier, ainsi que De lilainville, ont rappelé ce que les anciens con- naissaient sur ce Carnassier. Avant de rajiporter quelques-uns des passages de Buffon, nous devons faire remarquer à nos lecteurs qu'il faut se défendre de la magie de ses expressions, et toujours avoir présent à la pensée que les couleurs qu'il emploie pour peindre le Lion sont plutôt prises dans le senlimenl que cet animal inspire communément que dans sa véritable nature : non pas, ainsi que le dit Er. Cuvier. que les faits d'après lesquels ce sentiment s'est établi soient précisément faux, niais la plupart ont été présentés sous un faux point de vue, et ont donné naissance à de fau.sses idées. En effet, d'après les naturalistes et les voyageurs modernes, on doit dire que le Lion ressemble à tous les autres Chats par son caractère comme par son organisation, et que, .s'il a acquis une répu- tation de générosité, de noblesse, d'élévation, cela tient à quelques circonstances mal appréciées de ses actions. 'I Dans les pays chauds, écrit Bufton, les animaux terrestres sont jjlus grands et phis forts que dans les pays froids cm tempérés, ils sont aussi plus hardis, plus féroees ; tontes leurs qualités 15C HISTOIRE NATURELLE. natiiri'llos st'inbk'iit tenir de l'ardeur du climat. Le Lion né sou.s le soleil brûlant de l'Afrique ou des Inde.s est le plus fort, le plus fier, le plus terrible de tous; no? Loups, nos autres animaux carnas- siers, loin d'être ses rivaux, seraient ;"i peine ses pourvoyeurs. Les îjrands Chats d'Amérique sont, comme le elimat, infiniment plus doux que ecux de l'Afrique; et le qui prouve évideuiment que l'excès de leur férocité vient de l'excès de la chaleur, c'est (|ue, dans le ménie pays, ceux qui indiilent les hautes montap:nes. où l'air est plus tempéré, sont d'un naturel différent de ceux (]iu demeurent dans les plaines, où la chaleur est extrême. Les Lions du mont Atlas, dont la cime est quelquefois couverte de iieit;e, n'ont ni la hardiesse, ni la force, ni la férocité des Lions du Rileduli(érid ou du Sahara, dont les plaines sont couvertes de sables brûlants. C'est surtout dans ces déseits ardents ([ue se trouvent ces Lions terribles qui sont l'effroi des voyageurs et le fléau des provinces voisines; heureusement l'espèce n'est pas nombreuse, il paraît même qu'elle diminue tous les jours; car. de l'aveu de ceux qui ont parcouru celle partie de l'Afrique, il ne s'y trouve pas acluellement autant de lions, à beau- coup ]irès, qu'il v en avait autrefois. Les Romains tiraient de la I.ybie, pour l'usage des spectacles, cin([u;inle fois plus de Lions qu'on ne pourrait y en trouver aujourd'hui. On a remarcpié de même qu'en Turquie, en Perse et dans l'Inde, les Lions sont maintenant beaucoup moins communs qu'il ne l'étaient anciennement; et, comme ce puissant et courageux animal fait sa proie de tous les autres animaux, et n'est lui-même la proie d'aucun, on ne peut attribuer la diminulion de quantité dans son espèce qu'à l'augmentation du nombre dans celle de l'homme; car il faut avouer que la force de ce roi des animaux ne tient [)as contre l'adiesse d'un Ilottentot ou d'un nègre, qui souvent osent l'attaquer tête à tête avec des armes assez légères. « L'industrie de l'homme augmente aven le nombre; celle des animaux reste toujours la même : toutes les espèces nuisibles, comme celle du Lion, paraissent être reléguées et réduites à un petit nombre, nou-sculenient parce que l'homme est parlcint devenu plus noud)renx, mais aussi parce qu'il est devenu plus haliile, et qu'il a su fabriqtu^r des armes terribles auxquelles rien ne peut résister : heureux s'il n'eût jamais combiné le fer et le feu que pour la destruction des Lions ou des Tigres! « Cette supériorité de nombre et d'industrie dans l'homme, qui brise la force du Lion, en énerve aussi le courage : cette qualité, quoique naturelle, s'exalte ou se tcm]ière dans l'animal suivant l'u- sage heureux ou malheureux qu'il a lait de sa force. Dans les vastes déserts de Saiiara, dans ceux qui semblent séparer deux races d'iiomnies très-différentes, les nègres et les Maures, entre le Sénégal et les extrémités de la Mauritanie, dans les terres inhabitées qui sont au-dessus du pays des llotten- tots, et en général dans toutes les parties méridionales de l'Afrique et de l'Asie où l'homme a dédai- gné d'habiter, les Lions sont encore en assez grand nombre, et sont tels que la nature les produit : accoutumés à mesurer leurs forces avec tous les animaux qu'ils rencontrent, l'habilude de vaincre les rend intrépides et terribles; ne connaissant pas la puissance de l'homme, ils n'eu ont nulle crainte; n'ayant pas éprouvé la force de ses armes, ils semblent les braver; les blessures les irritent, mais sans les effrayer; ils ne sont pas même décincertés à l'aspect du grand nombre; un seul de <'es Lions du désert attaque souvent une caravane entière, et, lorsqu'après un condjat opiniâtre et violent il se sent affaibli, au lieu de fuir, il continue de battre en retraite, en faisant toujours face et sans ja- mais tourner le dos. Les Lions, au contraire, qui habitent aux environs des villes et des bourgades de l'Inde et de la barbarie, ayant connu l'homme et la force de ses armes, ont perdu leur courage au point d'obéir à sa voix menaçante, de n'oser l'atliupier, de ne se jeter que sur le menu brlail, et, enlin, de .s'enfuir en se laissant poursuivre par des femmes ou par des enfants, qui leur font, à coups de bâton, quitter prise et lâcher indignement leur proie. « Ce changement, cet adoucissement dans le naturel du Lion, indique assez qu'il est susce|>lible des impressions qu'on lui donne, et qu'il doit avoir assez de docilité pour s'apprivoiser jusqu'à un certain point, et ])our recevoir une es])èce d'éducation; aussi l'histoire nous parle de Lions attelés â des chars de triomphe, de Lions conduits à la guerre ou menés à lâchasse, et qui, fidèles à leur maî- tre, ne déployaient leur force et leur courage que contre ses ennemis. Ce qu'il y a de très-sûr, c'est que le l.ion, pris jeune, et élevé parmi les animaux domestiques, s'accoutume aisément à vivre et même à jouer innocemment avec eux, qu'il est doux pour ses maîtres, et même (taressanl, surtout dans le picniier âge, et que, si sa férocité naturelle reparait quelquefois, il la tourne rarement contre ceux qui lui ont fait du bien. Comuie ses mouvements sont tiès-impetueux et ses appétits fort véhé- ments, on ne doit pas présumer que les impressions de l'éducation puissent toujours les balancer; CARNASSIEUS. I57 aussi y amail-il quelque danger à lui laisser souffrir trop longtemps la faim, ou à le contrarier en le tourmentant hors de propos; non-seulement il s'irrite des mauvais traitements, mais il en garde le souvenir et parait en méditer la vengeance, comme il conserve aussi la mémoire et la reconnaissance des bienfaits. Je pourrais citer ici un grand nombre de faits particuliers, dans lesquels j'avoue que j'ai trouvé quelque exagération, mais qui cependant sont assez fondés pour prouver an moins, par leur réunion, que sa colère est noble, son courage magnanime, son naturel sensible. On l'a souvent vu dédaigner de petits ennemis, mépriser leurs insultes, et li'ur pardonner des libertés offensantes; on l'a vu, réduit en captivité, s'ennuyer sans s'aigrir, prendre, au contraire, des habitudes douces, obéir à son maître, flatter la main qui le nourrit, donner quelquefois la vie à ceux qu'on avait dé- voués à la mort en les lui jetant pour proie, et, comme s'il se fût attaché par cet acte généreux, leur continuer ensuite la même protection, vivre tranquillement avec eux, leur faire part de sa subsis- tance, se la laisser même quelquefois enlever tout entière, et souffrir plutôt la faim qne de perdre le fruit de son premier bienfait. « On pourrait dire aussi que le Lion n'est pas cruel, puisqu'il ne l'est que par nécessité, qu'il ne détruit qu'autant qu'il consomme, et que, dès qu'il est repu, il est en pleine paix, tandis que le Ti- gre, le Loup, et tant d'autres animaux d'espèce inférieure, tels que le Renard, la Fouine, le l'utois, le Furet, etc., donnent la mort pour le seul plaisir de la donner, et que, dans leurs massacres nom- breux, ils semblent plutôt vouloir assouvir leur rage que leur faim. « L'extérieur du Lion ne dément point ses grandes qualités intérieures; il a la figure imposante, le regard assuré, la démarche fière, la voix terrible; sa taille n'est point excessive, comme celle de l'É- léphant ou du Rhinocéros; elle n'est ni lourde, comme celle de l'Hippopotame ou du Dœiif, ni trop ramassée, comme celle de l'Hyène ou de l'Ours, ni trop allongée, ni déformée par des inégalités comme celle du Chameau: mais elle est, au contraire, si bien prise et si bien proportionnée, que le corps du Lion pourrait être le modèle de la force jointe à l'agilité; aussi solide que nencux, n'étant chargé ni de chair ni de graisse, et ne contenant rien de surabondant, il est tout nerf et muscle. Cette grande force musculaire se marque en dehors par les sauts et les bonds prodigieux que le Lion fait aisément, par le mouvement brusque de sa queue qui est assez forte pour terrasser un homme, par la facilité avec laquelle il fait mouvoir la peau de la face, et surtout celle de son front, ce qui ajoute beaucoup à la physionomie ou plutôt à l'expression de la fureur, et, enfin, par la faculté qu'il a de remuer sa crinière, laquelle non-seulement se hérisse, mais se meut et s'agite en tous sens lors- qu'il est en colère. « A toutes ses nobles qualités individuelles, le Lion joint aussi la noblesse de l'espèce; j'entends par espèces nobles dans la nature, celles qui sont constantes, invariables, et qu'on ne peut soupçon- ner de s'être dégradées : ces espèces sont ordinairement isolées et seules de leur genre; elles sont distinguées par des caractères si tranchés, qu'on ne peut ni les méconnaître ni les confondre avec aucune des autres, à commencer par l'homme, qui est l'être le plus noble de la création, ]iuisque les hommes de toutes les races, de tous les climats, de toutes les couleurs, peuvent se mêler et produire ensemble, et qu'en même temps l'on ne doit pas dire qu'aucun animal appartienne à l'homme ni de près ni de loin par une parenté naturelle. Dans le Cheval, l'espèce n'est pas aussi noble que l'indi- vidu, parce qu'elle a pour voisine l'espèce de l'Ane, hupielle paraît même lui appartenir d'assez près, puisque ces deux animaux produisent ensemble des individus, qu'à la vérité la nature traite comme des bâtards indignes de faire race, incapables même de perpétuer l'une ou l'autre des deux espèces desquelles ils sont issus; mais qui, provenant du mélange des deux, ne laissent pas de prouver leur grande afiinité. Dans le Chien, l'espèce est peut-être encore moins noble, |)arce qu'elle paraît tenir de près de celles du Loup, du Renard et du Chacal, qu'on peut regarder comme des branches dégé- nérées de la même famil'e. Et, en descendant par degrés aux espèces inférieures, comme à celles des Lapins, desDelettes, des Rats, etc., on trouvera que chacune de ces espèces en particulier ayant un grand nombre de collatérales, l'on ne peut plus reconnaître la souche commune ni la tige directe de chacune de ces familles devenues trop nombreuses. Enlin, dans les insectes, qu'on doit regarder comme les es- pèites infimes de la nature, cliacune est accom[)agnée de tant d'espèces voisines, qu'il n'est plus pos- sible de les considérer une à une, et qu'on est forcé d'en faire un bloc, c'est-à-dire un genre, lor.s- qu'on veut les dénommer. C'est là la véritable origine des méthodes, qu'on ne doit employer, en effet, que pour les dénombrenienis difficiles des plus petits objets de la nature, et qui deviennent totale- 158 HISTOIRE NATURELLi:. ment inutiles ot iiirme ridicules lorsqu'il s'ai^it des êtres du premier rang ; classer l'iioinme avecje Singe, le Ijion avec le Chat, dire que le Lion est un Clial it crinière el à queue loiirjiic, c'est dégra- der, déligurer la nature au lieu de la décrire et de la dénommer. K L'espèce du Lion est donc une des plus nobles, puisqu'elle est unique, et qu'on ne peut la con- fondre avec celle du Tigre, du Iiéopard, de l'Once, etc., el qu'au c(Uilraire ces espèces, qui sem- blent être les moins éloignées de celles du Lion, sont assez peu disiim tes entre elles pour avoir été confondues par les voyageurs et prises les unes pour les autres par les nomenclateurs. « Les Lions de la plus grande taille ont environ huit ou neuf pieds de longueur depuis le mufle jusqu'à l'origine de la queue, qui est elle-même longue d'environ quatre pieds; ces grands Lions ont (piatre ou ciu(| pieds de hanleur. Les Lions de petite taille ont environ cinq pieds el demi (le longueur sur trois pieds et demi de hauteur, et la queue longue de trois pieds. La Lionne est dans toutes les dimensioiis d'environ un quart plus petite que le Lion... (I Ces animaux sont très-ardents en amour; lorsque la femelle est en chaleur, elle est quelquefois suivie de huit ou dix m.'des, qui ne cessent de rugir autour d'elle et de se livrer des cond>ats furieux jusqu'à ce que l'un d'entre eux, vainqueur de tous les autres, en demeure paisible possesseur et s'éloi- gne avec elle. La Lionne met bas au printemps, et ne produit qu'une fois tous les ans, ce qui indi- que encore qu'elle est occupée pendant plusieurs mois à soigner et allaiter ses petits, et que, par con- séquent, le temps de leur premier accroissement, pendant lequel ils ont besoin des secours de leui' mère, est au moins de quelques mois. « Dans ces animaux, toutes les passions, même les plus douces, sont excessives, et l'amour ma- ternel est extrême. La Lionne, naturellement moins forte que le Lion, devient terrible dès qu'elle a des petits; elle se montre alors avec encore plus de hardiesse que le Lion; elle ne connaît point le danger; elle se jette indifféremment sur les hommes el sur les animaux qu'elle rencontre; elle les met à mort, se charge ensuite de sa proie, la porte et la partage à ses Lionceaux, auxquels elle aiiiirend de bonne heure à sucer le sang et à déchirer la chair. D'ordinaire, elle met bas dans des lieux écar- tés et de difficile accès; et, lorsqu'elle craint d'être découverte, elle cache ses traces en retournant plusieurs fois sur ses pas, ou bien elle les efface avec sa queue; quelquefois même, lorsque l'inquié- tude est grande, elle transporte ailleurs ses petits, et, quand on veut les lui arracher, elle devient furieuse, et les défend jusqu'à la dernière extrémité. « On croit que le Lion n'a pas l'odorat aussi parfait ni les yeux aussi bons que la plupart des au- tres animaux de proie : on a remarqué que la grande lumière du soleil paraît l'incommoder, qu'il marche rarement dans le milieu du jour, que c'est pendant la nuit qu'il fait toutes ses courses, (pie, quand il voit des feux allumés autour des trou])eaux, il n'en ajjproclie guère, etc.; on a observe qu'il n'évente pas de loin l'odeur des autres animaux, qu'il ne les chasse qu'à vue et non pas en les sui- vant à la piste, comme font les Chiens et les Loups, dont l'odorat est plus fin. On a même donné le nom de Guide ou de Pourvoyeur du Lion à une espèce de Lynx auquel on suppose la vue |)ercante et l'odorat exquis, el on prétend que ce Lynx accompagne ou précède toujours le Lion pour lui indi- quer sa proie : nous connaissons cet animal, ([ui se trouve, comme le Lion, en Arabie, en Lybie, etc., qui, comme lui, vit de proie, et le suit peut-être quelquefois ])our profiter de ses restes, car, étant faible et de petite taille, il doit fuir le Lion plutôt {[ue le servir. « Le Lion, lorsqu'il a faim, attaque de face tous les animaux qui se présentent ; mais, comme il est très-redouté et que tous cherchent à éviter sa rencontre, il est souvent obligé de se cacher et de les attendre au passage; il se tapit sur le ventre dans un endroit fourré, d'où il .s'élance avec tant de force, qu'il les saisit souvent du premier bond ; dans les déserts et les forêts, sa nourriture la plus ordinaire sont les Gazelles et les Singes, quoiqu'il ne prenne ceux-ci que lorsqu'ils sont à terre, car il ne grimpe pas sur les arbres comme le Tigre ou le Puma; il mange beaucoup à la fois et se remplit pour deux ou trois jours; il a les dents si fortes, qu'il brise aisément les os, et il les avale avec la ( hair. On prétend qu'il supporte longtemps la (aim; comme son tempérament est excessivement chaud, il supporte moins la soif, et boit toutes les fois qu'il peut trouver de l'eau. 11 prend l'eau en lapant comme un Chien; mais, au lieu que la langue du C.liicn se courbe en dessus pour lapper, celle du Lion se courbe en (b ssous, ce (pii l'ail ipiil est liiuglemps à boii'c el qu'il perd beaiu'oup d'eau; il lui faut environ (piirize livres de chair crue par jour; il |)référe la chair des auimau.v vivants, de ceux sur- inul (|u'il vient d'égorger; il ne se jette pas volontiers sur les cadavres infe( ts, et il aime mieux CARNÂSSIEUS. UV,l ( liiissci' une iK.tivcllf prnir que de l'ctouriiPi- chercher les restes de la première; miiis, quoique d'or- dinaire il se nourrisse de chair fraîche, son haleine est très-forte et son urine a une odeur insup portable. I, Le rusissenjcnl du I.ion est si fort, que, quand il se fait entendre, par eclios, la nuit dans les déserts, il ressemble au bruit (\n tonnerre; ce rugissement est sa voix ordinaire, car, quand il est en colère, il a un autre cri qui est court et réitéré subitement; au lieu que le rugi.ssement est un cri prolongé, une espèce de grondement d'un ton grave, mêlé d'un frémissement plus aigu : il rugil cin(( ou six fois par jour, et plus souvent lorsqu'il doit tomber de la pluie. Le cri qu'il fait lorsqu'il esi en colère est encore plus terrible que U' rugissement; alors il se bat les flancs de sa queue, il en bal la terre, remue ses gros sourcils, monire des dents menaçantes, et tire une langue armée de pointes si dures, qu'elle suflit seule pour écorcher la peau et entamer la chair sans le secours des dents ni des ongles, qui sont après les dents ses armes les plus cruelles. Il e.st beaucoup pins fort par la tèie, les mâchoires et les jambes de devant, que par les parties postérieures du corps; il voit l.i nuit comme les Cbals; il ne dort pas longtemps et s'éveille aisément; mais c'est mal à propos que 1 on a prétendu qu'il dormait les yeux ouverts. '» La démarche du Lion est fière, grave et lente, quoique toujours oblique. Sa course ne se fait pas par des mouvements égaux, mais par sauts et par bonds, et ses mouvements sont si brusques, qu'il ne peut s'arrêter à l'instant, et qu'il pa,sse presque toujours son but ; lorsqu'il saule sur .s'i |)roie, il l'ail un bond de douze à quinze pieds, tombe dessus, la saisit, et, avec les pattes de devant, la dé- chire avec les ongles et ensuite la dévore avec les dents. Tant qu'il est jeune et qu'il a de la légèreté, il vit du produit de sa chasse, et quitte rarement ses déserts et ses forêts, où il trouve assez d'ani- maux sauvages pour subsister aisément; mais lorsqu'il devient vieux, pesant et moins propre à l'exercice de la chasse, il s'api>roche des lieux fréquentes et devient plus dangereux pour l'hounnc !'t pour les animaux domestiques; seulement on a remarqué que, lorsqu'il voit des hommes et des animaux ensemble, c'est toujours sur les animaux qu'il se jette et jamais sur les hommes, à moins qu'ils ne le frappent, car alors il reconnaît à merveille celui qui vient de l'offenser, et il quille sa proie pour se venger... 'I (Jnelque terrible que soit cet animal, on ne l?isse pas de lui donner la chasse avec des Chiens de grande laille et bien appuyés par des lu mmes à cheval : on le déloge ou le fait retirer; mais il faul (pie les Chiens et même les Chevaux soient aguerris auparavant, car presque tous les animaux fré- missent et s'enfuient à la seule odeur du Lion. Sa peau, quoique d'un tissu ferme et serré, ne résiste point à la balle, ni même au javelot; néanmoins, on ne le tue presque jamais d'un seul cou]) : on le [)rend souvent par adresse, comme nous prenons les Loups, en le faisant tomber dans une fosse profonde qu'on recouvre avec des matières légères, au-dessus desquelles on attache un animal vivant. liC Lion devient doux dès qu'il est pris, et, si l'on profite des premiers moments de sa surprise ou de sa honte, on peut l'attacher, le museler et le conduire où l'on veut. Il La chair du Lion est d'un goût désagréable et fort; cependant les nègres et les Indiens ne la Irouvent pas mauvaise et en mangent souvent : la peau, qui faisait autrefois la tunique des héros, sert à ces peuples de manteau et de lit; ils en gardent aussi la graisse, qui est d'une qualité fort pé- nétrante, et qui même était de quelque usage dans notre ancienne médecin(!. « Le tableau que De Lacépède nous a tracé de la Lionne est peint avec trop de force et de vérité pour (pie nous ne le reproduisions pas ;'t la suite de celui que Duffon a donné du Lion, et que nous ve- nons de donner. « Le Lion, dit-il, a dans sa physionomie un mélange de noblesse, de gra- vité et d'audace, qui décèle, pour ainsi dire, la su[)érioritè de ses armes et l'énergie de ses mus- cles. La Lionne a la gr:ke et la légèreté; sa tête n'est point ornée de ces poils longs et touffus (pii entourent la face du Lion et se répandent sur son cou en flocons ondulés; elle a moins de parure; mais, douée des attributs distinclifs de son sexe, elle montre plus d'agrément dans ses attitudes, plus de souplesse dans ses mouvemenis. l'Ius petite que le l,ion, elle a peut-éire moins de force; mais elle compense, par sa vitesse, ce qui man(pie à sa masse. Comme le Lion, elle ne touche la terre que par l'extrémité de ses doigts; ses jambes, élastiques et agiles, paraissent en quelque sorte quatre ressorts toujours prêts i"i se débander pour la repousser loin du sol et la lancer à (h- glandes dislances; elle saule, bondit, s'élance comme le mâle, franchit comme lui des espaces de douze à (piiir/.e |)ieds: sa vivacilè est même plus grande, sa seisibililé plus ardente, sou désir plus iCiO lIlSTOmK NATLHliLl.r, véhément, son repos plus court, son dépait plus brusque, son élan plus impétueux. Klle olïrc aussi cette couleur uniforme et sans tache, dont la nuance rousse ou fauve suffirait pcuir faire reconnaîtie le Lion au milieu des autres Carnassiers, et juiur le séparer même du Couiiuar. ou prétendu Lion d"Améri((uc. » On sait que le Li(in peut se reproduire dans nos Ménageries, où on le voit fréquemment, et l'on a pu même obtenir le produit d'une Lionne et d'un Tigre, espèce qui, ainsi que nous le verrons, en est assez voisine. Fig. 85. — l..ion cl l.iDiiiic. Dans nos climats, ainsi que le fait observer l'r. Cuvier, (piel((ues précautions seraient nécessaires pour faciliter la reproduction de ces animaux : la principale consisterait à les tenir trés-chaudemeni et de manière qu'ils ne fussent point plongés dans l'almosphère humide et malsaine de toutes nos Ménageries. Fn effet, aucun des petits nés au Muséum de Paris n'a vécu au delà d'un an, c'est-à-dire au delà de l'époque où les canines se développent, époque qui parait très-dangereuse pour les [,ion.'. De Lacépéde a donné des détails intéressants sur une Lionne provenant de Barbarie, qui a produit à notre Ménagerie. Lorsque cette Lionne eut six ans, elle entra en chaleur, et les signes que cet état produisirent furent les mêmes que chez la Clialle; elle .s'accoupla, devint pleine; mais au bout de deux mois elle mit au monde deux fuUus morts qui n'avaient pas de poils. Vingt et un jours après, elle revint en chaleur, et, dans le même jour, reçut cinq fois le mâle; et l'on s'aperçut bientôt qu'elle était pleine. Au bout de cent huit jours, c'est-à-dire un peu plus de trois mois et demi, dès se| I heures du matin, ses douleurs commencèrent; à dix heures elle mit bas un petit Lion mâle; un second CARNASSIERS. toi Lionceau naquit A dix heures el dcmii', et un iroisième à onze heures un quart. L'un de ces trois jeunes Lions avait, cinq jours après sa naissance, environ un pied depuis le devant du front jusqu'à l'origine de la queue; la queue était longue de cinq pouces dix lignes. Lorsque ces Lionceaux sont venus au jour, ils n'avaient pas de crinière; et, en effet, ce n'est qu'à trois ans que cette parure paraît : et, en outre, ils n'avaient pas au bout de la queue ce flocon de poils qu'on observe chez les adultes. Leur poil était laineux et n'offrait pas encore la couleur de la robe de leur père; il preseiiiail sur un fond mêlé de gris et de roux un grand nombre de bandes petites et brunes, qui étaient surtout très-dislinctes sur l'épine dorsale et vers l'origine de la queue, et qui étaient disposées transversale- ment el de chaque côté d'une raie longitudinale brune, et étendue depuis le derrière de la lète jusqu'au Fi;;. KO. Conilial lie Lion el de Panllière. bout de la queue. A mesure que ces Lionceaux grandiieni, les nuances de leurs couleurs se rappro- (•hèrent de celles du Lion adulte; leurs bandes et leur raie disparurent, et les proportions de leuis différentes parties se rai)proehèrent de celles de leur père ou de leur mère : toutefois, à l'âge de neuf mois, les jeunes mâles nés à notre Muséum avaient encore la raie longitudinale et les bandes transversales sur le dos. C'est en novembre 1801 que les Lionceaux .sont nés; vers la lin de murs de l'année suivante, leur mère a été couverte par le mâle, et le 15 juillet elle a donné le jour à deux jeunes Lionnes; elle a porté ces deux femelles pendant un temps égal, ou à peu près, à celui pendant lequel elle avait porté les Irdis Lionceaux mâles, l'eu de temps après la naissance de ces deux fe- melles, les trois Lionceaux étaient déjà devenus mécliaiils. Un de ces jeunes Lions, qu'on avait coiqie pour lâcher de savoir quel peut être l'effet de la caslralion sur des individus d'une espèce :iussi ler- ir.-2 IIISTOIIŒ NATLRELLE. liljlc (|iir ct'llc (lu Lion, [laiaissait luuins trailable que les autres. La Lionne a quatre mamelles: rallaiiciiu'nt dura six mois. Ainsi que la Clialle, la Lionne avait le plus grand soin de ses petits; elle les lécliait sans cesse, ne les quittait point, et les entretenait dans une grande propreté. Cependant une profonde inquiétude l'agitait souvent; il semblait qu'un instinct secret l'excitAt à vouloir les porter dans des lieux caciiés et loin delà vue des hommes : elle les prenait entre ses dents, et, dans un grand étal d'agitation, les promenait pendant des quarts d'heure, ce qui a occasionné la mort de plusieurs. On n'a pu suivre sur aucun de ces jeunes Irions les progrès du développement du caractère, car ils sont tous morts, cl il parait qu'ils ont succombé aux premiers effets de la denlilion; les deux jeunes Lionnes de la seconde portée périreni aussi à la même époque. Avant l'époque citée par De Lacépède, et aussi depuis, on a constaté plusieurs cas de reproduction de Lions dans les Ménageries d'Europe, principalement à Florence, à Naples, et surtout en Angleterre, où les animaux des Ménageries sont soignés avec le plus grand soin. En 1824, il est né, à la Ménagerie de Windsor, d'une Tigresse qu'on avait accouplée avec un Lion, deux petits ; ils étaient très-doux l'un et l'autre, ne ressemblaient ni à leur père ni à leur mère, et ne se ressemblaient pas même entre eux. Ce fait du croisemeni de deux espèces aussi distinctes, et qui avait été nié à tort par Buffon, ne pourrait-il pas, ainsi que le fait remarquer M. Boitard, expliquer la grande confusion qui existe dans l'histoire de la .synonymie des Chats? Les excréments de ces animaux sont semblables à ceux du Chat, et très-fétides. Le mâle, du moins dans nos Ménageries, ne se débarrasse des siens qu'une fois par jour; son urine est aussi très-puante, ainsi que celle des Lionnes. Comme nous l'avons dit, Buffon a embelli le tableau lorsqu'il nous a tracé l'histoire du Lion; mais peut-être aussi certains naturalistes ont-ils exagéré en sens opposé. Quoi qu'il en soit, et en pre- nant note de cette dernière remarque, rapportons à ce sujet ce qu'en dit l'auteur de l'article ('.liai du Dictionnaire unirersel d'Ihsloire naturelle. « 11 est fâcheux que toutes les belles qualités du Lion s'évanouissent devant la réalité toujours peu poétique et encore moins flatteuse. Ce roi des animaux ressemble à tous ses congénères, ou, s'il se dis- tingue du Tigre, du Jaguar, etc., c'est par sa poltronnerie. Quoique n'ayant pas la pupille nocturne, il ne sort de sa retraite que la nuit et seulement quand il est poussé par la faim . Alors, soit qu'il se glisse dans les ténèbres à travers les buissons, soit qu'il se mette en embuscade dans les roseaux, sur les bords d'une mare où les animaux viennent boire, par un bond énorme il s'élance sur sa victime, qui est loujoiirs un animal faible et innocent, ne pouvant lui opposer aucune résistance, lors même que, dans son attaque, il n'emploierait pas la surprise, la ruse ou la perfidie. Ce n'est que poussé par une faim extrême qu'il ose assaillir un Bœuf ou un Cheval, ou tout autre animal capable de lui résis- ter. Dans tous les cas, s'il manque son coup, il ne cherche pas à poursuivre sa proie, parce qu'il ne peut courir, et l'on a appelé cela de la générosité, comme on a décoré du nom de gravité la lenteur forcée de sa marche. Sa nourriture ordinaire consiste en Gazelles. Dans l'ombre, il parcourt la cam- pagne, et, s'il ose alors s'approcher en silence des habitations, c'est pour chercher à s'emparer des pièces de menu bétail échappées de la bergerie; il ne dédaigne pas même de prendre des Oies et autres volailles quand il en trouve l'occasion. Enfin, faute de mieux, il se jette sur les charognes et les voiries, malgré cette noblesse et cette délicatesse de goût qu'on lui suppose. Il est arrivé assez souvent;'! nos sentinelles, à Constanline, de tirer et de tuer des Lions qui venaient la nuit rôder au- tour de la ville, afin de manger les immondices jetées hors des murs. Si, pendant le jour, un Lion a la hardiesse de s'approcher en tapinois d'un troupeau pour en saisir un Mouton, les bergers crient aussitôt haro sur le voleur, le poursuivent à coups de bâton, lui arrachent sa proie de vive force^ mettent leurs Chiens à ses trousses, et le forcent A une fuite honteuse et précipitée. Il en arrive sou- vent ainsi au cap de Bonne-Espérance, ([uand les howars hollandais le surprennent rôdant autour de leurs écuries : ils en ont mémo tué quelquefois à coups de fourche. Mais c'est dans les vastes solitudes, où il domine en maître parce qu'il doujiue seul, que le Lion déploie toutes les facultés qui assurent sa puissance. » Lu intrépide voyageur français, Aduljilie Delegorgue, dans son Toi/dr/c ilcms l'Africfue australe (2 vol. in-8. Paris, A. René et loiupugnic, 1847), ouvrage très-peu répandu, a donné d'intéressants ictails sur les moeurs des animaux eu grand nombre, qu'il a chassés nombre de fois dans lapro- CAHNASSIliKS. |(;3 \iiicx' iJu ia|) de Boiiiie-Eaperaiice. Les faits rapporUS par Ailulphe flelegorgue. iiiuil depuis peu d'années, au oommencemenl d'un second voyage, viclinie de son zèle pour la science, ceux surtout ((iM concernent la (liasse du I.ion, nous ont scndjie trop importants pour que nous n'ayons pas cru utile de les transcrire ici malgré leur longueur et parce que leur authenticité nous paraît cer- taine. Nous avons pensé que ces détails compléteraient ceux que nous avons rapiiorlés, et qu'ils rectifieraient en même temps certains faits qu'indiquent continuellement les naturalistes et les voya- geurs, et qui ne sont cependant pas tout à fait aullieutiques. .Nous crovons intéresser nos lecteurs, et nous faire ainsi pardonner la longueur du récit qui va suivre ; puissions-nous par là rendre aussi hommage à la mémoire de l'infortuné Delegorgue. « Le Lion, qui, chez nous, jouit d'une si haute réputation de noblesse et de courage, ne la conserve probablement aussi entière que parce qu'il habile loin de notre pays, et que nous ne sommes nulle- ment à même d'observer ses mœurs à l'état sauvage. Au dire des chasseurs sud-afiicains habitants des contrées nouvellement envahies, où chaque jour on rencontre de ces animaux, le Lion est un ani- mal qu'il est prudent de laisser passer sans moleslation. Sa chasse offre des dangers, et la posses- sion de sa peau, ne rapportant que de cinquante à soixante-quinze francs, ne tente pas suffisamment la cupidité pour engager des hommes à en faire une chasse spéciale. Aussi le plus souvent le Lion doit-il la vie à son peu de valeur intrinsèque. Mais, par suite de ses déprédations nocturnes, quand, après avoir dispersé des Bœufs, le Lion s'est emparé de quelqu'un d'entre eux, la colère du Boer, lésé dans ses intérêts les plus chers, ne connaît point de bornes; elle ne calcule plus rien, et son apaisement ne sera complet que lorsque la peau du Lion, portée au marché, aura payé une partie des pertes. « Notre Boer partira seul à cheval; quelquefois des amis l'accompagneront, la société est peu utile; elle tourne même fréquemment à l'avantage du Lion que l'on attaque. L'animal a été vu; il s'est levé; lentement et fièrement, il a parcouru de quinze à trente pas, jetant fréquemment un regard sur ses derrières, puis il s'est couché. Son parti est bien pris : ce qu'il veut, c'est tout d'abord du respect; l'attaque-t-on, c'est vaincre ou mourir. « Le Boer l'approche à trente pas. Jusque-là point de danger; il est libre ericorc de l'attaque et de la retraite; mais, bien résolu, notre homme tourne son Cheval la croupe du cùté du Lion. 11 en saute à bas, conservant la bride passée au bras gauche; il ajuste et tire. Que la balle ait atteint la cervelle, la mort est instantanée; l'animal roule ou s'affaisse alors, sans rien témoigner qu'un tremblement des pattes, qui s'allongent, et tout est fini. Mais, que le chasseur ait tiré en plein corps, la question change. Il est impossible de savoir si le coup est léger ou mortel; l'hémorragie peut se déclarer dans l'effort violent que fait l'animal pour se venger; elle est plus ou moins prompte, lors même que le cœur a été traversé de part en part; et, dans une circonstance de ce genre, il arriva que le Lion vécut encore assez pour s'élancer sur le Cheval, le déchirer de trois coups de patte, lorsqu'il expira pro- che du cavalier, renversé par le choc. « Que l'animal ne soit que légèrement blessé, le chasseur doit s'attendre à une sévère riposte dont ne saurait le sauver le galop de son Cheval, trop lent à s'ébranler, et sur lequel tombera le Lion au second ou troisième bond. Faire tête alors en croisant la baïonnette, je le suppose, système invente par des chasseurs île cabinet, serait un pis-aller inutile, nuisible même; car, du choc, l'homme le plus solide sera renversé sous le Lion, et, en admettant même que l'animal se soit enferré le cœur, l'heureux succès inespéré n'empêchera pas que l'homme ne soit déchiré en lambeaux d'un coup de griffe ou croqué d'un coup de dent. « Le mieux, en pareil cas, est de faire le sacrifice du Cheval en s'en écartant pour recharger son arme, et tout chasseur qui se possède pourra, s'il le veut ensuite, approcher à bout portant le Car- nassier furieux qui s'acharne sur sa victime, et l'étendre d'un seul coup à ses pieds, parce que, dans les efforts que fait le Lion pour mordre à plaisir, les muscles des mâchoires agissent d'une façon laissante, tandis que les organes voisins restent neutres, comme si leur coopération était inutile. Ainsi, alors les yeux sont fei'més, et le Lion, qui savoure la vengeance, ne voit pas plus que s'il était aveugle. Les Cafres des frontières de la colonie du cap de Bonne-Espérance, vulgairement nom- més Cafres chauves, sont tellement convaincus de cette particularité, qu'ils basent leur mode d'atta- que sur sa connaissance. ■' L'un d'eux, poileur d'un vaste bouclier de buffle, épais et ''ur, auquel a été donné une fdrnie 1C4 IIISTOIHK NATLIhELLK. coiicavo, s'appruchc le pieiuicr de l'iiiiiiii:il ti lui huici' hardiment iiiie assai-aye. Le Lion bondit vers .s()n a|,'resseur; mais l'iiomme s'est laissé tomlier à ])lat sui' la terre, et son boiielier le recouvre de même que ces cùnes marins adhérant aux rochers sans permettre la moindre prise. Un instant de stupéfaction s'écoule pour l'animal indécis, puis il essaye ses griffes et ses dents sur la partie supé- rieure du bouclier, qui les voit j^lisser sans efl'et produit. Il redouble en y mettant plus de force, et alors, cerné par la bande d'hommes armés, son corps est tour à tour percé de vinii;!, de cent assagayes à la hampe trémoussanle qu'il s"inuii;ine recevoir de l'homme qu'il lient sous lui. Les as- saillants se retirent, le Lion s'affaiblit bientôt et tombe à côté du Cafre à la carapace, lequel a soin de ne se dégager que quand le terrible animal ne donne plus signe de vie. « Le Cheval, dans la chasse du Lion que font les lîoers, a son utilité, non dans le but de joindre l'animal, lequel, s'il est vu en plaine découverte, atteindra toujours son ennenii, mais bien pour sau-' ver le cavalier des griffes du Lion, par substitution si le cas l'exige; car il est à la connaissance de tous les cha.sseurs sud-africains que le Cheval sera toujours la première victime. Le Cheval est un traître qui prête son dos à l'homme; le Lion ne le craint pas; il en vient facilement à bout; il en fait sa proie favorite. L'homme, au contraire, diffère des animaux à quatre pattes; le Lion le craint da- vantage; fréquemment ceux de sa race sont tués par lui, et dans toute contrée giboyeuse il ne dévore pas l'homme après l'avoir tué. « Certain.? animaux, lorsqu'ils sont mortellement blessés, témoignent une faiblesse qui résulte, soit de leur peu de moyens de défense, soit de la douceur de leur caractère : les uns poussent des cris ])laintifs, qu'ils ne font entendre qu'à cette heure suprême; les autres versent des larmes; h Canna surtout attendrit le chasseur, qu'il semble implorer, au lieu de se servir contre lui de ses re- doutables cornes; d'autres se résignent simplement, sans donner aucune marque ni de force ni de fai- blesse. Le Lion diffère d'eux tous; il semble se rapprocher de l'homme; il participe hautement du dés- espoir du vaincu. A-t-il la conscience de sa mort prochaine, tant qu'il conserve la faculté de se mou- voir, griffes et dents sont en action; sa défense peut être comparée à la plus vigoureuse attaque; mais est-il démonté, ses ennemis se tiennent-ils à une distance infranchissable pour lui, traversé déjà dans ses parties vitales, le désespoir s'empare tout entier de lui, l'effort de ses dents se tourne contre lui-même; il se croque les pattes, se brise les doigts, comme s'il tentait de s'anéantir, comme s'il voulait devenir l'auteur de sa propre mort. C'est un véritable suicide que les armes reçues de la nature ne lui permettent pas de consommer. « Mais un si grand courage n'est provoqué que par des circonstances indépendantes de la volonté du Lion; et, jugé sous un autre aspect, le roi des animaux ne mérite plus son titre; il n'est même plus digne du respect qu'on lui porte. En effet, et plus de cinquante fois je l'ai vu, le Lion, pris au dépourvu, s'enfuit à l'aspect d'un homme seul, d'un enfant, d'un Chien qui surgit ino])inémenl de- vant et proche de lui. Dans un pays coupé de ravins, parsemé de collines, présentant quelques bois qui servent à couvrir sa retraite, le Lion détale à cinq cents pas sur le seul bruit de voix d'hommes que lui rapportent les vents. H est certain de n'avoir point été soupçonné; il fuit prudemment, de crainte (le danger; la compagnie de trois ou quatre de ses semblables ne le rassure pas; il part avec eux, doucement et sans bruit d'abord, rapidement et par larges bonds ensuite. La peur, sans aucun doute, s'est emparée de lui, et il cède à la peur! « Est-ce en pays découvert, où se présentent des inégalités de terrain, le Lion en profite, mais il n'ose se lancer à la course; il craint de donner à penser à l'homme qu'il songe ;i fuir. Il semble re- douter de compromettre sa dignité; il tourne, retourne, comme s'il s'occupait d'autre chose, mais s'éloignant toujours; et, sans aucun doute, il ira loin si l'homme ne fait aucune démarche. Veut-on l'arrêter dans sa retraite lorsqu'il reste en vue, rien de plus aisé : il suffit d'agiter les bras et de le hder fortement; le Lion reste en place et écoule; mais, quand le silence se fait, le Lion continue. Va-t-on droit ;'i lui en criant encore, il s'arrête de nouveau; souvent même il se couche immédiatement. .Mdgré lui, le Lion accepte le défi lancé; cette fois, son honneur, sa réputation de courage, sont mis enjeu. .Mais le cha.sseur peut, s'il le veut, déloger l'animal de sa position prise, et le moyen est aussi facile qu'étrange. « Des herbes longues d'un mètre couvrent la terre; que l'homme qui s'en approche de loin s'y accroupisse ou qu'il s'y couche, l'animal s'inquiète de ne plus voir son ennemi; s'iniagine-t-il que ••"lui-ci va le tourner ou se prépa'-^r à bondir, à l'attaquer d'une manière imprévue'.' Je ne sais ce CARNASSIERS. 165 qu'il est convenablement permis de supposer en ce cas; mais tant de fois je l'ai essayé, el jamais le Lion n'est resté en place. Bien plus, quand je ne le voulais i)as, pour m'étie simplement atfenouillé, afin d'éviter des branches d'arbres, ou pour mieux ajuster mon canon de fusil sur d('s Lions levés de quelques pas, en se tenant à trente, je vis chaque fois partir ces animaux, saisis d'une panique irré- sistible, et, outre ceux qui me sont propres, mille faits de ce !,'enre que m'ont racontés des chasseurs plus vieux et plus expérimentés que moi coiillrment pleinement mon opinion à cet égard. « 11 ne faut pas croire non plus qu'il soit dangereux de blesser un Lion surpris sans s'y attendre; son premier mouvement sera toujours de fuir, s'il est en état de le faire. Ainsi donc, qu'un Lion sommeille, les jambes allongées, ou qu'il quitte sa proie, sur laquelle il a concentré son attention, pourvu qu'il ne sache rien du chasseur, celui-ci ne doit jamais hésiter à faire usage de ses armes : ainsi j'ai fait maintes fois, à de très-courtes distances, sans courir le moindre danger. « La nuit, cet animal, qui, comme tous ceux de la race féline, jouit d'une excellente vue, atteste par ses actes une audace voisine de la témérité. Le domaine de l'homme, dont il s'écarte pendant le jour, lui devient familier durant les ténèbres. Le Lion ne balance point à saisir le Cheval attaché près du maître qui dort, et le bœuf fixé par les cornes aux roues d'un chariot habité, souvent même en dépit des Chiens, trop tardifs à aboyer. Le cri des hommes, la détonation du fusii, ne réussissent pas à le chasser; mieux vaut l'usage du long fouet, dont la mèche le châtie et l'effraye par son éclat trop voisin. « Mais que l'homme change brusquement de rôle, qu'il blesse le Lion trop confiant dans les avan- tages que lui offre l'obscurité plus ou moins incomplète, le Lion, alors, désappointé, honteux et pe- naud, se relire sans plus rien oser tenter. En effet, la partie est perdue pour lui : les Bœufs, solide- ment fixés, sont tout debout, incapables d'obéir à la peur qui les presse de fuir et les livre aux Lions; les Chiens aboient, prêts à réclamer le voleur, et les hommes ne dorment plus. Que la lune se dé- masque un instant, ou seulement que quelques étoiles nous désignent d'un rayon le Lion, dont le plan d'attaque échoue, tirez-le hardiment : confus, il partira. Ainsi, encore une fois, ai-je fait à dix pas sur un Lion d'abord suivi peu après de sa femelle. A défaut de toute autre arme sous la main, mon fusil double chargé du n" 5 fit grogner et partir l'un et l'autre, sans qu'ils osassent témoigner autre- ment leur colère. « Dans les contrées où, faute d'un gibier suffisant et facile, le Lion est réduit à convoiter, le jour, les troupeaux des habitants et à tenter d'en saisir quelque individu la nuit, son habitude est de faire plus d'un repas de sa proie. Pour peu que l'on prenne ses précautions et que l'animal ait faim, il est assez aisé de l'avoir sous le coup du fusil; il suffit de se poster à proximité des débris et d'y attendre patiemment que le maître paraisse. C'est d'ordinaire entre dix et onze heures de la nuit que l'espérance du chasseur se réalise; le Lion arrive lentement par le dessous du vent, et toute chance favorise l'homme, si l'animal n'a point croisé la ligne de ses émanations; mais pas de bruit, pas un souffle inutile, que pas une feuille ne bouge; et, blessé sans aucun soupçon, l'animal partira s'il n'est étendu mort. « Si, au contraire, le Lion a deviné la présence du chasseur, qu'il l'ait entrevu, celui-ci court les plus grands risques. Cette fois le Lion se considère maître de ce qu'il a conquis, et d'ordinaire il ne souffre point de partage. Gare à l'homme! Que tout son sang-froid lui vienne en aide, qu'il n'ait pas la malheureuse idée de tergiverser, qu'il tienne bon, qu'il s'accroupisse. Cette mesure le sauvera peut-être de l'attaque, où le tir est si inexact el si difficile; et si l'animal, dans son hésitation, se présente bien à découvert, que le coup parte etl'élende roide sur place, sinon le Lion sera le maître, et bientôt la lune projettera sa pâle lumière sur un groupe effrayant que l'on se figurera. « Cependant, et c'est ici le lieu de faire cette remarque, il arrive quelquefois que, par un caprice inexplicable, généralement qualifié de générosité, le roi des animaux ne tue pas l'homme qu'il tient sous lui, bien qu'il en ait été blessé le premier. Quelquefois il se contente de divers coups de dents qui brisent et broient les membres, ou d'un seul qui laboure la poitrine de quatre sillons. Il borne là sa vengeance et s'en va. J'ai connu un intrépide chasseur qui deux fois en sept ans avait été tenu de la sorte par un Lion blessé; la première lui avait valu deux fractures aux membres, la seconde six, sans compter les profonds stigmates laissés par les griffes sur maintes parties de son corps. Un autre, du nom de Vermaes, non moins intrépide, tenu plus d'une minute par une fameuse Lionne, en fut quitte pour quatre traces profondes des canines, glorieuses cicatrices qu'il me découvrit avec 166 HISTOIRE NATURELLE. lin air de vive satisl'aclion. Et pourtant la vie de ces hommes avait été complétenieiil à la nieiei de ces terribles animaux. Mais prétendre assigner une cause à leur conduite étonnante me semble difli- cile, pour ne jias dire impossible. « Le Lion e.st donc plus pacifique et moins dangereux pour l'homme qu'on ne se l'imagine ordi- nairement. Il arrive tous les jours que les Cafres, qui n'ont pas d'armes à feu, traversent avec leur famille des espaces où circulent de ces animaux, et, pour ces boninies, la présence des Lions n'est point une cause d'effroi. Un ou plusieurs Lions bondissent :1 dix pas et se mainlicnneiit à trcnle; les Cafres passent comme sans y prendre garde, et jamais je n'ai uuï jiarler d'accidents dont les Lions eussent été les auteurs sans provocation. Ces mêmes Cafres chassent-ils devant eux des Bœufs ou des Vaches, la question peut changer; je ne réponds pas des bêles à cornes, non plus que des proprié- taires qui voudront les protéger. Mais ici l'on peut voir encore que le Lion ne s'adresse pas directe- ment à l'homme. (I Ainsi les peuples pasteurs sont les seuls dans ces contrées qui aient quelque chose à redouter du Lion. Ils sont les seuls qui voient avec plaisir la mort du Lion; et pourtant, si cet animal a expié de sa vie quelque rapine commise, j'oserais dire que c'est une dime assez justement prélevée. En effet, le Lion a véritablement dans ces parages son incontestable utilité, et voici comment je le prouve : que depuis Draakens-Berg ou des sources du Tonguela jusqu'au tropique du Capricorne pas un Lion n'existe, il est certain que les hordes de Gnous et de (^ouaggas, qui n'y sont déjà que trop nombreu- ses, vont se multiplier dans une effrayante proportion. Je ne demande pas dix ans, et les peuples pas- teurs n'y trouveront pas une pointe d'herbe pour leurs bestiaux. « 11 y avait beaucoup de Lions quand je traversai l'Elands-Rivier à VaaI-Rivier, puisque chaque jour nous en apercevions plusieurs, et que presque chaque nuit ils tentaient de saisir nos Bœufs; leur nombre était cependant insuffisant, puisque leur mission n'était pas remplie; et cela est d'autant plus vrai, qu'avant d'atteindre Vaal-Kivier je cheminai six journées sans que niesliœufs trouvassent à saisir le moindre gazon. C'était l'hiver, tout avait été tondu par les Gnous et les Couaggas, dont la bouche et les dents rasent littéralement la terre, et pas un pouce de terrain n'existait sans porter l'empreinte d'un pied. Or, dans des terres friables, ces empreintes équivalent à un labourage. i( Donc, s'il n'y avait pas de Lions qui diminuassent le nombre d'individus des espèces d'Herbi- vores sauvages, non-seulement les Cafres ne trouveraient pas de pâturages pour leurs bestiaux, mais les Gnous et les Couaggas eux-mêmes verraient leur masse entière y périr d'inanition si l'éniigraiion leur était interdite. Il est vrai que, quand l'homme civilisé ou simplement doté d'armes à feu s'établit quelque part, le Lion n'a plus de mission à remplir, puisque alors l'homme le remplace, et bientôt disparaissent les Herbivores et les Carnassiers. Mais, avant disparition complète, comme la proie de- vient de plus en plus difiicile à saisir, comme encore les animaux domestiques sont moins rapides à la course et de condition meilleure, le Lion se jette sur eux, et sous ce concours de circonstances il les préfère, lors même qu'abondent Gnous et Couaggas. C'est ce qui explique la molestation dont sont l'objet les voyageurs qui ne circulent qu'avec de longs attelages. « Les peuples qui, par suite de guerres désastreuses, vivent simplement des produits de la terre, ou ceux qui, comme les Boschjesmans, ne vivent que de chasse, sont loin de vouer leur haine au Lion. Pour eux, il n'est nullement nuisible, et dans mille circonstances il leur est utile. En effet, le mode de chasser de ces hommes n'offrant un rapport ni grand ni certain, ils sont fréquemment ré- duits à chercher fortune dans les bois. Le Lion leur laisse de grands débris, nullement à dédaigner, et chaque matin des vedettes recueillent les indications des Vautours, ([ui jamais ne les trompent. Le manteau de plus d'un Makaschia est l'ait de la peau de la proie du Lion, que la moelle des os de la victime a rendue souple, tandis que le même homme s'était repu de sa chair ; aussi ces peuples ne se souciaient-ils nullement de m'aidcr à les débarrasser de ces voisins dont ils prisent les services. « Il est très-naturel que les mœurs du Lion subissent des modilicalions suivant les climats et les lieux qu'il habite. Aussi la descrijition que j'en donne ne regarde que celui de l'Afrique australe. Peut-être diffère-t elle de celle que l'on ferait du Lion du Sahara; mais le fond, ce me semble, doit rester le même. Je pense avec quelque raison que les individus provenant de l'Afrique australe doivent être les plus grands et les plus forts de leur race. La peau plate et sécliée de l'un d'eux, qui était un mâle parfaitement adulte, mesurait du nez à l'extrémité de la (pieue ô'",50, la queue allant pour 1"',00. « Leur force trouve à s'y exercer plus qu'en aucun autre lieu de l'Afrique, les Buffles et les Rhino- CARNASSIERS. 167 (cros n'étant mille paît plus nombieux qu'au pays des Massilicatzi. où j'ai longtemps chassé, et d'or- dinaire, chez ces animaux nullement énervés, la force est en raison de leur taille. S'en faire une juste idée n'est guère possible; tout ce que je puis avancer et certifier pour l'avoir vu, c'est qu'un Buffle mâle vieux, que je tuai, portait, de l'épaule à la naissante de la queue, quatre sillons profonds de quatre centimètres, résultant d'un simple coup de patte. Maintes fois je trouvais des f'hinocerox s'itnns de la plus haute taille, que ni leur peau, ni leur poids, ni leur force, ni leur fureur, n'avaient pu préserver de la mort. La place du combat était visible; partout elle était foulée, et l'empreinie du Lion s'y lisait sur chaque point. « Le jeune Éléphant qui suit sa mère périt souvent victime du Lion, qui le guette au passage, l'abat, l'étrangle, et part sans le disputer, certain de le retrouver ensuite. Mais je ne sache pas que le Lion attaque l'Hippopotame, qui, de tous les animaux connus, porte la peau la plus épaisse; l'effet de ses mâchoires est sans doute trop redoutable, et le Lion y renonce, quoique sa chair lui convienne fort par sa similitude avec celle du Rhinocéros simtis. Et je dis ainsi, parce que le Lion venait sou- vent sur les débris de nos Hippopotames tués et gisants sur les bords du fleuve. 'I La force musculaire du Lion est encore attestée par l'étonnante largeur de ses bonds. Du point où reposait un mâle â celui où il retomba après un seul saut, je mesurai dix-huit de mes pas. (7 est en s'élançant ainsi inopinément sur sa proie qu'il l'atteint; car le Lion est mauvais coureur, et. s'il pro- cédait autrement, les Antilopes, trop lestes, lui échapperaient toujours. « Vers novembre, décembre et janvier, durant l'été de ces climats, quand les herbes sont longues. le Lion chasse seul ou suivi de sa femelle. Il peut alors espérer réussir pendant le jour, tant il excelle ù s'approcher en rampant; la longueur des herbes le couvre. L'animal herbivore qui paît porte bas la tête; il ne la relève qu'à intervalles à peu près égaux, si quelque bruit ne l'y engage. La distance mesurée par le Lion est parcourue; il jette un regard, s'assure de sa proximité, se ramasse et bondit : l'Antilope est à lui. Mais arrive-t-il que le Lion ait failli, il bondit encore ; sa proie lui échappe-t-elle de nouveau, il fait un bond de plus, qui est le dernier, et que le succès ne couronne presque jamais. Le Lion se ravise alors et fait route en sens opposé à la course de l'Antilope. « Pendant l'hiver, durant juin, juillet et août, quand les herbes sont ou foulées ou brûlées par le feu, pour un Lion seul, la chasse n'est possible que la nuit; encore, comme elle ne saurait être fort abondante en résultats, le jour voit fréquemment ces animaux, réunis en cordons, qui cernent et rabattent le gibier vers des gorges, des défilés et des passages boisés, enlacés et difficiles, ou sont postés quelques-uns de leurs acolytes. Ce sont des battues faites en règle, mais sans bruit, où les émanations des Lions qui rabattent du vent sous le vent suffisent pour contraindre au départ les Her- bivores qui les recueillent. <( Une fois, à deux reprises, en quelques minutes d'intervalle, nous tombâmes, mes chasseurs et moi, au centre d'une ligne de semblables traqueurs, vingt d'abord, trente ensuite, les courts buis- sons de Jong-ilora, jeunes Mimosas, nous en ayant primitivement intercepté la vue. Lu Rhinocéros sur lequel nous allions paraissait surtout être l'objet de leur convoitise. Malheureusement notre pré- sence les troubla dans leur plan d'attaque, et la leur nous ayant contraints ,i abandonner notre pre- mier but, le Rhinocéros dut sa vie aux idées simultanées de posse.ssion qu';ivaient eues ses deux plus redoutables ennemis. '( Toutefois, ce que j'eusse désire le plus ardemment, c'eût été de voir aux prises avec le Rhino- céros cette troupe de Lions si formidable. Souvent j'ai rencontré de grands débris résultant de ces combats, dans lesquels l'herbivore avait toujours fini par succomber; et jamais il ne m'a été donné d'être proche témoin de telles scènes, si palpitantes d'intérêt. « Cependant un homme a vu, a ouï tout cela : la nuit, .seul, .sans armes, sans feu, abandonné de ses Cafres, blotti dans un buisson de Jong-dora, dévoré par la soif, assailli de mille inquiétudes, et de plus flairé par des Rhinocéros, contre lesquels il ne trouvait pas un arbre qui lui servit d'asile; or, mon estimable ami de Wahlberg a été témoin à vingt pas d'une de ces luttes, et lui seul au monde, peut-être, saura nous dire la rudesse de l'attaque, le désespoir de la défense, comme aussi ses an- goisses d'alors. C'est à l'état de nature, au milieu des forêts sauvages, quand ils agissent en toute liberté et qu'ils ne soupçonnent pas l'œil de l'homme, que ces animaux doivent être surtout observés pour être bien connus. » Nous n'ajouterons plus rien sur les mœurs du I.ion : nous dirons .seulement que l'on sait com- 168 HISTOIRE NATURELLE. bien, surtout depuis que nous possédons lAlgérie, la chasse de cet animal a été faite souvent; mais nous ne décrirons pas ces chasses dans lesquollcs l'homme court souvent de graves dangers, (tar nos lecleiirs en ont tous lu les récils dans les journaux, et tons ont admiré le counige de notre in- trépide Gérard. Nous devons, pour terminer, nous occuper des traces que le Lion a laissées dans le sein de la terre. C'est seulement en Europe, d'abord dans les cavernes d'Allemagne, par Schmerling, et ensuite dans celles de Lnnel-Viel, par MM. Marcel de Serres, Dnbrcuil et .!ean-Je:in, que l'on a cru avoir trouvé un polit nombre d'ossements du Fclis Icn, tels que cinq incisives et une canine supérieure , une carnassière inférieure , un fiagment antérieur de mâchoire inférieure gauche, une mâchoire inférieure droite de jeune, un sacrum entier, une portion de cubitus et de fémur, un avant-bras complet, un bassin, quelques vertèbres, etc.; mais l'on n'est pas bien certain que ces os se rapportent réellement au Lion, car ils ne différent guère que par la taille, plus petite, d'une es- pèce fossile bien authentique, le Felis spclœa. 'f, &7/ :v>>^%; '^^^^jf^ i Fig. 87. — Miîtis de Lion el de Tigre. Kaup, dans la description des ossements fossiles du grand-duché de Darmstadt, et comme trouvées ilans les sables d'Eppelsheim, fait connaître deux espèces fossiles, les Felis aphanista et prisca, fondées sur quelques fragments de dents, et ces fossiles doivent se rapporter probablement, ainsi que le fait remarquer De Blainville, au Fclis ko. Une espèce fossile qui se rapproche du Lion, tout en présentant, en même temps, quelques parti- cularités du Tigre, est le Felis spclœa Goldfuss, ou Grand Chat des cavernes de G. Cuvicr. Esper, Sœmmeriiig, Leibnitz, considéraient b's ossements de cette espèce comme devant se rappiirtei- au Lion : c'est Goldfuss etG. Cuvierqui la distinguèrent définitivement. Les ossements attribués à cette espèce sont assez nombreux, beaucoup plus que poiu- toute autre, quoique partout ou les ait ren- contrés isolés et péle-méle avec des os d'Ours, d'Hyènes et d'autres animaux carnassiers ou non : on CARNASSIERS. IGfl PII a irouvé ju-esiiuf parlûul en Eiiiope, d'abord en Alleinai^ne, puis successivemcnl en Aiii^leterre, en Belgique, dans la France septentrionale et méridionale, presque toujours dans h- dihivinm d<'s raverncs. Nous ne décrirons pas les ossements du Fclis spclim, muis dirons seulement (|ue la télé, qui tient de celle du Tigre dans ses parties postérieures et dans la mâchoire inférieure, et même un peu de celle du Jaguar dans sa brièveté, est au contraire pins léonine dans la l'orme du nez et du mufle. 2. LI'S PUMAS. '2. CONGOlIAIl ou l'UMA. lEI.IS CONCOLOR Ijnné. C\RACTÈnES SPÉCIFIQUES. — Corps long et effilé; léte petite; jandies fortes, peu élevées: queue longue et traînante; côtés de la tète et occiput, dessus du cou, épaules, dos, lombes, croupe, queue, à l'ex- ception de son exlrémilé. côtés du corp.s et face externe des quatre jambes, d'une couleur fauve ])lus ou moins foncée et mêlée de quelques teintes noirâtres sur les parties supérieures, parce que l:i pointe des poils y est noire; face postérieure des cuisses ou fesses d'un fauve foncé; chanfrein, tour des yeux, front et dessus de la léte d'un fauve lerne et mêlé de i;ris el de noirâtre; A» gris Irés-appareul au-dessus et au-dessous des yeux; poils de l'iiilcricur de rorcillc bhiucs, légércnicnt teints de fainc; ceux de la face exlcrni- noiiâlrcs; partie de la lèvre .supérieuri' qui |iorie les moustaches noire; reste c» 22 17(1 IIISTOIIU'; NATL'RKLLi:. (le 1,1 lèvre suiiéiiciire, lè\re iiifei'iciii'e et i;iii'i;e d'iiii lieau blane: dessous du eim d'une eindeiir fauve pâle, mêlée de lilaïuhAtre; partie antérieure de la pi)itrine el face interne des bras d'un blan<' mêlé de eendté et de fauve; paitie postérieure de la ]K)itrine et ventre d'un fauve clair et mêlé de blane; faee interne des cuisses bianelie, avec quelques légères teintes de cendré et de roussûtrc; queue fauve, avec des |)oils noirs sur la faee su]ierieure. el le bout noirâtre; soies des mouslacbes lou|,'UPs de O^.OÎ) à 0"'.0('), en partie noirfitres it en partie blanches. I.oii,;;ueur du corps, di'puis li- bout du nni- seau jus([u','i rorii;ine de la (pieue, l"',08; celle-ci ayant fl"'.75 : mais miuvciiI de nidindre diuieu- sion. Les jeunes inilividus, d'après Tr. Cuvier, ont tout le corps, mais surtout les cuisses, couvert de taches rcjiules d'une teinte un peu plus foncée que celle du pelaL;e, el ipi'on n'a|icrçoit que tous certains aspects; ces taches s'effacent avec l'âge, et c'est sur les pattes de derrière (pi'elles se sont conser- vées le plus loni^temps. t]ette espèce est l'une de celles du yenre Clinl qui a reçu le plus ijrand nombre de noms; on l'a vulgairement indiquée sous les dénominations de Lion d'Aménquc. de L'um des l'truv'iciix, de T'Kjrc. roiujc ou 7'iiyrt' pallron, cl les voyai^curs l'ont désignée sous celles de C.uiKjonar , de Vuinn ou Poniiia, A' Yanouali, de Pita, (VYiH/oHa, de Cugucicuaraiin. de Cucjnacuaru, de Goiiaioara, etc.; c'est le Ft'lis (oncolor de I.iuné, le Fd'is puniii, Shaw; le Fclis fitlva et le roii^oHdr de liulfon. Cet animal est répandu dans presque toute 1 Amérique nu'ridionale, particulièrement dans la (luyaue, dans le lirésil et dans le l'araguay. On regarde en général comme n'en étant que des variétés, soit de coloration, soit de pays, les Waciila, Schreber, du Démérary; Soasoaramm. .Schrcber, des savanes de l'Orénoque; Coiujouar iioir, liuffon, ou Juçjuarélé, Pison (Fdïs discolor, Schreber; nigcr, Les- soii), qui ne diffère du Ivpe (pie par la teinte ])lus noirâtre de son ])elage; Coniionar de Pennsylvanie du même auteur, et Fel'is unieolor. Traillard. qui habile le Démérary. est plus petit que l'espèce ty- pique, et en entier d'un fauve brun-rouge sans tache, avec la queue longue, la tête pointue, les oreilles ne présentant pas de niiir. On assure que les petits du Fdh nnicolor ne porteraient pas, comme ceux du (^ouguar, une livrée : si cela était réellement exact, on devrait faire deux espèces particu lières de ces deux animaux. Iluffon en a donné la description suivante : « 1-e Cougouar a la taille aussi longue, mais moins étoffée que le .laguar; il est plus levrete, plus effilé et plus liant sur j:imbes; il a la tête petite, la queue liingue, le poil court et de couleur presque uniforme, d'un roux vif, mêle de quehpies teintes noiiâlres. surtout au-dessus du dos; il n'est maripiè ni de bandes longues comme le Tigre, ni de taches rondes et pleines, comme le Léopard, ni de taches en anneaux ou en roses, comme l'Once el la l'anthère. Il a le menton blanchâtre, ainsi que la gorge et toutes les parties inférieures du corps. Quoique plus faible que le .lagiiar, il paraît être encore plus acharné sur sa proie; il la dévore sans la depeci r. Dès ((u'il l'a saisie, il renlame, la suce, la mange de suite, et ne la quitte pas qu'il ne suit ])leineuient rassasié. i( Cet animal est assez commun à la Guyane; autrefois, on l'ii \u arriver à la nage et en nombre dans l'ile de Cayenne, pour attaquer et dévaster les troupeaux ; c'était dans les commencemeiils un Iléau pour la colonie, mais peu à ])eu on l'a cha.ssé, détruit, et relégué loin des habitations. l>n le trouve au Brésil, au Paraguay, au pays des Amazones, etc. (I Le Cougouar, par la légèreté de son corps et la plus grande buigueurde ses jambes, doit mieux courir que le Jaguar, et grimper aussi plus aisément sur les arbres; ils sont tous deux également ]iaresseux et poltrons dès qu'ils sont ras.sasiés; ils n'atta(|uent presque jamais les hommes, à moins qu'ils ne les trouvent endormis. Lorsqu'on veut passer la nuit ou s'arrêtei' dans les bois, il suflit (rallumer du (vu pour les empêcher (raiiprocher. Ils se plaisent à l'ombre dans les grandes forêts, ils se cachent dans un fort ou même sur un arbre touffu, d'où ils s'elancenl sur les animaux ([ui passent. Quoiqu'ils ne vivent que de jjroie, et qu'ils .s'abreuvent plus souvent de sang que d'eau, on prétend que leur chair est aussi bonne que celle du Veau; d'autres la comparent à celle du Mouton; j'ai bien de la peine ;'i croire que ce soit en clfcl une viande de bon goùl ; j'aime luieiix m'en rap- porter au témoignage de Desmarchais, (pii dit que ce qu'il y a de mieux dans ces animaux, c'est la peau, dont on fait des housses de cheval, et qu'on est peu friand de leur chair, qui d'ordinaire est maigre et d'un liiuict peu agréable. » CARNASSIERS. 171 D'api'c's l'r. Cuvier, la femelle met bas ileux ou trois petits, qui, ù dix-liuit mois, ont près Vwi inèire de longueur : elle ne ditïère pas du niàle, et qiiclquefiiis ils (-liassent ensemble. Ils aiment |)articulièrpment le sang, ce qui fait qu'ils tuent beaucoup jjIus d'animaux qu'ils n'en mangent. C'est une liabitude qu'ils partagent avec la plupart des petits Carnassiers, et l'un a envisagé ces animaux sous un point de vue très-faux lorsqu'on a pielendu établir sur ce fait qu'ils étaient plus feruces et plus cruels que les espèces qui ne tuent chaque jour qu'un animal : les uns et les autres ne clierclicnl également qu'à assouvir leur faim et à satisfaire leur appétit. Quand ils ne mangent pas toute la proie, ils en cachent les restes avec soin dans la taille ou sous quelque abri, et vont les retrouver lorsque la faim les presse de nouveau. Un Cougouar qu'cju avait châtré était devenu, au rapport de D'Azara, très-gi'as, et sa paresse était très-grande; mais il s'était très-apprivoisé : il n'était dangereux que pour la volaille, et il ne cher- chait pas ù s'échapper et à recouvrer la liberté; ses manières étaient entièrement celles du Chat domestique, soit qu'il guettât sa proie, soit qu'il mangeât, soit qu'il se mit en colère. La Ménagerie du Muséum a possédé plusieurs Cougouars, et toujours ils ont été très-doux pour leurs gardiens, et ont montré des mœurs analogues à celles de nos (ihats domestiques Le major Smith raconte un fait singulier d'un de ces animaux. On l'avait renfermé dans nue cage, et. comme on voulait s'en défaire, on lui tira un coup de fusil, dont la balle lui perça le cœur. L'animal était oceu|ié à manger lorsqu'il reçut le coup, et le seul signe de douleur qu'il donna fut (le redoubler subitement de voracité; il se jeta sur sa nourriture avec une nouvelle a>idilé, et la dé- vora eu buvant son propre sang, jusqu'au moment où il toir(ba mort. On rapporte à la même espèce les débris fossiles indiqués par M. Luud sous la dénomination de f-'cTis (ifl'nii.s comoluri, et qui proviennent du bassin du Rio das Velhas. au Brésil. Quant au Fclis l'urdiiinixis, découvert par MM. Croizet et Jobert dans les galets et lignites d'issoire, en Auver- gne, que Lesson en rapproche, on doit plutôt, avec De Blainville, le placer auprès de la l'anthère. ô. LES TICRKS. 5 TIGRE ROy.VL. H:i.lS riuniS. Uimù. Caractèiies spécifiques. — Corps très-allongé; jambes courtes; tête petite; queue trè.s-longue; pelage assez ras, à l'exception des côtés des jambes, qui sont garnis de grands poils; parties supé- rieures du corps d'un jaune fauve; bout du museau, joues, f;ice interne des oreilles, dessous du cou, gorge, poitrine et ventre, d'un beau blanc; des bandes noires Iransvcrsales, vari;ibles eu nombre de vingt à trente, assez étroites, partant de la ligne moyenne du dos, et s'étendant paralleienu'nt entre elles sur les flancs; queue marquée de quinze anneaux noirs, sur un fond blanc jaunâtre, et dont les premiers se partagent en plusieurs lignes: quelques bandes transversales et doubles sur la face ex- terne (les pieds de derrière; deux ou trois bandes (ibliqiu'S sur la face externe des pieds de devant, et deux ou trois autres sur la face interne; ((uelques mouchetures noires sur le fond et le dessous de l'œil; papilles rondes. La femelle ne diffère pas du mâle. Les individus de moyenne taille ont une longueur de l'",r)0 depuis le bout du museau jusqu'à la naissance de la queue, celle-ci ayant près de 1"', et leur hauteur moyenne est de 0'",70; m;iis ou en connaît des individus beaucoup plus grands. Les jeunes individus présentent la même distribution de couleurs que les adultes, m;iis en diffé- rent par les nuances; le blanc étant mêlé de gris, le noir de brun, et le jauiu' d'une teinte plus obscure. Ce Carnassier, qui depuis longtemps porte le nom de Tiçjrc ruijal. était le Tigili des Romains, qui, ainsi que nous l'avons dit, le virent pour la ]u-eniière fois dans le cirque, sous le règne d'Au- guste, et a été décrit par la plupart des naturalistes Aristotc en dit quelques mots, et Pline raconte 172 IIISTOIRK NATUni'LLi:. une liisloire l'abulcuse sur la manière dont on parvirnt ù s'emparer de ses petits. Dans les temps mo- dernes, lUiiïoii, De l,aeépède, l'r. Cuvier, etc., s'en sont occupés. Il ii.ibile le rieni;ale. le royaume de Siam. celui du Tonqiiin, la Chine. Sumatra, et, en ijénéval, toutes les eonti'ées de l'Asie inerididiiale situées au delà de l'Indus, et s'eteiidaul jusqu'au nord de la Chine. On a cherché à \ former jilusicurs espèces pariiculières, ou, tout au moins, des variétés distinctes qui ne diffèrent entre elles que par quelques particularités de la coloration de leur pelage ; cest ainsi que Lessou y distingue les Felis t'Kjris Moufiolica, jiropre à la Mon^nlie, à la Bnukarie, aux sle|)pes des Kirguis, etc.; iiKjia, de Sumatra, et alhu : la première presque noire, et la dernière Mandiàtre. Ce n'est qu'avec dciute que nous regarderons, avec Fr. Cuvier, comme simple variété de la même espèce son Ticr.E oîsdui.k {FcIïh nebulosus), dont les taches noires, au lieu de former des lignes transversales, se recourbent pour enceindre de grandes taches dune couleur plus claire : cet animal a vécu trois ans à I,ondres, oii il avait été amené de Canton; M. Doitard pense qu'il doit être ra|)porté au Fc/i.s tiutcioscrlis, Teinniinek. « La force prodigieuse et les goûts sanguinaires du Tigre, dit Fr. Cuvier, en ont fait la terreur des pays qu'il habite. Excepté l'Eléphant, aucun animal ne peut lui résister. Il emi)orte un Bœuf dans sa gueule presque en fuyant, et l'éventre d'un coup de griffe. Ou ne saurait peindre avec des couleurs trop fortes sa féroeiti'. les ra\a,L;('s (pi'il cause, l'effroi qu'il inspire; mais tout ce (pi'on a dit de son naturel intraitabh , de la fureur qui l'agiti' sans cesse, du besoin insatiable qu'il a de répandre le sang, de son insensibilité aux bons traitements, de son ingratitude envers ceux qui le soignent, n'est qu'un tissu d'exagérations ou d'erreurs. Sous tous ces rapports, le Tigre ressemble aux autres Chats. En général, on l'apprivoise aussi aisément que le Lion; il devient Irès-familiei' avec ceux qui le nour- rissent, et il les dislingue de toutes les autres ])ersonnes; lorsqu'il n'a aucun besoin, et qu'on ne l'ef- fraye point, il reste très-calme, et, dès qu'il est repu, il passe presque enlièreniinit son temps ù dormir; il aime à recevoir des caresses, et il y répond d'une manière très-douce et très-expressive : il ressemble beaucoup, dans ce cas, au Chat domestique; il voûte de niénu> son d(is, fait à ])eu près le même bruit, se frotte de la même manière; en un mot, a les niènies dispositions naturelles. Notre Ménagerie du Muséum en a possédé plusieurs, et tous se ressemblaient par les mœurs, comme par les proportions du corps, la grandeur et le pelage. On a vu ;i Londres un Tigre mâle et un Tigre femelle s'accoupler et produire. La portée fut de cent et quelques jours. Le Tigre qui vivait à Paris en 18Ô5 se promenait librement sur le ]ionl du vaisseau qui l'amenait en France, et les mousses du bâtiment dormaient entre ses jandjes, la tète ap)iuyée sur ses lianes, qui leur servaient, en quelque sorte, de traversin. On a vu à Francfort un Tigre d'une rare beauté que son maître avait habitue à faire divers exercices, et tout Paris sait que M. Martin entrait dans la cage d'un de ces animaux, qu'il a montré sur plusieurs théâtres, le caressait, le contrariait même, sans (|u'il en soit jamais ré- sulté le moindre accident. Chez les anciens, Iléliogabale même se lit voir dans le cirque, placé dans un char traini' par deux de ces Carnassiers. « Il serait naturel d'attribuer à la faiblesse du Chat domestique son caractère timide et caché, ses allures souples et rampantes; le Tigre, cependant, malgré sa force, lui ressemble aussi à cet égard. ^\illamson représente un Tigre qui s'approche d'un village ]ii]ur y ravir sa proie;' il est tapis contre terre, et s'avance à ])as lents, avec une inquiétude d'être découvert i\w tout en lui décèle. S A ces détails, ajoutons quelques-uns des inimitables ])assages de Buffon, tout en faisant remar- quer que notre illustre naturaliste a exagéré la férocité du Tigre, comme il a exalté les bonnes qua- lités du Lion. CARNASSIERS, I7r. Il Dans la classe des animaux carnassiers, le Lion est le premier, le Tigre le second; et comme le premier, même dans un mauvais genre, est toujours le plus grand et souvent le meilleur, le second est ordinairement le plus méchant de tous. A la fierté, au courage, à la force, le Lion joint la no- blesse, la clémence, la magnanimité; tandis que le Tigre est bassement féroce, cruel sans justice, (■'cst-à-dire sans nécessité. Il en est de même dans tout ordre de choses où les rangs sont donnés par la force; le premier, qui peut tout, est moins tyran que l'autre, qui, ne pouvant jouir de la puis- .■^ance plénière, s'en venge en abusant du pouvoir qu'il a pu s'arroger. Aussi le Tigre est-il plus à craindre que le Lion : celui-ci souvent oublie qu'il est roi, c'est-à-dire le plus fort de tous les ani- maux; marciiant d'un pas tranquille, il n'attaque jamais l'homme, à moins qu'il ne soit provoqué; il ne précipite pas ses pas, il ne court, il ne chasse que quand la faim le presse. Le Tigre, au contraire, quoique rassasié de chair, semble toujours être altéré de sang, sa fureur n'a d'autres intervalles que ceux du temps qu'il faut pour dresser des embûches; il saisit et déchire une nouvelle proie avec la même rage qu'il vient d'exercer, et non pas d'assouvir, en dévorant la première; il désole le pays (pi'il habile; il ne craint ni l'aspect ni les armes de l'homme; il égorge, il dévaste les troupeaux d'a- nimaux domestiques, met à mort toutes les bétes sauvages, attaque les petits Éléphants, les jeunes Rhinocéros, et quelquefois même ose braver le Lion. « La forme du corps est ordinairement d'accord avec le naturel. Le Lion a l'air noble; la hauteur de ses jambes est proportionnée à la longueur de son corps; l'épaisse et grande crinière qui couvre SCS épaules et ombrage sa face, son regaid assuré, sa démarche grave, tout semble annoncer sa lière et majestueuse intrépidité. Le Tigre, trop long de corps, trop bas sur ses jambes, la tête nue, les yeux hagards, la langue couleur de sang, toujours hors de la gueule, n'a que les caractères de la bas.se méchanceté et de l'insatiable cruauté; il n'a pour tout instinct qu'une rage constante, une fu- reur aveugle, qui ne connaît, qui ne distingue rien, et qui lui fait souvent dévorer ses propres en- fants et déchirer leur mère lorsqu'elle veut les défendre. Que ne l'eut-il à l'excès cette soif de son sang ! ne pùt-il l'éteindre qu'en détruisant, dés leur naissance, la race entière des monstres qu'il produit'. « Heureusement pour le reste de la nature, respècc n'en est pas nombreuse, et parait confinée aux climats les plus chauds de l'Inde orientale. Elle se trouve au Malabar, à Siam, au Dcngale, dans les mêmes contrées qu'habitent l'Éléphant et le Rhinocéros; on prétend même que souveiU. le Tigre accompagne ce dernier, et qu'il le suit pour manger sa iiente, qui lui sert de purgation ou de rafraî- chissement : il fréquente avec lui les bords des lleuves et des lacs; car, comme le .sang ne fait que l'al- térer, il a souvent besoin d'eau pour tempérer l'ardeur qui le consume; et, d'ailleurs, il attend prés des eaux les animaux qui y arrivent, et que la chaleur du climat contraint d'y venir plusieurs fois chaque jour : c'est là qu'il choisit sa proie, ou plutôt qu'il multiplie ses massacres; car .souvent il abandonne les animaux qu'il vient de mettre à mort pour en égorger d'autres; il semble qu'il cher- che à goûter de leur sang; il le savoure, il s'en enivre; et, lorsqu'il leur fend et dcc-hire le corps, c'est pour y (donger la tête et pour sucer à longs traits le sang dont il vient d'ouvrir la source, qui tarit presque toujours avant que sa soif ne s'éteigne. « Cependant, quand il a mis à mort quelques gros animaux, comme un Cheval, un Buffle, il ne les éventre pas sur place s'il craint d'y être rnqniété; pour les dépecer à son aise, il les emporte dans les bois, en les traînant avec tant de légèreté, que la vitesse de sa course parait à peine ralentie par la niasse énorme qu'il entraine (1)... (1) l.e pùru Tacliaril, cilû par liuriun, donne le récil sniv.iut ilu coniliat il'un Tif;rc (onlro des l-;iopliants : « On av.ii» ûlcvé nue lunule pnlissade de bambous d'environ cenl pas en carré. Au milieu de l'enccinle élalenl enlré.s Irois Klqilianls des- tinés pour coMilulIrj le Ti;.;rc Ils avaient une espèce de plastron, en forme de mascpic, qui leur couvrait la léle et une partie de la trompe, liés iiue nous lûmes arrivés sur le lieu, on fit sortir de la lo^e qui était dans un enfoncement un Ti^ri; d'une liiîure et tlune couleur qui parurent nouvelles aux Français qui assistaient à ce combat. On ne làc lia pas d'abord le Ti^rc qui devait conili.ittre, mais on le tint altaclié |iar deux cordes, de sorte que, n'ayant pas la liberté de s'élancer, l- premier Klépliant qui l'approcha lui donna deux ou trois coups de sa trompe sur le dos : ce choc lut si rude, que le Ti^re eu fut renversé et demeura quelque temps étendu sur la place sans mouvement, comme s'il eut été mort ; cependant, dés qu'on l'eut délié, quoique celte première attaque eût bien rabaitu de sa furie, il lit un cri horrible et voulut se jctei- sur la trompe de riâé(iliant qui s'avançait pour le lra|iper; mais celui-ci, la repliant adroitement, la mit à couvert par ses défen.-.es, qu'il présenta en même temps, et dont il .illeiguil le Tigre si à propos, qu'il lui lit faire un ^rand saut en l'air; cet animal en lui si étourdi, qu'il n'osa plu> approcher. 11 lit plusieurs tours le long de la palissade, s'élançant quelque- I7i IIISTOIRK NATURELll:;. « Le Tijçre rugit à la vue de tout être vivant; chaque objet lui parait une nouvelle proie, (|iril dé- vore d'avance de ses rej;ards avides, qu'il menace par des frémissenicnls alïrenx mêles d'un i;riMce- ment de dents, et vers lequel il s'élance souvent nialgié les chaînes et les yrilles, qui brisent sa fureur sans pouvoir la vaincre. Son rugissement est différent et plus rauque que celui du Lion. « L'espèce du Tigre a toujours été plus rare et beaucoup moins répandue que celle du Lion ; ce- pendant, la Tigresse produit, comme la Lionne, quatre ou cinq petits; elle est furieuse en tout temps, mais sa rage devient extrême lorsqu'on les lui ravit; elle brave tous les périls, elle suit les ravis- seurs, qui, se trouvant pressés, sont obligés de lui relâcher un de ses petits; elle s'arrête, le saisil, l'emporte pour le mettre ;i l'abri, revient (pielqnes instants après et les poursuit jusqu'aux portes des villes ou jusqu'il leurs vaisseaux, et. lorsqu'elle ;i perdu tout es]Kjir de recouvrer sa perte, des cris forcenés et lugubres, des hurlements affreux, expriment sa douleur cruille et font encore frémir ceux qui les entendent de loin... ([ La peau de ces animaux est assez estimée, surtout ;'i la Chine; les mandarins militaires en cou- vrent leurs chaises dans les marches publiques; ils en font aussi des couvertures de coussins pour l'hiver; En Europe, ces peaux, quoique rares, ne sont pas d'un grand prix. On f;iit beaucoup plus de cas de celles du Léopard de Guinée et du Sénégal, que nos fourreurs appellent Tigre. Au reste, c'est la seule petite utilité qu'on puisse tirer de cet animal très-nuisible, dont on a prétendu que la sueur était un venin et le poil de la moustache un poison sûr pour les hommes et pour les animaux; mais c'est assez du mal réel qu'il fait de son vivant sans chercher encore des qualités imaginaires et des poisons dans sa dépouille, d'autant que les indiens mangent de sa chair, et ne la trouvent ni mal- saine ni mauvaise, et que, si le poil de la moustache, pris en pilule, tue, c'est que, étant dur et roide, une telle pilule fait dans l'estomac le même effet qu'un paquet de petites aiguilles. » Il semble que des ossements de Tigre ont été trouvés dans les cavernes d'Allemagne; mais ce fait n'est pas positivement démontré. De lilainville rapporte également à la même espèce le cr;'ine pres- que entier trouvé dans une roi he fort dure tertiaire des monts Sivaliens, et dont MM. Falconer et Cautley ont fait leur Felis ci-istata. 4. LES TARDES. •4. l'ASTlIKRK. FELIS PÀians. Linné. Temminck. C\r,.\cTÈr,ES srÉciFiQDES. — Pelage bien fourni, de médiocre longueur; la couleur du fond d'un jaune d'ocre clair, et tout le dessous du corps et de la queue, ainsi que les côtés du ventre, d'un blanc pur; toutes les taches bien prononcées, trés-rapprochées les unes des autres, quoique séparées : les taches en rose qui couvrent les flancs, une partie de l'omoplate et la croupe, cimiposées de trois ou quatre taches noires, formant un cercle imparfait qui ceint une tache jaune d'ocre, absolument de la même teinte que le fond du pelage; le haut du dos. la tête, le cou, les quatre extrémités, la queue et les parties inférieures du corps, couverts de grandes et de petites taches pleines d'un noir pro- fond et de forme ronde ou ovale; les taches pleines du corps n'étant jamais en bandes, et les taches en rose des flancs n'ayant jamais un plus grand diamètre que de 0"'.'27 ;i(l,'i2 au plus; quelques ban- des noires transversales sur la face interne des jambes et ;i la partie inférieure, et, vers le bout de la queue, plusieurs grandes taches noires divisées par des cercles blancs très-étroits; oreilles aussi grandes que celles du Léopard, rondes, noires à leur base, et d'un cendre blanchâtre au bout; ran- gées des moustaches blanches, et prenant leur origine sur des lignes noires disposées transversale- lois vers les personnes qni paraiss.iient ver.s les sa'fii^s ; on poussa ensuite les trois Eléplianls contre lui, et ils lui ilou- nèrcnl tour à lour de si rentes coups, qu'il lit rncore une lois le mort et ne pensa plis qu'à cviUr leur rencontre; ils l'eussent lue sans doute, si l'on n'cill fait linir le comljat. > CArtNASSlI'IlS. 175 ment sur les lèvres. Longueur totale «les adultes, I^.G?, sur laquelle la queue porte (l°'.70; liauteiir d'environ O'^.TjO. A cette description, que nous avons pres((uc textuellement copiée de la monographie de M. Tem- niinrk, ajoutons avec le naturaliste néerlandais que la taille des Panthères adultes est moindre que celle du Léopard, que la queue est aussi longue que le corps et la tête, avec son extrémité pouvant aboutir à la pointe du museau; que le crâne est en totalité plus long et plus comprimé dans la Pan- thère que dans le Léopard; la ligne de la face est la même, mais celle du crâne diffère; les arcades zygomatiqucs sont beaucoup plus écartées dans le premier que dans le second, et la face est plus obtuse dans le Léopard que dans la Panthère; enlin, le frontal est plus large el plus rectangulaire dans ce dernier, mais ses apophyses postorbitaircs sont moins fortes. D'après M. Temminck, et contrairement à l'opinion de (1. Cuvier, la Panthère ne se trouve pas en Afrique, mais seulement dans l'Inde; elle est partiiulièrement commune au Bengale, dans les îles do la Sonde, probablement à Java, à Sumatra, etc. Elle a été souvent confondue avec le Léopard; et très-fréquemment, surtout en France, on a indiqué ces deux animaux indistinctement sous l'un de ces noms ou bien sous l'autre ; quoi qu'il en soit, il parait assez certain que ce n'est pas à la Panthère, mais au Léopard, qu'on doit appliquer le nom du Panlalis d'yElien et des anciens auteurs. Le Fc/i.ç cliahjhcnia d'Ilerniann doit être rapporté au Fclis pnrdiis. comme n'en étant qu'une simple variété. La Panthère n'habite que les forêts; elle monte sur les arbres avec une extrême agilité, ce que ne font ni le Lion ni probablement le Tigre, et elle peut ainsi poursuivre les Singes et les autres animaux grimpeurs dont elle se nourrit. Ses yeux sont vifs, continuellement en mouvement; son re- gard est cruel, effrayant, et ses mœurs sont, assure-t on, d'une atroce férocité. Elle n'attaque pas Phomme lorsqu'il ne vient pas lui-même l'attaquer; mais, à la moindre provocation, elle entre en fu- reur, se précipite sur lui avec une grande rapidité, el le déchire avant qu'il ail eu le temps de pen- .ser à la possibilité d'une lutte. La nuit, la Panthère vient rôder autour des habitations isolées pour sur- prendre les animaux domestiques, les Chiens principalement; et, faute de proie vivante, elle se nourrit de matière animale plus ou moins putréfiée, et même de cadavres qu'elle déterre. D'après ce que nous venons de dire, on voit que ses mœurs ne diffèrent pas d'une manière bien nonihle de celles des autres espèces du même genre. 5 LÉOPARD. I-i:ilS t.F.OPMWlJS. I.inné. C.MiACTiciiEs spÉciFKjui^.s. — Pclagc bien fourni, de médiocre longueur, d'un jaunâtre clair .sur dos, plus pâle sur les flancs, el blanc au ventre el à la partie inférieure de la queue; toutes les la (lies Irès-prononcèes, jamais contiguës, et exactement séparées des taches voisines par le fond jaun clair du pelage; taches en rose qui couvrent les flancs, une partie de l'omoplate, la croupe et une portion de la queue, composées de trois ou quatre taches noires, forni:iut un cercle inipailaii qui ceint une tache jaune, toujours plus foncve que le fond du pelage; haut du dos, tête, cou, les ipiatrc extrémités cl parties inférieures du corps, couverts de grandes et de petites taches pleines, d'un noir profond, et de forme ronde ou ovale; taches pleines du corps n'étant jamais en bandes, et taches en rose des flancs n'ayant jamais un jjIus grand diamètre que 0"'.7,1 à 0'",-4:2 au plus; quelques bandes noires transversales sur la face interne du haut des jambes, et près le bout de la (lueiu' deux ou trois cercles imparfaits, divisés par des cercles blancs bien plus droits; oreilles rondes, noires a la base et jaunâtres au bout; rangées des moustaches blanches, prenant leur origine sur des lignes noires, disposées transversalement sur les lèvres. Longueur totale des individus adultes, environ 2", sur les- quels la queue occupe plus de 0'",80; hauteur, environ Û"',GtJ. e M. Temminck ajoute à la description ((ue nous venons de donner que la taille des Léopards adultes est moindre ((ne celle de la Lionne, que la queue est seulement de la longueur du corps, avec l'ex- trémité n'aboutissant qu'aux épaules ; la couleur du pehige claiil d'un fauve jaunâtre clair, celle de la partie inférieure des taches eu rose plus fou<é on d'un jaunâtre jdi.s vif cjuc le fond du pelage el 170 IIISOTIRL NATURELLK. les iiomluTUscs taches assez distantes; eiiilii, la queue n'ayant i|ui' vinul-deux vertèbres, tandis (|u'ii y en aurait vini^t-liuit dans la l'anthère. Les jeunes individus de cette espèce ont souvent été |iris pour des espèces distinctes ; leur four- rure est toujours plus longue, d'une nature plus cotonneuse, même un peu eré])ue; les taches pleines plus ou moins eonlii,'ués, et les taches en rose nmins rlistini'tenient marquées, souvent même effacées ou plus claires qu'à l'ordinaire; le tout suivant la longueur des poils, constamment en rapport avec rSge des individus. Toutes les taches de la robe des jeunes sont plus claires, et le fond du pelage un peu plus terne que dans les adultes; et il résulte de cette disposition des taches et de la nature du poil que ces jeunes animaux sont difficiles à rapporter à leur type; toutefois, le jeune Léopard est aisé à reconnaître de la jeune Panthère ; la longueur de la queue, en proportion de celle du corps, doit surtout servir à lever tous les doutes à ce sujet. l'ig. 89 — I/opard. Les couleurs du pelage du Léopard varient (puhpu'fois beaucoup plus, car il semble aujourd'hui démontré que la Pamhêre noihe [Felis melax, Peron et Lesueur), propre à .lava et à Sumatra, n'en est ([u'une variété accidentelle, qui send)le d'un imir uniforme, mais sur le pelage de laquelle, lorsqu'on la regarde à un certain jour, on peut a[(ercevoir des taches plus noires que le fonue. ainsi (pie sur le sommet de la tète cl aux oreilles. Les lâches distribuées sur cette l'ijurrure smii d'un marron noirâtre aux parties inférieures et sur les quatre extrémités, et d'un noir |irofond sur le des- sus du corps; les taches en rose, et celles dites pleines, sont formées et distribuées de la même ma- nière que sur les ])eaux ordinaires du Léopard. Les taches du dos et de la queue sont |ieii dislincles; elles paraissent cependant, et sont bien mar(piées lorsque les rayons du s(ileil éclairent celle robe. La Ménagerie du Muséum en a possède deux individus ; l'un qui lui avait ele rap])orté par l'eron et Lesueur, et l'autre, qui vit actuellement, et qui provient de Java, d'où elle a ete rapportée en 1841, par M. le capitaine Geolïroi. M. Boiiard, (pii, à l'exemple de certains naturalisles, pense que cette variété est bien une espèce (listiiieic\ dit (pi'elle porte, ;i Java, le nom (l'Aiiiiitiuii, ei il dunne ;i son sujet les dclails de mœurs suivants. « L'Arimaou est un animal farouche, indomptable, qui n'habite que les forêts sauvages. Au moyen de ses ongles puissants et crochus, il grimpe avec agilité sur les arbres, poursuivant de liranche en branche, jusqu'à leur sommet, les Wouwous et autres Singes dont il se nourrit. Ses yeux sont vifs, iiiipiiels, dans un mouvement conlinucl; son regard est cruel, effravant, et ses mœurs sont CARNASSIERS. 177 (Vunc atroce férocité. Cependant il n'attaque pas riiomnie s'il n'en est lui-mènie attaqué; mais, à la moindre provocation, il entre en fureur, se précipite sur lui avec la rapidité de la fondre, et le dé- chire avant qu'il ait eu le temps de penser à la possibilité d'une fuite. Pendant le jour, il reste et dort dans ses halliers; mais, la nuit, il devient un sujet d'effroi pour tous les êtres vivants. Il rôde silen- cieusement autour des habitations isolées poiu' surprendre les animaux domestiques, les Chiens sur- tout, pour lesquels il a un goût de préférence. » La synonymie de cette espèce est excessivement embrouillée, ainsi que nous l'avons dit eu nous occupant de la Panthère. Suivant M. Temminck, ce serait à elle qu'il faudrait réellement appliquer la dénomination de l'ardalis d'/Elien; et G. Cuvier l'aurait confondue avec la véritable Paullicre, et l'aurait in(li(iuée sous les noms de Fdh pardits et teopnrdus; enlin, Schrcber en aurait fait sou Fcli.i varia, et nous ajouterons que Fr. Cuvier l'aurait dési,nnée quelquefois sous la dénomination de Fcim palcaria, et M. llamilton Smith sous celui de Fclis antiquoritm. Du reste, on est loin d'être d'accord pour savoir à laquelle des deux espèce.s on doit plus parliculièrement laisser le nom de Panthère, et à laquelle on doit pliil&t appliquer celui ile Léopard; le n'est même qu'avec doute que nous avons cru devoir adopter l'opinion de M. Temminck à ce sujet. Mais cette inversion de nom n'a au- cune importance scientifique tant qu'on ne saura pas positivement quels sont les animaux que les anciens nommaient Léopards et Panthères, ce qui parait extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible à établir. Les pays habités par cette espèce sont le nord et le midi de l'Afrique, et probablement toute l'é- tendue de cette vaste partie du monde; on la rencontre en Algérie, mais elle est beaucoup plus rare que le Lion. En outre, elle a aussi pour patrie l'Inde et les îles de la Sonde, Java et Sumatra. D'après Fischer, on la trouve également en Perse, dans la Souagarie et la Mongolie, jusqu'aux monts Altaï. Il est célèbre par sa férocité; comme la Panthère, dont il a les mœurs, il grimpe sur les arbres avec une grande agilité. Les nègres le craignent beaucoup, et cependant ils lui font une chasse active pour s'emparer de sa fourrure, qui est très-belle. Les négresses du Congo recherchent beaucoup ses dents pour s'en faire des colliers. On sait que la robe de ces animaux est très-recherchée par les marchands de fourrures ci (|iic c'est une branche importante de commerce. (i. ONCK. liuffon. Fi:US U.\riA. Gmelin Caractères spécifiques. — Plus petit que le Léopard, car il n'a pas beaucoup plus de 1"',25 de longueur totale, non compris la ([ueue, qui est aussi longue que le corps moins la lètc; pelage plus long, d'un gris blanchâtre sur le dos et sur les côtés du corps, et d'un gris encore plus blanc sous le ventre, et étant, comme celui du Léopard, moucheté de taches en rose, à peu prés de la mcmc grandeur et de la même forme, mais ]ilns irrégulière. La plupart des naturalistes ont cru (pie FOnce de Buffon devait être le même animal que le .laguar ou Fclis onça Linné, et il est résulté de cette opinion (pie ce Carnassier a été rayé des catalogues mammalogiqucs comme faisant double emploi. Cependant 0. Cuvier. dans une addiliiui (pi'il plaça à la fin du tome IV de l'édition in-4" de ses Recherches sur les ossemeuls fossiles, publia une note par suite de laquelle l'existence de cette espèce, dont on avait douté, sembla démontrée. « L'Once de Buffon, dit-il, qui n'avait pas été vue depuis ce grand naturaliste, parait s'être retrouvée. M. le major Charles llamilton Smilh, l'un des naturalistes qui connaissent le mieux les Quadru|U''des, m'a fait voir le dessin d'un animal que le roi de Perse avait envoyé au roi d'Angleterre, et qu'on nourrissait à la Tour dcLondres. Il venait des hautes montagnes du nord de la Perse, et il offre tou.s les caractères qu'on observe dans la description de Buffon, etc. » Il est probable que cet animal, qui parait destiné à vivre dans des pays assez froids, est celui qui se trouve au midi de la Sibérie et dans le nord delà Chine, etc. Le même animal est le Felis panihcra d'Erxleben. et le Fclis îrhis. Millier, et a élé admis assez récemment comme es|ièce disliiicle, par Lcsson, ainsi que par M. lldilard, dans son article C.hnt du l)iclio)nHiirc iitiircrsel d'Histnirc luiturcllc. ,. 23 178 HISTOIRE NATllRELLi:. Un le Iroiivc m Perse, dans la Sibérie oiiciilale, cl iiis(|iie sur les bords du lac liaikal. Quant à ses mœurs, BulTou, qui seul en a parlé, a tellement ennl'ondu son hisluire avec celle d'autres grands Chats, qu'il est à peu près impossible d'en rien démêler de certain. Néanmoins, il est excessivement probable (pie ses liabiliides dirréreiil peu de celles de la Panthère et du [.éopard. \ ce grouiie de Clials, nous devons ajouter l'esiièce fossile, nommée par fi. Cuvier Fcli.i auh(fua, et à laquelle De lilainville joint, jusqu'à contradiction bien établie, les fV/w li'optmlit.s, An'rriien- sis, Pardinensis cl ogijijca, et qui toutes ne diffèrent probablement pas du Léopard actuellement existant. Le Felh aiiliqiia semble spécifiquement caractérisé par la proportion des dents et par sa taille uu peu plus considérable que celle do la Panthère; on en a découvert un grand nombre de fragments; tels que : \" des dents trouvées à Gaylenreutli et à Nice; 2" une tête provenant du val dWrno; .7' des os divers indiqués comme d'Auvergne par MM. Croizet et Jobi rt; 4" quelqin sdenis des cavernes des environs de Liège. Le Fclis kujmrdus a été signalé comme fossile pour la première fois, eu 1839, par MM. Marcel De Serres, Dubreuil et Jean-Jean, dans leurs Ikclicrches sur les ossements fossiles de la caverne de Luncl-Viel, d'après un certain nombre d'ossements et de dents trouvés dans cette caverne, et, de])uis, M. Owen a indiqué une molaire d'en bas découverte dans le cray de Siiffolk, à New-Bourne, par M. Lyell, et trouvée avec des dents de Squales, dont elle a ras|)ect uni et poli. Du reste, cette espèce ne semble réellement pas différer du Felis Icupardus vivant actuellement, ou, au moins, du Felis an- liqua fossile. Le Felis Arverncnsis a été formé, par .M.M. Croizet et Jobert, d'après quelques fragments d'os et de dents trouvés avec (xux du Felis aniiqua dans le diliiviuni sablonneux volcanique si abondant en certaines parties de l'Auvergne. Les caractères différentiels attribués à ce Clial fossile sont d'être plus petit que le Felis spclwa, dont la taille était supérieure à celle du Lion, et d'avoir la totalité de la ligue dentaire beaucoup moindre que dans le Felis antif/im, c'est-à-dire de 0'",058 seulement, tandis qu'elle est de (r,080 dans celui-ci. Le Felis Pardinensis esl établi, par MM. Croizet et Jobert, sur quelques fragments d'os |)eu carac- téristiques, découverts en Auvergne, aux environs de Pardines, d'où a été tirée la dénomination spé- ( ifupie; il ne peut réellement pas constituer une espèce distincte, et se rapproche assez do Léopard. Le Felis oyijfica repose sur deux fragments fossiles ; l'un en une extrémité antérieure d'une man- dibule droite portant en place une canine et les deux premières molaires, et l'autre en un second os du métacarpe ayant 0"',0tJ5 di; longueur, trouvés tous deux dans les cavernes de Uarmstadt, et dé- crits par M. Kaup. Selon ce naturaliste, cette espèce se rapprocherait assez des Felis pahnideus, de Sansans, et Issiudoiensi.i, d'Auvergne; et. selon De Blainville, devrait probablement être réunie au lùTis (inliqua. D'après ce que nous venons de dire, on voit que ces prétendues espèces sont très-imparfaitement connues, qu'elles ne sont peut-être pas disiiiicles les unes des autres, et qu'elles se rapportent pro- bablement toutes au Felis anliqua. qui lui-même ne doit probablement pas être distingué du Léopard actuellcmeiil vivant 5. LKS JAGUARS. 7. .I.4GUAR. FEUS OAT.l. Linné. « C\RvcTi^;REs spKciFiQiir.s. — Proportions épaisses et lourdes; poils courts, fermés et très-serrés les uns contre les autres, tous soyeux, et un peu plus longs aux parties inférieures qu'aux supérieures; fond du pelage jaunâtre, couvert de taches ou entièrement noires ou lauves, bordées de noir, celles de l;i première sorte cxislant si-ulemeut sur la tcle. sur les membres, sur la qui-ue et sur toutes les CAKNÂSSIEUS. ' 179 |i;iiiii's inteiifures du corps; celles de h seconde sorte se trouvaiil priiicipalenient sur le dos ei le cou, ainsi que sur les côtés, étant grandes et peu nombreuses, avec une forme plus ou moins arron- die, et quelques-unes ayant un ou deux points noirs dans le milieu, et l'on n'en compte au plus que cinq ou six de chaque côté du corps, en suivant la li-ne la plus droite du dos au ventre; quelques taches bordées sur le cou et sur les épaules; celles de la ligne moyenne du dos étroites, loni;ues et pleines; celles de la tète et des pattes plus petites que celles du ventre; cette dernière partie, ainsi que la poitrine, le cou, la gora^e, la mâchoire inférieure, la partie antérieure de la lèvre supérieure, le bord antérieur des cuisses, la face interne des jambes et le dedans de la conque de l'oreille, blancs: derrière de l'oreille noir, avec une tache blanclie; commissure des lèvres noire, ainsi que le boni de la queue et les trois anneaux qui se voient près de son extrémité, quatre mamelles seulement d'après Fr. Cuvier. C'est la plus grande espèce connue de Chat, après le Lion et le Tigrc; D'Azara en a me- suré un qui avait une longueur de l'",94., non compris la queue, qui était longue de 0'".59. Cette espèce est la Grande Panthèp.e de Dul'fon. et a souvent porté le nnni de 'rii;RK u'AvÉnincr (Thiris Americana, Bolivar) : c'est le Yagouarêté de D'Azara, le Tlatlanqtii-Ocolotl dllcrnandès, l'Onça de Marcgrave, et le Jaguar d'Ét. Geoffroy Saint-Hilaire. Ou y distingue plusieurs variétés : la plus connue est le Jaguar mu: ou Jufiuaiclé de Mai(i;ra\c, qui a été à tort distingué spéciliquement par Erxieben, sous la lienominalion de f'c/i.v niqia: elle est toute noire, avec des taches en raies encore plus noires que le fond du pelage; sa lèvie supé- rieure est blanche, et les parties inférieures du corps sont cendrées, elle est rare et habite le Brésil. Une variété tout à fait albine a été signalée par D'Azara. Enfin les chasseurs du Paraguay assurent qu'il existe dans ce pays deux autres variétés du ,laguar; l'une plus grande et à jambes plus fortes et plus robustes, qu'ils nomment Jafiuairlc-jwpé, et que J'. llaniillon Smilli a scienlifi(pu'ment indi- quée sous la dénomination de Fclh oiiça mnjor, et l'autre ])liis petite, qu'ils appellent Oiizn : c'esi le Felisonça ntinor, llaniilton Smith. Le Jaguar habite une grande partie de l'Anu'rique méridionale; il est répandu depuis le Mexique exclusivement jusque dans le sud des pampas de Buénos-Ayres, et nulle part il n'est plus commun cl |)lus dangereux que dans ce dernier pays, ainsi que le fait observer M. Dnitard : « Malgré le clinial presque tempéré et la nourriture abondante que lui fournit la grande quantité de bétail qui pait en liberté dans les plaines, rapporte l'auteur que nous venons de citer, il y attaque très-souvent l'Iiomme. tandis que ceux du Brésil, de la Guyane et des parties plus chaudes de l'Amérique fuient devant lui. à moins qu'ils n'en aient été attaqués. Les bois marécageux du Parana, du Paraguay et des pays voi- sins, sont peut-être les endroits où ils sont le plus fréquents; ils étaient encore si nombreux au Paraguay, après l'expulsion des jésuites, qu'on y en tuait deux mille par an, selon D'Azara. Aujour- d'hui le nombre en est considérablement diminué. Cependant, au Brésil et dans la Guyane, presque régulièrement au lever et au couchei' du soleil, on entend leur cri retentira une trè.s-grande distance: il consiste en un son tlùlé, avec une très-forte aspiration pi'ctorale, ou bien, quand l'animal est irrité, en un ràicment profond qui se termine par un éclat de voix terrible. Le Jaguar se phiii parti- culièrement dans les grandes forêts traversées par des fleuves, dont il ne s'éloigne pas (dus ipic le Tigre, parce qu'il s'y occupe sans cesse à la chasse des Loutres et des Pacas. Il nage avec beaucoup de facilité, et va dormir, pendant le jour, sur les ilols, au milieu des touffes de joiu's et de roseaux. Il pèche, dit-on, le Poisson, qu'il enlève très-adroitement avec sa patte. 11 ne quitte sa retraite que la nuit, s'embusque dans les buissons, attend sa proie, se lance sur son dos en poussant un grand cri, lui pose une patte sur la tète, de l'autre lui relève le menton, et lui brise ainsi le crâne sans avoir besoin d'y mettre la dent. Il est d'une force si extraordinaire, qu'il traîne ai.sément dans un bois un Cheval ou un Bœuf qu'il vient d'immoler. H attaque les plus grands Caimans; et, s'il est saisi par eux, il a l'intelligence de leur crever les yeux pour leur faire lâcher prise, lui plaine, le Jaguai' fuit presque toujours devant l'homme, et ne fait volte-face que lorsqu'il rencontre un buisson ou des hautes herbes, dans lesquelles il puisse se cacher. On prétend qu'il vit en société avec sa femelle, ce qui ferait exception parmi les :inimaux de son genre. ()uoi(|ue grand, il k''""!"' ^'H' '•''* «"'hrcs avec autant d'agilité que le Chat sauvage, et fait aux Singes une guerre cruelle. La nuil, rien n'égale sou ;iudace, et, sur six hommes dévorés par les Jaguars, à la connaissance de D'Azara, deux lurent enlevés devant un iriand feu de bivac. d l^^O IIISTOIIil': iNATL'llELLE. 0(1 t-iit une chasse active au Jai;uar, paire qui- sa fourrure est Irès-reclierchée el est une branche importante de commerce entre i'Am(^rique et l'Europe. '-"'MPi. ri". 90. — Jaguar Icinellc. G. Cuvier avait indiqué cet animal comme se trouvant à l'état fossile en Europe; mais, comme il !'a fait observer plus tard, ce fait est loin d'être démontré. M. Lund en a lij;tiré quelques os coiiime trouvés dans les cavernes du lirésil. Enfin, on en rapproche le Fvlis pivtopuiilltcr, du même auteur, et qui a été découvert dans la même localité. 0. LES P.IMAOUS. 8. CHAT A I.ONGIT. OLKt F, FFilS MACROSCELIS. Ilor.sneM. Caractères spécifiques. — Pelage d'un gris jaunâtre, avec des taches noires, transversales et très- grandes sur les épaules, obliques et plus étroites sur les flancs, où elles sont séparées par des taches anguleuses, rarement ocellées; pieds forts, munis de doigts robustes; queue grosse, laineuse. Lon- gueur du corps, non compris la queue, 0"',97 : de celle-ci, 0"',86. Ce Carnassier porte vulgairement les noms de Rimaou-D.mia.n, ou Chat i.oagibande. C'est le Tii;re A Qur.iK DE Hf..\ai;d d'IIorstield, le Ticr.E ondulé de Fr. Cuvier, Félix ncbuhsa, H. Smith, Er. Cuvier; Fclis DianH,(\. Cuvier, et le FeUx iiuicroscelis, liorslield, Temniinck. Cliien cnibier. Dholc CI 22 CARNASSIERS. 181 Il se trouve à Bornéo et à Sumatra : mais il paraîtrait, selon sir T. -S. Rallies, qu'il est rare daiis et dernier pays, quoiqu'on l'y rencontre à peu près partout. C'est dans l'intéiieur de Bencooleu ([u'il parait y en avoir le plus, il habite de préférence à proximité des habitations, pour s'en approcher la nuit et saisir quand il le peut les petits animaux domestiques et même la volaille; mais les habitants ne le redoutent que pour cela, car il n'attaque jamais l'homme. Il se nourrit, à défaut de volaille, d'Oiseaux qu'il va saisir sur les arbres, de petits Mammifères, et quelquefois déjeunes Faons. Presque toujours on le rencontre sur les arbres, où il passe, dit-on, une partie de sa vie; il y dort dans l'en- fourchure des branches, et c'est en raison de cette habitude que les gens du pays l'ont nomme Dahan, qui, dans leur langage, veut dire etifourcliure. En captivité, il est très-doux, très-gai, et recherche beaucoup les caresses de son maître, qu'il reçoit en se couchant sur le dos et remuant la queue à la manière des Chiens. Il s'attache même aux animaux domestiques, et sir Raflles dit en avoir vu deux qui ne pouvaient plus se passer de la société d'un jeune Chien qu'ils avaient l'habitude de voir passer devant leur cage. Une espèce voisine du Felis macroscelis, et que nous ne ferons que citer, parce qu'elle n'est pas encore connue d'une manière complète, est le Felis marmorala, décrit en 1836 par M. Martin, ei qui habite Java et Sumatra. 7. LES OCI'LOTS. 9. OCELOT. FEUS l'ÀltDALIS. Liiind CAiiACTÊriES SPÉCIFIQUES. — Dans le mâle, le museau est plus long et plus gros que celui du Chai; pelage ras, dont le fond est gris fauve en dessus et blanc en dessous; une ligne noire s'étendant de chaque côté, depuis la narine jusqu'à l'angle antérieur de l'œil, et se prolongeant sur la tète jusque sur l'occiput, à côté de l'oreille; de petites taches noires disposées symétriquement entre ces deux bandes sur le front et sur la tète; d'autres petites taches noires et rondes à l'endroit où naissent les moustaches ; deux raies le long des côtés de la mâchoire inférieure, l'une au-dessus, et l'autre, la supérieure, aboutissant à l'angle postérieur de l'œil; l'inférieure ayant en avant deux branches, dont celle de dessus est dirigée vers la gorge ; quatre bandes longitudinales sur le dessus du cou, avec du fauve dans leur milieu, et les deux externes étant un peu courbées en bas en forme de crochet; une petite raie noire entre les deux bandes du milieu ; une raie le long du dos,, s'étendant jusqu'à l'origine de la queue, et de chaque côté de laquelle une liie parallèle de taches noires, ovalaires, d'environ 0'",0")de longueur; deux autres bandes, également parallèles, composées de ligures ovales, noires sur les bords, fauves dans le milieu, avec de petites taches rondes, noires; au-desstjus de la troisième lile, une bande continue, de près de 0™,0'2 de largeur s'étendant depuis l'épaule jus([u'au devant de la cuisse, bordée de noir comme les figures ovales, et fauve dans le milieu, avec de pe- tites taches rondes et noires; une dernière bande au-dessous de celle-ci un peu moins large, in- terrompue; des taches bordées sur la croupe et sur la cuisse; de petites taches ovales pleines sur la partie antérieure de l'épaule et de la cuisse, ainsi que .sur la face extéiieure des quatre pattes; des- sous du cou avec des raies transversales, dont l'une s'étend d'un côté à l'autre en forme de collier; poitrine et ventre avec de petites taches noires; queue marquée de taches de la même couleur, beau- coup plus grandes vers son extrémité qu'à son origine. Longueur de la tète et du corps, 0"',80; de la queue, environ rr.'tO. La femelle est un peu plus petite que le mâle, avec les mêmes couleurs, à peu près semblablemenl disposées, mais moins apparentes, le fauve étant plus terne, le blanc moins pur, les raies ayant moins de largeur et les taches moins de diamètre. Cette description un peu détaillée, que nous avons reproduite d'après celle donnée par Daubenton, peut être résumée ainsi en quelques mots : fuiid du pelage gris, marqué de grandes taches fauves. 18-2 IIISTOIIIE NATUUI'LI.E, liorilées ilo mur, lurmaiil des bandes obliques sur les lianes; deux li!,nies nuiics bordant laleiale- menl le front. L'Ocelot, ainsi nommé par Buffoii, est le Cliibiynaiizoïi de D'Azara, ou Maiacafia. On en distingue plusieurs vai'iétés, iiailiculièrenient caractérisées par les dimensions de la seconde lij^ne de taches, de chaque côté de la liyiie dorsale, qui peut même être quelquefois tout à fait interrompue. MM. (!rif- lilh, Ilamillon Smith et Sehieber, oui appliipié des dénominations à ces diverses variétés; telles sont leurs (J/(i/;i.(7Hrtîoi(, //ami//o»i Griflith, Griffiiliii. aiieitata Sm'wh . et («/un Schreber. L'un d'elles seideineut nous occui)era, c'est le Fdh calOKiln. Smith, (pii couslilue proliahlemeiil une espèce par- ticulière, que nous décrirons séparément. >/ / ^i '. FI- 01 — Oc.'Iol. L'Ocelot est un très-joli animal, absolument nocturne, dormaul tout le jour dans les f1- "'m compris la (pieue, qui en mesure 0'",30. Ce Carnassier, qui est le Clial de In Caroline de Collinson, et le Mara Mammalogic, donne de ces trois espèces, que nous réunissons en une seule, à l'exemple des zoologistes modernes, sont les suivants : 1° Serv.u, (Felis serval). —Queue descendant jusqu'aux talons, annelée seulement à son extré- mité; oreilles sans pinceaux; pelage fauve en dessus, blanc en dessous, parsemé de nombreuses ta- ches rondes, noires, et assez également disposées sur huit rangs environ de chaque cote; tour des yeux blanc. Provient probablement de l'Inde; mais cet habitat est loin d'être certain. SoCHAT-rARD {Fdh (jidropardns'. — Queue descendant jusqu'aux talons, annelée dans toute son étendue, et terminée de noir; oreilles sans pinceaux, et mar(iuée d'une bande blanehàlrt transversale 24 186 IIISTOIIŒ NATURELLE. sur leur face externe; pelage fauve en dessus, blanchâtre en dessous, avec des taches noires, dont celles du milieu du dos sont à peu près disposées sur quatre rangs. Patrie inconnue. 5° Chat du Cap {Felis Capcnsis). — Queue dépassant les jarrets, anneléc, oreilles larges, sans pinceaux; pelage fauve, avec des taches noires plus ou moins grandes et des bandes très-marquées aux épaules, au dos, aux jambes de devant et aux hanches. Habite les environs du cap de Bonne- Espérance. Fis. 93. — Scrvnl. Le Serval se trouve dans les forêts de toute la partie méridionale de l'Afrique, et principalement dans celles du cap de Bonne-Espérance; il paraît également, d'après Bruce, qu'on le rencontre aussi en Abyssinie. Il grimpe sur les arbres avec beaucoup d'agilité pour donner la chasse aux Oiseaux et aux Singes; il se nourrit aussi de Rats et de la plupart des petits animaux qu'il rencontre. On l'a quelquefois dans nos Ménageries; mais son caractère reste farouche dans la ca|itivilc, et il est impossible de l'appri- voiser, parce qu'il est insensible aux bons iraitemenls, et qu'il entre en fureur à la moindre contra- riété. Sa fourrure est chaude, douce et très-belle; elle est recherchée, et d'une assez grande valeur. 18. CHAT à PIEDS NOIRS. FEUS NIGRIPES. Bartliell OrimUi. Caractères spécifiques. — Pelage d'un roux approchant de la couleur du tan, plus paie en des- sous, entièrement couvert de taches noires pUilût Ioniques que rondes : celles du dos et du cou for- mant quclqueltiis des bandes; celles des épaules et des jambes transversales, d'un noir pins profond, et, dans les vieux individus, les taches supérieures passant au brun, et les autres, au contraire, de- venant d'un noir plus intense; dessous des pieds très-noir; oreilles ovales, obtuses, d'un brun mêlé CARNASSIERS. 187 uniforme, avec leur bord antérieur garni de poils aussi loniçs qu'elles; queue de la même couleur que le dos, sans anneaux, mais confusément tachetée jusqu'à ()"',0G de sa base; taille de notre Chat do- mestique. Ce Fclis paraît avoir beaucoup d'analogie avec le Serval; il a probablement les mêmes habitudes, et se rencontre dans les mêmes contrées. MM. Marcel De Serres, Dubreuil et Jean-Jean, ont indiqué, comme provenant des cavernes de Lunel- Viel, un assez grand nombre d'os fossiles qu'ils rapportent au Serval: mais, comme le fait remarquer De Blainville, rien ne prouve que ces ossements appartiennent réellement au Carnassier que nous étudions, et qu'ils ne proviennent pas plutôt du Lynx commun. On range généralement dans la même subdivision sous-générique que le Serval : 1° le Chat nu Sé- négal (Fclis Scncçjalensis, Lesson; Fctis servaliim, Ogilby), propre au Sénégal et à Sierra-Leone, et 2° le Fel'ts viierrinus, Bennett, qui habite le Bengale. 9. LES VRAIS FELIS. r RACES DOMESTIQUES. 19. CHAT PROPREMENT DIT. FELIS CATUS. Linné. Caractères spécifiques. — Poil long et touffu, principalement sur les joues; parties supérieures et latérales du corps variant du gris foncé jaunâtre au gris brun; parties inférieures blanchûtres; dos marqué, dans son milieu, d'une ligne longitudinale noire, de laquelle partent des bandes transversales peu tranchées, assez nombreuses, et qui s'étendent parallèlement les unes aux autres sur les flancs, les épaules et les cuisses; quelques petites lignes, également parallèles entre elles, sur le front et le sommet de la tête; une bande partant de l'angle externe de l'œil et traversant les joues; coins de la bouche gris-blancs, ainsi que la poitrine et le dessous du ventre; lèvres noires; face externe des pat- tes fauve; queue trés-touffue, annelée de noir, et ayant son extrémité de cette même couleur, qui est également celle des poils de dessous les quatre pieds; oreilles droites, roides; pupille des yeux se contractant longitudinalement. Longueur totale du corps, mesuré depuis le bout du museau jusqu'ù l'origine de la queue, 0°',i)0 : de la tête, 0"',07, des oreilles, Û^.Oo; de la queue, 0"',55. Hauteur moyenne au train de devant, 0"',20; au train de derrière, ()"',2"). La description que nous venons de donner, d'après A. G. Desmarest, est celle du Chat sauvage, que l'on doit prendre pour type de l'espèce. Malgré sa petite taille, on retrouve dans ce Carnassier toutes les habitudes des grandes espèces : il vit i.solé dans les bois, de la chasse active qu'il fait aux Lièvres, aux Lapins, aux Perdrix, et à tous les animaux faibles qu'il rencontre; il grimpe dans les arbres avec une grande agilité, et place ses petits dans les trous caverneux des arbres. Chassé par les Chiens courants, il se fait battre et rebattre dans les fourrés, absolument comme le Renard; puis, quand il est fatigué, il s'élance sur un arbre, se couche sur une grosse branche basse, et, de là, il regarde tranquillement passer la meute, sans s'en mettre autrement en peine. On le trouve, mais assez rarement, dans presque toutes les forêts de l'Europe et de l'Asie; autrefois il était commun dans toute la France, mais, depuis une soixantaine d'années, il y devient Irè.s-rare, et on ne le voit plus guère que dans les grands bois de la partie méridionale. Avant de nous occuper des diverses races du Ftl'is catin, qu'il nous soit permis d'analyser en quel- ques pages l'ouvrage de M. Slraus-Durckhein, intitulé . Anatomic dcn riplhc cl comparée du Chat, tijpe des Mammifères en qéticral et des Carnivores en particulier, 2 vol. in-i" et atlas, Paris, 1845, que nous avons déjà cité, et qui, fruit du travail de nombreuses années, comprend un très-grand 188 IIISÏOIUE NATlJHKLLi;. nombre de détails sur Tostéologie, la syndesmologic et la mjologie de l'espèce que nous étudions. Ce que nous dirons ici sur le.Ciiat domestique pourra s'appliquer à toutes les espèces du genre Fetis, car, dans un groupe aussi naturel que eelui-là, les caractères anatomiques importants sont les mêmes dans toutes les espèces, et les variations qu'on peut observer ne sont que de très-peu de valeur, ne tenant souvent qu'à la taille plus ou moins grande, et surtout aux mœurs diverses de l'espèce. Ce sont ces considérations qui nous ont engagé à nous étendre autant que nous allons le faire sur quelques points importants de l'anatomie du Fells calus, car ce que nous en dirons pourra être con- sidéré comme un complément de nos généralités sur les Féliens. La tête, comparée à celle de riiomme, est plus allongée en avant, d'où résulte que non-seulement la face saille davantage, mais le crâne est aussi, pro]>ûrtionnellenient au volume de la tête, plus étroit, plus bas, et par conséquent plus allongé dans le même sens; cet allongement porte cependant moins sur les diverses parties du crâne que sur celles de la face. L'angle facial, qui dans l'homme est de 80", n'est, dans le Chat, que de 52°. dimension due en partie à l'abaissement du front, qui rase presque le bord supérieur des orbites, et en partie à rallongement du museau. Le trou occipital est situé en arrière, à la partie inférieure de la face postérieure de la tête, et dirigé obliquement de haut en bas et en avant. La face est plus proéminente que dans l'espèce humaine; toutes les par- ties qui la composent sont plus tirées en longueur, et le front très-oblique en avant; les os du nez, plus déprimés, continuent l'arc des coronaux; les siagonaux, les labraux, les nialaires. les palatins et les arcades zygomatiques, sont tous plus allongés, quoique, du reste, dans les mêmes rapports de connexion. Il en est de même de l'ethmoïde, du vomer, du sphénoïde, du sphécoïde et du basilaire. La mâchoire est moins haute et plus étroite en avant, ce qui contribue ;\ rendre le museau (V)intii et saillant. La tête est composée de vertèbres et de leurs appendices. Les vertèbres sont au nombre de cinq : 1" La vertèbre rliiiiale est réduite en majeure partie â des pièces purement cartilagineuses; la partie centrale du système nerveux ne s'y prolongeant plus, le canal rachidien y est entièrement effacé, c'est-à-dire que la lame de la vertèbre s'applique sur le corps de cette dernière, et les parties laté- rales de la masse apopliysaire, avec les appendices, contournent la portion anléiieure des fosses na- sales, où elles sont représentées par les cartilages pararrliins, les cornets et les cartilages alaires, ou ailes du nez. 2° La vertèbre etlimoïdale, la seconde de la face, commence déjà à entrer par une sur- face assez large dans la composition de la boîte crânienne, surface plus étendue que chez les Reptiles et les Oiseaux, oii l'ethmoïde est entièrement facial: cette vertèbre a principalement pour corps la lame verticale de l'ethmoïde; sa lame est formée par les os nasaux, les apophyses obliques antérieures, et les anfractuosités ethmoïdales ; les cornets de Berlin sont les apophyses obliques postérieures, et les transverses se trouvent dans les os planum : l'ethmoïde est très-compliqué, ô" La vertèbre splté- jioïdale a pour corps le sphénoïde, et plus .spécialement la cloison qui sépare les deux sinus; les os coronaux forment la lame; les apophyses obliques antérieures et transverses constituent les parties latérales des sinus, qui se séparent assez distinctement de la cloison dans les fœtus de presque tous les Mammifères, et les apophyses obliques postérieures sont représentées par lus ailes d'Ingrassias. 4° I.a vertèbre sphécoïdale ressemble mieux encore que la troisième à celle du rachis; ces apophyses latérales offrent même la disposition qu'elles ont sur ces dernières, et l'épineuse, ordinairement re- présentée par un os à part, connu sous le nom de wormien, se prolonge souvent sous la forme d'une crête longitudinale le long de la suture sagittale. 5° La vertèbre basilaire comprend le corps ou os basilaire, les apophyses obliques, les transverses, la lame et l'apophyse épineuse, formant des pièces [larliiudières, ne se confondant que longtemps après la naissance les unes avec les autres. Les appendices des vertèbres céphaliques constituent, en général, les os de la face, tandis que celles-ci représentent plus parliculièrement ceux du crâne. Les appendices de la vertèbre rhinale constituent deux séries; la première renferme le cartilage alaire, ou ailes du nez, et la seconde les deux os labraux, ou os incisifs. Les appendices de la vertèbre ethmoïdale sont rudimentaires et pré- sentent deux petits osselets, le vomer et les unguis. Les appendices de la vertèbre sphénoïdale forment aussi deux séries, dont l'une constitue la chaîne des os palatin et siagonal, c'est-à-dire la mâchoire supérieure, ainsi que les dents supérieures, et la seconde forme une branche de celle-ci, comprenant l'os malairc et les cartilages des paupières. Les appendices de la vertèbre sphécoïdale ne comprennent qu'une seule série formée par l'os squammeun et la mâchoire inférieure, avec toutes ses dents. Enfin, CARNASSIERS. 189 les uppciiclicfs (Je l:i vertèbre basilaii'e toi'ment deux séries bien distinctes, la première comprenant les osselets de l'ouïe, l'os tympanique et mastoïdien, et la seconde série composée par Tapparoil liyo-larpgien, renfermant surtout l'hyoïde et le lirynx. Le racliis ou colonne vertébrale présente dans le Chat des courbures à peu près semblables à celles que l'on observe dans le même organe chez l'iiomme; les deux premières vertèbres cervicales forment un petit arc concave en avant, dû au poids de la tète, de manière que l'arc de l'atlas est oblique de bas en haut et en avant, pour que sa cavité articulaire s'adapte mieux aux condyles de la tête. Les vertèbres cervicales suivantes, avec les premières dorsales, produisent un arc concave en dessus très- précipité. Les autres dorsales avec les lombaires forment; au contraire, une seule courbure concave en dessous, et moins forte que celle de la région cervicale. Le sacrum est de nouveau replié en des- sus, et, enfin, la queue, en obéissant à son propre poids, s'arque encore en dessous. La tête et le cou sont assez courts. La longueur relative des régions dorsale et lombaire est à peu près égale, ou plutôt dans la proportion de quinze à treize. Le sacrum, composé seulement de trois vertèbres, est très-court. La queue n'est pas longue, quoique un peu plus développée que celle des Lynx. Quant à la grosseur des diverses parties delà colonne vertébrale, elle varie, d'une part, selon l'ampleur du canal rachidien, et, d'autre part, selon la force que chaque vertèbre a à supporter, et par suite selon la gros- seur de leur corps, ainsi qne la force et la longueur de leurs apophyses, qui servent principalement de points d'attache ou de bras de levier aux muscles de l'épine. Le canal rachidien est large dans l'atlas, se rétrécit dans la troisième vertèbre, et commence à augmenter de largeur à partir de la cinquième vertèbre jusqu'à la dernière lombaire, où son diamètre transversal égale celui de l'atlas. Les vertè- bres rachidiennes se développent par cinq centres d'ossification : un pour la partie moyenne du corps, deux pour les épiphyses de ce dernier, et un de chaque côte pour la masse apophysaire. Quant à la forme et à la grandeur des vertèbres, ainsi qu'à la longueur et à la disposition de leurs apophyses, elles ressemblent assez à celles de l'homme, en présentant cependant des différences notables, dé- pendantes, les unes de l'attitude horizontale du corps, et les autres de la faculté de sauter, genre de mouvement dans lequel excellent les Felis. Nous nous bornerons à ce que nous venons de dire du rachis en général, car nous craindrions d'être trop long si nous entrions dans la description particu- lière de chacune des régions de la colonne vertébrale et de chaque vertèbre en particulier. De même que les vertèbres céphaliques ont des appendices qui composent principalement les parties de la face, en contournant sous le corps des vertèbres des cavités où sont placés divers organes, et surtout l'origine des appareils de la respiration et de la digestion, de même aussi les vertèbres ra- chidiennes portent des appendices qui embrassent des cavités du tronc, mais modifiés selon le besoin. C'est ainsi que sur les vertèbres cervicales ces appendices ou apophyses costillaires sont réduits à de simples rudiments, nuls en apparence chez les Mammifères, mais dont l'existence est prouvée par la ( oniposilion des vertèbres chez les Oiseaux et les Reptiles. Sur les vertèbres dorsales, ces appendices forment les côtes et le sternum ; sur les lombes, ils n'existent chez les Mammifères que sur les ver- tèbres les plus antérieures, où ils constituent les fausses côtes ou costines, et disparaissent complète- ment sur les vertèbres lombaires suivantes, où on les retrouve toutefois chez la plupart des Vertébrés ovipares. Aux vertèbres sacrées, les appendices immédiats ne forment que de simples rudiments de i:oslinelles, qui se confondent bientôt avec le sacrum; mais les appendices plus éloignés sont ce qu'on nomme les os coxau.K. Knhn, à la queue, les analogues des côtes ou les costelles se préseatent aux premières vertèbres caudales, soit sous la forme de très-petits osselets rudimentaires, soit en se sou- dant par paires sous celle d'os upsiloïdes. En particulier dans le Chat, les côtes, au nombre de dix paires, et les costines, fixées aussi par paires aux trois premières vertèbres lombaires, ne diffèrent que fort peu de celles de l'homme, étant simplement plus grêles, moins larges et aplaties d'avant en arrière dans leur moitié interne ou supé- rieure, et au contraire plus étroites et légèrement comprimées de dehors en dedans, à la moitié infé- rieure, en diminuant de grosseur de la première à la dernière. Les côtes se développent par deux [loints d'ossilicalion, l'un pour la dyaphyse, et le second pour l'épiphyse, formant sa tôle supérieure. Les cartilages costaux sont des tiges grêles, simples, qui prolongent les côtes et les costines verté- brales en dessous, et se dirigeant en bas, en avant et en dedans vers le sternum, avec lesquels les huit premières paires seules s'articulent, tandis que les deux paires suivantes ne l'atteignent pas, de même cpic <'(ux des trois (•ostine>. 190 HISTOIRE NATURELLE. Le sternum est composé d'une série de neuf os allongés, renflés aux bouts, et réunis à leur base par des cartilages simulant les ligaments libro-palpeux des verti''bres, et les pières ressemblent même beaucoup pour la forme aux vertèbres caudales postérieures, dont elles ne différent guère que par l'absence des crêtes apophysaires. Les neuf pièces du sternum sont consécutives, non épipliysées, disposées en ligne droite, pldiigeant antérieurement un |)eu en dessous. Cliaque pièce sternale n'a qu'un seul point d'ossification. On remarque chez quelques Chats de petites pièces rudimentaires très-courtes, articulées par des ligaments sur les extrémités des appendices transverses des premières vertèbres lombaires, d'ordi- naire privées de costines, et ces osselets paraissent faire la continuation immédiate de ces apo- physes. Dans son ensemble, le bassin des Chats, que l'on peut considérer comme l'oruiaut les appendices des vertèbres sacrées, est beaucoup plus étroit que cliez l'homme, surtout dans sa partie antérieure correspondant au grand bassin, qui n'est guère plus évasé (|ue le petit, dont il n'est pas distinct; il est aussi ]ilus allongé d'uvant en arrière, et surtout dans la partie ipii répond à la symphyse des pubis, symi)liyse qui se prolonge beaucoup entre les deux ischions. La direction du bassin suivant sa plus grande longueur, c'est-à-dire de la crête iliaque aux tubérosités isehiatiques, est oblique d'avant en arrière et en dessous; mais, du reste, les deux parties latérales sont parallèles entre elles. Quant aux différentes parties du bassin, telles que l'iléum, le pubis, le cotylirn, l'ischion et le pénisial de M. Slraus-Durhkeim, c'est-à-dire l'os du pénis, nous n'entrerons pas dans leur description parti- culière, qui serait trop étendue pour notre ouvrage. Les membres antérieurs, comme chez tous les Mammifères, sont composés de cinq parties con- sécutives, formant des angles alternatifs entre elles, et qui sont l'épaule, le bras, l'avant-bras et la main. L'épaule est formée de la réunion de deux os, l'omoplate et la clavicide, avec un os coracoidien rudimentaire fixé à l'omoplate, où il constitue l'apophyse coracoïde, et un quatrième os formant une épiphyse sur le bord de la cavité glénokht, mais distinct seulement comme os à part dans les très- jeunes sujets. Le bras ne renferme qu'un seul os, ou l'humérus, formé d'une diaphyse et de plusieurs épiphyses, lesquelles s'unissent en une seule pièce, lorsque l'animal devient adulte. L'avant-bras renferme deux os longs, le cubitus et le radius, mobiles à la fois sur l'humérus et sur la main, et mobiles l'un sur l'autre dans les mouvements de pronation et de supination. L'avant- bras fait un angle obtus avec l'humérus, en se dirigeant verticalement en dessous dans la station. La main du Chat se compose de deux parties bien distinctes, la palmure et les doigts. La palmure se subdivise en carpe et métacarpe, et présente à peu près les mêmes os que chez l'homme, avec des différences notables dans la forme et la disposition. Dans l'état de station, la palmure est toujours étendue sur l'avanl-bras, mais seulement jusqu'à la direction droite et un peu plus, afin que le poids du corps tende à la maintenir en extension. Les doigts, au nombre de cinq, ont entre eux les mêmes longueurs relatives que chez l'homme, et entre eux les mêmes rapports de longueur que leurs os mé- tacarpiens : c'est-à-dire que le premier interne, ou le pouce, est le plus court; et erisuite le cinquième; le second, le quatrième, et enfin h^ troisième, sont progressivement de plus en plus longs. Chacun de ces doigts, à rexce])tioii du pouce, se compose de trois osselets consécutifs ou phalanges, mais le pouce manque de plialangine. Outre ces trois os, chacun des quatre doigts externes porte en dessous, à la base de la phalangeale, deux osselets sésamoïdes, égaux dans le même doigt; tandis qu'au pouce seidement le sésamoide interne est seul ossifié, et l'externe réduit à im simple grain cartilagineux. On retrouve également dans les membres postérieurs les nu"'mes parties que chez l'homme, avec des différences de forme et de disposition que nécessitent principalement la marche quadrupède et le genre de vie aminci les Felis sont appelés. Ces membre» se partagent en cuisse, jambe et pied, correspondant dans les antérieures au bras, à l'avant-bras et à la main; et ces parties font, dans leur disposition naturelle de repos, des angles alternatifs entre elles, afin de rendre la marche, la course et surtout le saut, plus faciles, jilus souples, et même la station ]ilus sûre. La cuisse se dirige obli- quement en dessous et en avant; la jambe obliquement en dessous et en arrière; le pied en dessous et un peu en avant, et, enfin, les orteils en avant, en appuyant .sur le sol. La cuisse renferme quatre os, dont le principal est le fémur, et trois autres os, fort petits, pla- CARNASSIEHS. 191 rés dans le creux ilu jarret, qui n'ont pas été vus par la plupart des anatoinisles, et que M. Slraus- Durhkcim décrit pour la première fois : deux de ces os ont reçu le nom de crilhoides, à cause de leur formé demi-ovale qui leur donne quelque ressemblance avec un grain dorge, et le troisième, situé sous le c rithuïde externe, et, dans le tendon du muscle poplité, est le poplilaire. La jambe renferme deux os principaux, le tibia et le péroné, ainsi que le rotule et les cartilages interartiiulaires, fixés au tibia par des ligaments particuliers. Ces os diffèrent assez peu de leurs correspondants dans l'espèce humaine. Le pied des Carnassiers se compose des mêmes parties principales que celui de l'homme, et analo- gues à celles de la main, c'est-à-dire qu'on y dislingue deux parties principales : le cou-de-pied, correspondant à la palmure, et les orteils, correspondant aux doiyts; mais la disposition de ces par- ties n'est pas tout à fait la même que dans l'espèce humaine pendant la station et la marche. Les Chats appartenant à la grande division des Digitigrades n'appuient plus la plante sur le sol, mais seulement l'extrémité du métatarse et les orteils absolument comme à la main, et tiennent le pied dans une position presque verticale, de manière que ses faces antérieures et postérieures correspondent an dessus et au dessous du pied de l'homme. Le cou-de-pied se divise en tarse et métatarse, eux-mêmes subdivisés en un assez grand nombre d'os, dont quelques-uns ont reçu des noms particuliers de M. Straus-Durhkeim. Dans les orteils, le pouce ou hallux manque: les quatre orteils restants ressemblent parfaitement pour la forme aux doigts, dont ils ne diffèrent que par une grandeur un peu plus considérable, mais étant toutefois dans les mêmes proportions, c'est-à-dire que le second, ou le hillux, est le plus long et le plus fort; le troisième, ou le hollux, à peine un peu plus court et plus faible; le premier, ou le hellux, sensiblement plus petit que ceux-là; et, enfin, le quatrième, ou le hullux, est un peu moindre encore que le premier. H y a aussi trois phalanges et deux sésamoïdes. La syndesmologie ou la description du système ligamentaire a été faite avec grand soin et beau- coup de détails par M. Straus-Durhkeim, et cette étude, entièrement nouvelle dans le Chat, a lionne lieu à de nombreuses découvertes intéressantes. Mais ce sujet est trop peu connu pour que nous nous y arrêtions longtemps ici ; aussi nous bornerons-nous à donner seulement quelques géné- ralités. D'une matière très-générale, le système ligamentaire du Chat ne difl'ère en rien de celui de l'homme, et la plupart de ses parties se rapportent même individuellement à leurs analogues chez ce dernier. Quelques-unes cependant manquent dans cet animal; mais, par contre, il en a aussi un assez grand nombre qu'on ne retrouve pas dans l'espèce humaine. On peut les diviser en ceux appartenant au torse et en ceux appartenant aux membres. Les ligaments de la partie centrale du corps se distinguent ensuite en ceux de la tête et en ceux du tronc. La plupart des pièces qui entrent dans la composition de la tête étant articulées entre elles par suture et par synchondrosc, on n'y trouve qu'un fort petit nombre de ligaments proprement dit», mais les pièces mobiles en offrent une quantité plus considérable. Les ligaments et les aponévroses du tronc se distinguent en ceux qui unissent les vertèbres entre elles; en ceux qui se rendent de celles-ci à leurs appendices, et en ceux qui réunissent les parties de ces derniers. Les ligaments et les aponévroses de la colonne vertébrale sont ou généraux, et embras- sent plusieurs vertèbres, ou bien spéciaux seulement, en passant d'une pièce à celle avec laquelle celle-ci s'articule immédiatement. Les membres présentent un très-grand nombre de ligaments et d'aponévroses. Dans le membre antérieur, on distingue ceux qui sont propres aux diverses parties de ce membre, et en outre une gaine aponévrotique générale qui enveloppe toutes les parties. Il en est de même de ceux du mem- bre postérieur, qui, outre les ligaments qui lui sont propres, comprend une sorte de gaine continue qui enveloppe tout le membre, et qui est l'aponévrose crurale, jambière et podale. Le système musculaire du Chat offre beaucoup de particularités remarquables; il nous sera im- possible d'entrer dan.s ce sujet avec quelques détails, nous ne pourrons même pas donner les noms des muscles nombreux du Chat, et nous ne pourrons guère indiquer que quelques généralités, qui sont même plutôt du ressort de l'anatomie comparée en général que de celui [dus spéciale de l'his- toire du genre Felis. i'j'2 IIISTOIRI' NATliRELF.F-:. Les imisclcs qui imlli'ul la li'tc et ses jiarlii's en mouvement se subdivisent d'après les organes qu'ils meuvent en ceux des téguments, des oreilles, des yeux, du nez, des lèvres, des mâchoires, de la langue, du voile du palais, du pharynx, de l'hyoïde, du larynx, et, enfin, en ceux qui meuvent la lète entière. Les téguments, n'ayant aucun point (ixe sur lequel ils se meuvent, ne reçoivent que des muselés qui les déphuent en les fronçant. Les muselés de l'oreille se distinguent en eeux qui meu- vent sa partie antérieure, et en ceux qui meuvent sa partie interne, placés dans la caisse du tympan. Les muscles qui meuvent les yeux et leurs dépendances se distinguent en ceux qui font agir les pau- pières et ceux qui meuvent le globe de l'œil. Les muscles moteurs du nez sont, chez le Chat, beau- coup moins déviliippés ([ue chez l'iiommc; aussi leur n(z esl-il Irè.s-peu mobile ; il n'y a même que le myrtiforme. dont la fonction est de dilater les narines, qui soit bien distinct, tandis que le pyra- midal n'est qu'une dépendance du frontal, et l'élévateur de l'aile du nez qu'une dépendance de l'élé- vateur de la lèvre supérieure. Quoique les Chats ne puissent pas produire, avec leurs lèvres, et sur- tout avec l'inférieure, des mouvements aussi variés que peut le faire l'homme avec les siennes, ce (pii vient principalement du peu de force du muscle labial, leur lèvre supérieure est cependant pour- vue de muscles plus puissants, surtout l'élévateur propre, qui fait exécuter ce mouvement d'élévation qu'on remarque chez (;es animaux lorsqu'ils menacent : ces muscles sont, pour les deux lèvres, au nombre de six. La mâchoire étant, dans le Chat, articulée à la tête par des gynglymes, dont les ca- vités sont très-profondes et embrassent étroitement les condyles. il n'y a guère que les mouvements d'élévation et d'abaissement qui soient possibles, avec un bien léger glissement latéral dans les deux articulations, mais non le mouvement de prétraction et de rotation, comme cela a lieu chez l'homme, et mieux encore chez les Ruminants, où les cavités glénoidcs sont presque planes. Il n'y a ainsi chez le Chat que des muscles élévateurs et abaisseurs de la mâchoire; mais, par le genre de vie des Felis, ces muscles ont dû être trés-développés, très-puissants. La langue est mise en mouvement par deux ordres de muscles ; les uns, qu'on nomme extrinsèques, prenant leur point fixe sur quelque partie extérieure à cet organe, et les autres, ou les intrinsèques, constituant la masse même de la langue, et lui faisant exécuter des mouvements sur elle-même. Les muscles du voile du palais ont une dispo- sition parliculiérc. On retrouve, parmi les muscles qui meuvent le pharynx, tous ceux qu'on remarque chez l'homme, et quelques-uns de plus qui existent bien aussi chez ce dernier, mais moins disline- lement, ou qui ont été décrits comme faisant partie d'autres muscles; tels sont le génio-pharyngien et le glosso-pharyngien : tous ces muscles peuvent se distinguer en prélracteurs, élévateurs et constric- teurs. Les muscles de l'hyoide et du larynx sont assez nombreux, et quelques-uns sont communs à ces deux organes. La tête étant mobile dans tous les sens par la combinaison des mouvements qu'elle peut exécuter sur l'atlas et l'axis, les divers muscles qui entourent ces articulations et qui se fixent, soit â la tête, soit à l'atlas, iieuvent être distribués en quatre ordres : les extenseurs, les fléchisseurs latéraux, les fléchisseurs directs et les rotateurs. Les muscles qui meuvent les diverses parties du tronc sont distribués en six régions principales particulières : celles des téguments, du rachis, du thorax, de l'abdomen, de l'anus, des organes urinaires et des parties génitales. Il y a quatre muscles bien distincts et bien développés qui meuvent la peau du tronc; ce sont des contracteurs. Les vertèbres étant plus ou moins mobiles en tous sens, leurs muscles se partagent de la en ceux qui les portent en dessus, ou les extenseurs; en ceux qui les portent de côté, ou les flechisM'urs latéraux; en ceux qui les fléchissent en dessous; et, eiiliii, en ceux qui leur font éprouver un mouvement de rotation ; ces muscles sont puissants dans le (^liat, el cela se conçoit, car il meut avec une assez grande facilité les diverses parties de sa colonne verté- brale et spécialement sa queue. Les côtes ont des nniseles protraeteurs et rétracteurs. Relativement aux muscles moteurs du sternum, on peut remarquer qu'outre l'analogue du muscle triangulaire de l'homme, il existe encore, chez le Chat, un second moteur propre du sternum, ]ilaeé en dehors de la poitrine, et qui a la même fonction, celle de porter le sternum en avant, en rendant jjIus aigu l'an- gle que les côtes font avec lui, tandis que le sternum est porté en arriérc.-par le droit abdominal : les autres mouvements de cette chaîne d'os sont impossibles, el les muscles se distinguent de là ex- clusivement en prétracteurs et en rétracteurs. Relativement aux muscles moteurs de la respiration, on peut dire que, dans le Chat, il n'y a qu'un seul muscle essentiellement inspirateur, le diaphragme, et point d'expirateur, excepté dans des cir- constances où la respiration devient pénible. ;l;iJi li; .1' CARNASSIERS. 193 l'Iusieiirs muscles peuvent mouvoir l'abdomen; ces muscles sont tous conslricleurs, mais la tlila- talion du ventre peut être aussi produite par des niuselrs ,pii asissent sur les fausses côtes en les portant en arrière. I! y a des muscles spéciaux de Tanus, des organes urinaires et des organes génitaux, et ces der- niers diffèrent dans les deux sexes de la même espèce. Fig. 94. — Chat domestique.' Les muscles des membres sont puissants, quoique cependant assez peu développés. Les os de l'épaule, l'omoplate et la clavicule, étant librement suspendus dans les chairs, sont mobiles dans tous les sens; toutefois, comme la première est appliquée contre le thorax, elle ne peut se mouvoir que dans un plan vertical, d'où ces muscles se distinguent en prélracteurs, élévateurs, rétracteurs et abaisseurs. La clavicule est réduite à un petit osselet suspendu dans un repli où plusieurs muscles se rencontrent, mais sur lesquels elle n'a aucune iniluence, et il en résulte qu'elle n'a pas de muscles qui lui soient propres. Lavant-bras, étant uni à l'Iuimérus par une articulation ginglymoïdale, ne peut se mouvoir que dans deux sens opposés, en avant et en arriére, ou en tlexion et m extension; mais les deux os qui entrent dans sa composition se meuvent en outre l'un sur l'autre en supination et en pronation; il existe de là (piatre espèces de muscles, des extenseurs, des llécliisseurs. des supinateurs et des pronateurs. Dans le Chat, la main est mobile en tous sens, cependant plus fortement en avant et en arrière que de côté, où le mouvement est très-borné ; cette partie du membre reçoit aussi quatre espèces de muscles : des extenseurs, qui la portent en avant: des abducteurs, qui la portent en de- hors, des lléchisseurs qui la plient en arriéré", et, enfin, des adriucicurs, qui l'inclineni en dedans. Uuoiquil y ait une très-grande ressemblance etitre les membres postérieurs cl antérieurs, tant sous le rapport des os que sous celui dos muscles, les différences sont cependant encore assez considé- 194 IlISTOIllh: NATlJRtLLK. rables, siulniil dans les parties les plus proches du Irone. Eu effet, quiiique les os du bassin et celui de l'épaule soient bien évidemment les analo,u;ues les uns des autres, les différences qu'ils présentent sont toutefois fort grandes, et elles sont encore plus sensibles relativement aux muscles : ceux mouvant l'épaule étant très-nombreux et fort développés, tandis que les muscles fixés au bassin, ((u'on doit leur comparer, sont plutôt des moteurs de la colonne vertébrale, le bassin étant à peu près immobile. Quant aux analogues dea muscles moteurs de l'humérus, ils doivent nécessairement être ceux qui meuvent le fémur; et ceux de l'avant-bras, de la main et des doigts, sont ceux de la jambe, du pied et des orteils, parties entre lesquelles il y a, au contraire, beaucoup de ressemblance, comme aussi des différences notables. La cuisse étant, comme dans l'homme, susceptible d'un mouvement de circumduction, les muscles qui la meuvent peuvent de là être distingués en extenseurs, fléchisseurs, adducteurs, rotateurs en dedans et rotateurs en dehors; mais, comme la cuisse, dans l'étal de station, est fortement fléchie en avant, tandis qu'elh^ est en extension chez l'homme, les fonctions de plusieurs de ses muscles ne sont pas les mêmes dans les deux espèces. Dans la jambe, nous trouvons des muscles produisant des mouvements d'extension, de flexion et de rotation ; la supination et la pronation sont impossibles. Les muscles du pied se distinguent en muscles moteurs du cou-de-pied et de ses parties, et en mo- teurs des orteils. Relaliveraeni aux mus('les du cou-de-pied, on peut remarquer que plusieurs des muscles moteurs du pied, prenant leur attache sur le fémur, contribuent beaucoup aux mouvements de la jambe, et, par contre, d'autres, spécialement destinés aux mouvements des orteils, contribuent ;\ leur tour aux mouvements du pied, prenant leur point fixe sur la jambe. Le pied peut exécuter des mouvements d'extension et de flexion, et des mouvements latéraux d'abduction et d'adduction; mais ces derniers sont plus bornés. Les muscles qui meuvent les orteils sont aussi nombreux que ceux qui meuvent les doigts, avec lesquels ils ont la plus grande analogie, tant par leur fonction que par leur forme et leur disposition, surtout dans leur partie podale, et se distinguent de même en extenseurs, abducteurs, fléchisseurs et adducteurs. Nous avons cherché à donner, d'après M. Straus-Durhkeim. une idée générale de l'ensemble du système locomoteur du Chat domestique, et ce que nous avons dit peut, à quelques remarques près, s'appliquer non-seulement à tous les Fclis, mais même à presque tous les Carnassiers. C'est pour cela que nous nous sommes autant étendu sur ce point purement d'aualomie comparée; un autre but que nous nous proposions était de faire brièvement connaître l'ouvrage si peu répandu de M. Straus- Diirhlieim, dans lequel, quoique nous soyons loin d'adopter toutes les idées de l'auteur, nous avons trouvé des remarques du plus haut intérêt, et qui sont, pour la [iremicre fois, introduites dans la science de l'organisation. Après cette description anatomique, peut-être un peu trop longue, revenons à la partie zoologi- que, proprement dite, du Chat domestique. Ou Chat sauvage, que l'on peut spécialement nommer Fclis catus fcriis, Schreber, et (pii est le même que le Maiial de Pallas, et peut-être de son croisement avec quelques espèces voisines, sont provenues de nombreuses variétés et races, que l'on a parfois regardées comme constituant des es- pèces particulières, parce qu'elles présentent des caractères tranches et assez constants, mais dont la plus grande partie, devenue domestique depuis un grand nombre d'années, et qui s'est répan- due partout, ne présente guère plus de caractères distinctifs, et passe, d'une manière insensible, d'une variété à une autre, et même d'une race à l'autre. Les races les plus caractérisées sont : A. CHAT DOMESTIQUE TicnÉ. Feiis ciUus tloniesticits, Linné. CARACTÈRES DISTINCTIFS. Pliage irh-analognc a celui ihi Chat sauvafjr; livres ri plriiilc.lére. et jamais en colère que lorsqu'il croit sa vie menacée; mais alors il devient dangereux, parce que sa fureur est celle du désespoir, et qu'alors il combat avec tout le courage des lâches poussés à bout. Forcé, dans la domesticité, de vivre continuellement en société du Chien, son plus cruel ennemi, sa méfiance naturelle a dû augmenter, et c'est probablement à cela qu'il faut attribuer ce qui' Buffon appelle sa fausseté, sa mairlie insidieuse, et il a conservé de son indépendance tout ce qu'il lui en fdlait pour assurer son existence dans la position que nous lui avons faite, et, si l'on rend cette position meilleure, comme à Paris, par exemple, où le peuple aime les animaux, il abandonne aussi une partie de son in(le|iendaiice en proportion de ce qu'on lui donnera en affection. » Hlaigré ce que nous venons de dire, et quoique nous y trouvions aussi un peu d'exagération, nous ne devons pas moins rapporter quelques-unes des pages de Buffon sur le Chat domestique, et nos lecteurs pourront d'eux-mêmes rétablir les inexactitudes qu'il a pu commettre. « Le Chat est un domestique inlidèle, qu'on ne garde que par nécessité, pour l'opposer à un autre ennemi domestique encore plus inconiniode, et (pi'on ne peut chasser; car nous ne comptons pas les gens qui. ayant du goùl pour toutes les bêles, n'élèvent des Chats que )iour s'en amuser: l'iui est CARNASSIERS. 199 l'usage, l'autre l'abus; et quoique ces animaux, surtout quand ils sont jeunes, aient de la gentillesse, ils ont en même temps une malice innée, nu caractère faux, un naturel pervers, que l'âge augmente encore et que l'éducaliuM ne lait que masquer. De voleurs déterminés, ils deviennent seulement, lors- qu'ils sont bien élevés, souples et flatteurs comme les fripons; ils ont la même adresse, la même subti- lité, le même goût pour faire le mal, le même peucliant à la petite rapine; comme eux, ils savent cou- vrir leur marcbe, dissimuler leur dessein, épier les occasions, attendre, choisir, saisir l'instant de faire leur coup, se dérober ensuite au cliàliment, fuir et demeurer éloignés jusqu'à ce qu'on les rappelle. Ils prennent aisément des habitudes de société, mais jamais des mœurs : ils n'ont que l'apparence de l'attachement; on le voit à leurs mouvements obliqiu's. à leurs yeux équivoques; ils ne regardent jamais en face la personne aimée; soit déliance ou fausseté, ils prennent des détours pour en appro- cher, pour chercher des caresses auxquelles ils ne sont sensibles que pour le plaisir qu'elles leur font. Bien différent de cet animal fidèle dont tons les sentiments se rapportent à la personne de son maître, le Chat paraît ne sentir que pour soi, n'aimer qiu' sous condition, ne se prêter au commerce que pour en abuser; et, par cette convenance de naturel, il est moins incompatible avec l'homme qu'avec le Chien, dans lequel tout est sincère. « La forme du corps et le tempérament sont d'accord avec le naturel; le Chat est joli, léger, adroit, propre et voluptueux; il aime ses aises, il cherche les meubles les plus mollets pom- s'y reposer et s'ébattre : il est aussi très-porté à l'amour, et, ce qui est rare dans les animaux, la femelle parait être plus ardente que le mâle; elle l'invite, elle le cherche, elle l'appelle, elle annonce par de hauts cris la fureur de ses désirs, ou plutôt l'excès de ses besoins; et, lorsque le mâle la suit ou la dédaigne, elle le poursuit, le mord, et le force, pour ainsi dire, à la satisfaire, quoique les approches soient toujours accompagnées d'une vive douleur. La chaleur dure neuf ou dix jours, et n'arrive que dans des temps marqués, (iomme les mâles sont sujets à dévorer leur progéniture, les femelles se cachent pour mettre bas; et, lorsqu'elles craignent qu'on ne découvre ou qu'on n'enlève leurs petits, elles les transportent dans des trous et dans d'autres lieux ignorés ou inaccessibles; et, après les avoir allaités pendant quelques semaines, elles leur apportent de petits animaux, et les accoutument de bonne heure à manger de la chair : mais, par une bizarrerie difiicile â comprendre, ces mêmes mères, si soigneuses et si tendres, deviennent quelquefois cruelles, dénaturées, et dévorent aussi leurs petits, qui leur étaient si chers. (( Les jeunes Chats sont gais, vifs, jolis, et seraient aussi très-propres à amuser les enfants si les coups de patte n'étaient pas à craindre; mais leur badinage, quoique toujours agréable et léger, n'est jamais innocent, et bientôt se tourne en malice habituelle; et, comme ils ne peuvent exercer ces talents avec quelque avantage que sur les plus petits animaux, ils se mettent à l'alfùl près d'une cage, ils épient les Oiseaux, les Souris, les Rats, et deviennent d'eux-mêmes, et sans y être dressés, plus habiles à la chasse que les Chiens les mieux instruits. Leur naturel, ennemi de toute contrainte, les rend incapables d'une éducation suivie. On raconte néanmoins que des moines grecs de l'île de Chy- pres avaient dressé des Chats à chasser, prendre et tuer les Serpents dont cette île était infestée; mais c'était plutôt par le goût général qu'ils ont pour la destruction que par obéissance qu'ils chas- saient; car ils se plaisent â épier, attaquer et détruire assez indifféremment tous les animaux faibles, comme les Oiseaux, les jeunes Lapins, les Levrauts, les Rats, les Souris, les .Mulots, les Chauve- Souris, les Taupes, les Crapauds, les Grenouilles, les Lézards et les Serpents. Ils n'ont aucune doci- lité, ils manquent aussi de la finesse de l'odorat, qui, dans le Chien, sont deux qualités éminentes; au.ssi ne poursuivent-ils pas les animaux qu'ils ne voient plus, ils ne les chas.sent pas, mais ils les attendent, les altaiiuent par surprise, et, après s'en être joués longtemps, ils les tuent sans aucune nécessité, lors même qu'ils sont les mieux nourris et qu'ils n'ont :iu( un besoin de cette proie pour satisfaire leur appétit. « La cause physique la plus immédiate de ce penchant qu'ils ont à épier et à surprendre les autres animaux vient de l'avantage que leur donne la conformation particulière de leurs yeux. La pupille dans l'homme, comme dans la plupart des animaux, est capable d'un certain degré di- contraction et de dilatation; elle .s'élargit un peu lorsque la lumière manque, et se rétrécit l(irs(iu'elle devient trop vive; dans l'œil du Chat et des Oiseaux de proie, cette contraction et cette dilatation sont si considé- rables, que la pupille, qui dans l'obscurité est ronde et large, devient au grand jour longue et étroite comme une ligne, et dès lors ces animaux voiint mieux la luiit que le jour, n'est pas contraclée. Il y a donc eontraetion ronlinuolle dans FœH du Clial pendant le jour, et ee n'est, pour ainsi dire, que [lar effort (|n'il voit à nne i;rande lumière; au lieu qiw, dans le erépuscide, la pupille reprenant son état naturel, il viiit parl'aitement, et profite de cet avanlai^e pour reeonnailri', attaquer et sur|irendre les autres animaux. Fis 95. — Oint .II- l'IlinuiKiyn. n On ne peut pas dire que les Chats, quoique Iiabitauts de nos maisons, soient des animaux entiè- rement domestiques; reux (pii sont le mieux apprivoisés n'en sont pas plus asservis : on peut même dire qu'ils sont entièrement libres, ils ne font que ce qu'ils veulent, et rien au monde ne serait ca- pable de les retenir un instant de plus dans un lieu dont ils voudraient s'éloigner. D'ailleurs la plupart sont A demi sauvages, ne coniiaissent pas leurs maîtres, ne fréquentent qno les greniers et les toits, et quelquefois la cuisine et l'office lorsque la faim les presse. Quoi(|u'on en élève jilus qiu' de (lliiens, eonnne on les rencontre rarement, ils ne font pas sensation jiour le nom.bre; aussi prennent-ils moins •rattachement pour les personnes que pour les maisons : lorsqu'on les trans|)orte à des dislances assez considérables, ils reviennent d'eux-mêmes à leur grenier, et c'est apparemment parce qu'ils en con- naissent toutes les retraites à Souris, tontes les issues, tous les passages, et que la peine du voyage est moindre que celle qu'il faudrait iirendre pour acquérir les mêmes facilités dans un nouveau pays. Ils craignent l'eau, le froid et les mauvaises odeurs; ils aiment se tenir au soleil, ils cherchent à se gîter dans les lieux les plus chauds, derrière les cheminées ou dans les fours; ils aiment aussi les parfums et se laissent volontiers prendre et caresser par les personnes qui en portent ; l'odeur de cette jilanlc que l'on appelle llicrbe aux CJinls les remue si fortement et si délicieusement, qu'ils parais- sent trans]iortés de plai:>ir. fin est obligé, pour conserver cette ]ilante dans les jardins, de l'entourer d'un treillage fermé, les (ihats la sentent de loin, accourent pour s'y frotter, passent et repassent si couvent par-dessus, (pi'ils la détruisent en peu de tem(>s. CARNASSIERS. 201 « A quinze ou dix-huit mois, ces animaux ont pris tout leur accroissement; ils sont aussi en état d'engendrer avant l'âge d'un an, et peuvent s'accoupler pendant toute leur vie, qui ne s'étend guère ;iu delà de neuf ou dix ans; ils sont cependant trés-diirs, très-vivaces, et ont plus de nerfs et de ressorts que d'autres animaux qui vivent plus luni^tenips. « Les Chats ne peuvent mâcher que lentement et difficilement; leurs dents sont si courtes et si mal posées, qu'elles ne leur servent qu'à déchirer et non pas à broyer les aliments; aussi cherchent- ils de préférence les viandes les plus tendres; ils aiment le Poisson, et le mangent cuit ou cru; ils hoiveni fi'équemment; leur sommeil est léger, et ils dorment moins qu'ils ne font semblant de dormir; ils marchent légèrement, presque toujours en sik-nce, et sans faire aucun bruit; ils se cachent et s'éloignent pour rendre leurs excréments, et les recouvrent de terre. Comme ils sont propres et que leur robe est toujours sèche et lustrée, leur poil s'électrise aisément, et l'on en voit sortir des étin- celles dans l'ûbscnrilé lorsqu'on le frotle avec la main ; leurs yeux brillent aussi dans les léiiébi-rs, ;i peu prés comme les diamants, qui relléchissent au dehors, pendant la nuit, les lumières (bmt ils sont, pour ainsi dire, imbibés pendant le jour. » A ces détails, nous devons encore ajouter que non-seulement on a trouvé des momies de Chais dans les tombeaux de l'ancienne Egypte, mais qu'on en a aussi découvert à l'état fossile, et cela princi- palement dans des cavernes en Allemagne, en Angleterre, en Belgique et en France. En Angleterre, M. Mac-Enry a ligure un cùlé de manilibule trouvé dans la caverne de Kent. En Belgique, M. Schmei- liug, qui a rencontré des ossements de Chats en assez grande abondance dans les cavernes des envi- rons de Liège, a encore trouvé à distinguer, d'après un côté droit de mandibule qui, comparée avec celle d'un Chat sauvage, lui a paru plus grande, et même avec quelques particularités différentielles, un Fd'is cnlufi miifiniis et un Fciiscaliis niiiuitus, dont il a obtenu des têtes entières et plusieurs au- tres ossements, sans penser aux variations de taille individuelle ou déterminées par les sexes, et qui, i-ertainement, dépassent souvent celles qu'il indique entre ses Felis magnus et minutus. Enfin, M.M. .Marcel de Serre, Dubreuil et Jean-Jean ont encore porté plus d'attention â leur Fciis calus fcnix. ]iiiisque dans leur ouvrage ils ont consacré plus de quatre pages in-i" à énumérer les ossements dr (Jials qu'ils ont trouvés brisés, épars péle-méle dans le limon de la caverne de Lnnel-VicI, en en don- nant des mesures linéaires et en établissant leur comparaison avec un Chat sauvage tué aux environs de ISéziers. Plusieurs espèces de Felis sont assez voisines du Chat domestique, pour être quelquefois réunies avec lui; telles sont : 20. CHAT OAKTl':. FEUS ilAKICULATA. Biipi cl. Temmincli. Cahactères spécifiques. — Pelage d'un gris fauve, avec la plante des pieds noire; sur la tète il v a sept ou huit bandes noires, arquées, étroites; queue longue, noire au bout, avec des anneaux rap- prochés de cette couleur; ligne du dos noire; parties inférieures blanches, nuancées de fauve sur la poitrine; lace externe des pieds de devant.offrant quatre ou cinq petites bandes transversales brunes : face interne, avec deux grandes taches noires; cuisses avec cinq ou six petites bandes. A peu près de la taille du Cliat domestique. Cette espèce, que quelques auteurs ne regardent que comme une variété dn Felis caln.'!, habile l'Egypte, et probablement toute la partie septentrionale de l'Afrique. 21. CHAT HNtlK. ri-l.l!; rM).\TA. A. G. Dfsmarcsl. Caractèiies spécifioues. — Pelage d'un gris mat. avec (!<• nombreuses petites bandes noirâtres, un peu allongées, de la taille du Chat domesti(pie. Un ne possède pas de description com|dète de cette espèce, dont \c pelage, ainsi que le lait nh- server G. Cuvier, présente plutôt des ondes que des taches. Il se trouve dans l'ile de Java. 2U 20-2 lllST(HliE NATlini'IJ.!;. Hii individu di' (l'Ile cspèio a paru, on 1842, à la MiMiayeiiiMlu Museiini, cl M. lioitard a donruî ■iiir lui les observations suivantes : « Un carartère des plus extraordinaires et que je ciois presque unique dans le genre des Chats ma été oiïerl par <'et animai : il a les pieds palmés, et la PKMnbraiie qui léuuit les doigts s'étend jusqu'à l'extrémité des idialauges nnguéales. On doit eu déduire par analogie qu'il habite le bord des eaux et des marais, et que ses habitudes le rapprochent du Lynx des marais. Je ne connais que l'Ocelot qui offre une particularité analogue à celle-ci; mais les mem- branes de ses doigts sont bien moins grandes, bien moins remarciuables que dans celuiii. i; 2'2. CHAT m: java FI:LIS J.WAXEASIS. a g. Dcsman-sl. Cakactkres si'Écii'iouEs. ^ Pelage d'un gris brun clair en ciessus et blanchâtre en dessous, avec quatre lignes de taches brunes allongées sur le dos, et des taches rondes épaisses sur les lianes; une bande transversale sous la gorge, et deux ou trois autres sous le cou. A peu prés de la taille du Fvlis cdlii.i. Cette espèce, ;i laquelle on peut probablemeni rapporter les Friis Siimuliana, lIorsIicM. cl ni'i- iiiitn, Teinminck, le Kiiwiig et le Savnibi, et peut-être même l'e.Npéce précédente, le Fclis undaUi, provient des îles de Java et Sumatra. FiR. 9r>. - Cli:it (1p Hinr.1. 25 CHAT DU DIAUD. ;;;//.V lU.MlDU fi. Cuvi.-r. Caractères fn'ciFiQUES. — Fond du pelage d'un gris jaunâtre; dos et cou semés de taches noires formant des bandes longitudinales; d'autres taches descendant de l'épaule en ligues perpendiculaires -^ Cliicn écossais. Hi.1 ■\ Àfâ ^' \k'^^f Aguara rayé. l'I il. CARNASSIEUS. 203 aux précédentes, sur les cuisses et une partie des lianes, à anneaux noirs, et centre gris; des taches noirâtres et pleines sur les jambes; queue à anneaux nuageux. Longueur de la tète et du corps, 0'",25; de la queue, O"",?». Habile Java. 24. CHAT KEGRIÎ. D'Azarj. FEUS AMEItlCAXA Ben;:!. Cahactères spécifiques. — Pelage entièrement noir Un peu plus grand que notre Chat sauvage; car sa tête et son corps ont 0'",65 de longueur, et sa queue 0"',45. Ce Carn:issier, le Fclis n'uirilia, Boitard, qui est loin d'être suflisamment connu, se trouve dans l'Amérique méridionale, principalement dans les provinces de Maldonado et de la l'iata. 25. EYRA. D'Azara FEI.IS EYItA A G Desmarosl. CAnACTKiiEs si'ÉciFiQUES. — Pelage roux clair partout; une tache blanche de chaque coté du nez, ainsi que la niàchoiie inférieure et les moustaches; queue plus touffue que celle du Chat ikiniestique; prunelle ronde. Longueur de la tête et du coips, 0"',5i; de la queue, 0'",29. y Ce Chat est très-doux, d'un caractère gai, et il .s'apprivoise très-facilemenl. Il vit dans les forêts du Brésil et du Paraguay. Le Chat domestique, ainsi que quelques-unes des espèces que nous venons de décrire, ont une certaine utilité dans l'industrie : ainsi leurs peaux forment une branche assez considérable du com- merce de la pelleterie; et l'on en prépare des fourrures. L'Espagne en fournit beaucoup; mais la plus grande quantité de ces peaux se tire du Nord. La Bussie en vend, non-seulement à l'Europe, mais encore aux Ciiinois, grands amateurs de fourrures. Le poil du Chat d'Angora, ainsi que celui du Lapin d'Angora, est susceptible d'être filé : on en fait des gants, etc. On emploie les boyaux de Chats pour faire des cordes à violon, et notamment des chanterelles. C'est auprès de cette espèce et des précédentes que l'on doit probablement ranger le Filis crilii, dont M. Liind a signalé les ossements fossiles comme trouvés dans les cavernes du bassin de Hio das Velhas, au Brésil. B. RACES TYPES. t. D'AFRiyUE. 20. r.llAT DE IX CAFRF.till;. iri.lS (AFIH. A. G DeMiinrcsI. CAiiACTiiiiES .SPÉCIFIQUES. — PcLigc d'uu gris fauve en dessus; paupières supérieures blanchâtres, gorge entourée de trois colliers; lianes mar([uès de vingt bandes brunes Iransversaics; huit bandes noires traversant les pattes de devant, et douze celles de derrière; queue longue, à (|ualre anneaux bien marqués, et terminée de noir. Cette espèce, que Lessou regarde probablement à tort comme la même que le rdis nigripcs, Burchell, se trouve en Cafrerie, d'où l'a rapportée Delalande. 204 lUSTOllŒ NATURELLE. 27. CHAT OBSCUR. Fi;i.lS ODSCIUA. A. G. Dosmarcst. CAn.^CTÈuFS SPÉCIFIQUES. — Pelage d'un noir un peu roussûlre, avec des bandes transversales d'un noir loneé. et très-nombreuses; sept anneaux à la queue. i'Ius grand que le Chat sauvage, et presque de la taille du Si'rval. Ce Carnassier, que Vr. Cuvier nommait le Chai noir (tu Cap. liabite l'Afrique australe; il est d'un naturel très-doux. La Ménagerie du Muséum en a possédé un individu vivant qui était libre et très- privé. 2. D'ASIE. 2S. CHAT A COI.l.II'.U mi.lS rolIQUATA. Vr. Cuviur. Caractères spécifiques. — Pelage d'un gris l'auve en dessus, blanc en dessous; front marqtié de (piatre lignes longitudinales brunes; joues n'en présentant que deux; un collier sous le cou et un au- tre sous la gorge; des taches brunes et allongées s'étendant sur le dos; pieds et ventre mouchetés de brun; queue brunfltre, avec des anneaux peu apparents. V\g. 97. — Cliot (lii Bengale. Celte espèce se trouve au Bengale; sa synonymie est assez compliquée, car c'est le même que le Chat du Népaui., Fr. Cuvier (Felis jycpalnisls, Vigors et llorsiield), et que le Chat nu ISeîigai.e {Fclis Beiigaliusis, A. G. Pesmarest), et probablement aussi le même que le suivant. CARNASSIEItS. . OQà 20. CHAT A TAI'.III'.S lll', IlOUlI.I.lv FEUS nVlllGIXOSA. Isidore Oc'aflrciy Siiiiil-llilaiic Caractèhes spécifiques. — Pelage d'un gris roussâtre en dessus et sur Ifs flancs, blain' en des- sous; dos marqué de trois lignes longitudinales; taches des (lancs de couleur de rouille, disposées en séries également longitudinales; taches ventrales noirâtres, disposées en bandes trausverses, irrégu- lières; queue de même couleur que le fond du pelage, mais sans taches. Taille un peu moindre que celle de notre Chat domestique; queue formant environ le tiers de la longueur totale. Ce Chat a été trouvé, par M. Bélanger, dans les bois de lataniers des environs de l'ondicliéry. L'on peut ranger auprès de ce Carnassier une espèce assez nouvellement décrite, le Felis moor- mensis, Ilodgson, du Népaul, qui est probablement le même que celui désigné sous la dénomination de CuAT DU Népaul. 5. DE LA MALAISIE. On range dans cette subdivision deux espèces particulières, que M. Hoislield a fait connaître dans le tome II! du Zooloijiial Journal: ce sont les Fciis planiccps et Tciiiniiiulcii, propre à Sumatra. 4. D'AMliRiyHE. A. ESPÎXES UMCOLORES. r.O. JAGUAI\UNDI. FEUS JAGVAliVXDI L^icépi.le A. G Ucsnwrosl. Cabactêhes SPÉCIFIQUES. — Pelage d'un brun noirâtre, liquele de blanc sali'; poils de la queue plus longs que ceux du corps: moustaches longues, marquées d'anneaux altcrnati\enH nt noirs et gris. De la taille du Chat domestique, et avant un peu la forme allungre du Cougouar. H habite le Paraguay, et probablement aussi le Chili. « Cet animal, rapporte D'Azara, qui l'a dé- couvert le premier, habite seul, ou avec sa femelle, les bords des f(jrèls, les buissons, les ronces et les fossés, sans s'exposer dans des lieux découverts. Il grimpe avec facilité aux arbres pour y pren- dre des Oiseaux, des Rats, des Micourés, des Insectes, etc., et il attaque aussi les volailles, s'il en liouve une occasion favorable pendant la nuit; car il est nocturiu'. Enliii, c'est un Chat sauvage, sans qu'on puisse en donner une meilleure idée que par cette dénomination, .le ne doute pas qu'on puisse le priver, parce que j'en ai vu un pris adulte qui se laissait toucher vingt-huit jours après. » C'est probablement à la même espèce qu'on doit rapporter le Felis Darwinii de M. Martin. Une espèce probablement voisine de celle-ci est le Felis clialijbcala, Ilermann, que l'on ne connaît pas bien, et que l'on suppose propre à l'Amérique. 51. CHAT sauvage m I.A NOUVELLE-IOSPAGNE. litiffon FEUS w/;.v;r.l.V/(. a g Oosmiicsl. Catiactères SPÉCIFIQUES. — Pelage d'un gris bleuâtre uniforme, moucheté de noir. D'assez grande taille. Cette espèce, qui est encore douteuse, a toutes les formes d'un Chat ordinaire, et la queue compa- rativement aussi longue que celle de cet animal; son poil, assez rude pour qu'on en puisse faire des pinceaux à pointe fixe et ferme, est d'un gris cendré bleuâtre, analogue à la couleur grise de la robe 'iOG iiisToinF; natireiip:. 'In C.IkiI des Chartreux, cl moucheli' de petites tatlies nuii'ilich. (l'est le Fclis ^'ova-llispan'uv, Seiiintz. Il habite le Mexique. n. ESl'IXES VEIiSlCOLORES. COLOCOI.O. hEI.IS COIMCÙLA. Fr. Cuvicr. Caractères spécifiques. — Pela!,fe lilaiie, plus ou moins içrisàtre, avee des bandes longitudinales flexiicuses, noires, et bordées de fauve; queue semi-auiielée, jusqu'à la pointe, de eereles noirs-Jam- bes, jusqu'aux genoux, d'un gris foncé. A peu près de la même grandeur que l'Oeelut. Il se trouve à Surinam, et, assure-t-on, également au Chili. D'après Molina, il habite les forêts, de même que le suivant, et tous deux se rapprochent des habitations pendant la nuit pour faire visite aux poulaillers et enlever la volaille : ils se nourrissent habiluellenienl ne Souris el d'Oiseaux. 53. GUIGUA. FEUS GUIGl'A. Molin.i. CAr,ACTÈm:s spécifiques. — Pelagi! fauve, marqué de laelies noires, rondes, larges d'environ 0'",ÛH, s'étendant sur le dos jusqu'à la queue. 11 est de la taille de notre Cliat sauvage et en a les formes. G. Cuvier pense que cette espèce ])()urrait bien n'être qu'une variété du Margay. Il habite une grande partie de l'Amérique méridionale, et parlicidièi'emént le Chili. 34. CHAT A VENTRE TACIIIÎ. FELIS CELIDOGASTEII. T.mniinck. CARACTÈnEs SPÉCIFIQUES. ^ l'clagc doux, lisse, court, d'un gris de souris, marqué de lâches plei- nes, d'un brun fauve; taches du dos oblongues, et les autres rondes; cinq ou six bandts brunes, demi-circulaires, sur la poitrine; ventre blanc, marqué de taches brunes; deux bandes brunes sur la face interne des pieds de devant, et quatre sur les pieds de derrière; queue brune, tachée de brun foncé; oreilles médiocres, noires à l'exlrémité; mouslaches noires, terminées de blanc. A peu juès de la taille du Renard; la queue un peu plus courte que la moitié de la longueur totale. Ses mœurs sont inconnues. Il se trouve au Chili et au Pérou. Ce n'est pas le même animal que le CJiai à vciiiri' lachcir de Geoffroy Saiiii-Ililaire. que Idii a quelquefois confondu avee lui. Nous pourrions encore indiquer quelques autres espèces de Chats qui ont été signalées dans divers ouvrages, soit sous des noms scientifiques, soit seulement sous de simples dénominations vulgaires; mais nous croyons qu'elles ne sont pas assez bien connues pour que nous en parlions ici. L'histoire ilii genre Chat, comm(^ le comprenaient les anciens naturalistes, sera, du reste, compléle parce que nous allons dire du groupe générique des Lipix, où nous donnerons en terminant un tableau des espèces, peut-être en trop petit nombre, admises par M. Temminek dans sa Monoçjraphtc des Felis. Nous avons indiqué un assez grand nombre d'ossements fossiles qui se rapportent au genre des Chats : les uns ayant appartenu à des espèces encore existantes aujourd'hui, et les autres à des es- pèces qu'on peut placer à coié d'espèces que nous décrivions. Nous en aurions |)eut-étre quelques autres à signaler encore; mais les uns, tels que les Felis smilodon, cultridcns,mfgantereon, trouve- ront plus naturellement leur place auprès des Lijiur: et les autres ne sont fondés que sur des débris CAfiNASSIEfiS. t)07 irop peu caractérisés pour que nous devions nous en occuper ; loulefois, nous nous arrêterons quel- ques instants sur les deux espèces suivantes : 1° Fclis (lundihlciUnla, De Blaiiivillc, propre au célèbre dépôt tertiaire de Sansans, et consistant en une portion de crâne, qui semble iudiqucr, dans sa partie vertébrale, une certaine ressemblance avec une petite Panthère, dans sa partie faciale avec le Lynx, et par le système dentaire avec !<; Guépard; 2° Fi'lis suh-llimalmjana, Taleonner et Cuntley, parlicidier aux monts Siv.dirks, et (pii offre un assez grand rapport avec le lilis viverr'nm. 5"- GENRE. — LYNX. LYNCUS. Gray, 1823. AuvÇ, Lynx. Annals uf philiisophiral, t. XXVI. CARACTERES GÉNÉRIQUES. Siisihiic dcnlmre : incisives, ^\ canines, \z\\ molaires. 'lij; en tolalilc viiifjt-liuil dents, c'est- h-diie qne la priile fanssc molaire anlérienre, celle pelilc dent placée contre et derrière la canine de la mâchoire snpérieurc chez les vrais Cliats, n'existe pas dans presque toutes les espèces. Taille moijenne. Oreilles lanjes et longues, souvent terminées par un pinceau de poils plus on moins épais et jihis on moins lon(fS. Jinnhcs élevées, et faisant paraître l'animal jdiis liant (pie le Chat ordinaire. Qnene /pivhinefois de nioijennc longueur, mais le plus habilue.llenient tr'es-courle . Fourrure ijénér(dentent plus longue que dans le genre précédent. Tels sont les caractères qui peuvent distinguer les Lijn.i: des Felis; quelques-uns d'entre eux sont (Ixes, mais il faut cependant avouer qu'ils ne sont peut-être pas assez importants pour permettre de former deux genres particuliers, car les Lynx, comme les Cliats, ont un air de famille com- mun, un faciès tout particulier, qui tend à les réunir, et ne permet guère de les séparer qu'artiliciel- lement. Dans un genre aussi nombreux que celui des Felis, il était bon d'établir peut-être (pu-lqucs subdivisions pour arriver jilus facilement à la distinction des espèces, et c'est pour cela que nous avons dit adopter les trois genres Guépard, Chat et Lijnx, qui, pour quelques naturalistes encore, ne forment que de simples subdivisions d'un même et grand genre naturel. Les espèces du groupe des Lynx présentent quelques particularités ostéologiques que nous allons signaler d'après ce qu'en dit De lilainville. Le crâne du (^aracal, qui commence la division des I-ynx, se distingue parce que la partie verlé- liiale de la tète est fortement arquée au clianfrein, le cnlmen étant interorbitaire. Il yn lésulte que 11' nez est très-déclive, et assez rapidement, ce qui concorde avec la grande brièveté de la face, (;».r, ou le placer parmi les b'cl'is? m plutôt ne dnji-on pas, à la niaiiidv de l.iiine, réunir ces deux groupes :;cuériques eu un seul el même genre ' Les mœurs des Lvnx sont les mêmes que celles des t^hats, c'esl-a-diie ipic ce sont des animaux ci ' 2' '210 IllSlOlUli .NATUmXLK. i|iii se iKiiirrissciil (\v i li;iii', Imii l,i cliasso aux Ruminaiils cl aiitics MamMHtV'i'j,'s iiiotlViisifs, ainsi qu'aux discaux, el se contciilenl (|uclquef(jis pour aliments de malicres plus ou moins pulréliées. ils oui les nicmfs ruses, et cniplDiciil les nièiiies moyens que les Fclis pour attaquer leurs ennemis, (lU piMir leur échapper. En parlant ilu Lynx ordinaire et de plusieurs des espèces américaines de ce i;enre, nous complélcrous les détails (|ue nous avons à donner à ce sujet. (Ml en (-(/niiait une ijuinzaine d'espèces qui se ti'ouvent répandues sur presque toutes les parties du nuiudc. L'Europe en compte plusieurs, mais elles y sont rares aujourd'hui; l'Asie en renferme (pu'l(|ucs-uiies, de même que l'Afrique, mais c'est surtout rAméri(|ue «lii l'un en a découvcrl un plus iiraud iiomlu'c; il n'y eu a pas eu Océanie. Malyre le [U'iit nondirc d'espèces de ce i,^'nie, nous croyons cependant, avec la plupart des auteurs, devoir y former trois subdivisions sous-génériques qui paraissent assez naturelles : d° Les Caiiacals, dont le, type est le Caracal, animaux à queue assez allongée, à pelage asseï ras el à pinceaux aux oreilles; '2" Les LïKx ou Chats iioités, tels qnv le Cliaiis el les Filis cai'Kjata cl iiihciiIkIh, (|iii, axec une (|ueue allongée, un pelage cciurl, cl de petits pinceaux aux oreilles, cuit des ( aiai lèrcs eomnuins aux Chats proprement dits et aux Lynx; 3" Lvixx l'r.orr.KMEM dits, à queue cnurlc; pelage épais el long, à pinceaux de puils plus uu nmius marques aux oreilles, el qui rcid'ernu'Ul la pliqiait des esjiéccs, comme notre Lijnx ordinaire, cl tous celles propres à l'Amérique. I. CARACALS. 1 CAIiACAL liiiriim. I-KLI:; C.iRACM.. Linné. Cakaltèkes si'Écii'iQUEs. — Dessus de la Icle, du euu el du dos, d'une couleur fau\c Icinle de brun, qui s'étend aussi sur les épaules; cotés du c(Ui et du corps, face externe des jamlirs ci des jiieds, d'une belle couleur Isabelle, excepté le haut de la face externe de l'avaut-bras et de la cuisse, qin est roussâtre; extremilé du museau, tour des yeux, une lacbe prés des coins (b la bouche, blancs; une petite bande blancbàire très-étroite, dirigée d'avant en arrière, située au-dessus de l'œil, de chaque I ôté du front; oreilles ayant leur face interne blanche, leur face externe noire, leurs bords blancs. cl leur bout garni d'un pinceau de grands poils noirs, el aiudogue à celui du Lynx ordinaire; men- ton, dessous du cou, face interne des jambes, blanchàlres, avec une teinle de fauve pâle; poitrine d'une couleur fauve terne, avec des taches brunes noirâtres; queue de couleur fauve roussfilre, ])lus longue que celle du Lynx ordinaire, dont cet animal rappelle la forme générale. Longueur de la léif et du corps, 0'",78; de la queue, (l"','27 Celte espèce est le Ly.vx de l'iine et des anciens; liuffon l'a fait conuaiire sous- le muii de (jaracal, Aldrovande sous celui de Ly.nx africai.n, el vulgairement les voy;igeurs lui donnent les dénominations de Lï.xx CF. RARr.Aiii;; el de Lï.nx du Leva.m : c'est le Siiifiunsli des Persans. I'.i)(((/i-c/-.lnv/ des Ai'a- bes, le Kum haluch des Turcs. Le Caracal habile la Nubie et l'Abyssinie, en Afrique, et, en Asie, on le rencontre dans l'itulc, m Perse et en Turquie, d'où il .s'étend même en l]uro|)e; enfin, ou assure qu'on le trouve également au l'ii'iigale. Suivant les divers pays qu'il habite, son pelage présente quelques modilications; aussi a-t-on quel((uel'ois cherché à fiu'mer à ses dépens [ilusienrs (spéces particidières, qui, toulefois, lu' paraissent pas devoir être adoptées. Néaniuoins. Uuis les naliiralistes s'accordent pour distinguer plusieurs variétés deCaracals, dont trois principalement sont bien caractérisées; ce sont : A. CAi'.vcAi. n'Ai.(,Kn. liruce. Iluffun. Fiiis caraïul Alrjiiicus. Lessoir. Vyanl pour caraeléres ; point de pinceau au boni des oreilles; poil de couleur roiivsàlre, avec des TAnNASSIERS. 211 l'aies long'itiidinnlos noiivs (Ippiiis li' cou jusqu'à la qucuo, ol des taches séparées sur les lianes, posées dans la même direcliofi; uue dcmi-ceintuie noiie au-dessus des jambes de devant; une bande de poils rudes sur les quatre jambes, qui s'étend depuis rcxtréniité des pieds jusqu'au-dessus du tarse, ce poil étant retroussé en haut, au lieu de se diriger en bas comme le poil île hjiil le reste du corps. Habile i'AIVique seplenliiouale. D. CAFACAL DE NUBIE. Brucc. fiuffon. Fclis caracal Nubiens. Lessnn. Ayant pour caractères : tête plus ronde que celle du Caracal d'Alger; oreilles noires en dehors, mais semées de poils argentés; point de croi\ de Mulet, que possèdent la plupart des Caracals d'Alger; poitrine, menton el intérieur des cuisses, marqués de peliles taches fauve eiaii'. et non jKis brunes noirâlres. Se trouve en Nubie el en Arabie. C. cAnACAi. DD BENGALE. Rdwards. Buffon. Fetis caracal Bctifjatcnsis. Lesson. Offiant les couleurs du pelage analogues à celles des variétés précédentes jiour leur disposilinu, queue dépassant les talons en longueur, et descendant jusqu'il terre, ce qui ne se remarque pas habi- luellenient chez les Lynx, mais chez les Chats proprement dits; pattes longues, l'atrie, le Bengale. Lt Caracal parait être le Lynx des anciens; les Grecs l'avaient consacré à Bacchus, et ils le repré- sentaient souvent attelé au char de ce dieu du paganisme, l'iine en raconte, suivant sa coutume, les choses les plus merveilleuses; selon lui, il avait la vue si perçante, qu'il voyait facilement ;'i travers les murailles; son urine se pétrifiait en une pierre précieuse noninièe lapis tijncur'nis, qui guérissait une foule de maladies, etc. Il vit de proies proportionnées à sa taille, et suit, dit-on, les grands ani- maux de la même famille que lui, et surtout les Lions, pour recueillir les débris de leurs re])as. Celle sorte de sociélé lui a fait donner le nom de Cit'idc ou de Ponrvoijcur du Lio», parce (pi'on supposai! (|ue ce dernier, dont l'odorat n'est ]>as très-lin, s'en servait pour éventer de loin le gibier, diuil il partageait ensuite avec jui la dépouille. Quoi qu'il en soit, il a les mœurs et les habitudes du Lynx ordinaire; il attaque d'assez grands animaux, tels que des Gazelles, diverses Antilopes, etc.; lorsqu'il s'empare d'une Gazelle, il la saisit à la gorge, l'étrangle, lui suce le sang, et lui ouvre le crâne pour lui m;mgi'r la cervelle: après quoi il l'abandonne pour en chercher une autre. Bu reste, ciunnie It- Lynx ordinaire, pris jeune, il s'apprivoise assez bien, sans néanmoins perdre son goût pour la lib( rté. Buffon rapporte ((u'on peut le dresser à la chasse, qu'il aime naturellement, et à laquelle il réussit irès-bien, pourvu qu'on ait l'attention de ne le jamais lâcher que contre des animaux qui lui soient inférieurs, el qui ne puissent lui résister; autrement, il se rebute et refuse le service dés qu'il y a du danger : on s'en sert, aux Indes, pour prendre les Lièvres, les Lapins, et même les grands Uiseaux, (|u'il surprend el saisit avec une ardeur singulière. H. LYNX BOTTÉS. CATO-LYNX. Pallas. 2. LYNX BOTTI^. FRI.IS CAUGATA. linicc. Tcmminck. Caractèhes SPÉCIFIQUES. — Oreilles grandes, rousses en dehors, à pinceaux bruns, lrè>-courls; |ilante des pieds el derrière des pattes d'un noir profond; milieu du veiiire et ligne moyenne de la poitrine el du cou d'un roussàtre clair; parties supérieures du pebige d'un fauve ninince de ^ris et parsemé de poils noirs; cuisses marquées de bandes peu distinctes, d'un luiin claii'; deux bandes d'un nuix chiir sur les joues: queue, grêle, de la couleur du dos à la base, tei minée de noir, avec trois 'JI2 IlISTOlUr: NATIT.ELLE. .111 quali'i' ilrini-;iiiniMii\ \ets le lidi.'t, si-|m;'i's pai' des inlcrvalli's d'un lihiiu |iliis un iiKjiii-; |iiii'. l.ipii- ylieiir de la It'lc cl du ((.l'iis, 0"',(i'2; de la f|iliMi(', 0"',rj7. Celle espèce est itcnl-rli'i' la nu'iin' (|iir le h\'Hs Lib.jciis, d'n|i\ifi', ci qncKiiics auteurs la rciiins- seiil non-soulcmciit au Cluvr a oklili.iis r,iiissi:s de Vv. (aivicr, mais uicnic au Cliaits, ihjiit nous allons palier, et qui en diffère tepeiidant. De lllaiiiville y réunit aussi le Fcli.s bidnistes d'Kijypte. Le Lynx bollé habite l'Afrique depuis rK|,'yple jusqu'au eaj) de Bonne-Espérance, et les parties méridionales de l'Asie. Au rapport de Bruce, « cet animal habite le Bas-el-l'ecl, en Abyssinie, et, lout petit ([u'il est, vit liéremeiit parmi ces énormes devastaleurs des forets, le Rhinocéros et l'Elé- phant, et dévore les débris de leur carcasse ipiaiid les chasseurs ont pris une partie de leur chair, mais s;; principale nourriture consiste en Pintades, dont ce pays est rempli. Il se met en embuscade dans les endroits où ellis vont boire, et c'est là que je le tuai. L'un dit (pie cet animal est assez hardi pour se jeter sur l'honinK s'il se trouve |)ressé par la faim. Quchpui'ois il monte sur les j^ros arbres, d'antres fois il se couche sous les bnisscuis; mais, à l'epnipic nii les Mcjuches devieunent trés-inconi- modes |)ar leurs ]ii(|ùres, il s'enfonce dans les cavernes, ou bii'u il se ii'rie )■ 5 CILM'S ou I.YNX DICS M.^BAIS hl-I.IS CIIAVS. Guldenslaol. Cah.^ctèp.es spécifiques. — Jandjcs longues; museau obtus; une bande noire depuis le bord anté- rieur des yeux jusqu'au nuiseau; dos, cou et devant des ])ieds, d'un i;ris sale; ventre d'un blanc sale, taihelé de roux; iris jaune; dessous des yeux, ainsi que les côtés du museau, d'un roux brun, qui s'étend, mais avec une teinte^ plus foncée, sur l'extérieur des oreilles; dedans de celles-ci rem]>li d'un poil blanc trés-lin, leur pointe terminée par un petit bouquet de poils noirs; queue de la couleur du dos dans sa première moiiié, et variée d'anneaux noirs et blancs dans le reste de sa longueur ; le bout de cet oryane noir, avec deux anneaux de la même couleur qui en sont rapprochés; des niar((ues ou laies noires foimant en «pielque sorte, sur le ilei'riére et au bas desj;imbes, des bottines plus longues à celles de derrière qu'à celles de devant. Longueur de l;i léie et du ccups, (l,Go; de la queue, variant de 0'",2I à ir,U. Le Chaus est le Lv.nx dûtté de Bruce, le (Iahac-vl de Lïbie de Buffon, le Felis Lijb'icus. (>li\ier, et vulgairement le Lv.nx des si.vr.Ais. C'est le Diluija kuschka des Russes, le Kir mijscliak des iartares, le Hloes-ficilu des Tcherkasses. i,e Chat a oni:ii,[.i:s housses de Fr. Cuvier n'est, selon quebpies auteurs, qu'une variété du Chans, à pelage plus pâle, à bandes moins apparentes sur le corps et sur les jambes, et à queue plus annelée. On ne compte que deux on trois anneaux noirs au plus à la queue du Chaus, tandis qu'il y en a au moins cinq complets à celle du Chat à oreilles rousses. G. Cuvier pense que, si ce Chat n'est |)as une espèce disiiucii', on doit le rapporter au Lynx ganté que nous avons précédemment étudié; mais, ainsi que certains naturalistes, nous n'avons pas cru devoir adopter cette opinion. [jC Chaus habite les vallées du Caucase, selon Guldenstaedt; r.\byssinie et la Nubie, suivant Bruce; Olivier l'a vu fréquemment aux environs du lac Maréotis, en Egypte; et Et. (Geoffroy Sainl-Ililairc l'a rencontré dans une des Iles du Ml; mais c'est surtout sur les bords du Kiir et du Terck ([u'il est le plus commun. Ce Carnassier préseule nue parlicuho ile assez rcmarqu;ible parmi les animaux de la liibu îles Ee- liens, c'est d'être un excellent nageur, d'li;i!iiter de préférence dans les endroits marécageux et sur les bords des fleuves, et de se plaire ])rincipaleinent dans l'eau, où il est sans ( esse occupé à faire la (basse aux Canards cl aux Oiseaux aqiialiques, et aux Reptiles, ainsi ((u'aux Am|)hibiens, et venant même, assure-t-on, à bout de s'emparer des Poissons en plongeant sous l'eau. Le nom de Cliaits, que nous lui avons conservé, était celui que les anciens Latins employaient pour désigner le C;iracal. •i. I.V.N.X tiUl'.K. I F.I.IS ClinySOTIiniX. TeinmiiRk. Caractèbes SPÉCIFIQIES. — Oreilles courtes, arrondies, noires en dehors, roussàtres en dcilans; CARNASSIEHS. 2! 5 pelage Irt-s-couit, luisant, (l'un i(jiir;v liai iirs-vil', sans laclics sur les parties supérieures, avee quel- ques petites laelies hiunes sur les lianes et le ventre: eu dessus d'un blanc roiissàtre; pattes d'un roux doié; queue avee une bande brune tout le loni; de la ligne médiane, et le bout noir. Longueur de la tële et du eorps, 0"',00; de la queue, 0'",5r.. O n'est qu'avec doute que nous plaçons ici cette espèce, qui est loin d'être connue suffisamment, (pie M. Temminck a aussi désignée sous le nom de Felts uiirata, et dont on ignore la patrie. C'est à l'exemple de M. Boitard que nous l'avons rangée parmi les Lynx, mais nous avouerons qu'elle ne diffère pas très-notablement des Chats pro])rement dits. C'est dans la subdivision des Lijnx boites que l'on range généralement le Felis mmiiciilaia, que certaines considérations nous ont engagé à laisser dans le vrai genre Fclis, auprès du Fclis cattis. C'est peut-être encore dans le même groupe que nous devrions décrire le Felis lomficaudata. indi- qué par De Blainvilie dans son Ostéograpliie; mais nous ne croyons pas cet animal assez connu et ass(Z important pour nous en occuper dans un travail aussi général que le n(Jlrc. III. I.YNX ITIOI'ISEMI'M' DITS. f. ESPÈCES DE i/ANClEN liONTlNENT. ") PARDE. VEUS PMIDIXA. Okeri. Tunimincli. CAiiAf.TKRi^s SPÉCIFIQUES. — Pclagc court, d'un roux vif et lustré, parsemé de nièciies ou taches lon- gitudinales d'un noir profond, avec de semblables tâches sur la queue; joues avec de grands favo- ris; queue plus longue proportionnellement que celle du Lynx ordinaire. Taille du Blaireau. 11 habite les contrées les plus chaudes de l'Europe, telles que le Portugal. l'Espagne, la Sicile, la Sardaigne, la Turquie, etc.; il est rare partout, et a les mêmes mœurs que le Lynx ordinaire, avec lequel il a été longtemps confondu D'après G. C.nvier, il porte le nom de Luiip-ccrvicr des four- reurs. C. I,YNX ou LOUP-CEHVIER. I-EI.IS tl.V.V. I.iiiiiû, C,\RACTi";nF,s sprxiFiQUES. — Coi'ps gros, assi z élevé sur les jambes, qui sont très-fortes; tête grosse, arrondie; nez et chanfrein peu révélés; oreilles pointues, terminées par un pinceau de longs poils; dessus de la tète et du dos. flancs, face externe des quatre membres, pieds postérieurs, partie supé- rieure de la queue, d'une couleur fauve, rouss;itre et presque éteinte, mêlée de blanc, de gris, de brun et de noir, parce que ces diverses couleuis terniinent les poils; le brun et le noir formant de petites taches, et prcs((ue des bandes le long du dos et des lombes; les taches brunes étant plus ap- parentes qu'ailleurs sur les épaules et sur les cuisses, et les noires sur les lèvres, à l'endroit des moustaches, sur ravanl-bras et le devant de la jandie; nieuton, gorge, dessous du cou, poitrine, ventre, face interne des niend)i'es et face intérieure de la queue, d'un blanc mêlé d'une légère teinte de fauve et de quelques taches noires, principalement sur la face interne de l'avant-bras; bords des paupières noirs; poils des oreilles blancs en dedans, d'un fauve très-clair sur les bords, blanchâtres à la base de la face externe et noirâtres au bout, avec un pinceau de grands poils allongés et noirs; queue noire à son extrémité dans une longueur de ^".OT; doigts des pieds trè.s-velus; pelage très- doux au toucher; queue courte, noire à rextièniité. L(Uigueur de la tête et du corps variant entre 0'",75 à 0'",90; celle de la queue ii'alteignanl pas 0'",11. On trouve des variétés de cette espèce qui mit des taches et bandes ninins foncées, la queue 21i IlISTOir.E -NATLIIELLE. rousse, avpc le bùiit noir; tuiil lo dessous du coi'ijs blanchâtre, el la l:iilli' plus petite; tel est le Felis rnfa de Panuant. Fischer en cite aussi une variété tout à fait blauciiatre. Les Latins paraissent avoir connu cet animal, et ils l'ont indi(|ué sous les noms de Chaîna, de Clients et de Lupus cervnriiis; car, ainsi (pie nous l'avons dit, c'est au Serval (pie doivent réellement s'apprupu-r les dénoniiiialions de A'jv^ et de Lynx, données par les anciens. C'est le ]Var(iclue ou le Lo des Suédois, le Los des Danois, le Goupc des \orw(\^iens. le %s ostrowidi des l'olonais, le Ihjs des Russes, le Sijlausin des Tartares, le Polzclwri des Géorgiens, et, enlin, le Lynx ordi- naire des auteurs, et le Loap-cirvicr des fiiurreiirs. Tliiinberg avait formé, aux dépens du f-ynx, une espèce (ju'il nommait Felis liipidinus. I.e Lynx se trouve dans toutes les parties septentrionales de l'ancien monde. Il paraît (pie du temps des Romains il était assez commun dans les Gaules, d'où on en amenait en assez grand nombre pour les jeux du ciripie de Rome; aujourd'hui il est très-rare en France : cependant on eu rencontre encore (|iiel(|uefois dans les Pyrénées et dans les Alpes, d'oii il descend parfois dans nos iléparlemenis méri- dionaux. On le prend aussi en Espagne; mais il est plus commun en Allemagne, et surtout dans les pays du Nord, où sa fourrure fait un objet de commerce assez étendu. Il habite également les forêts du Caucase et de l'Asie. Riiff(ui a donné d'intéressants détails sur cet animal, etnous croyons devoir les reproduire ici ; «Notre Lynx, dit-il, ne voit pointa travers les murailles, mais il est vrai (ju'il a les yeux brillants, le regard doux, l'air agréable et gai; son urine ne fait pas des pierres précieuses, mais seulement il la recouvre de terre, comme font les Chats, auxquels il ressemble beaucoup, et dont il a les mœurs et même la |)ropreié. 11 n'a rien du Loup ([u'uiie espèce de hurlement, (|iii, se faisant entendre de loin, a drt iiumper les chasseurs et leur faire croire (pi'ils entendaient un Loup. Cela seul a peut-ùlre sufti pour lui faire donner le nom de Loup, aufiuel, pour le distinguer du vrai Loup, les chasseurs auront ajouté Tépitliète de cervier, parce (pi'il attaque les Cerfs, ou plutôt iiarce que sa peau est variée de taches ;i peu près comme celles des jeunes Cerfs, lorsqu'ils ont la livrée. Le Lynx est moins gros que le Loup, el plus bas sur jambes. Il est communcment de la grandeur d'un Renard. Il ne diffère de la Panthère et de l'Once que par les caractères suivants ; il a le poil plus long, les taches moins vives et mal terminées, les oreilles bien plus grandes et surmontées à leur extrémité d'un pinceau de poils noirs, la queue beaucoup plus courte et noire ;i l'extrémité, le tour des yeux blanc, et l'air de la face pins agréable et moins féroce. La robe du mâle est mieux manpiée que celle de la femelle : il ne court pas de suite comme le Loup, il marche et saute comme le Chat ; il vit de chasse et poursuit son gibier juscju'à la cime des arbres; les Chats sauvages, les Martes, les Hermines, les Écureuils, ne peuvent lui échapper; il saisit aussi les Oiseaux; il attend les Cerfs, les Chevreuils, les Lièvres au passage, el s'i'lance dessus; il les prend ;'i la gorge, et. lors([u'il s'est rendu maître de sa victime, il en suce le sang et lui ouvre la tête pour en manger la cervelle, après quoi souvent il rabaiidoniie pour en cher- cher une autre : rarement il retourne à sa première proie, et c'est ce qui a fait dire que de tous les animaux le Lynx était celui qui avait le moins de mémoire. Son poil change de couleur suivant les ilirnatstît la saison; les fourrures d'hiver sont les plus belles, meilleures et plus fournies que celles de l'été ; sa chair, connue celle de tous les animaux de proie, n'es! jias bonne ;i manger. » .\joutons que le Lynx se place quehpu'fois eu embuscade sur une des basses br;Miches des arbres, pour s'élancer de là sur un faon de Renne, de Cerf, de Daim ou de Chevreuil; il lui saute sur le cou, s'y cramponne avec ses ongles, et ne h'iche que lorsqu'il a abattu sa proie en lui brisant la première vertèbre du cou; il lui fait alors un trou derrière le cr;iue el lui suce la cervelle par celte ouverture. Rarement il attaque une autre partie des grands animaux, l'i moins (pi'il n'y soil poussé par une faim excessive. On en a de temps en temps dans nos Ménageries, et il y vit assez longtemps. Pris jeune el 6levé en captivité, il s'apprivoise assez bien et devient même caressant, ce qui ne rcmpêclie pas de re- prendre sa liberté dès qu'il en trouve la plus légère occasion. Comme le Chat, il est d'une excessive propreté et passe beaucou]) de temps ;i se nettoyer et ;'i lisser son pelage. On a indique un assez grand nombre d'ossements fossiles propres à divers terrains et ;i divers pays, que De Blainville croit devoir rapporter, au moins provisoiremenl, au Felis lynx ou lyncoïdcs. En effet, sauf quelques légères différences dans les dimensicuis des dents des m;"ielioires inféiieures, sur lesquelles sont établis les Felis aniediluviana, Issiodorcnsis, hrevirosiris, Fnyilioliensis el Snval, ILMINASSIEII^;. 215 toiilcs CCS |iicli'ii(liics cs[iL'ccs indiquent seulement uni^ grande espèce de Ijjnx. Sans adopter com- ]ilelenii'iit l'opiMiiin de De L)lain\ille, nous dirons (jnei(Hics mois de ciiaciin de ces fossiles : I" /'"(7(.s- (tulcdilnviana, Kanp. — Fondé sur un fra,^nicnt de mandibule et sur deux molaires très- iiieoinpiétes qui y sont à peine implantées, indiquant un animai de la taille d'un petit I,)nx, et provenant du célèbre dépôt d'EppcIslicini. 2" FcUs Issiodorciisis, Croizet et Joberl. — l.es (Vagmenis qui se rapportent à cette espèce sont plusieurs débris do mâelioircs inférieures, une vertèbre atlas et une vertèbre dorsale, des humérus, iMi cubitus, un radius, un fémur, des os mélalarsiens et quelques phalanges, recueillis dans les terrains meubles des environs d'Issoire, en Auvergne, et qui semblent se rapprocher du I.ynx dti Canada. 5" Felis brcviroslris, Croizet et Jobert. — Créé |irincipalenicnt sur des débris de mandibules, dont I une est caractérisée par la brièveté de la barre qui sépare la canine de l'alvéole de la première molaire et qui est très-courte. Le Fdis Pvricri, Croizet, se rapproche un peu du Felis brevirostns, et a été trouvé dans les mêmes localités. i" Felis Enfiilwlicnsis, Schnierling. — Cette espèce ne repose que sur les considérations de (piel- (|ues dents et d'un fragment d'humérus, cl ne semble pas différer du Lynx : elle provient de la ( a- verne d'f^ngilhoul, jirès de Liège. 5° Felis serval, Marcel de Serres, Dnbreuil et Jean-Jean. — C'est de la caverne de Lunel-\iel (|ue proviennent les ossements assez nombreux rapportes an Serval par les auteurs que nous venons de nommer, mais que De Blainville est tenté d'indiquer comme apparlcnanl plutcjt au Lynx. 7. LY.NX UE MOSCOVIE. l-liLlS CftlVAIilA. Tcmminck. CAi\ACTi;RES SPÉCIFIQUES. — Moustaches blanches; pinceaux des oreilles courts, et manquant même quelquefois; pelage d'un cendré grisâtre, brunissant sur le dos; fourrure iine, douce, longue et touf- fue, surtout aux pattes, avec des taches noires dans l'adidte, brunes dans le jeune âge; queue coui(iue, plus longue qne la tète, à extrémité noire. Taille à peu prés semblable à celle du Loup. Celle espèce, qui poilc vidgairement les noms de Cui:i,\so.n, de Cnurox et de Lv^^ ve Moscovii;, que Thunberg nommait Felis lupus, et Drisson Catus ccrvarius, et qui est le lial-lo des Suédois, a été longtemps confondue avec le Lynx ordinaire. On le trouve dans le nord de l'Asie, et il a les mêmes muMirs que les espèces précédentes; mais .sa grande taille et sa force le rendent plus redoutable pour le gros gibier, et il attaque les Chevreuils adultes, les jeunes Cerfs et autres Ruminants de cette grandeur. 8. MANOUL ou Jl.\NL'l-. IbLIS MAM^L. l'.illas. CARACTÎiRKS SPÉCIFIQUES. — Pelage d'un fauve roussàlic uiiil'ornie, tiès-loidl'u et très-long; deux points noirs sur le sommet de la tête; deux bandes noires parallèles sur les joues; museau très-court; queue touffue louchant à terre, marquée de six à neuf anneaux noirs. Taille du lienard. Ce Carnassier habite les steppes déserts et rocheux ipii s'étendent entre la Sibérie et la Chine. Il parail qu'il ne se plaît pas dans les bois, où il n'entre jamais, et qu'il préfère les pays stériles et hérissés de rochers : aussi n'est-il pas rare dans la Daourie et dans toutes les contrées comprises entre la Mer Caspienne et l'Octan, au sud du cinquanledeLixiénie degré de longitude. C'est un animal nocturne qui ne sort que la nuit du trou de rochei' oii il dort pendant le jour, pour aller faire la chasse aux Oiseaux et aux petits Mammifères dont il se nourrit, mais c'est principalement aux Lapins qu'il fait une guerre aussi acharnée que cruelle. 216 iiisTiiiisi'; inatlt.i:lli:. 11. ESPÈCES D'AMÉRIQUE. 1 DE L'AMÉUIQUE SEPTENritKiN.Vl.i:. '.1 I.Y.NX DU C.\NAll.\. l:iiH(.ii. /7:/,/.s (WADESSIS. Kl. (jcoriiiiy S.iiiil-lliliire. CAr.ACTKRES SPÉCIFIQUES. - Corps couvert de loni;s poils i;ris;itres inrlés tic [xiils l)laiics, mou- (lielé et rayé de fauve phi.s ou moins foncé: tête giisAlre, mêlée de poils blancs et de fauve clair, et comme rayée de noir en qnelrpies endroits; bout du nez noir, ainsi que le bord de la ma clioire inférieure: poil des moustaches blanc, lonj; d'environ 0"',07; oreilles i;aruies de yiands poils blancs en dedans et de poils un p(ni laiivcs sur le rebord, et gris de souris sur la lace poslé- rieure, dont le bord externe est noir; pinceau des oreilles c(unposé de poils noirs, <■! long de deux centimètres environ: queue grosse, courte, même plus que dans le Lynx proprement dit, bien fournie de poils noirs depuis l'extrémité jusqu'ù la moitié, et ensuite d'un blanc roussâtre; dessous du ventre, jambes de derrière, intérieur des jandies de devant, et les qiiali'e extrémités des pattes d'un blanc sale; ongles blancs, et longs de l'",01. Cette espèce est le Lvnx nu Canad.v cl uu Mississiri, deRufton; c'est aussi le Fclis I>orciiHs, lîlum- bcrg, Temminck, et le Lv.\x on Suède. 1'ji effet, ce i^ynx ap|iartieiit eu lucmc temps à l'IJnupc et à l'Amérique : on le rencontre principalement dans les régions circumpolaires, en Suède, en Lapoijie, aux Etats-Unis, dans la baie d'iludson, au nord des grands lacs et des mrmtagnes Rocheuses. Il a les mêmes mœurs que les autres espèces, et change un peu de pelage suivant la saison. 10. I,V.N.\ li.\l ou CII.ST-Cl'iliVlEU. I i:i.l^ IIIFA liuMciislic.ll CAHACTÈnES srÉciFiQi'Es. — Pclagc d'uuc couleur générale d'iui roux clair, plus libuK lialic sur les parties inférieures du corps, principalement sous la poitrine, où il est tout à fait blanc, ;ivec un grand nombre de taches et d'ondes assez petites et de taille différente, et disposées assez irréguliè- rement; ligne dorsale noirâtre, et dessous du cou roussàlre; tête de la couleur du pelage eu géîu'ral; oreilles assez grandes, noires eu dessus, avec une l:iclie ccntr.dc blanche, d'une teinte roux chiir en dedans, et à pinceaux de poils trè.s-peu marqués; yeux jaune verdàtrc ; uiz gros; moustaches peu épaisses, blanches; pattes roussàtres à l'extrémité, noires en dessous, avec des ondes brunâtres, légères; queue courte, très-grêle, roussàlre, avec des anneaux gris et noirs, et un petit anneau ter- minal blanc. D'après les auteurs, le pelage est roussàlre eu été et d'un brun cendré en hiver. Lon- gueur du corps et de la léic. 1"',")'), siu' lesqiu'ls celle dernière mesure environ ri"',^!!: longnenr de la queue. 0'",15. Cette espèce est le Cluit-ceiv'icr des lonrniMs, le l'i-l'ts-lUuj des Américains, le /''c/i.s C.mutilcnsis de quelques auteurs, le Lijvx d'Anicriiinc des voyageurs, ÏOcolmlid d'Ilernandès, le H'iii-Lal des Anglo-Américains, vulgairement le Ltjii.r ou CJinl hai , le Chat h ventre tncliclé d'Ét. Geoffroy Saint- Ililaire, pr(dj:iblciuenl |e /'V/i.ï diiliin de l'r. Cuxier; et on y réunit aussi, selon quelques auteurs, et particulieicnii'ill d'après Lesson, les l'clis l'ioi'tdiuuis, lî:dinesque, et ('.(twlhini'iis, di'crils comme espèces par .\.-G. Desmarest dans sa Mnmmatuijic. Sans admettre immedi:ilenicul ce rapjtrochi'nicnl, qui ne pourra être établi d'une manière positive (pie lorsqu'on connaîtra mieux ces divers animaux, nous allons indiquer les car:icleres piiiici|i;iii\ de ces deux Lviix. A. i.v.vx w. LA iLor.im:. I.ijnx Flur'idamis. lialinesquc. Taille un peu moindre que celle du l.yiix bai, pelage grisâtre: p,i>- de |iiiieeaMx aux oreilles; lianes CAUNASSIKRS. 217 variés d« Uulies d'un brun jaunâtre, et de raies onduleuscs noires. Habile la Floride, et se trouve aussi dans la Géorgie et dans la Louisiane. R iv.xx DE i.A CAROi.tMc. l'elis (jn-olbieiisis . ,\. G. Desmarest. Pelage d'un brun clair, rayé de noir depuis la tète josqu'a la queue; ventre pâle, avec des, taches noires; deux taches noires sous les yeux; moustaches noires et roides; oreilles garnies de poils lins; jambes assez minces, tachées de noir; femelle ayant des formes plus légères que le mâle, étant d'un gris roussiitre, sans aucune tache sur le dos; ventre d'un blanc sale, avec une seule tache noire. Ilaliile la Carniiiie. Cf/KA FiR. 99. — Lynx du Canada. Le Felis rufa se trouve principalement dans les Ktats-Unis; mais il semble répandu dans l'Améri- que septentrionale, deiiuis le Canada jusqu'au Mexique, et se rencontre même en Colombie. Cette es- pèce est très-recherchée à cause de sa belle fourrure, qui est un objet de commerce assez répandu. Ses mœurs sont à peu près les mêmes que celles du Lynx nrdinaiie. On le conserve quelquefois en captivité; et il en est mort un récemment à la Ménageiie dn Muséum, qui y avait vécu quelques mois: cet animal, qui nous a servi dans notre description des caractères spécifiques, était d'un caractère irès-colére. et ne s'est jamais entièrement apprivoisé. 23 21, "î IIISTOIIiK N'ATL!ltl';i,l,l'.. II. l.VNX l'ASCIi:. /.IjV.Y FASCIÀTVS. lî.iliiicsqiie. (.'ahactères spécifiques. — IVlayt; Iri's-épais, d'un biun roussairo, avec dos bandes et des points noirAtres en dessus; oreilles i^ariiies de pinceaux de poils, noires eu dehors; (pieue très-couite, blan- che, avec la pointe noire. De grande taille. Celle espèce, admise par A. G. I>{'sniarest, et qui. selon G. Cu-ier, n'est peut-être qu'une simple variété du tciis Ciumdomis, dont elle ne dilTère pas très notablement, est loin d'èlre sultisamnient connue. Elle a été trouvée, par les capitaines américains Lewis et Clarke, sur la côte nord-ouest de r.\mèri(iue septentrionale. 12. l.VNX nORK, I.ÏW AURECS lîiilinesquo CAnACTÊHEs srÉciriQUES. — Pelage jaune clair brillant, parsemé de taches noires et blanches; ven- tre d'un jaune pâle, sans taches; queue très-courte; oreilles sans pinceaux. De moitié plus i^rand que le Chat ordinaiie; sa queue n'ayant pas plus de 0"',05. . Espèce douteuse admise par A. G. Desmarest, mais que G. Cuvicr ne regarde que comme une va- riété du Lynx bai; elle a été simplement indiquée par Leroy dans son Voijagc au Misnouri; on l'a rencontrée sur les bords de la rivière Yellowsione, vers le quaranic-qualrième degré de laliludi' nord et le vingt-deuxième de longitude occideniale du méridien de Washington. •2. DE LAMEUIQUE MRFIIDIONALE. C) PA.IF.r.ns FEI.IS l'AJF.RDS A ('. l)i\«riisrc'^l. CARACTÈnES SPÉCIFIQUES. — (lorps lohuste; tète forte; oreilli's pointues; quatre mamelles seule- ment, comme dans le Chibigouazou; fond du pelage, sur les parties supérieures du corps, d'un gris hrun clair, et sur les inférieures blanchfttre, avec des raies ou des banrles brunes et roussàtres très- lieu marquées; parties inférieures de la tête blanches; dessous de la gorge blanchâtre, avec de larges bandes en travers, d'un fauve un peu roussàtre; ventre également blanc, avec des bandes plus foncées, plus visibles, et mal suivies ou non contiguës; une raie longitudinale peu apparente sur l'e- ])ine du dos, avec deux autres bandes à peu près parallèles à celle-ci sur chaque flanc, mais aussi peu sensibles; membres ayant leur face externe d'un blanc roussàtre, et l'interne blanchâtre, avec des handes ou zones obscures très-remarquables en travers; queue sans anneaux ni raies, très-gonflée cl iiiiiffiie, principalement vers sa naissance; poils de la ligne moyenne du dos longs de 0"',07; sur tou- tes les parties du corps, un poil interne de couleur plus claire que le poil extérieur, et variant depuis le blanchâtre jusqu'au cannelle foncé; face externe de l'oreille ayant sa pointe noire; l'interne garnie de longs poils blancs; bord nu des lèvres noir; lèvre supérieure et tour des yeux blancs, exce]ité le grand angle de ceux-ci; une tache obscure sur le sourcil; une raie brun-cannelle ]iarlant de l'angle extérieur de l'œil, et suivant le côté de la tète jusqu'au-dessous de l'oreille; une autre raie pareille, et parallèle à celle-ci, naissant de la moustache; poils des moustaches longs de 0"',07 au plus, blancs, mais ayant quatre anneaux noirs à la base. Longueur de la tête et du corps, 0'",75; de la queue, (je Carnassier est le Chat pampa de DAzara et le Fclls Brasiliciisis d'Iloffmansegg. On le trouve dans les contrées au sud de Duénos-Ayres, entre le trente-cinquièuie cl le trenlc-sixiéine degré de laliliide méridionale; il habile aussi la l'atagonie, lîaliia, Sanla-Crux. etc. C'esl une espèce bien dis- j-j.;. 1 _ Puliiis iril.irilwiili. |-*i,r, o. — Vc]^^ a}Uetrf» l'I. S7 CARNASSIEUS. 219 lincte qui semble préférer les iiays/ioids aux pays tempérés : elle se tient ordinairement dans les pampas, ou grandes plaines dépourvues d'arbres ou de buissons, et elle y vit de l'enhis l'i de trés- jeiines Chevreuils. liL' lUO l'.i.icros. M LYNX MONTAGNARD. I.Y.W MOMTAWS. Rafincsque. Cakactères srÉciFiQUEs. — Pelage grisâtre et sans tarlies en dessus, blanchâtre avec des taches brunes en dessous; oreilles dépourvues de pinceaux de poils, noires en dehors, offrant quelques taches blanchâtres et fauves en dedans; queue très-courte, grisâtre. Longueur de la tète et du corps, environ 1"". G. Cuvier pensait que ce Lynx pourrait bien n'être qu'une variété du Lynx du Canada; mais, de- puis, cet animal a été mieux connu; on l'a même eu vivant â la Ménagerie du Muséum, et l'on a pu s'assurer qu'il forme réellement une espèce distincte. Il habite les contrées élevées de l'État de New- York, les montagnes du Pérou, les Alleganhys, etc., et, si l'on doit, ainsi que le proposent certains, naturalistes, lui réunir le Felis maciilata, Vigors et Horsfield, il se trouverait aussi au Mexique. Après avoir décrit ou indiqué presque toutes les espèces placées par les auteurs dans l'ancien genre Chat ou Fclli, nous devons, ainsi que nous l'avons déjà fait observer, dire que toutes ces es- pèces ne doivent probablement pas être réellement admises, mais, cepend.int, nous ne crovons pas qu'elles puissent être restreintes autant que l'a fait M. Tcnimiiu k dans ses Mouoyrapliics de Mitiiwia- lofjie. Néanmoins, comme l'opinion du savant naturaliste néerlandais a une grande valeur, et que- plusieurs naturalistes ont adopté ses idées, nous citerons, eu li'rniiuanl, les noms des espèces qu'il croit devoir admettre. 220 IIISTOIUE NATL[ŒLLE. 1, CHATS DE L'ANCIEN CONTINENT ET DES ARCHIPELS. 1" Lio.N {Felis leo): 'i" TiGiiE liOïAL (F. lii/iisi; 5" GuÉi'ABD {F.jubata); i" Léopard {F. Icopardus), 5" Pantuèrk {F. jtaiilus); 6" Felis lokgibasde (F. uiacroscelis): 7" Serval {F. serval et Ciipcnsis ; 8" Felis cervier (F. cervaria); 9° Felis polaire {F. borealis) (c'est notre jLj/r/a; Canadensis); 10° Lynx (/•". hjnx); H" Parde (F. paidina); 12° Caracal (F. caracal); 13° Felis doré (F. (iiiratn); 14° Chads (F. clmns); 15" Felis botté (F. caligata); 16° Chat (F. caiiw); 17° Felis ganté (F. nianicntata): 18° Felis servalia (F. widu/a). 11. CHATS DU NOUVEAU CONTINENT. 19° CoDCOHAR OU Puma (F. concolor et discolor); 20° Jaguar (F. Oipal; 21° Jagdarundi (F. jtKjuarundi); 22° Felis a ventre tacheté (F. celidogasler); 23° Felis bai (F. j-u/a); 24° Ocelot (F. pardaits); 25° Felis oceloïde (F. macroiirn); 26° Chati (F. ntitis ; 27° Margay (F. ligrina). En outre, M. Temminck indique encore, mais il a soin de dire qu'il ne les a pas vues en nature, les espèces suivantes : 1° Le Piiman maiigin, Raffles; 2° Le Fdis mauiil, Pallas; 3° Le Clint pavipa, D'Azara; 4° UEijra, D'Azara; 5° Felis fascié. Ralinesque; 6° Felis monUujuard, Rafinesque; 7" Le Felis de la Ftoiiilc, Ralinesque. Les autres espèces, décrites avant l'époque où M. Temminck publia sa Monographie, sont réunies CAI'.NÂSSIERS. 221 par lui à celles qu'il adopte; nous l'avons indiqué, en grande partie au moins, en donnant nos des- criptions des espèces; aussi n'y reviendrons-nous pas actuellement. Fis;. 101. — Félis oceloïdc. Nous avons désigné la plupart des espèces de Féliens fossiles admises par les auteurs, et nous avons cru devoir donner leur histoire immédiatement après celle des espèces récentes, auxquelles elles se rapportaient ou dont elles étaient voisines. Cette méthode nous a semblé meilleure que celle (|ui aurait consisté à nous occuper séparément des espèces vivantes et des espèces fossiles : nous n'avons cependant pas pu la suivre, au moins en apparence, pour quelques-unes d'entre elles, parce qu'elles différaient de tous les Féliens connus par des caractères trop importants. Ce sont de ces fos- siles dont il nous reste à parler maintenant, et nous les plaçons naturellement ici parce qu'ils ont un certain rapport avec les Lynx; nous observerons cependant qu'on pourrait en faire un genre par- ticulier, auquel on appliquerait le nom de Smilodon, tiré du Fclis smilodon, Lund. l'un des plus re- marquables d'entre eux. Ces espèces sont les Fclis mcçjinilcrcon, Bravard; Fdis ciiltiidens, Bravard; Fclis palmidcns, De Blainville, et Felis smilodon, Lund, qui proviennent, les trois premières d'Eu- rope et la dernière du Brésil; toutes sont surtout remarquables par suite de la longueur et de la forme de la canine supérieure, et, selon De Blainville, formeraient une division parmi les Lynx, ce qui pa- raît confirme par la proportion des os des niimbri's : ces espèces, étudiées chacune séparément, pré- sentent principalement les particularités que nous allons noter. 1" Felis megantereon, Bravard. — Cette espèce a été fondée, par M. Bravard, sur une mandibule du colé droit, assez extraordinaire pour qu'on ait pu douter de sa normalité, doute qui a augmenté à mesure qu'on a cru devoir lui rapporter un fragment de mâchoire supérieure, el surtnul des dents, en forme de couteau, trouvées isolées, et dont G. Ciivier avait fait d'abord son Visiis cultiidciis. qui avait depuis reçu les noms de Macliairodiis et Slcneodon, et qui a été confondu ensuite avec l'Ours (lu val d'Arno, nommé Ursits Eirnscus. Il y a une dizaine d'années, le même M. Bravard a découvert 222 IIISTOIUK NATLIUKLLE. une tête presque complète de la même espèce, armée de sa dent l'aleiforme. Kii outre, on attribue aussi ;\ la même es|)èce un inimerus et nue moitié inférieure du même os, nue verléhre lomhaire et une dorsale, nue partie inférieure d'omoplale, un radins et un oubilns. Plusieurs paléontologistes se sont particulièrement occupés de celte espèce, mais De Blaiuville princi- palement lui a surtout consacré de nombreuses pages dans son Osléograpliie du i^enre des Fcli.i. et nous allons lui emprunter quelques passa,^es de sou travail. « La mandibule, iiièce principale, puisque c'est elle ipii est le fondement du Fclis uictjaiitcrcun, indi(pn' un animal di' la taille d'une petite Panllière; elle est surtout fort remarquable par sa forme, si singulière (pi'au |ireraier aspect on pourrait la re- garder comme monstrueuse. En effet, la branche horizontale, la seule existant dans le fragment, est d'abord un peu renflée, et, par conséquent, convexe sous la dent carnassière, aussi bien un peu en dehors qu'à siui bord infèrieiu': mais, au delà, la supérieure et la face externe rentrent eu dedans, et l'inférieure s'est relevée, puis s'est éloignée eu formant une apoplijse géui-dilatée eu une sorte de crochet très-prononcé en dessous; comme le bord supérieur, à peu près droit dans presque toute sou étendue, arrivé vers l'extrémité antérieure, s'est relevé fortement en haut en soulevant les canines et les incisives, il en résulte nu menton fiut singulier eu paroi verticale élargie, d'une hauteur presque égale à la longueur de la branche horizciulale de la mandibule. C'est cette particularité qui a valu à cette espèce le nom bieu mérité de Fclis à (frand menton. De celle disposition, qui augmente un peu très-probablement avec l'ùge, il résulte que le trou mentounier a dû être plus considérable, et surtout s'est trouvé percé plus bas que dans les autres Fd'is. Quant aux dents, les trois molaires sont loul à fait normales et complètement adidtes. Leur proportion est ; O^.dM, 0"',017, 0"',0I8, prop(u-tion fort normale, et qu'on trouve dans plusieurs individus adultes de l'anthère, et leur forme n'offre réellement rien de particulier qui puisse faire admettre, avec MM. Croizet et Jobert, que la dernière, pas plus que les deux autres, soient des dents de lait, qui sont bien différentes dans ce genre et seulement au nombre de deux inférieuremeut. Quant aux dents de devant, leur position est au moins fort singulière, d'abord par l'étendue de la barre qui sépare la première molaire de la canine, mais surtout par la médiocrité de celle-ci, comprimée et tranchante au bord postérieur, et qui semble presque une incisive par l'élévation de son collet au-dessus de celui des molaires. Les incisives elles- mêmes ne sonl pas connues, sauf la troisième, qui est médiocre, et de forme assez ordinaire; mais, outre leur grande élévation, elles étaient sans doute fort serrées, et par conséquent trés-aplalies transversalement, o La ujàchoire supérieure que l'on rapporte à la même espèce n'offre rien de bien particulier, si ce n'est dans l'existence de canines toutes particulières. Ces canines, que l'on a quelquefois rapportées au Fvlis cnllridens, sont principalement remarquables, nuu-seulemeut par leur grandeur, mais en- core par leur forme en lame de couteau : elles .sont fusiformes, c'est-à-dire très-comprimées, tran- chantes, en arrière surtout, et arquées régulièrement dans toute leur longueur, et principalement dans leur partie émaillée. Ces sortes de di'nts cultriformes ont été trouvées d'abord isolées de la mâ- choire à laquelle elles appartenaient, en Italie, par M. Nesli, et, depuis, en Allemagne et en Angle- terre; mais aussi, assez récemment, M. Bravard en a découvert, aux environs d'Issoire, en Auvergne, dans le diluvium volcanique, deuls qui étaient implantées dans les alvéoles de la mâchoire supérieure. Nous ne décrirons pas les autres fragments attribués justement, selon toute probabilité, au Fclis mcganlereon, et nous dirons seidement. en terminant, que MM. Croizet et Jobert, en fondant leur calcul sur la proportion de la ligne dentaire et des parties des membres qn ils connaissaient, ont pensé que cette espèce devait être d'une taille plus élevée (pu' celle du C(]ugouar, qu'il di-vait éga- ler le Tigre en hauteur, et que sa forme élancée le rapprochait beaucoup du Guépard; mais ajoutons <'ependant avec De Blainville que ces suppositions ne reposent évidemment que sur des bases assez peu fondées. 2" Fciiis cnliruleus, Bravard. — C'est particulièrement sur des canines supérieures, de forme sem- blable à celles de l'espèce précédente, mais beaucoup plus grandes, que repose cette espèce; on lui a aussi attribué quelques ossements, tels qu'un fémur, un métacarpien et un métatarsien, trouvés en Auvergne. M. Croizet représente une de ces dents, découverte dans le diluvium v(]|i;ini(pie d'Auvergne : (die est cultriforme, et a 0'",l()j eu ligne droite, d'une extrémité à l'autre. M. Kaiij) a ligure, dans .ses Ossements du Mitsénin de Dnnmsiadl. nue di ut, trouvée en Allemagne, (pii devait avnii' (l"'.irii. ^'|« i — Hérisson a li-uul Llj ^lg■ " — i:lnHn« uui'lli:iijit>' M. -m CARNASSIERS. 223 en admettant que la longueur de la partie émaillée fût égale à celle de la racine, et de O^JTO, en supposant que celle-ci soit dans la proportion de ce qu'elle est dans la canine des Felis en général, ce qui n'est pas rigoureusement nécessaire. 0° Fclis palin'ulciis. De Blainville. — M. Lartet a découvert cette espèce dans le célèbre dépôt de Sansans, et il la désignait comme d'un Felis incijaiiicreun, mais De Blainville en a l'ait une espèce à laquelle il a appliqué le nom que nous avons indiqué, et il y rapporte un fragment de mandibule portant toutes ses dents, différant assez peu de celles du Felis me(jantcreon, et une canine supérieure isolée, cultriforme, et ayant 0'",09 de largeur à la base sur un longueur présumée de 0'°,15. 4° Felis smilodon, Lund. — Cette magnifique espèce repose sur une tète presque complète, sauf l'occiput, et qui présente toutes ses dents, qui sont venues confirmer ce que l'on avait présumé ja- dis relativement au système dentaire du F. mcyciiitcrcon, animal du même groupe naturel. Fig. 102. — Fi-lis smilodon. Ce crâue est en totalité de la grandeur d'un crâne de Lion, mais la grandeur de sa canine supé- rieure le fait paraître beaucoup plus grand, et surtout lui donne un aspect tout particulier. Le côté dioit de cette léte est complot, tandis qu'il ne reste guère du côté gauche que la canine supérieure, tt les dents inférieures privées des os qui les soutiennent, sauf toutefois les canines, qui sont encore à leur place naturelle. La mâchoire supérieure manque d'occiput, maison pont distinguer facilement les autres os qui la constituent; sans nous en occuper ici, nous dirons seulement quelques mots des dénis qu'ils supportent. Les molaires de chaque côté delà mâchoire supérieure sont, comme chez les Lynx, au nombre de trois, quoique, d'après la figure qu'en donne De Blainville, elles ne sembleraient être qu'au nombre de deux seulement, et cela tient à ce que la molaire la plus postérieure est excessive- ment petite, qu'elle est déplacée et cachée par la deuxième ou moyenne, qui, elle, est très-déve- loppée, et atteint à environ une largeur de 0"',05 ; enfin, la molaire antérieure est médiocre. Après une courte barre, on voit la canine cultriforme, cannelée et énorme pour sa longueur; car, en totalité, mesurée par son milieu et en ligne droite, elle a 0"',27, tandis que la partie qui sort de l'alvéole a 0'",2(). La barre (|ui suit est assez courte. Les canines sont peu développées, au nombre de trois, et vont en grandissant de l'interne à l'externe. La mâchoire inférieure est déplacée dans le fossile que nous étudions; elle offre, de chaque côté, un système dentaire composé de trois molaires, une canine et trois incisives. Les molaires, médiocres, vont en diminuant de grandeur de l'antérieure '224 IIISTOIUE NATUIU'LLK. ;"i la postérieure, qui est excessivement petite, et a un seul mamelon. Une barre assez longue sépare les moliiires de la canine, et c'est là que devait venir se placer la pointe de l'énorme canine supérieure, ainsi que le montre une dépression des os maxillaires. La canine est petite, car sa partie sortie de l'alvéole n"a environ que O^.Oô. Les trois incisives vont eu i;randissant de l'externe à l'interne, et celle ci est séparée de celle de l'autre brandie de la mandibule par une courte barre. On ne connaît encore que cette seule tête de Feli.i smilodon, et pas d'os, et elle provient des cavernes du Brésil. Ce superbe fossile a été acheté deux mille francs par l'Académie des sciences de l'Institut de France, et il fait aujourd'hui partie de la magnifique collection paléontolû!,'iqiU' du Muséum d'histoire naturelle. On n'en a pas encore donné la description; De lilainville l'a seulement représentée de grandeur naturelle dans son Ostcograpliîc, et nous avons reproduit celte figure, qui donnera mieux que nous ne pourrions le faire par quelques paroles une idée exacte de ce fossile, l'un des plus remar- (juables de ceux qu'on ait découverts jusqu'ici. ïS'^r-^^^s." '"" v^»' [•■i;; lOÔ. — Fûlis lui. CARNASSIERS. troisii:mk sois-familli'. AMPHIBIES. AMP II IB LE. \ diiilil ]>aj's, faisant ceilaiiis signes pour montrer qu'il avait grand désir de retonrnei' en la mer, où, eiani amené, se jeta incontinent dedans. « Dans tous les auteurs qui suivirent immédiatement lîondelet, on peut lire l'histoire des deux ani- maux que nous venons d'indiquer, et eette histoire, vraie pour quelques-unes de ses parties, participe du roman pour beaucoup d'autres. Nous en dirons quelques mots d'après ces anciens récits. Le Moine, quand on le sort de 1 eau, pousse un profond soupir, prouvant les profonds regrets qu'il éprouve en quittant malgré lui son élément de prédilection, et il fait plusieurs signes énergiques pour qu'on le laisse y rentrer. On reconnaît facilement que c'est un abbé du royaume des Ondins, à la coiffure qu'il a sur la tête, coiffure qui ressemble à la mitre ou au capuchon. (Juant à lEvcque, il est couché sur le rivage sans dire mot. ce qui fait ([ue les pécheurs s'aperçurent qu'il ne savait pas le suédois; ils vou- lurent le faire lever pour l'enimeiier à la ville, où leur dessein était de le montn r aux curieux pour de l'argent: mais la chose était difficile, car le corps de l'Kvéque se terminait en une queue fourchue, à la manière des Marsouins, et il manquait de jambes pour marcher; on le porta donc; tous les cu- rieux furent édifiés de son air grave et réfléchi, et l'on crut reconnaître quelques signes d'onction à la manière dont il tenait constamment ses mains sur sa poitrine; ce n'est pas non plus san^ admi- ration que l'on vit comment ses cinq doigts étaient réunis par une membrane simple qui lui donnait une grande facilité pour nager. Fig. 107. — l'hoque à deux couleurs. Nous avons cru devoir donner une idée de ce que les anciens naturalistes, tels que Celsius, AIdrovande, Gesner. etc.. ont écrit sur les l'hoques; car. par le peu que nous en avons dit, on pourra comprendre comment il se fait que leur histoire a été pendant très-longtemps l'une des plus em- brouillées de l'histoire naturelle. Cependant les voyageurs mentionnèrent un assez grand nombre d'espèces de ce groupe, mais l'amour du merveilleux l'emporta chez eux; il en résulta ([ue les 250 llISTOIRl!: NATURELLE. détails de mœurs fiirenl empreints du merveilleux qu'ils se plurent à leur prêter, que leurs des- eriplions furent mal faites, le plus souvent même mensonp'rcs, et, dès lors, qu'elles ne purent venir en aide aux naturalistes. Égéde, Crantz, Steller, Mnliua, Erxleben, donnt'rent toutefois quelques des- criptions bonnes ou passables; mais, eomnie les Phoques sont, pour ainsi dire, dispersés sur toute la surface de la terre, et qu'il y en a trés-peu de conservés dans les Musées, et eidiu (pi'iis vaiient beaucoup dans leur pelage, en raison de l'âge et des sexes, il en résulte que les travaux des zoolo- gistes restèrent imparfaits. Linné, le premier, commença ù en donner une première classification, mais qui était loin d'être complète. Boddaerl, et ensuite Peron, en divisant les l'iioques en rai- son de ce que les uns, c'est-à-dire leurs Phoques proprement dits, n'ont pas une conque extérieure de l'oreille, tandis que leurs autres, c'esl-ù-dire les Otaries, en ont une, tirent un peu avancer la science. Fr. Cuvier vint plus lard donner une classification particulière des Phoques, qu'il divisa en sept genres |)articulieis, fondés ]iriu(ipalemeiit sni' des caractères tirés de l'ostéologie de leurs têtes : le travail de imlre illustn; conq)atri()te lit certainement avancer la science; mais réellemcut était-il indispensable de partager autant le genre Phoque, et ne pouvait-on pas j former simplement des subdivisions sans leur imposer des noms particuliers et sans en faire de nouvelles coupes génériques? A peu près à la même époque, M. iNil.son créa également deux genres, et, depuis, M. Grayen indiqua également dauties. Plus récemment, les naturalistes voyageurs, comme MM. Lesson etGarnot, Quoy et Gaymaid, Uombrou et Jacquinot, etc., firent connaître de nouvelles espèces, et les naturalistes dassificateurs tels que A. -G. Desmarest, Fr. Cuvier, Lesson, Boitard, etc., cherchèrent ù résumer les observations de leurs devanciers; mais nous devons avouer que, malgré tout cela, l'histoire de ces animaux est encore loin d'être complètement terminée Destines à passer la plus grande partie de leur vie dans l'eau, les Phoques avaient plus besoin de nageoires que de pieds. Aussi leurs bras et leurs avant-bras sont-ils courts et engagés sous la peau de la poitrine; la main et les doigts, au nombre de cinq, sont, au contraire, très-longs et engagés dans une membrane, ce qui les fait ressembler tout à fait à une nageoire, dont ils remplissent les fonc- tions. Les pieds de derrière, également palmés, sont étendus le long du corps, sons la peau, jusqu'au talon, et ne laissent voir que les deux pieds, attachés à l'extrémité du corps, et leur formant comme une nageoire échancrée, au milieu de laquelle passe une queue courte. Le corps est allongé, cylin- drique, fusiforme, à épine dorsale souple, soutenue par des muscles puissants qui lui permettent de grands mouvements. Les poils sont généralement secs, courts et cassants; niais, dans quelques espèces, sous ces poils il s'en trouve d'autres qui sont doux et soyeux, et parfois ces poils sont assez longs. Les lèvres sont garnies de moustaches rudes, ù poils plats, noueux, paraissant souvent articulés, eu quelque sorte comme les antennes des Insectes : quelques auteurs, et en particulier Uosenthal, regar- dent ces moustaches comme l'organe du tact chez ces animaux, parce qu'elles sont creuses et tapissées de nerfs à leur base. La tête est plus ou moins arrondie. Les narines peuvent se fermer en se con- tractant lorsque l'animal plonge. Les yeux sont très-grands, arrondis, doux, brillants, à paupières presque immobiles, ne consistant qu'en un simple bourrelet, dépourvues de cils. L'oreille externe consiste le plus habituellement en un simple trou, peu allongé, ayant aussi la faculté de se contracter et de se refermer hermétiquement lorsque ranimai plonge : dans certaines espèces, cependant, telles que les Otaries, la conque est visible et même plus on moins grande. La langue, échancrée à l'extré- mité, est très-'troite, très-mince au sommet, large, épaisse, courte à la base, papillcuse. L'anatomie des Phoques présente aussi des particularités remarquables. Le cerveau est très-déve- loppé et le cervelet très-grand. L'estomac a la forme d'un croissant, dont les deux extrémités sont tournées en avant; les intestins sont longs et contournés en de nombreuses eircdiivolutions; le cœ- cnm est très-court. Le foie est grand, à quatre lobes pointus. Le système circulatoire est conduit dans des vaisseaux dont le calibre est gros et les parois épaisses; le sang est très-abondant et noi- râtre; le cœur est ovoïde, placé au milieu de la poitrin\ mais cependant un peu plus à droite qu'à gauche. Le poumon n'a qu'un seul lobe, qui est très-volumineux. Les muscles sont épais, noirâtres, en raison de la couleur du s;nig qui y est léjiaiidu ; ceux d(^ la colonne vertébrale, ainsi que ceux qui doivent faire mouvoir les membres, sont très-puissants. Enfin, leur chair est très-huileuse, recouverte d'une épaisse couche de graisse presque liquide, dont on fait de l'huile. Le système osseux et le système dentaire, qui nous restent à étudier, offrent des particularités curieuses. Nous allons les faire connaître en preiiani |ioiir guide l'Osiéographie de De DIainville, loin l'i>;^ I — FiMc't Fi", 2. — fiini-s pictHn. l'i . uy. CARNASSIERS. 231 en faisîiMl observer que nous appliquons à la tribu entière des Phocidés ce qu'il dit des Phoques, qu'il romprenait à la manière générique de Linné. Le squelette du Phoque commun (Plwca viiiiriiia), pris pour type de tous les animaux qui consti- tuent la tribu des Phocidés, est a.sstz remarquable par plusieurs particularités tenant à leur genre de vie tout anomal. La structure des os doit être notée; les os, longs eux-mêmes, ont un diploé très- abondant, au point que la cavité médullaire est réellement nulle, quoique les mailles ou lacunes di- ploïques du milieu de l'os so'cnt notablement plus larges que le reste : cependant la partie éburnée est encore assez épaisse, surtout aux apophyses. Le nombre des os du squelette est à peu près le même que dans la plupart des Carnassiers, seulement il y a moins d'os sésamoïdes. La connexion entre les surfaces articulaires étant généralement large, arrondie, peu profondément sinueuse ou enche- vêtrée, et les parties cartilagineuses intermédiaires aux articulations étant considérables, il en résulte que le squelette permet des mouvements aussi étendus que faciles, et presque ondulcux, dans toute l'étendue de la colonne vertébrale, comme dans les parties qui terminent les membres : il en résulte aussi que les courbures générales sont bien plus marquées que dans les autres Carnassiers, et surtout que dans les Cétacés, principalement dans toute l'étendue du cou, en dessus, ce qui relève la tête à angle droit, et dans toute la longueur du reste du tronc, et même au sacrum, en dessous. La série vertébrale, assez courte, n'est composée que de quarante-six vertèbres, dont quatre cépha- liques, sept cervicales, quinze dorsales, cinq lombaires, quatre sacrées et onze coccygiennes. La tète osseuse se présente sous une forme générale qui la distingue de celle de tous les Carnas- siers, et même aussi de celle de la Loutre, par la minceur de ses os, la largeur, la dépression du (l'âne, la brièveté du museau, et, en un mot, par une forme un peu arrondie. La vertèbre occipitale a un corps très-large, longtemps membraneux, et percé au milieu par l'écartement et la largeur des condyles, la grandeur du trou condyloïdien, et par la verticalité de la partie postérieure de l'arc oc- cipital. La vertèbre pariétale offre encore un corps aussi large que celui de l'occipitale, mais plus court; ses apophyses ptérygoidales et ses ailes sont petites; elle est large, assez bombée, quoique surbaissée, échancrée en arrière et en dedans, et présente la trace d'insertion des muscles élévateurs de la tête. La vertèbre frontale se rétrécit presque subitement dans son corps, mais à ailes arrondies et assez développées : une particularité de cette vertèbre consiste dans l'absence d'apophyse oibitaire. La vertèbre nasale est formée par un vomer assez court, peu surbaissé, et par des os du nez étroits, assez allongés, triangulaires, divisés à leur bord antérieur par une êchancrure profonde en deux pointes inégales. Les appendices céphaliques sont courts dans la partie dentaire, et longs dans la partie radiculaire. La mâchoire supérieure présente un ptérygoïdien interne court; le palatin est à deux branches lamelleuses; il n'y a pas d'os lacrymal, et le zygomatique est petit; le maxillaire est assez grand, un peu plus haut ([uc long : le prémaxillaire a. la même forme que lui. Le rocher est large, ovale, épais, sans angle solide intérieur. Les osselets de l'ouie, renfermés dans une caisse très- large, renflée et séparée de la masse mastoïdienne en bourrelet allongé par un enfoncement trans- verse ridé, sont composés d'un élrier très-petit et à peine percé, d'un lenticulaire en tambour ovale assez élevé, d'une enclume renflée considérablement dans son corps, et d'un marteau assez mince dans son corps, mais à manche un peu allongé. La mâchoire inférieure est presque entièrement hori- zontale, à peine convexe ou concave sur ses deux bords; son condylc est trausverse, et l'apophyse coronoïde assez pointue. De la réunion sous un angle de vingt degrés environ des appendices avec les vertèbres céphaliques, il rê.sulte une tête en général assez petite, un peu triangulaire, très déprimée, antérieurement droite, infêrieurement peu bondjée, et dèelive dans la ligne du clianfrein, avec ses cavités, fosses, ouvertures, trous, en général assez grands. Les vertèbres cervicales sont assez longues, du moins dans leur corps, très-étroites dans leur arc, de manière à laisser entre elles en dessus un espace vide considérable : elles sont, du reste, assez fortes. L'atlas est en soucoupe évasée, sans apophyse épineuse, en dessus comme en dessous, mais avec des ailes larges. L'axis a son corps long, un peu caréné en dessous, à apophyse en fer de hache. Les trois intermédiaires ont sensiblement la même forme, croissant de la première à la troisième, à corps caréné, sans apophyse épineuse, qui apparaît dans la sixième. La septième a cette apophyse encore un peu plus forte, et, au contraire, l'apophyse transverse a ses deux lobes peu distincts, nu très-resserrés. Les vertèbres dorsales ont le corps assez large, croissant vers les dernières, pins large et plus 25-2 HISTOIRE NATUnELLE. caréné aux premières, à liibercules supérieurs dos apophyses arlieulaires Irés-prononcés, et à apo- physes épineuses presque égales en liauleur. un peu pointues aux premières, s'élarisissant el s'arron- ilissanl aux autres. Les ioniliaires siinl semblables aux ilernières dorsales, mais conservent toujours le caractère (l"avoirle canal nii'dnllaire trùs-i;ran(l, le pédicule de l'arc étroit, fortement éeliaueré. d'où résultent (le Irès-gramls imus de conjugaison. Fig. lOS — Plioquc moine. Parmi les vertèbres sacrées, la première, ressemblant à une lombaire par la forme de .son are, a ses a])ophyses transverses assez élargies pour s'articuler à l'iléoi'; les autres ont leurs apophyses transverses élargies horizontalement et soudées. Après les deux premières vertèbres coceygiennes, qui ont la fornie des dernières sacrées rapetis- sées, les neuf auties ne présenli'ut ])lus (|uun coi'ps, d'abord déprimé, par rèlargissemeni des apo- physes tran.sverses. et devenant de plus en plus conique et cannelé jusqti'à la dernière. L'hyoïde et le sternum rappellent tout à fait ceux ries Carnassiers que nous pourrions appeler ordinaires. L'byoide a son corps étroit en barre transverse, presque droit, un peu élargi à cliaqui' extréndté pour l'.arliculalion des cornes; parmi celles-ci, les antérieures, assiz peu allongées, sont formées de trois articles, et les postérieures n'en ]irèsenlent qu'un seul, qui est large et un peu arqué. Le sternum long et étroit est composé de ncid' |iièces, dont les intermédiaires croissent sensi- blement de largeur et même d'éjiaisseur de la seconde à la huitic'mc; le manubrium et le xiphoïde sont plus grands que les autres ]iièces; le premier est long, étroit, un peu plus large en avant qu'en arrière, el le dernier est très-long et terminé en une partie cartilagineuse furlenienl élargie en spatule bilobéc. Les cornes sternales, au nombre de dix, sont remarquables par leur longueur, leur gracilité et le renflement qu'elles présentent à leur milieu. CARNASSILIIIS. s.-ir. Les cùlcs, :iu iioiiibrt' de ({uiiize, duiil dix vraies ou steriiales, et liiuj fausses ou asiernalcs, sont en général étroites, comprimées dans leur partie supérieure, et à peine élargies à leur terminaison: elles sont courtes, peu arquées et croissent régulièrement et insensiblement en longueur île la pre- mière à la neuvième sans décroître, ensuite à peine de celle-ci à la dernière. La cage de la poitrine qu'elles forment est grande, large, conique, à peine un ]ieii comprimée, et surtout très mobile dans toutes ses parties. l'^iS lOK. — Plioiiiu' ,i crcte. Les membres sont très-écartés les uns des autres : ceux de devant sont d'abonl aplatis et rac- courcis en totalité aussi bien que dans f-liacunc des quatre parties (pii les constituent et ipii sont presque égales entre elles. L'epaide ne présente pas de trace de clavicule : l'omoplate est grande, convexe en avant et en dessus; il n'y a pas d'apopbjse coracoïle, et l'acromion est sous forme d'une pointe mousse; la crête est peu développée, et la cavité glénoide est médiocre, ovalaire. L'humérus est très-court, très-robuste, à corps de forme triquétre, n'étant en quelque sorte que la jonction des deux extrémités élargies; sn|iérieurement la tète est élargie, arrondie, le troclianter interne plus élevé qu'elle, et inférieurement la tête est moins large que la supérieure, plus comprimée. Le radius et le cubitus sont généralement aplatis, grêles. La main, en totalité, est ;i peine plus longue que chacune des trois autres parties du membre : le carpe est surtout très-court, quoique assez large, et composé d'os petits. La main est osléologiquement composée de telle sorte qu'elle forme une na- geoire coupée obliquement du premier doigt, le plus long, au cinquième, qui est le plus petit : c'est caque l'on peut voir en examinant les os du métacarpe, qui décroissent rapidement du premier au dernier ; celui-là est non-seulement le plus long, mais encore le plus épais et un peu arqué ; le cin- quième, ou le plus court, es! un peu plus épais que les trois intermédiaires, et, comme eux, assez fortement étranglé dans son milieu. Pour les jihalanges. les plus inléres.'.antes sont les onguéales, qui c' ' 30 27,1 IIISTOim' NATniKM,!:. sont assez fortes et toutes pourvues à leur base d'une sorte d'étui toupé obliquement par l'embase- •ment de l'oni^le; elles suivent l'ordre de décroissement de la première à la cinquième, el leur pointe est ass(z peu courbée. liCs membres postérieurs sont en totalité beanconp plus iiiup's (pie les antérieurs, et rau!,'mentation porte priiicipalemeni sur la jambe et le pied ; ils sont (lirii;és paialléleiiuMit au tronc. Le bassin est coni]ib"t. presque parallèle à l'axe viiteliral. trés-alloniçé : cet allonydncnt ne portant pas sur l'iléon, qui est très-court, tandis (pie le pubis est, au contraire, très-louj,'. pour aller rejoindre oblique- ment l'iscliion, (pii est lui-même hny;, et il en résulte un trou sous-|iubien énorme, ovalaire, Irès- étendu. Le l'cmur est reniar(piablcinent court, el, en effet, sa loni;ueur égale à peine les trois quarts de celle de l'Immérus : il est cnmprime d'arrière en avant, à corps n'étant guère qu'un cou destiné à unir les deux têtes, diuit la su|iciieiire est arrondie, petite, et l'inférieure avec deux tubérosités presque égales. La jambe, deux fois et demie plus loniiue que la cuisse, est formée de ses deux os très-complets, qu(ii(|ue sondés, au nidins supcriciiremeut, où ils constituent une large surface arti- culaire, presque convexe, surtout dans sa partie externe. Le tibia est large, aminci supérieurement, arqué en deux .sens dans son c(u-ps, et fortement cxcavé inférieurement. Le péroné est robuste, trc.'-- arqué en dehors. Le pied en totalité, et me.suré dans son plus long doigt, est encore plus long ipie la jambe. Le tarse est même assez dévclo|ipé p(uir contribuer à l'albuii^ement total. L'asiragalea une forme parli( iilière; sa jioiilie, peu saillante, est en toil, le côté inlcrne pour le tibia, et rexterne |iour le pcnuré : mais surtout il devient plus long que large par l'addition en arrière d'une sorte d'apojiliyse, (pii se colle eu dedans de la tubérosité du calcauéum, (;elui-(-i est, au contraire, très- court. Les os du métatarse sont, en général, longs et robustes, et les terminaux plus que les inter- médiaires. liCs jilialauges sont plus longues el plus grêles (pie celles des mains, et les onguéales, à l'exception de celle du ponce, seuil plus faibles et moins ai'quées. Les os sésamoïdes sont ]ieii nombreux; la rnUile, le seul os de cette catégorie que nous citerons, est petite, arrondie, assez peu épaisse. L'os du pénis, dans le Plio(pie commun, est assez petit, drnii. rcireci an milieu cl renflé à ses extré- mités ; l'aiitéricnre a]ilalie, un peu ix( avec, en foime de spatule, elroile, obtuse, et la postérieure radiculaire, presque liiquétre. Les différences que le squelette des Pliocidés présenle, en rcxaminanl dans la série des espèces qui eonslituent cette tribu, ne sont véritableuient que spéciliqnes. c'est-à-dire qu'elles ne .s'élèvent jamais au-dessus de celles (pi'iiidiqne la dégradation seriale, ce qui conlirme que ce grand genre constitue un groupe distinct, niodilie par un ensemble de particularités bi(]|ogi(pifs. Dans les espèces les plus ra|iprochées du Phoque commun, on peut voir (pie les différences de l'ostéologie de la tête ne portent guère que sur la grandeur en général, peut-être sur le degré d'élrani;lenient de ses deux pallies, et surtout sur la forme des os du nez et de l'ouverture nasale, .sur celle de l'os palatin el de l'oiiverlure de ce iu)m, ainsi (pie sur la forme du rocher, de la caisse, de rapo|ilijse mastoide, de l'occipital et des crêtes de la partie postérieure de la têle : et cela plus s|)écialement étudié dans les l'Iioca Itisjùda, Gruciilaudica, barbala cl (jrifplms. Dans le Moine, ou Plinrn vwiKirliu.'!, l'ensemble el le plus grand nombre des p'iéces du s([ueletle sont pres(pu' tout à fait comme dans le Phoque commun : toutefois, les vertèbres cervicales ont leur corps sensiblement plus court et moins longuement caréné; le sternura est plus large et plus c:iii;ili- culé: la proportion des membres indique évidemment encore plus de disposition à la natation; la tête est plus courte que dans le J'Iwcn (jr]i]ihus, jihis ramassée et plus bombée au front. Dans le Phoca kplonijx, au contraire, la tête est plus allongée, les os du nez sont subdivisés en deux lobes pres(pie égaux; l'arcade zygiunati(pie est très-allongée, surbaissée. Parmi les Pliiupies ;i tnuiipes, c'est-à-dire les Phoca vrïsUUa el leo)nnn, la tête ofl're bi'ancoiip de ressemblance avec celle du l'hoque commun. Dans les Plioqiies à oreilles, ou Otaries, les différences sont encore assez peu manifestes, el elles ne portent guère que sur la forme et sur la pro])orlion des différentes pièces qui eonslituent le s(|ue- lette. La tétj est eu général plus allongée, moins réirécie dans le milieu de l'os friuital. plus courte encore, et surtout moins large, moins aplatie dans sa partie vertébrale, et plus longue dans la jiortion radicale des appendices céphaliques, quoique beaucoup plus courte dans la portion qui porte les dents; les os du nez sont jibis c(un'ts et plus larges; le |uêmaxiilaire e-l tn^s-dêveloppi' ; le rnclier CARNASSIERS, 235 petit; il y a une giaiide intensité de puissance dans la préhension maxillaire. Les apophyses épineuses des vertèbres cervicales sont plus prononcées que dans le Plioca moiiachus, au contraire de ce qui a lieu pour les vertèbres dorsales et les lombaires : les vertèbres sacrées constituent un sacrum très- étroit. Il n'y a que huit pièces au sternum. Les membres présentent des différences plus importantes, étant moins éloignés entre eux. et leur disproportion étant moins prononcée. Les antérieurs, plus libres, ont une omoplate plus large, à crête plus prononcée, et à fosse sous-scai)ulaire beaucoup ]ilus petite que la surscapulaire. L'humérus n'est pas percé à son eondyle interne; le cubitus est à olécràne plus arrondi et plus dilaté, les os du carpe et de la main présentent quelques particularités Les membres postérieurs prennent une proportion plus normale. Le bassin a pins de longueur dans l'iléon et un peu plus de brièveté dans l'ischion; le fenuir est plus long et moins large; le tibia et le péroné sont pins courts, plus droits; dans les os du tarse, L'astragale reprend assez bien sa forme Monnaie ; il y a quelques différences appréciables dans le métatarse et les phalanges. Quelques par- ticularités osteolûgiques ont pu même être observées dans les espèces d'Otaries, mais nous n'en parlerons ])as maintenant, ces particularités trouvant pins naturellement leur placi' ailleurs. Le système dentaire des Phocidés ne peut pas encore être considéré comme tout à fait normal, ([uoiqu'il soit compose d'incisives, de canines et de molaires bien distinctes, dispostes comme dans les Carnassiers; mais, par le nombre et la forme, les différences deviennent sensibles et montrent ((u'on peut foi'mer plusieurs groupes secondaires dans cette tribu. Le nombre total des dents n'est jamais au-dessus de dix en haut et de huit en bas, ni au-dessous de huit en haut et de sept en bas, partagées en incisives, en canines, seules variables, et en molaires, toujours au nond)re de cinq et très-rarement de six. Ces dents, par leur disposition aux deux mâchoires, s'entre-croisenl ; celles d'en bas avant leurs correspondantes d'en haut, incisives, canines et molaires, mais en totalité, et jamais les pointes de la couronne, (]nand il y en a. entre elles, comme cela a lieu dans les antres Carnassiers. I)ans le l'iuupu' coniniun qui doit encore nous servir de type, la formule diMiliire est ; incisives ^, canines f5-j, molaires |E|; en totalité trente-quatre dents. Les incisives supérieures sont coniques, assez pointues, arquées en crochet, toutes terminales, presque égales, croissant cependant légè- rement de la première à la troisième, qui est notablement pins forte; les inférieures sont termi- nales, coniques, un peu aiguës, jdus droites et plus petites. Les canines sont, comme dans les autres Carnassiers, coniques, robustes, [lointues, assiz cannelées à la partie postérieure, un jieu arquées, surtout ù la mâchoire inférieure, où elles sont en même temps légèrement plus courtes. Les molaires qui suivent immédiatement sans intervalle, surtout à la mâchoire supérieure, et qui sont cependant toujours en contact peu serré, prennent presque de suite le même caractère et la même forme géné- lale, aussi bien snperienri'ment qu'infeiienrement : elles augnientenl seulement un peu de la première a la troisième, pour décroître ensuite, du moins en haut, car, en bas, les quatre dernières sont presque égales; la couronne est tranchante ou comprimée, avec un simple épaississement plutôt qu'un véritable talon à la base; en haut, si ce n'est ;i la première, qui est arrondie et beaucoup plus pelile, son bord est peu profondément lobé par uiu' jioinle presque médiane; mais, en bas, bi lobule est plus |)rofonde, et ses denticnles par conséquent plus distinctes et autrement disposées Les racines des dents ont cela de partjcnlicr que généralement elles ne sont pas en proportion avec la couronne, étant constamment plus fortes qu'elle : celles des incisives et des canines sont les pins simples; et, quant ;'i celles des molaires, elles ne sont jamais au-dessus de deux dans le même plan, cliacnne d'elles correspondant ;i chaque côté de la couronne, et par coiisé(]uent jamais à la [lointe la plus saillante. l'our les alvéoles, elles suivent la disposition des l'acines cl ne fornuMil ipi'une seule et unique série, depuis la première incisive jusqu'à la dernière molaire, et cela aux deux mâchoires : il n'y a de différence que dans le nombre avant et après celle bien i)lns grande de la canine. Le système dentaire des autres espèces de l'iioques sans oreilles se siniplilie d'une manière re- maïqnable dans les espèces ascendantes, jjôur se conipliqiu^r ensuite dans les l'IuKpu's ;'i oreilles. Dans les premières, telles que dans le l'Iioca Icuiurus. les denliculcs des molaires sont plus aiguës, plus profondes, plus nombreuses; dans h; Pltocci barbata, ces dents deviennent plus petites, et il en est de même dans le l'Iwca Grocnlandïca. Puis dans d'autres espèces, comme les PItocii hplouij.r et nidiiaclnis, il n'y a plus (pie ipialre incisives en haut comme eu bas, et de cette diniiiintioii d'une inci- sive supérieure il résulte ipie li's canines deviennent pins icdjustes; les mohiires. dans la |U'emière, •i3C IlISTOUti; NATIRKLLE. sont yi'niidi's, tiiliibiV's, roiiiiiir |ialiiirfs. cl I cil est à |i('ii |iii's ili' mémo (l:iiis une espéci' iiouvollii l'iippoiiii' |):ir MM. lldiiiliroii cl .laciiiiimil du vciyaj;!' de l'amiral d'ilrvillr au pùle sud, et liyurée par eux Sdus la deiMimiualioM de l'Iiucu carjmpluuja Dans d'autres espcees, telles (|iie les l'Iinca ciix- lala et liuiiiiui, le nombre des incisives diminue encore et n'est plus (pic de (piaire en haut, et sou- Icnient deux eu lias. Dans les Otaries ou F'iioqnes à oi'eilles le sslème dentaire est beaucou[) plus lixc, plus normal (jucc dans les autres espèces de l'Iioeidés, ne descend jamais au même dej;ré de simplicité, et revient au même nombre que dans le Pliuca vUiiliiin. i>es incisives sont moins terminales, disposées en are de cercle, plus fortes; les canines sont tres-robustes, trés-longucs; les molaires, plus ou moins serrées et obliques, iiu-linécs en sens inverse, ont nne ]iclite pointe en avant, et souvent une auli'c moins maïqm'C en arriére, surtout aux trois»()ostéricui'es, (pii s(uit les plus fortes. Suivant les sexes, on sait que les canines sont liuijours beaucoup jdus ])rononeées dans le mile i[ue dans la femelle. Les différences d'aj,'c ne semblent |)as apparentes dans les Phoques sans oreilles, tandis que dans les Piioques à oreilles elles sont appréciables et consistent principalement dan.s une incisive supérieure de moins, dans nne canine jilus i^réle et plus faible, et ilans trois molaires seu- lement, en haut comme en bas, petites, coniques et distantes entre elles. (domine on le voit, le système dentaire offre des différences reniarijuables daijs les Phocidés, et il en résulte que l'on s'en est servi, ainsi que nous le dirons, pour la caractéristique des genres (|u'on a créés flans cette tribu. I'"lg, 110. — l'lio,|iic Mon. Les Phocidcs vivent en i;randes troupes dans presque toules les mei's du i^lobe; cependant, il parait que la plupai'l de leurs espèces varient, selon ipiNdlcs apparlieiint iit au voisinai;c de l'un ou de l'autre pôle; car il est à rcmar([ucr (pi'ils jucfèrcnt les pays fi'oids ou ti'rnpèrcs aux climats chauils de la zone lorride. ('/est eu général à travers les écucils et les récifs qui bordcnl loiiles h's mers, et jusfpie sur h's CAUNASSIERS. 257 tjlaces des pôles, qu'il faut ;illt'iclicrcli£r les grandes espèces. Là ces animaux se jouent, à travers les tem- pêtes, sur les vagues eu fureur, passciil presque lout leur temps dans l'eau, et s')' nourrissent de Poissons, de Crustacés, de Mollusques et, habituellement, de tous les petits animaux qu'ils rencontrent. Parfois même ils mangent des Oiseaux. « L'un de ces animaux, dit Lessou. qui nageait très-près de la corvette, se saisit, devant nous, d'une Sterne qui volait au-dessus de l'eau en compagnie d'un très-grand nom- bre de Mouettes. Ces Oiseaux maritimes raseaient la mer, et se précipitaient les uns sur les autres pour saisir les débris de Poissons qui étaient dévorés par le Phoque, lorsque celui-ci, sortant vive- ment la tête de l'eau, s'efforça à chaque fois de saisir un des Oiseaux, et y parvint en notre présence.» F\.. 111 _ l'iififiiie h,-r!Hi Ils sont très-bons nageurs, quoique les Cétacés les surpassent encore .sous ce rapport. Un fait des plus singuliers, mais qui semble établi d'une manière certaine, est que ces animaux ont l'habitude constante, ((uand ils vont à l'eau, de se lester, comme on fait d'un navire, en avalant une certaine quantité de cailloux, qu'ils rejettent lorsqu'ils retournent sur le rivage. Les uns recherchent les plages sablon- neuses cl abritées, d'autres les rochers exposés à l'action des eaux, et il en est qui se trouvent dans les touffes épaisses d'herbes qui croissent sur les rivages. A terre, les Phoques ne mangent pas; aussi, .s'ils v restent quelqiu' temps, maigrissent-ils beaucoup. En captivité, pour dévorer la nourriture qu'on leur donne, ils la plongent babiluellement dans l'eau, et ils ne se déterminent à manger à sec que lorsqu'ils Y ont ete habitués dès leur première jeunesse, ou qu'ils y sont poussés par une faim exirémc. Ces Caruiissiers sont susceptibles d'une sorte d'educalion, et ils montrent nue grande douceur. Lors- qu'un Phoque est pris jeune, il se prive parfailemenl, s'attache à son maître, pour lequel il éprouve une affection aussi vive que le Chien. De même que ce dernier, on assure qu'il reconnaît sa voix, lui obéit, le caresse, ete. Ou en a vu anx(pn'ls des matelots ou des bateleurs avaient appris à faire diffé- rents tours, et (jui les cxerulaieul au (■(immandenu'iit avec assez d'adresse et beaucoup de bdiiue voluutc. 23Î IIISKUUK NATUllKlXl^. L'intfllijjrencedes l'hocidés est assez graiulo; ils sont affectueux, bons, patients; mais, si on les tourmente trop, ils peuvent devenir dan^^reux. l'ourles conserver loni,'temps en captivité et en bonne santé, il faut les t<'nir, pendant la plus jurande partie du jour, et surtout lors de leurs repas, dans un envier A demi rempli d'eau; la nuit, on les fait cduilier sur la paille. Ainsi traites et nourris avec du Poisson, on peut les garder vivants pendant assez loni;temps. Nos Mena,geries en ont souvent possédé : et les montreurs d'animaux en font souvent voir dans nos grandes villes. !.ors(|u'un Plioi[ue veut sortir de l'eau, il faut qu'il clioisisse une place convenable; c'est sur une roclie plaie, s'avançant dans l'eau en pente douce, par laquelle ils i;riinpei!t. .s'accrocbant avec les mains et les dents à toutes les aspérités qu'ils peuvent saisir. ]iuis ils tirent avec difliculté leur corps sur le sol. Malgré cela, ils rampent assez vite, même en montant des pentes roides. Il est aussi éton- nant de voir avec quelle adresse ils se cramponnent à un glaçon ilotlant et glissant, et parviennent à se bisser dessus pour se re|)oserct dormir, sans cr.iimlre d'élrc emportés en jdeine mer. (I Le ((uarlier de rocber mousseux sur lequel un l'Iioque a l'Iiabilude de se reposer avec sa famille devient, rapporte un voyageur, sa propiiété relativement aux autres individus de son espèce qui lui sont étrangers. Quoique ces animaux vivent en grands troupeaux dans la mer, qu'ils se protègent, se défendent vraiment les uns les autres, une fois sortis de leur élément favori, ils se regardent, sur leur rocber, comme dans un domicile sacré, oii nul camarade n'a le droit île venir troubler leur tranquillité domestique. Si l'un d eux se rappruclie de ce sanctuaire de la famille, le cbef, ou, si l'on veut, le père, se prépare à repousser par la force ce (pi'il regarde comme une agression étrangère, et il s'en- suit toujours un combat terrible, qui ne finit (|ue par la mort du propriétaire du rocher ou par la re- traite forcée de l'indiscret étranger. Le plus ordinairement, c'est la jabuisie qui occasionne ces com- bats; mais il est évident que l'instinct de la propriété y entre aussi poui' (pielque chose. Jamais une famille ne s'empare tl'un espace plus grand ([w'il ne lui est nécessaire, et elle vit en paix avec les fa- milles voisines, pourvu qu'un intervalle de quarante à cinquante pas les sépare. (Jiiaud la nécessité les y oblige, ils habitent encore, sans querelle, à des distances beaucoup plus rapprochées; trois ou quatre familles se |)artagent une roche, une caverne, ou même un glaçon; mais chacun vit à la place qui lui est éi-liue en partage, s'y renfernic. pour ainsi dire, sans jamais aller se mêler aux individus d'une autre famille, u Chaque mâle a ordinairement trois ou (piaire femelles; le ( hef de la famille défend ses femelles avec un grand courage; et c'est surtout loisipTelles sont pleines, de novembre à janvier, qu'il redou- ble de soins et de tendresse pour (dies; l'accouplement a lieu en avril, et la fenndle ne fait ([u'un seul ou deux jietits. ("est sur le sol, à quelque distance de la mer, et sur un lit d'algues ou d'autics plantes marines, que les femelles mettent bas. La mère ne va pas à l'eau tant que ses petits ne peuvent s'y traî- ner, ce qui a lieu une quinzaine de jours après leur naissance. Comment les femelles se nourrissent- elles pendant ce temps.' On ne b' sait pas positivement, mais on suppose (pie le mâle porte alors de la nourriture à sa femelle. Quand le petit est arrivé à la mer, la femelle lui apiirend à nager, et le sur- veille pendant qu'il se mêle aux troupeaux des autres Phoques; elle l'allaite, toujours hors de l'eau, pendant cinq ou six mois; le soigne très-longtemps, mais, aussitôt qu'il peut (jourvoir seul à ses be- soins, le père le chasse et le force à eberclur un autre lieu pour s'établir. « C'est pendant la tempête, dit 51. Boitard, lorsque les éclairs sillonnent un ciel ténébreux, que le tonnerre gronde et éclate avec fracas, et cpie la pluie tombe à Ilots, c'est alors que les Phoipies ai- ment ;i sortir de la mer pour aller prendie leurs ébats sur les grèves sablonneuses. Au contraire, quand le ciel est beau et que les rayons du soleil échauffent la terre, ils semblent ne vivre que pour dormir, et d'un sommeil si pi'ofond, (pi'il est fort aise, quand on les surprend en cet état, de les ap|)i'o- ('her pour les assommer avec des pei'ches ou les tuer ;i coups de lance. A chaque blessure qu'ils reçoi- vent, le sang jaillit avec une grande abondai:ce, les mailles du tissu cellulaire graisseux étant très- fournies de veines. Cependant, ces blessures, qui paraissent si dangereuses, compromettent rarement la vie de l'animal, à moins qu'elles ne soient trés-profondes; pour le tuer, il faut atteindre un viscère ])rincipal ou le frapper sur la face avec un pesant bâton. Mais on ne rap|iriielie pas toujours facile- ment, parce (pie, lorsque la famille dort, il y en a toujours un qui veille et qui fait seiilinelle pour réveiller les autres s'il voit ou entend quel(|ue chose d'inquiétant. On est obligé pour ainsi dire de lutter corps à corps avec eux, et de les assommer, car un coup de fusil, quelle que soit la partie où la balle les aurait frappés, ne. les cmpêcher;iii pas de regagner la mer, lellenient ils fuii la vie dure. CM'.NASSIKliS. 259 (JiKinil ils se voient assaillis, ils se lii feiiileiit avec eûiiraf;e; mais, mal,^'ré ieiii' (|ii(iie lenibie, eetie liillc est sans daTii;er |iiiiir i'Iiomiiie, parce ([n'ils ne peuvent se mouvoir assez lestement pour oler le temps au ehasseur de se dérober à leur alleinte. Faute de pouvoir faire autrement, ils se jettent sur les armes dont on les frappe, et les brisent entre leurs dents redoutables. « Les Plioridcs donnent plusieurs produits utiles à l'homme. C'est ainsi qu'ils ont, entre les nniseles et la peau, une épaisse coiirhe de yraisse, dont on tire une i,'raiule (|uanlité d'huile employée aux mêmes nsaijes que eelle de lialeine, et qui a même l'avantage de n'exhaler aueune mauvaise odeur. Quelques espèces ont une grossière fourrure qui est recherchée pour les habits des peuples sepleii- liionaux. Les Américains emploient, dit-on, les peaux les plus grossières à un usage singulier ; ils en ferment, le plus hermétiquement possible, toutes les ouvertures, et les gonflent d'air comme des ves- sies; ils en rcuuisscnt cin([ ou six, les lixent solidement les unes aux autres, placent dessus des joncs ou de la paille, et en foi ment ainsi de trés-legéres embarcations, sur lesquelles ils s'ex])0sent sur leurs plus grands fleuves. Les habitants du KanUclialka se servent de ces animaux pour divers usages; la ]ieau est employée pour furmer de petites pirogues; la graisse les éclaire; la chair, quoique coriace, et d'odeur désagréable, est leur nourriture ordinaire. Mais les Américains des lùals-l'nis et les Anglais font surtout en grand la chasse aux Phoques ]iour eu obtenir la graisse, et celte chasse constitue, pour eux, une branche importante de commerce, puisqu'ils y emploient plus de soixante navires de deux cent cinquante à trois cents tonneaux. Lesson a donne, d'rqjrés M. Dubaut. d'intéressants détails sur cette espèce de pèche, et nous croyons devoir en transcrire quelques-unes ici. « Les navires destinés pour cet armement sont solidement construits. Tout y est installé avec la plus grande économie; par cette raison, les fonds du luivire sont doublés de bois. L'armement se compose, outre legréement, très-simple et très-solide, de barriques pour met- tre riiuile, de six yoles armées comme pour la pêche de la Baleine, et d'un petit bâtinuMit de quarante tonneaux mis en botte à bord, et monté aux îles destinées à servir de théâtre à la chasse lors de l'ar- rivée. Les marins qui font cette chasse ont ordinairement ]iour habitude d'explorer divers lieux suc- cessivement, ou de se fixer sur un point d'une terre, et de l'aire des battues nombreuses aux environs. Ainsi, il est ordinaire qu'un navire soit mouillé dans une anse sûre d'une île, que ses agrès soient débarqués, et que les fourneaux destinés à la fonte de la graisse soient placés sur la gVèvc. Pendant fpie le navire est ainsi dégreé, le petit bâtiment, très-lin et très-léger, est armé de la nujitié environ di' l'équipage, fait h; tour des terres environnantes en expédiant ses embarcations lorsqu'il voit des Phoques sur les rivages, en laissant çà et là des hommes destinés à épier ceux qui sortent de la mer. La cargaison totale du petit navire se compose d'environ deux cents Phoques coupés par gros mor- ceaux, et qui peuvent fournir quatre vingts à cent barils d'huile, chaque baril contenant environ cent vingt litres, valant à |ieu près quatre-vingts francs. Arrivé au port où est mouillé le navire principal, les chairs des l'hoques, coupées en morceaux, sont transportées sur la grève, oii sont établies les chau- dières, et sont fondues. Les fibres musculaires, qui servent de résidu, sont destinées à alimenter le feu. Les équipages des navires destinés à ces chasses sont à part; chacun se trouve ainsi intéressé au succès de l'entreprise. La campagne dure quelquefois trois ans, et au milieu des privations et des dangers les plus inouïs; il arrive souvent que des navires destinés à ce genre de commerce jettent des hommes sur une ile pour y faire des chasses, et vont, deux mille lieues plus loin, en déposer quelques autres, et c'est ainsi que, bien souvent, des marins ont été laissés, pendant de longues an- nées, sur des terres désertes, parce que leur navire avait fait naufrage, et, par conséquent, n'avait pu les reprendre aux épo(|ues fixées. L'huile est importée en Europe et aux Klals-Unis; les fourrures se vendent en Chine. » Après ces généralités sur les Phocidés, ikuis voulons encore dire quelques mots sur les traces fossiles qu'ils ont laissées dans le sein de la terre, puis nous entrerons dans la descri]ition des genres et des espèces. C'est encore Esper, et comme provenant des cavernes de Caylenreuih, qui le premier a fait graver des os ([ui se rapportent aux l'ho(|ues, et il dit tpi'il a trouvé des mâchoires de ces animaux dans un amas d'os d'Éléphants, d'Hyènes, etc., à K'ahlendorf, dans le pays d'Aischtedt, mais ces pièces se rapportent probablement à des Ours. En 18(lG. lors de la publication de la première édition des Iticliciilics sur les ossnnnils fossiles, G. Cuvier décrivit deux fragments d'humérus ir(]uves dans If.s envinuis d'Angers par )l. Ilenan, (t il les décrit comme de Pho(pie ; mais il est aujourd'hui démon- 2. in IIISTOIUK NATIRRI.I.K. liT, (l'aiiicV^ les travaux ûv De lUaiiivilli', «iiTils ddivriii pkilùl apparlciiii' à nu l.anianlin. Ct> u'osl (lune (ju'asscz récciniiii'iil «[iroii a en la pi'ciivo jinsitivc (jn'il existe réelleiiient des Phoques lossiles, et ces ilébi'is ont été reeneillis dans un assez i^rand nond)re d'eiulroits plus on moins éloiynés en Europe, et probablement toujours dans des terrains tertiaires et dans des versants eu général assez peu éloignes des bords de la mer. Ainsi, dans le versant de la mer du Nord, on ]ieiil in(li{pier : 1" des dents sii;ualées )Kir M. lîoué, comme trouvées avec des débris de Squales; 2" des dents, une vertèbre et quelques autres os, trou- vés en Wcstplialie, d'après M. Ilermaun de Meycr; o" dos dents décrites par le même auteur comme trouvées à LaxbPrg, près Aix-la-Chapelle; 4° des ossements signalés par M. Tuglar; et 5° un bassin trouvé par M. Eugène Robert, en Islande, dans un lur<'oqniller. avec des Ciiprinn Islaniliia et au- tres coquilles récentes. l'i;; 112. — Slcnorhyiiquc ii CAIINASSIEHS. •i'ii sans doute (iiit ;i|i|iai'tcmi à une espèce de l'InKiiie, et qu'il avait trouvé ces débris en Ki^jpte, ihnis un terrain (|u'ii lappoi'te à celui de la eiaie. La elassilieation des l'hocidés est Tune des plus embrouillées de celles des Mammifères, et cela se conçoit, car les animaux assez nombreux qui entrent dans cette tribu ne se trouvent, à peu d'excep- tions |irès, que dans des lieux très-éloignés de nous, et ne nous arrivent pas facilement. La difli- culté (pi'il y a pour les conserver et pour les envoyer dans nos musées fait que les naturalistes ne les connaissent pas complètement., et qu'ils doivent se fier souvent à des récits exagérés de voya- geurs. Il en résulte que les espèces sont encore mal connues, et que les genres qu'on a voulu établir dans cette tribu ne sont pas encore fondés sur des caractères tout à fait hors de doute. Quoi qu'il en soit, la meilleure elassilieation que nous en ayons est celle que Fr. Cuvier, en 1820, nous en a donnée dans le niclionnaire des sciences naturelles, et dans laquelle il partage les Plii)(iucs en sept genres, ceux des : Calocéphale, Slcuorliiiiiiiiiii'. Siisiema witurœ. 1755, et correspond presque comidétement aux groupes des Plwcidii' ex l'hoeina, Giay, 1855; Plm- cinœ. Cil. Bonaparte, 1840; Pliocadie, Agassiz, 1841, et Otoes. G. Fischer (mtc:;, sans oreillel. Ce nom de Phoque, appliqué par Linné, et qui provient du mot grec tfam, dont les Latins lireni Plioca, qui servait à désigner jadis l'espèce typique de ce groupe, n'est pas resté génériquemeni dans la science. En effet, lorsque F. Cuvier a subdivisé les Plioca en plusieurs genres, il ne s'en est malheureusement pas servi pour désigner l'un d'eux, et il en résulte qu'un nom connu depuis la plus haute antiquité a été remplacé par des dénoniinalii lnMiicoiip |iliis viU' (jn^iii in' |)ntit'r;iil riiii:ii;iiu'i', et sniiviMit, (|ii(]ii|iic lilt'ssf. il f(lia|)pi' pai' la fuite au cliasscui'. - « Les Plio(|ui's \iveiit en socictc ou du moins eu yiaïul iioniliit' dans les mèiiios lieux; leur elinial naturel est le Nord, quoiqu'ils puissent vivre aussi dans les zones tempérées et même dans les seconde tête de celte division n'avait conserve que les cinq premières mâclielières supérieures d'un côté, sans aucune trace de la sixième, tandis que les six étaient bien entières du côté parallèle. Ces animaux seraient-ils sujets à perdre leurs dents, et leurs alvéoles se rempliraient-elles rapidement? » Après quelques autres considérations générales, Vr. Cuvier entre dans les descriptions particulières des dents des diverses divisions qu'il forme parmi les Phoques, et c'est de la manière sniv;inle qu'il fait connaître le système dentaire de ceux dont les dents ont des racines multiples, cl dont plus lard il a fait son genre Calot éphale. « Ces animaux ont, dit-il, trcnte-quaire dents : dix-huit supé- rieures, subdivisées en six incisives, deux canines et dix mâclielières; seize inférieures, eompreiiani quatre incisives, deux canines et dix màchelières. « A la mâchoire supérieure, la première incisive est un peu plus petite que la seconde, et celle-ci de moitié plus que la troisième; toutes sont crochues, terminées en pointe et de la forme îles cani- nes, surtout la dernière. La canine vient après un intervalle vide; elle est forte, arrondie uniformé- ment, excepté à sa face interne, où l'on voit de légères i;ôtes longitudinales séparées à la base de la dent et réunies à la pointe. La première mâchelière, silnée à la basi> île la lanine, esl de moitié plus pelilc que les antres, arrondie, lerniini'i' par nnc puinlc ;intiinr de Liqnellc se reniiiri|nrnl (|ncl- CARNASSIEKS. 247 ques aiilies pointes très-petites, disposées irrégulièrement. Les quatre qui suivent et qui se ressem- blent, ont, eomme je l'ai dit, la l'orme des fausses molaires; mais elles sont épaisses, et leur tran- chant postérieur est divisé en deux dentelures par deux échancrures, la première très-profonde et la seconde moindre. Ces échancrures ne sont pas aussi nettement marquées sur la dernière de ces deiils. Toutes se touchent et se recouvrent un peu par leur base. '( A la mâchoire inférieure, la preniiérp incisive est plus petite que la seconde, et elles participent ;iussi un peu Tune et l'autre de la forme des canines. Les canines sont semblables à celles de l'a.itre mâchoire, et il en est de même des mâchelières, seulement on voit une ou deux échancrures, et par conséquent une ou deux dentelures sur le tranchant antérieur de celles-ci. '( Dans leur position réciproque, les incisives et les canines des deux mâchoires sont dans les mêmes rapports que celles des Carnassiers; et les mâchelières ressemblent encore à cet éi^ard aux fausses molaires du dernier ordre; elles sont alternes et ne passent point l'une devant l'autre de ma- nière à couper comme les deux lames d'un ciseau , mais les tranchants des unes sont opposés direc- tement aux tranchants des autres, de soite que, tout en divisant, elles compriment. C'est le Piinque commun (Pliocii v'Uiirnia) qui nous fournit ce type de donlition. » Sans répéter les caractères communs aux Phocidés, dont nous nous sommes précédemment occu- pés, nous ajouterons seulement que, dans les Calocéphales, la membrane interdigitale ne dépasse pas les doigts et n''enveloppe même pas entièrement ceux de devant, que les doigts vont en dimi- nuant de longueur graduellement de l'interne à l'externe, et qu'aux pieds de derrière les deux ex- ternes sont les plus longs; que leur pupille est à peu près semblable à celle du Chat domestique; que les narines ne se prolongent pas au delà du museau et forment entre elles un angle droit; que la langue est échancrée à son extrémité; que les organes de la génération chez la femelle sont très- simples; que ceux du mâle sont tout à fait cachés ;'i l'extérieur; que les mamelles sont abdominales et au nombre de quatre seulement; que le canal intestinal est très-simple el n a qu'un très-petit cœ- cum; et enfin que le cerveau est trés-déveioppé. assez riche en circonvolutions. Ces animaux, ainsi que tous les Phocidés, étant su.sceptibles de rester fort longtemps sous l'eau sans respirer l'air en nature, on avait d'abord cru qu'ainsi que les fœtus ils avaient une communi- cation ouverte dans leur cœur entre l'oreillette droite et l'oreillette gauche par le trou de liotal, mais cela n'existe pas; leur circulation a lieu comme dans tous les autres Mammifères; seulement on re- marque que leur sang esi d'une couleur plus noire, qu'il est plus abondant et surtout plus chaud. Selon Fr. Cuvier, les mouvements de la respiration ont lieu à des intervalles très-réguliers, et il pa- raît qu'à chaque inspiration il entre une grande quantité d'air dans les poumons. Les Calocéphales sont assez mal partagés sous le rapport des sens. Leurs yeux sont ceux d'animaux nocturnes: une lumière vive les blesse; ils ne sont point construits pour servir dans l'air, mais dans l'eau, ainsi que le prouvent l'aplatissement de la cornée et la sphéricité du cristallin. Leurs oreilles sont dépourvues de conque externe propre à rassembler les sons, ou en ont une si petite, qu'elle est inutile. Leur peau est très-forte et surtout accompagnée d'une couche très-épaisse de graisse ou de lard qui anéan- tit toute sensibilité; el les moustaches seules srnibleni être des organes un peu délicats propres au toucher. L'odorat parait être le sens le plus parfait, si l'on en juge toutefois par le grand développe- ment des cornets du nez; car aucune observation directe ne prouve la délicatesse de ce sens chez les Phoques. Le goût semble assez fin; car ceux de ces animaux que l'on garde dans les Ménage- ries savent parfaitement distinguer les espèces de Poissons qu'on leur donne, et refusent ((instam- ment tous ceux dont ils ne font pas un usage ordinaire. Ils sont voraces, avalent les morceaux pres- que sans les mâcher, et après les avoir enduits d'une salive abondante et épaisse, sécrétée par des glandes fort développées. Quelques-uns d'entre eux vivent de Mollusques, tels que de Sèches, et il en est qui mangent des herbes. Presque tous lestent leur estomac de pierres assez grosses et assez nom- breuses. Deaucoup ne mangent que dans l'eau, et ceux qui vivent de Poissons leur déchirent le ventre et en dispersent les entrailles avant de les avaler. Ces Mammifères vivent en grandes troupes dans presque toutes les mers du globe; cependant, il paraît que la plupart de leurs espèces varient, selon qu'elles appartiennent au voisinage de l'un ou de l'autre pôle; car il est remarquable qu'ils préfèrent les pays froids ou tempérés, aux climats chauds de la zone torride. Ce sont les espèces de ce genre qui se sont prêtées au plus grand nombre d'observations, parce que plusieurs d'entre elles se trouvent dans nos mers, ([u'on a pu en faire vivre en captivité, et qu'elles 248 IIISTUIIŒ NATl'lŒLl.lv ont été l'objet d'un assez i^iaiid nombre de recherches anatomiques. Uuoique leurs urtçaiies du mou- vement et leurs sens aient une structure peu favorable à l'exercice et au développement de l'intelli- gencp, il est peu d'animaux plus iieureuscment doués, sous ce rapport, que les Calocépliales; aussi, ainsi que nous l'avons dit, leur cerveau a-t-il une étendue (|ui le rend presque rompai'abie à celui des premiers Sinj^es, et les observations auxquelles les actions de ces l'hocidés ont donné lieu conlirnient entièrement ce qu'avait fait prévoir l'inspection de l'encéphale. « 11 n'est pas, dit l'"r. (^uvier, d'ani- maux sauvages plus faciles à apprivoiser, qui aient une conception plus vive et qui soient disposés à plus d'attaclu'ment pour ceux qui les soignent; ils les reconnaissent de loin, les appellent du geste et du ri'gard, cl se conforment, sans qu'il soit nécessaii'e d'employer la force, à tous les exercices qu'ils leur demandent, et que leur organisation leur permet. Dans l'eau, ils sont d'une agilité extrême, et ils peuvent y rester longtemps sans respirer; à terre, ils se meuvent en avançant alternativement leur train de devant et leur train de derrière. Mais, quoiqu'ils aient des muscles vigoureux, des on- gles aigus, des dents tranchantes, les moyens de conservation qu'ils ont reçus résident plus encore dans leur intelligenc(^ que dans leur force physique. » Fig. 1 16. — ArLlocé|ih.\le lob^'. L'anatomie du Phoque commun a été faite avec soin par Daubenton. et, comme le Plwca vuuliua peut être pris pour type de tous les Calocéphales, nous rapjiorlerons maintenant une jjartie de ce qui eu est dit dans Vllistoirc (jàicrak et pnrliniHcie de liuffuri; mais, comnu' ces détails ne sont rclnlil's ipi'à certaines parties de l'organisme, nous n'en croyons pas moins devoir donner un extrait ilu travail de Hosenlhal sur les organes des sens des l'Iioques. « A l'ouverture de l'abdomen, rapporte Daubenton, les viscères se sont trouves situés eoninie dans les autres Onadiupédes; répi|iliion est très-eonrl, fort mince et place derrière l'estomac; le foie s'étendait beaucoiqi plus à droite qu'à gauche, et l'artère liépalicpu' était fort apiiarente le long Fij; 1 . - Iclincuniie à qiiuuc blanclu l'I ".1 CAI'.NASSIKI'.S. •21!) du li!,':im('nl siispcnsuif, du fuie jusqu'au nunibiil; l'estomac se imuvail daus le milieu de la re-ion épigasti'iquc, il était courbé en arc de cercle, et la couvexilé se trouvait en arrière et les deux ex- trémités en avant; le pylore terminait celle dn coté droit. (( I>e canal intestinal s'étendait, en arriére, s(nis l'estomac, vers son extrémité postérieure; dans cet endroit, le canal intestinal se recourbait, et ensuite il se prolongeait en avant justpie contre le py- lore; il faisait plusieurs petites circonvolutions sous l'estomac, dans la région ombilicale, dans le côte gaucbc, dans le côté droit, dans les régions iliaques et dans riiypogaslrique: enlin, il s'étendait en avant depuis la région liypogastrique jusqu'à l'endroit du pylore où se trouvait le cœcum; le cô- lon était fort court, il se formait sous l'estomac un petit arc dont la convexité était tournéf en avant. l'i;;. 117. — Caluuqilulc du Gioiiulainl. (I L'estomac dilïeiail de crlui ties autres aiiiiuaiix par sa forme, il n'avait poiiii de grand cnl-de- sac; l'œsopliage aboutissait à l'extrémité gancbe de cet esinmac. qui était fort long à proporlimi de sa grosseur; il n'avait point de courbure dans la partie ipii .s'étendait depuis rœso|)liage ju.sqii'à l'angle que formait la p;irlie droite, cduniu' dans les estomacs de la plupart des Quadrupèdes; cet an- gle était bien marque, et le reste de la partie droite, qui se trouvait entre l'angle et le pylore, était longue cl ;ivait peu de diamètre, la courbure, que l'on appelle la grande conrinire dans l'eslduiac de l'homme, cl qui y est en efl'ei très-apparente, avait peu de convexité dans l'estomai' du l'iioqui'. de- puis la courbure qui se li'onvait derrière l'angle jusqu'à l'iesopliage. « Les intestins grêles avaient Ions à peu près la nn''me grosseur, cependant la pdilion l;i plus grosse se trouvait dans le duodénum et la plus petite dans l'ilèuni; le coecnm était fort court et ai- rondi par le bout; la première portion du côlon avait le plus de diamètre; la grosseur de cet inl(>siin était moindre dans le reste de son étendue et égale à celle du rectum, excepté prés de l'anus, ou U rectum était plus gros que le cùlou à son origine. (' Le foie était très-grand, mais il a\ail à piopnriiiiu uioins d"cp;iisseiii' qio' de lougio'ur el de bir- c' G'i 2r.o iiisToii;i: nati iir.i.i.i.. iU'Uv, les lobes t'taiciil loii Iciii^^s cl pointus pai' rcxdi'mili'; il y en ;i\;iil (|ii;ili'c, dt-iix à ilroito, un à !,'autlu' en (Miticr, cl le qiKiliit'inc dans le milieu : ('chii-ri ('lait divise en tmis parties par deux .scis- sures; le li,;^anient snspeiisdir se trouvait dans l'une des scissures, l'I le vésicule i\u ilel dans l'autre, qui était à droite de la première; le lolie ijauche et le lobe inférieur et anteiieur du coté dmit avaient à peu ]ués autant de grosseur l'un que l'autre: le lobe supérieur et postérieur du côté droit était le plus petit de tous, et il avait à sa racine un appendice bien marcjné. « I>a l'ate se trouvait placée transversalement de dioiie à i;auche sur l'estomac; elle avait à peu près la même lar!;enr dans totdc sa loni^ueur; elle était d'une couleur rougeàtre et plus foncée que celle du foie; elle pesait sept j^ros et di\-iuiit grains. (( Le pancréas était fort grand, très-épais, ti'cs-coui]iacie et de couleur de chair; il a\ait luie (igurc singulière et oblougue; son extrémité droile était |ilus l;iri;c (pu' la gauche. i( Les reins claieul fuit grands; ils avaient peu d'eul'oiuenieut cl ils él;iienl tuberculeux en dehors; en les ou\iaut, ou voyait distinetcmeut que tous ces tubercules étaient autant de petits reins qui for- maient le grand; il y avait au milieu de chaque petit rein une piqiille blanchâtre dont sortait l'urine; elle coulait dans des coiuhnts qui se réunissaient pour fornu'r l'uretère. « Le centre nerveux du diaphra,L;iue était tres-peu étendu, et la partie charnue avait beaucoup d'épaisseur. Le lœur se trouvait dans le milieu de la poitrine, un ])eu plus à droite qu';i gauche; sa pointe était dirigée en arrière et pt n apparente, parce qu'il avait une figure fort extraordinaire; il était aplati par-dessus et ]);ir-dessous; il foi'Uiait pres(jiu'un ovale dont le grand diamètre s'étendait de droite à gauche d'uu coté à l'autre de ce viscère, et le petit dianjètre depuis la base jusqu'à la pointe; l'oreillelti' droite n'avait guère jilus d'étendue que la gauche. Les principaux vaisseaux sanguins étaient très-gros, on voyait très-distinctement le canal artériel, qid communiquait de l'artère pulmo- naire à l'aorte; son diamètre, pris de dedans eu dehors, était de deux lignes et demie. Il sortait trois branches de la crosse de l'aorte. « Les poiimous étaient très-grands, il n'y avait (pi'uii lobe d;ius chacun; le [iouni(Ui gauche était lin |icu plus gr;iud que le droit. « L'extrémité de hi hingue était eehancrée, presipie fonrchui', Uwl étroite et fort iniiwe en conqia- raison du reste, qui était large, épais et court; la partie antéiieure était garnie de petites pajiilles, et |iarsemée de grains ronds et peu apparents; il y avait sur la jiai'tii' postèrieuie ipielipu^s petites glandes et des papilles larges, mais peu élevées et molles. « L'épiglottc était recourbée en dessons et en arrière, épaisse cl de ligure Iriaiigulaiic un peu ;il- luiigée. Les anneaux de la trachée-artère étaient cartilagineux dans toute leur étendue. Il n'y avait point de sillons marqu''s ;ui jjalais; on apercevait seuleinenl ipulques rides irréguliéres sur la [larlie postérieure, et un eul'oncenient assez large sur le milieu. '( Le cerveau était fort grand, et le cervelet encore plus grand à proporticui: celui-ci se trouvait ))lacé au-dessous de la partie postérieure du cerveau, it il y avait sur sa surlace de larges circouvo- lutiiuis ;i peu pi'és comme sur le cerve;\u, l'I une bande couvexe et cannelée trausvei'salemcnt qui s'é- tendait d'iMi bout ;i l'autre sur le milieu. Le cer\eau |)esait six onces deux gros et demi, et le cervelet une once deux gros. I' La vulve et l'anus él;iient places sous l'origine de la queue, entre les deux talons de l'aniuud; l'anus formait un bourrelet en dehors de la peau et débordait fie la longueur de cinq lignes. La vulve touchait immédiatement ;i l'anus; les lèvres de la vulve étaient fort nnuces, et on ne reconnaissait l'eiidroil du clitoris (pie i);ir une petite cavité; mais, en comprimant les parois du vagin, on sentait le clitoris bien distinctement. c;ir il ei;iii irés-gros et fort long. Le vagin s'étendait entre les deux jambes de l'animal, et avait un elr;uigleiiient dans le milieu de sa longueur. ;i rendioil de l'orifice de l'urètre, et une sorte de bourrelet lr;insversal iloiit l'extrémité île l'urètre fai-^ait partie. La vessie avait une ligure oblougue et presque eonitpie; l'oiilice de bi maliice était large et se trouvait au mi- lieu d'un bourrelet plat qui était formé par le col di- l;i matrice, et qui s'étendait de la longueur de deux lignes dans le vagin; le col n'était marqué que par le bourrelet, et le cor]is n'avait ipie très-peu d'eteiiiluc; li's cornes el:iieul cvliiidi'iipies et dirigées eu ligne droite. Les testicules :iv;iieiil au dehors et an dedans une couleur blauclu'tire, ' Itosenthal. de ciuicert avec lliu'nschucli. a cherché, (bins les dilïereiice^ de l'or.uaiiisaliou inlerii'iire .■* retrouver si ces différences coiiicidei;iiiMil avec les caraclen's diffeieiiliels exleiiems, et, a ce sujet, CARNASSIERS. 251 il 1) imblir lin iin'iiKiin' iniporlaiit, ilans le tome XII (les Mémoires (te lu Suiiélé des C.iir'u'ii.v de la nulurc. (le Bonn, sur les oi'i^aiies des sens chez les PliO(iues. Un extrait de ce travail, traduit de l'al- lemand en IVanvais par M. Isidore Geoffroy Saint-llilaire, a été inséré dans l'article Plmjiic de I.es- son du DUùonnn'tre rldss'Kjiie d'Hisiinre itatttrcllc, et nous croyons utile de reproilnire en |iartii' cet extrait. Si le tact est dans toute sa perfection chez riionime, s'il conserve ses plus précieux allrihuls chez plusieurs animaux, il jierd la plupart de ses avantages cluz les Phoques; leurs enveloppes extérieures, leurs membres, ne sont pas disposés favorablement pour eu être le siège. Toutefois, on peut regar- der comme organes essentiels du toucher chez ces animaux les longues soies d'une nature parti- culière f[ui revêtent les lèvres sous forme de moustaches roides : ces soies sont implantées au milieu des fibres d'un muscle épais qui sert à l'occlusion des cavités nasales; leur sensibilité exquise est mise en jeu au contact des corps, mais elle est plus avivée encoi'e loi'squ'elle coïncide avec l'ou- verture des narines, parce que le sens de l'odorat ajoute un moyen de plus à la perception de la sen- sation. Ces poils des moustaches sont roides, annclés le plus souvent, arrondis à leur extrémité infé- rieure, où ils sont traversés d'un canal central dans l'étendue d'une ligue et demie; ils sont, dans toute la portion enfoncée dans les interstices du uuiscle dausteur des narines, entourés d'une cap.sule cornée cylindrique ou bulbe producteur, ouvert à ses deux extrémités et nu en dehors, taudis que son intérieur est tapissé par une légère pellicule ou membrane vasculaire. Cette membrane forme une vé- ritable gaine à la soie, et s'unit à la capsule cornée par son extrémité ouverte inférieure, va joindre le bout du canal du pnil et s'y attache circulairemeut en y laissant pénétrer quelques légers petits vaisseaux. Eu entrant dans le bulbe pour en tapisser les parois internes, celte membrane laisse péné- trer des vaisseaux et des nerfs; ces derniers a|iiiartiennent à la deuxième branche principale de la cinquième paiie, qui prend sur la surface un développement considérable : ils envoient de nombreux lilels aux extrémités du bulbe, dont les poils ou soies des moustaches sont les prolongements, et qui ont sans doute pour but de transmettre au bulbe, véritable siège de la sensation du toucher, les im- pressions qu'ils reçoivent par le contact des corps extérieurs. On conçoit alors que les sensations de relation par le toucher doivent être trè.s-obluses chez les Phoques. Ea langue est longue de 0"'.08, et large, à sa partie postérieure, de 0"',05 pour le Veau marin du nord de l'Europe. Le muscle lingual reçoit, comme chez les autres animaux, les hyoglosse. génio- glosse et les autres muscles de l'appareil hycndien; la membrane muqueuse qui la tapisse est dense, et se replie en plusieurs rides à la partie postérieure : elle recouvre une membrane fibreuse beau- coup plus épaisse, et qu'on ne peut comparer qu'au réseau de Malpighi de certains animaux herbi- vores; les papilles nerveuses, sièges du goût, sont de grandeur très-inégale: elles ne sont ]>as roides, et leurs ])ointes sont dirigées en arrière; de très-petits rameaux nerveux se rendent à chacune d'clh^s; l'os hyoïde, par la manière dont il est placé et aussi par sa forme, a beaucoup de rapport avec celui de l'homme; son corps est aplati, large d'à peu près 0'",004, et disposé obliquement, de .sorte que le bord tranchant est dirigé en haut et en devant, et que le bord épais est tourné en arrière et en bas; les cornes thyroïdiennes sont plus larges et plus robustes proportionnellement que celles de l'os hyoïde de l'homme, et elles s'unissent, immèdialement iwve le cartilage thyroïde; leurs extrémités sont terminées par une memhraue qui affecte la forme d'une membrane capsulaire; les cornes anté- rieures se composent de trois portions osseuses, arrondies, lènnies par les cartilages. Les muscles de la région hyoïdienne ne présentent rien de particulier. Le sens de l'odorat est bien moins développé chez les Phoques que chez les autres Carnassiers : en effet, quelques-uns d'entre eux ne paraissent pas avoir la conscieiue des odeurs, même à une faible distance. On doit donc penser que, chez ces Amphibies, l'appareil olfactif est disposé, comme chez les Poissons, a recevoir les particules des aronu's apportés pai' un fluide beaucoup ]dus dense (pie l'air, tel que l'eau, leur respiration a terre est toujours gêiiee, et ne s' exécute que par des iiispiratituis fortes et aidées de tous les muscles, et notamment des divers plants de fibres intercostales. La ca- vité nasale est inégalement large et très-comprimée à sa partie supérieure par le développement des fosses orbitaires; le corps de l'ellimoïde est très-petit, et, dans le Plioca fœlida. à la partie externe des cornets supérieurs, il y a sept apophyses aplaties enroulées à leur bord; le cornet inférieur est, au contraire, très-grand, remplit eu grande |iarlie tout res]iace des fosses nasah's aiitèrii'ures et postérieures, et se triuive formé de fiiiillels cnronles très-minces; la posilion di' la pitnilaire ipii la tapisse est niinoi', ci tTvnii, funnir à rordiiiaiic, Ifs iifils clrs |iifiiiii'ic cl ( iii(|nicnir |iaiivs. I.c ivbord des narines est lormé d'une membrane épaisse, iem|iiie de i^iaisse, et qui s'aiiaclic à la por- tion eartilaginense du vomer; il en résulte que les ailes du nez jouissent d'une grande mobilité, et |)euvenl éprouver un deuré de contraction assez puissant pour le fermer complètement. Cv mouvc- menl est opéré par deux niusi les. faisant l'oflice de coiistrit leurs, et dont les fibres s'entrc-eroiseni dans la lèvre supérieure et dans la membrane niusculo-librcuse du pourtoui' des narines; le plus large de ces muscles, l'élévateur des ailes du nez, prend naissance .sur les côtés du maxillaire supé- lieur et des os nasaux, se diii.ne obliquement eu bas et va s'épanouir dans le labial supérieur et au piiurtdur entier delà narine, qui est placée de son côté; ses libres, en se contractant, tirent ainsi les ailes du nez en dehors, et i)ar conséquent les ouvrent de tonte la capacité de leur diaméire transver- sal: le diMixième mu.scle, plus épais, e^l le constricteur des ailes du nez, qui nail de la partie posté- rieure du maxillaire supérieur, et, sur les rebords des alvéoles, se rend dans les téyuinenls de la lèvre siipciienre, où il fornu' un faisceau musculaire où sont loyes les bulbes producteurs des soies des moustaches, et se rend à la p:irtie antérieure de la cloison nasale, après avoir ciintourné le bord des biiccinateurs; ces libres, en se contractant sur leur point lixu en dedans, serrent les ailes du nez (Outre la cloison, et opèreni en même tem|is un mouvement d'ereelion à chacun des poils ou soies des moustaches. l-cs veux sont reinai(|nablemcMl i;iands. el plus rapproches (pie dans beaucoup d'antres animaux; l'œil est presque sphcriqnc, cl a 0"',0.i de lianU iir sur un diaméire Iransvùrhal un peu moindi'c; la mendtrane sclérotique se compose d'un tissu épais et presque libro-cartilagineux. mou et mince dans son milieu, mais éjiais en avant aussi bien qu'à la partie postérieure : et ce fait se retrouve dans d'an- tres animaux marins. i,a cornée est aplatie, ayaiil environ 0'",U!2 de diamètre; elle est épaisse à ses bords, mince dans sun milieu, et peiil s'is(]ler aisément en plusieurs feuillets. Une membrane bru- nâtre la|)isse la .surface iiilerne de la sclérotique; son tissu est cellulaire et lâche, cl parait destine ;i ser\ir(le moyen d'niiinn cuire les divers plans membraneux. Au-dessous existe une antre membrane aisèiiu'iit sépai'ablc l'ii deux feuillets; la vascnlaire ou luni(|iie choi-oïdienne est ciilièrcmenl formée |iar nu li.ssii cellulaire (pii unit le réseau vascnlaire (|ui la parcourt, et (jui est ycnéraleinent occupe par un pyynieiilum noir; les vaisseaux s'unissent irrés^ulièrement à sa partie postérieure, et ils sont ré- ynlièrement disposes à la partie antérieure. La membrane colorée ou choroïde consiste en un tissu homoi^ène, mince, serre, ne recevant pas de vaisseaux, cl teinte en dedans comme en dehors. Le corps eiliairi' se compose de plis qui. d'abord jietits, sont pins i;rands à mesure qu'ils se rappro- ( lienl du cristallin L'iris, par la nature de son tissu, a de i^rands rapports avec la chordïde, mais elle ciimprcnd, en nuire, un L;ran(l iioiiibrc de vaisseaux. La membrane uvèc est un simple pnjlon- ,i;ement de la choroidc; elle offre des plis (pii se diriiçenl vers la pupille, qui parleni de sa partie posierienre. et dont les deux faces sont cndiiiles d'un |iyymeiitnin uuir. La reline prend naissance à une lamelle excavèi' de la terminaison du nerf o|itiipie, et est très-mince par comparaison avec les membranes précédentes; son tissu est formé par un réseau dont les mailles sont remplies d'une sub- stance médullaire assez épaisse qui se détache aisément par la macération : le tissu réticulé reste alors à nu, et la surface inteinc de la rétine esl parsemée de vaisseaux qu'on y découvre aisément, et (pii laissent de profondes impressions sur riiuincur vitrée: ([uel{[iies libres un ])en pins i^rosses pa- raissent avoir quehpie analo,^'ie avec des vaisseaux; cette membrane concourt à contenir une masse vi.s- (pu'use jaunâtre qui est sans doute déposée par les petits vaisseaux, et semble analoyue à ce que l'on observe chez beaucoup de Poissons. Le crisi;illiii est grand, spliériqne, et a environ 0'",009 de dia- mètre; l'iinmeur a(|ueuse esl en quanlilè considérable. Six muscles servent à mouvoir, en divers sens, le globe de l'œil; un boui'relet, presipie immobile et circulaire, prive de cils, forme les pau- pières. Le voile palpébral est grand, et consiste en un repli hklie el mobile de tégument, renforcé par un demi cartilage mince, convexe, suivant la forme de l'œil : quatre muscles, nés de la ])arlie postérieure de l'orbiie, et dirigés en avant, où ils s'unissent à la base des muscles droits, ont pour lonclions de mouvoir un peu les paupicics : séparés des muscles propres de l'œil dans la pariie anlerieure de l'orbite, ils se perdeni dans les libres du palpébral ou muscle orbiciilaire. La glande lacrymale est extrêmement petite. On ne trouve aucun organe destiné à absorber ou à servir d'émou- cloir à la sècrètiijn dis larmes. La glande d'Ilardei ins esl liès-petite. el. toutefois, exisle avec ses canaux. Ki;;. I. — CtiniH iifith'ix. Kijï. '"i. — Frlif pinnicrfis liAliWSSIKIiS. 253 Li' luiitliiit aiiililir, l'nimi' |i.ir ruiiiuil il'us cl de ciii'lilaiî'i'S. aliniillt ;i iiiic ôuvi'iliiir cxlri'iciiiv. l(iii_niii' (le (.)'". Oor»; la |i(irlioii <'ailila;:;im'usi> ('()iisist(^ en quatre \:\v'j.cs dcnii anneaux solides, unis l'un à rauti'o jtai' une mcnibraue épaisse et forte; il eu résulte iiu tuyau élastique, étroit. Ion,!' de 0",0I, iiu peu tordu, courbé, et susceptible d'être rétréci et raccourci suivant les niouvemei.ts de l'animal. L'anneau cartilagineux externe diffère, par sa forme, de ceux qui le suivent; sa j ortion antérieure est légèrement convexe, et est munie, en dessus, d'un petit proloni;emenl faisant saillie sur l'onverlure auriculaire extérieure, et assez eomparalde au trayus de quelques animaux ti'rrestres. (le conduit reçoit, non-seulement quelques libres du ])eaussier, mais encore des muscles propres qui naissent de l'aponévrose du crotaphyte, et se rendent à la partie postérieure du tube cartilagineux. Un petit faisceau plus épais naît de la base de l'apopbyse zygomatique et se rend au cartilage an- nulaire; enlin, des fibres musculaires, disposées en faisceaux grêles, ,s"avanccnt jusqu'au tmisiéme anneau. F^e conduit auditif osseux est court; sou ouverture est elliniicjue. La membrane du tynq)an est grande, irrégulièrement arrondie; sa po.sitiou est oblique. La cavité du tympan est très-développée, et présente la forme d'une pyramide dont le sommet est dirigé en haut et en arriére; le côté externe supporte la membrane du tympan, l'interne est adossé à la base du crâne, et le postérieur corres- pond au labyrinthe. Les pelils os de l'oreille n'ont rien de remarquable, si ce n'est h'ur position, qui est un peu plus oblique que dans les autres Mammifères. L'oreille interne n'a rien de particu- lier; le vestibule est très-large, et n'a pas plus de 0"',000 dans son plus grand diamètre. Une lame criblée sert pour le passage du nerf acoustique, qui est très-épais. l'our com|)léter ces détails anatiinii(pies nous renvoyons à ce que nous avons déjà dit dans nos gé- néralilés sur li's l'Iiocidés, relativement au s([uelelle de ces animaux; car en effet le type que nous avons décrit clail le l'liii(|iie commun. l'i^. 118. — l'iioiiue coiiiniun. On indique une dizaine d'espèces de Cabicéphales, mais il est très-difilcile île les caraclèiisc r d'une manière complète, car on peut remarquer dans nue même espèce de grandes différences de couleurs suivant les sexes, les âges et peut-être même les saisons. 254 IlISTOiriI' WTl'RF.M.I I. PIIOi.U'K COMMUN 011 Vr.Vr MAIUN. PIUM \ VITIIIW. I.iiim'. Cakactkres SPÉr.ii'iQUKS. — (ioiilcnr i^tiK-Mlc il'iiii ^lis jaiiiK'ili'i', ;im'c (|iifli|iu's lâches irréL;uliiM'(>s liuii'àlii's, mais (linV'ranl siiivaiil (|iir I aiiinial c.sl sec on mimilh'; an iiiiiiiKiil (lii le I'liiu(iic sort de l'i'aii, tiiiilc la [lailic MiiiciiciHi' lie suii ni\'[)'-< Cl (le sa It'lc, si's iiiiMulirt's jiiisiri'iciirs cl sa (iiiciic Sdiit "ris d'anldisc: le j;iis de la ligne moyenne le lonif du dos, de la queue et des pattes est uniforme: celui de.s côtes (lu corps se cunipnse de nombreuses petites taches rondes, sur un fond un peu plus pi'de et jaiuiàlre; tdulcs les parlics inférieures sont de cette dernière couleur: lorsque ce pelade est entièrement sec, on ne voit |iius de y ris ([ue sur la \vj;uf moyenne, où se trouve aussi un |)elit nondire de laciies répandues irrei^ulicrement; tout le reste du corps est entièrement jaunâtre. Mais ces cou- leurs ne sont pas toujours les mêmes dans tous les individus, car il parait qu'eu vieillissant les teintes diminuent d'intensité, et (pie le pelai^c devieni hlaiic liàlic. C.v pclai;i- est ((iiilinuellcment Inhrèfiè par une malière jurasse qui naît d'oryanes glanduleux piincipalenient situés autour des yeu.\, sur les épaules, sur les e(jtés du dos ou les e('Hes du ventre et autour de l'anus; cette matière e.st noirâtre et puante. La longueur totale de l'animal est d'environ i"'. Celte espèce, dont Lesson a assez inutilement changé le nom de l'Ii. vitnlind, cimnu depuis très- longtemps, en celui de Plioca IJuiiœi, est la pins répandue de toutes celles de cette famille; elle se trouve surtout dans la mer Baltique et dans tout l'Océan atlantique. de))uis le drni'nland jusqu'aux rivages de la mer du .Nord; mais on l'a rencontrée plus au sud. et il parait même (pi'ello se poil'' quelquefois jusque vers le cap de Bonne-Kspérance d'une part, et de r;iutre jusqu'aux terres magcl- laniipies et aux "des situées au large de cette partie méridionale de l'Amérique; elle habite, dit-on encore, la Méditerranée et la mer Noire, et, suivant rassertioii de ])lusieurs voyageurs, mais qu'on ne saurait adnu'tlre sans de nouveaux renseigneuieuls plus positifs, il se trouverait même des indi- vidus de celte espèce dans la mer Caspienne et dans le lac liaikal, ainsi que dans les lacs Onega et Ladoga, eu Russie. Enfin c'est pres([ue exclusivement c( rho(pie ipu' r(jii vnii sur nos côtes de l'O- céan, et que l'on peut parfois se procurer vivant. C'est à cette espèce, l'une des ]dus connues des marins, (pie |iics(pie toutes les autres du même genre ont été rapportées sous la dénoiiiinalion générale de Veaux, de Loups ou de Chiens uiariiis; el il pa- raît, d'uife autre part, que, sous celle de l'Iwca vUulhia, les naturalistes en confuiulenl probablcmeut l)lusleurs qui sont éminemment différentes |)ar leurs caractères analomiques; du moins c'est ce qu'eu rapporte M. Otto, qui ;issure avoir disséqué deux Phoques de la r.allique, très-semblables par les ca- ractères extérieurs, mais dont les tètes osseuses offraient des (lisseuihlanccs remai'(pKililes dans l'e- cartement des orbites et dans rallongement du cii'ine. Dans leurs ouvrages, les naturalistes inili((ueiit des variétés assez nombreuses de celte espèce dont nous nous abstiendrons de faire connaitie les caractères. Nous ne ferons que .citer en passant : 1" ceUe du golfe de Bothnie {Pliucfi vititliiKi liollniica. Linné), (pii a le nez plus large, les ongles plus longs et le |)elage plus obscur; 2" celle des lacs Orom et l'.aikal {Pli. vïluima Siliiiira, Ginelin), qu'(Mi dit argentée, et qui, selon Péron, pourrait bien n'être qu'une Loutre; el 5° celle de la Caspienne {Pli. vilnlhui Caspica, Pallas, Krachenninikovv et fimelin), qu'on dit éire de la taille du Phoque commun ou plus ])elite, et variée de iKiir, de jaune, de cendré, de blancliàlie. C'est avec plus de certitude que nous rapporterons avec A. -G. Desmarest à celle espèce le Phoque dont ])arle Olafseu dans S(Ui Voijaijc m Islande sous le nom de Laxdsemu. Il est, dit-il, de l'espèce de ceux qu'on trouve dans la Balti- (pie. (tu le prend au printemps; il fait et nourrit ses petits ù cette époque, sur les anses qui sont basses, et consé(piemment sous l'eau, lois(pie la ma"r si haute. Les femelles tiennent ces petits à terre jusqu'à ce qu'ils aient changé leur premier poil. Ce poil est blanc, et quehpiefois d'un jaune clair; il devient ensuite d'une couleur foncée et mouchetée de gris un peu plus clair sous le ventre qu'ailleurs, marqué de taches blanches et rondes sur les côtés; à mesure qu'il vieillit, la couleur .s'écbiircit encore, et, à la lin, il est d'un blanc tirant sur le gris. La taille de ce Phoque se rapporte d'ailleurs ass( z à celle de res|)éce commune. It'après M. Boitard. le Kussiciack [Pli. vilnlina, Lrxle- ben: Pli. vtaciildla, Boddaert) parait egalenienl eu être une variété dont le pelage est gris en dessus, I \i;\\^sii,i;>. 255 byani' vn dessous dans les iciines, ]uiis d'un i;iis livide |i:irsemé de taclies, cl cnlin, ([iiaiid il est \ieii\, iij;fé ou varié de iioii" et de blanc, (t (jui habite les mers du Nord. Lessdu indique encore deux variétés du Phoque commun : l'une, qu'il nomme alba, el qui se rap])oi'le à la variété à poils blanes dont nous avons parlé, et l'autre, caniiia, dont la tèt(i a la forme de celle du Tdiien, et qui se trouveriit dans la mer lîalli(|iu'. L'histoire du Phoque coninuui est peu dit'léienle de celle des autres anim.iiix de la même tribu à l'elat de nature. Les rérits ([u'oii en possède sont le ]dus Miuvent remplis de traits qui appartiennent aux autres espèces, (pie les marins ont c(uifon(lues avec la sienne. On n"a de renseignements pdsitif's qiu' ceux ([ui résultent de l'étude de ]dusieuis de ces animaux échoués sur les cotes. Fr. Cuvier a suivi notamment quelques individus qui ont vécu au Muséum d'Histoire naliu'elle; il a publié un mé- moire plein d'intérêt sur leurs facultés intellectuelles. 11 les considère comme des êtres plus intelli- gents, dans l'état de nature, à cause de leur sociabilité, qu(! les Chiens sauvages, qui vivent isolés; il les présente comme étant susci>ptibles de s'attacher à l'homme ([iii en a soin, et d'exécuter, à son commandement, dil'l'erentes actions, même [leiien raïqiurt avec leurs habitudes naturelles. H explique cette confiance aveugle, et qui leur est presque toujours funeste, ([ue les Phoques habitants des pla- ges désertes ont pour les voyageurs qui y abordent. « C'est, dit-il. qu'ils sont habitués à jouir d'une paix (jrofonde, et l'on aurait tort de conclure de là que ces animaux man((iient du jui;ement néces- saire pour apprécier le danger; car i-ou\ qui ont des petits à défendre ou ipu se trouvent dans des parages souvent fréquentés par les hommes u'cml plus cette ignorance et cette apathie qui exposaient leur vie; ils ont appris à reconnaître leur ennemi, à le fuir et quel([uel'ois même à l'attaquer. » Les Phoques de la Ménagerie du Muséum étaient nmirris avec du Poisson, et, ce qui est fort remarquable dans des animaux aussi voraces. c'est qu'ils n'étaient pas indifférents sur le choix de la nourriture. On n'a jamais pu faire manger à chacun d'eux ((ue l'espèce de Poisson à laquelle il avait d'abord été accoutumé; l'un ne voulait manger que des Harengs, même salés, et l'autre que des Limandes. Ils avaient d'ailleurs contracté des habitudes diverses; ainsi, l'un ne saisissait et ne mangeait son Pois- son qu'au fond de l'eau, tandis que l'autre, au c^intraire, ne voulait manger que sur terre. Ils n'é- taient point craintifs el se laissaient retirer de la gueule leur nourriture, sans témoigner de mécon- tentement, pourvu toutefois que ce ne fût pas par un antre individu de leur, espèce. Entre eux ils se battaient pour saisir une proie qu'on leur abandonnait. Ils avalaient le Poisson après l'avoir réduit, avec leurs dénis, à la proportion convenable, et le hinnaient en quelque sorte, en n'ouvrant la boiu'he que ce (ju'il fallail |iour le laisser passer. Leur voix était une sorte d'aboiement un peu plus faible que celui du Chien : c'était le soir, et lorsque le'temps se disposait à changer, qu'ils aboyaient. Quand ils étaient en colère, ils ne le témoignaient que par une sorte de sifflement assez semblable à celui d'un Chat qui menace. L'un d'eux vivait dans la meillein-e intelligence avec deux jeunes Chiens qui le harcelaient ((uelquefnis en jouant, et il senddait les exciter à continuer leurs agaceries en leur donnant de légers coups avec sa patte. Assez récemment, en 1852, la Ménagerie a possédé pendant quchpies mois un individu de cette es- pèce pris à l'emboueliure de la Somme, et adressé au Muséum par M. Haillon : ce Carnassier se faisait remarquer par son intelligence et sa grande douceur, et sa nourriture consistait unii|uement en Pois- sons de mer. Nous axons dit que c'est en gênerai des l'Iioca vitnlniu que montrent les bateleurs, et auxquels ils peuvent donner une sorte d'educaiidU, (pn^lquefois même assez avancée. 'J. C.M.OCliPIIALE LIÈVRE i'r.i;iiiuL:i;s. — Poils longs, peu seiacs. nmi cdiichés sur le corps; peau a^ant une épaisseur remaïquable; pelage d'un blanc sale, mêle d'un peu de jaune, et jamais moucheté. Jeunes intlividus ayant un pelage semblable à celiù du l.ié\re, variable jiai sa longueur, sa flexibilité et sa blancheur. Lcuiguein-, depuis le bout du museau jusipi'à l'extrcuiité de la queue. '2"',0'J; celle-ci n'avani giièri' rpie II"', II"). Ce Calocépliale, li l'Iiocit Lcpa'n'iiïi lie Li'sson, diuit la taille est de "2"' environ, est des mers d'Islande, el se trouve l're(pienunent entre le Spiuberg el le pays des Tchuikis. llims les mois d'ete. il 2ô6 ISTOIIJh: NATll'.tLLl': se iroiivp dans la nirr l.laiiclio, un il a do observe i)ai' l>e|)eeiiiii, qui l'a nommé l'hoca v'iiiilhtn, oc en a (loiiiié la ilesei'i|itioii Miivaiile ; n II ressenihle l)eaiieoii]i, |iiiiir la lormi' cl la i;i'aiiileiii', au l'Iio- (|iie du Gnieiil, 111(1; mais il a sur Idiil son e(irps un blaiie sale, nii'li' d'un |m'ii de jaune, el il n'est ja- mais mondiele. Ses poils sunt plus loniîS; ils ne sont pt)iiil pierres el se lienneiil dioils. Le poil di's jeunes surtout, par sa loui^uenr, sa llexibililé et sa lilanelieur. ressemble à eeliii des l,iévres varia- bles : de là leur dénomination. La tète n'est pas aussi jurande ipie eelle du Phoque à croissant, mais elle est allongée- la lévi'e supérieure est plus i;riisse el aussi épaisse (|ne eelle d'un Veau; les \enx ont la pinnelle noire; les dents sont seml)lables, pour li' nombre, à celles du l'hoque du Groenland, mais elles sont l)eaneou|) ]ilus fortes; les poils des monslaclies sont dilTereinnuMit distribués : ils sont places siH' (|ninze ranys, épais el foris. Les bras sont beaucoiqi plus f;dbles; les mains petites, ser- ri'cs el (;omme emipéps: la membrane qui unit les doii;ts ne forme point une diMui-lnne; elle est et;;dc p;Mlout; la queue est plus courte et plus épaisse; la pean est d'une ép;iissenr reiii;n(pialde, avant jus- qu'à quatre lignes sur un animal i|in vient d'être lue. h -- — = ^i_ —2--. Fig. liy. — Calocépliale lirvrc. Pendant son .séjour sur les bords de la mer Clandie. ce l'Iioqne .se lient à rembou( linre des fleuves (|ui se rendent dans celte mer, les monte avec le flux et les ledescend avec le reflnx. On le tue pour eu avoir la i;raisse et la peau; son cuir est surtout eslimé à cause de s(m épaisseur; on le coupe eu li,^'iu' spirale |ionr en lal)ri(pier des traits ou des b:irnais d'une certaine lon;;nenr. (pie l'on rend droits en les suspendant et en atladiant une pienv an boni libre; cdi trav;nlle la [lean des jennes; les poils oui une coidenr loiire, et Ton en fait des clia|ie;inx (pii imitent le ciistor. niais qui sont rudes au loliclier. j-'r. (liuier ;i de à même d'etiidier ,i l;i Meiiai;erie du Mnseiini un livs-jenne individu de (elle espèce qui axait été pris dans la Man^ Ik (liez cel ;Miimid. le (bi- d.iil i:.tv\<\ d nii lies--raiid non, lue de pe- CARNASSIERS. ^257 tilcs taches noiràli-fis sur un fond sris jaunâtre, et elles formaient une lii;rie le lonj^ de l'épine dor- sale; la liaiide du coù paraîl ne se ninntrer que lorsque les taelies du dos s'effacent, les((uelles ne se V(jieut que quand l'animal est mouillé; lorsqu il est sec, sa couleui', dans ces parties, est uuifornu-- meut jaunâtre. I/individn ([ui a vei u au Muséum a pu aisément être apprivoisé; lorsqu'il élail conha- lié, il soufflait à peu près comme un t^liat, et, lorsque son impatience était portée plus loin, il faisait entendre un petit aboiemeni: il lu^ cherchait point à mordre pour se défendre, mais à én:ratip:ner avec ses onL;lcs, cl ne ujauj^^i'ail jamais qu'au fond de l'eau; sa nourriture consistait en Poi.'-sons de nu'r; il n'a jamais de possililc de lui fiirc uianijcr du l'oisson d'cnu dmicc. 7.. (;Af.O(;i^;PHM.F; MAisiii'.i': r\i.<>rr.vu.Mvs nisroi.nn l'r Cuviii t^ARACiKiiES si'ÉciiiQUCs. — l'clai;!' d'un _^ris fonce, veine de li,i;nes lilauehàlres, irrci^ulières. for- mant sur le dos cl sur les tlain-s une sorte de marbiiire : ce dessin se distinijuant mieux lorsque l'ani- mal est dans l'eaii (pie lorsipi'il est à sec. Di' la taille du Phoque commun. Celte espèce, qui ne diiïére peut-être pas du l'hocd vituliiia, cl dont Lesson a fait son l^ltoca Frc- (lerici, se trouve sur les eûtes de l'Océan, et a clé principalement prise sur celle de France. Elle a été fondée par Fi'. Cuvier d'après un individu qui a vécu quelques semaines à la Ménagerie du Mu- séum en même tenq)s que le l'hoipie lièvre dont nous avons parle, (tu le voil souvent entre les mains des salliMiliaiii|ues; ses niu'urs sont douces el son inlelliijcnce esl irès-di'vcloppée. ■t. C.VLOCKPIIAI.K l..\GVRf:. r.Ai.orEruMvs lAGvnrs. Fv. r.uvier. CAiucTf:r;F.s sphciiiocES. — Tout le dessus du corps d'un (cndré argenté, avec quel((ues lâches I parses d'un brun noirâli'c. lianes et dessous du corps d'un cendi'c presque Liane; ongles forts, noirs; nioustaclies médiocres, en partie noirâtres, eu partie blanchâtres, cl gaufrées à peu i)rès comme dans le Phoque commun. Longm'ur totale, environ 1'". Llette espèce a été créée par G. Cuvier sous la dénoniiiuition de Plioca lagurus, d'après un individu envoyé de Terre-Neuve au Muséum d'Histoire naturelle, pai' M. de la Pilaye, et a reçu de Lesson la dénomination de Phcmi Pïlmfi. Ou lui rapporte un Phoque décrit par ,\.-G. Desmarest, dans le sup- plément de sa Manimahjgie sous les noms de PnoQUE a queuic lll,A^cnE tPlioca ulbïcauda). dont il ignorait la patrie et auquel il assigne les caractèies suivants : formes du i'lio([ue comnuin; pelage gris de fer, s'éclaircissant sur les colés et blanchâtre sous le ventre; quelques petites taches noi- râtres irrégulières sur le dos et les flancs; museau blanc en dessus; moustaches médiocres, noires; queue assez longue, mince, d'un beau blanc; ongles des pieds de devant longs, robustes, conqn'imés, peu ;ii'ques el noii's. Longueur : 1"',II20.' ."). CAl.OCKPII.M.K W GROENLAND. CMOCEPUAiVS nnOEM.ANDICVS. Fr. Cuvier. (l\r,,\CTf:iiEs si'i't.ii'iques. — Molaires pi'liles et écartées, n'ayani ;i la mâchoire su|)éricure qu'un seul tubercule en a\aul (Ui en arriére du tubercule moyen; il a, suivant Les.sun, trente-huit dents, sur lcs([uellcs six incisives en bas et quatre en haut; pelage des mâles adultes blanchâties, avec le fiont cl une tache en croissant noire sur clia(pu llauc; tête entièrement noire: jeunes lout blancs en naissant, puis prenant une teinte cendrée a\ec de nombreuses taches sui- les parties inférieures du corps. L(ingueur totale, l"",'.!.^. Celle espèce est le I'hooce a ccoissa.nt ûW. li. l)esmarcst el a reçu d'Olhon Labricius le nom de Pliorn ('•ivciiliindicii, d'on IV. Cusiera lire celui de Culoccplialits (iroeninndicns. et Lesson en fait son I'Ikicii Mitllrii. ■258 iiisToinr; natiiro.i.i;. (4' Plioqnc l'st Irrs-si'inlilabli', p:ii- si's l'mini's. ;iii l'lioi)iii' i-nniimin; mais il en clillri'r iiutahlcmciil, lorstjii'il csl adiilli', par ses iliiiu'iisidiis licailionp pins coiisidéralilcs. puisqu'il allciiil li(jis l'uircs de loiii;ii(Hii-, et par la coiiicur de ses poils. Selon les anli'iiis qui l'ont obscrvi" an Groenland, co Phoque est très-vaiiablc dans ses loiilciiis, selon son à.^'e. Il rlian^e de nom dans ce pays, à mesure que son poil ]ifend des leinles dilTcrenles: le fœtus, qui est tout lilaiie et eonveii d'un poil laineux, se nomme Itilaii; dans la première année de son âye, le poil est un peu moins Idane. et I animal s'appelh' Atlarali; il devient i^ris dans la seeonde année, et il porte le nomd'^UcJ/sia/,-. 11 varie encore plus dans la troisième, et on l'appelle ^(;/t7.(j/.'. Il est taelietè dans la qnaliième, ee qui lui ('ait donner le nom de Mïkkloh: et ce n'est qu'à la cin- (|uiènie année ([ue le poil est d'un beau yris blane, et (pi'il a sni' le dos deux croissants bruns, dont les pointes se rej^ardent; ce l'iioque est alors dans toute sa force, et il porte le nom (fiAlcirsocik. Le poil Jont la peau de ce Phoque est revêtue est roide et fort; il y a sons la peau unit couche épaisse de graisse, dont on tire une huile qui, pour le goût, l'odeur et la couleur, ressemble assez à de vieille huile d'olive. Le Pho((ue à croissant se trouve non-seulement au tlelroit de Davis et aux environs du ("iroènland, mais encore sur les côtes de la Sibérie, et jusqu'au Kamtchatka. A en juger par un passage de Char- levoix, cette espèce doit se rencontrer également près des côtes orientales de l'Amérique du Nord. Lepechin a décrit, sous le nom de Vluna Oceunna, un PliO(|ue (pu, ])ar ses dimensions et ses couleurs, ne parait pas dilïcri'r du Plwca Groenlcndua d'Egède et de Fabricius, et que l'r. (Invier rapporte àres]ièce du Veau marin, bien ipie Lepccliin distingue positivement ces deux animaux. Les Russes lui donnent le nom de Krylalcn. Il se trouve dans la mer Blaixhe, mais seulement en hiver, tandis que le Pho(pte commun y l'éside tonte r.uinée. Il a seulenuMit (piatre incisives à eliaciiin' des màehoires : à la sn|iérieure, celles du milieu-sont plus petites, <'t celles des côtés sont plus fortes qiw les canines; à l'inférieure, elles sont moins aiguës; les canines sont médiocres; les molaires sont au nombre de six de chaque côté, à trois pointes, la pointe du milieu étant la plus forte; les poils des narines sont placés sur dix rangs difféients; les postérieurs et les inférieurs, plus longs que les au- tres, sont blanchâtres, serrés; les antérieui's et les sujiérienrs, beaucoup plus courts et plus tendres, .sont trè>-noirs; les yeux ont l'iris noir; il n'y a point troreiUes externes; les exlréndtés des cinq doigts sont armées d'ongles noirs dont l'intérieur est le plus large; le second est plus long, et les antres vont en diminuant. Les pieds postérieurs ont, comme dans le Veau marin, les ongles plus ai- gus qu'aux mains. La première année ces Phoques ont le dos de couleur cendrée i;t brillante; le ventre plus blanc, niar(|uc partout de petites taches dispersées, noirâtres, tantôt rondes, tantôt ùblon- gués; et alors les habitants les appellent improprement l'Iioqucs lilaïus. La seconde année, cette cou- leur cendrée blanchit, les taches s'agrandissent et paraissent davantage, et alors on les appelle Pho- ques tifirés. Les femelles conservent toujours cette même couleur : seulement le nombre et la forme des taches changent; mais les nulles, en avançant en âge, changent de couleur; et, lorsqu'ils ont toute leur croissance, ils ont une peau dure, épaisse, couverte de poils courts et Irès-serrés; la couleur de la tète est d'un marron obscur et tirant sur le noir; elle est plus pâle au-dessus de l'ouverture des oreil- les, et plus foncée au-dessous; le reste du corps est d'un blanc sale, mais le ventre plus blanc. Sur le dos, vers les épaules, on aperçoit une tache de la mènu' couleur (pie la léte, qui se sé[iai'c bientôt et forme une bifurcation qui s'étend sur les deux lianes jusipi'à la région où est placé le pénis, f(jrniant une espèce de croissant. En général, la forme de cette tache est toujours la même. On remarque en- core quelques autres petites taches delà même couleur semées irrégulièrement. L'espèce de croissant brun que portent ces Phoques leur a fait donin>r le nom de Phoques ailés, on Krijlalca. Le Pho((iie décrit par Leiiecbin recherche les plages de la mer les |diis froides; aussi ne vient-il dans la mer Blanche (|ue lors(prelle est eouverle de glaçons; et à la lin d'avril, après avoir mis bas et nourri son petit, il retourne dans l'Océan glacial. Les petits restent jusqu'à ce que la glace se dé- tache des bords, alors ils vont rejoindre leiu' famille. On en trouve toute l'année, selon les pêcheurs,, autour de la Nouvelle-Zemble et du GroiMiland. On le chasse jionr en avoir la graisse et la |)eau ; celle des adultes sert à l'aire des couvertures, et celle des jeunes, dans l'Ile de Salowki, est employée dans la fabrieati(jn des bottes. , De Blainville fait mention, dans son article /)c»(.s du llirlioiinairc d'ITmloïre uatitrclle, d'un Pho(pie à (piatre incisives à elnopie niàclioire. l'ent-ètre celle léte est-elle celle d'un individu de letle |.-j._.. 1 — (luis jnn'^lcLir Ircf-vienx. l'iï. '2. — l.iiin 'II' liuzciMl n. 53. CAUNASSIRRS. 'i.SO espèce, car elle se laiipioche de celle des Phoques de nos mets par la forme el le noiiibie des mo- laires, et par ses canines extrêmement fortes, comme dans les grandes espèces : les incisives supé- rieures internes sont coniques, aiguës, et un peu plus hautes que les externes, qui sont fort épaisses, à peu prés rondes et plates par l'usure, comme si elles avaient été coupées carrément, en sorte qu'elles semblent être des espèces de molaires; les inférieures sont toutes les quatre coniques et en forme de canines; enfin, les molaires sont remarquables par la hauteur de trois p(jintes fort aiguës dont elles sont formées. 0. CALOCÉPHAIE FIARDU. CALOCl-VHAUJS BARBATVS. Fr. Cuvicr. CAn.\cTÈRES snîciFiQL'ES. — Sjstéme dentaire semblable à celui du Phoque commun; lêle allongée; museau large: lèvi'es lâches; soies des moustaches nombreuses, fortes, cornées, flexibles, Irès-légè- rement comprimées, lisses, transparentes, tenant peu fortement: ouvertures des oreilles plus grandes que dans les autres espèces; yeux grands, à pupilles rondes, à iris brune; pieds de devant longs, ayant le doigt du milieu le jilus grand de tous et les latéraux les plus petits, ce qu'on n'observe pas dans d'autres espèces; corps allongé, robuste; dos renflé; langue et pieds comme dans le Phoca vitnima; ]ioil des jeunes abondant et doux, celui des vieux jilus rare, et quelquefois presque seul ; pelage d'abord livide en dessus et blanc en dessous dans la jeunesse de l'aniuKd, puis tout noir dans les vieux individus. Longueur totale de plus de ô"", et quelquefois de 3'", 25. Cette espèce est I'IJckmk ou TiHAiND I'uoqce di' liuffou, le Phoca barbala. .\.-G. Di'smaresl; l'Iioca major, Parsons; Pliocn l'ar/ionii, Lessou; Caloccpliulus harlialits, Fr. Cuvicr: l't/VA-.sd/,- lalihaiiiufjal; et le Terliifiliivli des Groénlandais; le Gramselar d'Olafen. Ce Phoque habite la haute mer prés du pôle boréal, et se rend à terre au [jrintemp;;. La femelle ne fait qu'un petit, qu'elle met bas sur les glaces flottantes vers le mois de mars. Les Groénlandais es- timent beaucoup celle espèce pour sa chaii', sa graisse et ses intestins, qu'ils regardent comme un excellent mets, et pour sa peau, avec la([iielle ils s'habillent. Ne serait-ce pas à cette espèce qu'on devrait rapporter le Lakhtak de Kracheuninikow, qui ne diffère du Phoque commun que par sa grosseur seulement, puisque sa taille égale celle du plus gros Pœuf! Ou le prend depuis le cinquante-sixième jusqu'au soixaiite-(|ualrième degré de latitude septeiilri(in:dc, cl dans l;i mer orieiit;ile: il semble être, pour le iiunl du globe, ce que le Pliouus le \eiiln' el sur h s tlaiies; ces derniei'ï marbrés de noir piès du dos, ei di' gris près ilu veiilir. Longueur loialc, \"',[)o. '200 iiisToiiiK >MTi;i;i,i,i:. i'.ctW csiii'ce psi le l'Itocn siopurmii, 'riiiciiciiiiiiMi. et Lcsson lui ;i ;i|>|i|iqiié la ik'iiumiiKilKiu l'hma Tli'iciioïKitiii'ii. Il se li-diivc MM' les lùli's (risliiiidc: I^jii ii'i^ii iMiiiliaîl Jias les mœurs. s. CALOCKPIIAI.E l.liLXIll'i.l':. CMMcnrilMl S l.ridifl.vs. Tliioiieinuiin. C.vn.M-TKFtES srÉcinQUEs. — Pcla,ne l'iiliririiii'iit vcidàtrc, avuc une Iciiilc ;;ii>àli'r sur le dii^. hr la liu''nii' laillr (|IU' ci'llr i\r ris|ii''ci' piV(C{|i iiU". (il' l'li(H(ue esl liiiii flT'Ii'c siiriisaiiiirii'iil coiimi; il iiabilo rj^alcinciil les iiii'rs pulairi's cl spccialc- iiienl les cùlfs (rislamlf. A CCS csptV't's iKiiis iioiirrioiis |ieiit-i"lr(' ciicoi'c en joiiulii' (|iicl(|ii('.s aiid'os, mais, comiiic clli's soiil iii{om|il('(t'iiit'iil rdiiiiiii's, iKiiis picIVriiiis cil dire (niclqiics iiiiils à la lin de iioli'(^ liiliii des l'Iiiicidc's, car lions ne soninips jias sûr (|nc cv soient de vérilaliles (^alocépliales. Ilàliins-nons de dire qne lonics ces es]icccs, propres aux mers polaires dn .Nord, soiil Irés-loin il'èlie snriisamniciil eonnncs, cl que la science réclame que l'on imisse les eliidier sérieuscmenl dan.s les lieux qu'elles lialiileiil. Alors scnlemeiil on ponria les distinj^ncr completcmenl sons le dou- Idc ia]ipin'l de l'espèce et des iiiaMus. .Iiisqn'iei on n'a ;;nére ([lie les détails que nous en ont donnés des \o\aL;cins et imii des iiainralisles. lie^relluns (|iie ce sujet n'ait pas été traile dans li-s viija;;os en Islanilc, au (iniéiilaiid et en Scandinavie, faits, il \ a quelques années, sons la direelicm de M. Paul Gaimard; rej^retlmis de n'avoir, dans les nombreux volumes (pli (Mit été imliliés ndativeineni à ces voyages, aucun détail /,iiiiloL;i(pie sur les l'Iiotpies; nous aurions désiré y lire riiistoire de la chasse des Phoques et ses incidents qnchpicfois si ]iilloresqiics ipie M. lîiard a reproduits d une ma- idére si lipurpuse dans le tableau (|iii vient d'éire ]ilaec dans la i^alciii de Minéralogie de notre Muséum d'Histoire natiir(dle. et, surtout, y voir de b(nincs descriptiniis /.o(dogi(pies. (Test à ce ^('iiK (pie si' rapportent les l'Iiiicn fosxilis, G. Ciivier, du terrain de la Irnisiciiie épo([ue, et I'Ikhh uiiiiiiui, (i. (luvier, du calcaire de Ltnuai; iiiiiis en avdiis ]iaile dans nos géné- ra lité's. •j""^ GENRi:. iiM.irin;i;i;. iiauciieiu s. .Niiscn, \m\. >k.illiliiia\ii: l.iilii.i. \/.:, mer; /,'■■■'■'■, S.inglii-i ■;.\!!,\(:Ti:i!KS CKNKniIjULS. Sij.slrwc (IniUthr snnbUdik pinir le iimiilnr des ilnili à celui îles ('.(ilon'iihales, niai.': en iliffnuul jinr 1(1 disimsilion de relies ci. Taules le.s dents .«ouf rdnujucs, reconi-ln'c.f. les injérieurcs éf/iiles, courten, .séparée.'i vgalenieiii pur un intervalle lide; les dcu.r inri.iire.s cvlcrnes d'en liant sinininnt de.s ca-nine.s el nin/r/xccs d'un canal rlroil à leur piirlic posiérienrc, les /piatre inlenncdiaircs pins hnijnes et ('cjales entre elles; les cmiincs inférieures rappraeliées. sillonnées en arrière el en dedans, ^'oiilfujeanl dans un intervalle des ar llornsthiich. au(|upl on lattribup en gi'iicral, (|uoi(pi'il n'eu ait parlé qu'eu 182i dans le idurnal l.sis. Le nom de ce groiip-' ijeneri(pic de\ra |ii(dialdeiiieia être (liangé, carcetle deiinmiiiali(Ui (\ llaliclicrus est liop CAllNASSItlRS. 261 viiisiiic lie icllr i\' llnli( liuiua (iirilliyci' :iv;ii( |ii'('(ù(lt'iiimriil ('niplri\(!'e |)our disliiigiicr les Kiiyongs. (Jniii qu'il fil snil, ics Iliiliclirii's soiil des l'Iiocidés dr laillc niovcnne, qui si'inblciil. l'ii (|iiclqiii_' soi'lc, t'iiii'c 1p ]);iss;ii;(' des Phoques pi'0}in'iii('iit dils :iii\ Murscs, cl ([ui, ])ar ct'i'laiiis de leurs carac- tères, rappellent, ]dii> ipie les autres animaux de la même tribu, les Cétacés. Ou ii'ei! coiiiiail qui' deux espèces, (pii sont pnijires aux mers circumpolaires. Fi.' 120. Ilalicli luii' herissf. I. ii.\i,ii;iii':i!ii iiiiiussii. iiM.ii iiiiiivs msi'nns. Lcssun Caii.vcikhes si'Écifiquks. — Tète eoiirte. arrondie, yeux trè.s-pelits. à pupille lilaiicliàtre: pelage très-épais, llexible. très-lonj;, liél'issè, fauve, à llaiiiiuettes blanches sur |c corps; parties inférieures lilauches, parsemées de taches rare - et d'une cnuleiir fauve sur le ventre: soies des moustaches pâles, les plus petites noires, pointues, c (iiiqirimces, avec leur bord en totalité ondulé; oni;les forts. I.on- gueur totale variant considérablement entre {'".ritl et 1",()5. Ce Plidcide est le Nfitsr des voyai,'eurs et le I'iiiique xeitso.^r de P)uffon. C'est le Plioca faiiilii irOllnui l'abricins. le l'Iiarn /((.s/)»/» de Sclindier. d'oi'i Fr. (!uvier a fait siui Calovepliiiliis hispiiliis, et Lessoii sciii llidhlirnis liisiihliis; euliii Mlsiui lui a applique la dénnminatiiui i\i' l'Iioca iiiiiiiiliilii , et Lesson l'a indiipié sous le nom de Phoca Silncbcri. Dans cet animal la ligure du cnips est prc-^rpie elliptique; les talons des pieds de derrière sont à peine apparents, à cause de robé.sité des individus qu'on a observés. Le dos est trè.s-bombé; le vcr,- Ire idat. !>es puils smil très-épais, pn'sqiie droits sur la ])eau, doux au toucher, assez loni;s et lins: et ces poils ri'cduvreut des soies laineuses, très-fiisécs, jdus profoudiMiieut placées. Le pidai.;e des adultes est iiics(pie brnii. varié Av bl:iMcli:'itre, avec le Miilre blanc, cl présentant quebpies taches brunâtres. Pans les jciini - individus ilc leiir espèce, la enlnraiiiiii ilii dus est d'un blanc sale ou li- 2»j2 IIISTOIUK NATURELI.i; vide, saii.s laclii.'s, et le veiiire est hlanc Uiins les vieux, nu contraire, le l'Imque est très-vaiie, le museau presque nu et le poil flu corps ras. Erxieheii dit (|ue cet animal a le poil jiérissé et mêlé de soies aussi rudes que celles d'un Sanf^lier, d'où a été tirée, juinr le dire eu |iassant, la denoniinalion du genre; la robe, d'après le niénie naturaliste, serait d'un in un pâle, taclulée en dessus, idamlialri' en dessous, avec le tour des yeux noirs. On en cnunait une varicic ipii, siii- un l'dnd iihnnliàiic, offre une ligne dorsale d'une coloration plus foncée. Les vieux mâles re|)andenl une odeur Irés-puante et nauséabonde, (jui <'\isie éi;aleinenl dans Icni chair et dans leur i,'raisse: et cette dernière est aussi très-fluide. Celle espèce semble se nourrir sur- tout de Crevettes et d'antres espèces de Crustacés: mais elle doit aussi manger des l'oi.ssons. I^es .sexes se rapprochent dans le mois de juin, et les femelles mettent bas eu lévrier. Ce Phocidè esi propre aux mers polaires du Nord: il habile les golfes les moins fré([nentés du Groenland, et aussi, dit-on, les cotes les (dus désertes de la Suède. •i. IIALICIIÈIIE GUIS. UALICUERVS GRISEUS Iloniscliudi. CARACii.iins sei'nrn.it'KS. — Pelage composé de den\ snrlcs de poils ; celui de dessons blanc, lai- neux, couri: cidui de dessus, an contraire, long de 0"',Oôi, soyeux, d'un gris plombe sur le dos, biaiiCiUi' le reste du corps. Un peu plHsi)etil que le prc(éilcnt. Celle es|)èce est la même que celle désignée par Ullion l'abricins sous la dénomiiialiun de l*lwia ijrijplnis, qui a été assez souvent adoptée, et par l'allas sous celle de l'Iioca irnolnisis. Cet Amphibie est loin d'être suffisamment connu, au moins sons le pciini de vue de ses nneurs, (In le trouve, comme l'espèce précédente, dans les régions circunqiolaires du Nord, cl il aurail clé cgalc- nient rencontré sur les côtes de la l'omeranie. Fi^. 121. — Ilulklièrc gris. Fig. I. — Éricule l''iK. -1 — Loup. (Variclô.) I'l.34, CAIINASSIKUS. 'ICI T)'"'- GENRE. — STÉNOP.HYNQUE. STILmiUlYNClIUS. Fr. Ciivi.T, 1820. Uiiiioiiiiaire lies Sciences iialui'elles, l. XXXIX. ÏTcv',;, éli-oit; fJ^X'';, museau CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Sijslbme dentaire : incisives, J; canines, p-', ; molaires, |^; .• en lotalilc, Irenlc-deu.v dcnls. Ces dents sont comjwsées h leur partie moijenne d'an loiiif tidicrciilc arrondi, cijimdriqKe, recourbé en arrière, et séparé de deux autres tubercules un peu plus petits, l'un antérieur et l'autre pos- térieur, par une profonde échunerure. Tête, comparativement h celle des Calocépkales, tout en museau, c'esl-c(-dire irès-allouçiée et très-effilée vers son e.rtrcnnté, d'o'u a clé tiré le }iom du (jenre. Pieds terminés par des on,riO. à 7>-. Celle espèce, qui n'est p.is jusqu'ici coninie d'une manière conqilètc, a èlè décrite jjour la première fois par De lilainville, d'après une tête osseuse qu'il avait été à même d'oberver, en 1820, dans le musée d'Ilauville, à Ingouviile, près du Havre, et qui aujourd'hui fait partie de la galerie du .Muséum, et à laquelle il a ap|)li(pu'" la dénomination de Plwea leptunijx, qui rappelle la petitesse des ongles. 2fii HISTOIRE NATllRRI.I.r. M. Evi'iaid lloiiic a fail r(']iivsont( r dans It's TinusacltO)!.'! nf llir Snàclif rnijnl o/ l.mukm, 1822, une Irir de <•(• I'lici(|iii' ; cl c'csl iirdliablcniPiil poiir cela (|iit' l.cssoii a a|]|ilii|iic à ici aliiiiial la di'- iifiiiiiiialioii de l'mxni: de IIomi:, l'Iuna lloiiir'i. Kiiliii. il y a iitic dizaine d'aimées, MM, II(iiiil)i-oii '•1 .laïqiiiiiut (iill fa|i|ioite de Iciii Ndya.i;.' an )ic']|c m\i\ le s(|nidflle roni|del d'dii individu de eelte Ki^'. 122. — Slùiiiiliuii(iiL' ;i polil^ ■in'ilcs. O Slénoiliynqiie priivienl des mers des Iles Maliiiiines ci ,\r la Ninivclii'-llénrcîie : on le ivnnit leliiiU'I'ois, ainsi que nous le dii'uns, avec respécc snivanli'. 2. STENORiiYNOUE i)K \vi;uiiF.L[,. sinyoniiYMiirs wrnuFi.i.n. i..sson CAr*r.TÎ;nRs si'fr.iFiouES. — Pelage ras, Insiré, d'iiu i^eis paie paiMiiie d'un i^rainl iioinhie de taches aiTOiidies, lilaneliàires en dessus cl jaunâtres en dessous; cmi alNninc; Ictc pclite. ayant beaucoup de ressemblance avec le précédent et étant à peu prés de même (aille. Ce Phoque est le Sea LÉor'AKD de Wi'ddcll, Pnooiii: a i.o.m; C(ui, Persons, l'Iwca loncficciWis, Ishaw. Il a beaucoup de ressemblance avec le précèdent, Slciiorliiincliits U'plomix, cependant il en dilïére, suivant le docteur Jamieson, qui en a examiné les drponilles et le système dentaire. La description de Weddell est trop incomplète pour être satislaisanic : les auricnles ne sont point a|ipaifUles et ce- pendant les fornu's du corps de l'aniuial soiil entiércnu'iit s( niblables à celles des Otaries, c'est-à- dire que le corps est arriuidi, épais, et le con irés-long, s'anniu'is.sant jusqu'à la télé, (pu est jjelite et à museau proéminent, et c'est d'après cela ([ne i.esson s'est cru autorisé à rei^arder les Slcvorlnjn- iliHs leptonii-v et UVi/i/c/ii comme ne formant ])eut-élre qu'une seide esiièce, et, en second lieu, comme étant îles Otaries à conques auriculaires rndiineiilaires, et qui ne sont point visibles sur des peaux racornies. Mais, eonime cela est loin d'être dcnioiilré. nous avons preléré laisser, avec V. Cu- vier, ce Sténorlivnipu' parmi les l'hoipies propreinciil ilils. Ce Phoque vit sni- la ylace; mais l'on ne sail rien de ses inirurs. Il n'iiabile que les hautes latitudes des Oreades australes par soixante degrés, et, dit-on, les îh s .Shetland. n. STKNor.iiv.M.Mi': i;Aiii:iNui'iiAi;i:. sTi:\iiniiy\riirs r\i:i iMU'imu-i. ii i.nin oi .i,icr|iiin"i CARACTÈr.ES si'ÉciFiQi'ES. — Molaircs subdivi.sées, romnie celles du Slciioripiclius Irplomix. en plusieurs tubes particuliers, mais offrant ee caractère spécial, que ces suites de tubes sont en plus L'rand iiouibre. CARNASSIERS. ' 26r) Cette espèce a été créée par MM. Hombron et .lacquinot; plusieurs parties caractéristiques en ont été figurées dans l'atlas de leur voyage au pôle sud, mais la description n'en a pas été donnée en- core. La publication de la zoologie de cette expédition, d'abord arrêtée par les événements politi- ques, puis par la mort de Hombron, décédé en 1852, an Sénégal, est reprise aujourd'hui, et M. le docteur Pucheran s'occupe en ce moment de ce qui concerne l'histoire naturelle des Mammifères et des Oiseaux. Compare à celui du Slniorliijucluis leplonyx, le système dentaire du Sloiorhijmhus carciiwphngiis présente des particularités qui rapprochent ces deux espèces, et d'autres qui les éloignent uelte- ment. Ainsi les dents, en général, sont en même nombre dans les deux espèces, et les molaires, dans l'une comme dans l'antre, ne sont pas simples, mais comme composées d'une grande partie médiane, et, des deux côtés, de sortes de petits tubes qui y sont accolés : jusque-là. les dents des Slawrliijnclms Icptomjx et carchwpliagus se ressemblent; mais, tandis que les molaiies du premier ne sont composées que de trois tubes, un médian assez long et un autre plus petit de chacjue coté de celui-ci, celles du second sont formées d'un tube médian également grand, et, pour les deux molaires antérieures, d'un tube en avant et de deux en arrière, et, pour les trois suivantes, d'un liibe eu avant et de trois en arrière. Ces curieux caractères se retrouvent aussi bien à la mâchoire supérieure qu'à la mâchoire inférieure. Ce Sténorhynque se rencontre communément sur les glaces du pôle sud, cl acquiert une assez grande taille. L'un de nos amis, M. Paul De Saint-Martin, aujounlhui l'mployé à l'école vétérinaire de Toulouse, et qui faisait partie de l'expédition au piile sud de l'amiral Dumont D'Urville, vient de nous trans- mettre, sur cette espèce, les détails suivants, que nous croyons devoir rapporter en entier : « C'est sur les glaces de la banquise des régions polaires méridionales que nous avons pris le Steuorluiïtchus carcinophagus. et ce nom lui a été appliqué par Hombron, à cause de la grande quantité de Crus- tacés trouvée dans son estomac ; Crustacés qui presque tous étaient les mêmes que ceux qui ser- vent de nourriture aux Baleines, et qui se trouvent par bancs si grands et si compactes, que l'eau de la mer paraît rouge ou jaune, suivant la coloration de ces Articulés, qui sont de taille excessive- ment petite. Ce Phoque est long de 2'", 30 à 2™, 00; la tête est assez grosse, toute ronde et ressem- blant à la tête d'un ISouledogue â qui on aurait coupé les oreilles au ras de la peau; il n'a pour or- gane auditif externe qu'un petit trou que l'on ne découvre que difficilement, caché qu'il est par les poils qui sont presque ras. Les mâchoires et les dents sont très-fortes, ressemblant beaucoup à celles des Carnassiers, les incisives et les canines étant longues et fortes, et les molaires présentent <'inq lubèrositès. La forme générale du corps est cylindrique, coniijue aux deux extrémités. Le poil est court, roide, d'une couleur brunâtre miroitant. Les membres antérieurs sont très courts, formant une nageoire à cinq doigts représentés par cinq ongles sur la peau, qui est noirâtre : le tout réuni en- semble par la peau et indiqué seulement par quatre sillons. Les membres postérieurs ont la forme d'une nageoire en éventail dont les deux doigts externes sont les plus longs: les deux intermédiaires plus courts et celui du milieu le plus petit de tous : ces membies sont placés à l'extrémité inférieure du corps et séparés seulement par une petite queue longue de 0"',0'J à (l'",12, qui est reliée aux deux membres par la peau, ce qui la rend peu apparente et nous fit prendre, à la première vue, les deux nageoires postérieures pour la queue, ces deux membres étant toujours allongés dans l'axe du curps. « Quant aux mœurs de ces animaux, il y a peu de chose à dire de particulier; ils vivent continuel- lement dans l'eau, ils nagent avec une grande vitesse et viennent de temps à autre sortir la tête hors de l'eau pour respirer, ce qui leur donne l'apparence d'un bon nageur prenant ses ébats. Lorsqu'il fait un peu de soleil, c'est alors qu'ils grimpent sur les glaces, où ils ne parviennent à se hisser qu'après maiiits pénibles efforts; quand ils y sont, ils se couchent au soleil et ont vraiment l'air de grosses sangsues, ainsi que l'a dit un officier de l'Astrolabe : dans cette position ils se meuvent très- difficilement et ne peuvent que soulever leur tète et leur cou en s'appuyant sur leurs membres anté- rieurs; aussi est-il très-facile de les étourdir en leur frappant sur le nez avec un bon bâton. Quoiiju'ils aient l'air doux et inoffensifs, ils cherchent, lorsqu'on les atta([ue, à mordre comme ferait un Chien à l'attache, mais il est très-aisé de se mettre à l'abri de leurs morsures; cependant ils cherchent plutôt à fuir qu'à se défendre, et. s'ils trouvent un tnui au ujilieu des glaces, ils plongent rapide- c» 34 200 llISTOlliK WTI IIKLLK. nient l'i (libpaiiiisseiil. Los seules parties mangeables miiii ; le cei'veau, qui est aussi i)oii que celui du Veau, et le foie; encore ee dernier a-t-il un léger gofll d'huile de Poisson. Le reste du corps n'esl ])as nianijealile à rause de l'odeur d'iiuile (pii lui est eomniuniquée par la couche de graisse de 0"',0ô a ()"',U0 d'cpaisseui' qui recouvre tout le cûr|is immedialcmciit au-dessous de la peau. Cette dernière, quoique n'étant pas reclierehée par les pécheurs, parce qu'elle n'a pas de fourrure, ne laisserait pas que de faire, étant bien |)reparee, un cuir fort et inipcnncable. (1 Une espèce voisine du Stcnorltiinchus carchxoplunins. (jue nous avons été à nn^'uie d'observer dans les mêmes parages, est le SlciiorliipHlnis trptoinja-, ((iii n'en diffère gtièrc, au premier aspect, que par la eoidcur de son pelage, qui est d'un gris souris léger, tacheté de petits points noirs, et par ses molaires, qui ont moins de tubeiiules et oui presque la forme de la moitié supérieure d'une fleur de lis. La taille de ce Phocidé est de 2'", GO à 5"; les membres antérieurs sont un peu plu.s forts que ceux du Siénorhynque carcinophage, et il en est de même des membres postérieurs. Les mœurs des deux espèces sont les mêmes, n On ;i quelquefois regardé comme une espèce fossile de Slénoi'hyiique les débris fossiles décrits jiar M. Grateloup, sous le nom de Squuludon, provenant de Leognan aux environs de Bordeaux, et dont nous parlerons ailleurs en traitant de l'histoire des Dauphins. C'est aussi à un animal voisin de ceux-ci, et peut-être plutôt des Calocèphales, que se rapiiorte le groupe fossile des VachijoiUms hT/\i:, épais, c.îcu.-. denli de M. 11. Van Meycr (Jalm-Liult fur Miii., 1808) ■V" GENRE - PELAGE. PKLAGWS. Kr. Cuvier, 1820. l)iiiiiiiin.iiiv di>s Sciences naturelles, I. XXXIV. lle/afio;. marin, CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Siiithni' iknlahc : Inchives, \; canhirs. \z\ ; molaires, |i| ; eu totalité, trente-deux dents. Iwisivcs stipéricmrs écliancrées Irnnsvcrsaloiient à leur exlrcmitc : inférieures simples; canines nioijennes n'offrant rien de particulier; molaires épaisses, coniques, n'ayant, en avant et en ar- rière, que de petites pointes rudimcntaires. Museau élar teter à son nourrisson, la mère se tourne sur le côté en lui présentant ses ma- melles. L'allaitement dure sept ou huit semaines, pendant lesquelles aucun membre de la famille ne mange ni ne descend à la mer. L'accroissement est si prompt, que, dans les huit premiers jours qui suivent la naissance, ils gagnent quatre pieds de longueur et cent livres de poids environ. La mère, qui ne mange point, maigrit à vue d'œil; on en a même vu périr pendant cet allaitement pénible; mais il serait difficile de décider si elles avaient succombé d'épuisement, ou si quelques maladies particulières avaient causé leur mort. Au bout de quinze jours, les premières dents paraissent; à qua- tre mois, elles sont toutes dehors. Les progressions de l'accroissement sont si rapides, qu'à la fin de la troisième année les jeunes Phoques ont atteint à la longueur de dix-huit à vingt-cinq pieds, qui est le terme le plus ordinaire de leur grandeur; dès ce moment, ils ne croissent plus qu'en grosseur. Lorsque les nourrissons se trouvent âgés de six à sept semaines, on les conduit à la mer; les rivages sont abandonnés pour quelque temps; toute la troupe vogue de concert, si l'on peut s'exprimer ainsi. La manière de nager de ces .Mammifères est assez lente; ils sont forcés, à des intervalles très-courts, de reparaître à la surface de l'eau pour respirer l'air dont ils ont besoin. On observe que les petits, lorsqu'ils s'écartent un peu de la bande, sont poursuivis aussitôt par quelques-uns des plus vieux, qui les obligent, par leurs morsures, à regagner le gros de la famille. Après être demeurés trois se- maines ou même un mois à la mer, les Phoques à trompe reviennent une seconde fois au rivage; ils y sont ramenés par un besoin pressant, celui de la reproduction. Ce n'est qu'à trois ans, lorsque les mâles ont pris toute leur croissance, que se développe leur trompe. On peut considérer comme un in- dice de puberté, dans ces animaux, l'apparition de ce singulier appendice. « Les mâles se disputent la jouissance des femelles; ils se heurtent, ils se battent avec acharne- ment, mais toujours individu contre individu. Leur manière de combattre est assez singulière. Les deux colosses rivaux se traînent pesamment; ils se joignent et se mettent, pour ainsi dire, museau contre museau; ils soulèvent toute la partie antérieure de leur corps sur leurs nageoires; ils ouvrent une large gueule; leurs yeux paraissent enflammés de désirs et de fureur; puis, s'entre-choquant de toute leur masse, ils retombent l'un sur l'autre, dents contre dents, mâchoire contre mâchoire; ils se font réciproquement de larges blessures; quelquefois ils ont les yeux crevés dans cette lutte; plus souvent encore ils y perdent leurs défenses; le sang coule abondamment; mais ces opiniâtres adver- saires, sans paraître s'en apercevoir, poursuivent le combat jusqu'à l'entier épuisement de leurs for- ces. Toutefois, il est rare d'en voir quelques-uns rester sur le champ de bataille, et les blessures qu'ils se font, quelque profondes qu'elles soient, se cicatrisent avec une promptitude inconcevable. Pen- dant le combat, les femelles restent tranquilles et indifférentes. Elles deviennent la récompense du vainqueur, auquel elles se livrent de bonne volonté en se couchant sur le côté à son approche. « La durée de la gestation parait être d'un peu plus de neuf mois, de sorte que les femelles fécon- dées vers la fin de septembre commencent à mettre bas, ainsi que nous venons de le dire, vers la mi-juillet. Peu après l'accouplement, la chaleur devenant trop forte pour ces animaux dans les îles du détroit de Bass, ils reprennent en troupe la route du Sud, pour y demeurer jusqu'à l'époque où le reiûur des frimas doit les ramener sur les rivages alors plus tempérés de ces mêmes îles. Il reste néanmoins un certain nombre d'individus sur l'île King et sur celles du Nouvel-An; mais il est possi- ble qu'ils y soient retenus par quelques infirmités, par le manque des forces indispensables pour une longue navigation, ou par toute autre indisposition. « La plupart des Phoques connus préfèrent les rochers pour leur habitation. Le Phoque à trompe, au contraire, se trouve exclusivement sur les plages sablonneuses; il recherche le voisinage de l'eau douce, dont il piMii se pa.sser, il est vrai, mais dans laquelle les anim.aux de cette espèce aiment à se 280 HISTOIRE NATURELLK. plonger, el qu'ils paraissent Inimer avec ()laisir. Ils dorment iiidit'féienimeiit étendus sur le sable, on flottants^i la sHplaee des mets. Loisqu'ils sont it^unis ù terie en grandes troupes pour dormir, un ou plusieurs individus veillent constamment; en cas de danger, eeux-ci donnent l'alarme au reste de la bande; alors tous ensemble s'efforcent de regagner le rivage pour se jeter au milieu des flots protec- teurs. Rien n'epf plus singulier que leur allure; c'est une espèce de rampement, dont les nageoires antérieures sont les seuls mobiles; et leur corps, dans tous ses mouvements, paraît trembloter, comme une énorme vessie pleine de gelée, tant est épaisse la couche de lard huileux qui b^s enve- loppe. Non-seulement leur allure est lente et pénible, mais encore, tous les quinze ou vingt pas, ils sont forcés de suspendre leur marche, haletant de fatigue et succombant sous leur propre poids. Si, dans le moment de leur fuite, quel((u'un se porte au-devant d'eux, ils s'ariétent aussitôt; et si, par des coups répétés, on les force à se mouvoir, ils paraissent souffrir beaucoup. Ce qu'il y a de plus remarquable dans celte circonstance, c'est que la pupille de leurs yeux, qui, dans l'état ordinaire, est d'un vert légèrement bleuâtre, devient alors d'une couleur de sang très-foncée. Malgré cette lenteur et cette diflicullé de leurs mouvements progressifs, les Phoques à trompe parviennent, sur l'île King, ;\ franchir des dunes de sable de quinze ;1 vingt pieds d'élévation, au delà desquelles se trouvent de petites mares d'eau douce. Ces animaux savent suppléer, par la patience et l'obstination, ;i tout ce qui leur manque d'adresse et d'agilité. « Le cri des femelles et des jeunes mules ressemble assez bien au mugissement d'un Bœuf vigou- reux; mais, dans les mâles adultes, le prolongement tubulcux des narines donne à leur voix une telle inflexion, que le cri de ces derniers a beaucoup de rapport, quant à sa nature, avec le bruit que fait un homme en se gargarisant; ce cri rauque et singulier se fait entendre au loin; il porte avec lui quelque chose de sauvage et d'effrayant. Ces animaux sont incommodés par la trop vive ardeur du soleil; alors on les voit soulever â diverses reprises, avec leurs larges nageoires antérieures, de gran- des quantités de sable humecté par l'eau de la mer, et le jeter sur leur dos jusqu'à ce qu'il en soit entièrement couvert. Leurs yeux, conformés comme ceux des autres Phoques, c'est-à-dire pour l'habi- tation dans l'eau, sont peu propres à bien les guider dans un autre élément; aussi ne peuvent-ils, surtout en sortant de la mer, distinguer les objets qu'à de très petites distances. D'un antre côté, le défaut d'auricule contribue peut-être à l'imperfection de leur onie, qui parait être assez mauvaise. « Les Phoques à trompe sont d'un naturel extrêmement doux et facile; on peut errer sans crainte parmi ces animaux; on n'en vit jamais chercher à s'élancer sur l'homme, à moins qu'ils ne fussent at- taqués ou provoqués de la manière lapins violente. Les femelles sont surtout très-timides; à peine si^ voient-elles attaquées, qu'elles cherchent à fuir; si la retraite leur est interdite, elles s'agitent avec violence; leurs regards portent l'expression du désespoir : elles fondent en larmes. En mer, de jeu- nes Phoques, d'une espèce infiniment plus petite que la leur, viennent nager au milieu de ces mons- trueux Amphibies sans que ceux-ci fassent le moindre mal à ces débiles étrangers. Les hommes eux- mêmes peuvent impunément se baigner dans les eaux où les Phoques à trompe se trouvent réunis, sans avoir rien à redouter, et les pêcheurs sont accoutumés à le faire. Comme ])lusicurs autres Pho- ques, ils paraissent susceptibles d'un véritable attachement el d'une sorte d'éducation parti- culière. A ce sujet, nous pouvons dire qu'un matelot anglais, ayant pris en affection un de ces animaux, approchait de lui tous les jours pour le caresser, sur la plage même où l'on mettait à mort tous les antres Phoques qui l'environnaient. En peu de mois, il était si bien parvenu à l'apprivoiser, qu'il pouvait impunément lui monter sur le dos, lui enfoncer son bras dans la gueule, le faire venir en l'appelant : malheureusement ce matelot, ayant eu quelque altercation avec un de ses camarade.', celui-ci, par une lâche cl féroce vengeance, tua le Phoque adoptif de son adversaire. « Pour ce qui concerne la durée de la vie de ce Phoque, les pêcheurs anglais n'ont pu donner des notions bien précises à cet égard; mais ils sont portés à croire, d'après le grand nombre d'individus qu'ils voient mourir naturellement sur les rivages, que le tenue moyen de leur existence ne va guère au delà de vingt-cinq ou trente ans. Ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'aussitôt ((u'ils sont blessés, ou lorsqu'ils se sentent malades, ils quittent les flots, s'avancent dans l'intérieur des terres plus loin qu'à l'ordinaire, se couchent an pied de (piel((ne arbrisseau, et y restent jusqu'à leur mort, sans re- tourner à la mer. « Ces animaux ont à craindre les tempêtes, très-violentes dans ces parages; les vagues furieuses les brisent contre les rochers de granit qui forment le sol des îles qu'ils habitent. Ils paraissent ,_^~-=>^=^^fe^î;;^ Fig. 1. — Loulre de la IMata. ••'ig- '2. — Mépliilis de llurnboldl. ri.57. '• CARNASSIKIiS. 281 nvoii', au Ibiid di's l'anx. ili's (iiiieinis puissants; car on les voit, , Plioca nrshiii, Liiiiié, à en jnger, du moins, pai' la tète qui a servi de guide à Fr. (luvier, et qui était désignée sous ee nom. Le système dentaire consiste en Irente-six dents, vingt à la mâchoire supérieure, savoir six incisives, deux canines et douze molaires, et seize à la màclioire inférieure, se divisant en (pialre incisives, deux canines ri dix molaires. Les quatre incisives moyennes supérieures sont partagées transversalement dans leur milieu par uni- échancrure profonde: les deux premières sont petites, comprimées latéralement, à peu prés d'égale grandeur, quelquefois partagées en deux par un sillon transversal, et beaucoup plus petites que la troisième, qui a toutes les formes de la canine. Celles-ci sont très-fortes, très-larges à leur base, et terminées seulement en arrière par une côte saillante. Imnicdialrment après viennent les molaires, qui se ressemblent toutes; un étranglement sépare nettement la racine de h couronne; celle-ci es! généralement conique, avec un petit tubercule à la base de sa partie antérieure; les cinq premières .se suivent régulièrement à la même distance; mais la dernière est séparée de la largeur de tout un al- véole de celle qui la précède, et elle est beaucoup moins profondement enracinée que les autres; les racines ont cela de très - remarquable , qu'après l'étranglemenl qui les sépare de la couronne, elli-s se renflent pour .s'allonger ensuite en un cône deux fois plus long que la couronne elle-même. A la mâchoire inférieure, les incisives sont échancrées d'avant en arrière; elles sont coniques et de gran- deur à peu près égale; la canine est semblable à celle de la mâclioii'e opposée, et les molaires sont, de même que celles de l'autre mâchoire, coniques, avec des racines plus grosses et \t\m longues qu la couronne, mais ayant, par derrière comme par devant, un petit tubercule pointu à'ieur collet. Dans leur action réciproque, ces dents semblent alternes, et la sixième supérieure n'en a aucune qui lui soit opposée. La tête est singulièrement surbaissée et le museau rétréci, comparativement avec la tête des Platyrbynques. Tout ce qu'on connaît sur les antres systèmes d'orsanes, c'est que les oreilles ont une conque externe rudimentaire; que la memiu'ane du pied de derrière se prolonge en aut.mt de divisions que les doigts, mais sous forme de lobe très-prolonge, et que les membres antérieurs sont placés fort en arrière, ce qui fait paraître le cou plus long. Fr. Cnvier ne plaçait qu'une seule espèce dans ce genre, mais aujouidliui on eu adnicl une se- conde, d'après M. dray. I. AlîCTOI'.KI'llAl.l-: OfltSIN. MICTOCEPIIM IS mSIMS. Vr Ciivicr. CAiiACTÈnES SPÉCIFIQUES. — Corps mince, tête ronde; gueule peu fendue; yeux proéminenis: mous- taches longues; oreilles pointues, coniques; pelage composé de deux sortes de poils r celui de dessous court, ras, doux, satiné, d'une belle couleur rousse, et celui de dessus plus long, brunâtre, tacliclè de gris fonce. Longueur totale depuis le bout du museau jusqu'à rextremilé la queue, \ariant de 1"',50.12"' C'est rOuRS MABiN de Buffon, le Phoca tirsina de Linné, Vlrsiix iiiiiriiins de Stell(>r, VArrlocc- plialiis iirsinus, Fr. Cuvier, et YOluria FuhricVi, Lessoii. II habite les côtes du Kamtclialka cl les îles Aléoutiennes, cl en général toutes les parties de l'océan Pacifique du Nord. Il se plaît au milieu des rochers et des récils, sur les côtes les plus expo- sées à la tempête, et ses mœurs sont extrêmement sauvages. La finesse de son odorat l'avei lit à une très-grande distance de l'approche des chasseurs, ce qui le rend très-diflicile à prendre : cependant on le recherche beaucoup, parce que sa fourrure, assez douce, est très-estimée, princi])alenient en Chine. Le Phoque oursin ressemble beaucoup, par ses formes extérieures, au Lion marin, type du genre Plaiijrhrpirlius; il en a la tête, les oreilles externes; son corps a la même proportion; ses membres sont conformés de la mémo manière; les doigts de ses nageoires postérieures sont égalemeni dépassés CARNASSIERS. 285 mais il en diffère par les hiiiièrps de peau fort allongées et linéaires; sa queue est aussi courte, eh par la taille et par le pelage. Le poids des plus grands Phoques oursins des mers du Kamtchatka est d'environ vingt pouds de Russie, c'est-à-dire quatre cents de nos kilogrammes, et leur longueur n'excède pas 3'". Leur poil est hérissé, épais et long; il est de couleur noirâtre et tacheté de gris sur le corps, et jaunâtre ou roussâlre sur les pieds et les flancs; il y a, sous ce long poil, une espèce de feutre, c'est-à-dire un second poil plus court et très-doux, qui est également de couleur roussâlre: mais dans la vieillesse les plus longs poils deviennent gris ou blancs à la pointe, ce qui les fait paraitie d'une couleur grise un peu sombre. Ils n'ont pas autour du cou de longs poils en forme de crinière, comme les Lions marins. Les femelles diffèrent si fort des mâles par la couleur, ainsi que par la grandeur, qu'on serait tenté de les prendre pour des animaux d'une autre espèce. Leurs plus longs poils varient; ils sont tantôt cendrés et lanlôt mêlés de roiKisâtrc. Les petits sont du plus beau noir en naiss;int; on fait de leur peau des fourrures qui sont très-estimées; mais, dès le quatrième jour après leur naissance, il y a du roussâlre sur les pieds et sur les côtés du corps : c'est pour cette raison que l'on tue souvent les femelles qui sont pleines, pour avoir la peau du fœtus qu'elles portent, parce que cette fourrure est encore plus soyeuse que celle des nouveau-nés. Fig. 127 — ,\rclocé|ili.ili-' oursin. Les habitudes de ce Phoque diffèrent peu, quant au fond, de celles du Lion marin, mais bien par les détails. Us vivent en familles; chaque chef se tient à la tète de la sienne, composée de ses femelles, au nombre de huit, jusqu'à quinze, et, dit-on même, cinquante, et tous leurs petits des deux sexes : chaque famille se tient séparée, et, quoique ces animaux soient en certains endroits par milliers, les familles ne se mêlent jamais. Les mâles se ballenl eniro eux pour se disputer la possession des fe- melles; et, après un combat cruel, le vainqueur s'empare de la famille du vaincu, qu'il réunit à la sienne. Le Phoque oursin craint seulement le Lion marin ; du reste, il fait une guerre crnelle à tous les 286 lIlSTOlIiE NATIJRKI.LE. autres animaux i\c mn\ cl nolammcnl aux Loutres inariucs. 11 u'cstni dau^eicux, ni iTddUlabic pour riionime; il ne rlinrlu' même pas à se détendre contre lui, et il n'est à craindre que loisqu'iui le réduit au desespoir, et qu'on le serre de si près qu'il ne peut fuir. La femelle n'a pas l'indiffé- rence qu'on reproche à la Lionne marine pour son petit; elle lui témoii>ne un attachement si vif et si tendre, que, même dans le jdus ]uessaut danger ]iour sa propre ])ersiinne, elle n'abandonne jamais son petit; elli' enqiloie tout ce qu'elle a de force et de couiage pour le défcudri^ et le cousei'ver, et souvent, (pioique blessée elle-même, elle l'emporte dans sa gueule pour le sauver Le cri de ces animaux est |daintif, mais il varie selon les circonstances. En géuéial, le bêlement d'un troupeau en- tier de ces Phoques ressemble de loin à celui d'un troupeau composé de Moulons et de Veaux. IjCS femelles mctieul bas, au mois de juin, sur les lives désertes de la mer du Nord ; et. comme elles entrent en chaleur dans le mois de juillet suivant, on peut en conclure (pie le temps de la yestation est au moins de dix mois; les portées sont ordinairement d'un seul, rarement de deux petits, les mères les allaitent jusqu'à la tin d'août. Ces petits, déjà très-forts, jouent souvent ensemble; et, dit-on, lorsipi'ils viennent à se battre, celui qui est vainqueur est caressé par le père, et le vaincu est protégé et secouru par la mère. 2. arctocepiialh; i-oni:. AnrTocEniiMvs lobatis Gimv Caractères spécifiques. — l'elage brun, tirant sur le rouge loi'S([ue l'animal commence à vieillir. Longueur de l-.SOà 'i". Cette espèce, qui ne diffère peut-être pas de la précédente, dans laipielle on |)ourra peut-être quelque jour distinguer plusieurs espèces particulières, est l'Ouiis maiiin de FonsTEn, VArctocephatits lulmliis. Gv:\\ , vlY Olaiin l'orslcri, Lesson. qui lui rapporte les synonymies que nous avons appliquées à l'Arcioccplialiis umiiiiis. Cet animal est le Phoque à fourrures des pécheurs européens ou américains. Il habite les hautes lati- tudes, fréquente toutes les cotes morcelées de l'extrémité australe de l'Amérique, le cap Ilorn, la terre des États, les îles Malouines, l'archipel dePierre-le-Grand, et aussi les iles Marquises, Penantipodes, les parties méridionales de la Nouvelle-Hollande, de la Nouvelle-Zélande et de la terre de Van-Diemen. Du Petit-Tliouars le mentionne à l'ile de Tristan d'Amyna. Enlin, on l'a aussi signalé dans les mers du cap de Bonne-Espérance. Ce Phoque, comme le précédent, est recherché dans le commerce de pelleterie, et sa fourrure est Irès- estiméc. La couleur la plus ordinaire de cette fourrure est le brun; mais, lorsque l'animal est parvenu à toute sa croissance, elle lire sur le rouge. Sa qualité ne diffère de (elle des Castors que parce que les poils ou le feutre soyeux qui la composent sont les plus courts. Mais cependant cette fourrure est grossière sur le dos et sur le cou, et ce n'est que sous le corps, et notamment sous le ventre, qu'elle prend cette finesse et ce moelleux qui la fait rechercher. Les crins (pii couvrent le (iorps et qui dé- |)assent le feutre sont toujours arrachés. Pour cela, on chaiilfe donceuient la peau, et on la ratisse for- tement avec un large couteau de bois façonné à cet effet. Débarrassée de ses longs poils, la fourrure acquiert alors toute sa beauté et se vend en Chine environ douze francs, et jusqu'à trente et trente- six francs en Angleterre, en y comprenant la prime. On en fait des chajieanx superfins, des garni- tures de robes, des manteaux, etc. Des cliasseuis de Phoques assurent que cette espèce, si pré- cieuse à leurs yeux, ne se trouve jamais que sur les cotes les jdus battues par les vagues, dans les lieux les plus âpres des côtes de Fer qui bordent la plupart des iles de la mer du Sud. et que jamais on ne la voit se reposer dans les criques bordées de longues plages sablonneuses, déclives, où la mer roule paisiblement ses eaux pendant la marée montante. Ses moeurs sont, dit-on, très-sauvages, et son odorat très-subtil; de loin, elle a la conscience, pai' son moyen, des approches de rhomme, et s'empresse de gagner la mer et de fuir un enneini qu'elle a appris à redouter. CARNASSIERS. 287 S-"' GENRE. — PLATYRIIYNQUE. PLArYRHYNCUUS. Fr. Ciivin, 1826. Liclioiinairc (les Soicnccs nalurollos, I. XXXIV. nx».7a;, l;irgo; pJf/,'Ç, nuz. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Sijstlmc dentaire : ineixives, | ; canines. {^ ; molaires, |e| .■ en tolalilé, trente- six dents, comme dans les genres •prcccdents. Les incisives pointues. Les molaires n'aijant pas de pointe secondaire, excepté h leur partie antérieure. Crâne trcs-élrvé. Mtiseau plus clarcfi que dans les Arctocépliales. Ce genre est l'un des moins bien ronnus de ceux de la tribu des Pliocidés, et les espèces qu'il ren- ferme n'ont pas encore été étudiées suffisamment. Les Platyrliynque.s .sont répan";ipiis l'auleur que nous avons cité le premier, le Lion marin est Iv l'Iioque à oreilles externes de la plus f;rànde espèce. Sa longueur est de dix à douze pieds anglais, lorsqu'il a pris tout son aceroissement; les femelles, qui sont beaucoup plus minces que les mâles, sont aussi plus petites et n'ont communément que sept on huit pieds; les plus gros irâles pèsent de douze à quinze cents livres (anglaises), et, en moyenne, cinq cent cinquante après qu'on en a ùté la peau, les entrailles et la graisse: le diamètre du corps, dans les individus des deux sexes, est à peu près égal au tiers de la longueur; l'épaisseur est à peu près la même partout, et l'animal se présente aux yeux comme un gros cylindre, plutôt fait pour rouler que pour marcher sui' la terre; aussi le corps trop arrondi n'y trouve d'assiette que parce que, étant re- couvert partout d'une graisse excessive, il prête un point d'appui aux inégalités du terrain et aux pierres sur lesquelles l'animal se couche pour se reposer. La tête parait être trop petite à proportion d'un corps aussi gros; le museau est assez semblable à celui d'un gros Dogue, étant un peu relevé et comme tronqué à son extrémité; la lèvre supérieure déborde sur l'inférieure, et toutes deux sont garnies de cinq rangs de soies rudes, en forme de moustaches, qui sont longues, noires et s'étendent le long de l'ouverture de la gueule; ces soies sont des tuyaux dont on peut faire des cure-dents; elles deviennent blanches dans la vieillesse. Les oreilles sont coniques, longues seulement d'environ 0"',01 à 0'",02; leur cartilage est ferme et roide, et néanmoins elles sont repliées vers l'extrémité; la partie inté- rieure en est lisse et la surface extérieure est garnie de poils. Les yeux sont grands et proéminents; l'iris est vert, et le reste de l'œil est blanc, varié de petits filets sanguins; il y a une membrane cli- gnotante à l'intérieur. Les sourcils, composés de crins noirs, surmontent les yeux. Les dents sont au nombre de trente-six : les incisives supérieures ont deux pointes, au lieu que les inférieures n'en ont qu'une; il y en a quatre, tant en haut qu'en bas; les dents canines sont bien plus longues que les in- cisives, et de forme conique, un peu crochues à leur extrémité, avec une cannelure au côté intérieur. Les pieds du devant ou les mains, qui partent de la poitrine, sont de grandes bandes plates, d'une membrane noire et dure, lisse et sans poil, et dans le milieu se trouvent quelques vestiges d'ongles qu'on distingue à peine. Les nageoires de derrière, lisses et sans poils, comme celles de devant, sont divisées en cinq longs doigts, aplatis et enveloppés dans une peau mince, qui s'étend au delà des ongles, qui sont fort petits. La queue, de forme conique et couverte de petits poils, est courte. La tête du mâle et la partie supérieure de son corps sont recouvertes de poils épais ondoyants, longs de deux à trois pouces et de couleur jaune foncé ou tanné, qui flottent sur le front et sur les joues, et forment une crinière sur le cou et sur la poitrine de l'animal. Cette crinière se hérisse lors- qu'il est irrité. Sur tout le reste du corps, des poils courts, lisses, fauves biunâtres et comme collés à la peau, l'enveloppent dans ene robe satinée et luisante. La femelle n'a pas le moindre vestige de crinière, à quelque âge qu'elle soit parvenue; tout son poil est court, lisse et luisant, comme celui de la robe du mâle; mais il er.t d'une couleur jaunâtre assez claire. Suivant Steller et Krachcnninikow, le Lion marin du Nord serait plus petit que celui du Sud, puisque sa taille ne surpasserait guère celle du Phoque Ours marin; sa peau, sur tout le corps, serait brune; sa tête de moyenne grosseur; ses oreilles courtes; le bout de son museau .court et relevé, comme celui du Chien doguin; son cou serait nu, avec une petite crinière d'un poil rude et frisé. Mais ces caractères, comme le fait observer A. G. Desmarest, ne sont certainement pas suffisants pour affirmer que l'espèce de Steller est différente de celle de Forstcr. Le père Labbé fait mention du Lion marin des côtes du Brésil, lieu où cet animal serait assez com- mun. Lemaire l'ob.serva à l'ile du Roi, sur la côle des Patagons; mais cet auteur dit qu'on ne le ren- contre pas au deh'i du cinquante-sixième degré de latitude septentrionale. Molina semble l'avoir vu au Chili, llougainville a Iniuvé le LidU marin aux îles Malouines, se partageant le terrain avec les Phoques à trompe et avec d'autres espèces du même groupe. Cook l'a également vu sur les iles du Nnuvel-An, situées ù la côte du nord de la Terre des Ktats, etc. 11 est remarquable qu'on n'ait point signalé cet animal dans limmcnse intervalle qui sépare les deux régions qu'il habite. D'autres voyageurs l'ont re- connu dans le grand Océan boréal, dans les iles Kourilles et au Kamtchatka. Steller, qui s'était embar- qué sur le vaisseau dt- ISering, eu qualité de naturaliste, dans le voyage (lii ce navigateur découvrit, pour les Russes, l'Amérique du Nord-Ouest par les latitudes élevées, vécut pour ainsi dire avec ces Amphibies pendant plusieurs mois, dans l'Ile sur laquelle le vaisseau de Bering fil naufrage. u Les Lions marins, dit Bulfiui, vont et se tiennent par grandes familles, chaque famille est (udi- CARNASSIERS. 289 nairenienl composée d'un nn'ile adullo, de dix ou douze femelles et de quinze à vingt jeunes des deux sexes; tous nagent ainsi dans la mer, demeurent ainsi réunis lorsqu'ils se reposent à terre... La présence ou la voix de riiommc les fait fuir ou se jeter à l'eau; car, quoique ces animaux soient bien plus grands et ])lus forts que les Ours marins, ils sont néanmoins plus timides. Lorsqu'un homme les attaque avec un simple bûton, ils se défendent rarement et fuient en gémissaiit; jamais ils n'attaquent ni n'offensent, et l'on peut se trouver au milieu d'eux sans avoir rien à craindre, ils ne deviennent dangereux que lorsqu'on les blesse grièvement ou qu'on les met aux abois; la nécessité leur donne alors de la fureur; ils font fare à l'ennemi et eombaltent avec d'autant plus de idurai,"' qu'ils sont plus maltraités. Les chasseurs cherchent à les surprendre sur la terre pliilôt ipie dans la mer, parce qu'ils renversent souvent les barques lorsqu'ils se sentent blessés. Comme ces animaux sont puissants, massifs et très-forts, c'est une espèce de ghiire parmi les Kamtcbadales, que de tuer un [,ion marin mâle... Les mâles se livrent souvent entre eux des combats longs et sanglants. On en a vu qui avaient le corps entamé et couvert de grandes cicatrices. Ils .'■e liallent pour défendre leurs fenudles contie un rival qui vient s'en saisir et les enlever; après le combat, le vaintpieur devient le chef et le maître de la famille entière du vaincu. Us se battent aussi pour conserver la place que chaque màlc occupe toujours sur une grosse pierre qu'il a choisie pour domii'iie; et, lorsqu'un autre mâle vient pour l'en chasser, le combat commence et ne finit que par la fuite ou par la mort du plus faible. » Fii;. 128. — Pliilyiliyni|uo lion niniin. L'accouplement est précédé, dans celle espèce, de [ilnsicurs caresses étranges ; c'est le sexe le plus faible qui fait les avances, c'est ainsi que le dcci-it George Forster : « La femelle se tapit aux pieds du mâle, ramiiant cent fois autour de lui, et de temps à anire rapprochant son museau du sien comme pour le bai.ser ; le mâle, pendant cette cérémonie, semblait avoir de l'humeur; il grondait et montrait les dents à la femelle, comme .s'il efit voulu la mordre : à ce signal, la souple femelle .se re- lira et vint ensuite recommencer ses caresses et lécher les pieds du mâle. Après un hmi; préambule '57 200 IIISTOIUI': NATlJni:LI,E. de celte sorte, ils se jetèrent tous les deux à l:i mer et y liieni plusieurs tours en se ]ioursiii\;iiil l'un pl l'autre; enfin la l'enielle sortit la première sur le rivage, où elle se renversa sur son dos; le mâle, qui la suivait de près, la eouvrit dans cette situation, el raccnuiiienuMil dura linil à dix minutes. » Selon Forster, raceouplement des Lions marins a lieu en décemlire el janvier, aux terres mai;ellani- ques, et, suivant Steller, en août et en septembre, sur les côtes du Kamiciialka. Ces animaux choisis- sent toujours les côtes désertes pour y faire leurs petits el s'y livrer au plaisir de l'amour. Leur voix diffère sidon rai,'e el le sexe. I^es vieux mâles mugissent comme des Taureaux; les femelles font en- tendre un cri com])aral)lc au l)eui;lement des Veaux, et les jeunes bêlent presque comme les Ai;neaux. Il |)arait qu'ils ne prennent aucune nourriture pendant leur séjour à terre, qui dure quelquefois plus d'un mois; aussi deviennent-ils maigres. Ils ont l'habitude alors d'avaler un certain nombre de grosses i)icrres qui tiennent leur, estomac tendu. Le temps de la i^cslalion est d'environ onze mois; les voyageurs ne .s'accordent pas sur le nombre de petits que hi femelle produit à chaque portée. Selon Steller, elle n'en fait (ju'iin; suivant Forster, elle en fait deux. I.'odeur de ces animaux est forte. Les voyageurs ne sont point d'accord sur la bonic de leur chair; les uns disent qu'elle est noire et mauvaise, cl d'autres qu'elle est, ainsi que la graisse, d'un goûl très-agréable. Quant à l'OTAniE de CALironME. Otaria Califonihia, Lesson, ou Jeune Lion uarim de Califurme, Choris, il est démontré que c'est un jeune du Plalyrhiiiiclnis Icouiniis. Dans cet individu, le pelage est ras, uniformément fauve brunâtre, les moustaches sont peu fournies; le museau assez poinlu; les membres antérieurs sont régidiers, plus grands que les postérieurs; cinq rudiments d'ongles occupent l'extrémité des phalanges et sont débordés par une large bande de la membrane; les pieds postérieurs sont minces, ayant trois ongles au milieu et deux rudiments d'ongles internes et externes; cinq fes- tons, lancéolés et étroits, dépassent de cinq ou six pouces les ongles; la queue est trésronrle. '2 PLATYRHYNQUE A CUIN. l'I.MïnilYMIIVS MUI.OSSIKVS. Lesson. (lAiiACTÉREs spécifiques. — Pclagc d'uH roux uiiifiii me, ras sur toutes les parties du corps; poils des moustaches aplatis, d'un brun rouge, à extrémité noire: mains manquant d'ongles; pieds en pré- sentant trois très-gros; tête petite, arrondie; oreilles petites, pointues, roulées sur elles-m 'mes. Lon- gueur totale, depuis le bout du museau jusqu'à l'extrémité de la (|ueue, variant entre i"',30 et a^.eo. Cette espèce est le Plwca et (Uariu Motossina, Lesson et Garnot; il se rapporte probablement au Lion marin delà petite espèce, Pernelti, et l'on doit également lui réunir I'Utarie de Guérin, Quoy et Gaimard ou Pluiiirliijnclius Uraniœ, Lesson. Le Plaiijrlujnchus Molossinus habite, ainsi que l'indique son nom, les Moluques el presque toutes les parties des mers australes; c'est un Phocidé à formes élancées, régulières, à tête, petite, arrondie, comme tronquée en avant, et présentant exactement le museau d'un Dogue. Le nez est peu proémi- nent et séparé par une rainiH'e; la lèvre supérieure déborde rinferieure, et toutes les deux sont gar- nies sur leurs rebords de poils courts et serrés. Les moustaches qui couvrent la face sont disposées sur quatre à six rangs; elles se composent de poils d'autant (ilus allongés qu'ils sont ])lus exté- rieurs, el dont la plus grande longueur est de Q'",\2, ces poils sont lisses, trè.s-iudes, aplatis trans- versalement et de couleur fauve clair. L'œil, à iris verdâlre, est place à 0°',08 de la commissure de la bouche. Les oreilles sont très-petites, epai.sses, pointues et roulées sur elles-mêmes; elles sont revêtues d'un poil ras et serré; leur face interne est nue. Les paupières sont longues de 0"',04, e;)ljurècs de poils roux et courts. Les membres antérieurs sont aplatis en nageoires que termine une membrane épaisse, sinueuse en son bord, qui est d'un noir vif et complètement li.sse. Les phalanges sont empêtrées dans cette portion membraneuse et sont indiquées par trois stries principales el pro- fondes; sur leur partie moyenne on observe quatre rudiments d'ongles. Les membres postérieurs sonl i;ipprochés, aplatis, terminés par des phalanges d'égale longueur; les trois doigts du milieu sont garnis chacun d'un ongle fort, unir, long de ()"',(l'f, arrondi, convexe su|ièiieurcment, aplati infé- ricurement et termine par un rebord taille idilicpicmeiU à la partie externe de la ph.dange extérieure, CARNASSIERS. 2'Jl et avec, les rudiments des deux phalanges intérieures. On remarque seulement deux rudiments ddn- gles aux doigts externe et interne, La membrane qui unit les doigts est large, et les engage jusqu'à 0'°,04 au delà des ongles en formant un rebord. Cette portion, garnie de nervures tendineuses qui partent de la dernière phalange, se divise en cinq festons étroits, arrondis à leur sommet, où ils sont |)!us larges qu'à la base et d'autant plus développés qu'ils sont plus extérieurs. La surface externe des membres est couverte, comme toutes les autres parties du corps, d'un poil abondant, court et serré, tandis que les aisselles, les aines et le dessous des membres sont complètement nus. Les mem- branes n'ont aucune trace de poils et sont d'un noir vif. La queue est courte, aplatie et pointue à son extrémité. La longueur des poils ne dépasse pas O^.Ol, et leur couleur est d'un roux brun comme satiné lorsque l'animal est en vie. Ce Phoque a trente-six dents; les incisives supérieures, aplaties Iransveisalement, sont séparées en deux lobes par un silhui profond. Fig. ^29. — Plalyrhynquc à cnn Le Pr.ATïRUïNQUE uu Otarie de Cuéiun, l'ialijrliijnchus Uraniœ, Lesson, ne semble pas différer assez du Pialyrhynque des Moluques pour qu'on puisse en faire une espèce distincte; cependant MM. Quoy et Gaimard lui donnent six incisives en haut et quatre en bas, quatorze molaires supé- rieures et douze inférieures; son pelage est brun, ras; son museau aplati, portant cinq rangs de moustaches; sa taille est d'environ 1"',60. Il habite énalemeiit les iles Malouines. r> rL.\TVRItYNQt'E UBIGUK VLATYmiYMIllS fl.WESCEXS f'œpirig. Cabactèbes spécifiques. — Pelage biiin-gris nu blamliàln', (■onq)osé de deux sortes de poils; télé grosse, ronde. Ijongueur variant de I"' à 2'", 50. 'm IIISTOIUK NATURELLE. Celte espice, qui habile les mers du Cliili, est le l'Iwca lupitia de Mûlina; elle est loin d'ètie sul- fisammenl eomiue, et l'on n'en sait que ce que nous en a rapporté Molina. « Les Français et les Es- pai^nols, dit-il, nomment cette espèce Loue mauln. Il varie pour la grosseur cl la couleur du pelage. Sa longueur est di' trois, de six et de huit pieds. Son pelage est brun, gris, quelquefois blanchûtre, compose de deux sortes de poils, l'un doux comme celui du Bœuf, l'autre plus dur; la tête est grosse, ronde et ressemble à celle d un Chien auipiel on a coupé les oreilles prés de la peau. Son nez res- semble ù celui du Veau; le mulle est court, obtus; les deux lèvres sont égales, la supérieure un peu cannelée, comme celle du Lion. Il a quatre doigts à chaque patte de devant, ce qui le distingue des autres l'hoquts; ses pattes de derrière en ont cinq. La queue a trois pouces de longueur. Lorsipi'ils s'accouplent, ce qui se fait ordinairement à la fin de l'automne, ils s'appuient sur les pattes de der- rière et s'embrassent avec les nageoires. La femelle met bas au printemps et fait un, deux ou, mais rarement, trois petits. Ils marchent très-mal sur la terre et se traînent plutôt d'un endroit à l'autre; il serait cependant Irès-iniprudent de s'en approcher, car, quoique lourds et pesants en apparence, leur cou a beaucouji de llcxibilité, et l'on s'exposerait toujours aux morsures de leurs dents terribles. Lorsqu'ils voient passer quelqu'un près de l'endroit où ils sont couchés, ils ouvrent la gueule telle- ment, qu'une boule d'un pied de diamètre y entrerait aisément. La voix des vieux Urigucs peut être comparée au nuigissenicnt des Taureaux et au grognement des Cochons. Ces l'ho(iues ne peuvent pas rester longtemps sous l'eau; on les voit souvent sortir la tète pour respirer ou |)Oui' |irendre quelque Pingouin ou autre Oiseau aquatique dont ils .sont très-friands. Les jeunes bêlent comme des Agneaux. Les Chiliens font avec la peau de ces animaux des sortes de radeaux sur lesquels on peut passer les ri- vières et pécher à la mer. On en prend deux que l'on gonfle d'air; on attache sur ces ballons plusieurs traverses de bois sur les(juclles une ou plusieurs personnes peuvent s'asseoir. On en ])réparc une sorte de maroquin ;'i gros grain, surpassant le maroquin en bonté; on en fait encore des souliers et des bottes imperméables à l'eau. Les habitants de l'archipel de Chiloé font un commerce considérable d'huile d'Urigue; elle est préférée à l'huile de Baleine. On trouve souvent dans l'estomac de ces ani- maux des pierres de plusieurs livres. )> 5'"" GENRE. — OTARIE. OTARIA. Pérou, 1807. Voyage aux TiTrcs Australes, t. 111. Otaria, Otarie. CVRACTÈRES GÉNÉRIQUES. Siisihiic dentaire : incis'ives, |; canines, j-^; molaires, ^— ^-. Les quatre incisiies supérieures niiloiiennes, à double trancliunt; les externes simples et plus petites; les quatre incisives iiifcrienrcs fourchues; toutes les molaires simples, co)iiques. Conques auilitivcs erlernes, visibles, petites. Ihiijts des nageoires antérieures presque immobiles. Membrane des pieds de derrière se prolongeant en une lanière au delà de chaque duiijt. Ongles plats, menus. Poils plus longs, moins ras que dans les autres genres de Phocidés. Nous avons delini le genre Otarie comme le faisait G. Cuvier dans son Hègne animal, mais nous ne nous dissimulons pas que tous les caractères qu'il assigne à ce groupe ne sont pas apidicahlcsaux espèces que nous y rangeons; car, en effet, depuis la publication de l'ouvrage classique de G. Cuvier, les Otaries ont été partagées, par Fr. Cuvier, en plusieurs genres, et celles qu'ù l'exemple de plu- sieurs naturalistes nous laissons sous cette dénomination n'y sont que parce (|ue nous n'avons pu les mettre ailleurs, ne les connaissant pas sul'lisammcnt. C'est donc en quelque sorte, et pour parlci ù la manière de Linné, un groupe de Phoques ù oreilles d'insertœ sedis que nous indiquons sous le nom d'Otarie. Sous le rapport de l'ostéologie, nous pouvons dire que les animaux de ce groupe sont trop mal CARNASSIERS. 293 définis pour que nous puissions en donner les différences spécifiques, d'autant plus que l'on ne pos- sède guère que des têtes de ceux qui ont été désignés sous des noms particuliers par 1rs voyageurs modernes. Cependant, nous dirons que Ton croit avoir remarqiié quelques différences qui portent sur la forme de la voûte palatine plus ou moins reculée, plus ou moins terminée en ligne droite ou oblique; sur celle des os du nez, qui n'est pas toujours la même, et surtout sur la forme, la direc- tion et le développement de l'apophyse orlii aire. La taille des Otaries, sans égaler celle des grandes espèces de Pliocidés, est encore assez consi- dérable. Leurs mœurs sont analogues à celles des autres Phoques, c'est-à-dire qu'on les rencontre dans les mers auprès des côtes, et que souvent ils se rendent sur le rivage. Les dix ou douze espèces rangées dans le groupe des Otaries ne se remontrent pas aussi près des pôles que les espèces des autres genres de l'hocidés; elles sont propres aux mers australes, mais aussi bien à celles qui baignent le cap de Bonne-Espérance qu'à celles du détroit de Magellan, des îles Malouines, et même de r.\ustralie. 1. OTARIE NOir.E. OTAIIIA PVSII.I.A. Lesson. Caractèkes spécifiques. — Pelage doux, généralement noirâtre; pieds de derrière n'ayant d'ongles apparents qu'aux trois doigts du milieu, et terminés par une membrane dont le bord offre cinq lobes; soies des moustaches rondes, lisses. Longueur totale variant entre 0'",70 et l'",50. Fiî. 130. — OUrie noire. Cette Otarie, qui, à raison de la petitesse de sa taille et de la forme ae ses pieds de derrière, ne peut être confondue avec les espèces des genres précédents, a d'abord été décrite par Daubenton 294 IIIS'RUItK N.VniIlKM.!'. sous le nom de l'elil Plioquc noir, et eiisuile par M. Pages, (jui cûinimmiqiia des observations ;'i Buffoii. Celui-ci a voulu prouver que celte espèce était celle de liondelet et le Plioca des anciens ou *uKYi d'Aristote et dVÊlien, et Vitiihis niarhius de Pline; A. G. Desniarest, dans le tome XXV dn Dictionnaire d'Histoire naturelle, de Déterville, avait adopte ('etle manière de voir, et en même temps. ayant observé dans la collection du Muséum les individus qui ont servi à la description de Daidienton, mais sans aucune indication qui pût les faire connaître, les avait attribués à une espèce d'Otarie signa- lée par Pérou, prés de l'Ile de liotlness, sur la côte occidentale de la Nouvelle-Hollande, qui a beau- coup de rapport avec eux, et qu'il nomma Olaria Peron'n. Mais plus tard, dans sa Mnnniialofjie, averti de son erreur par De Blainville, qui possédait des renseignements particuliers sur le Pli0(iiie de liuffon, il reconnut le double emploi qu'il avait fait, et annonça que c'était à tort que liuffon rappor- tait à cet Ampbibie le Phoque de Rondelet, qui n'a pas d'oreilles externes, et le Phoque des anciens, trop vai;uenient décrit par eux p(]ur (pi'il soit possible de le rapporter plutôt à un ifenre qu'à un autre, et même iilutôt au Phoca vilitt'iua qu'à tout autre. De tout cela il résulte, eu résume, ipic le Petit Phoque noir de Buft'on et Daubenlon est le même que le Phocu piisilla, Linné, le Plioni parvn, Boddaért, et que les Otaria Peronii clpnsilla, A. G. Desmarest. Dans cette espère, la tète est ronde, un peu déprimée; le museau est très-court; il y a six incisives supérieures, dont les deux extérieures en l'orme de canines et les quatre intermédiaires grosses cl sillonnè^es transver.salement sur leur tranchant; il y a quatre incisives inférieures, dont les deux in- termédiaires, placées l'une contre l'antre et aussi grosses que les plus grandes de dessus, sont ter- minées chacune par trois petits lobes, et dont les deux externes, courtes et pointues, se placent par leur ])ointe dans la rainure ou le sillon transverse des incisives d'en haut; les premières molaires sont ('ûurtes, petites, à une seule pointe et distantes entre elles. Les oreilles externes sont étroites. Les pattes de devant ont le doigt intérieur le plus long de tous, sans ongles apparents, veines en dessus et entièrement nues en dessous; les pattes de derrière sont tout à fait rejetées en arrière cl dans la directiiui du corps, à cinq doigts, dont les trois du milieu ont leurs phalanges et leurs on- gles bien marqués, les aulies ayant un ongle iiidimentaire à peine visible; la membrane des doigts se prolongeant un |)eu au delà de ceux-ci et terminée ]iar un bord sinueux, dont cha(iue partie sail- lante ou (liaque lobe est de grandeur proportionnée à celle du doigt auquel elle correspond. Le pe- lage est doux et luisant; le dessus du corps est d'un brun tirant sur le gris de fer, avec la léle plus foncée et le dessous beaucoup plus clair, surtout sur la poitrine; chaque poil étant d'un fauve très- clair dans la plus grande partie de sou étendue, puis d'ini brun minime plus abondant en dessus {|u'cn dessous, et termine de gris clair sur le dos ou de blanchâtre sons le ventre. Les jeunes indivi- dus ont une coloration plus obscure que les adultes. Deux individus de celte espèce, observés en captivité pendant quelques jours par M. Pages, lui luit montre toutes les preuves d'intelligence qu'on truuve dans le Phoque commun. Il habile les mers dn cap de Bonne-Kspérance; il, selon Daubenton, on le trouverait aussi dans les mers de l'Inde, ce (pii est très-peu probable. 2. OT.^BlIi DE I)EI,M,ANDI';. or,lfi; l liKI.M.ÀMHI G Cuviur. CARACTf;tiES SPÉCIFIQUES. — Pelage doux, fourré, laineux à la base, avec la pointe des poils aiine- lée de gris et de noirâtre, ce qui lui donne une teinte d'un gris brun roussàtre; dessous du corps d'une coloration plus pâle. Longueur totale, i"',l'2. Il provient des mers du cap de Bonne-Espérance, d'où il a été rapporlè par Delalande. 3. OTAUlt: Uli Mlt.liEllT OTMIIA Mll.lll-RTI. G Cuvicr. CAnACTi";iiF,s srrciFK.'UKS. — Pelage d'un gris cendré en dessus et bhiijcliâlie en dessous. Longueur de la léle et du corps ayant à peu près I'". Cette es|>è(e. qui es! loin il'élic ((impli'lemrnt cnnnue. Iiabih' les mers australes. CARNASSIERS. 295 4 OTAHIE DllALiVILLIi. OTMtIA IIALVILII. G. Cuvicr. (lARACTftnES si'ÉciFiyi'Es. — Pclap;!' rl'iin gris fonce et ccmlrt' en dessus. blanrtiAlre sur les flancs et sur la poitrine; ventre présentant une bande longitudinale d'un brun roux, avec une autre bande transversale, noirâtre, allant d'une nageoire à l'autre. Longueur totale, 1"',50. Cette espèce est la même que VOtaria Peronii, De Blainville; elle habite les îles Malouines. On réunit quelquefois à cette Otarie les cinq espèces qui vont suivre, et qui ne sont pas décrites d'une manière suffisante; mais, comme ces animaux sont tous tres-imparfaitemeiit connus, nous ne voyons pas plus de raisons pour les réunir en une seule espèce que pour les décrire tous séparément. C'est donc avec cette restritlion que nous les citerons isolément. 5 OTAIUE; COURONMiK. 0/.i;i//l COnoyATA. Oc lilainvillo. CAïucTÈnES SPÉCIFIQUES. — Pclagc noir, varié de ta aux natni-.disles français de lex- pedition commandée par le capitaine lîaudin. Elle a èle renconlrée sur les rivages de lile Decrès, qui est située par le Irenle-sixième degré de latitude méridionale et le cent trente-cinquième degré de longitude orientale, en face des golfes Bonaparte et Joséphine, de la terre Napoléon. Leur poil est trè.s-couri, de couleur gris cendré, très-dur el Irès-grossier; mais leur cuir est épais et fort, el l'huile qu'on prépare avec leur graisse est aussi bonne qu'abondante. Depuis, MM. Quoy cl fJaimard ont pu de nouveau étudier celle Otarie à la Nouvelle-Hollande, vers son exliémité méiidionale, dans le détroit de Bass. aux environs du port Western. Il or.VniK AfSTH.VI.K. oy.WIM l('.s7-fiU.;v Oiioy L'I Gainianl. C.vii.tCTLiits si'ÉciriQUrs. — l'clage d'un gris à l'ellcls jaiinàlres en dessus du corps; dessoir-- d'un jaunâlre clair; nioiislachcs blanches. D'une longueur totale n'alleiguani |)as 7>'". Cette espèce, plus pciiie (pie la précédente, vit dans les mêmes jiarages. mais sur un autre poi:il de la cote méridionale de la Nouvelle-Hollande, principalement aux environs du [uul du roi Ceorgcs. Tout le dessus de son coips, jusqu'à l'origine de sa queue, est d'un gris qui, sous un i erlaiu jour. a des rellets bleuâtres: ce gris devient plus clair sur le cou, et passe au blanc sab' sur la léle, les joues et les lôlés du museau; le bout du nez est noirâtre; les mousia.dics sont blanches, for- tes, aplaties; tout le dessous du corps est jaunâlre clair eu avant, et d'un roux de ^ eau en arrière. La ligue de démarcation enli'e cette teiule et la couleur grise qui occupe le dosa lieu sur les lianes d'une manière ti'ancbée; les membres sont roux clair en dessus, et presque noirs en dessous dans les deux tiers de leur élendue : les antérieurs se lermir:cut un peu en pointe arrondie: enliii, ce (pii distingue encore cette espèce, c'est qu'il n'y a nul feutre au-dessous des poils ordinaires. .\ ces détails, nous ajouterons la note suivante, qui nous a été transmise par M. l'anl De Sainl- Martiu, qui concerne une Otarie que l'expèditiofi au pôle sud de l'amiral Duinont D'iirville a |ilu- sieurs fois eu occasion d'observer aux îles Aiu'kland. et qui doit se rapporter Irès-probablemenl à YOlaria (iiislralis. « Cetti' espèce n'a que 2"', 7)0 ou 2"", GO de lougiu'ur; elle est de couleur fauve: la léle est petite; les membres antérieurs sont très-longs, et pcruu'Iteul ;i l'animal, (piand il veut mai- clier, de soulever tiuit le corps dans une posilion oblique, ce qui lui donne l'air d'un cul-de-jalle traînant la partie postérieure de son corps : cela ne l'empêche pas cependant d'avoir des mouvements très-vifs; el je puis l'affirmer d'après celui que nous avons eu vivant à bord, (|ui nous a tant fait cou- rir sur le pont de r.l.s//o/.!/'c, el (pii. s'il n'avail pas eu l;i gueule ;illaclu'e. aurait très-bien clierclie ;i miudre. Ces l'Iiocides vivent sur l;i côte, an milieu des fucus, dont ils se nourrissent, ,iinsi ipu' de l'oissons; ils aimcnl. lorsipi'il l'ail bc;iu. se icposer ;i terre, nu il n'est pas exlraurdimiire de 1rs reu- i;» ÔH 2'.»8 IIISTOlKt NATlJHtLLI . coiili'cr à iTiil cl deux cciil> pas ilu rivai;(', ilaiis des cndroils ((iii scmbloiaieiit devoir leur l'Irc inaccessibles, et dont ils parviennent à surmonter les obstacles non sans de fréquentes culbutes. « Ainsi que nous l'avûns dit dans nus généralités sur les Carnassiers Amphibies et sur les l'iiocidés, l'histoire zooelassiquc des espèces de cette tribu est l'une des moins connues, même aujourd'hui, el nous pouvons encore répétera ce sujet ce que disait, il y a plus de trente ans, A. G. Desmarest, dans la monui^raphie des Phoques du Dictiounaire d'IIisloirc naturelle, édité [)ar Uélerville. " Ici se lerniine l'énnnieration des Phoques et des Olaries qui peuvent prendre place dans les systè- mes d'histoire naturelle; mais il est encore quelques espèces admises assez léyèremeni par les auteurs, et que nous avons cru devoir laisser hors de rang, jusqu'à ce que des observations nouvelles établis- sent leurs caractères d'une manière bien positive. A ce sujet, nous recommanderons aux navigateurs et aux naturalistes qui .s'occuperont |)ar la suite de ce genre de recherches de détailler avec soin les pni|)orlions du corps des Phoques qu'ils décriront, de recueillir des renseignements précis sur les dilïerences des mâles, des femelles, ainsi que des jeunes individus et des adultes. Ils s'attache- ront également à recueillir des notes sur la manière de vivre de ces animaux, sur le nombre des pe- tits, ré|Hi([ue de raeeouplemenl, celle de la mise bas des femelles, la durée de l'aliailement, etc. Quant aux l'aractéres les plus impurtants, ceux qu'il conviendra de vérifier avec soin seront particu- lièreiuent liiès du nombre et de la forme des dents chez les individus adultes; de la forme des nageoi- res antérieures et postérieures; du noiubre des ongles existants sur chacune; de la force relative de ces ongles; de l'étendue plus ou moins considérable et de la forme des membranes qui unissent les doigts; de la présence ou de l'abserjce d'oreilles externes, de la distance respective des yeux et des oreilles, entre eux, et avec l'extrémité du niuseau, etc. Enfin, nous croyons devoir inviter les voya- geurs à réunir dans une collection unique les dépouilles des Phoques qu'ils rencontreront, telles que peaux entières, tètes osseuses, nageoires, etc., parce que ce sera le seul moyen d'établir des com- ]Kiraisons exactes entre les diverses espèces de ces animaux, qui paraissent beaucoup plus nombreu- ses qu'on ne l'a cru jusqu'à ce jour. Des dessins soignés, faits sur le vivant, ;ijoutcraient encore au mérite des descriptions détaillées que nous réclamons; ils donneraient une idée bien autrement exacte des poses de ces animaux que ceux qui ont été publiés jusqu'à ce jour, el notamment ceux du eomniodore Anson, de Perneiti et de Parsons. « Disons cependant que les reelierches des naturalistes voyageurs ontfait connaître quelques nouvelles espèces, et ont donné des renseignements sur certaines de celles anciennement décrites; quoique, tou- tefois, les dénoiuinations de C/iioi, toH/>, /»eH«r(/, C'//a/, Lion, Ours, Veau. Cochon, Eléphant, etc., auxquelles les voyageurs ajoutent marim, ont plus nui à l'avancement de la science qu'elles ne lui ont servi, en indiquant des ra[q)orts éloignés, et en augmentant la confusion qui de plus en plus existai! depuis longtemps. Lesson, tout en voidant y remédier, est venu mettre le coinbh' à cette confusion en changeant des dénominations depuis longtemps admises, pour les remplacer par des noms spécifiques tirés du nom de la première personne qui avait parle de ces animaux. De tout cela, il résulte que ce n'est qu'avec doute f[ue nous avons rap]iorlé plusieurs de nos espèces dans les genres créés par l''r. Cuvier. el nous devons niainlenanl dire quelques mots prin( ipaleiuent de Piiociues privés d'oreilles dont l;i caracléi'istique donnée par les auteurs est telle, qu'on n'a pas plus de raison jjour les ranger dans l'un des genres modernes plutôt que dans un autre; nous irons même plus loin, en ajoutant que ces espèces ne sont ]ieut-ètre (pie nominales. Nous citerons donc avec la plus grande réserve les Phixpies i|ui suivent ; 1" l,e i'noQUE ni: i.'ïle Saim-Paui., Phocu Coxïi, A. t!. Desmarest. — Cette espèce, (pu' (!ox indi- que sous le nom de Lion marin dans son ouvrage sur l'Ile de Saint-Paul, n'a pas de irompi'; elle parait réellemeiit exister, mais elle a été décrite si imparfailemeiil, que l'on ne peut ])as ladmellre sans avoir de nouveaux détails, qui démontreront peut-être qu'on doit, comme certains naturalistes, la rapporter au Macrorli'nius probosciilcits. Sa longueur est de vingt pieds anglais environ, et sacircon- férenee de vingt et un. Son pelage est généralemeni d'une couleur de buftle sale, tantôt d'une leinle plus !uune, tantôt d'un blanc sale ou couleur île |)ierre. Ces Phoques sont si abondants aux "des d'Amsterdam et de Saint-Paul, dans l'océan Indien, situées par trente-huit degrés de laiilude méri- CAKNASSIKHS. 299 clionalc cl soixante-quinze degrés de luiiyiUide orientale, ([ne Cux en tna dunze eents en dix junrs ;. ils se tiennent à terre au milieu des roseaux, et leurs femelles ne font qu'un |ielit par portée. 2° Phoque a loxg cou, Parsons, Plioca lonyicoUls, Sliaw. — Ce Phoque, dont la patrie est inionnue. a le corps très-élancé; les jambes antérieures placées à égale distance de l'extrémité du museau et dn bout des nageoires postérieures; point d'ongles aux pieds de devant. D'après la mau\aise lii;nri' qu'on en trouve dans les Transactions pliilosopliiiiucs, on serait d'abord tenté de le regarder cumnu' une espèce factice établie sur l'observation d'une peau mal préparée; mais on doit cependant ajourner tonte décision à cet égard, attendu que Pérou a rencontré, dit-il, des Phoques qui présentaient des variétés assez remaripiables dans la position des membres antérieurs, il lui a [)aru que le ccinragc cl l'activité de ces animaux sont dans un rapport assez exact avec la position relative de li'urs pieds de devant; suivant que ces principaux agents de la locomotion se trouvent pliLs ou moins rapproches de la poitrine, la démarche est plus ou moins facile; et, comme chez les Phoques, ainsi que chez tons les autres animaux, la possibilité d'échapper aux périls est un motif de l'affronter; il s'ensuit n:iin- rellement que ces Amphibies en sont encore plus ou moins timides. ô" Phoque A tête de TonTUE, Pliaca tesludinea, Shaw. — Cette prétendue espèce, que l'arsons dii exister sur plusieurs côtes de l'Europe, n'a pas été observée depuis ce naturaliste. Il rapptjrte (pi'elle a la tète conformée comme celle de la Tortue, le cou allongé, et les pieds semblables à ceux du Pliri- que commun. G. Cuvier croit que cette espèce est |Hnement nominale, et qu'elle n'a été fondée que sur l'examen d'une vieille peau mal bourrée. 4" Phoque fascié, PItoca fasciata, .Shaw. — Cette espèce, qui se rapporte peut-être à YOtann coronaia, De Blainville, n'est encore connue que par sa peau, qui a été décrite par Pallas. Elle est des îles Kourillcs; son poil est court, épais, roide, et de couleur noirâtre uniforme, mais marqué, sur la partie supérieure, d'une bande jaune semblable à un ruban, et tellement disposée, qu'elle repré- .scnte en quelque manière le contour d'une selle occupant un large espace sur le dos. Le poil dr l'animal est inconnu; mais l'on sait que c'est un Pho(pie de grande taille. 5° Phoque ponctué, Phoca punclata, Encijclopêdie anf/laisc. — Cet animal a le corps, la icie et les membres, tachetés. Habite les îlesKourilles. 6° Phoque moucheté, Plioca mactilata, Encyclopédie anglaise. — Dans cet animal le corps est moucheté de brun. Des Mes Kourillcs. 7° Phoque noir, Plioca iiïijra, Enciiclopédie ançilaise. — Des mêmes mers que les deu\ précé- dentes, et remarquable par la singulière conformation de ses pieds, (pi'ou ne décrit cependant pas 8" Phoque des rivages, Plioca itllorca, Lesson. — De petite taille; pelade très-épais, romposè de poils serrés, très-courts; d'une seule sorte ; bruns sur le corps, jaunâtre plus ou moins clair en des- sous. Ce Phoque, qui se trouve dans les mers d'Islande, n'est très-probablement qu'une variété dn Caloceplialus viluUnus. 9" Phoque de CHonis, Plioca ('Jioris,\,es>n>n. — l'<'lage blanc, couverl de petites taches noires, nombreuses. Du dciroil de Rcliring. 10" Phoque Lakhtak, Krachenniiiikow. -- C' Phnqnc ne ililïère du Pho(|ue conimnn que p.ir la grosseur seulement, puisque sa taille égale celle dn plus gros Itd'nr. On le prend depuis le cinquante- neuvième jusqu'au soixante-quatrième degré de latitude septenirionale. 11° Phoque tigué, Krachenninikow. — Espèce provenant des mers du Kamichatka. étant gros comme un Cuenf d'un an, et variable dans ses couleurs, mais habituellement marcjué, sur le dos, de taches rondes et d'égale grandeur, avec le ventre d'un blanc jaunâtre. Ses petits sont blancs. 12" Phoque grumm-selur. Olafsen. — Ce Carnassier, qui porte vulgairement le nom de /?oi des Phofpies, serait d'une taille si monstrueuse, que quelques auteurs le classeraient parmi les lîaleines- On dit qu'il acquiert, en longueur, douze à quinzi' aunes dn pays, c'est-à-dire de 15 à 20'" de nos mesures. On ajoute qu'il est très-rare en Islande; ncaninoins, on en aurait vu dans la partie occidentale de celte île, sur les anses de Hreedelfnrd. Il ; mail de longs poils sur la lète, et d'aulres, egalemeiil longs, auliiur de la (pieiic. ^no iii>^ToiRF NAïrriFi.i.r.. DEUXIEME TRIBU. TRICUKCHIDÉS. miCHE( imu:. Isidon- (;('(.lli(iy S;iim-llil;iiri'. /'ie(/s cinpêlrcs. Molaires cijimdrkiue.i et von eomptiiiiées . cuiiime dans les l'Iinchlés. Deux grosses défenses h lu luiiehuire supérieure. Pas W'mc'mves ni de canines à la niàclio'ire 'inférieure. D'une manière générale, les Tridiéchidés ressemblent aux l'hocidés, oui le même aspect qu\ii\, mais s'en dislinsuent très-facilement et au premier aspect par les deux énormes défenses que les adidtes portent à la mJchoire supérieure, qui ne sont autre eliose que des canines très-développees et ayant quelque analogie avec les défenses des Éléphant'*. Les mœurs des Triciiéchidés sont les mêmes que celles d( s autres Amphibies; ce sont également des animaux qui peuvent vivre à la fois et dans l'eau de la mer et sur la terre: leur nourriture semble aussi se composer de Poissons, d'animaux marins et même de ])lantes marines; du reste, sous ce point de vue comme sous beaucoup d'autres, ils se rapprochent des l'iimpieset ont un estomac semblablen.cnl disposé. Ils habilenl les régions les plus seplenlrionales du yhdie. 1 1 principalement le Spitzberg cl le r.nii'uland. C.ENRE LIMQIE. - MOllSE. miCHF.CUl S. I.inné. ITTù. Sj>tpni:i n.iliir;f. Opi?, Tî'.y//-, poil; v/'t, je poisr.li'. CAUAC.TKUKS (iKNF.nitjUF.S. Système dentaire : iiuisiirs, ^;rauii:es. ,',^;,; molaires. |^j ; en totalité, rnijl-deiix dents. I.esinri- sives ne se trouvent que dans le jeune àr;e. et ayant / r. sijue la forme des molaires. Les canines forment drliic, s'en est surtout occu|)é. Couipaialivenu'ni avec les Phocidés, et princii);denieiit avec le ll'i.oceplialuH viliiHuiis, les difl'erences ne sont pas très-considérables, et pent-élie même |ias pins fortes qu'avec des espèces de la même tribu, si ce n'est, toutefois, pour la tète, (pu est, en efl'et, modiliée par l'anomalie singulièii' (pie présente le système dentaire. Cette tête est, eu outre, très- lielite. pioportionuellement avec le resle du troue, el fcu'mée d'os très-épais; c'est avec celle du Slcni- uiulojius ciisiaitis (pi'elle semble avoir le plus de rapports; mais elle est cependant assez singulién Ii^. I. — Cliij.-oclilorjs Villosa. l'I 50 CAIt.NASSIKI'.S. 305 |)ar la laryciir cl la hricvclc ilii iViiiilal jolKnant la l'ace ;m tràiic, cl [lar reluigiicniciil picsque cyal de ces deux paitics. La vertèbre occipitale, épaisse dans sou corps presque caréné couimc dans son arc, est fortement aplatie, et relevée verticalement à la partie postérieure, avec une crête médiane. La pariétale e.st courte dans son sphénoïde, et très-large, échancrée, dans chacun de ses pariétaux. Le frontal l'est encore davantage dans son coi'ps; mais ses frontaux, de forme paralléloyrammique, sont trés-étendus, peu rétrécis dans l'orbite, et s'elaryissant beaucoup à la partie antérieure de cette cavité. Le vomer est nécessairement court, comme la face, et cependant les os du nez, en quadrila- tère répulier, à bords droits, sont pins grands que dans aucune autre espèce d'Amphibie. Le ptéry- goidien interne forme une apophyse épaisse, en crochet recourbé en dedans, se joignant intimement à un palatin assez large, et à bord droit postérieurement. Le lacrymal est toujours indistinct, mais le zygomatique, très-court, produit à lui seul une apophyse orbitaire externe assez élevée et obtuse. Le maxillaire est également très-court, très-renflé, très-convexe, surtout par la grande saillie en dehors de l'alvéole de la canine; et le prémaxillaire, épais, remonte jusque entre le nasal et le maxillaire, do manière à circonscrire, avec le premier, l'oiilice nasal, qui est assez petit et iires(pie rond, à bords très-épais, et sans traces de trous Incisifs. La série des os dont se compose l'appendice maxillaire inférieur commence par un mastoïdien énorme, soudé à un rocher médiocre, à une caisse petite, plate et non renflée, à un temporal dont la partie squameuse est arrondie et médiocre, et dont 1 apophyse zygomatique est courte et très-épaisse; quant au mandibulaire, ses deux branches sont dans la même ligne; le condyle est épais et terminal; le coronoïde oblique et très-arrondi; et, enlin, l'angulaire est obtus, à peine sensible; l'apophyse geni est, du reste, assez marquée, et la symphyse est considérable. Les différentes cavités et loges de la tète sont en général moins grandes que dans les Phocldés; ainsi, l'orbite est petit, et il en est de même de la cavité nasale; le palais est assez étendu et excavé, sans trous palatins ni incisifs. Les vertèbres cervicales sont encore plus courtes (pie dans le Pelagiiis monachus; les apophyses épineuses plus élevées, et les transverses plus obliques et plus épaisses : celle de la sixième vertèbre même assez étroite. Les vertèbres dorsales et lombaires conservent aussi bien plus de brièveté, plus de rondeur dans leur corps, et leurs apophyses sont aussi généralement plus courtes. Les vertèbres sacrées, également plus coui'tes, sont aussi plus serrées et soudées par leur apophyse épineuse. La série sternale est de neuf pièces, dont la première est à peine pro'ongée en avant. Les côtes n'offrent guère de différence qu'en ce qu'elles sont beaucoup plus robustes que dans le Cnloccplmlns vitiilinus; mais elles sont toujours peu arquées, et même courtes, proportionnellement aux cornes stenialcs. Les membres, en général, sont bien plus courts que dans les Phocidés. Aux membres antérieurs, l'omoplate rentre a.ssez bien dans la forme normale, plus allongée que large; le bord postérieur, le plus long, est tout à fait droit, la crête en occupant toute la longueur, et se tei'minant en un airumlon (jui atteint et descend |ires(pie jusqu'à l'angle giénoïdien. L'humérus, quoique très-robuste, est plus long proportionnellement que dans les autres Ampiiibles : la grosse tubérosité, assez fortement comprimée, dépasse la tète; et la petite tubérosité, qui l'est moins, est jdus bas,se: du reste, la crête deltoïdale descend trè.s-bas; il n'y a pas de trou au condyle interne, comme dans le Pclatjiiis monachus. Les deux os de l'avanl-bras sont assez bien connue dans cette espèce : seulement, le cubitus, dont l'oléci'ane est jibis épais, moins arqué, desceiul nmlns bas (pie le radius. Le carpe est court, mais très-large, et surtout le scaphoïde, qui est énorme; le trlquétre allonge le cubitus, et le pisiforme prend un peu la forme allongée de celui des Carnivores; le Irapé- zoïde est en coin à (ôté du trajièze, et non presi|ue au-dessus de lui comme dans le ralocé[ihale commun. Les doigts sont pres(|iie égaux; aussi la propdilion des métacarpiens est-elle plus norinaie (pte dans ce dernier; celui du pouce le plus long et le plus fort, puis le second, le ciiupiiéme, le troisième, et le quatrième le plus petit de tous. Les premières phalanges décroissent assez régulière- ment de la première à la cinquième, du moins en longueur, car celle-ci est plus robuste (pie les intermédiaires; les secondes phalanges sont courtes, surtout la dernière, qui est presque cubi- que; eiiliii, les oiigiiéales, en houlette peu dilatée, sont très courtes, ])resque ('gales, sauf la pre- mière, un peu plus longue que les autres. Aux mendires postérieurs, le bassin est assez bien comme dans le l'elage moine, ainsi (pie le fc- nii r et les os de la jambe; mais les os du tarse deviennent presque normaux: seulement, l'astragale 501 IllSTUll'.K NATURLI.LE. a sH pipulic lies-ul)li(|ti« en (Ifdaiis, et la lubt-rosité du (•a'ciiieum i si loiii'; . Les inclalaisit'ii^ suiil Imijoiirs aiiomauN do proportion, les extrêmes étant plus lonifs et plus forts que les internes : mais ci'uvci, |)res(iue t'i;aux, approchent plus de la dimension des extrêmes, il en est tle même des pha- langes; seulement, le doiyt externe est un peu plus l'oit (pie l'interne: et les phalanyes onguealcs sont courtes et pres((ue éiçales, avec des pointes très-eourles. Kaubenlon, dans Vllisloirc naturelle de Buftbn. a donné la descripli'in d'une i)eau dessécher de Morse conservée an Muséum; puis il a l'ait coiinailre. prin( i;)alemenl snu^ le point de vue anatoiiii- que, un Hetus de cet animal. Le genre Morse semble ne renfermer qu'une seule espèce propre à la mer Glaciale ; cependant quelques auteurs, principalement Sliaw. paraissent croire qu'il y en aurait deux : l'une des mers gla- ciales, l'autre des mers é(|iiatiMiales; mais ces deux espèces n'ont jamais été décrites comparalive- meiit, de sorte qu'on ne peut indiquer de caractères qui soient pro])res à chacune d'elles; toutefois, l'une serait ))lus grande que l'autre, et aurait de plus fortes défenses, et toutes deux seraient revêtues d'un pelage court, serré, Icnit à fait analogue à celui des l'hocidés. Au sujet de ces deux prétendue> espèces, qu'il nous soit permis de citer ce qu'en ])ensent jdusienrs auteurs. 'I J'ai vu à .Iiikntsk, dit Ciinelin, (piel(|Mes dents de Morse qui avaient cinq (juaits d'aune de Uussii', et d'autres une aune et demie de longueur; commiliU'ment. elles ont qiudipies pouces de largeiii' ;i la hase, .le n'ai pas ( uleiidu dire qu'auprès d'Aiiadirskoï l'on ait jamais chassé ou péché ce Morse pour en avoir les dents, qui, néanmoins, en viennent en si grande quantité; on m"a assuré, au c(uitraii(', que les habitants trouvent ces dents, détachées de l'animal, sur la basse cote de la mer, et que, par conséquent, on n'a pas besoin de tuer aupaiavant les Morses, l'iusieurs personnes m'oni demandé si les Morses d'Anadirskoi étaient une espèes n'atleignent toule leur gr;indeur, et que tous ceux que ron tue, sans, aucune exception, sont jeunes, puisque leur,, dents sont, aussi sans aucune excep- tion, beaucoup plus petites que celles qui viennent d'Aiiiidirskoï; cette proposition n'est pas soiilena- ble. D'un autre côté, on a dit, il y a (pii'lipies années, ipiil existait une :iiitie espè((' de Miuse, dont la taille atteignait ((iiehpiefois jusqu'à vingt pieds de longueur, ce (jlii fait supposer des diinensioiiv plus grandes dans les défenses ; serait-ce celte espèce qui a laissé ses dé|iouilles ;t Auadiiskoi ? Mais celte prétendue seconde espèce serait propre seulement aux mers équatmialcs, si on s'en i'a])poilail aux voyageurs qui l'ont in(li(|iiéc, et ne se trouverait pas dans celle du Nord. D'ailleurs, il est plus que probable qu'ils auio;il pris |)our des Morses des l,ani;iiiiiiis ou des Dugongs. Voici une ;iiitie dif- liculté ; il e:U ('ertain qu'on ne trouve presque plus de Morses aux environs d'Aïuidirskui, cl ipie (\'u\ qui s'y montrent de loin en loin ne dépassciil pas douze pieds de longueur. Or. un Miu'se qui aurait des canines longues d'une aune et demie russe devrait avoir le corps long au moins de trenle-ciii(| pieds, ce qui ne .s'est j;imais vu; les plus grands qui aient été observés par des naturalistes et jiar des voyageurs dignes de foi ne dépassent pas treize à (|uatoiZ' pieds. (( Quant à moi, ajoute M. Boitard, je pense que l'ivoire trouvé ^ur les bords de la im r, aux eini- roiis d'Anadiiskoï, n'est rien autre chose que les dents fossiles d'un grand Morse dont l'espèce ne se trouve plus vivante, el (pie l'on doit par conséquenl classer avec les antres animaux pale(Uitologi- (|ues. Ce (pii me l'ait croire ;'i cela, c'est (pie, dans le même pays, on rencontre des collines entières composées, presque en totalité, d'ossements de Mamimjulhs, de llhinocéros et autres animaux per- dus, el que l'on possède au cabinet de Sainl-Pêtcrsl)ourg des défenses de Mammouths dont l'ivoire est aussi parfaitement c(inser\é que s'il avait élé ])ris sur les animaux vivants i. I,;i science possède qnehjiies renseignements, malheureusement incomplets, sur des fragments de Morse qui o;it élé trouves à l'état fossile: et de m 'me (pie les fossiles de Pliocidés, ces débris ])rc»icii- nenl tous de terrains tertiaires. ilAH.XASSIKlls. 305 G. Ciivier, le jiremiu, p.iraii tii avoir eu un fragment de lote el un corpb de veilébre, trouves, au- près (l'Angers, dans le versant de l'Océan, avec les fragments qu'il avait cru devoir rapporter à des Phoques. De Blainville rapporte que celte côte et cette vertèbre, qui existent dans la collection palèoii- loiogique du Muséum, ont tous les caractères d'une côte et d'une vertèbre de Morse, et entre autres la taille et l'amincissement de la partie .supérieure pour la côte. G. Cuvier a également signalé un frag- ment de dents de Tiiehccluis, <\m provient de Dax, dans les Landes. M. Jœger parle, dans une lettre adressée, en 18">0, à M. Hermann lie Meyer, de fragments fossiles de Morse, comme découverts dans la molasse de Uartemberg, c'est-à-dire à un grand eloignemenl du versant de la mer Noire. M. Georges, dans son llisloïre naliiicltc de Russie, indique aussi quelques ossements fossiles de Morse. M. Mitchiil parle également de dcbris de crâne et de dents ayant appartenu au Morse, et qui oit ete trouvés, dans un terrain tertiaire, en Virginie, dans le comté d'Accomas; mais il ne donne aucun détail sur ce fossile. Enfin M. Duvernoy, dans un premier aperçu [luliiie dans les Mciiwircs de la Suciétc d'Hisloirc iia- lurellc de Strasbourg, en \ 857, a annoncé ([ui^ des dents fossiles, trouvées, en Algérie, province d'O- ran, diuis une roclie blanche créiarée de la partie supérieure du second terrain tertiaire, étaient celles d'un Mammifère marin, selon toute ap]iarence, de la famille des Morses; et, depuis, revenant sur ce sujet dans une note présentée a l'Académie des sciences, il a présumé que ces dents devaient être plus rapnrochées de celles des Plioques ou des Moïses (pie d'aucun autre Mammifère récent ou fossile. MORSE. TKICHECiaS IlOIMÀMiS. l.irnié r\r,ACTÈRES si'ÉciFiQUES. — Tète moyenne, rclaliveiiieiil à la grosseur du corps, arrondie, obtuse; lèvres très-renflées; narines en croissant; os maxillaires et partie antérieure de la téie trés-rentle,>: soies des moustaches aplaties, sortant de trous qui se remarquent sur la lèvre supérieure, très-rap- prochées les unes des autres; bouche assez petite, armée de défenses recourbées en dessous, qui ont. dans quehpies individus, jusqu'à 0"',66 de longueur, et fpii convergent un peu entre elles par leur pointe; veux petits, brillants; oritices des oreilles très en arrière: corps plus épais à la poitrine ([u'ailleiirs et diminuant jusqu'à la queue, qui, comparativement, a plus de longueur que celle des Phoques; cou court et épais; peau très-épaisse, muqueuse, noirâtre, avec quelques poils trè.s-rares, courts, rudes, roussâtres nu bruns, se remarquant plutôt sur les jambes qu'ailleurs; pieds postérieurs très-larges; quatre mamelles ventrales Longueur moyenne, depuis le haut du museau jusqu'à l'ori- gine de la queue. ô"',GO; de celle-ci, 0",12; mais certains individus pouvant, dit-on. atteindre jusqu'à 6'" de longueur, (l de 5'"..^0 à 4'" de circoufcrence. Ou en a trouvé du poids de mille kilogrammi's. Cette espèce a ete vulgainuKul appelée Vache maiiine, (Iheval maein, Bête a gramies dems par les voyageurs; c'est le MonsE de Buffou et de Cook: Je Trichecitus rosmarus, Linné, Erxleben, Gmelin; VÔdobeuus, Brisson; VEquiis nuirinus. Bai; Aille Wolrus. Sbavv. et le Mmiali trirlicchus, Bod- daert. Li's peuples gcrmaiii(piis riiiili((Uciil smus le nniu de Wnllross et de Rossuiar; et, dans les catalogues mclliiidi([ucs, elle est souvent désignée sous celui de llosiiiarus. Les .Morses se trouvent abondamment dans l'Océan atlantique septentrional et dans les régions po- laires de l'Océan Pacifuiue. Ils sont communs au Spilzberg, plus rares au Groenland; on en trouve aussi à la baie d'Hudson et jnès de l'Islande, de la Nouvelle-Zemble et même au pays des Tsclialitcliis. Mais ces animaux, qui étaient aul refus lics-aboiidanls, devienuenl cba(pie jour de plus eu plus rares par suite de la chasse acharnée qui leur a été faite, reculent leur habitat dans les régions polaires les plus inaccessibles à l'homme, et. lorsqu'on aura pu y pénélrer, on Unira probablement par en détruire l'espèce. Nous aMuis dit (|u'ou a prétendu en avoir observé une espèce dans l'Océan austral, mais que ce fait est loin d'ctrc demnniré. Les habitudes ualuielli's des Morses soni absoliimciit semblables a celles des graiids l'Iiocidi's. Comnic l'iix, ils paraissent vivre di' |iiiiii', iillc (pic i\f l'oi-suiis, de Mollusques, de Crustacés, etc.; L> S'J 300 HISTOIHE NATURELLi:. mais la forme de leurs dents semble indiquer qu'ils peuvent se nourrir aussi de siihst;inces veyelales et probablement de fui'us. Ils vivent en troupes composées de plus de cent individus; les femelles mettent bas en hiver sur la terre ou sur la lilaoc, et ne produisent ordinairement qu'un seul petit, ipii est, en naissant, déjà loni; des deux tiers d'un nièlre, qu'idies soii^nent avee tendresse et detVudeul avec fureur. Ils sont nmins susceptililes d'éduralion (|ue les l'Iineides. Des détails de mœui's du plus haut intérêt ont été doiniés relali\enieul au .Moïse par liulïon el surtout par les voyageurs, tels que Zorgdrayer, Cook, Girard de Veer, M. Xavier Marniier, ete., (|ui ont étudié ees animaux dans leur pays natal; nous donnerons quelques extraits des ouvrages de plu- sieurs des auteurs que nous venons de nomnici-. Fis 15'2. Morse. r>nlTnu s'( si liiiigueinenl étendu sur l'Iiisluire du .Moi-se. ■ l.e nom île Vache inmiiic, dil-il, sous lequel le Morse est le plus géiiéi'alfinent connu, a été trés-mal appliqué, puisque l'animal qu'il dési- gne ne ressemble en rien à la Vaehe terrestre; le nom {XElcplutnl de mer, que d'autres lui oui donné, est mieux imagiue, parce (|u'il est fondé sur nu rap]'ûrt unique et sui uu caractère Irés-ap- jKireut. Le Morse a, comme l'I^lepliant, deux grandes dcrenses d'ivoire (pii sortent de la mâchoire ^upérieure, et il a la léte conformée ou plulùt déformée de la même manière que rEléphanl, ain(ucl il ressemblerait en entier par celte partie capitale, s'il avait une trompe; mais le Morse est non-seu- lement privé de cet instrument, qui sert de bras et de main à l'Éléphanl, il l'est encore de l'usage des vrais bras et des jambes; ces membres sont, connue dans les Phoipies, enfermés sdus sa peau; il ne sort en dehors que les deux mains et les deux pieds; son corps est allongé, reutle par la partie de l'avant, étroit vers celle de l'arrière, partout couvert d'un poil court; les doigts des pieds et des mains sont enveloppes dans une meudirane et terminés par des ongles courts et pointus; de grosses if Kig. J. — l'arailoxine Hmidar l"i^'.2. — CliK'ii l.iuu ilAlsacu. l'I 'lO. 3 CARNASSIERS. 307 soies en forme de moustaches enviinnnenl la giunile; la langue est éclianoi'ée; il n'y a point de con- que aux oreilles, etc., en soi'te que, à l'exception des deux grandes défenses qui lui cliaugenl la forme de la tète et des dents incisives qui lui manquent en haut et en bas, le Morse ressemble pour tout le reste au Phoque; il est seulement beaucoup plus grand, plus gros et plus fort; les plus grands Pho- ques n'ont tout au plus que sept ou huit pieds; le Murse en a communément douze, et il s'en trouve de seize pieds de longueur et de huit ou neuf de tour. 11 a encore de commun avec les Phoques d'ha- biter les mêmes lieux, et on les trouve presque toujours ensemble; ils ont beaucouj) d'habitudes com- munes, ils se tiennent également dans l'eau, ils vont également à terre: ils montent de même sur les glaçons; ils allaitent et élèvent de même leurs petits; ils se nourrissent des mêmes aliments; ils vi- vent de même en société et voyagent en grand nombre; mais l'espèce du Morse ne varie pas autant que celle du Phoque; il parait qu'il ne va pas si loin, qu'il est })lus attaché à son climat et que l'on en trouve très-rarement ailleurs que dans les mers du Nord; aussi le Phoque élail cminu des anciens, et le Morse ne l'était pas. « Il paraît que l'espèce en était autrefois beaucoup plus répandue qu'elle ne l'est aujourd'hui, on la trouvait dans les mers des zones tempérées, dans le golfe du Canada, sur les côtes de l'Acadie, etc.; mais elle est maintenant confinée dans les mers arctiques : on ne trouve des Morses que dans cette zone froide, et même il y en a peu dans les endroits fréquentés; peu dans la mer glaciale d'Europe, et encore assez dans celle du Groenland, du détroit de Davis et des autres parties du nord de l'Amé- rique, parce qu';i l'occasion de la |)éche de la P>alcine on les a depuis longtemps inquiétés et chas- sés. Dès la lin du seizième siècle, les habitants de Saint Malo allaient aux îles Ramées piendre des Morses, qui, dans ce temps, .s'y trouvaient en grand nombre; il n'y a pas cent ans (c'est en 1765 que Buffon écrivait ceci) que ceux du Port-Royal au Canada envoyaient des barques au cap de Sable et au cap Fourchu, à la chasse de ces animaux, qui, depuis, se sont éloignés de ces parages... « Le Morse peut vivre au moins quelque temps dans un climat tempéré; Evrard Worst dit avoir vu, en Angleterre, un de ces animaux vivant et âgé de trois mois, que l'on ne mettait dans l'eau que pen- dant un petit espace de temps chaque jour, et qui se traînait et rampait sur la terre; il ne dit pas qu'il fût incommodé de la chaleur de l'air, il dit au contraire que lorsqu'on le touchait il avait la mine d'un aiiimid furieux et robuste, et qu'il respirait assez fortement ]iar les narines. Ce jeune Morse était de la grandeur d'un Veau, et assez ressemblant à un Phoque; il avait la tète ronde, les yeux gros, les narines plates et noires, qu'il ouvrait et fermait à volonté; il n'avait point d'oreilles, mais seulement deux trous pour entendre; l'ouverture de la gueule était garnie d'une moustache en poils cartilagineux, gros et rudes; la niAchoirc inférieure était triangulaire; la langue épaisse, courte, et le dedans de la gueule muni de côté et d'autre de dents plates; les pieds de devant et ceux de der- rière étaient larges, et l'arrière du corps ressemblait en entier ;i celui d'un Plioqui'; cette partie rampait plutôt qu'elle ne marchait; les pieds de devant étaient tournés en avant, et ceux de der- rière en arriére, ils étaient tous divisés en cinq doigts recouverts d'une forte membrane; la ])eau était épaisse, dure et couverte d'un poil court et délié, de couleur cendrée. Cet animal grondait comme un Sanglier et quelquefois criait d'une voix grosse et forte; on l'avait apporté de la Nouvelle- Zemble; il n'avait point encore les ga'andes dents ou défenses, mais on voyait ;i la mâchoire supé- rieure les bosses d'où elles devaient sortir; on le nourrissait avec de la bouillie d'avoine ou dé mil, il suçait lentement plutôt qu'il ne mangi-ail; il approchait de son maître avec grand effort et en gron- dant; cependant il le suivait lorsqu'on lui présentait ;i manger... « La femelle met bas en hiver sur la terre ou sur la glace, et ne produit ordinairement qu'un petit, qui est en naissant déj;\ gros comme un Cochon d'un an; nous ignorons la durée de la gestation, mais, à en juger par celle de l'accroissement et aussi par la grandeur de l'animal, elle doit être de plus de neuf mois. Les Morses ne peuvent pas toujours rester dans l'eau, ils sont obligés d'aller à terre, soit pour allaiter leurs petits, soit pour d'autres besoins; lorsqu'ils se trouvent dans la néces- sité de grimper sur des rivages quelquefois escarpés et sur des glaçons, ils se servent de leurs dé- fenses pour s'acerocher et de leurs mains pour faire avancer la lourde masse de leur corps. On pré- tend qu'ils se nourrissent de coquillages qui sont attachés au fond de la mer, et qu'ils se servent aussi de leurs défenses pour les arracher; d'autres disent qu'ils ne vivent que d'une certaine herbe ;'i larges feuilles qui croît dans la mer, et qu'ils ne mangent ni chair ni Poisson; mais je crois ces opi- nions mal fondées, et il y a apparence qw le Morse vit de proie comme le Phoque, et surtout de lia- -.08 HISTOIP.K NATIIREI.LR . l'cngs et d'aiilrcs petits Poissuns, car il ne maiiil,ibw 225 AncTociii'iiJi.iî. Arcloceplialus 283 CALOci'.riiALE. Caloceplialiis 245 CAKIKNS, Canii 15 Ciminii 15 Cittiis .... 55 CARNASSIliUS. ferie i CARNIVORES. Carnivora 1 Cabacals 210 Calus 150 Cerdocyon. ( iidocyon 35 Chaon. Cliaon 3 Chat. Fetis 150 Chien. Caiiù 17 CuiEss pnopni'MENT DITS. Caiiis ôii Ckrysr. Chryxeus ... 34 Chrysocyon. Chrysocyon 35 Civette. Virerva 5 CnviTOPROCTii. Cryptoiirucla 1 Cyimilure. Cyiiailurus 126 Cynalopex. Cynalopex 54 CïNUïÊSE. Vynhyana lOÛ CïNicTE. Cyiiiclis 14 Cynofclis. Cynofelh 120 CïsoPE. Cynopus li DIUrritillADtS. Ukji :iyiuda- I Dusicijon. Dusicyon 3.') Felida; 125 FÉLIEÎSS. Felii 123 Felisinere 123 l'Eus VRMS 187 Fennec. Fenntcus 94 Gekette. Genetia 11 tiuÉi'AUD. Gitepardtis 120 IlAi.iriif:i;E. Ilalicherus 2G0 llymiina 103 Uymodon. llyœnudon 04 llvÈSE llyœna 100 IIYILMENS. Hycenii 103 IIm'noïde. Ihjœnoides 100 .Iacuaiis 178 Leptonyx. Leplonyx 2C2 Li.NSANG. Prionodon 12 l.io.Ns 153 l.upus 54 Lycaon. Lycaon 3.5 Lycisfjue. Lyciscus 34 L\sx. Lyncua 207 Lysx iioTiii. Calo-Lyux 211 LïNX rilOPRElIEST DITS- Lyiix 213 Macroiuiin. Vacrorhiuus 271» lUegalotis. Mcyalotis 55, 08 Miroiiye. Mhouya 277 Moue, 'rrichecini.i 500 Ocelots 181 Osmeliclis. Vsiiicleclis 9 Otaiiie. Oluriii 292 Otahics inoiniMENT niTi s. Oianw 282 Otocyon. Otocyon 07 Vachyodon Pachyodon 266 Pulvnicle. Paliriiiclis .... 0 l'Aiiiirs 174 PELAGE. ('C/lIjili! 201) l'IIOCIDÛS. Phocidœ 227 l'iioçuES rnornrsMNT mts. Plioca 242 l'LATïRiiïNniE. Platyrhyiiclius 287 l'iiOTÈLi: l'ioleles 104 7,n iiisTomi' nâtliœllf:. caunassiers. l'uMAS RcNAhu. Vu'.pes, Page», ion 80' Hhinophjqu:, Rftinophoca 277 HlMADUS. 180 ItïztSE llyzeni. . 5 SacaUc. Saca'iui'. 34 Stiiv^is 185 StfUttMon. iiqu'ilod.ii 268 S.'E\:)i,â(>; E. Slcmnmlopti ■: 274 SrËNOi.iiîNQLT. Sl:iiorhyiiclius 2G3 SuBICATE. Suncnln Thous Thous. . Tit.m.s TUICMliClllUÉS. Tnrhn-hul.r. VivERUA. Vivcrra Viierrkuk. Vircrriciiln. . . . VIVKnUlliNS. Vimri.iv. . . Yulpes Vullùens 5 . 34* . 171 . 30U y 9 I 33 l"> ri.N DK LA TABLE. ir r ''^^» ^. «? 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